Le comte de Monte-Cristo d`Alexandre Dumas
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Le comte de Monte-Cristo d`Alexandre Dumas
Séquence n°3 : Le comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas Etude d'une œuvre intégrale, un roman du XIXème siècle La vengeance de Monte-Cristo est-elle une vengeance juste ? Objectifs : • • • Lire un roman d'aventure du XIXème siècle Analyser l'évolution d'un personnage de roman Réfléchir à la portée philosophique du roman en abordant les notions de justice et de vengeance Séance 1 : Lancement de la lecture de l'oeuvre intégrale (2heures) Lecture à voix haute - les 30 premières pages de l'édition Classiques Abrégés - carte de la Méditerranée - la première de couverture de l'édition folio junior - Découvrir les différents personnages et les liens qui les unissent - Eclairer le contexte historique et le contexte géographique - Imaginer la suite en évoquant l'horizon d'attente des élèves Séance 2 : Edmond Dantès évadé (1heure) - lecture des pages 87-97 - Que sont devenus les personnages au moment de la fuite de Dantès ? - Quelles identités Dantès revêt-il ? => élaboration d'un tableau sur les personnages Lecture à voix haute Séance 3 : Quelles vengeances ? (1heure) Oral Retour sur la lecture - le livre - un poly qui précise les chapitres à relire -Qu'est-il arrivé aux quatre personnages responsable de l'arrestation de Dantès ? => élaboration d'un tableau de synthèse Séance 4 : De Dantès à Monte-Cristo Lecture analytique - extrait du chapitre « Idéologie », p.162-163 Monte-Cristo est-il Edmond Dantès ? Séance 5 : Les déterminants et les pronoms indéfinis Grammaire Orthographe - occurrences de la lecture analytique + exercices d'application Identifier, classer, orthographier les déterminants et les pronoms indéfinis DICTEE Séance 6 : De Monte-Cristo à Dantès Lecture analytique - extrait du chapitre « La nuit », p.263-264 Etudier un discours persuasif Séance 7 : Les propositions subordonnées circonstancielles de cause, but et conséquence Grammaire - occurrences de la lecture analytique + exercices d'application Identifier et employer des propositions subordonnées qui expriment la cause, le but et la conséquence EVALUATION DE GRAMMAIRE Séance 8 : « Es-tu bien vengé ? » Lecture analytique - extrait du chapitre « Expiation » Ecriture Lexique - La vengeance de Monte-Cristo est-elle juste ? - Initiation au vocabulaire de l'abstraction - écrire une réponse argumentée Séance 9 : Cher Edmond Dantès... Ecriture Imagine qu'un des personnages rédige une Rédiger un récit bref illustrant un trait de caractère lettre à Monte-Cristo dans laquelle il lui d'un héros demande pardon. Rédige cette lettre et imagine la réaction du comte à sa réception. Séquence n°3 : Le comte de Monte-Cristo La vengeance de Monte-Cristo est-elle une vengeance juste ? Objectifs : • • • Lire un roman d'aventure du XIXème siècle Analyser l'évolution d'un personnage de roman Réfléchir à la portée philosophique du roman en abordant les notions de justice et de vengeance Lecture intégrale : Le comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Classiques abrégés, Ecole des Loisirs Grammaire : - les déterminants et les pronoms indéfinis - les propositions subordonnées circonstancielles de cause, de conséquence et de but Orthographe : - les déterminants et les pronoms indéfinis (tout/nul...) : dictée Lexique : - Initiation au vocabulaire abstrait Ecriture : - écrire une réponse argumentée à une question de lecture analytique : « La vengeance de Monte-Cristo est-elle juste ? » - rédiger un récit bref illustrant un trait de caractère du héros : « Imagine qu'un des personnages rédige une lettre à Monte-Cristo dans laquelle il lui demande pardon. Rédige cette lettre et imagine la réaction du comte à sa réception. » Extrait n°1 : Le comte de Monte-Cristo rencontre pour la première fois M. de Villefort à qui il s'adresse dans le chapitre « Idéologie ». p.162-163 « Tout le reste, je l'ai calculé.» - Je suis un de ces êtres exceptionnels, oui, monsieur, et je crois que, jusqu'à ce jour, aucun homme ne s'est trouvé dans une position semblable à la mienne. Les royaumes des rois sont limités, soit par des montagnes, soit par des rivières, soit par un changement de mœurs, soit par une mutation de langage. Mon royaume, à moi, est grand comme le monde, car je ne suis ni italien, ni français, ni hindou, ni américain, ni espagnol ; je suis cosmopolite. Nul pays ne peut dire qu'il m'a vu naître. Dieu seul sait quelle contrée me verra mourir. J'adopte tous les usages, je parle toutes les langues. Vous me croyez français, vous, n'est-ce pas , car je parle français avec la même facilité et la même pureté que vous ? Eh bien ! Ali, mon Nubien, me croit arabe ; Bertuccio, mon intendant, me croit romain ; Haydée, mon esclave, me croit grec. Donc, vous comprenez, n'étant d'aucun pays, ne demandant protection à aucun gouvernement, ne reconnaissant aucun homme pour mon frère, pas un seul des scrupules qui arrêtent les puissants ou des obstacles qui paralysent les faibles ne me paralyse ou ne m'arrête. Je n'ai que deux adversaires ; je ne dirai pas deux vainqueurs, car avec de la persistance je les soumets ; c'est la distance et le temps. Le troisième, et le plus terrible, c'est ma condition d'homme mortel. Celle-là seule peut m'arrêter dans le chemin où je marche, et avant que je n'aie atteint le but auquel je tends : tout le reste, je l'ai calculé. Ce que les hommes appellent les chances du sort, c'est-à-dire la ruine, le changement, les éventualités, je les ai toutes prévues ; et si quelques-unes peuvent m'atteindre, aucune ne peut me renverser. A moins que je ne meure, je serai toujours ce que je suis ; voilà pourquoi je vous dis des choses que vous n'avez jamais entendues, même de la bouche des rois, car les rois ont besoin de vous, et les autres hommes en ont peur. Extrait n°2 : « La nuit ». Après avoir appris la trahison de son père, Albert de Morcef provoque en duel le comte de Monte-Cristo qu'il tient pour responsable. La veille du duel, Mercédès vient supplier Edmond de laisser son fils sauf. p.263-264 « Edmond, vous ne tuerez pas mon fils ! » - Qui êtes-vous, madame ? dit le comte à la femme voilée. L'inconnue jeta un regard autour d'elle pour s'assurer qu'elle était bien seule, puis joignant les mains avec l'accent du désespoir : - Edmond, dit-elle, vous ne tuerez pas mon fils ! Le comte fit un pas en arrière, jeta un faible cri et laissa tomber l'arme qu'il tenait. - Quel nom avez-vous prononcé là, madame de Morcef ? dit-il. - Le vôtre, s'écria-t-elle en rejetant son voile, le vôtre que seule peut-être je n'ai pas oublié. Edmond, ce n'est point Mme de Morcef qui vient à vous, c'est Mercédès. - Mercédès est morte, madame, dit Monte-Cristo, et je ne connais plus personne de ce nom. - Mercédès vit, monsieur, et Mercédès se souvient, car elle seule vous a reconnu lorsqu'elle vous a vu, et même sans vous voir, à votre voix, Edmond, au seul accent de votre voix, et depuis ce temps elle vous surveille, elle vous redoute, et elle n'a pas eu besoin, elle, de chercher la main d'où partait le coup qui frappait M. de Morcef. - Fernand, voulez-vous dire, madame, reprit Monte-Cristo avec une ironie amère. Et Monte-Cristo avait prononcé ce nom de Fernand avec une telle expression de haine, que Mercédès sentit le frisson de l'effroi courir par tout son corps. - Vous voyez bien, Edmond, que je ne me suis pas trompée, s'écria Mercédès, et que j'ai raison de vous dire : Epargnez mon fils ! - Et qui vous a dit, madame, que j'en voulais à votre fils ? - Ah ! Monsieur ! s'écria la comtesse, quelle terrible vengeance pour une faute que la fatalité m'a fait commettre ? Car, la coupable, c'est moi, Edmond, et si vous avez à vous venger de quelqu'un, c'est de moi, qui ai manqué de force contre votre absence et mon isolement. - Mais, s'écria Monte-Cristo, pourquoi étais-je absent ? pourquoi étiez-vous isolée ? - Parce qu'on vous a arrêté Edmond, parce que vous étiez prisonnier. - Et pourquoi étais-je arrêté ? Pourquoi étais-je prisonnier ? - Je l'ignore, dit Mercédès. - Oui, vous l'ignorez, madame, je l'espère du moins. Eh bien ! Je vais vous le dire, moi. J'étais arrêté, j'étais prisonnier, parce que sous la tonnelle de la Réserve, la veille même du jour où je devais vous épouser, un homme, nommé Danglars, avait écrit une lettre que le pêcheur Fernand se chargea lui-même de mettre à la poste. - Et le résultat de cette lettre ? - Vous le savez, madame, a été mon arrestation, mais ce que vous ne savez pas, madame, c'est le temps qu'elle a duré cette arrestation. Ce que vous ne savez pas, c'est que je suis resté quatorze ans à un quart de lieue de vous, dans un cachot du château d'If. Ce que vous ne savez pas, c'est que chaque jour de ces quatorze ans j'ai renouvelé le vœu de vengeance que j'avais fait le premier jour, et cependant, j'ignorais que vous aviez épousé Fernand, mon dénonciateur, et mon père était mort, et mort de faim ! - Juste Dieu ! s'écria Mercédès chancelante. - Mais voilà ce que j'ai su en sortant de prison, quatorze ans après y être entré, et voilà ce qui fait que sur Mercédès vivante et sur mon père mort, j'ai juré de me venger, et... et je me venge. La pauvre femme laissa retomber sa tête sur ses mains ; ses jambes plièrent sous elle, et elle tomba à genoux. - Pardonnez, Edmond, dit-elle, pardonnez pour moi qui vous aime encore ! Mercédès prononça ces paroles avec une douleur si puissante, avec un accent si désespéré, qu'à ces paroles, et à cet accent un sanglot déchira la gorge du comte. Le lion était dompté ; le vengeur était vaincu. - Que demandez-vous ? dit-il ; que votre fils vive ? eh bien ! il vivra ! Extrait n°3 : « Expiation ». Déguisé en abbé Busoni, le comte de Monte-Cristo se trouve dans le maison de Villefort au moment où ce dernier découvre les corps sans vie de sa femme et de son fils, Edouard. Villefort s'adresse à l'abbé Busoni. « Es-tu bien vengé ? » - Et aujourd'hui, qu'y venez-vous faire ? - Je viens vous dire que vous m'avez assez payé votre dette, et qu'à partir de ce moment je vais prier Dieu qu'il se contente comme moi. - Mon Dieu ! Fit Villefort en reculant, l'épouvante sur le front, cette voix, ce n'est pas celle de l'abbé Busoni ! - Non. L'abbé arracha sa fausse tonsure, secoua la tête, et ses longs cheveux noirs, cessant d'être comprimés, retombèrent sur ses épaules et encadrèrent son mâle visage. - C'est le visage de Monte-Cristo ! s'écria Villefort les yeux hagards. - Ce n'est pas encore cela, monsieur le procureur du roi, cherchez mieux et plus loin. - Cette voix ! Cette voix ! Où l'ai-je entendue pour la première fois ? - Vous l'avez entendue pour la première fois à Marseille, il y a vingt-trois ans, le jour de votre mariage avec Melle de Saint-Méran. Cherchez dans vos dossiers. - Vous n'êtes pas Busoni ? vous n'êtes pas Monte-Cristo ? Mon Dieu vous êtes cet ennemi caché, implacable, mortel ! J'ai fait quelque chose contre vous à Marseille, oh ! malheur à moi ! - Oui, tu as raison, c'est bien cela, dit le comte en croisant les bras sur sa large poitrine ; cherche, cherche ! - Mais que t'ai-je donc fait ? s'écria Villefort, dont l'esprit flottait déjà sur la limite où se confondent la raison et la démence ; que t'ai-je fait ? Dis ! Parle ! - Vous m'avez condamné à une mort lente et hideuse, vous avez tué mon père, vous m'avez ôté l'amour avec la liberté, et la fortune avec l'amour ! - Qui êtes-vous ? qui êtes-vous donc ? Mon Dieu ! - Je suis le spectre d'un malheureux que vous avez enseveli dans les cachots du château d'If. A ce spectre sorti enfin de sa tombe Dieu a mis le masque de Monte-Cristo, et il l'a couvert de diamants et d'or pour que vous le reconnaissiez aujourd'hui. - Ah ! je te reconnais, je te reconnais ! dit le procureur du roi ; tu es... - Je suis Edmond Dantès ! - Tu es Edmond Dantès ! s'écria le procureur du roi en saisissant le comte par le poignet ; alors, viens ! Et il l'entraîna par l'escalier, dans lequel Monte-Cristo, étonné, le suivit, ignorant lui-même où le procureur du roi le conduisait, et pressentant quelque nouvelle catastrophe. - Tiens ! Edmond Dantès, dit-il en montrant au comte le cadavre de sa femme et le corps de son fils, tiens ! regarde, es-tu bien vengé ?... » Monte-Cristo pâlit à cet effroyable spectacle ; il comprit qu'il venait d'outrepasser les droits de la vengeance ; il comprit qu'il ne pouvait plus dire : « Dieu est pour moi et avec moi. » Il se jeta avec un sentiment d'angoisse inexprimable sur le corps de l'enfant, rouvrit ses yeux, tâta le pouls, et s'élança avec lui dans la chambre de Valentine, qu'il referma à double tour... […] Un quart d'après, la chambre de Valentine se rouvrit, et le comte de Monte-Cristo reparut. Pâle, l'oeil morne, la poitrine oppressée, tous les traits de cette figure ordinairement si calme et si noble étaient bouleversées par la douleur. […] Et, comme s'il eût craint que les murs de la maison maudite ne s'écroulassent sur lui, il s'élança dans la rue, doutant pour la première fois qu'il eût le droit de faire ce qu'il avait fait.