Le Tiers-Monde : indépendance, contestation de l`ordre mondial et

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Le Tiers-Monde : indépendance, contestation de l`ordre mondial et
Le Tiers-Monde : indépendance, contestation de l’ordre mondial
et diversification
Introduction
 Définition du Tiers Monde : terme utilisé pour la première fois par A. Sauvy
en 1952, par analogie au Tiers Etat ; double signification. L’émancipation des
peuples colonisés est un fait décisif qui ne se limite pas à la simple
« décolonisation » mais est lié à la question actuelle des rapports Nord-Sud.
Phénomène favorisé par la situation issue de la fin de la deuxième guerre
mondiale : affaiblissement des puissances coloniales, émergence de l’ONU, pression
des deux grands (et donc lien avec l’affrontement, surtout en Asie). Cependant, bien
souligner que la décolonisation et les efforts d’organisation du tiers monde ont leur
propre dynamique qui ne se confond pas avec celle de la guerre froide.
Guerre froide + décolonisation = le monde au début des années 70.
I/ La décolonisation
A/ Les facteurs de la décolonisation
En 1945, deux empires coloniaux principaux :
o Empire britannique : empire ancien constitué de 15 M de km2 et 414 M d'hab.
Présent sur tous les continents.
o Empire français : date de la fin du XIX pour la plupart, immense mais peu
exploité et peu habité par les Européens. 14 M de Km2 et 70M d'hab seulement.
o D'autres pays colonisateurs comme les Pays Bas (Indonésie), la Belgique
(Congo belge) ou le Portugal (Angola, Mozambique).
 début du mouvement vers l'indépendance dans l’entre-deux guerres et
naissance des premiers mvts nationalistes indigènes (ex : le parti du Congrès
en Inde remonte à 1885, avec Gandhi et Nehru, avocats).
 Mais la décolo s’accélère et s’étend après 1945 à cause de l’affaiblissement
des puissances coloniales :

défaites mil : effondrement de la FR, des PB et aussi du RU qui a dû céder des
colonies => fin du mythe de la supériorité de l’homme blanc.
 participation des colonies à la guerre => espèrent en retour obtenir des
avantages.
 politique japonaise en Asie : se montrent comme les champions de
l'anticolonialisme.
 1945 marque le triomphe des idées de liberté face aux nazis : Charte de
l'Atlantique de 1941 : droit de tous les peuples à choisir la forme de gvt sous
laquelle ils veulent vivre (à l'origine, Churchill voulait que ce texte ne s'applique
qu'à l'Europe, mais il prend une portée universelle). Ce principe est repris dans la
charte de l’ONU, qui devient dans les années 50 le lieu d'expression de
l'anticolonialisme.
 Monde de l'après guerre dominé par EU et URSS qui sont tous les deux
hostiles aux colonies pour des raisons différentes :
- l’ URSS : la doctrine marxiste a toujours condamné le colonialisme, qui est une
forme d'exploitation de l'homme par l'homme ; les colonies appartiennent au
camp occidental ; certains mouvements indépendantistes se réclament du
communisme (ex : PC Indochinois).
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-
les Etats Unis : ancienne colonie qui s’est battue pour gagner son indép ; pour
le libre échange, donc contre l’exclusivité coloniale ; ne veulent pas rejeter
toutes les colonies vers le communisme ; néanmoins, leur attitude évolue en
fonction du contexte car leur anticommunisme est plus fort que leur
anticolonialisme.
L'attitude des métropoles

La France est attachée à la préservation d’un Empire qui, après les désastres
de la guerre, sauvegarde son statut de grande puissance
 Cpdt, tout ne fut pas tragique : Maroc et Tunisie, puis pays d’Afrique Noire
connaissent des décolonisations pacifiques et gardent des liens importants
avec leur ancienne métropole.
 Le RU :
 Situation différente car a toujours eu une gestion plus pragmatique des
colonies. Ont développé les colonies pour un intérêt économique.
 Par ailleurs a déjà pratiqué l'indépendance des dominions (Canada,
Australie.) + USA.
 Prise de conscience que l‘émancipation des colonies est inévitable =>
concertation et préservation des intérêts. Idée = « partir (polit) pour mieux
rester (écon) ».
B/ Des indépendances diverses
La variété des situations a entraîné des formes variées de décolonisation.
On peut distinguer deux groupes : celles qui sont plutôt pacifiques et celles qui sont
plutôt violentes. On prendra des exemples emblématiques
Un exemple de décolonisation pacifique : l’ancien Empire des Indes
 ce n’est que progressivement que les Anglais se font à l’idée de l’indép du joyau
de leur empire.
 en révolte contre les Anglais depuis 1919 sous l'impulsion du parti du Congrès
de Gandhi et Nehru : tous les deux sont d'anciens avocats. prônent l'action non
violente, mais sont néanmoins fermes.
 Pdt la 2 GM, le gvt a promis l'émancipation après le conflit. Néanmoins refus de
Churchill et il faut attendre Attlee pour que les négociations commencent.
 La parti du Congrès que dirige Nehru est hindouiste et veut le maintien de
l'unité de l'Inde dans un Etat fédéral.
 la Ligue musulmane de Jinnah exige la partition du pays pour ne pas être
soumis aux hindouistes qui sont majoritaires.
 Provoque une guerre civile entre 1946/47.
=> Le 15 août 1947, deux nouveaux pays sont créés :
- l’Union indienne qui rassemble les territoires à majorité hindouistes
- le Pakistan constitué de deux tronçons distants de 1700 km, pour les pop
musulmanes.
=> mais à l’annonce du retrait des GB, violents affrontements religieux et mvts de
pop pour aller dans chaque pays en fonction de sa religion (10 millions de réfugiés).
=> Un million de morts, Gandhi qui prône l'apaisement est assassiné en janvier
1948 par un hindouiste fanatique.
 A la suite de l'Inde, Ceylan (devient le Sri Lanka) et la Birmanie accèdent à
l'indép en 1947/48. Emancipation + difficile pour la Malaisie à laquelle le GB ne
renonce qu’en 1957.
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2) Les guerres coloniales
a) La guerre d'Indochine (1946-1954)
Qu'est-ce que l'Indochine ? Territoire conquis à la fin du 19ème siècle et divisé
en 3 protectorats : Laos, Cambodge et Vietnam, en 1945 : les Japonais quittent le
pays.
 2 sept 1945 : le jour de l’annonce de la capitulation jap, Hô Chi Minh
proclame l'indépendance du Vietnam. "celui qui éclaire" est le chef du PCI fondé en
1930. Fils d'un petit fonctionnaire, venu travailler en France, il a voyagé en URSS
avant de revenir en 1930 au Vietnam. Fonde le Vietminh, mvt de guérilla créé pour
lutter contre les Japonais. Refus de De Gaulle
 Nov 1946 : les Fçais en répression bombardent d’Haiphong : 6 000 morts.
 Déc 1946 : radicalisation du Vietminh qui massacre des Européens de
Hanoï : début de la guerre
 Combat au début purement colonial :
 Combat inégal entre une métropole lointaine, une armée de métier bien
organisée mais qui ne connaît pas le terrain.
 les troupes communistes nationalistes qui mènent une guérilla pour harceler
les troupes françaises et ne pas leur laisser de répit.
 les Français ne sont pas soutenus par les Américains qui considèrent que
c'est le combat d'une puissance coloniale. En France, propagande forte du P.C
contre cette guerre.
 Après 1949, devient une guerre de la guerre froide :
- Victoire de Mao, puis guerre de Corée : les Am craignent une extension du
communisme à toute l'Asie => soutiennent alors les Frs : aide financ mais sans
réussite.
Le Vietminh reçoit le soutien de la Chine communiste.

1953 : règlement du conflit coréen => les Am veulent régler tous les pb
asiatiques à la conférence de Genève.

La France veut être en position de force pour négocier. Elle concentre ses
troupes dans la cuvette de Dien Bien Phu en espérant attirer les troupes de Giap
pour les massacrer... et c'est le contraire qui se produit. Après un mois d’enfer et
15.000 morts, les soldats français sont obligés de céder : c’est la défaite de Dien
Bien Phu le 7 mai 1954.

Juillet 1954, à la suite de la conférence de Genève, la France reconnait
l'indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam qui est divisé par le 17è //
avec promesse d'élections en 1956 pour le Sud et réunification envisagée.
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3) Les Français et la guerre d'Algérie (1954-1962) : Réponse organisée au sujet
(page 60-61)
II/ Contestation de l’ordre mondial et diversification de Tiers Monde
A) L’affirmation politique
Les Etats nouvellement décolonisés cherchent à se faire entendre sur la
scène internat :
- ils sont nombreux et regroupent la majeure partie de la pop mondiale, le
recul des puissances européennes ont ouvert un espace politique, mais ils ont un
poids éco faible et se heurtent à la volonté de puissance et à l’influence des deux
Grands.
Deux tendances successives vont s'affirmer : tout d'abord, dans le contexte de
guerre froide des années 50 – 60, une volonté des pays décolonisés de s'unir
politiquement ; puis, à partir des années 70, quand les questions éco prennent le
pas sur les affrontements pol, la question du développement – cad les pbs éco - va
prendre le dessus et entraîner la division du Tiers Monde.
Les pays du tiers monde contestent la division bipolaire du monde et ainsi
s’affirment sur la scène internationale comme un acteur majeur.
La Conférence de Bandung en 1955 = :
- du 18 au 24 avril 1955 à Bandung en Indonésie. Sous la présidence
de Soekarno.
- organisée à l'initiative de Nehru, premier ministre de l'Inde, inquiet
de la division de l'Asie entre les deux blocs (guerre de Corée, d'Indochine) : il
voudrait trouver une 3ème voie = le « neutralisme ».
- 29 Etats dont 23 d'Asie et 6 d'Afrique (conférence afro-asiatique), soit un
ensemble de pays qui représente plus de 1/2de la pop mondiale, mais qui produit
seulement 8% des richesses mondiales.
- Tous les Etats présents sont d'accord sur les points suivants :

contre le colonialisme

pour une coopération mondiale pour lutter contre la misère et pour le
développement
Respect des souverainetés et de l'intégrité nationale
Égalité des races et des nations
Non agression mutuelle
non ingérence dans les affaires intérieures et coexistence pacifique.
Bilan : échec et réussite de Bandung
Un échec car des divergentes pol imp : trois groupes se distinguent :
- Les Pro-Occidentaux (Ceylan, Pakistan, Turquie) : défendent la possibilité
d'alliance avec le bloc de l'ouest ; voudraient voir condamner par la conférence
toute forme d'impérialisme dont celui de l'URSS
Les deux Communistes (Chine et Vietnam du Nord) : veulent le maintien des
liens avec l'URSS. A Bandung, la Chine s’affirme comme un acteur incontournable
de la scène internationale
- Le groupe des non alignés : Nehru et Nasser qui condamnent la pol des
blocs mil et souhaite qu'il n'y ait pas d'alliance avec l'un des deux blocs.
Une réussite : c'est la première grande conférence sans pays européen, sans
les EU ni l'URSS. La solidarité du Tiers monde y est affirmée.
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- Une grande nouveauté : l'émergence du groupe des non-alignés. Cette
conférence joue un rôle de catalyseur : elle a accéléré le processus de décolo et a
permis de « passer le relais » de l’Asie, précocement décolonisée, à l’Afrique.
B/ Le mouvement des non alignés
L’année suivante, en nov 1956, la crise de Suez montre une grande victoire
diplomatique du tiers monde (Egypte de Nasser, qui devient la figure de proue du
monde arabe) au moment où celui-ci affirme le non alignement, c’est-à dire le refus
de la division de la planète en deux blocs. Une autre voie semble possible.
D’ailleurs, dans les années 1960, c’est plutôt la ligne des non-alignés qui
semble l’emporter : tentatives d’organisation :
Conférence de Brioni en 1956 : Nehru, Nasser et Tito
Conférence de Belgrade en 1961 (Nehru, Nasser et Tito) : marque officiellement la
naissance du mouvement des non-alignés.
Se réunissent tous les trois ans et sont peu à peu rejoints par les pays africains
décolonisés et des pays d’Amérique Latine.
Parallèlement mise sur pied de l’organisation de l’unité africaine (1963), qui
a pour premier but d’éviter les conflits entre les jeunes nations africaines.
C) Un tiers monde de plus en plus divers
Mais ces pays connaissent parallèlement des difficultés économiques qui
vont prendre de plus en plus de place dans leur préoccupation : toute la thématique
du ss-dvlpt. À cette époque, le débat sur les causes du sous-développement est
extrêmement vif, mais les rapports n’ont guère de peine à s’entendre sur le constat :
décrochage par rapport aux pays industrialisés, faiblesse du revenu individuel,
malnutrition, analphabétisme, démographie non contrôlée et secteur tertiaire
hypertrophié, toutes caractéristiques avec lesquelles l’explosion urbaine interfère de
plus en plus : à revoir en géographie avec Unité et diversité des Suds.
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A ces difficultés économiques, s'en ajoutent des politiques : les
nouveaux Etats sont souvent des Etats fragiles, où la démocratie et la paix ont du
mal à s’installer. C’est le cas en particulier en Afrique. L'absence de tradition
démocr et la rivalité entre les dirigeants et les populations sont à l'origine de
l'établissement de dictatures par un homme (Bokassa en Centre Afrique), une
armée (Mobutu au Zaïre).
Cela débouche sur la conférence des non alignés d'Alger en 1973 qui
revendique la mise en place d'un Nouvel Ordre Economique Mondial. Conférence
très révélatrice car on est désormais passé du plan politique au plan économique.
On assiste même à une radicalisation d’une partie du Tiers-Monde, qui
dénonce le néo-colonialisme. Pourtant se développe alors, en parallèle, une
politique de coopération des anciennes métropoles avec les jeunes nations, mais
souvent de manière bilatérale ou par l’intermédiaire de la CEE.
Conclusion
Au fil de la décennie 1970, le pluriel s’impose pour analyser le Tiers-Monde :
les différences en matière d’industrialisation, de ressources énergétiques, de
couverture alimentaire et sanitaire, de cohésion dessinent un paysage plus
contrasté que vingt ans auparavant. En 1980, 2% de la population du Tiers-Monde
(HongKong, Taiwan, Corée du Sud et Singapour) ne fournissent-ils pas 65 % des
exportations d’articles manufacturés de cette partie du monde ?
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