Faut-il interdire la mendicite? Quelle est la position de la

Transcription

Faut-il interdire la mendicite? Quelle est la position de la
JAB
1003 Lausanne
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Donnez votre
sang
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Sécurité
logement à la
retraite
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Points forts
Ernest
Décosterd,
jeune militant
de 90 ans
Résistance
JOURNAL DU POP VAUDOIS & GAUCHE EN MOUVEMENT / WWW.POPVAUD.CH / SEPTEMBRE 2012 N°85
Faut-il interdire la mendicite ?
Quelle est la position de la gauche
sur cette question ?
C’est l’un des dossiers chauds de la rentrée : l’interdiction de la mendicité à Lausanne fait débat,
sur fond d’instrumentalisation politique de la misère.
a) Arrêté fédéral du 15
mars 2012 sur la promotion
de la formation musicale
des jeunes (contre-projet
à l’initiative populaire
«jeunesse + musique»)
L’initiative pour l’interdiction de la mendicité
avait été lancée par le PLR en février 2011, un mois
avant les élections communales. L’objectif n’était
pas de s’intéresser au sort des plus démunis,
mais de siphonner le maximum de voix à l’UDC
en se positionnant comme le parti de l’ordre. Le
texte ayant été déposé, il soulève d’abord une
question de fond : dans une société libérale, at-on le droit, lorsqu’on se trouve en situation de
pauvreté, de subvenir à ses besoins par la charité d’autrui ? Pour la droite, la réponse est non :
dès lors qu’on parle des pauvres, le respect de la
liberté individuelle ne pèse pas bien lourd. Il est
vrai que la misère n’est jamais belle à voir : personne ne veut en connaître les effets, et sa seule
présence au sein de l’espace public dérange. Mais
disons-le haut et fort : la mendicité n’est pas une
question de sécurité publique. Derrière la volonté
d’interdire cette pratique vieille comme le monde
(l’opportunité de l’interdiction de la mendicité
est discutée chez nous au moins depuis la fin du
Moyen-âge) se cachent des intérêts parfois très
pragmatiques, à l’image du lobbying en faveur de
l’initiative effectué par les milieux du tourisme et
du commerce (les mêmes qui appellent au déplacement des marginaux avant chaque événement
sportif ou culturel d’importance). Fondamentalement, si les quelques cinquante mendiants de
Lausanne déchainent tant les passions, c’est sans
doute qu’ils nous renvoient au malaise éprouvé
face à la réalité de la détresse. Qu’éprouvonsnous lorsque nous rentrons dans nos confortables
appartements, les mains chargées de cabas, et
que nous croisons le regard de ces personnes ?
Les mendiants nous poussent à nous interroger
sur la question sociale, sur la question hautement
politique de la répartition des richesses : peutêtre est-ce pour cela qu’ils embarrassent tant.
b) Initiative populaire du 23
janvier 2009 «Sécurité du
logement à la retraite»
Face à cette situation, la droite entend appliquer
le principe qu’elle privilégie toujours : se voiler la
face, déplacer le problème pour le résoudre, « cacher la poussière sous le tapis ». La misère est gênante ? Rendons la misère illégale, et amendons
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l’Agend e 2 !
en pag
Mots d’ordre
votations du 23
septembre
OUI
NON
c) Initiative populaire du
18 mai 2010 «Protection
contre le tabagisme passif»
OUI
Résistance
Mensuel du POP vaudois
& Gauche en mouvement
Rédaction : Chauderon 5, 1003 Lausanne
Téléphone : 021 312 06 76
fax : 021 312 06 97
e-mail : [email protected]
Responsable : Céline Misiego
Tirage : 10 000 exemplaires
CCP Résistance : 10-769952-7
Abonnement annuel : 25 Frs
Abonnement de soutien : 40 Frs
Comité de rédaction : Elisabeth Brindesi,
Michel Buhler, Sarah Frund, Christiane
Jaquet-Berger, Pierre Jeanneret, Céline
Misiego, David Payot, Julien Sansonnens,
Philippe Somsky
Ont collaboré à ce numéro : Emilie Glauser,
Didier Martin, Monique Misiego
les pauvres ! On se demande pourquoi personne
n’y avait pensé plus tôt.
Dans ce débat très émotionnel, il n’est pas inutile
de regarder du côté de Genève, où la mendicité
est interdite depuis cinq ans : quel est le résultat
de cette politique ? Des dizaines de milliers de
contraventions ont été établies. Les mendiants
ne pouvant s’acquitter de celles-ci, elles ont été
envoyées au domicile (supposé) des personnes en
Roumanie, engendrant frais de port et bureaucratie absurde. Les policiers ont été occupés à des
tâches administratives : est-ce là leur rôle ? N’y at-il pas de missions plus urgentes, d’enjeux plus
cruciaux pour les forces de l’ordre ? Prétend-on
lutter contre le deal – ce fléau dont chacun souhaite l’éradication – en assignant aux policiers
une mission de contrôle des gobelets ? On estime
que la politique d’interdiction de la mendicité a
coûté, sur une période de 18 mois, 20 millions aux
contribuables genevois, sans que celle-ci mette
un terme à la pratique. Pour ces raisons, dans
la cité de Calvin, Les Verts et le parti socialiste
exigent aujourd’hui l’abolition de la loi interdisant
la mendicité.
punissable (à proximité des bancomats et des
entrées de commerces, notamment). Il ne serait
plus possible de « prendre à partie » les passants,
la mendicité « passive » serait désormais seule
autorisée. Ce texte constitue-il une solution acceptable et applicable ? Les plaintes de la population sont réelles; elles doivent être entendues.
Mais tant l’initiative du PLR que le contre-projet
risquent d’être à la fois problématiques sur le plan
des libertés individuelles, coûteux et finalement
inefficaces. Dans le cadre du contre-projet, verrat-on des policiers sortir un GPS pour vérifier si les
mendiants sont bien à cinq mètres du bancomat ?
Et chacun sait aussi que les amendes qui seraient
infligées seront très difficilement exigibles.
Les débats au Conseil communal s’annoncent
difficiles. Selon le résultat de ceux-ci, le peuple
pourrait être appelé à voter au début de l’année
prochaine.
Julien Sansonnens
Crédit photo : « Photo © www.poilagratter.net »
Consciente des problèmes posés par une pénalisation, la Municipalité déposera un contre-projet.
Parmi les mesures proposées figurent notamment la création de zones où tendre la main sera
edito
gratos c’est chouette
Le POP & Gauche en mouvement a décidé
de mettre en place l’Agenda Gratos ! Il
s’agit d’un agenda regroupant toutes les
activités et manifestations gratuites dans
le canton de Vaud.
Mais comment faire pour offrir une manifestation gratuite ? La définition de gratuit que
nous donne notre ami ‘Robert’ est de faire ou
de donner sans faire payer. Mais on sait bien
que rien ne l’est vraiment et la question du
financement se pose évidemment. Prenons
l’exemple du Festival de la cité cher au cœur
des lausannois. Le financement de cette manifestation provient à 26% des pouvoirs publics
et à 34% du sponsoring (le reste est assuré par
les recettes). Si dans le premier cas l’argent
vient de nos impôts, dans le deuxième cas le but
est d’imprégner une marque dans notre inconscient, voire de nous la rendre sympathique en
l’associant à une manifestation offerte. Bien sure
on pourrait débattre des méfaits du marketing à
outrance mais ne râlons par pour râler comme on
nous le reproche souvent et restons positifs. C’est
gratuit alors on ne va pas se plaindre. Surtout qu’il
paraît difficile de pouvoir organiser une manifestation à grande échelle sans apports financiers du
secteur privé, à moins de pouvoir bénéficier de
mécènes, mais cette race, méconnue et peu comprise, est en voie de disparition. Un autre apport
indispensable dans la plupart de ces manifestations est le bénévolat. Il y a en effet des centaines
de personnes qui offrent de leur temps pour vous
permettre de profiter à moindres frais. Cette race
est encore plus à choyer que la précédente
alors gardez le en tête si vous devez patienter
quelques minutes au bar avant de vous énerver.
Sachez encore que de nombreuses communes
facilitent l’accès à la culture pour tous en proposant des ouvertures de musées gratuites, des
manifestations sportives ou musicales. Il serait
fort dommage de ne pas en profiter alors rendez-vous en page deux pour découvrir notre
agenda gratos. Je terminerai cet edito sur une
boutade entendue à la radio : ‘Le problème
avec les trucs gratuits c’est qu’on y croise que
des pauvres’.
Céline Misiego
L'AGENDA
GRATOS
L’agenda vaudois
des activités, expos,
concerts…
totalement gratuits
01.05- Tinguely 2012
30.09
Bois des brigands,
Thierrens, Parcours hommage
01.07- Cathédrale de Lausanne
20.09
Visites guidées gratuites
01-20.09 Lausanne Ville du Goût 2012
Balades guidées et
dégustations
01.09
Pripitchik est parti
(Théatre musical)
Parc de Milan, Lausanne
02.09
Championnat de
feuille-caillou-ciseaux
Parc de Milan, Lausanne
02.09
Quatuor TriptoniKa,
musiques des Balkans
Abbaye de Montheron,
Lausanne
06-09.09 Electrosanne, festival de
musique electronique
Pl. de l’Europe, Pl. Centrale,
Lausanne
07-08.09 Kermesse de la Fourmi Rouge
Concerts, bar et nourriture
Pl. du Marché, Renens
08-09.09 Journées européennes du
patrimoine
De nombreux bâtiments à
visiter dans le Canton
08-30.09 Festival Image
Festival de photographie
en plein air, Vevey
14-17.09 Festival BD-Fil
Expos, dédicaces dans
divers magasins lausannois
15.09
Guinguette du POP
Concerts et animations
Pl. de la Cathedrale,
Lausanne
Permanents
Observatoire de Lausanne
Gartuit le vendredi dès 21h
Urban Training
Dans divers villes de suisse-romande
Séances de sport urbaines encadrées
par des professionnels
MUDAC
PL. Cathédrale, Lausanne
Gratuit le 1er samedi du mois
Radio Television Suisse
Av. du Temple, Lausanne. Assistez à
l’enregistrement d’une émission
La maison du dessin de presse
Expos de dessins de presse
Rue Louis de Savoie, Morges
Musée cantonal d’archéologie et
d’histoire
Palais de Rumine, Lausanne
Gratuit le 1er samedi du mois
Musée monétaire
Palais de Rumine, Lausanne
Gratuit le 1er samedi du mois
Musée cantonal des Beaux-Arts
Palais de Rumine, Lausanne
Gratuit le 1er samedi du mois
Musée romain de Nyon
Gratuit chaque 1er dimanche du mois
Parc de Sauvabelin,
Lausanne, Zoo + tour d’observation
Musée de zoologie
Palais de Rumine, Lausanne
Gratuit le 1er samedi du mois
Ciné gratuit le mercredi à 14h30
Astro Pléiades, Montreux
Voyage intergalactique grâce aux
instruments d’astronomie
Jardin botanique
Parc de Milan, Lausanne
http://www.facebook.com/AgendaGratos
Résistance
OUI a la musique a l’ecole
Au fil du temps, l’enseignement de la musique
à l’école tient une place de plus en plus restreinte, au point de quasiment disparaître des
programmes dans certains cantons. Cette
tendance fait partie du mouvement qui considère que seul l’enseignement du français et
du calcul est important à l’école, comme si
l’on vivait au temps des tableaux de Anker.
Or, l’enseignement de la musique a des répercussions sur les compétences créatrices,
intellectuelles et sociales des élèves, notions
qui sont également précieuses dans l’apprentissage des autres branches.
Car la musique satisfait deux besoins élémentaires qui sont le plaisir de l’émotion et
des sens et celui de l’esthétique. Ecouter de
la musique, faire de la musique, chanter sont
parmi les activités culturelles les plus répandues, qu’il s’agisse de la simple écoute chez
soi ou lors d’un concert ou de la pratique d’un
instrument, du chant, seul ou en groupe, dans
une fanfare, un orchestre, un chœur.
L’arrêté fédéral soumis en votation le 23 septembre a connu une longue évolution. Il ré-
pond à une initiative populaire qui recueillit
plus de 150’000 signatures. C’est en somme
un contreprojet qui reprend l’essentiel de ce
que demandaient les initiants en 2007, au
point qu’ils se sont ralliés au projet fédéral et
ont retiré leur initiative.
chose qui s’apprend et qui joue un rôle important dans la formation des jeunes. Ainsi se
transmettent des compétences culturelles
qui permettent de participer et d’être même
partie prenante à la culture. Elle en est un des
éléments essentiels.
L’arrêté propose que soit inscrit dans la
Constitution que « la Confédération et les
cantons encouragent la formation musicale,
en particulier des enfants et des jeunes. Dans
les limites de leurs compétences respectives,
la Confédération et les cantons s’engagent
à promouvoir à l’école un enseignement
musical de qualité. Si les efforts des cantons
n’aboutissent pas à une harmonisation des
objectifs de l’enseignement de la musique à
l’école, la Confédération légifère dans la mesure nécessaire. »
La formation des maîtres a beaucoup changé
ces dernières années. Les enseignants de musique accomplissent de longues études exigeantes. De plus, les enseignants de toutes
les branches sont en principe formés dans les
hautes écoles pédagogiques. Encore faut-il
leur donner l’occasion d’exercer leurs compétences au sein de l’école. L’arrêté fédéral
contraindra tous les cantons à accorder enfin
à la musique la place qui lui revient dans la formation des jeunes et des enfants. Voilà pourquoi il est important de voter OUI.
Sans vouloir jouer à Proust qui disait que « la
musique est peut-être l’exemple unique de
ce qu’aurait pu être la communication des
âmes », on sait combien la formation musicale a une importance sociale. L’approche
des différents registres musicaux est quelque
Christiane Jaquet-Berger
Donnez votre sang...
Tout au long de l’année, des campagnes de
promotion des dons du sang ont lieu. On nous
dit que c’est important, pour sauver des vies,
et que c’est particulièrement simple.
Lorsque l’été arrive, on nous annonce également que, départs en vacances obligent,
la pénurie pointe le bout de son nez, ce qui
donne des sueurs froides aux médecins ainsi qu’à leurs patients qui ont besoin de ces
poches de sang pour survivre.
Pourtant, tout le monde ne peut pas donner
son sang. Bien sûr, un certain nombre de précautions se justifient pour des raisons de santé évidentes : un poids minimal de 50 kilos, ou
le fait de ne pas avoir subi de transfusion ou
de greffe de moelle, ou encore de ne pas avoir
d’antécédents de maladies graves, et surtout,
de ne pas être porteur du virus du SIDA (HIV).
Certaines précautions laissent pourtant songeur. Ainsi, les personnes qui cochent la case
indiquant qu’elles ont des relations sexuelles
avec des personnes de même sexe sont automatiquement exclues du don du sang.
Il est vrai que les hommes homosexuels sont
dramatiquement touchés par le HIV et que le
nombre de nouvelles contaminations au sein
de ce groupe est encore en augmentation.
Mais tout de même : est-il impensable de
permettre le don du sang pour les personnes
qui sont en couple stable et qui ont été testées négatives, d’autant plus lorsque l’on sait
que chaque poche de sang est systématiquement contrôlée ? On pourrait ainsi exclure les
personnes véritablement porteuses du virus
plutôt que l’ensemble des gays. Une personne
diagnostiquée par ce biais serait également
directement orientée sur les centres de soins,
au lieu d’ignorer sa séropositivité...
De plus, que dire des lesbiennes ? Actuellement, elles sont également exclues du don du
sang. Pourtant elle ne sont pas plus à risque
que les femmes hétérosexuelles en ce qui
concerne la contamination au SIDA.
Cette exclusion semble d’autant plus absurde
lorsque l’on sait que les nouvelles contaminations chez les hétérosexuel-le-s sont a nouveau en augmentation, et que beaucoup de
personnes contaminées ignorent qu’elles le
sont.
N’est-il pas profondément discriminatoire
d’exclure d’emblée du don du sang l’ensemble des personnes ayant des relations
homosexuelles au lieu de mettre en place
des contrôles et des critères de sélection plus
fins ? Dans tous les cas, il semble paradoxal de
se plaindre chaque année du peu de donneurs
et de l’importance des dons, mais de refuser
des donneurs sur le seul critère de l’orientation sexuelle. Il est temps d’en finir avec
cette discrimination et surtout de remplir les
banques de sang. Donc allez faire un don de
votre précieux liquide !
Sarah Frund
Résistance
Securite du logement
a la retraite
“Sécurité du logement à la
retraite”: le slogan est prometteur.
Déception lorsqu’on regarde le
contenu de l’initiative : il s’agit
d’un nouveau cadeau fiscal pour
les propriétaires, qui favorisera
surtout les plus riches.
Velo
Le logement, un besoin secondaire selon
les impôts
Pour les locataires, les impôts tiennent très
peu compte du loyer : la Confédération et
la plupart des cantons ne prévoient aucune
déduction. Le Canton de Vaud, particulièrement “généreux”, prévoit au maximum 525
francs de déduction par mois. De plus, cette
déduction dépend du revenu : par exemple,
une personne seule avec plus de 52’000 francs
de revenu net ne peut rien déduire. Cela veut
dire qu’un locataire doit payer des impôts sur
de l’argent qu’il n’a plus à disposition, puisqu’il
a fallu payer le loyer.
Pourquoi une valeur locative ?
Pour le propriétaire, il est possible de déduire les frais d’entretien de la maison, qu’il
ait un grand ou un petit revenu : intérêts des
dettes, taxes et primes d’assurance, travaux
courants. En contrepartie, les propriétaires
sont aussi taxés sur une valeur locative. Le
principe est de compter comme un revenu
imposable l’argent que le propriétaire devrait
payer s’il louait son logement. Une sorte de
loyer fictif est donc calculé, en fonction de
divers critères (surface, année de construction, etc.). La valeur locative est plus basse
que le loyer moyen en Suisse: une diminution
de
Michel Bühler
Parti pour rejoindre des amis du côté de
Bâle, je viens d’en faire l’expérience cinq
jours durant : le vélo, c’est l’horreur !
Une initiative des milieux immobiliers
Pour la troisième fois cette année, nous voterons sur une initiative des milieux immobiliers,
et le POP appelle à leur donner un troisième
“non”. Cette fois, l’idée est de s’attaquer à la
valeur locative. Une fois à la retraite, chaque
propriétaire pourrait décider d’abolir ou non
la valeur locative de son logement. En contrepartie, il ne pourrait plus déduire ses intérêts
hypothécaires, ni ses travaux d’entretien.
Seule resterait possible une déduction de
4’000 francs par année en cas de travaux. Le
choix d’abandonner ou non l’imposition de la
valeur locative devrait être fait au moment de
la retraite, et serait définitif. Pas question de
changer de mode d’imposition par la suite.
Pour comprendre les implications de ce système, il faut examiner comment les charges
de logements sont prises en compte pour les
impôts.
sourire
en coin
de 10% est prévue par la Confédération, et
de 35% par le Canton.
Cette valeur locative a plusieurs justifications : premièrement, elle met sur le même
plan les locataires et les propriétaires. Deuxièmement, elle incite les propriétaires à
habiter ou mettre en location leur propriété.
En effet, même s’ils ont une résidence secondaire et qu’ils n’y habitent que deux ou trois
fois par année, les propriétaires sont taxés sur
la valeur locative toute l’année. Troisième utilité de ce système: les “lits froids” rapportent
des impôts aux communes. Les villages alpins
sont souvent composés de chalets, utilisés
comme résidences secondaires. Il est normal
que les propriétaires des résidences secondaires paient les routes de la commune, solidairement avec les habitants qui vivent et travaillent dans ces régions.
La propriété immobilière, une solution
avantageuse pour les hauts revenus
Avec l’initiative qui est proposée, certains
propriétaires pourraient obtenir des cadeaux
mirobolants. Durant leur vie active, ils pourraient acheter une maison et une résidence
secondaire ou même tertiaire, et déduire les
intérêts hypothécaires et les travaux dans
leur maison. Il est assez fréquent que ces
déductions soient plus élevées que la valeur
locative qui est comptée comme revenu. Une
fois à la retraite, les emprunts remboursés et
les travaux les plus chers terminés, ces propriétaires pourraient s’offrir une exonération
LE DESSIN DE DIDIER... la mendicite
fiscale pour la valeur locative de leurs résidences. Cela représente une perte fiscale de
750 millions par année, selon les estimations
officielles de la Confédération.
Il y a d’autres urgences pour le logement
Les rentes sont généralement moins hautes
que les salaires d’avant, et surtout, ils n’ont
aucune chance d’augmenter. Pendant ce
temps, les prix de l’immobilier prennent l’ascenseur, et les loyers suivent. Les barèmes
de loyer des prestations complémentaires à
l’AVS, eux, n’ont pas augmenté depuis 15 ans.
Pourquoi ne pas enfin les adapter ? Sur le plan
des impôts, pourquoi ne pas proposer une
réelle déduction des frais de logement, pour
les propriétaires comme pour les locataires ?
S’ils lançaient une telle initiative, les milieux
immobiliers aideraient réellement la population, et ne feraient pas de cadeaux disproportionnés aux propriétaires de résidences
de luxe. En attendant, nous rejetterons l’initiative “Sécurité du logement à la retraite”,
à classer avec les autres attrape-nigauds des
spéculateurs fonciers.
David Payot
Le premier soir, c’est à peine si l’on peut
encore s’asseoir tant le postérieur est
meurtri, et le corps n’est plus que courbatures. Le deuxième jour, c’est une pluie
glacée qui tombe. Et vous pouvez adresser au dieu Grenouille ou à la déesse
Limace toutes les prières que vous voudrez, rien n’y fait : c’est grelottant et
trempé que vous arriverez à l’étape. Le
lendemain, ce sont des chemins caillouteux qui secouent homme et vélo, si bien
qu’à l’arrivée vous avez les poignets en
bouillie et la nuque bloquée. C’est encore
des zones industrielles, des champs de
maïs à perte de vue, l’écrasant soleil. Puis
enfin, au moment où vous pensez toucher au but, c’est une côte interminable,
au sommet de laquelle vous constatez
que vous vous êtes épuisé pour rien,
puisque le village que vous cherchez est
dans une autre vallée...
C’est l’horreur, je vous dis !
Oui... Mais le vélo c’est aussi un matin au
bord de l’Aar, et les fraîches odeurs de la
forêt. C’est, au confluent avec le Rhin, un
infini plan d’eau et des milliers d’oiseaux.
C’est la liberté, et cette jubilation qui
vous envahit quand, devant une station
service, vous vous rappelez qu’il existe
des carburants, et que des gens vont
jusqu’à payer pour en remplir leur réservoir ! Alors que vous êtes parvenu jusque
là sans donner un sou à une compagnie
pétrolière!
C’est la compassion d’un garagiste...
...une première fois, je constate que mon
pneu arrière est presque plat. Je me dis,
non, ça ne peut pas être une crevaison, ça
ne peut pas m’arriver à moi ! Je m’arrête,
je regonfle. Cinq kilomètres plus loin,
je roule à nouveau sur la jante. J’ai une
chambre à air de rechange, mais je n’ai
pas démonté un pneu depuis trente ans...
Niant l’évidence, je me convaincs que
tout peut s’arranger tout seul. Un atelier, un homme me donne un peu de l’air
de son compresseur... et je repars plein
d’optimisme ! Vingt minutes plus tard, je
suis dans un cul de sac : guettant à tout
moment l’état de mes roues, je n’ai pas
vu l’écriteau indiquant une déviation...
et je suis à nouveau à plat. Trois coups
de pompe, je remonte en selle, sachant
que je n’irai pas loin. Pour poursuivre
mon voyage, j’aurais besoin d’une vraie
réparation. Elle sera faite dans le village
suivant, par un mécanicien bougon, que
mon air malheureux doit avoir apitoyé.
Pourquoi est-ce que je vous raconte ça?
Simplement parce qu’il me semble que
j’ai vécu là une sorte de fable ! La panne,
le déni de la réalité, les raccommodages
successifs, l’espoir absurde que tout va
s’arranger, puis l’impasse et l’impossibilité de continuer ainsi, ça ne vous rappelle rien ? Allons... ! Remplacez donc
« cycliste » par « humanité », « crevaison » par « crise de civilisation », « regonflages » par « plans de relance »...
Nous n’irons pas loin sans une « vraie
réparation ». Mais, tant qu’on avance, qui
s’en soucie ?
Résistance
Ernest Decosterd,
jeune militant de 90 ans !
la commission permanente des finances, j’ai
participé à de nombreuses séances consacrées à l’introduction de l’informatique dans
l’administration communale, avec le souci
d’assurer la protection de la sphère privée.
Des problèmes restés bien actuels, on le voit !
Ta vie professionnelle a connu des tribulations. En particulier, ton licenciement
abrupt de la maison Veillon a fait grand
bruit…
Le samedi 30 septembre 1956, à l’issue de
la semaine de travail, je me vois signifier
mon licenciement avec effet immédiat,
après neuf ans de bons et loyaux services,
comme on dit. Or trois ans avant, j’avais été
élu à la présidence de la Commission du personnel. Très active, celle-ci avait apporté à
l’ensemble des employés des avancées sensibles sur le plan social et au niveau salarial.
Il fallait donner un coup d’arrêt et décapiter
le mouvement ! Les événements de Hongrie
n’ont pas joué de rôle dans ce licenciement ;
en revanche ils ont empêché ma réintégration dans l’entreprise. Pendant six mois, j’ai
dû travailler comme manœuvre sur les chantiers, à la brouette, la pelle et la pioche.
A ton avis, quels ont été les principaux succès du PST/POP ? …et ses erreurs ?
Pourquoi et dans quelles circonstances t’estu engagé politiquement dans le POP ?
danger. Au printemps 1948, j’ai adhéré au
POP, le parti sans fil à la patte !
J’y vois un ensemble d’éléments. Le premier,
majeur, c’est la grande crise des années 30.
De cinq membres, la famille se retrouve d’un
jour à l’autre à sept : sont arrivés le grandpère et une tante de Vallorbe, où les usines
fermaient. On fait de la place, on se serre
…la ceinture aussi. L’enfant que j’étais est
demeuré imprégné par le climat qui régnait
à la maison, le visage des parents reflétant
les soucis quotidiens. Et puis il y a l’enchaînement d’événements tragiques : la guerre
d’Espagne et la victoire de Franco, la Deuxième Guerre mondiale, l’aggravation de
la tension Est-Ouest. J’ai eu le privilège de
connaître un pianiste viennois, juif, communiste, réfugié en Suisse. Il m’a initié à la musique, et à la politique. J’ai voulu m’engager
pour lutter contre les injustices en général,
et pour la défense de la paix mondiale en
A côté de tes fonctions dans le parti, notamment comme président du POP lausannois
de 1954 à 1984, tu as été membre du Conseil
communal de Lausanne de 1958 à 1985,
et du Grand Conseil de 1958 à 1978. Parlenous de ton activité de parlementaire.
Tout jeune député, je suis intervenu au Grand
Conseil pour demander une réglementation
de la gestion des caisses de pension (2ème
pilier) du domaine privé. J’ai été sensible aussi aux problèmes de circulation à Lausanne,
avec l’augmentation constante des véhicules
à moteur. Le mot-clef de l’époque était la
« fluidité du trafic », au détriment des piétons. Je suis intervenu au nom du POP pour
demander la création de grands parkings
périphériques et un développement intensif
des transports publics. Comme membre de
Je mentionnerai d’abord la campagne de signatures pour l’Appel de Stockholm (1950)
contre les armes atomiques et pour la paix
mondiale. La contribution du parti a été très
importante aussi pour l’introduction du suffrage féminin dans le canton de Vaud. Egalement pour les progrès dans les domaines
des allocations familiales et des vacances. Et
puis il y a eu l’initiative du Parti suisse du Travail « Pour une véritable retraite populaire »
(1971), qui a fait un très bon résultat. Dans
les relations avec les partis frères, le PST
s’est battu pour la souveraineté nationale
complète, par opposition à la «souveraineté
limitée» voulue par Brejnev. En revanche,
nous avons été trop souvent sectaires, persuadés d’être les seuls à avoir raison… Cette
lutte politique a donné un sens à ma vie, mais
rien n’est jamais définitivement acquis ni irréversible. Le POP restera bien vivant tant
qu’il continuera à jouer ce rôle d’aiguillon !
A côté de ses multiples activités politiques
– il est encore très présent aux stands du
POP – Ernest Décosterd est un homme de
culture, en particulier un grand connaisseur
de musique classique et un lecteur passionné. RESISTANCE souhaite un bon 90e anniversaire à ce militant exemplaire resté d’une
étonnante jeunesse– !
Propos recueillis par Pierre Jeanneret
Avec l’initiative « Pour une économie utile à
tous », notre cher viticulteur prend en compte
une approche plus globale et remet en question les fondements même du libre-échange.
L’initiative souhaite réguler les échanges commerciaux par des mesures protectionnistes afin
de favoriser une économie de proximité. Ce
texte donnerait des outils pour lutter contre les
délocalisations et le dumping salarial, en favorisant la production indigène. A l’heure où la
guerre de tous contre tous s’exacerbe, à l’heure
où la crise mondiale ne fait que renforcer les
pratiques économiques les plus cannibales, il
est temps de proposer des amorces de solutions
aux humains en souffrance et à la terre qui les
porte. A l’heure où, en Suisse, quatre exploitations agricoles mettent la clé sous la porte
chaque jour, dimanche compris, pouvons-nous
Qui cree l’argent a
le pouvoir
Les services publics dépendent du pouvoir politique sauf qu’il est esclave du pouvoir monétaire. Car qui crée la monnaie, possède le vrai
pouvoir ! Qui ? Les banques privées, la plupart
du temps.
Comment crée-t-on de la monnaie ? Certaines
croyances parmi les non spécialistes ont la vie
dure, comme par exemple : La masse monétaire serait un gâteau dont on répartirait les
tranches à l’heure du goûter, le fric étant une
denrée matérielle, rare et épuisable, créé par
une banque centrale. C’est faux. Faux aussi
d’imaginer que la masse monétaire est faite
des pièces et des billets enfermés dans nos
portemonnaies. Ces « espèces » représentent
moins du 10% de l’ensemble de la monnaie.
Tout le reste est virtuel.
La masse monétaire est créée à partir de rien,
souvent donc par les banques privées. Le système débute en 1971, lorsque le dollar n’est
plus convertible en or.
Comment ça marche ? Voici :
M. K. Marx, homme solvable, emprunte
100’000 francs à sa banque. La banque ne les a
pas, (peut-être sous une autre forme mais c’est
une autre question) Le banquier prend son
bilan qui comporte deux colonnes : A gauche :
son actif, à droite son passif, soit ses dettes.
Quand M. Marx demande 100’000 francs, le
banquier écrit 100’000 francs sur sa colonne de
droite, c’est à dire sur son passif. Ainsi le banquier reconnaît devoir cette somme à M Marx.
Et bien à ce moment-là… il vient de créer 100
000 francs ! La masse monétaire augmente du
coup de 100 000 francs. C’est de la fausse monnaie, peut-on dire, mais elle fonctionne.
L’argent est donc une dette.
Par ailleurs, de l’autre côté dans la colonne de
gauche à son actif, le banquier note les mêmes
100’000 francs, disant par là: M. Marx me doit
100’000 francs. Le bilan est juste. (Les intérêts ? c’est autre chose.) Donc par un simple jeu
d’écriture, la banque crée de l’argent.
Si l’emprunteur veut des espèces (l’argent du
portemonnaie), l’établissement a une réserve
ou fait jouer des mécanismes bancaires.
Toutefois cette masse monétaire n’est pas infinie. En effet lorsque l’emprunteur rembourse
peu à peu, les deux chiffres (100’000 sur l’Actif,
100’000 sur le Passif) diminuent jusqu’à disparaitre.
Pendant ce temps cette dette va circuler de
banque à banque, via des virements ou des
cartes bancaires. Les cent mille francs vont
passer d’un passif à un autre passif de banque.
Cette dette qui chemine est une promesse de
remboursement que les banques s’échangent
entre elles. L’argent étant virtuel, tout se joue
sur la confiance, valeur en chute libre actuellement et pas par hasard ! Mais c’est une autre
histoire !
De son côté, notre emprunteur investit ses
100’000 francs, s’enrichit, permet aux autres
d’en faire de même, et génère des impôts au
passage. Une richesse bien réelle a été créée.
Voilà un bon système mais aux mains des
banques privées généralement. Or ces banques
sont devenues incontrôlables.
Pour une economie utile a tous !
En novembre 2011, l’association « la Vrille »,
emmenée par le viticulteur genevois Willy
Cretegny, a lancé une initiative fédérale intitulée « Pour une économie utile à tous ». Ce
dernier s’était déjà illustré lors d’une lutte,
malheureusement infructueuse, afin de lancer
un référendum contre le Cassis de Dijon. Pour
rappel, cet accord entre la Suisse et l’Union
européenne permet à de nombreux produits
commercialisés dans l’UE et ne correspondant
pas aux exigences qualitatives des normes de
production helvétiques (sociales, écologiques,
de protection des animaux, ...) d’être vendus
dans notre pays.
PROPRIOS DU SERVICE PUBLIC
nous contenter d’attendre le grand soir ou espérer un approfondissement de la crise ?
Nous pensons que, bien que le protectionnisme ne soit pas une solution définitive à
l’exploitation de l’homme et de la nature, il est
un concept opérant une première remise en
question de la mécanique destructrice du libreéchange. Alors, mettons notre intelligence
et notre imagination en activité pour offrir un
autre monde à nos enfants ! Un monde où la
fraternité l’emporte sur la compétition.
Mais plus fondamentalement pourquoi payer
des « intérêts », comme si ces établissements
– dans ces cas – avaient pris un risque, prêtant
des sommes qu’elles possédaient ou qu’on leur
avait confiées ? Cela renchérit la vie et oriente
forcément les choix politiques.
Et si l’Etat était seul habilité à créer de l’argent,
comme le préconisent certains économistes ?
Rien ne s’y oppose….
Signez l’initiative fédérale « Pour une économie
utile à tous » sur www.economie-utile-a-tous.ch
Pour mieux comprendre ces questions : Les entretiens d’Etienne Chouard (Etienne Chouard
- Argent dette & création monétaire youtube)
ou le livre de Holbecq et Derruder « la dette
publique, une affaire rentable ».
Philippe Somsky
Elisabeth Brindesi

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