Le guide des bécébranchés

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Introduction
Le BCBG du XXIe siècle
L’AUTRE THÉORIE DE L’ÉVOLUTION
A
Auraient-ils honte d’eux-mêmes ? Ou bien cette classe
sociale, résumée dans les années 1980 par le néologisme
« bon chic bon genre » (ou « beau cul belle gueule », selon
d’autres), aurait-elle tout simplement disparu ? Tuée par
les « bobos », alias les bourgeois bohèmes, cette « nouvelle classe après les bourges et les prolos, pas loin des
beaufs, quoique plus classe », comme le chante Renaud ?
Pourtant, les BCBG étaient connus pour leur abondante
progéniture. Alors ? Évaporés dans l’éther ? Dilués dans la
masse ?
Non : les BCBG ont tout simplement é-vo-lu-é. Dinosaures,
pas morts ! Même les classico-tradi-coincés et autres
cucul-la-praline-rabat-joie (quelques-uns des petits noms
également prêtés aux « bèce-bèges ») ont mué. Le bandeau flashy à pois a remplacé le serre-tête vieille France
dans les crinières des jeunes filles. Les jeunes gentlemen
emmènent désormais leur dulcinée en week-end et ne
manquent pas d’en aviser leur très cher « beau »-père.
Quant aux mères de famille, elles revendiquent désormais
le droit d’avoir un « job ». Même le droit d’aînesse, qui
favorisait l’aîné en vue de préserver le patrimoine familial
(quand bien même la loi, depuis Napoléon, met tous les
héritiers sur un pied d’égalité), n’est plus qu’un usage
moyenâgeux.
Ça sent la révolution chez les collet monté, diront certains.
Oui et non. Les CPCH (« collier de perles, carré Hermès »)
et autres TTQS (« tasse de thé, cul serré ») n’ont pas tout
envoyé valdinguer. Tout de même, les bonnes vieilles
valeurs inculquées, que dis-je, martelées dès le bac à
sable (voire dès le cocon utérin : « Tu seras sage, hein,
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Charles-Henri ? Tu diras “bonjour madame”, n’est-ce pas,
Alix ? ») demeurent enracinées. Chemisier, ballerines vernies, tenue de soirée, chaussures bateau ou sandales pour
les petits, Ralph Lauren et Converse pour les ados… Les
preppies, comme disent les Anglais (qui s’y connaissent en
BCBG), ne se refont pas. Ils ont évolué, faute d’avoir
recruté de nouveaux fidèles.
Par voie de conséquence, les néo-BCBG ont une touche
de modernité, d’audace, de largeur d’esprit et de
« connexions » (aux technologies et aux grands de ce
monde) que leurs ancêtres des années 1980 n’avaient pas.
Ils sont plus ouverts, plus divers. Ni bobos ni nonos, un
chouïa chalala voire chabada, tendance « tradi » ou minets,
bref, ils sont plus cool. Plus branchés. Ils forment une
classe à part. Appelons-les « bécébranchés ».
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