Bas salaire dans les secteurs féminins

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Bas salaire dans les secteurs féminins
Michela Bovolenta
Secrétaire centrale
ssp
Secrétariat central
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Bas salaire dans les secteurs féminins : l’exemple du secteur de l’accueil de l’enfance – 13-06.13
La quasi-totalité du personnel du secteur de l’accueil de l’enfance préscolaire est féminin. Par
exemple en 2010 à Genève1, la part d’hommes est de 6% dans le secteur, mais les éducateurs ne
représentent que 3% des effectifs.
Le nombre de structures d’accueil a doublé entre 1991 et 2001 et augmenté de 67% entre 2001 et
20082. Selon le rapport de la Confédération3, 21'224 places (préscolaire) ont été crées en 10 ans.
Malgré cela, l’offre reste insuffisante par rapport aux besoins des parents, notamment pour les
bébés.
Le nombre de personnes travaillant dans ce secteur a lui aussi fortement augmenté. La pénurie de
personnel – qui dans d’autres domaines poussent les salaires à la hausse – a été utilisée pour
augmenter la part de personnel non formée et ainsi réduire la masse salariale. Les salaires varient
fortement d’une région à l’autre, selon le statut de la crèche (privée, publique ou subventionné,
avec ou sans CCT), mais restent modestes. Surtout, les pressions pour faire des économies sont
énormes. On engage du personnel auxiliaire qui touche de bas, voir de très bas salaires (voir
l’exemple du Tessin), on abuse du statut de stagiaire, particulièrement en Suisse alémanique en
multipliant les années de stage sans que cela aboutissent à une formation. Enfin, on intensifie le
travail en confiant plus d’enfant à chaque adulte, comme à Genève où un référendum vient d’être
lancé.
Dumping salarial dénoncé au Tessin
Dans une pétition déposée en 2008, le ssp-vpod, Région Tessin a dénoncé le dumping salarial
dans crèches. Dans sa réponse, la Commission des pétitions et des recours a confirmé l’analyse
du syndicat4 : la moitié du personnel non qualifié touche un salaire inférieur à 2560.-! Le ssp-vpod a
constaté des salaires de 2'200.- pour un plein temps. La moitié du personnel formé touche un
salaire inférieur à 3250.-. D’après la commission « c’est aussi pour cette raison que la très grande
majorité du personnel, essentiellement féminin, est frontalier ». En février 2009, le ssp-vpod a saisi la
Commission tripartite en matière de libre circulation. A ce jour, la Tripartite n’a pas donné suite.
Le ssp-vpod vient de déposer une initiative populaire « Des crèches de qualité pour les familles »
qui exige davantage de subventions publiques afin de garantir un accueil de qualité, de plafonner le
tarif payé par les parents et d’assurer de bonnes conditions de salaire et de travail au personnel.5
1
www.ge.ch/structures_accueil/pdf/111213_enquete-spe-2010.pdf
Derniers chiffres OFS : www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/20/05/blank/key/Vereinbarkeit/06.html
3 Rapport 2013 sur les aides financières : www.bsv.admin.ch/praxis/kinderbetreuung/01153/index.html?lang=fr
4 www.ti.ch/CAN/SegGC/comunicazioni/GC/Petizionirapporti/PE62.htm
5 www.vpod-ticino.ch/File_News/1365748763.Iniziativa_asili_nido.pdf
2
Le féminin est utilisé comme terme générique comprenant aussi les personnes de sexe masculin travaillant dans le
secteur.
Stagiaires utilisées comme main-d’œuvre bon marché
D’après la Confédération, un tiers du personnel des crèches serait composé d’apprenties et de
stagiaires. En réalité, beaucoup de structures ne pourraient pas fonctionner aujourd’hui sans
l’apport de ce personnel. Souvent, il s’agit de stages préalables à une entrée en formation. Le
salaire se situe en général entre 350.- et 1000.- francs par mois, avec des variations régionales6. Le
scandale est que de nombreuses stagiaires ne suivront jamais une formation et que pour faire un
apprentissage d’ASE, il n’est aucunement nécessaire d’avoir fait un stage préalable. Ainsi, les
jeunes multiplient les années de « stages » puis quittent le secteur. C’est pourquoi le ssp considère
qu’il s’agit de fait d’un dumping salarial et qu’il faut supprimer ce type de stage.
Auxiliaires et bas salaires
D’après la Confédération, près de la moitié du personnel des crèches (45%) ne disposent pas
d’une formation spécifique. Ce personnel est mal rémunéré. Le rapport genevois confirme ce
chiffre et comptabilise 44% de personnel non formé avec un salaire minimum à partir de 2889.(hors CCT). Au Valais, le minimum recommandé est de 3553.-. En Suisse alémanique, le
Familienservice recommande 3200.- pour 43 heures par semaine et KitaS 3500.-. Des salaires trop
bas pour vivre dignement et qui ne valorisent aucunement un travail exigeant. Une manière de
baisser les coûts de l’accueil de l’enfance en profitant, une fois de plus, du travail des femmes.
Plus d’informations :
Michela Bovolenta, secrétaire centrale ssp 079 647 72 83
Pour le dossier Tessin : Linda Cortesi, secrétaire vpod-Région Tessin 079 527 73 86
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Exemples de recommandations : Chur : 600 à 1300 francs ; Fribourg : 500 à 700 francs