Faut-il interdire la mendicite? Quelle est la position de la
Transcription
Faut-il interdire la mendicite? Quelle est la position de la
JAB 1003 Lausanne PAGE 2 Donnez votre sang PAGE 3 Sécurité logement à la retraite PAGE 4 Points forts Ernest Décosterd, jeune militant de 90 ans Résistance JOURNAL DU POP VAUDOIS & GAUCHE EN MOUVEMENT / WWW.POPVAUD.CH / SEPTEMBRE 2012 N°85 Faut-il interdire la mendicite ? Quelle est la position de la gauche sur cette question ? C’est l’un des dossiers chauds de la rentrée : l’interdiction de la mendicité à Lausanne fait débat, sur fond d’instrumentalisation politique de la misère. a) Arrêté fédéral du 15 mars 2012 sur la promotion de la formation musicale des jeunes (contre-projet à l’initiative populaire «jeunesse + musique») L’initiative pour l’interdiction de la mendicité avait été lancée par le PLR en février 2011, un mois avant les élections communales. L’objectif n’était pas de s’intéresser au sort des plus démunis, mais de siphonner le maximum de voix à l’UDC en se positionnant comme le parti de l’ordre. Le texte ayant été déposé, il soulève d’abord une question de fond : dans une société libérale, at-on le droit, lorsqu’on se trouve en situation de pauvreté, de subvenir à ses besoins par la charité d’autrui ? Pour la droite, la réponse est non : dès lors qu’on parle des pauvres, le respect de la liberté individuelle ne pèse pas bien lourd. Il est vrai que la misère n’est jamais belle à voir : personne ne veut en connaître les effets, et sa seule présence au sein de l’espace public dérange. Mais disons-le haut et fort : la mendicité n’est pas une question de sécurité publique. Derrière la volonté d’interdire cette pratique vieille comme le monde (l’opportunité de l’interdiction de la mendicité est discutée chez nous au moins depuis la fin du Moyen-âge) se cachent des intérêts parfois très pragmatiques, à l’image du lobbying en faveur de l’initiative effectué par les milieux du tourisme et du commerce (les mêmes qui appellent au déplacement des marginaux avant chaque événement sportif ou culturel d’importance). Fondamentalement, si les quelques cinquante mendiants de Lausanne déchainent tant les passions, c’est sans doute qu’ils nous renvoient au malaise éprouvé face à la réalité de la détresse. Qu’éprouvonsnous lorsque nous rentrons dans nos confortables appartements, les mains chargées de cabas, et que nous croisons le regard de ces personnes ? Les mendiants nous poussent à nous interroger sur la question sociale, sur la question hautement politique de la répartition des richesses : peutêtre est-ce pour cela qu’ils embarrassent tant. b) Initiative populaire du 23 janvier 2009 «Sécurité du logement à la retraite» Face à cette situation, la droite entend appliquer le principe qu’elle privilégie toujours : se voiler la face, déplacer le problème pour le résoudre, « cacher la poussière sous le tapis ». La misère est gênante ? Rendons la misère illégale, et amendons ez r v u o c Dé os t a r G a l’Agend e 2 ! en pag Mots d’ordre votations du 23 septembre OUI NON c) Initiative populaire du 18 mai 2010 «Protection contre le tabagisme passif» OUI Résistance Mensuel du POP vaudois & Gauche en mouvement Rédaction : Chauderon 5, 1003 Lausanne Téléphone : 021 312 06 76 fax : 021 312 06 97 e-mail : [email protected] Responsable : Céline Misiego Tirage : 10 000 exemplaires CCP Résistance : 10-769952-7 Abonnement annuel : 25 Frs Abonnement de soutien : 40 Frs Comité de rédaction : Elisabeth Brindesi, Michel Buhler, Sarah Frund, Christiane Jaquet-Berger, Pierre Jeanneret, Céline Misiego, David Payot, Julien Sansonnens, Philippe Somsky Ont collaboré à ce numéro : Emilie Glauser, Didier Martin, Monique Misiego les pauvres ! On se demande pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt. Dans ce débat très émotionnel, il n’est pas inutile de regarder du côté de Genève, où la mendicité est interdite depuis cinq ans : quel est le résultat de cette politique ? Des dizaines de milliers de contraventions ont été établies. Les mendiants ne pouvant s’acquitter de celles-ci, elles ont été envoyées au domicile (supposé) des personnes en Roumanie, engendrant frais de port et bureaucratie absurde. Les policiers ont été occupés à des tâches administratives : est-ce là leur rôle ? N’y at-il pas de missions plus urgentes, d’enjeux plus cruciaux pour les forces de l’ordre ? Prétend-on lutter contre le deal – ce fléau dont chacun souhaite l’éradication – en assignant aux policiers une mission de contrôle des gobelets ? On estime que la politique d’interdiction de la mendicité a coûté, sur une période de 18 mois, 20 millions aux contribuables genevois, sans que celle-ci mette un terme à la pratique. Pour ces raisons, dans la cité de Calvin, Les Verts et le parti socialiste exigent aujourd’hui l’abolition de la loi interdisant la mendicité. punissable (à proximité des bancomats et des entrées de commerces, notamment). Il ne serait plus possible de « prendre à partie » les passants, la mendicité « passive » serait désormais seule autorisée. Ce texte constitue-il une solution acceptable et applicable ? Les plaintes de la population sont réelles; elles doivent être entendues. Mais tant l’initiative du PLR que le contre-projet risquent d’être à la fois problématiques sur le plan des libertés individuelles, coûteux et finalement inefficaces. Dans le cadre du contre-projet, verrat-on des policiers sortir un GPS pour vérifier si les mendiants sont bien à cinq mètres du bancomat ? Et chacun sait aussi que les amendes qui seraient infligées seront très difficilement exigibles. Les débats au Conseil communal s’annoncent difficiles. Selon le résultat de ceux-ci, le peuple pourrait être appelé à voter au début de l’année prochaine. Julien Sansonnens Crédit photo : « Photo © www.poilagratter.net » Consciente des problèmes posés par une pénalisation, la Municipalité déposera un contre-projet. Parmi les mesures proposées figurent notamment la création de zones où tendre la main sera edito gratos c’est chouette Le POP & Gauche en mouvement a décidé de mettre en place l’Agenda Gratos ! Il s’agit d’un agenda regroupant toutes les activités et manifestations gratuites dans le canton de Vaud. Mais comment faire pour offrir une manifestation gratuite ? La définition de gratuit que nous donne notre ami ‘Robert’ est de faire ou de donner sans faire payer. Mais on sait bien que rien ne l’est vraiment et la question du financement se pose évidemment. Prenons l’exemple du Festival de la cité cher au cœur des lausannois. Le financement de cette manifestation provient à 26% des pouvoirs publics et à 34% du sponsoring (le reste est assuré par les recettes). Si dans le premier cas l’argent vient de nos impôts, dans le deuxième cas le but est d’imprégner une marque dans notre inconscient, voire de nous la rendre sympathique en l’associant à une manifestation offerte. Bien sure on pourrait débattre des méfaits du marketing à outrance mais ne râlons par pour râler comme on nous le reproche souvent et restons positifs. C’est gratuit alors on ne va pas se plaindre. Surtout qu’il paraît difficile de pouvoir organiser une manifestation à grande échelle sans apports financiers du secteur privé, à moins de pouvoir bénéficier de mécènes, mais cette race, méconnue et peu comprise, est en voie de disparition. Un autre apport indispensable dans la plupart de ces manifestations est le bénévolat. Il y a en effet des centaines de personnes qui offrent de leur temps pour vous permettre de profiter à moindres frais. Cette race est encore plus à choyer que la précédente alors gardez le en tête si vous devez patienter quelques minutes au bar avant de vous énerver. Sachez encore que de nombreuses communes facilitent l’accès à la culture pour tous en proposant des ouvertures de musées gratuites, des manifestations sportives ou musicales. Il serait fort dommage de ne pas en profiter alors rendez-vous en page deux pour découvrir notre agenda gratos. Je terminerai cet edito sur une boutade entendue à la radio : ‘Le problème avec les trucs gratuits c’est qu’on y croise que des pauvres’. Céline Misiego L'AGENDA GRATOS L’agenda vaudois des activités, expos, concerts… totalement gratuits 01.05- Tinguely 2012 30.09 Bois des brigands, Thierrens, Parcours hommage 01.07- Cathédrale de Lausanne 20.09 Visites guidées gratuites 01-20.09 Lausanne Ville du Goût 2012 Balades guidées et dégustations 01.09 Pripitchik est parti (Théatre musical) Parc de Milan, Lausanne 02.09 Championnat de feuille-caillou-ciseaux Parc de Milan, Lausanne 02.09 Quatuor TriptoniKa, musiques des Balkans Abbaye de Montheron, Lausanne 06-09.09 Electrosanne, festival de musique electronique Pl. de l’Europe, Pl. Centrale, Lausanne 07-08.09 Kermesse de la Fourmi Rouge Concerts, bar et nourriture Pl. du Marché, Renens 08-09.09 Journées européennes du patrimoine De nombreux bâtiments à visiter dans le Canton 08-30.09 Festival Image Festival de photographie en plein air, Vevey 14-17.09 Festival BD-Fil Expos, dédicaces dans divers magasins lausannois 15.09 Guinguette du POP Concerts et animations Pl. de la Cathedrale, Lausanne Permanents Observatoire de Lausanne Gartuit le vendredi dès 21h Urban Training Dans divers villes de suisse-romande Séances de sport urbaines encadrées par des professionnels MUDAC PL. Cathédrale, Lausanne Gratuit le 1er samedi du mois Radio Television Suisse Av. du Temple, Lausanne. Assistez à l’enregistrement d’une émission La maison du dessin de presse Expos de dessins de presse Rue Louis de Savoie, Morges Musée cantonal d’archéologie et d’histoire Palais de Rumine, Lausanne Gratuit le 1er samedi du mois Musée monétaire Palais de Rumine, Lausanne Gratuit le 1er samedi du mois Musée cantonal des Beaux-Arts Palais de Rumine, Lausanne Gratuit le 1er samedi du mois Musée romain de Nyon Gratuit chaque 1er dimanche du mois Parc de Sauvabelin, Lausanne, Zoo + tour d’observation Musée de zoologie Palais de Rumine, Lausanne Gratuit le 1er samedi du mois Ciné gratuit le mercredi à 14h30 Astro Pléiades, Montreux Voyage intergalactique grâce aux instruments d’astronomie Jardin botanique Parc de Milan, Lausanne http://www.facebook.com/AgendaGratos Résistance OUI a la musique a l’ecole Au fil du temps, l’enseignement de la musique à l’école tient une place de plus en plus restreinte, au point de quasiment disparaître des programmes dans certains cantons. Cette tendance fait partie du mouvement qui considère que seul l’enseignement du français et du calcul est important à l’école, comme si l’on vivait au temps des tableaux de Anker. Or, l’enseignement de la musique a des répercussions sur les compétences créatrices, intellectuelles et sociales des élèves, notions qui sont également précieuses dans l’apprentissage des autres branches. Car la musique satisfait deux besoins élémentaires qui sont le plaisir de l’émotion et des sens et celui de l’esthétique. Ecouter de la musique, faire de la musique, chanter sont parmi les activités culturelles les plus répandues, qu’il s’agisse de la simple écoute chez soi ou lors d’un concert ou de la pratique d’un instrument, du chant, seul ou en groupe, dans une fanfare, un orchestre, un chœur. L’arrêté fédéral soumis en votation le 23 septembre a connu une longue évolution. Il ré- pond à une initiative populaire qui recueillit plus de 150’000 signatures. C’est en somme un contreprojet qui reprend l’essentiel de ce que demandaient les initiants en 2007, au point qu’ils se sont ralliés au projet fédéral et ont retiré leur initiative. chose qui s’apprend et qui joue un rôle important dans la formation des jeunes. Ainsi se transmettent des compétences culturelles qui permettent de participer et d’être même partie prenante à la culture. Elle en est un des éléments essentiels. L’arrêté propose que soit inscrit dans la Constitution que « la Confédération et les cantons encouragent la formation musicale, en particulier des enfants et des jeunes. Dans les limites de leurs compétences respectives, la Confédération et les cantons s’engagent à promouvoir à l’école un enseignement musical de qualité. Si les efforts des cantons n’aboutissent pas à une harmonisation des objectifs de l’enseignement de la musique à l’école, la Confédération légifère dans la mesure nécessaire. » La formation des maîtres a beaucoup changé ces dernières années. Les enseignants de musique accomplissent de longues études exigeantes. De plus, les enseignants de toutes les branches sont en principe formés dans les hautes écoles pédagogiques. Encore faut-il leur donner l’occasion d’exercer leurs compétences au sein de l’école. L’arrêté fédéral contraindra tous les cantons à accorder enfin à la musique la place qui lui revient dans la formation des jeunes et des enfants. Voilà pourquoi il est important de voter OUI. Sans vouloir jouer à Proust qui disait que « la musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être la communication des âmes », on sait combien la formation musicale a une importance sociale. L’approche des différents registres musicaux est quelque Christiane Jaquet-Berger Donnez votre sang... Tout au long de l’année, des campagnes de promotion des dons du sang ont lieu. On nous dit que c’est important, pour sauver des vies, et que c’est particulièrement simple. Lorsque l’été arrive, on nous annonce également que, départs en vacances obligent, la pénurie pointe le bout de son nez, ce qui donne des sueurs froides aux médecins ainsi qu’à leurs patients qui ont besoin de ces poches de sang pour survivre. Pourtant, tout le monde ne peut pas donner son sang. Bien sûr, un certain nombre de précautions se justifient pour des raisons de santé évidentes : un poids minimal de 50 kilos, ou le fait de ne pas avoir subi de transfusion ou de greffe de moelle, ou encore de ne pas avoir d’antécédents de maladies graves, et surtout, de ne pas être porteur du virus du SIDA (HIV). Certaines précautions laissent pourtant songeur. Ainsi, les personnes qui cochent la case indiquant qu’elles ont des relations sexuelles avec des personnes de même sexe sont automatiquement exclues du don du sang. Il est vrai que les hommes homosexuels sont dramatiquement touchés par le HIV et que le nombre de nouvelles contaminations au sein de ce groupe est encore en augmentation. Mais tout de même : est-il impensable de permettre le don du sang pour les personnes qui sont en couple stable et qui ont été testées négatives, d’autant plus lorsque l’on sait que chaque poche de sang est systématiquement contrôlée ? On pourrait ainsi exclure les personnes véritablement porteuses du virus plutôt que l’ensemble des gays. Une personne diagnostiquée par ce biais serait également directement orientée sur les centres de soins, au lieu d’ignorer sa séropositivité... De plus, que dire des lesbiennes ? Actuellement, elles sont également exclues du don du sang. Pourtant elle ne sont pas plus à risque que les femmes hétérosexuelles en ce qui concerne la contamination au SIDA. Cette exclusion semble d’autant plus absurde lorsque l’on sait que les nouvelles contaminations chez les hétérosexuel-le-s sont a nouveau en augmentation, et que beaucoup de personnes contaminées ignorent qu’elles le sont. N’est-il pas profondément discriminatoire d’exclure d’emblée du don du sang l’ensemble des personnes ayant des relations homosexuelles au lieu de mettre en place des contrôles et des critères de sélection plus fins ? Dans tous les cas, il semble paradoxal de se plaindre chaque année du peu de donneurs et de l’importance des dons, mais de refuser des donneurs sur le seul critère de l’orientation sexuelle. Il est temps d’en finir avec cette discrimination et surtout de remplir les banques de sang. Donc allez faire un don de votre précieux liquide ! Sarah Frund Résistance Securite du logement a la retraite “Sécurité du logement à la retraite”: le slogan est prometteur. Déception lorsqu’on regarde le contenu de l’initiative : il s’agit d’un nouveau cadeau fiscal pour les propriétaires, qui favorisera surtout les plus riches. Velo Le logement, un besoin secondaire selon les impôts Pour les locataires, les impôts tiennent très peu compte du loyer : la Confédération et la plupart des cantons ne prévoient aucune déduction. Le Canton de Vaud, particulièrement “généreux”, prévoit au maximum 525 francs de déduction par mois. De plus, cette déduction dépend du revenu : par exemple, une personne seule avec plus de 52’000 francs de revenu net ne peut rien déduire. Cela veut dire qu’un locataire doit payer des impôts sur de l’argent qu’il n’a plus à disposition, puisqu’il a fallu payer le loyer. Pourquoi une valeur locative ? Pour le propriétaire, il est possible de déduire les frais d’entretien de la maison, qu’il ait un grand ou un petit revenu : intérêts des dettes, taxes et primes d’assurance, travaux courants. En contrepartie, les propriétaires sont aussi taxés sur une valeur locative. Le principe est de compter comme un revenu imposable l’argent que le propriétaire devrait payer s’il louait son logement. Une sorte de loyer fictif est donc calculé, en fonction de divers critères (surface, année de construction, etc.). La valeur locative est plus basse que le loyer moyen en Suisse: une diminution de Michel Bühler Parti pour rejoindre des amis du côté de Bâle, je viens d’en faire l’expérience cinq jours durant : le vélo, c’est l’horreur ! Une initiative des milieux immobiliers Pour la troisième fois cette année, nous voterons sur une initiative des milieux immobiliers, et le POP appelle à leur donner un troisième “non”. Cette fois, l’idée est de s’attaquer à la valeur locative. Une fois à la retraite, chaque propriétaire pourrait décider d’abolir ou non la valeur locative de son logement. En contrepartie, il ne pourrait plus déduire ses intérêts hypothécaires, ni ses travaux d’entretien. Seule resterait possible une déduction de 4’000 francs par année en cas de travaux. Le choix d’abandonner ou non l’imposition de la valeur locative devrait être fait au moment de la retraite, et serait définitif. Pas question de changer de mode d’imposition par la suite. Pour comprendre les implications de ce système, il faut examiner comment les charges de logements sont prises en compte pour les impôts. sourire en coin de 10% est prévue par la Confédération, et de 35% par le Canton. Cette valeur locative a plusieurs justifications : premièrement, elle met sur le même plan les locataires et les propriétaires. Deuxièmement, elle incite les propriétaires à habiter ou mettre en location leur propriété. En effet, même s’ils ont une résidence secondaire et qu’ils n’y habitent que deux ou trois fois par année, les propriétaires sont taxés sur la valeur locative toute l’année. Troisième utilité de ce système: les “lits froids” rapportent des impôts aux communes. Les villages alpins sont souvent composés de chalets, utilisés comme résidences secondaires. Il est normal que les propriétaires des résidences secondaires paient les routes de la commune, solidairement avec les habitants qui vivent et travaillent dans ces régions. La propriété immobilière, une solution avantageuse pour les hauts revenus Avec l’initiative qui est proposée, certains propriétaires pourraient obtenir des cadeaux mirobolants. Durant leur vie active, ils pourraient acheter une maison et une résidence secondaire ou même tertiaire, et déduire les intérêts hypothécaires et les travaux dans leur maison. Il est assez fréquent que ces déductions soient plus élevées que la valeur locative qui est comptée comme revenu. Une fois à la retraite, les emprunts remboursés et les travaux les plus chers terminés, ces propriétaires pourraient s’offrir une exonération LE DESSIN DE DIDIER... la mendicite fiscale pour la valeur locative de leurs résidences. Cela représente une perte fiscale de 750 millions par année, selon les estimations officielles de la Confédération. Il y a d’autres urgences pour le logement Les rentes sont généralement moins hautes que les salaires d’avant, et surtout, ils n’ont aucune chance d’augmenter. Pendant ce temps, les prix de l’immobilier prennent l’ascenseur, et les loyers suivent. Les barèmes de loyer des prestations complémentaires à l’AVS, eux, n’ont pas augmenté depuis 15 ans. Pourquoi ne pas enfin les adapter ? Sur le plan des impôts, pourquoi ne pas proposer une réelle déduction des frais de logement, pour les propriétaires comme pour les locataires ? S’ils lançaient une telle initiative, les milieux immobiliers aideraient réellement la population, et ne feraient pas de cadeaux disproportionnés aux propriétaires de résidences de luxe. En attendant, nous rejetterons l’initiative “Sécurité du logement à la retraite”, à classer avec les autres attrape-nigauds des spéculateurs fonciers. David Payot Le premier soir, c’est à peine si l’on peut encore s’asseoir tant le postérieur est meurtri, et le corps n’est plus que courbatures. Le deuxième jour, c’est une pluie glacée qui tombe. Et vous pouvez adresser au dieu Grenouille ou à la déesse Limace toutes les prières que vous voudrez, rien n’y fait : c’est grelottant et trempé que vous arriverez à l’étape. Le lendemain, ce sont des chemins caillouteux qui secouent homme et vélo, si bien qu’à l’arrivée vous avez les poignets en bouillie et la nuque bloquée. C’est encore des zones industrielles, des champs de maïs à perte de vue, l’écrasant soleil. Puis enfin, au moment où vous pensez toucher au but, c’est une côte interminable, au sommet de laquelle vous constatez que vous vous êtes épuisé pour rien, puisque le village que vous cherchez est dans une autre vallée... C’est l’horreur, je vous dis ! Oui... Mais le vélo c’est aussi un matin au bord de l’Aar, et les fraîches odeurs de la forêt. C’est, au confluent avec le Rhin, un infini plan d’eau et des milliers d’oiseaux. C’est la liberté, et cette jubilation qui vous envahit quand, devant une station service, vous vous rappelez qu’il existe des carburants, et que des gens vont jusqu’à payer pour en remplir leur réservoir ! Alors que vous êtes parvenu jusque là sans donner un sou à une compagnie pétrolière! C’est la compassion d’un garagiste... ...une première fois, je constate que mon pneu arrière est presque plat. Je me dis, non, ça ne peut pas être une crevaison, ça ne peut pas m’arriver à moi ! Je m’arrête, je regonfle. Cinq kilomètres plus loin, je roule à nouveau sur la jante. J’ai une chambre à air de rechange, mais je n’ai pas démonté un pneu depuis trente ans... Niant l’évidence, je me convaincs que tout peut s’arranger tout seul. Un atelier, un homme me donne un peu de l’air de son compresseur... et je repars plein d’optimisme ! Vingt minutes plus tard, je suis dans un cul de sac : guettant à tout moment l’état de mes roues, je n’ai pas vu l’écriteau indiquant une déviation... et je suis à nouveau à plat. Trois coups de pompe, je remonte en selle, sachant que je n’irai pas loin. Pour poursuivre mon voyage, j’aurais besoin d’une vraie réparation. Elle sera faite dans le village suivant, par un mécanicien bougon, que mon air malheureux doit avoir apitoyé. Pourquoi est-ce que je vous raconte ça? Simplement parce qu’il me semble que j’ai vécu là une sorte de fable ! La panne, le déni de la réalité, les raccommodages successifs, l’espoir absurde que tout va s’arranger, puis l’impasse et l’impossibilité de continuer ainsi, ça ne vous rappelle rien ? Allons... ! Remplacez donc « cycliste » par « humanité », « crevaison » par « crise de civilisation », « regonflages » par « plans de relance »... Nous n’irons pas loin sans une « vraie réparation ». Mais, tant qu’on avance, qui s’en soucie ? Résistance Ernest Decosterd, jeune militant de 90 ans ! la commission permanente des finances, j’ai participé à de nombreuses séances consacrées à l’introduction de l’informatique dans l’administration communale, avec le souci d’assurer la protection de la sphère privée. Des problèmes restés bien actuels, on le voit ! Ta vie professionnelle a connu des tribulations. En particulier, ton licenciement abrupt de la maison Veillon a fait grand bruit… Le samedi 30 septembre 1956, à l’issue de la semaine de travail, je me vois signifier mon licenciement avec effet immédiat, après neuf ans de bons et loyaux services, comme on dit. Or trois ans avant, j’avais été élu à la présidence de la Commission du personnel. Très active, celle-ci avait apporté à l’ensemble des employés des avancées sensibles sur le plan social et au niveau salarial. Il fallait donner un coup d’arrêt et décapiter le mouvement ! Les événements de Hongrie n’ont pas joué de rôle dans ce licenciement ; en revanche ils ont empêché ma réintégration dans l’entreprise. Pendant six mois, j’ai dû travailler comme manœuvre sur les chantiers, à la brouette, la pelle et la pioche. A ton avis, quels ont été les principaux succès du PST/POP ? …et ses erreurs ? Pourquoi et dans quelles circonstances t’estu engagé politiquement dans le POP ? danger. Au printemps 1948, j’ai adhéré au POP, le parti sans fil à la patte ! J’y vois un ensemble d’éléments. Le premier, majeur, c’est la grande crise des années 30. De cinq membres, la famille se retrouve d’un jour à l’autre à sept : sont arrivés le grandpère et une tante de Vallorbe, où les usines fermaient. On fait de la place, on se serre …la ceinture aussi. L’enfant que j’étais est demeuré imprégné par le climat qui régnait à la maison, le visage des parents reflétant les soucis quotidiens. Et puis il y a l’enchaînement d’événements tragiques : la guerre d’Espagne et la victoire de Franco, la Deuxième Guerre mondiale, l’aggravation de la tension Est-Ouest. J’ai eu le privilège de connaître un pianiste viennois, juif, communiste, réfugié en Suisse. Il m’a initié à la musique, et à la politique. J’ai voulu m’engager pour lutter contre les injustices en général, et pour la défense de la paix mondiale en A côté de tes fonctions dans le parti, notamment comme président du POP lausannois de 1954 à 1984, tu as été membre du Conseil communal de Lausanne de 1958 à 1985, et du Grand Conseil de 1958 à 1978. Parlenous de ton activité de parlementaire. Tout jeune député, je suis intervenu au Grand Conseil pour demander une réglementation de la gestion des caisses de pension (2ème pilier) du domaine privé. J’ai été sensible aussi aux problèmes de circulation à Lausanne, avec l’augmentation constante des véhicules à moteur. Le mot-clef de l’époque était la « fluidité du trafic », au détriment des piétons. Je suis intervenu au nom du POP pour demander la création de grands parkings périphériques et un développement intensif des transports publics. Comme membre de Je mentionnerai d’abord la campagne de signatures pour l’Appel de Stockholm (1950) contre les armes atomiques et pour la paix mondiale. La contribution du parti a été très importante aussi pour l’introduction du suffrage féminin dans le canton de Vaud. Egalement pour les progrès dans les domaines des allocations familiales et des vacances. Et puis il y a eu l’initiative du Parti suisse du Travail « Pour une véritable retraite populaire » (1971), qui a fait un très bon résultat. Dans les relations avec les partis frères, le PST s’est battu pour la souveraineté nationale complète, par opposition à la «souveraineté limitée» voulue par Brejnev. En revanche, nous avons été trop souvent sectaires, persuadés d’être les seuls à avoir raison… Cette lutte politique a donné un sens à ma vie, mais rien n’est jamais définitivement acquis ni irréversible. Le POP restera bien vivant tant qu’il continuera à jouer ce rôle d’aiguillon ! A côté de ses multiples activités politiques – il est encore très présent aux stands du POP – Ernest Décosterd est un homme de culture, en particulier un grand connaisseur de musique classique et un lecteur passionné. RESISTANCE souhaite un bon 90e anniversaire à ce militant exemplaire resté d’une étonnante jeunesse– ! Propos recueillis par Pierre Jeanneret Avec l’initiative « Pour une économie utile à tous », notre cher viticulteur prend en compte une approche plus globale et remet en question les fondements même du libre-échange. L’initiative souhaite réguler les échanges commerciaux par des mesures protectionnistes afin de favoriser une économie de proximité. Ce texte donnerait des outils pour lutter contre les délocalisations et le dumping salarial, en favorisant la production indigène. A l’heure où la guerre de tous contre tous s’exacerbe, à l’heure où la crise mondiale ne fait que renforcer les pratiques économiques les plus cannibales, il est temps de proposer des amorces de solutions aux humains en souffrance et à la terre qui les porte. A l’heure où, en Suisse, quatre exploitations agricoles mettent la clé sous la porte chaque jour, dimanche compris, pouvons-nous Qui cree l’argent a le pouvoir Les services publics dépendent du pouvoir politique sauf qu’il est esclave du pouvoir monétaire. Car qui crée la monnaie, possède le vrai pouvoir ! Qui ? Les banques privées, la plupart du temps. Comment crée-t-on de la monnaie ? Certaines croyances parmi les non spécialistes ont la vie dure, comme par exemple : La masse monétaire serait un gâteau dont on répartirait les tranches à l’heure du goûter, le fric étant une denrée matérielle, rare et épuisable, créé par une banque centrale. C’est faux. Faux aussi d’imaginer que la masse monétaire est faite des pièces et des billets enfermés dans nos portemonnaies. Ces « espèces » représentent moins du 10% de l’ensemble de la monnaie. Tout le reste est virtuel. La masse monétaire est créée à partir de rien, souvent donc par les banques privées. Le système débute en 1971, lorsque le dollar n’est plus convertible en or. Comment ça marche ? Voici : M. K. Marx, homme solvable, emprunte 100’000 francs à sa banque. La banque ne les a pas, (peut-être sous une autre forme mais c’est une autre question) Le banquier prend son bilan qui comporte deux colonnes : A gauche : son actif, à droite son passif, soit ses dettes. Quand M. Marx demande 100’000 francs, le banquier écrit 100’000 francs sur sa colonne de droite, c’est à dire sur son passif. Ainsi le banquier reconnaît devoir cette somme à M Marx. Et bien à ce moment-là… il vient de créer 100 000 francs ! La masse monétaire augmente du coup de 100 000 francs. C’est de la fausse monnaie, peut-on dire, mais elle fonctionne. L’argent est donc une dette. Par ailleurs, de l’autre côté dans la colonne de gauche à son actif, le banquier note les mêmes 100’000 francs, disant par là: M. Marx me doit 100’000 francs. Le bilan est juste. (Les intérêts ? c’est autre chose.) Donc par un simple jeu d’écriture, la banque crée de l’argent. Si l’emprunteur veut des espèces (l’argent du portemonnaie), l’établissement a une réserve ou fait jouer des mécanismes bancaires. Toutefois cette masse monétaire n’est pas infinie. En effet lorsque l’emprunteur rembourse peu à peu, les deux chiffres (100’000 sur l’Actif, 100’000 sur le Passif) diminuent jusqu’à disparaitre. Pendant ce temps cette dette va circuler de banque à banque, via des virements ou des cartes bancaires. Les cent mille francs vont passer d’un passif à un autre passif de banque. Cette dette qui chemine est une promesse de remboursement que les banques s’échangent entre elles. L’argent étant virtuel, tout se joue sur la confiance, valeur en chute libre actuellement et pas par hasard ! Mais c’est une autre histoire ! De son côté, notre emprunteur investit ses 100’000 francs, s’enrichit, permet aux autres d’en faire de même, et génère des impôts au passage. Une richesse bien réelle a été créée. Voilà un bon système mais aux mains des banques privées généralement. Or ces banques sont devenues incontrôlables. Pour une economie utile a tous ! En novembre 2011, l’association « la Vrille », emmenée par le viticulteur genevois Willy Cretegny, a lancé une initiative fédérale intitulée « Pour une économie utile à tous ». Ce dernier s’était déjà illustré lors d’une lutte, malheureusement infructueuse, afin de lancer un référendum contre le Cassis de Dijon. Pour rappel, cet accord entre la Suisse et l’Union européenne permet à de nombreux produits commercialisés dans l’UE et ne correspondant pas aux exigences qualitatives des normes de production helvétiques (sociales, écologiques, de protection des animaux, ...) d’être vendus dans notre pays. PROPRIOS DU SERVICE PUBLIC nous contenter d’attendre le grand soir ou espérer un approfondissement de la crise ? Nous pensons que, bien que le protectionnisme ne soit pas une solution définitive à l’exploitation de l’homme et de la nature, il est un concept opérant une première remise en question de la mécanique destructrice du libreéchange. Alors, mettons notre intelligence et notre imagination en activité pour offrir un autre monde à nos enfants ! Un monde où la fraternité l’emporte sur la compétition. Mais plus fondamentalement pourquoi payer des « intérêts », comme si ces établissements – dans ces cas – avaient pris un risque, prêtant des sommes qu’elles possédaient ou qu’on leur avait confiées ? Cela renchérit la vie et oriente forcément les choix politiques. Et si l’Etat était seul habilité à créer de l’argent, comme le préconisent certains économistes ? Rien ne s’y oppose…. Signez l’initiative fédérale « Pour une économie utile à tous » sur www.economie-utile-a-tous.ch Pour mieux comprendre ces questions : Les entretiens d’Etienne Chouard (Etienne Chouard - Argent dette & création monétaire youtube) ou le livre de Holbecq et Derruder « la dette publique, une affaire rentable ». Philippe Somsky Elisabeth Brindesi