Jeudi 10 janvier Christophe Colomb, Paradis perdus Christophe C
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Jeudi 10 janvier Christophe Colomb, Paradis perdus Christophe C
Jeudi 10 janvier Christophe Colomb, Paradis perdus Dans le cadre du cycle Terres promises Du mardi 8 au samedi 19 janvier 2008 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr Christophe Colomb, Paradis perdus | Jeudi 10 janvier Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Cycle Terres promises du mardi 8 au samedi 19 janvier De l’Exode biblique à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, de la célébration du « Nouveau Monde » par Dvorák à l’exploration d’autres ailleurs musicaux : autant de terres promises, littérales ou métaphoriques. L’Exode biblique raconte l’esclavage des Juifs en Égypte avant qu’ils ne traversent, sous la conduite de Moïse, la mer Rouge et le désert du Sinaï pour aller vers la Terre promise. Dans son oratorio créé à Londres en 1739, Haendel donne à entendre la plainte des Juifs, peint les plaies que Dieu inflige à l’Égypte qui les opprime et conclut son œuvre par le cantique de Moïse. MARDI 8 JANVIER, 20H Georg Friedrich Haendel Israel in Egypt The King’s Consort Matthew Halls, direction JEUDI 10 JANVIER, 20H En exergue au beau livre-disque qu’il a réalisé avec Montserrat Figueras, La Capella Reial de Catalunya et l’ensemble Hespèrion XXI (Christophorus Colombus. Paradis perdus, Alia Vox, 2006), Jordi Savall citait ces mots du poète espagnol Jorge Manrique, contemporain de Christophe Colomb : « Ce monde était bon, si nous savions en faire bon usage. » Pour Jordi Savall, Christophe Colomb n’est pas seulement « l’amiral qui en 1492 découvre le Nouveau Monde ». Il est aussi le signe qu’« un nouveau paradis va être transformé ». Combinant des sources historiques, littéraires et musicales, son spectacle se veut « représentatif de l’émergence d’une époque de changements, d’un passé lointain mais que nous ne devrions pas oublier ». Christophe Colomb, Paradis perdus Hespèrion XXI La Capella Reial de Catalunya Jordi Savall, direction, rebab, vielle Montserrat Figueras, soprano VENDREDI 11 JANVIER, 20H En juin 1891, le compositeur tchèque Antonín Dvorák quitte sa terre natale pour New York. Féru de chemins de fer et de bateaux à vapeur, il est fasciné par les progrès techniques du Nouveau Monde. Il se passionne pour les musiques des Indiens et des Noirs, imprégnées d’une nostalgie qui lui rappelle sa propre douleur d’exilé volontaire. Tourmenté par des sentiments violents et contradictoires, Dvorák écrit sa neuvième et dernière symphonie. L’ailleurs n’a pas nécessairement la forme d’une autre terre à conquérir. Le compositeur japonais Toru Takemitsu (1930-1996) le cherche dans la contemplation de la pluie : Rain Coming (1982) est porté par une phrase de la flûte qui se déploie comme des ondes toujours semblables et chaque fois différentes. Jonathan Harvey (né en 1939), quant à lui, ponctue chacun des douze mouvements de Bhakti (1982) par une phrase tirée des hymnes védiques. Mais l’ailleurs, c’est aussi le passé lointain. Le compositeur anglais Julian Anderson (né en 1967) rend hommage à deux chefs-d’œuvre de l’art médiéval dans Book of Hours (2004) : Les Très Riches Heures du duc de Berry et La Dame à la licorne. Écrite en 1768-1769, la Symphonie n° 26 de Joseph Haydn, destinée à célébrer la Semaine Sainte, fut intitulée Passio et Lamentatio. Même s’il s’agit d’une œuvre instrumentale, on peut entendre, suggérée, l’évocation du siège, de la prise et de la destruction de Jérusalem par le roi de Babylone, Nabuchodonosor II. L’oratorio de Georg Philip Telemann, Das befreite Israel (1759), s’inspire quant à lui de l’épisode biblique relatant la condition des Juifs en Égypte avant leur conquête de la Terre promise. Robert Schumann Ouverture, Scherzo et Finale op. 52 Konzertstück pour 4 cors et orchestre op. 86 Antonín Dvorák Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde » La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine, direction David Guerrier, Antoine Dreyfuss, Emmanuel Padieu, Bernard Schirrer, cors SAMEDI 12 JANVIER, 11H Concert éducatif Antonín Dvorák Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde » La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine, direction Pierre Charvet, présentation VENDREDI 18 JANVIER, 20H Toru Takemitsu Rain Coming, pour orchestre de chambre Julian Anderson Book of Hours, pour ensemble et électronique Jonathan Harvey Bhakti, pour ensemble et bande quadraphonique SAMEDI 19 JANVIER, 20H Joseph Martin Kraus Symphonie en ut Joseph Haydn Symphonie n° 26 « Les Lamentations » Georg Philip Telemann Das befreite Israel (Israël libéré) Orchestre Philharmonique de Radio France Giovanni Antonini, direction Letizia Scherrer, soprano Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano Marcus Ullmann, ténor Klaus Mertens, basse Pages et Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles Olivier Schneebeli, chef de chœur Ensemble intercontemporain Susanna Mälkki, direction JEUDI 10 JANVIER, 20H Salle des concerts Christophe Colomb À l’aube de la Renaissance : temps d’exils et de découvertes Les musiques arabo-andalouses, juives et chrétiennes de l’ancienne Hesperia jusqu’à la découverte du Nouveau Monde Première partie Durée : 50 minutes. entracte Deuxième partie Durée : 45 minutes. Solistes : Montserrat Figueras, chant Begoña Olavide, chant et psaltérion Driss El Maloumi, chant et oud Récitants : Francisco Rojas (espagnol) Manuel Forcano (araméen, arabe, nahuatl et latin) La Capella Reial de Catalunya : Arianna Savall, Adriana Fernández, sopranos David Sagastume, contre-ténor Lluís Vilamajó, ténor Furio Zanasi, baryton Daniele Carnovich, basse Hespèrion XXI : Pierre Hamon, flûtes à bec, flûte double et ney Sergi Casademunt, viole de gambe ténor Fahmi Alqhai, viole de gambe basse Arianna Savall, arpa cruzada Dimitri Psonis, santur Enrique Solinis, vihuela de mano et guitare Jean-Pierre Canihac, cornet à bouquin Béatrice Delpierre, chalémie Stefan Legée, sacqueboute Josep Borràs, basson, dulciane Pedro Estevan, percussions Jordi Savall, rebab, dessus de viole et direction Ce concert est surtitré. Fin du concert vers 22h10. Première partie Prophétie : Médée (tragédie, acte II, vers 364 à 379) – Sénèque Chœur : « Tethysque novos detegat orbes » Évocation : « Nunc iam cessit pontus » Récit : « Venient annis sæcula seris… » (« Vendrán los tardos años… ») – Sénèque, Médée : texte cité et traduit par Christophe Colomb dans son Livre des Prophéties. 1408, Royaume de l’émir nasride Yusuf III Récit : Description des beautés de Grenade – Ibn Battûta, Les Voyages, chap. XVI : Visite au règne nasride de Grenade en 1350. Musique : Mowachah Billadi askara min aadbi Llama (Instr. – Al-Andalus). 1 451 (octobre), Naissance de Christophe Colomb Récit : « Ses ancêtres étant du sang royal de Jérusalem… » – Hernando Colomb, Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. I. Musique : Strambotto : Anonyme, « O tempo bono » (« Ô temps bénis ») – CMM 132. 1474 (25 juin), Lettre du physicien de Florence, Toscanelli, envoyée au Prince Don Juan Récit : « Mito ergo sue maiestati cartam, manibus meis factam… » (« J’ai fait de mes propres mains une carte où sont dessinées… ») – Salvador de Madariaga, Vida del muy magnífico senõr don Cristóbal Colón, p. 103. Musique : Basse Danse : Johannes Cornago, Mappa Mundi (Kyrie de la messe Mappa Mundi). 1 480-85, Naufrage au cap de San Vicente Récit : « L’Amiral partit à la rencontre de quatre grandes galères… » – Hernando Colomb, Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. V. Musique : Villancico : Anonyme, « Meis olhos van por lo mare » (« Mes yeux vont vers la mer ») – CMP 453. 1485, Mariage de Colomb durant son séjour au Portugal Récit : « Comme il n’était pas très loin de Lisbonne… » – Hernando Colomb, Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. V. Musique : Villota : Anonyme XVe siècle, « Dindirindin » – CMM 127. 1 486, Colomb présente son projet aux Rois catholiques Récit : « Finalement, les souverains se conformèrent à l’usage castillan… » – Hernando Colomb, Vida del almirante don Cristóbal Colón, chap. LXXXIII. Musique : Frottola : Josquin des Prés, « In te Domine speravi » (« En toi, Seigneur, j’ai mis mon espoir ») – CMP 84. jeudi 10 janvier Vers la fin de l’Al-Andalus Récit : « Je suis le jardin qu’a orné la beauté » – Ibn Zamrak, Au temps du roi nasride Muhammad V (1354-1359), vers 1, 3, 8, 9 et 19. Poème en arabe sur une pierre de l’Alhambra de Grenade (poème de la salle des Deux Sœurs sur les beautés de l’Alhambra.) Musique : Nuba (Instr. – Al-Andalus). 1 492 (2 janvier), La conquête de Grenade Récit : Du départ de l’Alhambra et de comment Grenade se rendit – Andrés Bernáldez (mort vers 1513, curé et confesseur de la reine Isabelle Ire et de l’inquisiteur général de Castille, Torquemada), Memorias del reinado de los Reyes católicos, chap. II. Musique : Romance : Juan del Enzina, ¿Qu’es de ti desconsolado? (Qu’en est-il de toi, l’inconsolable ?) – CMP. Musique : Villancico : Juan del Enzina, Levanta Pascual (Lève-toi Pascal, lève-toi) – CMP. Deuxième partie La diaspora séfarade Musique : Anonyme séfarade, Las estrellas de los cielos (viole). La Sainte Inquisition Musique : Hymne : Johannes Cornago, Patres nostris peccaverunt – CMM 2. 1492 (31 mars), Expulsion des Juifs non convertis Récit : Édit d’expulsion des Juifs – Joan Coloma (rédaction du secrétaire des Rois catholiques), à Grenade le 31 mars 1492. Récit : Prière en araméen : Ha lajmá aniyá – Anonyme séfarade. Musique : Prière en ladino : Ceci est le pain de l’affliction – Anonyme séfarade de la Hagadá de la Pâque juive. Récit : Témoignage de l’expulsion des Juifs – Andrés Bernáldez, Memorias del reinado de los Reyes católicos. Musique : Lamentation en hébreu : Anonyme séfarade, Mà didéj? Mà adamélaj (À qui puisje comparer ? À qui ressembles-tu, fille de Jérusalem ?). 1 492 (11-12 octobre), Depuis la caravelle la Pinta, on voit le Nouveau Monde Musique : Fantaisie (instrumentale) – Luys de Milán. Récit : Lettre de Colomb aux Rois catholiques (premier voyage) : « C’est ainsi qu’après avoir mis dehors les Juifs… » – Salvador de Madariaga, Vida del muy magnífico senõr don Cristóbal Colón, p. 215. Musique : Anonyme, Voca la galiera (instrumental) – CMM 18. Récit : « La flotte allait l’une vers l’ouest et l’autre vers le sud-est… » – Christophe Colomb, Journal de bord. 1502, Conversion forcée de tous les Maures des royaumes de Castille Récit : « Quand le Roi et la Reine virent que… » – Chronique des rois de Castille, chap. CXCVI. S’agit-il de la Crónica de los reyes de Castilla de Jofré de Loaysa ? Musique : Plainte arabo-andalouse XVIe siècle : Nuba Hiyay Msmarqi, Ya muslimin qalbi. 1502, Moctezuma II est élu empereur aztèque Récit : Poème nahuatl sur la fugacité universelle : ¿Cuix oc nelli nemohua oa in tlalticpac Yhui ohuaye? (Se peut-il vraiment que l’on vive sur terre ?) – Cantares mexicanos, fol. 17, r. Musique : quena et tambours amérindiens : Anonyme, Homagio Kogui. 1504, Testament de la reine Isabelle Ire de Castille Musique : Romanesca (instrumentale) – Anonyme. Récit : Sur le traitement des Indiens : « Et il ne doit être consenti en aucune façon que les Indiens… » – Testament de la reine Isabelle dans une réponse de frère Bartolomé de las Casas au docteur Juan Ginés de Sepúlveda. Musique : Villancico : Juan del Enzina, Todos los bienes del mundo (Tous les biens de ce monde) – CMP 61. 1506 (20 mai), Mort de Christophe Colomb à Valladolid Récit : « En mai 1505, il partit en voyage pour rejoindre la cour du Roi catholique… » – Hernando Colomb, Histoire de l’Amiral, chap. CVIII. Musique : Anonyme, Miserere nostri (instrumental) – CMM 106. Épitaphe : Fragment d’une lettre de l’Amiral Musique : Luys de Milán, Fantasía I (vihuela). Récit : « Je ne suis pas le premier Amiral de ma famille ». – Salvador de Madariaga, Vida del muy magnífico senõr don Cristóbal Colón, p. 60. Musique : Hymne processionnel en langue quechua : Juan Pérez Bocanegra, Hanacpachap cussicuinin. Fin de fête : Miguel de Cervantes, sur la chaconne « Cette Indienne mulâtre qui nous vient des Indes ». Musique : Chaconne : Juan Arañés, À la bonne vie. Conception du programme et sélection des textes et musiques : Jordi Savall Dramaturgie et textes araméens, hébreux, arabes et nahuatl : Manuel Forcano jeudi 10 janvier Paradis perdus 1400 – 1506 Ombres et lumières au siècle de Colomb : l’histoire et la poésie en dialogue avec les musiques arabo-andalouses, juives et chrétiennes de l’ancienne Hespèria jusqu’à la découverte du Nouveau Monde « Ce monde était bon, si nous savions en faire bon usage. » Jorge Manrique (1440-1479) Notre passé n’est pas seulement le nôtre. L’espace géographique que notre culture a occupé durant des siècles contenait en son sein des gens différents, pratiquant d’autres formes culturelles et religieuses comme, au temps de l’ancienne Hesperia, la musulmane et la juive. Mais au Moyen Âge – qui fut comme l’époque actuelle, celle des haines religieuses et de l’incompréhension – le paradis des « trois cultures » de l’Hesperia vint à se dégrader et pourtant, malgré l’intolérance et les cruautés, Arabes et Juifs habitaient parmi nous, vivaient comme nous, étaient nous. À la fin du XVe siècle, après la conquête de Grenade, ils furent expulsés ou convertis au christianisme par décret et leur départ signifia la fin d’une époque, la perte d’un paradis possible : les textes la dénoncent, les musiques la pleurent, la mémoire l’illumine et notre conscience la dignifie. Parallèlement à ces convulsions émerge une figure exceptionnelle, celle de Christophe Colomb, l’amiral qui, en 1492, découvre le Nouveau Monde. Un nouveau paradis va être transformé : l’arrivée des colonisateurs est à l’origine, d’une part, de la destruction et de la perte de nombreuses cultures indigènes et, d’autre part, de la cristallisation d’un métissage social et culturel fructueux pour le vieux comme pour le nouveau continent. Les musiques de l’époque ainsi que les différents textes qui jalonnent la biographie de Christophe Colomb, et spécialement ceux qui furent annotés par lui-même en ses cahiers – telle la citation prémonitoire du chœur de la tragédie Médée de Sénèque (qui annonce l’existence d’un monde inconnu au-delà de l’île de Thulé) –, sont des témoignages directs et révélateurs de toutes ces profondes transformations. De la combinaison de ces sources historiques et musicales naît un spectacle novateur dans lequel la beauté et l’émotion de la musique établissent un dialogue expressif avec les textes récités. Certains sont descriptifs, d’autres poétiques, certains véritablement cruels et d’autres encore plus dramatiques, mais tous sont profondément représentatifs de l’émergence d’une époque de changements. La musique nous permet d’approcher avec une intense émotion des chroniques de ce siècle exceptionnel qui nous montrent l’ambivalence extrême d’une époque à la fois convulsive et très créative qui, malgré son importante part d’ombre, s’illustra par une brillante floraison de tous les arts. Écoutons comment les merveilleuses musiques des villancicos et des romances de cette époque complètent le sentiment douloureux et sincère des chroniques contemporaines d’Andrés Bernáldez. Les lamentations séfarades, les descriptions d’Ibn Battûta, le journal de bord de l’Amiral, les édits royaux implacables y dialoguent ainsi avec le verbe poétique magistral du poète grenadin Ibn Zamrak, sans oublier le merveilleux poème en langue nahuatl sur la fugacité universelle. Avec cette proposition, nous désirons non seulement mettre en avant un important patrimoine musical interprété vocalement et instrumentalement avec des critères historiques et sur instruments d’époque, mais encore présenter nos hommages aux principales cultures de cette période. Ainsi, nos musiques de cour conservées sur de précieux manuscrits sont complétées par des musiques de tradition orale provenant des cultures arabe et juive et de celles d’un Nouveau Monde aujourd’hui peu connu, symboliquement évoquées par le son suggestif des diverses flûtes originales des anciennes cultures amérindiennes. Se souvenir des moments les plus significatifs de ce siècle n’est pas seulement se joindre à la commémoration du cinquième centenaire de la mort de Christophe Colomb (1506-2006). Nous voulons aussi, de façon symbolique et profondément sincère, donner à ce projet le sens d’un geste nécessaire de réparation envers tant d’hommes et de femmes ayant appartenu à l’une ou l’autre de ces cultures ou croyances différentes des nôtres, et dont nous n’avons pas été capables de comprendre et respecter la différence. Les Paradis perdus unissent musique et littérature de l’époque et nous offrent une frise brève mais intense de ces jours cruciaux de métamorphose religieuse et culturelle où disparaissait un Vieux Monde et en émergeait un Nouveau. Le témoignage des textes sélectionnés par Manuel Forcano, récités par lui-même en langues arabe, hébraïque, araméenne, latine et nahuatl, ou récités par Francisco Rojas et Núria Espert en castillan, ainsi que les musiques chantées également en latin, hébreu, arabe, quechua, ladino, castillan, catalan et italien, par Montserrat Figueras, Begoña Olavide, Lluís Vilamajó et les solistes de La Capella Reial de Catalunya, sont la meilleure preuve de la richesse culturelle d’une époque qui a vu disparaître ces cultures de nos horizons et nous rappellent aujourd’hui que le dialogue et la compréhension entre les différentes religions et cultures sont nécessaires à la préservation et la restauration, en ce conflictuel XXIe siècle, d’un bagage culturel d’une telle envergure et d’une telle signification. Les Paradis perdus rendent hommage à la littérature, à l’histoire et à la musique de l’ancienne Hesperia et du Nouveau Monde. Pleinement conscients que plus de cinq siècles nous séparent de ces époques lointaines, nous croyons justement que, de la même manière que la qualité poétique et la force expressive de l’évocation récitée des événements les plus dramatiques arrivent à nous ébranler, la beauté et la vitalité de leurs musiques peuvent aussi nous émouvoir intensément. Nous nous souvenons aussi que, s’il est vrai que la dimension artistique est toujours intemporelle, toutes ces musiques, leurs formes, leurs sonorités, en définitive leur style, portent inévitablement en elles les marques de leur temps. Pour cette raison, nous avons opté pour la juste adéquation historique vocale et instrumentale, complétée par la capacité d’imagination créative qui caractérise si bien les solistes vocaux et instrumentaux d’Hespèrion XXI et de La Capella Reial de Catalunya. C’est aussi pour cette raison que nous avons voulu la présence de solistes spécialisés dans les traditions orientales et les instruments anciens (flûtes amérindiennes) du Nouveau Monde. Le poète Jorge Manrique écrivait « Qu’est-ce qui leur fit trouver les musiques correspondant à celles qu’ils jouaient ? » Avec ce concert, les écrivains, les musicologues, les récitants, les chanteurs et les instrumentistes qui collaborent à ce projet proposent 10 jeudi 10 janvier non seulement de donner une réponse à la question du poète mais d’ouvrir une piste de réflexion. Les musiques vivantes des temps reculés, en accord avec la mémoire de notre histoire, peuvent se muer en l’âme même d’une vision critique rénovée, d’une vision humaniste de nos origines. Elles peuvent peut-être aussi nous aider à nous libérer un peu d’une certaine amnésie culturelle, particulièrement grave quand il s’agit de notre musique. C’est seulement ainsi, en récupérant et en revitalisant un ancien patrimoine musical tout en approchant, depuis une perspective différente, l’histoire et le passé, que nous pourrons imaginer et mieux construire la mémoire du futur. Jordi Savall 11 Le mystère de Christophe Colomb « L’histoire explique ce qui s’est passé. La poésie, ce qui aurait dû se passer. » Aristote Les histoires officielles ne sont pas toujours véridiques. Souvent, l’information est la victime désemparée de certaines manipulations et pour des convenances soit politiques, soit économiques, certains faits se transforment ; ainsi, l’histoire présente des énoncés quelquefois éloignés de ce qui s’est réellement passé. Dans tous les cas, nous sommes redevables des documents ou de ce qu’il en reste, et c’est seulement à partir de ce qu’ils disent et de ce qu’ils taisent que nous pouvons reconstruire le passé, à travers les voiles noirs de l’oubli. L’histoire de l’amiral Christophe Colomb est un exemple clair de ce type de personnages dont la vie, dans la version officielle, pose tant de questionnements et présente tant d’incongruités qu’elle en arrive à susciter des soupçons qui créent autour d’elle une aura mystérieuse. Il n’est donc pas étonnant que de nombreuses théories se fassent jour et que l’on spécule sur ses origines, sa filiation, son pays et les circonstances du fait le plus marquant de sa biographie : la découverte du continent américain en 1492. La version officielle de la vie de Christophe Colomb le présente comme le fils d’une famille humble des faubourgs de Gênes dont le père tisserand s’occupait aussi de commerce. Il semblerait que dans son jeune âge, pour fuir la misère de son milieu, Colomb ait décidé de s’adonner à la navigation. Ses origines sont de fait obscures et sa véritable histoire ne commence qu’en 1476 quand, victime d’un naufrage lors d’un combat naval entre marchands et corsaires, il arrive au Portugal et s’y installe. De façon surprenante, au cours de l’année 1479, à Lisbonne, il convole en justes noces avec une femme de noble extraction, Felipa Muñiz, petite-fille du colonisateur portugais des îles de Madère, dont il eut un fils, Diego. Au Portugal, il s’occupe de marine jusqu’en 1485 et réalise de nombreux voyages en Méditerranée et sur l’océan Atlantique en se rendant aux îles Canaries, au cap Vert et aux Açores. Il a également navigué sur la mer du Nord et l’on dit parfois qu’il y aurait atteint les côtes d’Islande où on l’aurait informé de routes menant vers de nouveaux territoires à l’ouest. C’est dans cette ambiance amarinée que Christophe Colomb commença à forger son plan pour arriver aux Indes et aux territoires du grand khan par l’ouest. Les connaissances géographiques et mathématiques du médecin florentin Paolo Dal Pozzo Toscanelli, ainsi que La Description du monde de Marco Polo, le poussèrent finalement à présenter sans hésitation une proposition dans ce sens. Il la présenta d’abord au roi Jean II du Portugal en 1484 – qui la refusa – puis, deux ans plus tard, aux rois de Castille et d’Aragon, Isabelle et Ferdinand, qui ne souhaitèrent pas non plus l’appuyer – tant ils étaient occupés par la guerre de Grenade. Le projet tomba à l’eau. Il obtint cependant des Rois catholiques une subvention de la couronne et s’installa dès ce moment dans la ville de Cordoue. Devenu veuf en 1485, Colomb fit la connaissance de Beatriz Enríquez de Arana, la mère de son fils Fernando (ou Hernando) qui devait devenir le biographe le plus proche de son père avec 12 jeudi 10 janvier son ouvrage Vida del almirante don Cristóbal Colón (Vie de l’amiral Christophe Colomb) dans lequel il exalte – peut-être à l’excès – la figure du conquistador. De toute manière, Colomb n’était pas disposé à lâcher prise et il persista dans son idée. Grâce à l’intercession de Hernando de Talavera – alors confesseur de la reine – ainsi que du puissant duc de Medinaceli, la reine Isabelle (qui prévoyait déjà la chute imminente du royaume nasride de Grenade) accepta de le recevoir à nouveau et d’écouter ses arguments. En décembre 1491, Colomb arriva au campement royal de Santa Fe à Grenade et les négociations commencèrent en vue de l’approbation définitive du projet. Les réticences de la couronne furent vaincues grâce à l’intervention des convertis Luis de Santángel et Diego de Deza qui persuadèrent le roi Ferdinand d’Aragon d’accepter les conditions de Colomb. Les fameuses Capitulaciones de Santa Fe du 17 avril 1492 furent le résultat des négociations où, grosso modo, Colomb s’engage à concéder aux rois la découverte des terres nouvelles et obtient en échange le titre d’amiral avec un caractère héréditaire, le titre de vice-roi et gouverneur général de ces mêmes terres et îles. Il obtient aussi le dixième du produit net des marchandises achetées, gagnées ou trouvées dans les territoires nouveaux (tandis que la couronne en garde le cinquième), la juridiction commerciale sur les procès dérivant des échanges dans la zone de l’exercice de son amirauté, ainsi que le droit de contribuer pour un huitième à l’expédition, et donc, de participer à ses bénéfices dans les mêmes proportions. Alors que ces substantielles prébendes étaient obtenues par Colomb, les Rois catholiques confirmèrent les Capitulaciones à Grenade le 30 avril 1492. La version officielle nous dit alors que Colomb organisa la première expédition qui partit du port andalou de Palos de la Frontera le 3 août 1492 et qui ne toucha la terre ferme (après une longue et inquiétante traversée à travers le désert d’eau de l’Atlantique) que le 12 octobre. À cette date, les équipages débarquèrent sur l’île de Guanahaní de l’archipel des Bahamas que l’on baptisa du nom de San Salvador. Ils débarquèrent également sur l’île de Cuba et sur La Española. Le 25 décembre 1492, la nef capitaine, la Santa Maria, fit naufrage et avec ses restes fut construit le siège de la première colonie sur la terre américaine, le fort de La Navidad. Les deux caravelles aux ordres de Colomb revinrent vers les terres de la péninsule Ibérique, le 15 mars et le 3 avril 1493, pour annoncer officiellement la découverte. Colomb fut reçu par le roi Ferdinand à Barcelone. Le second voyage (1493-1496) servit à explorer et coloniser les territoires découverts et Colomb débarqua à Puerto Rico. Lors du troisième voyage (1498-1500), Colomb était aux commandes de six bateaux et était accompagné par son ami le frère Bartolomé de las Casas qui, par la suite, facilita la transcription d’une partie du Journal de Colomb. Pendant ce voyage sont explorées les îles de Trinidad, Tobago, Granada, la côte du Venezuela et l’embouchure de l’Orinoco. Lorsqu’il décrit ces territoires, Colomb croit encore qu’il se trouve sur le continent asiatique. Le 19 août, quand il revient à sa base de La Española, Colomb se trouve face à une rébellion ouverte des colons et des indigènes. Certains Castillans, de retour en terres péninsulaires, se dépêchèrent d’accuser Colomb de mauvaise gestion devant la cour. Les Rois catholiques envoyèrent à La Española un nouvel administrateur royal, Francisco de Bobadilla, qui, à son arrivée en 1500, arrêta Colomb 13 et ses frères et les mit aux fers pour les rapatrier vers la Castille. Pendant le voyage, Colomb refusa d’être délivré de ses fers ; les mains ainsi liées, il écrivit une longue lettre affligée aux Rois catholiques. Une fois en Castille, il récupéra la liberté mais il avait perdu définitivement son prestige et beaucoup de ses privilèges. Pour son quatrième et dernier voyage (1502-1504) – qu’accompagne son fils Fernando – Colomb explore les territoires actuels du Honduras, du Nicaragua, du Costa Rica et du Panama. Deux ans plus tard, le 20 mai 1506, il meurt à Valladolid et est enterré dans le monastère de la chartreuse de Séville. Dans son testament, rédigé par Pedro de Inoxedo, greffier de la chambre des Rois catholiques, Colomb est cité avec tous ses titres, ceux d’amiral, de vice-roi et de gouverneur des îles et de la terre ferme dans les Indes découvertes ou à découvrir. Son fils aîné Diego est nommé comme héritier de ses titres de noblesse. La biographie officielle résumée ici présente divers points difficiles à admettre, qui prouvent, selon certains historiens, une adultération claire et préméditée de l’histoire. Qui est donc cet étranger d’humble origine qui ose exiger des Rois catholiques des avantages considérables et des honneurs démesurés ? Qui pouvait-il bien être pour que, finalement, Leurs Majestés acceptent de les lui accorder ? À la lumière des dernières recherches réalisées par d’éminents historiens comme Jordi Bilbeny, Christophe Colomb serait un prince catalan allié aux familles royales catalanes et portugaises, donc de famille noble, ce qui justifierait les charges que les rois de Castille et d’Aragon lui concédèrent sans trop de réticences et ce qui expliquerait également qu’il a épousé une princesse portugaise qui, plus que Felipa Muñiz, était vraisemblablement Felipa de Coïmbra. L’origine catalane de Colomb s’explique, selon Bilbeny, à partir d’évidences qui ont été distordues : les Rois catholiques n’auraient jamais confié à un Génois des charges aussi élevées ni accordé des privilèges aussi importants à un aventurier aux origines obscures. Tout d’abord, dans le cas où il se serait agi d’un étranger, il aurait dû se faire naturaliser alors que ce n’était pas nécessaire s’il s’agissait d’un de leurs sujets et vassaux. Par ailleurs, le titre de vice-roi est un titre propre à l’administration de la couronne d’Aragon. Les fameuses Capitulaciones le sont aussi, du fait des formes juridiques utilisées, de leur contenu, des titres accordés à Colomb, des fonctionnaires qui intervinrent dans leur confection et qui les signèrent, et aussi du fait des archives où elles sont gardées. Ces archives (l’Arxiu Reial, actuellement l’Arxiu de la Corona d’Aragó dont le siège est à Barcelone) sont des documents intégralement catalans. D’autre part, les lois castillanes n’envisageaient pas la possibilité d’accorder des charges à titre héréditaire et jusque là, il n’existait pas non plus en Castille de titre de vice-roi ni aucune autre institution qui s’y réfère. S’agissant d’un protocole émanant de la cour et d’un pacte entre roi et sujet, la forme contractuelle des Capitulaciones était totalement inexistante en Castille. Enfin, le laps de temps entre les 17 et 30 avril 1492, où s’établirent les Capitulaciones, indique que les conditions exigées par Colomb furent négociées en Catalogne, où il se trouvait pour préparer son premier voyage, et elles ne se confirmèrent à Santa Fe (où se trouvaient les rois) que treize jours plus tard, temps nécessaire au courrier pour aller de Catalogne à Grenade. 14 jeudi 10 janvier Pour de nombreux historiens, la « catalanité » de Colomb est claire et ne fait pas l’ombre d’un doute à cause de l’usage de son nom catalan « Colom » qu’en font la plupart des éditions européennes de la Carta dans laquelle il annonce la découverte. À cela s’ajoute la multitude de noms catalans avec lesquels il a baptisé la quasi-totalité des nouvelles terres des Indes où il croyait être arrivé ainsi que les catalanismes évidents dans l’ensemble de ses écrits et le mot « Almirant » (amiral en catalan) accompagnant sa signature. Même si Colomb a toujours été considéré comme un étranger en Castille, il se réfère toujours aux Rois catholiques comme ses « seigneurs naturels », ce qui rend évident qu’il pouvait seulement appartenir à la couronne d’Aragon. Tout ceci fait tomber de soi-même la thèse de son origine génoise de même que ses prétendues origines humbles et ses professions manuelles de tisserand, de lainier ou de tavernier à partir desquelles il n’aurait jamais pu obtenir les hautes dignités d’amiral, de vice-roi et de gouverneur général des nouveaux territoires d’outremer. En revanche, il pouvait réunir ces titres sur sa personne en appartenant à la puissante famille des Colom-Beltran ; ainsi, il dit lui-même « Je ne suis pas le premier amiral de ma famille » ; en effet, un Colom avait exercé cette charge durant la guerre civile qui dévasta la Catalogne. La Generalitat s’était soulevée contre le roi Jean II de la dynastie castillane des Trastámara, père de Ferdinand le Catholique. Cette prise de position politique de la famille Colom en faveur de la dynastie catalane de la maison d’Urgell et de sa descendance portugaise, et par conséquent contre les rois d’origine castillane qui, à partir du Compromis de Caspe de 1413, régnaient en Catalogne, pourrait expliquer les relations tendues entre Ferdinand II et Christophe Colomb ainsi que la nécessaire intervention de plusieurs intercesseurs de poids pour convaincre les monarques catholiques puis négocier les Capitulaciones. Malgré ces désaccords entre le roi et Colomb, Ferdinand II confirme dans le décret royal du 29 octobre 1508 (deux ans après la mort de l’explorateur, donc) les titres d’amiral, de vice-roi et de gouverneur général des Indes de son fils Diego ou Jaume Colomb : « C’est ma grâce et ma volonté que Jaume Colom, amiral des dites Indes, îles et terre ferme, obtienne de moi le gouvernement et la charge de juge sur et en elle ». De ces mots, on peut déduire que l’entreprise de la découverte fut catalane ; cela explique que c’est le roi catalan qui renouvelle unilatéralement les titres de l’héritier de Christophe Colomb et l’envoie dans le Nouveau Monde pour que, grâce à ces titres, il le serve comme l’un des officiers de sa cour. D’où il devient évident, de par la documentation postérieure et de par certaines gravures, que les caravelles de Colomb ne sont pas parties du port andalou de Palos, mais du port catalan du même nom, Pals, et avec les pavillons catalans flottant au haut du grand mât. Et de fait, la puissance maritime de l’époque était celle du royaume de la CatalogneAragon (avec ses possessions en Sardaigne, à Naples, en Sicile et en Grèce) et nullement celle d’une Castille qui n’avait pas de culture de la mer et restait obsédée par la réduction définitive du royaume arabe de Grenade à l’agonie. Au vu de cette documentation digne de foi, certains historiens s’accordent à conclure que la manipulation de l’histoire de Christophe Colomb par la couronne castillane est un cas flagrant d’ « historicide ». Quelle en est la cause ? Quels bénéfices en retirait la Castille ? L’origine catalane de Colomb et l’autorité conférée à la couronne d’Aragon 15 par la découverte du Nouveau Monde plaçait la Castille au second plan au moment de revendiquer sa part dans la colonisation et dans l’exploitation des nouveaux territoires. Les richesses qui commencèrent rapidement à affluer du continent américain furent vite convoitées par tous et un conflit de droits et de revendications entre la Castille et l’Aragon se fit jour, chacun voulant avoir l’hégémonie sur les territoires américains. Du temps même de la vie de Christophe Colomb commença une campagne de manipulation des faits concernant la découverte, les conditions du pacte entre l’Amiral et les Rois catholiques et la propre biographie de l’explorateur. Les héritiers de Colomb, voyant qu’on diminuait graduellement leurs privilèges et, de ce fait, les rentes établies par les Capitulaciones, initièrent une bataille légale constituée d’interminables procès au cours desquels la couronne castillane s’appropria progressivement leurs pourcentages et mina leurs privilèges et leurs avantages. Les titres de Colomb qui le plaçaient à la tête de toute l’aristocratie du royaume finissaient par représenter une menace pour les rois, d’autant qu’ils commencèrent à nourrir le soupçon que Colomb (allié comme il l’était aux maisons royales catalane et portugaise) avait peut-être l’intention de fonder une nouvelle dynastie… Ainsi, dans le portrait de l’Amiral peint par Sebastiano del Piombo en 1519, Christophe Colomb apparaît représenté avec la main gauche ouverte sur sa poitrine, avec les doigts écartés, faisant le signe du pentacle (représentation de l’étoile à cinq branches), un signe cabalistique juif qui signifie l’intériorisation et la méditation, mais qui indique aussi l’attitude royale, le sceptre de la royauté…Quoi qu’il en soit, les documents en relation directe avec Colomb ou qui mentionnaient directement sa personne furent manipulés pour le représenter comme un étranger d’humble extraction à qui ne pouvaient être accordés tous les privilèges que ses héritiers réclamaient à partir du document controversé des Capitulaciones. À l’histoire officielle et aux thèses qui défendent l’origine catalane de l’Amiral s’ajoute une nouvelle théorie qui convertit le mystérieux Colom ou Colomb en un personnage d’ascendance juive. Dans une péninsule Ibérique soumise alors aux diktats les plus obscurs d’une Inquisition qui pourchassait avec opiniâtreté tout ce qui n’était pas pur catholicisme, beaucoup de familles de convertis cachaient leurs origines pour ne pas éveiller les soupçons. Ils évitaient ainsi de tomber aux mains de tribunaux qui, pour un rien, envoyaient bien des innocents gratuitement au fond d’un cachot ou au bûcher. Les origines mystérieuses de Colomb ont fait croire à beaucoup que le silence autour de sa naissance exacte se devait au désir de cacher intentionnellement l’origine juive possible de sa famille. S’il est vrai que cette thèse a bien moins de fondement historique que les autres, Colomb lui-même se plaît à citer le roi David de la Bible et son Dieu, qui est celui des Juifs. Les thèses qui judaïsent Colomb le présentent comme le fils d’une famille de convertis hispaniques installés à Gênes après avoir échappé à l’Inquisition, et il faut bien reconnaître que, si l’on s’en tient aux sources, le nom italien de Colomb – Colombo – est assez commun parmi les Juifs italiens de l’époque médiévale tardive. Selon certains historiens et graphologues, la signature même de l’Amiral, souvent accompagnée de signes mystérieux et d’initiales d’interprétation délicate, a permis d’évoquer de possibles formules cabalistiques, bénédictions hébraïques ou invocations au dieu des Juifs. Dans le coin supérieur gauche des lettres privées de Colomb à son fils Diego apparaît une inscription 16 jeudi 10 janvier particulière qui pourrait bien être la formule de bénédiction juive « B”H », que les Juifs utilisaient normalement dans leur correspondance et qui résume l’expression hébraïque « Be-ezrat Ha-Shem », « avec l’aide de Dieu ». Dans ses écrits, Colomb se montre capable de citer parfaitement la Bible et même de connaître l’histoire juive. Précisément, quand il parle du premier ou du second temple de Jérusalem, il le qualifie de « maison », traduction littérale du mot hébreu bayit par lequel les Juifs se sont toujours référés au sanctuaire en question. Il semble que Colomb ait différé de façon délibérée le départ de son premier voyage (prévu pour le 2 août 1492) pour le lendemain afin de ne pas faire coïncider le jour de l’appareillage avec la date fatidique du calendrier juif du 9 avril que les Juifs commémorent dans les larmes comme étant le jour de la destruction du second temple de Jérusalem en l’an 70 après J.-C. Il est surprenant, pour ne pas dire inhabituel, qu’un chrétien laïc manifeste de telles connaissances de l’histoire du peuple d’Israël, faisant montre ainsi d’une culture personnelle sophistiquée qui ne serait pas si surprenante chez quelqu’un d’extraction juive. Par ailleurs, Colomb, dans sa lettre aux Rois catholiques où il explique son premier voyage aux Indes, inclut une référence critique à l’égard de l’expulsion des Juifs des royaumes d’Aragon et de Castille alors que ce sujet n’a rien à voir avec le contenu central de sa missive. Si l’origine juive possible de Colomb n’est que pure spéculation, ce qui est tout à fait clair et évident est la participation et l’aide enthousiaste de personnages d’origine juive de la cour catalano-aragonaise, tout spécialement les nobles Luis de Santángel, secrétaire de Ración, et Gabriel Sánchez, trésorier royal. Ces deux grands personnages, pleinement conscients de leurs origines juives et dont certains parents étaient poursuivis par l’Inquisition, offrirent à Colomb leur aide morale et politique et firent pression sur les Rois catholiques pour les convaincre des mérites du projet de l’Amiral. Le premier voyage de Colomb fut rendu possible grâce au prêt privé de 1 140 000 meravedís de Luis de Santángel, qui fut suivi de l’implication de Ferdinand et d’Isabelle dans le parrainage de l’expédition. De fait, les premières lettres dans lesquelles Colomb relate sa découverte sont adressées, non pas aux Rois catholiques, mais à ses protecteurs Santángel et Sánchez, et ce sont ces documents qui, immédiatement publiés et traduits, circulèrent à travers l’Europe et firent ainsi connaître son exploit. Le deuxième voyage de Colomb – le plus important des quatre puisque sous ses ordres appareillèrent jusqu’à dix-sept navires – fut intégralement financé par la vente des nombreuses propriétés juives confisquées depuis l’édit d’expulsion de 1492. Il est difficile de préciser quelle proportion de l’équipage du premier voyage de Colomb était d’origine juive, mais à en juger par l’agressive persécution inquisitoriale à laquelle étaient soumis beaucoup de convertis, il ne serait pas étrange de supposer qu’un bon nombre de marins l’étaient. Parmi eux émerge la figure de l’interprète Luis de Torres, un juif qui parlait plusieurs langues, y compris l’hébreu, et qui, pour s’unir à l’expédition, se convertit juste avant le départ. Luis de Torres ne devait jamais revenir dans la péninsule Ibérique et devait s’établir à Cuba. Colomb a dû profiter dans une large mesure des progrès scientifiques dont les Juifs furent les acteurs durant le bas Moyen Âge dans les domaines de l’astronomie, de la cartographie 17 et de la navigation. Colomb lui-même écrivit que toutes les nations avaient appris des Juifs les principes de l’astronomie. Des personnages comme Jacob Corsino, Yosef Vecinho et Abraham Zacuto sont essentiels à l’entreprise de Colomb : Zacuto, rabbin et professeur d’astronomie et de navigation à l’université de Salamanque, développa l’astrolabe nautique en cuivre. À partir des tables astronomiques de Corsino, il fit un recueil des fameuses tables astronomiques – l’Almanach perpetuum – que Colomb emmena dans ses voyages. C’est le scientifique portugais Yosef Vecinho qui fit la traduction de l’œuvre de Zacuto en castillan et la remit à Colomb, même s’il est aussi vrai qu’il participait à la Commission royale qui mésestima dans un premier temps le bien-fondé du plan de Colomb que, par la suite, les Rois Catholiques devaient parrainer. D’un point de vue pratique, nous pouvons donc affirmer que les voyages de Colomb et sa découverte sont dues partiellement aux efforts tant intellectuels que financiers de personnages d’origine juive. Cette aide directe ou indirecte de certains convertis de renom au projet de Christophe Colomb a permis que certains historiens juifs, spécialement le Samson Trust of America, aient cru possible la théorie d’une probable origine marrane de l’Amiral. Ils se basent en particulier sur les vides de l’histoire castillane officielle censurée et entrent, malgré tout, en pleine contradiction avec la théorie des origines nobiliaires catalanes de Colomb. Si les origines de Christophe Colomb sont problématiques et déformées par la manipulation des documents, suscitant toutes sortes de spéculations, sa mort s’est vue, elle aussi, entourée de polémique. Après avoir été enterrée à Séville, selon le souhait de son premier fils Diego ou Jaume, la dépouille de l’explorateur fut transférée à Saint-Domingue en 1542. Quand cette île fut conquise par les Français en 1795, ses restes furent amenés à La Havane puis, après la guerre d’indépendance de Cuba en 1898, ils revinrent à Séville où ils reposent maintenant dans la cathédrale. Par ailleurs, en 1877 apparut dans la cathédrale de SaintDomingue une caisse en plomb, remplie de poussière et d’ossements, sur laquelle se lisait l’inscription : « Homme illustre et distingué Christophe Colomb ». Jusqu’en 1992, ces restes demeurèrent en la cathédrale de Saint-Domingue jusqu’à leur transfert au Faro a Colón (le Phare de Colomb), un monument pharaonique construit par les autorités dominicaines afin de rendre hommage aux cendres de l’Amiral. Loin des discussions entre historiens et des résultats aseptisés des analyses ADN des restes de Colomb, qui devraient déterminer de façon définitive leurs origines, Jordi Savall et Montserrat Figueras présentent le trésor de textes et de musiques de tout un siècle, le XVe siècle, dont les grands protagonistes dans la péninsule Ibérique furent les agents, de façon directe ou indirecte, de la perte des paradis de la « multi-culturalité » tant dans les royaumes d’Aragon et de Castille que dans le Nouveau Monde. Le si mystérieux Christophe Colomb – génois, catalan ou juif –, quel qu’il fût et d’où qu’il vînt, en fut clairement le personnage principal. Manuel Forcano Traduction Irène Bloc 18 jeudi 10 janvier Daniele Carnovich Né à Padoue (Italie), Daniele Carnovich commence ses études musicales au Conservatoire de sa ville où il obtient un diplôme de flûte traversière et étudie également la composition et le chant en se spécialisant dans le répertoire baroque. C’est en 1981 qu’il commence à se produire dans les festivals de musique ancienne parmi les plus renommés en Europe, aux États-Unis, au Canada, au Mexique, en Australie, en Israël et en Colombie, entre autres. Il a ainsi chanté comme soliste avec des ensembles prestigieux tels The Consort of Musicke, Il Giardino Armonico, l’ensemble Chiaroscuro, les Sonatori della Gioiosa Marca de Trévise, l’ensemble Elyma, le Concerto Palatino, l’ensemble Daedalus et les Madrigalistes de la Radio de Lugano, sous la direction de chefs aussi renommés que Frans Brüggen, Philippe Herreweghe, Rinaldo Alessandrini, Gabriel Garrido, Paul Angerer, Nigel Rogers, Diego Fasolis, Andrew Parrot, Alan Curtis et René Clemencic. Il collabore avec Jordi Savall dans Hespèrion XXI et La Capella Reial de Catalunya depuis 1986. Il travaille également avec les Madrigalistes de la Radio et de la Télévision Suisse dans le rôle de Charon dans l’Orphée de Monteverdi au Liceu de Barcelone puis au Teatro Real de Madrid. Il a par la suite enregistré ce rôle pour la BBC à Londres ainsi que le rôle de Pluton en 2002 à Barcelone. Daniele Carnovich a enregistré près d’une centaine de disques chez Decca, Accent, Astrée (naïve), Glossa, Opus 111, Tactus, Arcana, Argo, K617, Fontalis, Alia Vox et Naxos, dont les plus importants sont l’intégrale des madrigaux de Monteverdi et six versions différentes de ses Vêpres de la Vierge. Daniele Carnovich se consacre également à la didactique musicale adressée aux enfants : il a enseigné la musique pendant 20 ans et, en 2001, a édité pour Mondadori (Italie) un cours complet d’éducation aux sons et à la musique pour l’école primaire en deux volumes. Adriana Fernández Née à Buenos Aires, la soprano Adriana Fernández se consacre dès son plus jeune âge au chant ; elle est d’abord soliste du chœur d’enfants du Théâtre Colón où elle est dirigée entre autres par Peter Maag (Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, Vêpres solennelles d’un confesseur de Mozart et L’Enfant et les italienne depuis 1989, ainsi qu’avec la Sortilèges de Ravel). Après avoir obtenu Radio Suisse Italienne en réalisant de son diplôme de chant au Conservatoire nombreux concerts, des enregistrements de musique de cette même ville, elle radiophoniques et télévisés. Depuis travaille avec Ernst Haefliger, Philippe 1991, il fait partie de La Venexiana, le Huttenlocher, Aldo Baldin, Heather plus important groupe polyphonique Harper et Helmuth Rilling dans le cadre italien avec lequel il a obtenu des de l’Académie internationale Bach à prix prestigieux et notamment le Buenos Aires. Au cours de sa formation, Gramophone Award qui a récompensé parachevée à Genève auprès d’Éric leur interprétation du Quatrième Tappy, elle obtient le premier prix de livre de madrigaux de Gesualdo, en virtuosité du Conservatoire de Genève. 2001. Spécialisé dans le répertoire du Adriana Fernández est engagée par madrigal, il débute en 1993 à l’opéra Michel Corboz qui lui confie les grandes 19 pages du répertoire : La Passion selon saint Matthieu, La Passion selon saint Jean, le Magnificat, l’Oratorio de Noël, la Messe en si mineur et quelques cantates de Johann Sebastian Bach ; Le Messie et La Passion selon saint Jean de Haendel ; le Psaume 42 de Mendelssohn et le Stabat Mater de Poulenc. Adriana Fernández se produit avec l’Ensemble Vocal de Lausanne au Japon, aux PaysBas, en Espagne, en Israël et en France. Elle participe à la première Académie de Verbier en juillet 1994 et travaille la mélodie française, le lied et l’opéra avec Barbara Hendricks, Nicolaï Gedda et Roger Vignoles. Elle fait partie de l’Ensemble Elyma (Genève), participe à de nombreuses productions et aux enregistrements pour le label K617 de la série Les Chemins du baroque dédiée au répertoire baroque latino-américain, des Vêpres de saint Jean-Baptiste de Ceruti, du Phénix du Mexique de Juana Inés de la Cruz. Elle enregistre également la Daphne de Gagliano, Orphée, Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, Les Vêpres de la Vierge et Le Couronnement de Poppée de Monteverdi. Ces disques ont reçu des critiques élogieuses ainsi que des prix importants. Adriana Fernández a participé à plusieurs productions du Grand Théâtre de Genève : Louise de Charpentier, Les Noces de Figaro de Mozart et La Damnation de Faust de Berlioz, entre autres. Elle a collaboré avec l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre de chambre de Genève, l’Orchestre de chambre de Lausanne, l’Orchestre du Festival de Verbier, entre autres formations, sous la direction d’Amin Jordan, John Nelson et Kurt Masur. Montserrat Figueras Montserrat Figueras est l’une des références essentielles et la principale interprète d’un vaste répertoire vocal des époques médiévale, renaissante et baroque. Née à Barcelone dans une famille de mélomanes, elle collabore dès son plus jeune âge, avec Enric Gispert et Ars Musicae. Elle étudie le chant avec Jordi Albareda et suit des cours d’interprétation dramatique. Depuis 1966, elle étudie les anciennes techniques de chant, des troubadours au baroque, développant ainsi un concept très personnel nourri directement aux sources originelles, historiques et traditionnelles, en marge des influences post-romantiques. À partir de 1967, une union artistique et humaine s’établit avec Jordi Savall, tout particulièrement fructueuse dans différentes activités pédagogiques, de recherche et de création. De cette collaboration, une empreinte mutuelle et réciproque va naître, particulièrement évidente dans le développement dans son interprétation, où la beauté et l’émotion de la voix – expression humaine par excellence – récupèrent l’équilibre nécessaire entre le chant et la déclamation, donnant la priorité à la projection poétique et spirituelle du texte. Entre 1974 et 1989, Montserrat Figueras participe à la fondation des ensembles Hespèrion XX, La Capella Reial de Catalunya et Le Concert des Nations. Elle aborde, avec eux et en tant que soliste, la récupération d’un patrimoine exceptionnel et éclectique. Grâce à une merveilleuse interprétation, Montserrat Figueras avec Jordi Savall met à l’ordre du jour bien des œuvres injustement oubliées. On se souvient tout spécialement de ses interprétations magiques du très ancien Chant de la Sybille, ou des plus récentes Ninna Nanna, Misteri d’Elx et Isabel I de Castille, ou encore de ses interventions cruciales dans les albums Diaspora Sefardí (1999), Battaglie & lamenti de Monteverdi, Peri, Fontei et Strozzi (2000), Don Quijote de la Mancha: Romances y Músicas d’un style d’interprétation novateur. En réussissant à combiner une parfaite fidélité aux sources historiques et une extraordinaire capacité créative et expressive, Montserrat Figueras et Jordi Savall ont marqué l’évolution de tout le mouvement de la musique historique. En 1968, elle termine à Bâle (Suisse) ses études avec Kurt Widmer, Andrea Von Rahm et Thomas Binkley à la Schola Cantorum Basiliensis et à la Musikakademie. Dès les années soixante-dix, Montserrat Figueras ouvre une nouvelle voie, car dans cette génération de musiciens, il était évident que la musique vocale d’avant 1800 avait besoin d’une nouvelle approche technique et stylistique (2005), Christophorus Columbus et Los paraísos perdidos (2006). Montserrat Figueras se produit régulièrement dans les principaux festivals d’Europe, d’Amérique ou d’Orient. Parmi les plus de 70 CDs que Montserrat Figueras a enregistrés, nombreux sont ceux qui ont reçu de prestigieuses distinctions, comme le Grand Prix de l’Académie du Disque Français, Edison Klasik, Grand Prix de la Nouvelle Académie du Disque et Grand Prix de l’Académie Charles Cros ; elle a été nominée aux Grammy Awards (2001 et 2002) et a reçu en 2003 le titre d’« Officier de l’ordre des Arts et Lettres » de l’état français. Ce disque s’est vu saluer de façon inconditionnelle par la critique tant nationale qu’internationale. 20 Avec Jordi Savall, ils ont été nommés fin 2007, « Artistes pour la Paix » dans le cadre du programme des « Ambassadeurs de bonne volonté » de l’UNESCO. Elle a publié récemment chez Alia Vox l’album Lux Feminae, un hommage à la femme et à son histoire dans un parcours à travers ses différentes facettes allant du Moyen Age à la Renaissance. Manuel Forcano Né en 1968 à Barcelone, Manuel Forcano est poète. Il a été professeur d’hébreu et d’araméen à l’Université de Barcelone. D’inspiration classique, sa poésie est en même temps d’une grande actualité ; elle a été très bien accueillie par la critique car il en émane une simplicité qui ne néglige nullement la complexité des concepts ni les références culturelles. Nombre des œuvres de Manuel Forcano ont reçu un prix, ainsi Corint (2000, Prix des jeux floraux de Barcelone), Com un persa (2001, Prix international Tívoli Europe Giovanni en 2002) et El Tren de Bagdad (2003, Prix de poésie CarlesRiba). Sa connaissance des langues sémitiques a fait de lui un traducteur spécialiste des poésies hébraïques. Il a notamment traduit de façon remarquée les poètes israéliens Yehuda Amichai, Pinjas Sadé et Ronny Someck. Avec le livre d’Yehuda Amichai, Clavats a la carn del món, il a obtenu les prix de la Critique Serra d’or et du Cheval vert de la traduction, en 2002, qui lui ont été remis par l’Association des écrivains de langue catalane. Els viatges d’Ibn Battûta (Les Voyages d’Ibn Battûta) est sa dernière œuvre traduite de l’arabe en collaboration avec la spécialiste Marguerite Castells ; la traduction vient de recevoir, en 2006, le Prix de la critique catalane. jeudi 10 janvier Begoña Olavide Begoña Olavide jouit d’une renommée internationale tant comme interprète que comme pionnière de de la redécouverte du psaltérion. Après avoir été diplômée du Conservatoire de Madrid en interprétation et en enseignement de la flûte, elle poursuit sa spécialisation en Hollande, en ex-Yougoslavie et en Espagne. Par ailleurs, elle s’initie au Maroc aux techniques vocales (quanún) et à la théorie de la musique araboandalouse et maghrébine. Begoña Olavide a travaillé dans diverses productions de théâtre, de cinéma et de documentaires et a participé à l’enregistrement de disques avec divers ensembles. En tant que soliste, elle a collaboré avec l’Orchestre national d’Espagne, le Royal College of Music de Londres, l’Orchestre de chambre Reina Sofía, l’Orchestre Baroque, l’Orchestre symphonique de Madrid (Orchestre Arbós) et l’Orchestre de la ville de Grenade, entre d’autres. Elle a aussi travaillé avec divers ensembles de musique ancienne, tels Atrium Musicae (Madrid), SEMA (Séminaire d’Études de Musique Ancienne), Pro Música Antiqua de Madrid et la Camerata Iberia, mais aussi avec des ensembles de musique contemporaine, de musique du monde ou de fusion, tels que Babia et Alquibla. Elle a fondé le groupe Cálamus qui, à une certaine époque, a contribué à rapprocher du panorama culturel espagnol la tradition arabo-andalouse oubliée. Ses nombreuses tournées l’ont menée à travers toute l’Europe, dans le mode arabe, aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine, au Japon et en Israël. Actuellement, elle se produit régulièrement avec Jordi Savall au sein d’Hespèrion XXI et, en collaboration avec le luthier Carlos Paniagua, fait des recherches sur le psaltérion et ses techniques de construction et de jeu à travers diverses périodes de l’histoire. Enfin, elle dirige le groupe Múdejar qu’elle a fondé en 1994 et qui s’est spécialisé dans l’interprétation de la musique ancienne espagnole. Francisco Rojas Diplômé d’interprétation de l’École royale supérieure d’art dramatique de Madrid, Francisco Rojas a également suivi des cours au Teatro de La Abadía de Madrid. Il a interprété de nombreux rôles du répertoire espagnol parmi lequel El amor enamorado, Fuenteovejuna, No son todos ruiseñores, Peribáñez y el comendador de Ocaña et La bella Aurora de Lope de Vega, El castillo de Lindabridis de Calderón de la Barca, La gran sultana de Miguel de Cervantes, Los mal casados de Valencia de Guillem Castro, La Celestina de Fernando Rojas, Los motivos de Anselmo Fuentes de Yolanda Pallín, Madrugada d’Antonio Buero Vallejo, Animales nocturnos de Juan Mayorga et la zarzuela en deux actes, Cádiz, de Chueca et Valverde. Dans le répertoire étranger, Francisco Rojas a joué dans Don Juan ou le Festin de pierre de Molière, La Nuit des rois et Hamlet de Shakespeare, Noises Off de Michael Frayn, Androclès et le lion de Bernard Shaw, Beyond Therapy de Christopher Durang et Les Amours d’Anatole d’Arthur Schnitzler. Francisco Rojas a ainsi collaboré à plusieurs reprises avec la Compagnie Joven Escena, la Compagnie nationale de théâtre classique d’Espagne (CNTC), le Théâtre de la Generalitat de Valence, Focus, la Compagnie de théâtre Noviembre, la Compagnie Manuel de Blas 21 et Escena Abierta, entre autres. Parmi les metteurs en scène qui l’ont dirigé, retenons Vicente Fuentes, Juan Pastor, Adolfo Marsillach, Luis Blat, Hermann Bonnín, Gustavo Tambascio, Alexander Herold, Eduardo Vasco, Charo Amador, Luis d’Ors, Tomás Muñoz, Manuel de Blas, Jean-Pierre Miquel et José Luis Alonso de Santos. David Sagastume Né en 1972 à Vitoria-Gasteiz, capitale de l’Alava au pays basque, David Sagastume étudie le violoncelle au Conservatoire supérieur de musique Jesús Guridi. Pour son examen final, il reçoit le prix extraordinaire dans cette spécialité. Parallèlement, il suit des études de piano, de viole de gambe et de clavecin et s’initie à la composition. Il poursuit des études générales tout en menant une carrière d’instrumentiste en tant que membre de l’Ensemble instrumental Jésús Guridi avec lequel il se produit en de nombreuses occasions à travers tout le pays basque. Durant plusieurs saisons, il appartient à l’Orchestre des jeunes d’Euskalerria (EGO) et travaille de façon régulière avec l’Orchestre symphonique Euskadi. En même temps, il travaille sa voix dans le registre de contre-ténor auprès des professeurs Isabel Alvarez, Richard Levitt et Carlos Mena. Il continue actuellement ses études avec ce dernier. David Sagastume chante fréquemment avec La Capella Reial de Catalunya sous la direction de Jordi Savall et avec La Capilla Peñaflorida. Il participe en tant que soliste à de nombreux concerts et enregistrements discographiques, dans divers festivals nationaux et étrangers. Arianna Savall Née à Bâle (Suisse) en 1972 au sein d’une famille de musiciens catalans, Arianna Savall Figueras commence l’étude de la harpe classique avec Magdalena Barrera et, en 1991, débute parallèlement ses études de chant avec Maria Dolors Aldea au Conservatoire de Terrassa, où elle termine ses études de chant et de harpe. En 1982, elle commence à étudier l’interprétation historique avec Rolf Lislevand au Conservatoire de Toulouse (France) et suit différents cours avec Andrew Lawrence- King, Hopkinson Smith et ses parents Montserrat Figueras et Jordi Savall. En 1996, elle retourne en Suisse à la Schola Cantorum Basiliensis pour se perfectionner en chant avec Kurt Widmer et se spécialise alors dans les harpes historiques avec Heidrun Rosenzweig. En 2000, elle chante pour la première fois un opéra baroque au Théâtre de Bâle, Opera Seria (Vienne 1769) de Florian Leopold Gassman, sous la direction de Carlos Harmuch. En 2002, elle poursuit en tant que chanteuse au Gran Teatre del Liceu de Barcelone avec l’Orfeo de Claudio Monteverdi dans le rôle d’Eurydice et sous la direction de son père, Jordi Savall, opéra enregistré en DVD par la BBC et opus arte. La critique loue le spectacle comme l’une des plus belles et magiques versions de l’Orfeo. Elle interprète le rôle de Casilda dans l’Opéra Arianna un pasticcio de Haendel (Bâle), participe au spectacle Sueños y Folías en tant que chanteuse et harpiste et chante Celos aún del ayre matan, un opéra de Juan Hidalgo (Barcelone, Vienne). En 2004, elle chante lors du concert dédié à M.A. Charpentier à Versailles, enregistré par MEZZO et Membra Jesu de Buxtehude à Graz (Autriche). À partir de 1997, elle collabore aux concerts et enregistrements d’HespèrionXXI, et grave son premier disque, où elle accompagne Montserrat Figueras à la harpe, Tonos Humanos de José Marin (Alia Vox) qui obtient le Diapason d’or. Elle participe à de nombreux enregistrements d’Alia Vox en tant que chanteuse et harpiste. Parallèlement, elle travaille avec Mala Punica Helas Avril (Erato), avec Ricercar Consort Sopra la Rosa (Mirare), avec Rolf Lislevand Alfabeto (Naïve), avec Pedro Estevan El aroma del tiempo (Glossa), avec Il Desiderio Joyssance vous donneray (Aelus), et chante comme soliste dans Les Vêpres de Monteverdi avec La Fenice. Elle travaille avec des personnalités comme le compositeur suisse Conrad Steinmann Melpomen (Harmonia Mundi), Rolf Lislevand pour Nuove musiche (ECM, 2006), la compositrice estonienne Helena Tulve avec qui elle prépare divers projets. En tant que chanteuse et harpiste, elle interprète ses compositions sur son premier disque en solitaire Bella Terra (Alia Vox). De nombreux festivals la programment avec son ensemble : Sfinks (Belgique, 2004), Stimmenfestspiele (Suisse, 2005)... Elle poursuit des études supérieures à l’ESMUC (Conservatori superior de música de Barcelona) sur la harpe baroque espagnole avec Andrew Lawrence-King. Elle se produit en Europe, en Scandinavie, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Australie, au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Israël. 22 Jordi Savall Dans l’univers de la musique actuelle, Jordi Savall tient une place exceptionnelle. Depuis plus de trente ans, il fait connaître au monde des merveilles musicales abandonnées dans l’obscurité et l’indifférence : jour après jour, il les lit, les étudie, et les interprète, avec sa viole de gambe ou comme chef d’orchestre. C’est un répertoire essentiel rendu à tous les mélomanes curieux et exigeants. Un instrument, la viole de gambe, d’un raffinement au-delà duquel il n’y a que le silence, a été soustrait aux seuls « happy few » (cercle intime) qui le révéraient. Avec trois ensembles musicaux fondés avec Montserrat Figueras : Hespèrion, La Capella Reial de Catalunya et Le Concert des Nations, les deux interprètes créent un univers rempli d’émotions et de beauté, offert à tous les passionnés de musique. Le monde entier les salue à travers leurs concerts et leurs productions discographiques, comme les principaux défenseurs de tant de musiques oubliées. Jordi Savall est l’une des personnalités musicales les plus polyvalentes de sa génération. Concertiste, pédagogue, chercheur et créateur de nouveaux projets musicaux et culturels, il se situe parmi les acteurs essentiels de l’actuelle revalorisation de la musique historique. Sa participation fondamentale au film d’Alain Corneau Tous les matins du monde (César de la meilleure bande-son), son intense activité de concerts (environ 140 par an), sa discographie (6 enregistrements par an) avec la création d’Alia Vox – son propre label d’édition – nous prouvent que la musique ancienne n’est en rien élitiste et qu’elle peut intéresser, dans le monde entier, un public chaque fois jeudi 10 janvier plus jeune et plus nombreux. Comme bien des musiciens, Jordi Savall a commencé sa formation à six ans au sein d’un chœur d’enfants à Igualada (Barcelone), sa ville natale, la complétant par des études de violoncelle, terminées au Conservatoire de Barcelone (1964). En 1965, il commence en autodidacte l’étude de la viole de gambe et de la musique ancienne (Ars Musicæ), et se perfectionnera à partir de 1968 à la Schola Cantorum Basiliensis (Suisse). En 1973, il succède à son maître August Wenzinger à Bâle, y donne des cours et des master-classes. Au cours de sa carrière, il a enregistré plus de 170 CDs. Parmi les distinctions qu’il a reçues, il faut souligner : Officier dans l’Ordre des Arts et Lettres (1988), la Creu de Sant Jordi (1990), Musicien de l’année au Monde de la Musique (1992) et Soliste de l’année des Victoires de la Musique (1993), Médaille d’Or des BeauxArts (1998), Membre d’honneur de la Konzerthaus de Vienne (1999), Docteur Honoris Causa de l’Université Catholique de Louvain (2002) et de l’Université de seulement été récompensé dans la catégorie « Musique ancienne », mais il a aussi créé l’événement en étant élu « Disque de l’année ». Dans l’ouvrage Lachrimæ Caravaggio, s’unissent de façon novatrice, la littérature, la musique et la peinture en un CD dédié à ce peintre génial et infortuné ; 7 larmes et 7 stances avec de la musique de l’époque et de Jordi Savall, sont un contrepoint musical à sa vie, telle une « bande originale imaginaire », et en même temps 7 de ses dernières peintures sont commentées par Dominique Fernandez de l’Académie Française. Lluís Vilamajó Né à Barcelone, le ténor Lluís Vilamajó commence ses études musicales à la Escolania de Montserrat et les poursuit au Conservatoire supérieur de musique de Barcelone. Il étudie le chant avec Margarita Sabartés et travaille actuellement avec Carmen Martínez. Il est également membre de La Capella Reial de Catalunya, d’Hespèrion XXI (direction Jordi Savall) et chante avec Barcelone (2006), Victoire de la musique Al Ayre Español (direction Eduardo López Banzo). Il collabore avec pour l’ensemble de sa carrière (2002) et en 2003, la Médaille d’Or des formations telles l’ensemble du Parlement de Catalunya, le La Romanesca (direction José Miguel Prix d’Honneur de la Deutsche Moreno) et Les Sacqueboutiers de Schallplattenkritik. Récemment, Toulouse avec lesquels il réalise des il vient d’être nommé « Ambassadeur concerts et des enregistrements dans de l’Union Européenne pour un dialogue différents auditoriums européens, interculturel » (année 2008) et avec américains, mexicains et israéliens. Montserrat Figueras ils ont été nommés En tant que soliste, il a interprété des « Artistes pour la Paix » dans le cadre œuvres telles que Les Vêpres de la du programme des « Ambassadeurs Vierge de Monteverdi, le Magnificat, de bonne volonté » de l’UNESCO. La Passion selon saint Matthieu, Plusieurs « Midem Classical Awards » La Passion selon saint Jean et la Messe lui ont été décernés (1999, 2000, 2003, en si mineur de Johann Sebastian Bach, 2004, 2005, 2006). En 2006, l’album le Requiem de Mozart, la Messe de Gloria « Don Quichote de la Mancha » a non de Puccini, La Création de Haydn, 23 Le Messie de Haendel et L’Enfant prodigue de Debussy. Il a été dirigé par Salvador Brotons, Pierre Cao, Jordi Casas, Juan José Mena, Antoni Ros Marbà, Andrew Parrot, Jordi Savall, Manel Valdivieso, Laszlo Heltay, Rinaldo Alessandrini, Eric Ericson et Attilio Cremonesi. Il a par ailleurs réalisé plusieurs enregistrements pour Astrée (naïve), Alia Vox, Fonti musicali, Sony Classical, harmonia mundi, Accord, Discant et Cantus. Furio Zanasi Dès le début de sa carrière de baryton, Furio Zanasi se consacre avec passion à la musique ancienne, interprétant un répertoire qui s’étend du madrigal à l’opéra en passant par la cantate et l’oratorio. Il a collaboré avec de nombreux ensembles de renommée internationale tels Hespèrion XX et Hespèrion XXI, La Cappella della Pietà de’ Turchini, Daedalus, Elyma, le Collegium Vocale de Gand, Concerto Italiano, entre autres, sous la direction de chefs tels que Jordi Savall, René Jacobs, Alan Curtis, Gabriel Garrido, Ivor Bolton, Reinhard Goebel, Thomas Hengelbrock, Philippe Herreweghe, Rinaldo Alessandrini, Alessandro De Marchi, Andrea Marcon, Ottavio Dantone, Riccardo Chailly et Maurizio Pollini. Il participe ainsi à des manifestations en Italie (Septembre musical de Turin, le Festival Romaeuropa à Rome, Musica e poesia a San Maurizio à Milano, Auditorium de Milan, à l’Automne musical de Côme, aux festivals de Crémone, de Ravenne et de clavecin à Rome, aux Fêtes musicales de Bologne, à l’Académie philharmonique de Rome, à l’Académie sainte Cécile de Rome, à l’Académie Chigiana de Sienne, à Trente et à Venise, entre autres) ainsi qu’à l’étranger (Saint-Sébastien, Utrecht, Anvers, Bruges, Stuttgart, Ségovie, Ascona, Locarno, Prague, La Chaise-Dieu, Beaune, Caen, Versailles, Arsenal de Metz, Ribeauvillé, Ambronay, Folle Journée de Nantes, Théâtre des Champs-Élysées et Opéra Garnier à Paris, Festival Lufthansa à Londres, festivals de Salzbourg, d’Innsbruck, Concertgebouw d’Amsterdam, Konzerthaus de Vienne, Fondation Gulbenkian et tour de Belem à Lisbonne, Berkeley, Carnegie Hall de New York, Kioi Hall de Tokyo, ainsi qu’en Bolivie, au Brésil, au Mexique et en Argentine, notamment). Après avoir débuté dans le rôle de Marcello dans La Bohème au Théâtre de Rieti, il chante à l’Opéra de Rome, au Teatro Bellini de Catane, au Teatro Nuovo de Spolète, au Teatro Massimo de Palerme, au Teatro Ponchielli de Crémone, au Teatro Piccinni de Bari, à Messine, à la Semperoper de Dresde, au Liceu de Bercelone, de Bâle et au théâtre Regio de Turin, au Mai musical de Turin, à la Fenice de Venise, au San Carlo de Naples, au Teatro de la Zarzuela de Madrid, au Grand Théâtre de Bordeaux, à la Staatsoper de Berlin, à la Staatsoper de Hanovre, à La Monnaie de Bruxelles, au Teatro Colón de Buenos Aires et enfin au Lincoln Center de New York. En outre, Furio Zanasi se dédie avec bonheur au répertoire de musique de chambre, privilégiant le lied allemand. Il a enregistré pour la RAI, la RSI, la BRT, la BBC, l’ORF, Radio France et la Radio vaticane. Il a enregistré pour les labels Nuova Era, Symphonia, Stradivarius, Accord, Divox , Arts, ClassicO, Chandos, Bongiovanni, Naxos, Amadeus, Zig-Zag, naïve, Alia Vox, harmonia mundi, Opus 111, Virgin et K617. Il interprète également le personnage d’Orphée dans l’opéra éponyme de Monteverdi enregistré par Opus Arte. Hespèrion XXI Dans l’Antiquité, on appelait Hesperia les deux péninsules les plus occidentales d’Europe, l’Italienne et l’Ibérique. En grec ancien, Hesperio signifiait « originaire de l’une de ces deux péninsules ». C’était aussi le nom qui était donné à la planète Vénus quand elle apparaissait la nuit, à l’occident. Unis par une idée commune – l’étude et l’interprétation de la musique ancienne à partir d’un positionnement à la fois original et actuel – et fascinés aussi par l’immense richesse du répertoire musical hispanique et européen d’avant 1800, Jordi Savall, Montserrat Figueras, Lorenzo Alpert et Hopkinson Smith fondèrent en 1974 l’ensemble Hespèrion XX. Tout au long de ses 30 années d’existence et avec la collaboration de grands interprètes, cet ensemble a sauvé de l’oubli de nombreuses œuvres et de nombreux programmes inédits, contribuant ainsi à une importante revalorisation des aspects essentiels du répertoire médiéval, renaissant et baroque. Depuis sa fondation, Hespèrion XX donne de très nombreux concerts dans le monde entier et participe régulièrement aux principaux festivals de musique internationaux. Aux portes du nouveau millénaire, Hespèrion continue d’être un outil de recherche « en direct » ; c’est ce qui a été signifié par le changement de siècle apparu en son nom, dorénavant Hespèrion XXI depuis l’an 2000. Cette formation a décidé de ses choix artistiques de manière très éclectique, les fondant sur la recherche d’une 24 synthèse dynamique entre expression musicale, connaissances stylistiques et historiques, et imagination créative chez ces musiciens du XXIe siècle. L’entreprise consistant à reconstruire la richesse exubérante de la musique d’autres époques est séduisante, particulièrement concernant la musique de siècles lointains (du Xe au XVIIIe), et elle a introduit un air nouveau dans les propositions actuelles. Grâce au dynamisme et à l’ardeur de ses différents musiciens, Hespèrion XXI a su conquérir l’Europe des nations en faisant revivre ses trésors musicaux de grande valeur. Avec ce bagage, il a parcouru les pays européens, le Nouveau Monde, le Proche et l’Extrême-Orient. Les disques et les interprétations en direct d’Hespèrion XXI ont permis de redécouvrir les chants judéo-chrétiens du répertoire séfarade, le Siècle d’or espagnol, les madrigaux de Monteverdi et les Villancicos créoles d’Amérique. Parmi tous les enregistrements publiés, il faut remarquer Cansós de trobairitz, El Llibre Vermell de Montserrat, Diáspora Sefardí, Música napolitana, Música en el tiempo de Cervantes, El barroco español, Ostinato, mais aussi leurs productions monographiques sur Giovanni Gabrieli, Frescobaldi, Scheidt, Lawes, Juan Cabanilles, François Couperin et Johann Sebastian Bach, ainsi que leurs derniers enregistrements d’œuvres d’Alfonso Ferrabosco, de la musique du temps d’Isabelle Ire reine de Castille, et les disques Altre Follie, Orient-Occident et La Route d’Orient de Francisco Javier, chez Alia Vox. Ils sont les meilleurs témoignages de la richesse musicale offerte par Hespèrion XXI. jeudi 10 janvier La Capella Reial de Catalunya Convaincus de l’influence déterminante que les racines et les traditions culturelles d’un pays exercent toujours dans l’expression de son langage musical, Montserrat Figueras et Jordi Savall fondent, en 1987, La Capella Reial. C’est l’un des premiers groupes vocaux dédiés à l’interprétation des musiques du Siècle d’or sur des critères historiques, mais aussi un des premiers groupes qui soit exclusivement composé de voix hispaniques et latines. Cette nouvelle « Chapelle Royale », appelée depuis 1990 La Capella Reial de Catalunya, est née sur le modèle des célèbres chapelles royales pour lesquelles les grands chefs-d’œuvre des musiques sacrées et profanes de la péninsule Ibérique furent créés. Elle est le fruit de plus de 13 années de travail de recherche sur l’interprétation dans le cadre de la musique ancienne. Sous la direction de Jordi Savall, La Capella Reial de Catalunya développe une intense activité de concerts et d’enregistrements et participe dès sa fondation aux principaux festivals de musique du monde entier. Son répertoire et ses principaux enregistrements, publiés en 25 disques, vont des Cantigas de Alfonso X el Sabio et El Llibre Vermell de Montserrat au Requiem de Mozart, en couvrant aussi les Cancioneros del Siglo de oro et les grands maîtres de la Renaissance et du baroque tels Mateo Flecha, Cristóbal de Morales, Francisco Guerrero, Tomás Luis de Victoria, Joan Cererols, Claudio Monteverdi, Heinrich Ignaz Franz von Biber et Narcís Casanovas, le Misteri d’Elx, Isabelle Ire de Castille et plus récemment les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, entre autres. Il faut souligner la participation de l’ensemble à la bande originale du film Jeanne La Pucelle (1993) de Jacques Rivette sur la vie de Jeanne d’Arc ainsi qu’aux opéras Una cosa rara de Vicente Martín y Soler et Orphée de Monteverdi, représentés dans le Gran Teatre del Liceu de Barcelone (1991 et 1993). Ce dernier a également été représenté au Teatro Real de Madrid (2000), au Konzerthaus de Vienne (2001), au Teatro Reggio de Turin (2002) puis de nouveau au Liceu de Barcelone reconstruit (2001), et enfin enregistré en vidéo (BBC-Opus Arte). Depuis 1990, La Capella Reial de Catalunya reçoit le soutien de la Generalitat de Catalogne. Flûtes à bec Pierre Hamon Violes de gambe Sergi Casademunt Fahmi Alqhai Oud Driss el-Maloumi Santur Dimitri Psonis Psaltérion Begoña Olavide Vihuela de mano et guitare Enrique Solinis Sopranos Montserrat Figueras Arianna Savall Adriana Fernández Cornet Jean-Pierre Canihac Mezzo-soprano Begoña Olavide Chalémie Béatrice Delpierre Contre-ténor David Sagastume Sacqueboute Stefan Legée Ténor Lluís Vilamajó Basson et dulciane Josep Borràs Baryton Furio Zanasi Percussions Pedro Estevan Basse Daniele Carnovich Récitants Francisco Rojas Manuel Forcano Rebab et vielle Jordi Savall 25 Et aussi… Ensemble Elyma Gabriel Garrido, direction Ensemble Louis-Berger Ricardo Massun, direction Domenico Zipoli/Martin Schmid San Ignacio de Loyola Anonyme Messe «Mo Purificacion» Samedi 23 février, 20h Fiesta Criolla Ensemble Elyma Ballet Peru Andino Compagnie Ana Yepes Gabriel Garrido, direction Mercredi 12 mars, 15h Spectacle Jeune Public Les Electro-Merveilles Compagnie La Carrérarie Conte musical pour les enfants à partir de 7 ans Mercredi 12 mars, 20h The English Concert Kenneth Weiss, orgue et direction Magali Léger, soprano Georg Friedrich Haendel Concerto grosso Opus 3 n°4 Concerto pour orgue Opus 4 n°1 et n°2 Vêpres des Carmélites (extraits) Samedi 29 mars, 11h Concert éducatif L’Art de la fugue, J.S Bach Pierre-Laurent Aimard, piano Pierre Charvet, présentation Samedi 29 mars, 20h Pierre-Laurent Aimard, piano Mardi 26 février, 20h The Indian Queen Opéra de Henry Purcell Livret de John Dryden et Robert Howard Reconstitution de Philip Pickett Version de concert New London Consort Philip Pickett, direction Joanne Lunn, soprano Julia Gooding, soprano Tone Braaten, soprano Mark Chambers, contre-ténor Christopher Robson, contre-ténor Andrew King, ténor Joseph Cornwell, ténor Michael George, baryton-basse Simon Grant, baryton-basse Mark Rowlinson, baryton-basse Johann Sebastian Bach L’Art de la fugue > MÉDIATHÈQUE Nous vous proposons… … d’écouter Moyen âge : l’église face au monde, le paradis perdu, les musiques de l’Hesperia mauresque, juive et chrétienne du temps d’Alphonse X « le sage ». Enregistré à la Cité de la musique en 2004 par Hesperion XXI, Montserrat Figueras, Jordi Savall. Llibre vermeill. Hesperion XXI, Jordi Savall. Cantica Beatae Virginis. Hesperion XXI, Jordi Savall. … de regarder Musique pour la paix ou dialogue des musiques d’Orient et d’Occident au festival d’Ambronay. Avec Hesperion XXI, La Capella Reial de Catalunya, Jordi Savall. Jordi Savall : folies d’Espagne. Enregistré au festival de Lanvellec Les voix humaines. Enregistré à la chapelle Saint-Martin du Méjean, Arles. … de lire Entretien avec Jordi Savall. Goldberg n°7, 1999. http://mediatheque.cite-musique.fr > 3 Biennale de Quatuors à cordes Du 22 au 27 janvier Au cours de 12 concerts, les quatuors américains (Juilliard, Emerson, Brentano…) côtoient la fine fleur des ensembles européens (Prazák, Arditti, Sine Nomine…). Au programme : l’intégrale des 5 quatuors d’Elliott Carter et de nombreuses œuvres de Haydn, Beethoven, Schubert, Bartók… e > Zoom sur une œuvre Béla Bartók Quatuor à cordes n° 6 Mercredi 23 janvier, de 18h30 à 19h30, avant le concert du Quatuor Brentano à 20h. > Musée Jusqu’au 20 janvier 2008 Exposition « Richard Wagner, visions d’artistes » À la recherche de l’art total : une plongée dans l’univers de Richard Wagner qui a inspiré peintres, sculpteurs et vidéastes depuis 1845, d’Henri Fantin-Latour à Bill Viola, d’Odilon Redon à Joseph Beuys, en passant par Salvador Dalí ou George Grosz. L’exposition se visite en musique, à l’écoute d’extraits des principaux opéras wagnériens. Une section consacrée au cinéma sonde les prolongements et détournements de l’œuvre du maître de Bayreuth, opérés par des réalisateurs aussi divers que Chaplin, Fellini ou Coppola. Des visites de l’exposition sont organisées pour les adultes tous les samedis et dimanches à 15h. Des visites pour les jeunes sont programmées. Consulter le dépliant trimestriel « jeunes publics » pour les dates. Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Correctrice : Angèle Leroy | Stagiaire : Marilène Parrou | Maquette : Elza Gibus Imprimeur SIC | Imprimeur BAF | Licences no 757541, 757542, 757543 Jeudi 21 février, 20h Musique des missions jésuites