L`architecture, témoin du passé négrier de Nantes
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L`architecture, témoin du passé négrier de Nantes
L'architecture, témoin du passé négrier de Nantes I Nantes, premier port négrier en France Les pays européens ont développé le commerce des esclaves africains du XVIème siècle au XIXème siècle dans le cadre du commerce triangulaire (voir carte 1). Dans ce cas, on parle de la traite occidentale ou atlantique. Les bateaux partaient des ports européens chargés de pacotilles (textiles, bijoux...) ou d'armes qu'ils échangeaient à des négriers africains contre des esclaves sur les côtes africaines (souvent des personnes faites prisonnières lors des guerres entre royaumes africains). Ces esclaves étaient alors transportés vers les colonies européennes en Amérique et étaient vendus aux colons européens pour travailler dans les plantations et les mines ou comme domestique. Les bateaux rapportaient alors des produits tropicaux (sucre, chocolat) ou des matières précieuses (or, argent) vers l'Europe. Il existait aussi un commerce direct d'esclaves entre l'Afrique et le Brésil. Plus de six millions d'esclaves ont été déportés vers l'Amérique dont un million par la France. La France n'a pas participé au commerce des esclaves réellement qu'à partir du XVIIIème siècle, car avant elle n'a possédait pas beaucoup de colonies en Amérique. Nantes est devenu le premier port négrier français avec 1754 expéditions (et plus de 550 000 esclaves) très loin devant La Rochelle ou Bordeaux (>400) (voir carte 2 et diagramme), la plupart des voyages ont eu lieu au XVIIIème siècle jusqu'à la première abolition de l'esclavage en 1793. Les marchands nantais reprennent la traite d'esclaves avec le rétablissement de l'esclave en 1802 décidé par Napoléon. Ce commerce s'arrête définitivement avec l'abolition de l'esclavage en 1848. Nantes se lance dans ce commerce, car elle dispose des moyens humains, techniques et financiers nécessaires, mais aussi car c'est une solution pour sortir de la crise économique de la fin du XVIIème siècle. Il y a deux types d'armateurs : les grands négociants déjà bien installés, mais qui investissent de l'argent dans une nouvelle activité pour s'enrichir toujours plus et de jeunes négociants qui investissent toutes leurs économies en espérant faire fortune. II L'hôtel Durbé Hôtel Durbé Le navire Belem à Nantes L'hôtel Durbé se situe au 86 quai de la Fosse dans le centre de Nantes le long de la Loire (11) (voir plan). Le quai de la fosse est au départ l'emplacemens des chantiers navals, puis au XVIIIème siècle le quartier le plus riche et le plus actif de Nantes; il est bordé des hôtels particuliers des négociants, les bateaux y chargent et déchargent des marchandises. C'est aussi un lieu de promenade très prisé des Nantais déjà à l'époque. Colbert a voulu développer le commerce à Nantes donnant des avantages dès 1664 à toute personne qui entrerait dans les Compagnie des Indes Orientales. C'est justement sur un terrain abritant des locaux de vente de la Compagnie des Indes Orientales qu'a été construit l'hôtel Durbé en 1756 et qui a été dessiné par l'architecte Pierre Rousseau (qui réalise plus tard l'île Feydeau). Les négociants se servent de l'argent gagné grâce au commerce maritime pour construire des hôtels particuliers. C'est un hôtel particulier de style néo-classique qui appartient à des armateurs appelés Durbé et Collin, c'est une des plus belles réalisations du quai de la Fosse. Il est construit avec de la craie blanche (le truffeau), roche de la région utilisée également pour la construction des châteaux de la Loire. On y retrouve les éléments essentiels de l'architecture du XVIII ème siècle (façade 1) : pierre à refends sur les bords des façades (1), fronton triangulaire richement sculpté (2), des balcons avec des grilles en fer forgé (3), la partie centrale légèrement saillante (légère avancée) (4 et voir façade 2). Du premier au troisième étage, les ouvertures des fenêtres respectent une règle : plein cintre (5), arc surbaissé (6), linteau droit (7). Au dernier étage, l'étage est mansardé (8). La plupart des hôtels particuliers des négociants ont la même organisation : au rez-de-chaussée les entrepôts et les bureaux du négociant, à l'étage l'appartement privé du négociant puis aux étages supérieurs d'autres appartements. Dans les chambres mansardées vivent les domestiques. La façade est décorée par des mascarons (9) qui sont situés au dessus des fenêtres. En architecture, un mascaron est un ornement représentant généralement un figure humaine. Certains rappellent le commerce des esclaves (tête africaine) ou l'Amérique (tête indienne). Sur la façade de l'hôtel Durbé on peut voir un visage africain, mais aussi d'autres visages. Mascarons sur la façade de l'hôtel Durbé Conclusion : Cet hôtel particulier symbolise le développement du commerce lointain et l'enrichissement des familles de négociants et de la ville de Nantes au XVIIIème siècle grâce notamment à la traite négrière . Ces négociants n'ont aucun scrupule à tirer leur richesses de l'esclavage, sinon ils ne mettraient pas des mascarons représentant des esclaves sur les façades. Aujourd'hui en plus de l'intérêt de la beauté architecturale de ces hôtels particuliers, ces mascarons présentent l'avantage de rappeler le passé esclavagiste des villes portuaires de l'Europe occidentale. Ce devoir de mémoire est complété par la création des musées sur l'esclavage à Nantes (10) (voir plan de Nantes) et à Bordeaux notamment. Analyse de la façade Des éléments de la façade