Jeudi 10 janvier Christophe Colomb, Paradis perdus Christophe C

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Jeudi 10 janvier Christophe Colomb, Paradis perdus Christophe C
Jeudi 10 janvier
Christophe Colomb, Paradis perdus
Dans le cadre du cycle Terres promises
Du mardi 8 au samedi 19 janvier 2008
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr
Christophe Colomb, Paradis perdus | Jeudi 10 janvier
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Cycle Terres promises
du mardi 8 au samedi 19 janvier
De l’Exode biblique à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb,
de la célébration du « Nouveau Monde » par Dvorák à l’exploration d’autres ailleurs
musicaux : autant de terres promises, littérales ou métaphoriques.
L’Exode biblique raconte l’esclavage des Juifs en Égypte avant qu’ils ne traversent,
sous la conduite de Moïse, la mer Rouge et le désert du Sinaï pour aller vers
la Terre promise. Dans son oratorio créé à Londres en 1739, Haendel donne
à entendre la plainte des Juifs, peint les plaies que Dieu inflige à l’Égypte qui
les opprime et conclut son œuvre par le cantique de Moïse.
MARDI 8 JANVIER, 20H
Georg Friedrich Haendel
Israel in Egypt
The King’s Consort
Matthew Halls, direction
JEUDI 10 JANVIER, 20H
En exergue au beau livre-disque qu’il a réalisé avec Montserrat Figueras, La Capella
Reial de Catalunya et l’ensemble Hespèrion XXI (Christophorus Colombus. Paradis
perdus, Alia Vox, 2006), Jordi Savall citait ces mots du poète espagnol Jorge
Manrique, contemporain de Christophe Colomb : « Ce monde était bon, si nous
savions en faire bon usage. » Pour Jordi Savall, Christophe Colomb n’est pas
seulement « l’amiral qui en 1492 découvre le Nouveau Monde ». Il est aussi le signe
qu’« un nouveau paradis va être transformé ». Combinant des sources historiques,
littéraires et musicales, son spectacle se veut « représentatif de l’émergence d’une
époque de changements, d’un passé lointain mais que nous ne devrions pas oublier ».
Christophe Colomb, Paradis perdus
Hespèrion XXI
La Capella Reial de Catalunya
Jordi Savall, direction, rebab, vielle
Montserrat Figueras, soprano
VENDREDI 11 JANVIER, 20H
En juin 1891, le compositeur tchèque Antonín Dvorák quitte sa terre natale
pour New York. Féru de chemins de fer et de bateaux à vapeur, il est fasciné par
les progrès techniques du Nouveau Monde. Il se passionne pour les musiques des
Indiens et des Noirs, imprégnées d’une nostalgie qui lui rappelle sa propre douleur
d’exilé volontaire. Tourmenté par des sentiments violents et contradictoires,
Dvorák écrit sa neuvième et dernière symphonie.
L’ailleurs n’a pas nécessairement la forme d’une autre terre à conquérir.
Le compositeur japonais Toru Takemitsu (1930-1996) le cherche dans
la contemplation de la pluie : Rain Coming (1982) est porté par une phrase
de la flûte qui se déploie comme des ondes toujours semblables et chaque fois
différentes. Jonathan Harvey (né en 1939), quant à lui, ponctue chacun des douze
mouvements de Bhakti (1982) par une phrase tirée des hymnes védiques.
Mais l’ailleurs, c’est aussi le passé lointain. Le compositeur anglais Julian Anderson
(né en 1967) rend hommage à deux chefs-d’œuvre de l’art médiéval dans Book
of Hours (2004) : Les Très Riches Heures du duc de Berry et La Dame à la licorne.
Écrite en 1768-1769, la Symphonie n° 26 de Joseph Haydn, destinée à célébrer
la Semaine Sainte, fut intitulée Passio et Lamentatio. Même s’il s’agit d’une œuvre
instrumentale, on peut entendre, suggérée, l’évocation du siège, de la prise et
de la destruction de Jérusalem par le roi de Babylone, Nabuchodonosor II.
L’oratorio de Georg Philip Telemann, Das befreite Israel (1759), s’inspire quant
à lui de l’épisode biblique relatant la condition des Juifs en Égypte avant
leur conquête de la Terre promise.
Robert Schumann
Ouverture, Scherzo et Finale op. 52
Konzertstück pour 4 cors et orchestre op. 86
Antonín Dvorák
Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde »
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
David Guerrier, Antoine Dreyfuss,
Emmanuel Padieu, Bernard Schirrer, cors
SAMEDI 12 JANVIER, 11H
Concert éducatif
Antonín Dvorák
Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde »
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
Pierre Charvet, présentation
VENDREDI 18 JANVIER, 20H
Toru Takemitsu
Rain Coming, pour orchestre de chambre
Julian Anderson
Book of Hours, pour ensemble et
électronique
Jonathan Harvey
Bhakti, pour ensemble et bande
quadraphonique
SAMEDI 19 JANVIER, 20H
Joseph Martin Kraus
Symphonie en ut
Joseph Haydn
Symphonie n° 26 « Les Lamentations »
Georg Philip Telemann
Das befreite Israel (Israël libéré)
Orchestre Philharmonique
de Radio France
Giovanni Antonini, direction
Letizia Scherrer, soprano
Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano
Marcus Ullmann, ténor
Klaus Mertens, basse
Pages et Chantres du Centre
de Musique Baroque de Versailles
Olivier Schneebeli, chef de chœur
Ensemble intercontemporain
Susanna Mälkki, direction
JEUDI 10 JANVIER, 20H
Salle des concerts
Christophe Colomb
À l’aube de la Renaissance : temps d’exils et de découvertes
Les musiques arabo-andalouses, juives et chrétiennes de l’ancienne Hesperia jusqu’à la découverte
du Nouveau Monde
Première partie
Durée : 50 minutes.
entracte
Deuxième partie
Durée : 45 minutes.
Solistes :
Montserrat Figueras, chant
Begoña Olavide, chant et psaltérion
Driss El Maloumi, chant et oud
Récitants :
Francisco Rojas (espagnol)
Manuel Forcano (araméen, arabe, nahuatl et latin)
La Capella Reial de Catalunya :
Arianna Savall, Adriana Fernández, sopranos
David Sagastume, contre-ténor
Lluís Vilamajó, ténor
Furio Zanasi, baryton
Daniele Carnovich, basse
Hespèrion XXI :
Pierre Hamon, flûtes à bec, flûte double et ney
Sergi Casademunt, viole de gambe ténor
Fahmi Alqhai, viole de gambe basse
Arianna Savall, arpa cruzada
Dimitri Psonis, santur
Enrique Solinis, vihuela de mano et guitare
Jean-Pierre Canihac, cornet à bouquin
Béatrice Delpierre, chalémie
Stefan Legée, sacqueboute
Josep Borràs, basson, dulciane
Pedro Estevan, percussions
Jordi Savall, rebab, dessus de viole et direction
Ce concert est surtitré.
Fin du concert vers 22h10.
Première partie
Prophétie : Médée (tragédie, acte II, vers 364 à 379) – Sénèque
Chœur : « Tethysque novos detegat orbes » Évocation : « Nunc iam cessit pontus »
Récit : « Venient annis sæcula seris… » (« Vendrán los tardos años… ») – Sénèque, Médée :
texte cité et traduit par Christophe Colomb dans son Livre des Prophéties.
1408, Royaume de l’émir nasride Yusuf III
Récit : Description des beautés de Grenade – Ibn Battûta, Les Voyages, chap. XVI :
Visite au règne nasride de Grenade en 1350.
Musique : Mowachah Billadi askara min aadbi Llama (Instr. – Al-Andalus).
1 451 (octobre), Naissance de Christophe Colomb
Récit : « Ses ancêtres étant du sang royal de Jérusalem… » – Hernando Colomb, Vida del
almirante don Cristóbal Colón, chap. I.
Musique : Strambotto : Anonyme, « O tempo bono » (« Ô temps bénis ») – CMM 132.
1474 (25 juin), Lettre du physicien de Florence, Toscanelli, envoyée au Prince Don Juan
Récit : « Mito ergo sue maiestati cartam, manibus meis factam… » (« J’ai fait de mes
propres mains une carte où sont dessinées… ») – Salvador de Madariaga, Vida del muy
magnífico senõr don Cristóbal Colón, p. 103.
Musique : Basse Danse : Johannes Cornago, Mappa Mundi (Kyrie de la messe Mappa Mundi).
1 480-85, Naufrage au cap de San Vicente
Récit : « L’Amiral partit à la rencontre de quatre grandes galères… » – Hernando Colomb,
Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. V.
Musique : Villancico : Anonyme, « Meis olhos van por lo mare » (« Mes yeux vont vers la
mer ») – CMP 453.
1485, Mariage de Colomb durant son séjour au Portugal
Récit : « Comme il n’était pas très loin de Lisbonne… » – Hernando Colomb, Vida del
almirante don Cristóbal Colón, chap. V.
Musique : Villota : Anonyme XVe siècle, « Dindirindin » – CMM 127.
1 486, Colomb présente son projet aux Rois catholiques
Récit : « Finalement, les souverains se conformèrent à l’usage castillan… » – Hernando
Colomb, Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. LXXXIII.
Musique : Frottola : Josquin des Prés, « In te Domine speravi » (« En toi, Seigneur, j’ai mis
mon espoir ») – CMP 84.
jeudi 10 janvier
Vers la fin de l’Al-Andalus
Récit : « Je suis le jardin qu’a orné la beauté » – Ibn Zamrak, Au temps du roi nasride
Muhammad V (1354-1359), vers 1, 3, 8, 9 et 19. Poème en arabe sur une pierre de l’Alhambra
de Grenade (poème de la salle des Deux Sœurs sur les beautés de l’Alhambra.)
Musique : Nuba (Instr. – Al-Andalus).
1 492 (2 janvier), La conquête de Grenade
Récit : Du départ de l’Alhambra et de comment Grenade se rendit – Andrés Bernáldez (mort
vers 1513, curé et confesseur de la reine Isabelle Ire et de l’inquisiteur général de Castille,
Torquemada), Memorias del reinado de los Reyes católicos, chap. II.
Musique : Romance : Juan del Enzina, ¿Qu’es de ti desconsolado? (Qu’en est-il de toi,
l’inconsolable ?) – CMP.
Musique : Villancico : Juan del Enzina, Levanta Pascual (Lève-toi Pascal, lève-toi) – CMP.
Deuxième partie
La diaspora séfarade
Musique : Anonyme séfarade, Las estrellas de los cielos (viole).
La Sainte Inquisition Musique : Hymne : Johannes Cornago, Patres nostris peccaverunt – CMM 2.
1492 (31 mars), Expulsion des Juifs non convertis
Récit : Édit d’expulsion des Juifs – Joan Coloma (rédaction du secrétaire des Rois
catholiques), à Grenade le 31 mars 1492.
Récit : Prière en araméen : Ha lajmá aniyá – Anonyme séfarade.
Musique : Prière en ladino : Ceci est le pain de l’affliction – Anonyme séfarade de la Hagadá
de la Pâque juive.
Récit : Témoignage de l’expulsion des Juifs – Andrés Bernáldez, Memorias del reinado de
los Reyes católicos.
Musique : Lamentation en hébreu : Anonyme séfarade, Mà didéj? Mà adamélaj (À qui puisje comparer ? À qui ressembles-tu, fille de Jérusalem ?).
1 492 (11-12 octobre), Depuis la caravelle la Pinta, on voit le Nouveau Monde
Musique : Fantaisie (instrumentale) – Luys de Milán.
Récit : Lettre de Colomb aux Rois catholiques (premier voyage) : « C’est ainsi qu’après
avoir mis dehors les Juifs… » – Salvador de Madariaga, Vida del muy magnífico senõr don
Cristóbal Colón, p. 215.
Musique : Anonyme, Voca la galiera (instrumental) – CMM 18.
Récit : « La flotte allait l’une vers l’ouest et l’autre vers le sud-est… » – Christophe Colomb,
Journal de bord.
1502, Conversion forcée de tous les Maures des royaumes de Castille
Récit : « Quand le Roi et la Reine virent que… » – Chronique des rois de Castille, chap.
CXCVI. S’agit-il de la Crónica de los reyes de Castilla de Jofré de Loaysa ?
Musique : Plainte arabo-andalouse XVIe siècle : Nuba Hiyay Msmarqi, Ya muslimin qalbi.
1502, Moctezuma II est élu empereur aztèque
Récit : Poème nahuatl sur la fugacité universelle : ¿Cuix oc nelli nemohua oa in tlalticpac
Yhui ohuaye? (Se peut-il vraiment que l’on vive sur terre ?) – Cantares mexicanos, fol. 17, r.
Musique : quena et tambours amérindiens : Anonyme, Homagio Kogui.
1504, Testament de la reine Isabelle Ire de Castille
Musique : Romanesca (instrumentale) – Anonyme.
Récit : Sur le traitement des Indiens : « Et il ne doit être consenti en aucune façon que les
Indiens… » – Testament de la reine Isabelle dans une réponse de frère Bartolomé de las
Casas au docteur Juan Ginés de Sepúlveda.
Musique : Villancico : Juan del Enzina, Todos los bienes del mundo (Tous les biens de ce
monde) – CMP 61.
1506 (20 mai), Mort de Christophe Colomb à Valladolid
Récit : « En mai 1505, il partit en voyage pour rejoindre la cour du Roi catholique… » –
Hernando Colomb, Histoire de l’Amiral, chap. CVIII.
Musique : Anonyme, Miserere nostri (instrumental) – CMM 106.
Épitaphe : Fragment d’une lettre de l’Amiral
Musique : Luys de Milán, Fantasía I (vihuela).
Récit : « Je ne suis pas le premier Amiral de ma famille ». – Salvador de Madariaga, Vida
del muy magnífico senõr don Cristóbal Colón, p. 60.
Musique : Hymne processionnel en langue quechua : Juan Pérez Bocanegra, Hanacpachap
cussicuinin.
Fin de fête : Miguel de Cervantes, sur la chaconne « Cette Indienne mulâtre qui nous vient
des Indes ».
Musique : Chaconne : Juan Arañés, À la bonne vie.
Conception du programme et sélection des textes et musiques : Jordi Savall
Dramaturgie et textes araméens, hébreux, arabes et nahuatl : Manuel Forcano
jeudi 10 janvier
Paradis perdus
1400 – 1506
Ombres et lumières au siècle de Colomb : l’histoire et la poésie en dialogue avec les
musiques arabo-andalouses, juives et chrétiennes de l’ancienne Hespèria jusqu’à la
découverte du Nouveau Monde
« Ce monde était bon, si nous savions en faire bon usage. »
Jorge Manrique (1440-1479)
Notre passé n’est pas seulement le nôtre. L’espace géographique que notre culture a
occupé durant des siècles contenait en son sein des gens différents, pratiquant d’autres
formes culturelles et religieuses comme, au temps de l’ancienne Hesperia, la musulmane
et la juive. Mais au Moyen Âge – qui fut comme l’époque actuelle, celle des haines
religieuses et de l’incompréhension – le paradis des « trois cultures » de l’Hesperia vint
à se dégrader et pourtant, malgré l’intolérance et les cruautés, Arabes et Juifs habitaient
parmi nous, vivaient comme nous, étaient nous. À la fin du XVe siècle, après la conquête
de Grenade, ils furent expulsés ou convertis au christianisme par décret et leur départ
signifia la fin d’une époque, la perte d’un paradis possible : les textes la dénoncent,
les musiques la pleurent, la mémoire l’illumine et notre conscience la dignifie.
Parallèlement à ces convulsions émerge une figure exceptionnelle, celle de Christophe
Colomb, l’amiral qui, en 1492, découvre le Nouveau Monde. Un nouveau paradis va être
transformé : l’arrivée des colonisateurs est à l’origine, d’une part, de la destruction et
de la perte de nombreuses cultures indigènes et, d’autre part, de la cristallisation d’un
métissage social et culturel fructueux pour le vieux comme pour le nouveau continent.
Les musiques de l’époque ainsi que les différents textes qui jalonnent la biographie de
Christophe Colomb, et spécialement ceux qui furent annotés par lui-même en ses cahiers
– telle la citation prémonitoire du chœur de la tragédie Médée de Sénèque (qui annonce
l’existence d’un monde inconnu au-delà de l’île de Thulé) –, sont des témoignages directs
et révélateurs de toutes ces profondes transformations. De la combinaison de ces sources
historiques et musicales naît un spectacle novateur dans lequel la beauté et l’émotion de la
musique établissent un dialogue expressif avec les textes récités. Certains sont descriptifs,
d’autres poétiques, certains véritablement cruels et d’autres encore plus dramatiques, mais
tous sont profondément représentatifs de l’émergence d’une époque de changements.
La musique nous permet d’approcher avec une intense émotion des chroniques de ce siècle
exceptionnel qui nous montrent l’ambivalence extrême d’une époque à la fois convulsive et
très créative qui, malgré son importante part d’ombre, s’illustra par une brillante floraison
de tous les arts. Écoutons comment les merveilleuses musiques des villancicos et des
romances de cette époque complètent le sentiment douloureux et sincère des chroniques
contemporaines d’Andrés Bernáldez. Les lamentations séfarades, les descriptions d’Ibn
Battûta, le journal de bord de l’Amiral, les édits royaux implacables y dialoguent ainsi avec
le verbe poétique magistral du poète grenadin Ibn Zamrak, sans oublier le merveilleux
poème en langue nahuatl sur la fugacité universelle.
Avec cette proposition, nous désirons non seulement mettre en avant un important
patrimoine musical interprété vocalement et instrumentalement avec des critères
historiques et sur instruments d’époque, mais encore présenter nos hommages aux
principales cultures de cette période. Ainsi, nos musiques de cour conservées sur de
précieux manuscrits sont complétées par des musiques de tradition orale provenant
des cultures arabe et juive et de celles d’un Nouveau Monde aujourd’hui peu connu,
symboliquement évoquées par le son suggestif des diverses flûtes originales des
anciennes cultures amérindiennes. Se souvenir des moments les plus significatifs de
ce siècle n’est pas seulement se joindre à la commémoration du cinquième centenaire
de la mort de Christophe Colomb (1506-2006). Nous voulons aussi, de façon symbolique
et profondément sincère, donner à ce projet le sens d’un geste nécessaire de réparation
envers tant d’hommes et de femmes ayant appartenu à l’une ou l’autre de ces cultures
ou croyances différentes des nôtres, et dont nous n’avons pas été capables de comprendre
et respecter la différence. Les Paradis perdus unissent musique et littérature de l’époque
et nous offrent une frise brève mais intense de ces jours cruciaux de métamorphose
religieuse et culturelle où disparaissait un Vieux Monde et en émergeait un Nouveau.
Le témoignage des textes sélectionnés par Manuel Forcano, récités par lui-même en
langues arabe, hébraïque, araméenne, latine et nahuatl, ou récités par Francisco Rojas
et Núria Espert en castillan, ainsi que les musiques chantées également en latin, hébreu,
arabe, quechua, ladino, castillan, catalan et italien, par Montserrat Figueras, Begoña
Olavide, Lluís Vilamajó et les solistes de La Capella Reial de Catalunya, sont la meilleure
preuve de la richesse culturelle d’une époque qui a vu disparaître ces cultures de nos
horizons et nous rappellent aujourd’hui que le dialogue et la compréhension entre
les différentes religions et cultures sont nécessaires à la préservation et la restauration,
en ce conflictuel XXIe siècle, d’un bagage culturel d’une telle envergure et d’une telle
signification.
Les Paradis perdus rendent hommage à la littérature, à l’histoire et à la musique de
l’ancienne Hesperia et du Nouveau Monde. Pleinement conscients que plus de cinq siècles
nous séparent de ces époques lointaines, nous croyons justement que, de la même manière
que la qualité poétique et la force expressive de l’évocation récitée des événements
les plus dramatiques arrivent à nous ébranler, la beauté et la vitalité de leurs musiques
peuvent aussi nous émouvoir intensément. Nous nous souvenons aussi que, s’il est vrai
que la dimension artistique est toujours intemporelle, toutes ces musiques, leurs formes,
leurs sonorités, en définitive leur style, portent inévitablement en elles les marques de leur
temps. Pour cette raison, nous avons opté pour la juste adéquation historique vocale et
instrumentale, complétée par la capacité d’imagination créative qui caractérise si bien les
solistes vocaux et instrumentaux d’Hespèrion XXI et de La Capella Reial de Catalunya. C’est
aussi pour cette raison que nous avons voulu la présence de solistes spécialisés dans les
traditions orientales et les instruments anciens (flûtes amérindiennes) du Nouveau Monde.
Le poète Jorge Manrique écrivait « Qu’est-ce qui leur fit trouver les musiques
correspondant à celles qu’ils jouaient ? » Avec ce concert, les écrivains, les musicologues,
les récitants, les chanteurs et les instrumentistes qui collaborent à ce projet proposent
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non seulement de donner une réponse à la question du poète mais d’ouvrir une piste de
réflexion. Les musiques vivantes des temps reculés, en accord avec la mémoire de notre
histoire, peuvent se muer en l’âme même d’une vision critique rénovée, d’une vision
humaniste de nos origines. Elles peuvent peut-être aussi nous aider à nous libérer un peu
d’une certaine amnésie culturelle, particulièrement grave quand il s’agit de notre musique.
C’est seulement ainsi, en récupérant et en revitalisant un ancien patrimoine musical tout
en approchant, depuis une perspective différente, l’histoire et le passé, que nous pourrons
imaginer et mieux construire la mémoire du futur.
Jordi Savall
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Le mystère de Christophe Colomb
« L’histoire explique ce qui s’est passé. La poésie, ce qui aurait dû se passer. »
Aristote
Les histoires officielles ne sont pas toujours véridiques. Souvent, l’information est la
victime désemparée de certaines manipulations et pour des convenances soit politiques,
soit économiques, certains faits se transforment ; ainsi, l’histoire présente des énoncés
quelquefois éloignés de ce qui s’est réellement passé. Dans tous les cas, nous sommes
redevables des documents ou de ce qu’il en reste, et c’est seulement à partir de ce qu’ils
disent et de ce qu’ils taisent que nous pouvons reconstruire le passé, à travers les voiles
noirs de l’oubli.
L’histoire de l’amiral Christophe Colomb est un exemple clair de ce type de personnages
dont la vie, dans la version officielle, pose tant de questionnements et présente tant
d’incongruités qu’elle en arrive à susciter des soupçons qui créent autour d’elle une aura
mystérieuse. Il n’est donc pas étonnant que de nombreuses théories se fassent jour et
que l’on spécule sur ses origines, sa filiation, son pays et les circonstances du fait le plus
marquant de sa biographie : la découverte du continent américain en 1492.
La version officielle de la vie de Christophe Colomb le présente comme le fils d’une famille
humble des faubourgs de Gênes dont le père tisserand s’occupait aussi de commerce.
Il semblerait que dans son jeune âge, pour fuir la misère de son milieu, Colomb ait décidé
de s’adonner à la navigation. Ses origines sont de fait obscures et sa véritable histoire
ne commence qu’en 1476 quand, victime d’un naufrage lors d’un combat naval entre
marchands et corsaires, il arrive au Portugal et s’y installe. De façon surprenante, au cours
de l’année 1479, à Lisbonne, il convole en justes noces avec une femme de noble extraction,
Felipa Muñiz, petite-fille du colonisateur portugais des îles de Madère, dont il eut un fils,
Diego. Au Portugal, il s’occupe de marine jusqu’en 1485 et réalise de nombreux voyages
en Méditerranée et sur l’océan Atlantique en se rendant aux îles Canaries, au cap Vert
et aux Açores. Il a également navigué sur la mer du Nord et l’on dit parfois qu’il y aurait
atteint les côtes d’Islande où on l’aurait informé de routes menant vers de nouveaux
territoires à l’ouest.
C’est dans cette ambiance amarinée que Christophe Colomb commença à forger son plan
pour arriver aux Indes et aux territoires du grand khan par l’ouest. Les connaissances
géographiques et mathématiques du médecin florentin Paolo Dal Pozzo Toscanelli, ainsi
que La Description du monde de Marco Polo, le poussèrent finalement à présenter sans
hésitation une proposition dans ce sens. Il la présenta d’abord au roi Jean II du Portugal
en 1484 – qui la refusa – puis, deux ans plus tard, aux rois de Castille et d’Aragon, Isabelle
et Ferdinand, qui ne souhaitèrent pas non plus l’appuyer – tant ils étaient occupés par la
guerre de Grenade. Le projet tomba à l’eau. Il obtint cependant des Rois catholiques une
subvention de la couronne et s’installa dès ce moment dans la ville de Cordoue. Devenu
veuf en 1485, Colomb fit la connaissance de Beatriz Enríquez de Arana, la mère de son fils
Fernando (ou Hernando) qui devait devenir le biographe le plus proche de son père avec
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son ouvrage Vida del almirante don Cristóbal Colón (Vie de l’amiral Christophe Colomb)
dans lequel il exalte – peut-être à l’excès – la figure du conquistador.
De toute manière, Colomb n’était pas disposé à lâcher prise et il persista dans son idée.
Grâce à l’intercession de Hernando de Talavera – alors confesseur de la reine – ainsi que
du puissant duc de Medinaceli, la reine Isabelle (qui prévoyait déjà la chute imminente du
royaume nasride de Grenade) accepta de le recevoir à nouveau et d’écouter ses arguments.
En décembre 1491, Colomb arriva au campement royal de Santa Fe à Grenade et les
négociations commencèrent en vue de l’approbation définitive du projet. Les réticences de
la couronne furent vaincues grâce à l’intervention des convertis Luis de Santángel et Diego
de Deza qui persuadèrent le roi Ferdinand d’Aragon d’accepter les conditions de Colomb.
Les fameuses Capitulaciones de Santa Fe du 17 avril 1492 furent le résultat des négociations
où, grosso modo, Colomb s’engage à concéder aux rois la découverte des terres nouvelles
et obtient en échange le titre d’amiral avec un caractère héréditaire, le titre de vice-roi et
gouverneur général de ces mêmes terres et îles. Il obtient aussi le dixième du produit net
des marchandises achetées, gagnées ou trouvées dans les territoires nouveaux (tandis
que la couronne en garde le cinquième), la juridiction commerciale sur les procès dérivant
des échanges dans la zone de l’exercice de son amirauté, ainsi que le droit de contribuer
pour un huitième à l’expédition, et donc, de participer à ses bénéfices dans les mêmes
proportions. Alors que ces substantielles prébendes étaient obtenues par Colomb, les Rois
catholiques confirmèrent les Capitulaciones à Grenade le 30 avril 1492.
La version officielle nous dit alors que Colomb organisa la première expédition qui partit
du port andalou de Palos de la Frontera le 3 août 1492 et qui ne toucha la terre ferme
(après une longue et inquiétante traversée à travers le désert d’eau de l’Atlantique) que
le 12 octobre. À cette date, les équipages débarquèrent sur l’île de Guanahaní de l’archipel
des Bahamas que l’on baptisa du nom de San Salvador. Ils débarquèrent également sur
l’île de Cuba et sur La Española. Le 25 décembre 1492, la nef capitaine, la Santa Maria,
fit naufrage et avec ses restes fut construit le siège de la première colonie sur la terre
américaine, le fort de La Navidad. Les deux caravelles aux ordres de Colomb revinrent
vers les terres de la péninsule Ibérique, le 15 mars et le 3 avril 1493, pour annoncer
officiellement la découverte. Colomb fut reçu par le roi Ferdinand à Barcelone.
Le second voyage (1493-1496) servit à explorer et coloniser les territoires découverts
et Colomb débarqua à Puerto Rico. Lors du troisième voyage (1498-1500), Colomb était
aux commandes de six bateaux et était accompagné par son ami le frère Bartolomé
de las Casas qui, par la suite, facilita la transcription d’une partie du Journal de Colomb.
Pendant ce voyage sont explorées les îles de Trinidad, Tobago, Granada, la côte du
Venezuela et l’embouchure de l’Orinoco. Lorsqu’il décrit ces territoires, Colomb croit
encore qu’il se trouve sur le continent asiatique. Le 19 août, quand il revient à sa base
de La Española, Colomb se trouve face à une rébellion ouverte des colons et des indigènes.
Certains Castillans, de retour en terres péninsulaires, se dépêchèrent d’accuser Colomb de
mauvaise gestion devant la cour. Les Rois catholiques envoyèrent à La Española un nouvel
administrateur royal, Francisco de Bobadilla, qui, à son arrivée en 1500, arrêta Colomb
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et ses frères et les mit aux fers pour les rapatrier vers la Castille. Pendant le voyage,
Colomb refusa d’être délivré de ses fers ; les mains ainsi liées, il écrivit une longue lettre
affligée aux Rois catholiques. Une fois en Castille, il récupéra la liberté mais il avait perdu
définitivement son prestige et beaucoup de ses privilèges.
Pour son quatrième et dernier voyage (1502-1504) – qu’accompagne son fils Fernando –
Colomb explore les territoires actuels du Honduras, du Nicaragua, du Costa Rica et
du Panama. Deux ans plus tard, le 20 mai 1506, il meurt à Valladolid et est enterré
dans le monastère de la chartreuse de Séville. Dans son testament, rédigé par Pedro de
Inoxedo, greffier de la chambre des Rois catholiques, Colomb est cité avec tous ses titres,
ceux d’amiral, de vice-roi et de gouverneur des îles et de la terre ferme dans les Indes
découvertes ou à découvrir. Son fils aîné Diego est nommé comme héritier de ses titres
de noblesse.
La biographie officielle résumée ici présente divers points difficiles à admettre, qui prouvent,
selon certains historiens, une adultération claire et préméditée de l’histoire. Qui est donc cet
étranger d’humble origine qui ose exiger des Rois catholiques des avantages considérables
et des honneurs démesurés ? Qui pouvait-il bien être pour que, finalement, Leurs Majestés
acceptent de les lui accorder ? À la lumière des dernières recherches réalisées par
d’éminents historiens comme Jordi Bilbeny, Christophe Colomb serait un prince catalan allié
aux familles royales catalanes et portugaises, donc de famille noble, ce qui justifierait les
charges que les rois de Castille et d’Aragon lui concédèrent sans trop de réticences et ce qui
expliquerait également qu’il a épousé une princesse portugaise qui, plus que Felipa Muñiz,
était vraisemblablement Felipa de Coïmbra. L’origine catalane de Colomb s’explique, selon
Bilbeny, à partir d’évidences qui ont été distordues : les Rois catholiques n’auraient jamais
confié à un Génois des charges aussi élevées ni accordé des privilèges aussi importants
à un aventurier aux origines obscures. Tout d’abord, dans le cas où il se serait agi d’un
étranger, il aurait dû se faire naturaliser alors que ce n’était pas nécessaire s’il s’agissait d’un
de leurs sujets et vassaux. Par ailleurs, le titre de vice-roi est un titre propre à l’administration
de la couronne d’Aragon. Les fameuses Capitulaciones le sont aussi, du fait des formes
juridiques utilisées, de leur contenu, des titres accordés à Colomb, des fonctionnaires qui
intervinrent dans leur confection et qui les signèrent, et aussi du fait des archives où elles
sont gardées. Ces archives (l’Arxiu Reial, actuellement l’Arxiu de la Corona d’Aragó dont
le siège est à Barcelone) sont des documents intégralement catalans. D’autre part, les lois
castillanes n’envisageaient pas la possibilité d’accorder des charges à titre héréditaire et
jusque là, il n’existait pas non plus en Castille de titre de vice-roi ni aucune autre institution
qui s’y réfère. S’agissant d’un protocole émanant de la cour et d’un pacte entre roi et sujet,
la forme contractuelle des Capitulaciones était totalement inexistante en Castille. Enfin, le
laps de temps entre les 17 et 30 avril 1492, où s’établirent les Capitulaciones, indique que les
conditions exigées par Colomb furent négociées en Catalogne, où il se trouvait pour préparer
son premier voyage, et elles ne se confirmèrent à Santa Fe (où se trouvaient les rois) que
treize jours plus tard, temps nécessaire au courrier pour aller de Catalogne à Grenade.
14
jeudi 10 janvier
Pour de nombreux historiens, la « catalanité » de Colomb est claire et ne fait pas l’ombre
d’un doute à cause de l’usage de son nom catalan « Colom » qu’en font la plupart des
éditions européennes de la Carta dans laquelle il annonce la découverte. À cela s’ajoute la
multitude de noms catalans avec lesquels il a baptisé la quasi-totalité des nouvelles terres
des Indes où il croyait être arrivé ainsi que les catalanismes évidents dans l’ensemble de
ses écrits et le mot « Almirant » (amiral en catalan) accompagnant sa signature. Même
si Colomb a toujours été considéré comme un étranger en Castille, il se réfère toujours
aux Rois catholiques comme ses « seigneurs naturels », ce qui rend évident qu’il pouvait
seulement appartenir à la couronne d’Aragon. Tout ceci fait tomber de soi-même la thèse
de son origine génoise de même que ses prétendues origines humbles et ses professions
manuelles de tisserand, de lainier ou de tavernier à partir desquelles il n’aurait jamais pu
obtenir les hautes dignités d’amiral, de vice-roi et de gouverneur général des nouveaux
territoires d’outremer. En revanche, il pouvait réunir ces titres sur sa personne en
appartenant à la puissante famille des Colom-Beltran ; ainsi, il dit lui-même « Je ne suis
pas le premier amiral de ma famille » ; en effet, un Colom avait exercé cette charge durant
la guerre civile qui dévasta la Catalogne. La Generalitat s’était soulevée contre le roi Jean
II de la dynastie castillane des Trastámara, père de Ferdinand le Catholique. Cette prise
de position politique de la famille Colom en faveur de la dynastie catalane de la maison
d’Urgell et de sa descendance portugaise, et par conséquent contre les rois d’origine
castillane qui, à partir du Compromis de Caspe de 1413, régnaient en Catalogne, pourrait
expliquer les relations tendues entre Ferdinand II et Christophe Colomb ainsi que la
nécessaire intervention de plusieurs intercesseurs de poids pour convaincre les monarques
catholiques puis négocier les Capitulaciones.
Malgré ces désaccords entre le roi et Colomb, Ferdinand II confirme dans le décret royal
du 29 octobre 1508 (deux ans après la mort de l’explorateur, donc) les titres d’amiral, de
vice-roi et de gouverneur général des Indes de son fils Diego ou Jaume Colomb : « C’est ma
grâce et ma volonté que Jaume Colom, amiral des dites Indes, îles et terre ferme, obtienne
de moi le gouvernement et la charge de juge sur et en elle ». De ces mots, on peut déduire
que l’entreprise de la découverte fut catalane ; cela explique que c’est le roi catalan qui
renouvelle unilatéralement les titres de l’héritier de Christophe Colomb et l’envoie dans
le Nouveau Monde pour que, grâce à ces titres, il le serve comme l’un des officiers de
sa cour. D’où il devient évident, de par la documentation postérieure et de par certaines
gravures, que les caravelles de Colomb ne sont pas parties du port andalou de Palos, mais
du port catalan du même nom, Pals, et avec les pavillons catalans flottant au haut du grand
mât. Et de fait, la puissance maritime de l’époque était celle du royaume de la CatalogneAragon (avec ses possessions en Sardaigne, à Naples, en Sicile et en Grèce) et nullement
celle d’une Castille qui n’avait pas de culture de la mer et restait obsédée par la réduction
définitive du royaume arabe de Grenade à l’agonie.
Au vu de cette documentation digne de foi, certains historiens s’accordent à conclure
que la manipulation de l’histoire de Christophe Colomb par la couronne castillane
est un cas flagrant d’ « historicide ». Quelle en est la cause ? Quels bénéfices en retirait
la Castille ? L’origine catalane de Colomb et l’autorité conférée à la couronne d’Aragon
15
par la découverte du Nouveau Monde plaçait la Castille au second plan au moment de
revendiquer sa part dans la colonisation et dans l’exploitation des nouveaux territoires.
Les richesses qui commencèrent rapidement à affluer du continent américain furent
vite convoitées par tous et un conflit de droits et de revendications entre la Castille
et l’Aragon se fit jour, chacun voulant avoir l’hégémonie sur les territoires américains.
Du temps même de la vie de Christophe Colomb commença une campagne de manipulation
des faits concernant la découverte, les conditions du pacte entre l’Amiral et les Rois
catholiques et la propre biographie de l’explorateur. Les héritiers de Colomb, voyant
qu’on diminuait graduellement leurs privilèges et, de ce fait, les rentes établies par les
Capitulaciones, initièrent une bataille légale constituée d’interminables procès au cours
desquels la couronne castillane s’appropria progressivement leurs pourcentages et
mina leurs privilèges et leurs avantages. Les titres de Colomb qui le plaçaient à la tête
de toute l’aristocratie du royaume finissaient par représenter une menace pour les rois,
d’autant qu’ils commencèrent à nourrir le soupçon que Colomb (allié comme il l’était aux
maisons royales catalane et portugaise) avait peut-être l’intention de fonder une nouvelle
dynastie… Ainsi, dans le portrait de l’Amiral peint par Sebastiano del Piombo en 1519,
Christophe Colomb apparaît représenté avec la main gauche ouverte sur sa poitrine, avec
les doigts écartés, faisant le signe du pentacle (représentation de l’étoile à cinq branches),
un signe cabalistique juif qui signifie l’intériorisation et la méditation, mais qui indique
aussi l’attitude royale, le sceptre de la royauté…Quoi qu’il en soit, les documents en relation
directe avec Colomb ou qui mentionnaient directement sa personne furent manipulés pour
le représenter comme un étranger d’humble extraction à qui ne pouvaient être accordés
tous les privilèges que ses héritiers réclamaient à partir du document controversé des
Capitulaciones.
À l’histoire officielle et aux thèses qui défendent l’origine catalane de l’Amiral s’ajoute
une nouvelle théorie qui convertit le mystérieux Colom ou Colomb en un personnage
d’ascendance juive. Dans une péninsule Ibérique soumise alors aux diktats les plus obscurs
d’une Inquisition qui pourchassait avec opiniâtreté tout ce qui n’était pas pur catholicisme,
beaucoup de familles de convertis cachaient leurs origines pour ne pas éveiller les soupçons.
Ils évitaient ainsi de tomber aux mains de tribunaux qui, pour un rien, envoyaient bien des
innocents gratuitement au fond d’un cachot ou au bûcher.
Les origines mystérieuses de Colomb ont fait croire à beaucoup que le silence autour de
sa naissance exacte se devait au désir de cacher intentionnellement l’origine juive possible
de sa famille. S’il est vrai que cette thèse a bien moins de fondement historique que les
autres, Colomb lui-même se plaît à citer le roi David de la Bible et son Dieu, qui est celui
des Juifs. Les thèses qui judaïsent Colomb le présentent comme le fils d’une famille de
convertis hispaniques installés à Gênes après avoir échappé à l’Inquisition, et il faut bien
reconnaître que, si l’on s’en tient aux sources, le nom italien de Colomb – Colombo – est
assez commun parmi les Juifs italiens de l’époque médiévale tardive. Selon certains
historiens et graphologues, la signature même de l’Amiral, souvent accompagnée de signes
mystérieux et d’initiales d’interprétation délicate, a permis d’évoquer de possibles formules
cabalistiques, bénédictions hébraïques ou invocations au dieu des Juifs. Dans le coin
supérieur gauche des lettres privées de Colomb à son fils Diego apparaît une inscription
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jeudi 10 janvier
particulière qui pourrait bien être la formule de bénédiction juive « B”H », que les Juifs
utilisaient normalement dans leur correspondance et qui résume l’expression hébraïque
« Be-ezrat Ha-Shem », « avec l’aide de Dieu ».
Dans ses écrits, Colomb se montre capable de citer parfaitement la Bible et même de
connaître l’histoire juive. Précisément, quand il parle du premier ou du second temple de
Jérusalem, il le qualifie de « maison », traduction littérale du mot hébreu bayit par lequel
les Juifs se sont toujours référés au sanctuaire en question. Il semble que Colomb ait différé
de façon délibérée le départ de son premier voyage (prévu pour le 2 août 1492) pour le
lendemain afin de ne pas faire coïncider le jour de l’appareillage avec la date fatidique du
calendrier juif du 9 avril que les Juifs commémorent dans les larmes comme étant le jour de
la destruction du second temple de Jérusalem en l’an 70 après J.-C. Il est surprenant, pour
ne pas dire inhabituel, qu’un chrétien laïc manifeste de telles connaissances de l’histoire
du peuple d’Israël, faisant montre ainsi d’une culture personnelle sophistiquée qui ne serait
pas si surprenante chez quelqu’un d’extraction juive. Par ailleurs, Colomb, dans sa lettre aux
Rois catholiques où il explique son premier voyage aux Indes, inclut une référence critique
à l’égard de l’expulsion des Juifs des royaumes d’Aragon et de Castille alors que ce sujet n’a
rien à voir avec le contenu central de sa missive.
Si l’origine juive possible de Colomb n’est que pure spéculation, ce qui est tout à fait clair et
évident est la participation et l’aide enthousiaste de personnages d’origine juive de la cour
catalano-aragonaise, tout spécialement les nobles Luis de Santángel, secrétaire de Ración,
et Gabriel Sánchez, trésorier royal. Ces deux grands personnages, pleinement conscients
de leurs origines juives et dont certains parents étaient poursuivis par l’Inquisition,
offrirent à Colomb leur aide morale et politique et firent pression sur les Rois catholiques
pour les convaincre des mérites du projet de l’Amiral. Le premier voyage de Colomb fut
rendu possible grâce au prêt privé de 1 140 000 meravedís de Luis de Santángel, qui fut
suivi de l’implication de Ferdinand et d’Isabelle dans le parrainage de l’expédition. De
fait, les premières lettres dans lesquelles Colomb relate sa découverte sont adressées,
non pas aux Rois catholiques, mais à ses protecteurs Santángel et Sánchez, et ce sont
ces documents qui, immédiatement publiés et traduits, circulèrent à travers l’Europe et
firent ainsi connaître son exploit. Le deuxième voyage de Colomb – le plus important des
quatre puisque sous ses ordres appareillèrent jusqu’à dix-sept navires – fut intégralement
financé par la vente des nombreuses propriétés juives confisquées depuis l’édit d’expulsion
de 1492. Il est difficile de préciser quelle proportion de l’équipage du premier voyage de
Colomb était d’origine juive, mais à en juger par l’agressive persécution inquisitoriale à
laquelle étaient soumis beaucoup de convertis, il ne serait pas étrange de supposer qu’un
bon nombre de marins l’étaient. Parmi eux émerge la figure de l’interprète Luis de Torres,
un juif qui parlait plusieurs langues, y compris l’hébreu, et qui, pour s’unir à l’expédition,
se convertit juste avant le départ. Luis de Torres ne devait jamais revenir dans la péninsule
Ibérique et devait s’établir à Cuba.
Colomb a dû profiter dans une large mesure des progrès scientifiques dont les Juifs furent
les acteurs durant le bas Moyen Âge dans les domaines de l’astronomie, de la cartographie
17
et de la navigation. Colomb lui-même écrivit que toutes les nations avaient appris des Juifs
les principes de l’astronomie. Des personnages comme Jacob Corsino, Yosef Vecinho et
Abraham Zacuto sont essentiels à l’entreprise de Colomb : Zacuto, rabbin et professeur
d’astronomie et de navigation à l’université de Salamanque, développa l’astrolabe nautique
en cuivre. À partir des tables astronomiques de Corsino, il fit un recueil des fameuses
tables astronomiques – l’Almanach perpetuum – que Colomb emmena dans ses voyages.
C’est le scientifique portugais Yosef Vecinho qui fit la traduction de l’œuvre de Zacuto
en castillan et la remit à Colomb, même s’il est aussi vrai qu’il participait à la Commission
royale qui mésestima dans un premier temps le bien-fondé du plan de Colomb que,
par la suite, les Rois Catholiques devaient parrainer.
D’un point de vue pratique, nous pouvons donc affirmer que les voyages de Colomb
et sa découverte sont dues partiellement aux efforts tant intellectuels que financiers
de personnages d’origine juive. Cette aide directe ou indirecte de certains convertis de
renom au projet de Christophe Colomb a permis que certains historiens juifs, spécialement
le Samson Trust of America, aient cru possible la théorie d’une probable origine marrane
de l’Amiral. Ils se basent en particulier sur les vides de l’histoire castillane officielle
censurée et entrent, malgré tout, en pleine contradiction avec la théorie des origines
nobiliaires catalanes de Colomb.
Si les origines de Christophe Colomb sont problématiques et déformées par la manipulation
des documents, suscitant toutes sortes de spéculations, sa mort s’est vue, elle aussi,
entourée de polémique. Après avoir été enterrée à Séville, selon le souhait de son premier
fils Diego ou Jaume, la dépouille de l’explorateur fut transférée à Saint-Domingue en 1542.
Quand cette île fut conquise par les Français en 1795, ses restes furent amenés à La Havane
puis, après la guerre d’indépendance de Cuba en 1898, ils revinrent à Séville où ils reposent
maintenant dans la cathédrale. Par ailleurs, en 1877 apparut dans la cathédrale de SaintDomingue une caisse en plomb, remplie de poussière et d’ossements, sur laquelle se lisait
l’inscription : « Homme illustre et distingué Christophe Colomb ». Jusqu’en 1992, ces restes
demeurèrent en la cathédrale de Saint-Domingue jusqu’à leur transfert au Faro a Colón
(le Phare de Colomb), un monument pharaonique construit par les autorités dominicaines
afin de rendre hommage aux cendres de l’Amiral. Loin des discussions entre historiens
et des résultats aseptisés des analyses ADN des restes de Colomb, qui devraient
déterminer de façon définitive leurs origines, Jordi Savall et Montserrat Figueras
présentent le trésor de textes et de musiques de tout un siècle, le XVe siècle, dont les
grands protagonistes dans la péninsule Ibérique furent les agents, de façon directe ou
indirecte, de la perte des paradis de la « multi-culturalité » tant dans les royaumes d’Aragon
et de Castille que dans le Nouveau Monde. Le si mystérieux Christophe Colomb – génois,
catalan ou juif –, quel qu’il fût et d’où qu’il vînt, en fut clairement le personnage principal.
Manuel Forcano
Traduction Irène Bloc
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jeudi 10 janvier
Daniele Carnovich
Né à Padoue (Italie), Daniele Carnovich
commence ses études musicales au
Conservatoire de sa ville où il obtient
un diplôme de flûte traversière et
étudie également la composition et
le chant en se spécialisant dans le
répertoire baroque. C’est en 1981 qu’il
commence à se produire dans les
festivals de musique ancienne parmi
les plus renommés en Europe, aux
États-Unis, au Canada, au Mexique,
en Australie, en Israël et en Colombie,
entre autres. Il a ainsi chanté comme
soliste avec des ensembles prestigieux
tels The Consort of Musicke, Il Giardino
Armonico, l’ensemble Chiaroscuro, les
Sonatori della Gioiosa Marca de Trévise,
l’ensemble Elyma, le Concerto Palatino,
l’ensemble Daedalus et les Madrigalistes
de la Radio de Lugano, sous la direction
de chefs aussi renommés que Frans
Brüggen, Philippe Herreweghe, Rinaldo
Alessandrini, Gabriel Garrido, Paul
Angerer, Nigel Rogers, Diego Fasolis,
Andrew Parrot, Alan Curtis et René
Clemencic. Il collabore avec Jordi Savall
dans Hespèrion XXI et La Capella Reial
de Catalunya depuis 1986. Il travaille
également avec les Madrigalistes de
la Radio et de la Télévision Suisse
dans le rôle de Charon dans l’Orphée
de Monteverdi au Liceu de Barcelone
puis au Teatro Real de Madrid. Il a par
la suite enregistré ce rôle pour la BBC
à Londres ainsi que le rôle de Pluton en
2002 à Barcelone. Daniele Carnovich
a enregistré près d’une centaine de
disques chez Decca, Accent, Astrée
(naïve), Glossa, Opus 111, Tactus, Arcana,
Argo, K617, Fontalis, Alia Vox et Naxos,
dont les plus importants sont l’intégrale
des madrigaux de Monteverdi et six
versions différentes de ses Vêpres de
la Vierge. Daniele Carnovich se consacre
également à la didactique musicale
adressée aux enfants : il a enseigné
la musique pendant 20 ans et, en 2001,
a édité pour Mondadori (Italie) un cours
complet d’éducation aux sons et à la
musique pour l’école primaire en deux
volumes.
Adriana Fernández
Née à Buenos Aires, la soprano Adriana
Fernández se consacre dès son plus
jeune âge au chant ; elle est d’abord
soliste du chœur d’enfants du Théâtre
Colón où elle est dirigée entre autres par
Peter Maag (Le Songe d’une nuit d’été
de Mendelssohn, Vêpres solennelles d’un
confesseur de Mozart et L’Enfant et les
italienne depuis 1989, ainsi qu’avec la
Sortilèges de Ravel). Après avoir obtenu
Radio Suisse Italienne en réalisant de
son diplôme de chant au Conservatoire
nombreux concerts, des enregistrements de musique de cette même ville, elle
radiophoniques et télévisés. Depuis
travaille avec Ernst Haefliger, Philippe
1991, il fait partie de La Venexiana, le
Huttenlocher, Aldo Baldin, Heather
plus important groupe polyphonique
Harper et Helmuth Rilling dans le cadre
italien avec lequel il a obtenu des
de l’Académie internationale Bach à
prix prestigieux et notamment le
Buenos Aires. Au cours de sa formation,
Gramophone Award qui a récompensé
parachevée à Genève auprès d’Éric
leur interprétation du Quatrième
Tappy, elle obtient le premier prix de
livre de madrigaux de Gesualdo, en
virtuosité du Conservatoire de Genève.
2001. Spécialisé dans le répertoire du
Adriana Fernández est engagée par
madrigal, il débute en 1993 à l’opéra
Michel Corboz qui lui confie les grandes
19
pages du répertoire : La Passion selon
saint Matthieu, La Passion selon saint
Jean, le Magnificat, l’Oratorio de Noël,
la Messe en si mineur et quelques
cantates de Johann Sebastian Bach ; Le
Messie et La Passion selon saint Jean de
Haendel ; le Psaume 42 de Mendelssohn
et le Stabat Mater de Poulenc. Adriana
Fernández se produit avec l’Ensemble
Vocal de Lausanne au Japon, aux PaysBas, en Espagne, en Israël et en France.
Elle participe à la première Académie
de Verbier en juillet 1994 et travaille
la mélodie française, le lied et l’opéra
avec Barbara Hendricks, Nicolaï Gedda
et Roger Vignoles. Elle fait partie de
l’Ensemble Elyma (Genève), participe
à de nombreuses productions et aux
enregistrements pour le label K617 de la
série Les Chemins du baroque dédiée au
répertoire baroque latino-américain, des
Vêpres de saint Jean-Baptiste de Ceruti,
du Phénix du Mexique de Juana Inés
de la Cruz. Elle enregistre également la
Daphne de Gagliano, Orphée, Le Retour
d’Ulysse dans sa patrie, Les Vêpres de la
Vierge et Le Couronnement de Poppée
de Monteverdi. Ces disques ont reçu
des critiques élogieuses ainsi que des
prix importants. Adriana Fernández a
participé à plusieurs productions du
Grand Théâtre de Genève : Louise de
Charpentier, Les Noces de Figaro de
Mozart et La Damnation de Faust de
Berlioz, entre autres. Elle a collaboré
avec l’Orchestre de la Suisse Romande,
l’Orchestre de chambre de Genève,
l’Orchestre de chambre de Lausanne,
l’Orchestre du Festival de Verbier, entre
autres formations, sous la direction
d’Amin Jordan, John Nelson et Kurt
Masur.
Montserrat Figueras
Montserrat Figueras est l’une des
références essentielles et la principale
interprète d’un vaste répertoire vocal
des époques médiévale, renaissante
et baroque. Née à Barcelone dans une
famille de mélomanes, elle collabore
dès son plus jeune âge, avec Enric
Gispert et Ars Musicae. Elle étudie le
chant avec Jordi Albareda et suit des
cours d’interprétation dramatique.
Depuis 1966, elle étudie les anciennes
techniques de chant, des troubadours
au baroque, développant ainsi
un concept très personnel nourri
directement aux sources originelles,
historiques et traditionnelles, en marge
des influences post-romantiques.
À partir de 1967, une union artistique
et humaine s’établit avec Jordi Savall,
tout particulièrement fructueuse dans
différentes activités pédagogiques,
de recherche et de création. De cette
collaboration, une empreinte mutuelle
et réciproque va naître, particulièrement
évidente dans le développement
dans son interprétation, où la beauté
et l’émotion de la voix – expression
humaine par excellence – récupèrent
l’équilibre nécessaire entre le chant et
la déclamation, donnant la priorité à
la projection poétique et spirituelle du
texte. Entre 1974 et 1989, Montserrat
Figueras participe à la fondation des
ensembles Hespèrion XX, La Capella
Reial de Catalunya et Le Concert des
Nations. Elle aborde, avec eux et en
tant que soliste, la récupération d’un
patrimoine exceptionnel et éclectique.
Grâce à une merveilleuse interprétation,
Montserrat Figueras avec Jordi Savall
met à l’ordre du jour bien des œuvres
injustement oubliées. On se souvient
tout spécialement de ses interprétations
magiques du très ancien Chant de la
Sybille, ou des plus récentes Ninna Nanna,
Misteri d’Elx et Isabel I de Castille, ou
encore de ses interventions cruciales
dans les albums Diaspora Sefardí (1999),
Battaglie & lamenti de Monteverdi, Peri,
Fontei et Strozzi (2000), Don Quijote
de la Mancha: Romances y Músicas
d’un style d’interprétation novateur.
En réussissant à combiner une parfaite
fidélité aux sources historiques et
une extraordinaire capacité créative
et expressive, Montserrat Figueras et
Jordi Savall ont marqué l’évolution
de tout le mouvement de la musique
historique. En 1968, elle termine à Bâle
(Suisse) ses études avec Kurt Widmer,
Andrea Von Rahm et Thomas Binkley
à la Schola Cantorum Basiliensis et
à la Musikakademie. Dès les années
soixante-dix, Montserrat Figueras
ouvre une nouvelle voie, car dans
cette génération de musiciens, il était
évident que la musique vocale d’avant
1800 avait besoin d’une nouvelle
approche technique et stylistique
(2005), Christophorus Columbus et Los
paraísos perdidos (2006). Montserrat
Figueras se produit régulièrement
dans les principaux festivals d’Europe,
d’Amérique ou d’Orient. Parmi les plus
de 70 CDs que Montserrat Figueras a
enregistrés, nombreux sont ceux qui
ont reçu de prestigieuses distinctions,
comme le Grand Prix de l’Académie du
Disque Français, Edison Klasik, Grand
Prix de la Nouvelle Académie du Disque
et Grand Prix de l’Académie Charles
Cros ; elle a été nominée aux Grammy
Awards (2001 et 2002) et a reçu en 2003
le titre d’« Officier de l’ordre des Arts et
Lettres » de l’état français. Ce disque s’est
vu saluer de façon inconditionnelle par la
critique tant nationale qu’internationale.
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Avec Jordi Savall, ils ont été nommés fin
2007, « Artistes pour la Paix » dans le
cadre du programme des « Ambassadeurs
de bonne volonté » de l’UNESCO. Elle a
publié récemment chez Alia Vox l’album
Lux Feminae, un hommage à la femme et
à son histoire dans un parcours à travers
ses différentes facettes allant du Moyen
Age à la Renaissance.
Manuel Forcano
Né en 1968 à Barcelone, Manuel Forcano
est poète. Il a été professeur d’hébreu
et d’araméen à l’Université de Barcelone.
D’inspiration classique, sa poésie est en
même temps d’une grande actualité ; elle
a été très bien accueillie par la critique
car il en émane une simplicité qui ne
néglige nullement la complexité des
concepts ni les références culturelles.
Nombre des œuvres de Manuel Forcano
ont reçu un prix, ainsi Corint (2000, Prix
des jeux floraux de Barcelone), Com un
persa (2001, Prix international Tívoli
Europe Giovanni en 2002) et El Tren
de Bagdad (2003, Prix de poésie CarlesRiba). Sa connaissance des langues
sémitiques a fait de lui un traducteur
spécialiste des poésies hébraïques.
Il a notamment traduit de façon
remarquée les poètes israéliens Yehuda
Amichai, Pinjas Sadé et Ronny Someck.
Avec le livre d’Yehuda Amichai, Clavats
a la carn del món, il a obtenu les prix de
la Critique Serra d’or et du Cheval vert
de la traduction, en 2002, qui lui ont été
remis par l’Association des écrivains
de langue catalane. Els viatges d’Ibn
Battûta (Les Voyages d’Ibn Battûta)
est sa dernière œuvre traduite
de l’arabe en collaboration avec
la spécialiste Marguerite Castells ;
la traduction vient de recevoir, en 2006,
le Prix de la critique catalane.
jeudi 10 janvier
Begoña Olavide
Begoña Olavide jouit d’une renommée
internationale tant comme interprète
que comme pionnière de de la
redécouverte du psaltérion. Après avoir
été diplômée du Conservatoire de Madrid
en interprétation et en enseignement de
la flûte, elle poursuit sa spécialisation
en Hollande, en ex-Yougoslavie et en
Espagne. Par ailleurs, elle s’initie au
Maroc aux techniques vocales (quanún)
et à la théorie de la musique araboandalouse et maghrébine. Begoña
Olavide a travaillé dans diverses
productions de théâtre, de cinéma
et de documentaires et a participé à
l’enregistrement de disques avec divers
ensembles. En tant que soliste, elle
a collaboré avec l’Orchestre national
d’Espagne, le Royal College of Music
de Londres, l’Orchestre de chambre
Reina Sofía, l’Orchestre Baroque,
l’Orchestre symphonique de Madrid
(Orchestre Arbós) et l’Orchestre de la
ville de Grenade, entre d’autres. Elle a
aussi travaillé avec divers ensembles de
musique ancienne, tels Atrium Musicae
(Madrid), SEMA (Séminaire d’Études de
Musique Ancienne), Pro Música Antiqua
de Madrid et la Camerata Iberia, mais
aussi avec des ensembles de musique
contemporaine, de musique du monde
ou de fusion, tels que Babia et Alquibla.
Elle a fondé le groupe Cálamus qui,
à une certaine époque, a contribué
à rapprocher du panorama culturel
espagnol la tradition arabo-andalouse
oubliée. Ses nombreuses tournées l’ont
menée à travers toute l’Europe, dans le
mode arabe, aux États-Unis, au Canada,
en Amérique latine, au Japon et en
Israël. Actuellement, elle se produit
régulièrement avec Jordi Savall au sein
d’Hespèrion XXI et, en collaboration
avec le luthier Carlos Paniagua, fait
des recherches sur le psaltérion et ses
techniques de construction et de jeu à
travers diverses périodes de l’histoire.
Enfin, elle dirige le groupe Múdejar
qu’elle a fondé en 1994 et qui s’est
spécialisé dans l’interprétation de la
musique ancienne espagnole.
Francisco Rojas
Diplômé d’interprétation de l’École
royale supérieure d’art dramatique
de Madrid, Francisco Rojas a également
suivi des cours au Teatro de La
Abadía de Madrid. Il a interprété de
nombreux rôles du répertoire espagnol
parmi lequel El amor enamorado,
Fuenteovejuna, No son todos ruiseñores,
Peribáñez y el comendador de Ocaña
et La bella Aurora de Lope de Vega,
El castillo de Lindabridis de Calderón
de la Barca, La gran sultana de Miguel
de Cervantes, Los mal casados de
Valencia de Guillem Castro, La Celestina
de Fernando Rojas, Los motivos de
Anselmo Fuentes de Yolanda Pallín,
Madrugada d’Antonio Buero Vallejo,
Animales nocturnos de Juan Mayorga
et la zarzuela en deux actes, Cádiz, de
Chueca et Valverde. Dans le répertoire
étranger, Francisco Rojas a joué dans
Don Juan ou le Festin de pierre de
Molière, La Nuit des rois et Hamlet de
Shakespeare, Noises Off de Michael
Frayn, Androclès et le lion de Bernard
Shaw, Beyond Therapy de Christopher
Durang et Les Amours d’Anatole d’Arthur
Schnitzler. Francisco Rojas a ainsi
collaboré à plusieurs reprises avec la
Compagnie Joven Escena, la Compagnie
nationale de théâtre classique d’Espagne
(CNTC), le Théâtre de la Generalitat de
Valence, Focus, la Compagnie de théâtre
Noviembre, la Compagnie Manuel de Blas
21
et Escena Abierta, entre autres. Parmi
les metteurs en scène qui l’ont dirigé,
retenons Vicente Fuentes, Juan Pastor,
Adolfo Marsillach, Luis Blat, Hermann
Bonnín, Gustavo Tambascio, Alexander
Herold, Eduardo Vasco, Charo Amador,
Luis d’Ors, Tomás Muñoz, Manuel de
Blas, Jean-Pierre Miquel et José Luis
Alonso de Santos.
David Sagastume
Né en 1972 à Vitoria-Gasteiz, capitale de
l’Alava au pays basque, David Sagastume
étudie le violoncelle au Conservatoire
supérieur de musique Jesús Guridi.
Pour son examen final, il reçoit le prix
extraordinaire dans cette spécialité.
Parallèlement, il suit des études de
piano, de viole de gambe et de clavecin
et s’initie à la composition. Il poursuit
des études générales tout en menant
une carrière d’instrumentiste en tant
que membre de l’Ensemble instrumental
Jésús Guridi avec lequel il se produit en
de nombreuses occasions à travers tout
le pays basque. Durant plusieurs saisons,
il appartient à l’Orchestre des jeunes
d’Euskalerria (EGO) et travaille de façon
régulière avec l’Orchestre symphonique
Euskadi. En même temps, il travaille sa
voix dans le registre de contre-ténor
auprès des professeurs Isabel Alvarez,
Richard Levitt et Carlos Mena. Il continue
actuellement ses études avec ce dernier.
David Sagastume chante fréquemment
avec La Capella Reial de Catalunya sous
la direction de Jordi Savall et avec La
Capilla Peñaflorida. Il participe en tant
que soliste à de nombreux concerts et
enregistrements discographiques, dans
divers festivals nationaux et étrangers.
Arianna Savall
Née à Bâle (Suisse) en 1972 au sein d’une
famille de musiciens catalans, Arianna
Savall Figueras commence l’étude de
la harpe classique avec Magdalena
Barrera et, en 1991, débute parallèlement
ses études de chant avec Maria Dolors
Aldea au Conservatoire de Terrassa, où
elle termine ses études de chant et de
harpe. En 1982, elle commence à étudier
l’interprétation historique avec Rolf
Lislevand au Conservatoire de Toulouse
(France) et suit différents cours avec
Andrew Lawrence- King, Hopkinson
Smith et ses parents Montserrat
Figueras et Jordi Savall. En 1996, elle
retourne en Suisse à la Schola Cantorum
Basiliensis pour se perfectionner en
chant avec Kurt Widmer et se spécialise
alors dans les harpes historiques avec
Heidrun Rosenzweig. En 2000, elle
chante pour la première fois un opéra
baroque au Théâtre de Bâle, Opera
Seria (Vienne 1769) de Florian Leopold
Gassman, sous la direction de Carlos
Harmuch. En 2002, elle poursuit en tant
que chanteuse au Gran Teatre del Liceu
de Barcelone avec l’Orfeo de Claudio
Monteverdi dans le rôle d’Eurydice
et sous la direction de son père,
Jordi Savall, opéra enregistré
en DVD par la BBC et opus arte.
La critique loue le spectacle comme
l’une des plus belles et magiques
versions de l’Orfeo. Elle interprète
le rôle de Casilda dans l’Opéra Arianna
un pasticcio de Haendel (Bâle), participe
au spectacle Sueños y Folías en tant
que chanteuse et harpiste et chante
Celos aún del ayre matan, un opéra
de Juan Hidalgo (Barcelone, Vienne).
En 2004, elle chante lors du concert
dédié à M.A. Charpentier à Versailles,
enregistré par MEZZO et Membra Jesu
de Buxtehude à Graz (Autriche). À partir
de 1997, elle collabore aux concerts
et enregistrements d’HespèrionXXI,
et grave son premier disque, où elle
accompagne Montserrat Figueras à la
harpe, Tonos Humanos de José Marin
(Alia Vox) qui obtient le Diapason
d’or. Elle participe à de nombreux
enregistrements d’Alia Vox en tant que
chanteuse et harpiste. Parallèlement,
elle travaille avec Mala Punica Helas Avril
(Erato), avec Ricercar Consort Sopra
la Rosa (Mirare), avec Rolf Lislevand
Alfabeto (Naïve), avec Pedro Estevan
El aroma del tiempo (Glossa), avec
Il Desiderio Joyssance vous donneray
(Aelus), et chante comme soliste
dans Les Vêpres de Monteverdi avec
La Fenice. Elle travaille avec des
personnalités comme le compositeur
suisse Conrad Steinmann Melpomen
(Harmonia Mundi), Rolf Lislevand pour
Nuove musiche (ECM, 2006), la
compositrice estonienne Helena Tulve
avec qui elle prépare divers projets.
En tant que chanteuse et harpiste, elle
interprète ses compositions sur son
premier disque en solitaire Bella Terra
(Alia Vox). De nombreux festivals la
programment avec son ensemble : Sfinks
(Belgique, 2004), Stimmenfestspiele
(Suisse, 2005)... Elle poursuit des études
supérieures à l’ESMUC (Conservatori
superior de música de Barcelona) sur la
harpe baroque espagnole avec Andrew
Lawrence-King. Elle se produit en
Europe, en Scandinavie, aux États-Unis,
en Amérique du Sud, en Australie, au
Japon, en Nouvelle-Zélande et en Israël.
22
Jordi Savall
Dans l’univers de la musique
actuelle, Jordi Savall tient une place
exceptionnelle. Depuis plus de trente
ans, il fait connaître au monde des
merveilles musicales abandonnées dans
l’obscurité et l’indifférence : jour après
jour, il les lit, les étudie, et les interprète,
avec sa viole de gambe ou comme chef
d’orchestre. C’est un répertoire essentiel
rendu à tous les mélomanes curieux
et exigeants. Un instrument, la viole
de gambe, d’un raffinement au-delà
duquel il n’y a que le silence,
a été soustrait aux seuls « happy few »
(cercle intime) qui le révéraient.
Avec trois ensembles musicaux fondés
avec Montserrat Figueras : Hespèrion,
La Capella Reial de Catalunya et
Le Concert des Nations, les deux
interprètes créent un univers rempli
d’émotions et de beauté, offert à tous
les passionnés de musique. Le monde
entier les salue à travers leurs concerts
et leurs productions discographiques,
comme les principaux défenseurs de
tant de musiques oubliées. Jordi Savall
est l’une des personnalités musicales
les plus polyvalentes de sa génération.
Concertiste, pédagogue, chercheur et
créateur de nouveaux projets musicaux
et culturels, il se situe parmi les acteurs
essentiels de l’actuelle revalorisation de
la musique historique. Sa participation
fondamentale au film d’Alain Corneau
Tous les matins du monde (César de
la meilleure bande-son), son intense
activité de concerts (environ 140 par
an), sa discographie (6 enregistrements
par an) avec la création d’Alia Vox – son
propre label d’édition – nous prouvent
que la musique ancienne n’est en rien
élitiste et qu’elle peut intéresser, dans
le monde entier, un public chaque fois
jeudi 10 janvier
plus jeune et plus nombreux. Comme
bien des musiciens, Jordi Savall a
commencé sa formation à six ans au
sein d’un chœur d’enfants à Igualada
(Barcelone), sa ville natale, la complétant
par des études de violoncelle, terminées
au Conservatoire de Barcelone (1964).
En 1965, il commence en autodidacte
l’étude de la viole de gambe et de la
musique ancienne (Ars Musicæ), et se
perfectionnera à partir de 1968 à la
Schola Cantorum Basiliensis (Suisse).
En 1973, il succède à son maître August
Wenzinger à Bâle, y donne des cours
et des master-classes. Au cours de sa
carrière, il a enregistré plus de 170 CDs.
Parmi les distinctions qu’il a reçues,
il faut souligner : Officier dans l’Ordre
des Arts et Lettres (1988), la Creu de
Sant Jordi (1990), Musicien de l’année
au Monde de la Musique (1992) et
Soliste de l’année des Victoires de la
Musique (1993), Médaille d’Or des BeauxArts (1998), Membre d’honneur de la
Konzerthaus de Vienne (1999), Docteur
Honoris Causa de l’Université Catholique
de Louvain (2002) et de l’Université de
seulement été récompensé dans la
catégorie « Musique ancienne », mais
il a aussi créé l’événement en étant élu
« Disque de l’année ». Dans l’ouvrage
Lachrimæ Caravaggio, s’unissent de
façon novatrice, la littérature, la musique
et la peinture en un CD dédié à ce
peintre génial et infortuné ; 7 larmes et 7
stances avec de la musique de l’époque
et de Jordi Savall, sont un contrepoint
musical à sa vie, telle une « bande
originale imaginaire », et en même
temps 7 de ses dernières peintures sont
commentées par Dominique Fernandez
de l’Académie Française.
Lluís Vilamajó
Né à Barcelone, le ténor Lluís Vilamajó
commence ses études musicales à
la Escolania de Montserrat et les
poursuit au Conservatoire supérieur de
musique de Barcelone. Il étudie le chant
avec Margarita Sabartés et travaille
actuellement avec Carmen Martínez.
Il est également membre de La Capella
Reial de Catalunya, d’Hespèrion XXI
(direction Jordi Savall) et chante avec
Barcelone (2006), Victoire de la musique Al Ayre Español (direction Eduardo
López Banzo). Il collabore avec
pour l’ensemble de sa carrière (2002)
et en 2003, la Médaille d’Or
des formations telles l’ensemble
du Parlement de Catalunya, le
La Romanesca (direction José Miguel
Prix d’Honneur de la Deutsche
Moreno) et Les Sacqueboutiers de
Schallplattenkritik. Récemment,
Toulouse avec lesquels il réalise des
il vient d’être nommé « Ambassadeur
concerts et des enregistrements dans
de l’Union Européenne pour un dialogue différents auditoriums européens,
interculturel » (année 2008) et avec
américains, mexicains et israéliens.
Montserrat Figueras ils ont été nommés En tant que soliste, il a interprété des
« Artistes pour la Paix » dans le cadre
œuvres telles que Les Vêpres de la
du programme des « Ambassadeurs
Vierge de Monteverdi, le Magnificat,
de bonne volonté » de l’UNESCO.
La Passion selon saint Matthieu,
Plusieurs « Midem Classical Awards »
La Passion selon saint Jean et la Messe
lui ont été décernés (1999, 2000, 2003, en si mineur de Johann Sebastian Bach,
2004, 2005, 2006). En 2006, l’album
le Requiem de Mozart, la Messe de Gloria
« Don Quichote de la Mancha » a non
de Puccini, La Création de Haydn,
23
Le Messie de Haendel et L’Enfant
prodigue de Debussy. Il a été dirigé
par Salvador Brotons, Pierre Cao, Jordi
Casas, Juan José Mena, Antoni Ros
Marbà, Andrew Parrot, Jordi Savall,
Manel Valdivieso, Laszlo Heltay, Rinaldo
Alessandrini, Eric Ericson et Attilio
Cremonesi. Il a par ailleurs réalisé
plusieurs enregistrements pour Astrée
(naïve), Alia Vox, Fonti musicali, Sony
Classical, harmonia mundi, Accord,
Discant et Cantus.
Furio Zanasi
Dès le début de sa carrière de baryton,
Furio Zanasi se consacre avec passion
à la musique ancienne, interprétant
un répertoire qui s’étend du madrigal
à l’opéra en passant par la cantate
et l’oratorio. Il a collaboré avec de
nombreux ensembles de renommée
internationale tels Hespèrion XX
et Hespèrion XXI, La Cappella della
Pietà de’ Turchini, Daedalus, Elyma, le
Collegium Vocale de Gand, Concerto
Italiano, entre autres, sous la direction
de chefs tels que Jordi Savall, René
Jacobs, Alan Curtis, Gabriel Garrido,
Ivor Bolton, Reinhard Goebel, Thomas
Hengelbrock, Philippe Herreweghe,
Rinaldo Alessandrini, Alessandro De
Marchi, Andrea Marcon, Ottavio Dantone,
Riccardo Chailly et Maurizio Pollini. Il
participe ainsi à des manifestations en
Italie (Septembre musical de Turin, le
Festival Romaeuropa à Rome, Musica
e poesia a San Maurizio à Milano,
Auditorium de Milan, à l’Automne
musical de Côme, aux festivals de
Crémone, de Ravenne et de clavecin à
Rome, aux Fêtes musicales de Bologne,
à l’Académie philharmonique de Rome,
à l’Académie sainte Cécile de Rome,
à l’Académie Chigiana de Sienne,
à Trente et à Venise, entre autres)
ainsi qu’à l’étranger (Saint-Sébastien,
Utrecht, Anvers, Bruges, Stuttgart,
Ségovie, Ascona, Locarno, Prague, La
Chaise-Dieu, Beaune, Caen, Versailles,
Arsenal de Metz, Ribeauvillé, Ambronay,
Folle Journée de Nantes, Théâtre des
Champs-Élysées et Opéra Garnier à
Paris, Festival Lufthansa à Londres,
festivals de Salzbourg, d’Innsbruck,
Concertgebouw d’Amsterdam,
Konzerthaus de Vienne, Fondation
Gulbenkian et tour de Belem à Lisbonne,
Berkeley, Carnegie Hall de New York,
Kioi Hall de Tokyo, ainsi qu’en Bolivie,
au Brésil, au Mexique et en Argentine,
notamment). Après avoir débuté
dans le rôle de Marcello dans
La Bohème au Théâtre de Rieti, il chante
à l’Opéra de Rome, au Teatro Bellini
de Catane, au Teatro Nuovo de Spolète,
au Teatro Massimo de Palerme,
au Teatro Ponchielli de Crémone,
au Teatro Piccinni de Bari, à Messine,
à la Semperoper de Dresde, au Liceu
de Bercelone, de Bâle et au théâtre
Regio de Turin, au Mai musical de Turin,
à la Fenice de Venise, au San Carlo de
Naples, au Teatro de la Zarzuela de
Madrid, au Grand Théâtre de Bordeaux,
à la Staatsoper de Berlin, à la Staatsoper
de Hanovre, à La Monnaie de Bruxelles,
au Teatro Colón de Buenos Aires et
enfin au Lincoln Center de New York.
En outre, Furio Zanasi se dédie avec
bonheur au répertoire de musique de
chambre, privilégiant le lied allemand.
Il a enregistré pour la RAI, la RSI, la BRT,
la BBC, l’ORF, Radio France et la Radio
vaticane. Il a enregistré pour les labels
Nuova Era, Symphonia, Stradivarius,
Accord, Divox , Arts, ClassicO, Chandos,
Bongiovanni, Naxos, Amadeus, Zig-Zag,
naïve, Alia Vox, harmonia mundi, Opus
111, Virgin et K617. Il interprète également
le personnage d’Orphée dans l’opéra
éponyme de Monteverdi enregistré
par Opus Arte.
Hespèrion XXI
Dans l’Antiquité, on appelait Hesperia
les deux péninsules les plus occidentales
d’Europe, l’Italienne et l’Ibérique. En grec
ancien, Hesperio signifiait « originaire de
l’une de ces deux péninsules ». C’était
aussi le nom qui était donné à la planète
Vénus quand elle apparaissait la nuit, à
l’occident. Unis par une idée commune
– l’étude et l’interprétation de la musique
ancienne à partir d’un positionnement
à la fois original et actuel – et fascinés
aussi par l’immense richesse du
répertoire musical hispanique et
européen d’avant 1800, Jordi Savall,
Montserrat Figueras, Lorenzo Alpert
et Hopkinson Smith fondèrent en 1974
l’ensemble Hespèrion XX. Tout au long
de ses 30 années d’existence et avec
la collaboration de grands interprètes,
cet ensemble a sauvé de l’oubli de
nombreuses œuvres et de nombreux
programmes inédits, contribuant
ainsi à une importante revalorisation
des aspects essentiels du répertoire
médiéval, renaissant et baroque. Depuis
sa fondation, Hespèrion XX donne de
très nombreux concerts dans le monde
entier et participe régulièrement
aux principaux festivals de musique
internationaux. Aux portes du nouveau
millénaire, Hespèrion continue d’être un
outil de recherche « en direct » ; c’est ce
qui a été signifié par le changement de
siècle apparu en son nom, dorénavant
Hespèrion XXI depuis l’an 2000.
Cette formation a décidé de ses choix
artistiques de manière très éclectique,
les fondant sur la recherche d’une
24
synthèse dynamique entre expression
musicale, connaissances stylistiques
et historiques, et imagination créative
chez ces musiciens du XXIe siècle.
L’entreprise consistant à reconstruire
la richesse exubérante de la musique
d’autres époques est séduisante,
particulièrement concernant la musique
de siècles lointains (du Xe au XVIIIe),
et elle a introduit un air nouveau
dans les propositions actuelles. Grâce
au dynamisme et à l’ardeur de ses
différents musiciens, Hespèrion XXI a
su conquérir l’Europe des nations en
faisant revivre ses trésors musicaux
de grande valeur. Avec ce bagage, il a
parcouru les pays européens, le Nouveau
Monde, le Proche et l’Extrême-Orient.
Les disques et les interprétations en
direct d’Hespèrion XXI ont permis de
redécouvrir les chants judéo-chrétiens
du répertoire séfarade, le Siècle d’or
espagnol, les madrigaux de Monteverdi
et les Villancicos créoles d’Amérique.
Parmi tous les enregistrements publiés,
il faut remarquer Cansós de trobairitz,
El Llibre Vermell de Montserrat, Diáspora
Sefardí, Música napolitana, Música en el
tiempo de Cervantes, El barroco español,
Ostinato, mais aussi leurs productions
monographiques sur Giovanni Gabrieli,
Frescobaldi, Scheidt, Lawes, Juan
Cabanilles, François Couperin et Johann
Sebastian Bach, ainsi que leurs derniers
enregistrements d’œuvres d’Alfonso
Ferrabosco, de la musique du temps
d’Isabelle Ire reine de Castille, et les
disques Altre Follie, Orient-Occident et
La Route d’Orient de Francisco Javier,
chez Alia Vox. Ils sont les meilleurs
témoignages de la richesse musicale
offerte par Hespèrion XXI.
jeudi 10 janvier
La Capella Reial de Catalunya
Convaincus de l’influence déterminante
que les racines et les traditions
culturelles d’un pays exercent toujours
dans l’expression de son langage
musical, Montserrat Figueras et Jordi
Savall fondent, en 1987, La Capella Reial.
C’est l’un des premiers groupes vocaux
dédiés à l’interprétation des musiques
du Siècle d’or sur des critères
historiques, mais aussi un des premiers
groupes qui soit exclusivement
composé de voix hispaniques et latines.
Cette nouvelle « Chapelle Royale »,
appelée depuis 1990 La Capella Reial
de Catalunya, est née sur le modèle
des célèbres chapelles royales pour
lesquelles les grands chefs-d’œuvre
des musiques sacrées et profanes
de la péninsule Ibérique furent créés.
Elle est le fruit de plus de 13 années de
travail de recherche sur l’interprétation
dans le cadre de la musique ancienne.
Sous la direction de Jordi Savall,
La Capella Reial de Catalunya développe
une intense activité de concerts et
d’enregistrements et participe dès sa
fondation aux principaux festivals de
musique du monde entier. Son répertoire
et ses principaux enregistrements,
publiés en 25 disques, vont des Cantigas
de Alfonso X el Sabio et El Llibre Vermell
de Montserrat au Requiem de Mozart,
en couvrant aussi les Cancioneros del
Siglo de oro et les grands maîtres de
la Renaissance et du baroque tels Mateo
Flecha, Cristóbal de Morales, Francisco
Guerrero, Tomás Luis de Victoria,
Joan Cererols, Claudio Monteverdi,
Heinrich Ignaz Franz von Biber et Narcís
Casanovas, le Misteri d’Elx, Isabelle Ire
de Castille et plus récemment les Vêpres
de la Vierge de Monteverdi, entre autres.
Il faut souligner la participation de
l’ensemble à la bande originale du film
Jeanne La Pucelle (1993) de Jacques
Rivette sur la vie de Jeanne d’Arc ainsi
qu’aux opéras Una cosa rara de Vicente
Martín y Soler et Orphée de Monteverdi,
représentés dans le Gran Teatre del
Liceu de Barcelone (1991 et 1993).
Ce dernier a également été représenté
au Teatro Real de Madrid (2000), au
Konzerthaus de Vienne (2001), au Teatro
Reggio de Turin (2002) puis de nouveau
au Liceu de Barcelone reconstruit (2001),
et enfin enregistré en vidéo (BBC-Opus
Arte). Depuis 1990, La Capella Reial
de Catalunya reçoit le soutien de
la Generalitat de Catalogne.
Flûtes à bec
Pierre Hamon
Violes de gambe
Sergi Casademunt
Fahmi Alqhai
Oud
Driss el-Maloumi
Santur
Dimitri Psonis
Psaltérion
Begoña Olavide
Vihuela de mano et guitare
Enrique Solinis
Sopranos
Montserrat Figueras
Arianna Savall
Adriana Fernández
Cornet
Jean-Pierre Canihac
Mezzo-soprano
Begoña Olavide
Chalémie
Béatrice Delpierre
Contre-ténor
David Sagastume
Sacqueboute
Stefan Legée
Ténor
Lluís Vilamajó
Basson et dulciane
Josep Borràs
Baryton
Furio Zanasi
Percussions
Pedro Estevan
Basse
Daniele Carnovich
Récitants
Francisco Rojas
Manuel Forcano
Rebab et vielle
Jordi Savall
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Et aussi…
Ensemble Elyma
Gabriel Garrido, direction
Ensemble Louis-Berger
Ricardo Massun, direction
Domenico Zipoli/Martin Schmid
San Ignacio de Loyola
Anonyme
Messe «Mo Purificacion»
Samedi 23 février, 20h
Fiesta Criolla
Ensemble Elyma
Ballet Peru Andino
Compagnie Ana Yepes
Gabriel Garrido, direction
Mercredi 12 mars, 15h
Spectacle Jeune Public
Les Electro-Merveilles
Compagnie La Carrérarie
Conte musical pour les enfants à partir de 7 ans
Mercredi 12 mars, 20h
The English Concert
Kenneth Weiss, orgue et direction
Magali Léger, soprano
Georg Friedrich Haendel
Concerto grosso Opus 3 n°4
Concerto pour orgue Opus 4 n°1 et n°2
Vêpres des Carmélites (extraits)
Samedi 29 mars, 11h
Concert éducatif L’Art de la fugue,
J.S Bach
Pierre-Laurent Aimard, piano
Pierre Charvet, présentation
Samedi 29 mars, 20h
Pierre-Laurent Aimard, piano
Mardi 26 février, 20h
The Indian Queen
Opéra de Henry Purcell
Livret de John Dryden et Robert Howard
Reconstitution de Philip Pickett
Version de concert
New London Consort
Philip Pickett, direction
Joanne Lunn, soprano
Julia Gooding, soprano
Tone Braaten, soprano
Mark Chambers, contre-ténor
Christopher Robson, contre-ténor
Andrew King, ténor
Joseph Cornwell, ténor
Michael George, baryton-basse
Simon Grant, baryton-basse
Mark Rowlinson, baryton-basse
Johann Sebastian Bach
L’Art de la fugue
> MÉDIATHÈQUE
Nous vous proposons…
… d’écouter
Moyen âge : l’église face au monde,
le paradis perdu, les musiques de l’Hesperia
mauresque, juive et chrétienne du temps
d’Alphonse X « le sage ». Enregistré à la
Cité de la musique en 2004 par Hesperion
XXI, Montserrat Figueras, Jordi Savall.
Llibre vermeill. Hesperion XXI, Jordi Savall.
Cantica Beatae Virginis. Hesperion XXI,
Jordi Savall.
… de regarder
Musique pour la paix ou dialogue des
musiques d’Orient et d’Occident au festival
d’Ambronay. Avec Hesperion XXI,
La Capella Reial de Catalunya, Jordi Savall.
Jordi Savall : folies d’Espagne.
Enregistré au festival de Lanvellec
Les voix humaines. Enregistré à la chapelle
Saint-Martin du Méjean, Arles.
… de lire
Entretien avec Jordi Savall.
Goldberg n°7, 1999.
http://mediatheque.cite-musique.fr
> 3 Biennale de Quatuors à cordes
Du 22 au 27 janvier
Au cours de 12 concerts, les quatuors
américains (Juilliard, Emerson, Brentano…)
côtoient la fine fleur des ensembles
européens (Prazák, Arditti, Sine Nomine…).
Au programme : l’intégrale des 5 quatuors
d’Elliott Carter et de nombreuses œuvres
de Haydn, Beethoven, Schubert, Bartók…
e
> Zoom sur une œuvre
Béla Bartók
Quatuor à cordes n° 6
Mercredi 23 janvier, de 18h30 à 19h30,
avant le concert du Quatuor Brentano à 20h.
> Musée
Jusqu’au 20 janvier 2008
Exposition
« Richard Wagner, visions d’artistes »
À la recherche de l’art total : une plongée
dans l’univers de Richard Wagner qui a
inspiré peintres, sculpteurs et vidéastes
depuis 1845, d’Henri Fantin-Latour à Bill
Viola, d’Odilon Redon à Joseph Beuys, en
passant par Salvador Dalí ou George Grosz.
L’exposition se visite en musique,
à l’écoute d’extraits des principaux opéras
wagnériens. Une section consacrée au
cinéma sonde les prolongements et
détournements de l’œuvre du maître de
Bayreuth, opérés par des réalisateurs aussi
divers que Chaplin, Fellini ou Coppola.
Des visites de l’exposition sont organisées
pour les adultes tous les samedis et
dimanches à 15h. Des visites pour les
jeunes sont programmées. Consulter
le dépliant trimestriel « jeunes publics »
pour les dates.
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Correctrice : Angèle Leroy | Stagiaire : Marilène Parrou | Maquette : Elza Gibus
Imprimeur SIC | Imprimeur BAF | Licences no 757541, 757542, 757543 Jeudi 21 février, 20h
Musique des missions jésuites