Le Quinquina par Marc MEYSKENS 1695 kB - RC Dour
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Le Quinquina par Marc MEYSKENS 1695 kB - RC Dour
QUINQUINA Chapitre I ….. comme ? ? ? ? Par pur hasard, en ouvrant une liasse de vieux documents, je suis tombé sur le textei[i] ci-après : Après avoir utilisé les méthodes de William Legrandii[i] et de l’abbé Faria,iii[ii] je n’ai hélas ! trouvé ni la cache du trésor du capitaine Kidd, ni celle des richesses de cardinal Spada, mais j’ai décrypté ces inquiétants messages : AVIS Vie, santé, force à notre maître. Gloire, honneur à son peuple. Sous de bénéfiques auspices, notre vaisseau volant nous a menés vers ce monde si propice à notre espèce et que nous avons tellement exploité que maintenant il va disparaître à tout jamais. Cependant, la prophétie est formelle : pour les meilleurs d’entre nous et leurs descendants l’histoire ne se terminera pas. En effet écoutez ce vrombissement et remerciez votre seigneur car encore une fois il honore la promesse faite à son peuple .Un engin volant vient embarquer les bienheureux élus pour les mener à la conquête et à la domination éternelle de mondes nouveaux. Inquiétant, ce message n’est-ce pas ? Et que dire du suivant ? : Rapport annuel de l’état de l’Union Confidentialité maximale Diffusion restreinte au parti intérieur Recensement annuel : Nombres de colonies de peuplement: 400 millions Colonies perdues: environ 1 million Sites colonisables vierges actuels: 2.4 milliards. Sites colonisables futurs, projection climatique: potentiel en très forte hausse En dépit du style « science fiction » , tout cela est malheureusement bien vrai. Et la seule fiction est de faire parler un minuscule protozoaire qui infecte 400 millions d’êtres humains, soit bien plus que le virus du sida qui plafonne à 35 millions , mais nettement moins que les germes de l’ignorance, du fanatisme, de la méchanceté, de l’indolence, du laxisme et bien d’autres similaires pour lesquels le décompte n’est pas encore terminé. Bref, ce protozoaire est le plasmodium, plus exactement le plasmodium falciparum qui, avec ses frères P vivax ovale et malariae, est responsable de la MALARIA. Chapitre II UNE BIEN VIEILLE SALE MALADIE Le mot est lâché : Le nom de malaria ou mal aria vient de l’italien ‘ mauvais air’, car ce mal était typique des marais Pontins , près de Rome où, jusqu’à leur drainage vers 1940 ( merci, Benito ! ) l’on vénérait une certaine Notre-Dame-desFièvres. On parle aussi de paludisme ( palud = marais ) . Mal très ancien, probablement originaire d’Afrique, qui a suivi les migrations humaines autour de la Méditerranée pour s’étendre au monde entier, par le biais des caravanes , des navires puis des avions. Il faut être de son temps. Cette maladie a influencéiv[i] plus que l’on ne pense le cours de l’histoire, soit en affaiblissant des villes ou des nations (La Palestine, la Grèce , l’Italie ), soit en influant sur des campagnes militaires et coloniales , soit enfin en touchant les éminences de l’époque dont Albert Dürer, Oliver Cromwell, Galilée entre autres et de nombreux explorateurs et colons : Livingstone, Mungo Park, Laurent,sans compter les nombreux anonymes …. Si cette maladie était connue depuis très longtemps , ce n’est qu’en 1880 que le médecin militaire Alphonse LAVERAN découvre le parasite de la malaria dans le sang humain . e 20 août 1887 pour que Sir Ronald Ross, durant son séjour aux Indes,v[i] établisse la théorie de la reproduction des parasites de la malaria dans l’estomac du moustique. Et il faudra attendre l Ce jour, le 20 août , est maintenant connu comme le jour du moustique . Ross reçut le prix Nobel en 1902. En fait il voulait être écrivain, mais son père ne voulut rien entendre sauf la médecine . Et Grassi Battista découvre en 1889 que seul l’anophèle femelle propage la malaria. Ce moustique, femelle ,rappelons le , relativement silencieux, agit surtout en soirée ; et lorsqu’il pique, il positionne son abdomen en oblique par rapport à la peau , contrairement aux autres moustiques inoffensifs qui, eux, le tiennent parallèle à la peau. (ce détail est donné comme pure information, car je ne me vois pas, dans la pénombre d’une soirée tropicale , vérifier la position d’un moustique prêt à m’agresser dans la nuque ou à l’arrière du mollet !) Et ce n’est qu’en 1948 que le mécanisme détaillé du processus de cette maladie est complètement élucidé. Rappelons que : Le paludisme est une maladie tropicale qui peut être mortelle. C’est une maladie parasitaire transmise d’une personne à une autre par une variété de moustique. La malaria se caractérise par des accès périodiques de fièvre accompagnés de courbatures, de frissons et de sueurs. La première crise peut se produire de 10 à 14 jours ou même 6 mois, après l’infestation. L’appétit fait défaut, le sommeil est agité, la sécrétion de sueur diminue et la peau devient sèche. Vient alors la fièvre froide : tout à coup, le malade est pris de frissons et commence à claquer des dents , sa température monte à 40° puis descend tout à coup et il transpire abondamment, le lendemain la température descend parfois jusqu’à 35 ° mais le jour suivant se produit un nouvel accès : c’est ce que l’on appelle la fièvre tierce. Il existe aussi des fièvres intermittentes, des fièvres quartes, ces fièvres correspondant en fait à chaque développement des protozoaires. C’est assez compliqué, aussi vous comprendrez pourquoi ce phénomène n’a été éclairci totalement qu’en1948. Par contre, le vocabulaire pour caractériser ces fièvres était au point bien avant : ‘ fièvre simple, putride, intermittente, continue, erratique, périodique, tertiaire, maligne, solitaire, cholérique , lente, léthargique, compliquée, fixe, vague ‘ etc C’est surtout une maladie liée à la pauvreté atteignant des populations vivant sur des terres non entretenues et manquant de moyens de protection élémentaires ( hygiène, moustiquaires, médicaments ). La situation n’a fait qu’empirer au cours des dernières années : Dégradation de la situation économique. Augmentation des conflits armés . Augmentation des migrations. Augmentation du tourisme international ( en 1997, l’on a enregistré en Grande Bretagne 2364 cas de paludisme touristique ). Résistance des moustiques aux insecticides et également du plasmodium à certains médicaments. Ajoutez en plus le réchauffement de la planète, qui augmente les zones favorables aux moustiques, sans compter le déplacement futur de milliers de personnes qui seront chassées de leurs terres par la montée des eaux. Bref, cette maladie à laquelle on s’est fatalement résigné, est un fléau mondial. Tout d’abord, par le nombre de décès annuels, soit 1 million. Puis, par le coût économique des 300 à 500 millions de malades annuels, tant en journée de travail perdues qu’en coût de remèdes et de prévention. En Afrique, où la période la plus propice aux crises de malaria est justement celle des récoltes, un accès de malaria équivaut à 10 journées de production perdues ( évidemment sans salaire garanti - deux semaines actuellement …sinon quel serait le prix des arachides et du café ?! …). Bref, la malaria à laquelle le monde semble s’être habitué faute de mieux, est un réel problème qui préoccupe l’Organisation Mondiale de la Santé. Il faut cependant souligner que les puissances agissantes de la période coloniale ( 1930) ne faisaient pas que s’en préoccuper mais prenaient des mesures réelles, comme en témoignent ces affiches qui exhortaient à diverses précautions et mesures de lutte. Par exemple, en détruisant les moustiques par des moyens mécaniques : Assécher toutes les eaux dormantes. En recouvrant les eaux dormantes par du pétrole ou d’un autre liquide tuant les œufs et les larves, ou en les peuplant de poissons . En garnissant les maisons de moustiquaires. En détruisant les moustiques dans leurs lieux de prédilection ( granges et écuries). Mais le meilleur moyen restait l’administration de quinine comme moyen préventif et curatif, administré par des organismes publics ou de grandes entreprises. En tout cas, vigilance, dépistage et prise de quinine vi[i] étaient alors considérés comme un devoir social. Chacun avait le devoir de fournir un traitement de quinine aux domestiques et aux indigents et d’en assurer l’emploi correct. En effet, les effets de la malaria ont une influence sur la vie économique du pays et le rendement de la main d’œuvre. Les USA pour les Etats du sud, la Malaisie, la Roumanie, les Indes britanniques, l’Algérie ont édité des affiches de propagande contre la malaria et des calendriers indiquant les périodes à moustiques , donc à risques. La lutte continue de nos jours, mais à voir les résultats l’on constate tout de suite que la partie n’est qu’à peine engagée et est très, très loin d’être gagnée. Lutter contre le moustique équivaut à entretenir les terres pour éviter les eaux stagnantes. Vu l’ampleur de la tâche, on se borne maintenant à pulvériser certaines zones ; pour le reste, des efforts sont faits pour promouvoir l’usage de moustiquaires imprégnées d’ insecticide à base de pyréthrine, produit naturel vis-à-vis duquel le moustique ne développe aucune accoutumance. A mon avis de profane, l’administration d’antimalariaux efficaces semble être actuellement la meilleure solution, mais hélas les circonstances économiques et surtout politiques la rendent inefficace. Pour lutter contre la maladie elle-même, seule la vaccination sera l’ arme absolue. Il est normal que les grands laboratoires y songent, tout comme ils rêvent certainement à l’immense marché existant financé par les utilisateurs ou surtout par les organismes internationaux. Si tout va bien, on espère trouver ce vaccin d’ici 7 à 15 ans. Et alors des millions de vies seront sauvées avec, comme corollaires impératifs, le droit à la subsistance, au logement, à l’éducation et au travail, mais voudra-t-on aussi y songer ? . Disons aussi que ce problème n’est pas indifférent aux Rotariens d’Australie ( qui sont en fait en première ligne car l’Australie est aussi un paradis pour les moustiques) , dont des clubs financent des projets antimalariaux dans les provinces de Guadalcanal et les îles Salomon en distribuant des moustiquaires. Mais actuellement, seuls sont utilisables les médicaments de synthèse qui parfois n’ont plus d’action par suite du phénomène de l’accoutumance et bien sûr le remède traditionnel naturel et efficace : la quinine et autres sels du quinquina. Chapitre III LA QUININE :UNE ARME ABSOLUE Qu’est-ce que cette quinine ? En deux mots, c’est un alcaloïde contenu dans l’écorce du quinquina, découvert et isolé par les pharmaciens Pelletier et Caventou en 1820, après qu’en 1810 Dr Bernardino Antonio Gomes ait découvert dans des écorces de quinquina la cinchonine.vii[i] Bien vite une production industrielle débuta en 1822 dans une petite fabrique à Hamburg ( d’autres parlent de Emmanuel Merck à Darmstadt. ) et en 1823 à Amsterdam par les pharmaciens Nieuwenhuys et d’Ailly. En 1841, une usine s’établit en Bolivie et en 1847 une autre à Valparaiso sur l’initiative du français Delondre (Pelletier Delondre et Levaillant ). En 1871, à Ootacamund aux Indes, l’on fabriqua de la quinine anhydre, mais de si mauvaise qualité que l’usine ferma bien vite. Ce fut aussi le cas pour une autre usine installée près des plantations du Bengale. A Java aussi, des essais furent faits mais la quinine produite en Europe restait toujours meilleure et moins chère. En 1913, les usines à quinine se situaient : 2 en Hollande : -Amsterdamsche chininefabriek, Amsterdam -N V Nederlandsche Kininefabriek, Maarssen 3 en Allemagne : -Vereinigte chininefabrieken Zimmer und Co, Frankfurt. -C F Boeringher und Sohne, Mannheim -Chininefabrik Braunschweig , Buchler und co, Brunswick 1 en Angleterre : -Howards and Sons Ltd, London 4 en France : -Charles Buchet et cie Pharmacie Centrale de France -Pointet Girard, Paris -Societé du traitement des quinquinas, Paris -A Taillandier, Argenteuil. 1 au Japon : la Hoshi Seiyaku Quinine factory, détruite en 1920 par un incendie et remplacée par la Koyodo Pharmaceutical Company. 1 aux USA à Philadelphie, Farr et Kunzi qui deviendra Powers Weightman Rosengarrten C° en 1832. 1 à Java : -Bandoenschen Kininefabriek, qui en 1930 livrait 600 000 kilos de quinine au monde ( et en 1940, 90 % de la production mondiale de quinineviii[i]). De plus cette société exerçait un contrôle et à la fois sur les prix de la quinine et sur celui des écorces via le Kinabureau. Si de nouveaux extracteurs s’installaient , ils pouvaient baisser le prix de la quinine. Si de nouvelles plantations se créaient, ils pouvaient baisser le prix des écorces, le tout à des niveaux dissuasifs. Si la demande de quinine augmentait, ils augmentaient la production de l’usine de Bandoen et celle des plantations car le quinquina peut aussi se stocker sur les arbres. Cependant ce monopole ne fut jamais mauvais , ni pour les intérêts des planteurs , ni pour ceux des extracteurs. Tout effort pour le briser étant dès lors motivé, soit par une ambition nationale, soit par un désir d’autarcie . En 1924 les Etats Unis envisageaient de trouver des colonies aux climat et relief similaires à ceux de Java. Hélas contrairement à la guerre 1914-18 durant laquelle la Hollande et ses colonies étaient restées libres et continuaient d’approvisionner tous les belligérants en quinine, en 1940 cette activité et les stocks passèrent aux mains de l’ennemi de l’époque : donc plus un seul kilo de quinine pour les fronts tropicaux des alliés !ix[i] Situation qui empire en 1942 par la prise de l’Indonésie par les Japonais. Résultat : 90 % de la production de la quinine passent à l’ennemi, ce qui gêne fort les Américains, qui se tournent désespérément vers les antimalariaux de synthèse, tandis qu’au Congo Belge l’on plante à tour de bras. Après la guerre, les Japonais détruisirent les stations de recherche et beaucoup de Hollandais auraient pu écrire, telle Karen Blixen, x[ii] un roman intitulé : « La plantation de Bandung » « Mon père gérait une plantation au sud de Bandung. Avec notre maison , la fabrique, la station expérimentale , le laboratoire et même une centrale électrique près du terrain de football. Nous habitions au milieu des arbres à quinquina. Mon père a consacré toute sa vie au quinquina … après 1945 tout fut détruit. »xi[i] Après l’indépendance de la Malaisie, la Belgique entra en jeu avec ses merveilleuses plantations du Kivu et ses écorces au rendement exceptionnel ( parfois des taux de 12 %) . Chapitre IV QUASI TOUT SUR LE QUINQUINA Qu’est ce que le quinquina ? Palo de las Calenturas ou arbre des fièvres en Espagne. Arbol de la Cascarilla, arbre de l’écorce, par La Condamine. Ecorce de Loja, du nom du lieu. Poudre de la comtesse en 1640. Poudre des Jésuites ou du Cardinal en 1651 ou poudre des Missionnaires. China, par la suite à Rome. Quina ou Kina, qui désigne un manteau dans la langue Quichoa. Chinarinde, en allemand. Peruvian bark ou cinchona, en anglais. Kenkina, en arabe. China, en italien et portugais. Kinabark,en danois et suédois. Quina,en espagnol. Kina,en hollandais. Kora chinowa, en polonais. Chinaia korka, en russe. Kina kina, en turc .xii[i] Tout d’abord son nom , tel qu’on l’utilise pour la première fois à Rome en 1651, vient de la langue Quichoa parlée par les Incas et qui veut dire « manteau d’écorces » . Il n’est toujours pas bien clair de savoir si son usage médicamenteux a été utilisé par les Indiens avant la découverte de l’Amérique, ou par les Espagnols. Une légende dit que ses pouvoirs furent découverts par hasard par un Indien mourant qui but l’eau d’une mare au moyen d’une écorce recourbée d’écorce de quinquina. D’autres disent que le secret était connu des Indiens mais qu’ils se gardaient bien de le communiquer aux conquérants, jusqu’au jour où par reconnaissance, l’un d’entre eux en fit par au gouverneur de Loa. De plus, personne n’aimait son goût amer ni ses effets parfois pervers. Une autre légende, plus belle encore, raconte que la jeune comtesse de Chinchon ( un village près de Madrid ), épouse du vice-roi du Pérou, fut atteinte de la malaria durant son séjour à Lima. En 1638, son médecin , Don Juan de Vega , la guérit par la poudre de l’écorce d un arbre, dont elle fit ramener de grandes quantités en Espagne, car les habitants de sa province souffraient des mêmes fièvres. Cette histoire a inspiré les fresques de l’hôpital Santo Spirito à Rome. Et Linné donna en 1742 le nom de « cinchona « à cette écorce en mémoire de la comtesse de Chinchon et en plus en estropiant l’orthographe. ( Ce produit se nommait aussi écorce péruvienne, poudre de la comtesse, poudre des Jésuites ). Evidemment, les Jésuites avaient mis la main sur ce produit et l’administrèrent judicieusement à leurs amis (dont l’Empereur de Chine) et uniquement sous forme de poudre pour en masquer l’origine. Disons tout de suite à leur décharge qu’ils exhortaient les cueilleurs de quinquina à replanter 5 branches en croix pour remplacer l’arbre sacrifié . ( cette pratique sera aussi préconisée au Congo belge pour d’autres plantes médicinales ) . Imaginez que le remède du sida soit l’apanage d’un commandeur des croyants quel qu’il soit.. La renommée de ce produit grandit et évidemment la Faculté discourait sur ses pouvoirs et propriétés. Un Anglais Robert Talbor, mélangea la poudre de cette écorce avec du vin, réalisant sans le savoir la première extraction et guérit avec ce remède plusieurs personnalités dont Charles II d’Angleterre ; selon Mme de Sévigné, il vendait chaque dose pour la somme de 400 pistoles. Aussitôt, Louis XIV acheta le secret de ce remède pour 2000 louis d’or, et grand prince comme toujours, le rendit public . Une chose était de connaître le remède, une autre était de repérer son origine dans la nature. Et comme cet arbre, disait-on ne poussait alors que sur les hauteurs des Andes entre le Pérou, la Bolivie et l’Equateur, Louis XIV donna l’ordre à Charles Plumier en 1704 d’en découvrir plus sur cette plante ( vous savez, l’homme de la brassavola cucculata nommée en mémoire du physicien italien Brassavola, du bégonia en mémoire de Michel Begon conseiller au parlement d’Aix, du fuchsia en mémoire de Leonhard Fuchs botaniste 1501-1566 et du frangipannier de la giroflée et de l’hibiscus ). Malheureusement, il succomba à une mauvaise fièvre dans les faubourgs de Cadix. Bref, si le quinquina était arrivé en Europe dès 1640, la nature de l’ arbre qui le produisait était connue seulement des Jésuites et des Indiens qui le récoltaient dans la région de Loxa. Il faudra encore attendre un siècle avant que l’on sache à quoi cette plante ressemblait. Il faudra attendre 1738 et Charles-Marie de la Condamine ( Paris 17011774 ) pour en savoir plus, suite à son voyage au Pérou pour déterminer la longueur d’un arc de méridien de 1 degré, sa contribution au problème de la longitude, résolu par Georges Harrison. A son retour du Pérou en 1737, il présenta à l’Académie Royale des Sciences à Paris un mémoire sur le quinquina et également sur une gomme élastique nommée cahuchu par les indigènes de Caillante. Notons toutefois qu’il était accompagné de Joseph de Jussieu, éminent botaniste, mais qui par cause de maladie ne put dessiner la plante. Enfin en 1742, Linné d’après les descriptions de La Condamine, introduisit la plante dans sa classification et lui donna le nom de quinquina en mémoire de la comtesse de Chinchon, mais d’autres disent qu’il vient du péruvien kina kina ou écorces des écorces.xiii[i] . En 1753, le nom de cinchona officinalis est adopté. Au XIX siècle, en pleine période colonialiste, le transfert d’un végétal à usage économique d’un site vers un autre plus approprié est quasi monnaie courante. On connaît l’odyssée de Robert Fortunexiv[ii] qui, vers 1848, transplanta le théier de Chine vers les Indes, Ceylan et le Kenya. On peut aussi se souvenir de Pierre Poivre, qui donna le poivrier et le giroflier à la France xv[i]. On sait que l’hévéa fut aussi dérobé aux forêts amazoniennes pour se développer en Indonésie, causant la ruine de la ville de Manaos qui du temps de sa splendeur, avait un opéra où se produisaient les plus grandes vedettes internationales. On sait peut être moins que l’ananas hawaiien est originaire des plantations de la Guyane française.xvi[ii] Plus innocent fut Augier de Busbecq, qui nous apporta la tulipe de Byzance. Sans également vous rebattre les oreilles avec la transplantation de l’arbre à pains et accessoirement de la brassavola cucculata de Tahiti vers les Indes Occidentales par le capitaine William Bligh et ses navires successifs, la ‘Bounty’ et puis la ‘Providence’. Le quinquina eut une odyssée tout aussi importante. Déjà, La Condamine avait déjà souligné le danger d’une exploitation intensive des arbres par les cascarilleros. Aussi les prêtres avaient obligé les récolteurs à replanter autour de l’arbre abattu un certain nombre de pousses. ( Cette méthode sera pratiquée plus tard au Congo, en replantant en croix autour de la souche coupée ) . Mais malheureusement, les Jésuites furent expulsés d’Espagne et la société dissoute par le pape Clément XIV en 1767 ; de plus avec l’accession à l’indépendance des Etats américains, les prêtres quittèrent le pays et cette pratique disparut alors que l’exploitation s’intensifiait. De plus, lors de son retour en 1745, La Condamine essaya de transplanter des arbres, mais une tempête les jeta à la mer. Par la suite, Mutis, Humboldt, Ruiz et Pavon, J E Howard, Markham, Triani, F J Caldas s’intéressèrent aussi à l’arbre quinquina . En effet, le quinquina était très demandé, aussi les pays producteurs essaient de contingenter la production. Mesure vaine quand en 1850 le prix d’un kilo de bonne écorce était de 1.33 dollar d’argent et que le prix de la quinine était de 1300 florins le kilo ?. En 1846,Wendell découvrit dans un coin de la Bolivie la variété Calisaya, qui était la meilleure de l’époque. Il conclut également que, vu la demande grandissante, il était urgent de transplanter vers d’autres lieux le quinquina où il serait cultivé en grandes plantations. Je le cite : « s’il est un arbre digne d’être acclimaté dans une colonie française c’est certes le quinquina et la postérité bénirait ceux qui auraient mis à exécution une semblable idée. » Tu parles ! ! ! En 1847, il amena quelques semences de cinchona calisaya en Europe et les fit germer dans les jardins botaniques de Paris, Londres, en Hollande, Alger, aux Indes et Java. Ce furent les premiers quinquinas poussant hors d’Amérique. A Alger, la plante dépérit. Londres avait aussi reçu des semences et certaines avaient germé dans les serres de Kew. Les pousses furent envoyées à Calcutta pour y mourir toutes. Mais à Leiden, le professeur De Vriese avait reçu un exemplaire des plantes cultivées à Paris et la même année il l’envoya à Java. En 1852, la plante arriva en piteux état mais le jardinier Teysmann y préleva à temps une bouture qui reprit et devint un bel arbre. Et ce fut le premier quinquina sur le sol de Java, dans la ville de Tjibodas . Heureusement, car à cette époque la malaria faisait de grands ravages dans les rangs des coloniaux et il devenait urgent pour le gouvernement hollandais de promouvoir la culture du quinquina à Java. Aussi, l’on se préoccupa d’obtenir des plantes et des semences du Pérou avec milles ruses de Sioux. Chapitre V QUINQUINA SAUVAGE – QUINQUINA DE PLANTATION Au début la seule source d’approvisionnement était les forêts naturelles d’Amérique du sud . La récolte des ces écorces est un travail pénible car les quinquinas ne sont qu’une infime partie de la population de la forêt. Aussi une fois l’arbre repéré, il faut l’ébrancher sur pied puis le couper. Par battage, les cascarilleros ou cascadores ( casca = écorce en espagnol ) enlèvent d’abord la partie extérieure inerte de l’écorce puis ils détachent par de longues incisions verticales et latérales de grandes bandes de l’écorce interne. Ces dernières, séchées au soleil, s’enroulent sur ellesmêmes. Après triage, elles sont emballées soit dans des caisses, soit en ballots de 70 kilos entourés de peaux de buffles, seul film rétractable connu de l’époque. Voici les variétés habituellement commercialisées : -Quinquina gris ou quinquina de Loxa ou de Guayaquil : ce sont des quinquinas du type quinquina officinalis ou similaire. -Quinquina Huanuco Provient de la région de Huanuco -Quinquina jaune : croît dans la region péruvienne de Carabaya et en Bolivie . -Quinquina jaune de Colombie, ou quinquina Pitayo -Quinquina rouge, de la région de Quito. Bref, de quoi s ‘ y perdre ! Par la suite les plantations organisées s’organisèrent. En Indes , à Ceylan qui fut un jour le plus grand producteur d’écorces du monde, En Indonésie et au Congo Belge . De toute manière, des études sérieuses ont été faites et voici les principes de base pou débuter une plantation . Le choix du terrain de plantation est important aussi : altitude de 1400 à 1800 mètres, sur un sol légèrement en pente ou sur terrasses. L’arbre aime un climat pluvieux de 2 à 3 mètres de précipitations par an, mais ses racines craignent un excès d’eau. La température est de 12° à 30 ° le jour et de 8° à 15° la nuit. Les vents violents sont à déconseiller. Voici une série de photos prises au Kivu avant les troubles de 2001. Pour commencer une plantation, il faut des plants bien souvent semés sur place dans des pépinières ; après 5 mois les pousses ont 5 cm et sont mises en couche pour atteindre 30 centimètres de haut .Un gramme de semences donne 1200 plantules. Evidemment les semences sont sélectionnées sur les critères de production, surtout le rendement en quinine. La plantation doit être bien entretenue et durant les 6 premières années, l’arbre croît de 1 mètre l’an et par la suite la croissance tombe à 50 centimètres par an. La vie moyenne d’un arbre est de 50 ans. Au moment opportun, les branches, les troncs et les racines sont écorcés et l’écorce est séchée soit au soleil, soit mieux encore dans un séchoir artificiel. Ceci terminé, l’écorce est emballée soit entière, soit concassée, soit moulue selon la demande et les conditions de fret. Jusqu’en 1960 ce système fonctionnait à merveille au Congo Belge . Les plantations de quinquina entretenaient le sol pour éviter la prolifération des moustiques. Les travailleurs étaient bien encadrés au point de vue hygiène et soins. Le quinquina était distribué aux manufacturiers européens par l entremise du Kina bureau , fondé pour protéger le marché du quinquina : par deux conventions, celle des planteurs et celle des manufacturiers, il régentait le marché mondial de la quinine Acf avait 50 % du marché Boeringer ,30 % Buchler, 5% Les Anglais et la Belgique, 2%. Notons que les firmes allemandes bien, que négociant au sein du Kinabureau, conservaient une totale indépendance commerciale vu que l’Allemagne était occupée par les Américains. Cela marchait bien , très bien même xvii[i] mais pour les raisons que vous savez tout fut chamboulé et bascula .Les cultures vivrières furent vite abandonnées et remplacées par le pillage de produits plus rentables : pétrole , diamant , coltan, cassitériete et or . Cherchez à qui le crime profite …… Chapitre V I LES DERNIERS MOMENTS ? ? Et comme nous entrons maintenant dans l’histoire contemporaine, bornons nous à rappeler les faits connus de tous :. -1957 : nationalisation des plantations et des usines à Java . Mauvais coup pour les Hollandais, qui se replient surtout en Afrique. -1960 :manque de chance, le Congo devient indépendant et commence alors la longue agonie de son économie coloniale.xviii[i] De plus, les Américains, en vertu de leur loi antitrust, firent pression pour supprimer le Kinabureau, allant même jusqu’à faire emprisonner le fils du président du Kinabureau. Mais ils constituèrent un stock stratégique de quinine de 200.000 kilos. Par la suite, l’Europe prit le relais et en vertu alors du traité de Rome, de lourdes amendes furent infligées au Kinabureau, qui disparut . Années 1990 : fermeture d’un première fournée de manufacturiers européens, dont Lake and Cruickshank, Pharmacie Centrale de France et Pointet-Girard . Années 2000 :fermeture du manufacturier hollandais A C F .Une page d’histoire est tournée à jamais Actuellement il ne reste plus que quatre pôles importants : L’Allemagne , les Indes , l’Indonésie et le Congo . Ces deux derniers possédant les seules plantations valables . Sale temps pour la quinine, mais pourquoi faire de la quinine quand l’histoire vous a repris vos colonies ? Plus de vastes territoires et de populations indigènes .xix[i] L’histoire du quinquina des arbres et de la production de quinine est détaillée dans une ligne du temps placée en fin du texte . Et voici pour terminer quelques anecdotes sur le quinquina . Plus fort que : « sauver le soldat Ryan . » En 1941, il y avait aux Philippines sous contrôle américain une petite usine de production de quinine ( 4.5 kilos ) ; elle tomba aussi aux mains des Japonais après la chute de Bataan et Corregidor. Mc Arthur eut alors ces fameux mots : « je reviendrai » certes pour libérer le pays mais surtout pour une raison primordiale qui tient en un seul mot : « wolfram » . Le wolfram est le minerai qui donne le tungstène, indispensable aux outils d’usinage utilisés dans l’industrie donc dans l’armement. Ce fut alors la campagne de Birmanie , pays tropical où la malaria régnait. Comme parfois 80 % des troupes étaient clouées au sol par des accès de fièvre, il fallait de la quinine ou d’autres produits. La quinine passait donc au rang de priorité des priorités, même avant la bombe atomique. Aussi Mc Arthur fit- il évacuer par air spécialement et en haute priorité par air le colonel Fisher et le rapatria-t-il en 1942 avec une boîte de graines qui furent plantées au Costa Rica en 1943. Mister Hyde ou Docteur Jekill ? En 1853, un certain José Carlos Muller visite le Pérou pour, selon lui, y admirer les beautés naturelles : il rencontre Charles Ledger à Cotaja, un petit village entre le Pérou et la Bolivie. Ayant réuni, par amusement ,400 plants de quinquina, il les amène à marches forcées au travers de 230 kilomètres de sentiers de brousse à Callao. Là, comme par hasard, un navire hollandais, le ‘Prinz Frederick der Nederlander’ est ancré dans le port, chaudières sous pression. Il attendait les ordres exprès de José Carlos Mueller, ou plutôt de Justus Charles Hasskarlxx[i], superintendant des Jardins Botaniques de Buitenzorg à Java. Une histoire belge Un jeune prince belge voyageant en Malaisie passa à Bandoeng pour visiter l’usine à quinine . Comme tout visiteur de marque, il reçut des mains du Directeur un somptueux coffret contenant des graines de quinquina avec un mode d’emploi de culture insistant sur la germination capricieuse et aléatoire de ces graines. Capricieuse, la germination pouvait l’être, mais tout bon jardinier n’a-il pas la main verte, mais, hélas, surtout pas aléatoire car les Hollandais refaisant ‘le coup des noix de muscade’ ne donnaient que des graines longuement ébouillantée , donc sans aucun pouvoir germinatif. Pour une raison toujours inconnue ( peut-être la prestance du prince ? ), ce ne fut pas le cas des graines données au prince. Mais ce dernier, au lieu de les considérer comme de simples curiosités botaniques, les fit semer dans ses serres et puis les introduisit dans sa propriété personnelle vers les années 1900. Le prince est devenu sa majesté le roi Léopold II. Les serres sont celles de Laeken. Et sa propriété personnelle est l’Etat Indépendant du Congo. Là,plus tard , sous la direction de l’agronome Stoffels, dans la station botanique de l’INEAK ( institut national d’expérimentation agricole du Kivu ) de MULUNGU ou Klostermanville, les plantes prospérèrent. Et par de savantes et laborieuses sélections, la teneur en quinine des écorces grimpa jusqu’à 11 voire 12 %, soit 3 à 4 fois plus que les rendements indonésiens et indiens. ! ! ! Cet oubli ou ce bienfait ne fut pas perdu et fut rendu au centuple dans les années de l’après-guerre, lorsque l’Indonésie devint indépendante, privant l’Europe d’approvisionnements en écorces . Celui par qui le quinquina est arrivé . Mais parlons maintenant de Charles Ledger, l’homme qui consacra sa vie et sa fortune au quinquina. La famille des Ledger remonte, selon la légende à un ancêtre originaire de Saint Léger près de Caen, qui a aidé Guillaume le Conquérant dans sa conquête de l’Angleterre. En réalité, les Ledger sont des Huguenots qui émigrèrent en Angleterre après la Saint Barthelemy, en1527. Intelligents, courageux, ils occupèrent des positions importantes dans les secteurs de la peinture, sculpture, fonderie de canons, orfèvrerie, horlogerie, ébénisterie et tissage de la soie. Charles Ledger est né à Stockwell à Londres, le 4 mars 1818. Il fréquente de bonnes écoles ( car son anglais et son vocabulaire sont des plus corrects , de même que ses connaissances en mathématiques, chimie etc). Cependant, à 18 ans, poussé par un désir d’aventures, le 4 mars 1836 il met son sac sur le ‘Shallow’ ( comme manœuvre pour payer son transport ) , avec deux lettres de recommandation et un stock de 10 livres sterling en plumes d’acier, une nouveauté pour l’époque, qu’il revendit en effet avec grand bénéfice à Buenos Aires. Après 8 mois de navigation, le navire arriva à Callao. Charles Ledger débarqua et trouva immédiatement un emploi chez Naylor’s Kendall and Co. Il dut tout apprendre sur le tas, y compris l’espagnol et les arcanes du commerce de la laine d’alpaga et du quinquina principales exportations du pays. Donnant satisfaction, il fut envoyé seul à Tacna dans le sud du Pérou pour négocier les achats aux Indiens. De ce fait, il maîtrisa bien vite également les dialectes Aymara et Quechua . Evidemment, une fois son expérience faite, il s’installa en 1842 à son compte comme négociant en produits sud-américains. Et durant les années suivantes, chaque kilo de laine qui était embarqué à Tacna était sélectionné, contrôlé et pressé dans son atelier. Le 27 octobre 1842, il épousa CANDERLARA ORTIZ fille d’une famille influente de Tacna. Entre-temps, il avait fondé la première pharmacie à Tacna. Toujours désireux de se rapprocher des sources de récolte, il entreprit de nombreuses expéditions accompagné par Manuel Incra Mamani, un Indien bolivien qui avait une connaissance phénoménale des quinquinas ( il pouvait en effet distinguer dans la zone Bolivie- Equateur pas moins de 29 espèces, avec ce qui est plus important, leur niveau de teneur en quinine, alors que d’éminents botanistes n’en connaissaient que 19 ). A cette époque ( 1847 ) il se rendit compte de l’importance stratégique du quinquina et de la quinine, dont le gouvernement des Indes consommait 8 tonnes par an. Il écrivit donc un mémoire au gouvernement britannique en lui signalant qu’une guerre entre la Bolivie et le Pérou tarirait les approvisionnements et proposa de transplanter les quinquinas callisayas aux Indes. Evidemment, il ne reçut aucune réponse, mais apprit 15 ans plus tard qu’un certain Markham avait été envoyé en mission avec copie des ses notes. Aussi Ledger retourna-t-il à son commerce de quinquina et de laine d’alpaga. Cette dernière, plus fine et plus longue de celle des moutons, est toujours très prisée en confection. Mais le Pérou interdisait évidemment l’exportation de cet animal. En bref, entre 1848 et 1852, Ledger réunit un troupeau d’environ 300 alpagas. En 1858, ce troupeau traversa les Andes jusqu’au Chili (périple bien plus long et difficile que la traversée des Alpes par Hannibal et ses éléphants ) . 336 animaux et 14 fermiers furent embarqués à bord du « Salvadora » et débarquèrent le 28 novembre 1858 à Sydney. Mais l’aventure tourna mal, car Ledger qui était quasi un roi dans son commerce et son activité dut faire face à la bureaucratie, l’administration et la routine. Le troupeau fut dispersé, mettant fin au rêve d’une puissante industrie lainière d’alpaga en Australie et Ledger ne fut pratiquement pas dédommagé pour sa peine. Il quitta l’Australie le 9 août 1905, protestant contre l’oppression, l’injustice et la cruauté qui lui avaient fait perdre 12 des meilleures années de sa vie, consacrées aux intérêts de la colonie. Entretemps, sa première femme étant morte en 1858, il s’était remarié en 1861 avec une Australienne de 43 ans, joviale, énergique et pleine d’enthousiasme pour ses réalisations passées et ses idées d’avenir . Ledger retourna donc au Pérou à Tacna pour y retrouver ses 3 filles et sa belle-famille. Mais il était parti riche et y revenait ruiné et endetté. Le 19 mai 1865, son fidèle Manuel, le spécialiste du quinquina, frappa à sa porte et lui apporta des semences prises sur les meilleurs quinquinas qu’il avait sélectionnés. Vite , les semences furent expédiées à Londres chez Georges ,le frère de Ledger, camouflées dans des balles de fourrures de chinchilla. George présenta les graines à Kew Garden où, par malchance, son seul contact influent était mort et son remplaçant malade. Le préposé, après lui avoir fait un cours ex cathedra sur le quinquina l’éconduisit poliment, comme il se devait de le faire envers ce quidam qui n’était même pas botaniste. En fait , George Ledger ne savait pas que Kew en avait terminé avec l’opération quinquina : car on y avait fait germer des graines apportées par Markham et les plantules avaient déjà été distribuées dans les diverses colonies. Aussi George se tourna-t-il vers la pépinière tropicale de Chelsea, qui accepta de tenter un essai sur quelques graines : elles germèrent toutes .Mais aucun encouragement ne venait de la part du gouvernement : le temps passait, les graines vieillissaient et George se mit à paniquer et frappa à toutes les portes dont celle de J. E. Howard, un producteur de quinine de Tottenham, qui comprit l’intérêt des bonnes graines et conseilla de les présenter au consul hollandais à Londres ; celui-ci lui acheta immédiatement 450 grammes de semences pour le montant de 20 livres sterling.Il restait donc en stock chez George 6 kilos de semences .Il contacta ensuite un planteur de quinquina des Indes , qui lui acheta le solde pour 50 livres ; mais doutant de la qualité de ces semences ,il les refila à Mr Mucivor, superintendant des plantations de quinquina dans les Nilgiris à Ootacamund près de Madras. De son coté Charles, resté à Tacna vendit aussi au gouvernement Australien quelques kilos de graines .On lui versa 100 livres, mais le Ministère en charge laissa pourrir les graines dans leur emballage d’origine. Cependant, à Tacna, la situation de Charles Ledger n’était plus celle du passé. Il avait en effet fait sortir des alpagas du pays et surtout il était totalement ruiné. Aussi il partit vers Puno en 1865, où il entreprit une visite nostalgique sur des anciens sites de récoltes. A cette époque, il fut aussi approché par le consul de France pour fournir des semences. Il le mit en contact avec un de ses anciens employés qui, lors de la livraison des semences, se noya ( probablement aidé ). Les semences furent brûlées par le Corregidor , qui se vanta par la suite d’avoir empêché que ces semences précieuses aient été emportées par des étrangers jaloux de cette grande richesse Bolivienne. Mais Ledger se sentait de plus en plus indésirable au Pérou ; aussi il partit vers Salta en Argentine avec une expédition de mules, domestiques, indiens, serviteurs , sa femme et 30 beaux mérinos qu’il avait importés d’Australie avec l’aide de sa nouvelle belle-famille. Malheureusement l’expédition fut atteinte par la fièvre typhoïde et fut bloquée deux mois. Enfin, après un trajet de plusieurs mois, l’expédition arriva à destination. Un seul mérinos était mort - d’une indigestion de maïs. Donc, nouvelle installation de Ledger, cette fois à Cachi en 1869 dans la province de Salta, une région agricole en expansion ;aussi se remit-il dans les affaires (heureusement pour lui dans un contexte vierge d’administrateurs, ingénieurs- conseils et bureaucrates).A cette époque ,il demanda à son fidèle serviteur Manuel de récolter une nouvelle fois un lot de semences et lui avança la somme de 200 $. Malheureusement la police eut vent de cette affaire, arrêta Manuel l’emprisonna et le questionna durant 20 jours. De retour chez lui Manuel mourut quelques jours plus tard !Son fils Santiago vint alors annoncer la triste nouvelle à Ledger et lui restituer l’argent avancé. Ce que Ledger refusa, de même que l’offre du fils de fournir les semences promises par son père. Par la suite Ledger continua toujours d’aider cette famille . La vie à Salta n’était toutefois pas faite pour un étranger, ruiné de surcroît. Il essaya encore une fois d’obtenir des semences mais sans succès. Aussi ,en accord avec sa femme ,ils emménagèrent à Tucuman . En 1880, la guerre éclata entre le Pérou, allié à la Bolivie et le Chili, et c’est à ce moment que le gouvernement hollandais lui alloua une indemnité de 242 livres sterling en reconnaissance finale pour ses services. Comme ses trois filles étaient bien mariées, il décida de retourner en Australie, patrie de sa seconde belle-famille. Et c’est ce qu’il fit, en passant par Londres ,la ville de sa jeunesse ,qu’il ne reconnut évidemment plus. Il arriva en Australie en 1884, dans les Nouvelles Galles du Sud ,à Goulburn pour y vivre une vie de paisible retraité. Mais en 1891, suite à une violente épidémie de grippe, sa seconde femme mourut à l âge de 73 ans. Le surlendemain, Ledger lut dans le journal relatant l’enterrement de sa femme que l’Australian Banking Company suspendait ses paiements . Ledger se retrouvait sans aucune liquidité pour vivre. Il dut hypothéquer sa maison, puis vendre son mobilierxxi[i] avant de solliciter une aide auprès de ceux qui avaient tant profité de ses semences. Finalement en 1897 il reçut du gouvernement hollandais une pension de 1200 gulden .Il se retira alors à Sydney. Il mourut le 19 mai 1905 et fut enterré près du frère et de la sœur de sa seconde épouse, dans le cimetière méthodiste de Rockwood à Sydney mais son nom ne fut pas inscrit sur la pierre tombale. Ledger était bien un homme de son temps, de la pure époque victorienne, un homme de volonté au courage indomptable, qui faisait sentir sa présence partout où il était . Il était d’une forte constitution physique. Lui et d’autres découvreurs vécurent dans un contexte de grandes découvertes. Nouveaux pays, nouvelles civilisations, nouveaux animaux ,nouvelles plantes, nouveaux minéraux, ces pionniers avaient une idée de progrès pour tous. Et c’est dans cet idéal qu’ils parcouraient les parties les plus désertes et inexplorées de l Afrique, l’Asie et l’Amérique. Et aussi de l’Australie, qui au début ne pouvait nourrir que les quelques centaines de convicts qui en constituaient les premiers occupants. Ledger avait cependant débuté trop jeune, sans pouvoir peaufiner son éducation de base pourtant solide , de plus il avait épousé une Péruvienne et non une Inca, bref il n’était qu’un infime rouage du grand empire anglais. Par contre, son frère George resté au pays, était devenu membre du Parlement et lui savait que les profits de ces découvertes étaient réservés à une faible minorité de personnes. Charles était un négociant et un aventurier qui n’avait sa place nulle part, sauf peut être sur les hauts plateaux des Andes. Cependant, ses nombreuses observations ont été appréciées des connaisseurs. Honnête en affaires et fidèle à ses amis, il prit des gros risques mais sans cette audace des millions de personnes de plus dans le monde entier auraient été victimes de la malaria. Il faisait partie de ces hommes qui maintiennent l’économie du monde debout et qui mettent en une heure plus de soins à la conduite de leurs affaires que certains politiciens en un an à la conduite de la chose publique. Il était également de la race de ceux qui ont fait pousser deux épis de blé ou deux brins d’herbe sur un coin de sol qui n’en nourrissait qu’un seul et qui ont mérité bien mieux de l’humanité et ont rendu un service plus grand au pays que toute l’engeance des politiciens mise ensemble xxii[i] Comme pour les inconnus célèbres et utiles, il ne reste que son nom maintenant gravé, je l’espère dans vos mémoires et sur une petite pierre tombale ajoutée en 1986 par l’extracteur hollandais ACF sur l’avant de la tombe familiale. Et ces gravures du quinquina et de l ‘alpaga sur les pièces péruviennes. Malgré tout, ce n’est pas le Pérou ... Merci pour votre attention . Marc Meyskens 6.10.2002 CONFESSIONS . Evidemment ce récit n’est nullement une œuvre d’imagination et couvre des faits et actions bien réels étalés sur une très longue période et renseignés dans les ouvrages consultés dont : CHININ de W Dethloff 1943 aux éditions Verlag chemie Berlin Conseils techniques par DR h.c. Albert Boeringher . THE LIFE OF CHARLES LEDGER DE Gabriele Gramiccia ( 1987) Le professeur Gramiccia était un malarialogiste réputé .Après un carrière de 27 ans comme chef du département anti-malaria de l’organisation mondiale de la santé ,puis retraité il consacra encore plusieurs années de travaux comme directeur de l’institut de recherche militaire australien de lutte contre la malaria. En 1981 il retourna en Italie notamment pour écrire ce livre . ( ACF contribué à l’édition de ce livre par un tirage numéroté et dédicacé par l’auteur.) MALARIA Par le bureau pour l’encouragement à l’emploi de la quinine . Amsterdam 1927 . CHININUM Chinim in der Allgemein,praxis Bureau tot bezvordering van het kinine-gebruik Amsterdam 1930. DE KINACULTUUR Onze koloniale landbouw A.Groothoff Oud adjunct directeur der Gouvernements-Kina-onderneming in Nederlandsch Oost-Indië. De Kinacultuur H P J V Broekhuizen Adminstrateur der kina-onderneming « Argasarie » Bandoeng Java Supplement to Commerce reports Departement of commerce of United States of America Quinine production and marketing By Samuel H Cross Commercial attaché in The Hague . Prepared as Part of the Investigation of essential raw materials ( authorized by the Sixty-seventh Congress. 1924 A quarter of the World’s output of Quinine in a round the clock production at a british factory . Chemist and druggist November the 30 1968 Les photos des plantations actuelles au Congo ont été prises à la demande de Monsieur R.D Les anecdotes sur la vie des planteurs au Congo viennent de Monsieur L B. Le reste vient de bibliothèques commerciales spécialisées de coupure de presses et de causeries et de très peu d’expérience personnelle. Pas de panique il s’agit de la police windings . Pourquoi se fatiguer ? 1[1] [1] Il s’agit du conte « le scarabée d’or » des histoires extraordinaires d’Edgar Poe 1 [1] Il s’agit ici du « comte de Monte Cristo » d’Alexandre Dumas 1 . [1] Déplacement de villes ( Ephèse ). 1 Les armées de Napoléon furent touchées durant la campagne de Palestine La conquête de l’Algérie fut compromise en 1830, vu le nombre important de décès. Dans la ville de Panama, le nombre de morts entre 1884 et 1893 atteignit 3500 âmes sur une population de 20.000. Durant la première guerre mondiale, les soldats du front de Turquie furent contaminés à des taux de 50 % et puis, une fois démobilisés, ramenèrent cette maladie dans leur région. 1[1] Le 20 août 1897, dans la ville de Secunderabad en Inde, Ronald Ross disséqua un moustique anophèle qui venait de piquer Husein Khan atteint de malaria. Il y découvrit des cellules de forme particulière . Le lendemain, en disséquant un autre moustique, il retrouva ce même type de cellule et conclut qu’elles étaient une forme du parasite de la malaria dans le moustique . En effet, à cette époque personne n’avait aucune idée de la méthode de transmission de la malaria. Pour cette découverte, Ross reçut le prix Nobel de médecine en 1902. 1[1] La quinine était réellement appréciée de tous . Jules Verne dans son livre ‘ L’Ile mystérieuse ‘ en fait l’éloge comme suit : « Harbert fut repris d’un délire plus intense … Vivrait–il jusqu’au lendemain ,jusqu’à ce troisième accès qui devait immanquablement l’emporter si avant demlin matin nous ne lui avions pas donné un fébrifuge plus énergique ?. Vers cinq heures du matin, le chien aboya d’une manière étrange, le soleil se leva et un rayon tomba sur la table près du lit . Un nouvel objet était placé sur cette table. C’était une petite boite oblongue dont le couvercle portait ces mots : sulfate de quinine . On l’ouvrit, elle contenait 200 grains d’une poudre blanche dont l’extrême amertume ne trompait pas . C’était là le précieux alcaloîde du quinquina, l’antipériodique par excellence . » Voici, plus près de nous, un autre hommage au pouvoir de la quinine tiré de Tintin au Congo voici le texte : Qu’est ce qu’il a votre mari ? Li malade Li mouri Li mauvais esprits y en a habiter dans son corps. Je vois : rien de grave un peu de fièvre Prenez ce cachet de quinine vous serez vite guéri . Moi y en a plus malade Moi y en aller à la chasse. Li Blanc est bon Li grand soricier Li guéri mon mari Li missié blanc li boula-matari ! Etc ….. [1] ‘Chinin in der Allgemeinpraxis’, par Dr Med Fritz Johannessohn Bureau tot bevordering van het kinine-gebruik Amsterdam 1930 Il y avait vers 1990 dans le corridor qui menait aux appartements privés de directeur général d’ Acf ( car ce dernier restait 24 / sur 24 présent ) un disque découpé dans le tronc d’un vieux quinquina et représentant graphiquement la part du du marché de la Firme : c’était quasi tout le gâteau .. [1] Par contre dans un ouvrage allemande de 1943 , l’auteur se réjouit de ce que les alliés asiatiques aient mis la main sur les territoires à quinquina , donnant un solution au besoin impératif de quinine pour l’Allemagne . [1] Karen Blixen 1885 1962 Danoise auteur de la ferme africaine du dîner de babette etc …. [1] Merci à Mevrouw JP Jkok –Spruit fille du directeur de la plantation qui nous a donné cette photo en 1995 et le livre de chevet de son père DE KINACULUUR par H P J v Broejhuizen administrateur de l entreprise ARGASARIA à Bandoeng Java 1 1898 [1] voir page 1443 tome 2 du Dorvault officine de pharmacie pratique . [1] Selon l’officine de pharmacie [1] l’écossais Robert Fortune 1813-1880 bien que paisible botaniste eut une vie d’aventures En 1840 l’East India Company lui confie la mission de percer le secret du thé. Déguisé en Chinois, il perce le secret et amène plus de 20000 pieds de thé sur les contreforts de l’Himalaya et de Ceylan. Son journal ( à l’exclusion des certains détails dont la publication n’a jamais été autorisée ) est éditée chez Payot sous le titre « la route du thé et des fleurs ». [1] Lire aussi « Les chasseurs d’épices » de Daniel Vaxelaire ( Petite Bibliothèque Payot) . [1] Dans son livre, Hawai Michener narre que l’ananas de la Guyanne française fut introduit à Hawai via les serres d’un botaniste de Londres, ( Hawai corgi books, page 760). Est- ce du roman ? ? ? ? en tout cas, l’ananas est originaire des îles tropicales de l’Amérique et a été introduit vers 1850 dans les West Indies où, grâce à son grand pouvoir d’acclimatation, il donne maintenant un fruit bien plus succulent que les ananas africains . Il semble donc normal que les planteurs ne se soient pas aisément dessaisis des plants sélectionnés . 1[1] Evidemment c’était une économie coloniale . Lorsque le capita responsable de la plantation avait besoin d’hommes il demandait avec l’accord du gouverneur de la main d’œuvre . Endéans les 12 heures le chef du village réunissait le contingent demandé ( 100 ou 200 hommes ) et le mettait à la disposition de la plantation . Ce dernier payait une somme au gouverneur qui en ristournait 50% au chef du village . Je n’en sais pas plus . 1[1] En fait cette situation ne fut pas mauvaise pour tous .Surtout pour les nouveaux arrivés qui avaient foi en un nouveau Zaire . et les anciens colons qui ne pouvaient aller ailleurs car ce pays était en fait aussi le leur.. Hélas la situation empira et dans les derniers temps les planteurs au Nouvel An remplissaient entièrement leur voiture de billets de banque pour les distribuer sous forme de « bon- an » spontané aux interlocuteurs du coin et ou d’autres enterraient purement et simplement leur voiture et camion lors de leur retour en Europe ou devaient se terrer une semaine dans la soupente de la porcherie quand ils n’apprenaient pas au retour de Belgique que leur meilleur capita avait été exécuté . Nos éminences en ont elles parlés à la réunions de Sun City ??). Les anciens colons ont vu leur monde s’écrouler mais les autres me font penser au personnage de Rhett Butler , héros d’autant en emporte le vent et de ses mots : pour faire fortune il fallait ou bien contribuer au développement d’ un pays ou bien participer à sa ruine Cela va lentement dans le premier cas dans le second ce n'est pas long ( page 195 25 édition Gallimard ) 1[1] Disons toutefois que la lutte contre la malaria reste très important pur le monde maritime voir le texte que la CMB met à la disposition des marins : MALARIA - A MARITIME PROBLEM "Of all the acute infectious diseases, Malignant Tertian (Falciparum) Malaria is unquestionably one of the most important cause of death in merchant seamen and travellers." I. INTRODUCTION Nowadays MALARIA is still one of the most frequent and dreadful infectious diseases in the world (one to two million dead a year). Malaria is a serious problem in a growing number of regions in the TROPICS and SUBTROPICS, because of the extension of the malarious zones and because of the increasing resistance of the malarial parasite to the present medications. Malaria is of increasing importance in THE MARITIME WORLD for the following reasons : unawareness of the fact that malaria is a serious and potentially fatal disease insufficient information regarding the clinical picture of malaria tropica or maligna no or insufficient use of the antimosquito measures and the classical protective medication increasing resistance of many new malaria strains to the actual medications the fluctuating frequency of malaria occurrence in the most dangerous areas, which leads to miscalculation of the real risk factors. Most studies on the protection/treatment of malaria in the maritime world teach us that seaman usually are uninformed or misinformed about this disease. En 1865 à Puno, Ledger surprit Clement Enriquez, l’Indien qui avait assisté Hasskarl dans son expédition se vanter d’avoir mélangé de l’arsenic à la terre des caisses Wardian et à la réserve d’eau des plantes . ( peut être pour tuer la vermine ?) 1[1] Les graines d’hévea furent aussi sortie du Brésil dans les balles de coton. 1[1] A l’exception d’un magnifique ouvrage illustré sur le quinquina : 1[1] THE QUINOLOGY IF THE EAST INDIAN PLANTATION qui lui fut présenté par son illustre ami, J E HOWARD et dans lequel son mérite et son action sont inéluctablement reconnus . voir Voyages de Gulliver – voyage à Brobdingnag page 145 édition Pléiade. 1[1] LIGNE DU TEMPS 1638 Don Juan de Vega guérit la comtesse de Chinchon. 1639 Première application en Espagne par un prêtre à Alcala en Espagne de la ‘ Poudre de la Comtesse 1642 Le Professeur Barba, de l’Académie de Valladolid recommande chaudement l’emploi de l’écorce. L’écorce arrive en Flandres. 1645 L’écorce arrive en Italie. 1649 Après enquête ordonnée par le pape Innocent X, l’écorce est répandue dans le monde par les missionnaires. Elle devient la ‘Poudre des Jésuites’ ou ‘ Poudre du Cardinal ‘. ( de Lugo ). 1653 Chiflet, médecin de Léopold, archiduc d’Autriche combat l’usage du quinquina, car dit il entre autre que si son emploi était généralisé dans le traitement et la guérison rapide des fièvres, les médecins seraient lésés dans leurs intérêts !. 1655 Le Jésuite Honoratius Fabri se pose en défenseur du quinquina. 1663 Gaspar Caldera de Heredia dans son livre ‘ Tribunalis Medici Illustrationes ‘ signale que les Indiens travaillant dans les mines prenaient avec succès des infusions d’écorces . Ce qui fut remarqué par les Jésuites, qui appliquèrent cette méthode à la guérison d’autres fièvres. 1678 L’anglais Robert Talbor prescrit avec succès du vin de quinquina à Charles II. Louis XIV achète ce remède pour 2000 louis. 1686 Mention dans la troisième édition de la pharmacopée hollandaise. 1696 Morton présenta la première description clinique de la malaria et de son traitement avec le quinquina . 1738 Discussion sur les qualités de l’écorce par La Condamine et description de la plante. Avec l’aide des notes de Joseph de Jussieu, botaniste, qui était de cette expédition qui a duré 7 ans. 1738 La Condamine envoie une copie de ses notes à Linné. 1742 Linné inclut le quinquina dans sa classification. 1745 La Condamine tente de ramener des plants en Europe, mais un fort coup de tabac les emporte à la mer. 1772 L’Espagne envoie le botaniste Mutis pour étudier la plante sur place. Ce dernier crée le jardin botanique de Bogota ( Nouvelle Grenade = Colombie ). 1777 Publication in extenso du rapport de la Condamine sur le quinquina dans l’histoire de la société royale de médecine. 1792 Ruiz publie sa ‘ Quinologia ‘ au retour de son expédition au Pérou et au Chili 1811 Obtention de la cinchonine par le Dr Bernardino Antonio Gomes ( 1768- 1823). F J de Caldas établit une carte des zones à quinquina. 1815 Il est fusillé en 1816 et ses notes ne seront publiées qu’en 1846 par Martius, dans le bulletin de l’Académie Royale de Bavière . 1816 Gomez isole la cinchonine. 1818 Naissance de Charles Ledger à Stockwell, Londres UK. 1819 Le pharmacien chimiste Friedlib Ferdinand Runge découvre la quinine ( voir ‘ Chinin ‘ de W Dethloff, 1943 ) . 1820 Obtention de la quinine par Pelletier et Cavendou. 1821 En collaboration avec Pavon, Ruiz écrit la ‘ Nueva Quinologia ‘, éditée seulement en 1856 par J E Howard. Avec de merveilleuses planches dessinées sur des spécimens conservés au Jardin Botanique de Madrid. 1822. Première usine d’extraction à Hamburg. 1823 Seconde à Amsterdam, par le pharmacien d’Ailly 1823 Création d’une usine d’extraction à Philadelphie, USA : Farr et Kunzi qui devint la firme Powers Weightmann Rosengarten, puis Merck and Co. Suivie par Mckesson and Robbins Inc à New York. 1824 Création à Oppenheim de la première usine à quinine allemande par Friedrich Koch ; elle fermera en 1888. 1827 Création de Howards and Sons Ltd, Ilford, UK. 1828 Création d’une usine à quinine à Stuttgart, Allemagne par Jobst, qui en 1887 s’associa à Zimmer und Co pour créer la Vereinigten Chininfabrieken Zimmer und Co, à Mannheim Waldhof . 1836 Charles Ledger s’embarque pour l’Amérique du Sud. 1840 Deux essais d’extraction en Amérique du Sud. 1846 Wendell, parcourant toute la Bolivie, découvre que le callisaya donne la meilleure écorce (1843-1852 ). 1847 Wendell dénonce l’exploitation intense des arbres . Il envoie des graines de quinquinas aux Jardins Botaniques de Paris, Londres, Leyden, Alger, aux Indes et à Java. 1847 Winkler isole la cinchonidine. 1848 Van Keijningen isole la quinidine. 1848 Kartsen au Venezuela découvre le Tucujensis et le Undata. Et en Nouvelle Grenade, le lancifolia. 1850 Implantation d’une usine à Ootacamund et d’une autre au Bengale 1852 Un consul britannique envoie des plantes sur Calcutta : elles meurent toutes 1853 Un certain Jose Carlos Muller visite le Pérou pour, selon lui, y admirer les beautés naturelles ; il rencontre Charles Ledger à Cotaja un petit village entre le Pérou et la Bolivie. Ayant réuni 400 plants de quinquina, il les amène à travers 230 kilomètres de sentiers de brousse à Calao. Là, un navire hollandais le ‘ Prinz Federick der Nederlander’, est resté ancré aux ordres de José Carlos Mueller, ou plutôt de Justus Charles Hasskarl, superintendant des Jardins Botaniques de Buitenzorg à Java. Comme les arbres, semences et sites où ils furent implantés étaient mauvais, Hasskarl fut relevé de ses fonctions en 1856. 1853 les Anglais demandent candidement à leurs consuls en Amérique du Ssud d’obtenir des graines de quinquina. 1854 Hasskarl parcourt le Pérou et expédie 500 plantes et semences à Java Plantation, au mont Gedeh à Tjibodas. 1856 Howard publie sa ‘Quinologie des plantations indiennes ‘. Il en envoie un exemplaire à Ledger qui ne le vendra jamais, même au plus bas de sa situation financière. 1859 Fondation de CF Boehringher und Soenhne GmbH, Mannheim Waldhof. Et dans la foulée Chininefabriek Braschweig Buchler und Co, à Braunschweig et CH Boeringer Sohn à Ingelheim . 1860 Clement R Markahm est envoyé en Amérique par le bureau des Affaires Indiennes. Animé d’un idéal, il rassemble les plus de plantes possible, car il considère que nulle nation ne peut monopoliser une plante d’une telle utilité. Il est accompagné de 3 éminents botanistes. 1861 Transfert réussi de 500 plantes à Ootacamund dans les Nilgiri Hills. Il s’agit de succirubra. 1861 Introduction du quinquina à Ceylan. Belle réussite due à de meilleurs plants et à l’expérience gagnée à Java. 1862 Création du ‘ The Government Cinchona Departement ‘ à Nilgiris et du ‘ The Government Cinchona Plantations and Factory ‘ au Bengale. 1865 Exactement le 19 mai, Manuel Incra Mamani apporte à Charles Ledger un sac contenant quelques kilos de graines des meilleurs quinquina qu’il connaissait. Il reçut 500$ 2 mils 4 ânes, des couvertures et un fusil avec des munitions, la demande d’autres graines de la variété rouge et la promesse de 600 $ supplémentaires. 1865 George Ledger reçoit ces semences à Londres. 1865 En décembre, les graines de Ledger arrivent à Java 20.000 graines germent, puis 12.000 plantules sont mises en plantation surtout à Tjinjiroean. 1867 Markham publie les descriptions de Mutis sur le quinquina. Avec illustrations. 1868 Introduction du quinquina à St Hélène. 1869 Première récolte de quinquina à Java. 1869 Première vente publique de quinquina à Amsterdam. 1872 Les arbres de Ledger donnent à Java un taux de 4.16 à 8.15 % de quinine contre 0.3 – 2.1 %, donnés par les autres callisayas. 1874 Des taux de 13.20% sont trouvés dans les arbres de Ledger. 1875 Les semences de Ledger sont implantées à Ceylan, en Jamaïque, Bolivie, etc. … 1876 Les arbres de Ledger sont nommés cinchona callisaya variété ledgeriana, puis Cinchona ledgeriana. 1871 Manuel meurt, suite à une arrestation causée par une seconde tentative de récolte de graines. 1877 Premières plantations privées à Java. 1880 Les théiers de Ceylan, malades, sont remplacés par des quinquinas. 1880 Découverte du parasite de la malaria dans le sang par le médecin militaire Alphonse Laveran à Constantine ( Algérie ). Il est consacré prix Nobel en 1907. 1881 Fondation de l’Amsterdamsche chininefabriek, et dans la foulée : NV Nederlandsche Kininefabriek à Maarsen et le NV Kininefabriek Argasari à ‘s Graveland. 1885 Cette année là, Ceylan exporte 15 millions de livres soit : Ceylan est le premier producteur de quinquina. Hélas, les planteurs cingalais ne s’adaptèrent pas à la nouvelle variété, le lédgeriana. La consommation mondiale de quinine est de 120 tonnes, une paille à côté des besoins réels. 1887 Le 20 aoû,t Sir Ronald Ross, établit la théorie de la reproduction des parasites de la malaria dans l’estomac du moustique durant son séjour en Indes . Depuis, ce jour est le ‘ Jour du Moustique ‘ . Ross reçut le prix Nobel en 1902. En fait Ross, voulait être écrivain mais son père ne voulut entendre parler de rien d’autre que la médecine. Et Grassi Battista découvre que seul l’anophèle propage la malaria. 1891 Mort de la seconde femme de Ledger, Charlotte. 1892 Fondation d’ un Syndicat Européen de la Quinine pour augmenter le prix de la quinine et diminuer celui des écorces. 1894 Fondation de la Nederlandsche kininenfabriek. 1894 ou 1897 Fondation de la Bandoengsche Kininenfabriek à Java. 1898 5.300.000 kilos de quinquina sont vendus à Amsterdam. 1899 Oremières ventes de quinine indonésienne en Europe. 1900 La France élève une statue à Pelletier et Caventou. 1905 Mort de Charles Ledger le 19 mai 1905, âgé de 87 ans ( une méchante bronchite et le poids des ans ) . 1913 La Bandoengsche Kinininefabriek rejoint le syndicat européen . 1913 Fondation du Kina Bureau à Amsterdam. 1913 Les plantations allemandes du Tanganika donnent 6000 livres. 1914 Début de la guerre et éclatement du syndicat. Vente de 7.400.000 kilos d’écorces à Amsterdam. 1917 Hoshi Pharmaceutical Co Ltd, à Tokyo et dans la foulée, Takeda Pure Chemicals Ltd, à Osaka . 1918 90% de la production d’écorce de Java passent aux mains des Hollandais. Le solde aux Anglais et aux Japonais. 1918 Les Allemands commencent des plantations au Cameroun. 1920 La Hoshi Factory, qui faisait cavalier seul, brûle. 1920 James évalue les décès malariaux aux Indes à 1.300.000. 1921 Wook, un général, commence la plantation de quinquina à Manille. 1924 15 usines au monde : 2 aux USA, 1 en Angleterre, 1 au Japon, 2 en Hollande, 1 à Java, en France, 4 en Allemagne. 1923 La Croix Rouge note qu’une épidémie de malaria a fait dans une République russe de l’Oural 3.000.000 de morts. On estime à l’époque 800 millions de malariaux dont 2.000.000 meurent par an. 1928 Schuleman Schonhofer and Wingler font la synthèse de la Plasmoquine. 1930 Découverte de l’Atebrin, par le I G Farbenindustrie en Allemagne. Mietzsch Mauss et Hecht trouvent l’atébrine et Knunyants et Chelintsev l’acriquine . 1932 Winthrop aux Usa trouve la mepacrine. 1938 W Dethloff dans son livre ‘Chinine ‘ cite aussi les noms de : Société du Traitement des Quinquinas Paris , Pointet et Girard Paris , A Taillandier Argenteuil ( Seine et Oise) et Charles Buchet et cie, Pharmacie Ccentrale des Pharmaciens de France à Paris. En Suisse, F Hoffman Laroche et Co à Bale, en Italie Azienda del Chinino di Stato Torineznda. 1940 Envahissant la Hollande, les Allemands s’emparent des stocks de quinine . 1941 Une usine aux Philippines produit 4,5 kilos de quinine. Elle tombe aussi mains des Japonais après la chute de Bataan et Corregidor. Le colonel Fisher, évacué sur l’ordre exprès de Mc Arthur, est rapatrié en 1942 avec une boîte de graines, plantées au Costa Rica en 1943. Les graines de Ledger étaient retournées dans leur patrie. 1942 les Japonais s’emparent des usines et stocks de Java.W Dethloff écrit en décembre 1947 : l’entrée en guerre du Japon et la prise de posseission des Indes Néerlandaises par les Japonais nous ouvrent de nouvelles possibilités. Dans nos échanges amicaux futurs, il faudra prendre en considération les intérêts allemands ….. 1943 Désespérément à court de quinine, les Américains envoyent des missions pour récolter en urgence 15.000 tonnes d’écorces. 1944 Winthrop découvre la chloroquine. Curd Davey et Rose trouvent la proguanil. Durant la guerre de 40-45, la chloroquine fut synthétisée aux Usa sout le nom de Resochin. Elle était déjà connue des Allemands depuis 1934. 1949 Java devient indépendante. 1950 Elderfield aux USA, produit la Primaquine . 1957 Usine et plantations de Java sont nationalisées. 1957 Les Hollandais se replient au Congo, Rwanda et Guatemala . 1960 Le Congo devient indépendant. 1960 Les premiers cas de résistance à la Chloroquine apparaissent, surtout dans les zones de combat au Vietnam. Les USA produisent la Mefloquine. 1987 Dr Manuel Elkin Patarroyo de Colombie produit le premier vaccin contre le Plasmodium Falciparum. Mais son efficacité reste à prouver. Création de l’extracteur zaïrois Pharmakina. Fermeture de PCF. Création d’ Isochem. Fermeture d’Isochem. Fermeture de Pointet-Girard. Fermeture de Lake and Kruisskans. Difficulté d’ACF. Reprise par DSM. Fermeture de Boeringher. Reprise par DSM Fermeture de la section ‘quinine’ de DSM