Le nombre de SDF en France a explosé en dix ans

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Le nombre de SDF en France a explosé en dix ans
Le nombre de SDF en France a explosé en dix ans
Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 19/11/2014 à 07:20
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Selon une étude de l'Insee rendue publique ce mercredi, en 2012 la France comptait 112 000
SDF, dont 31 000 enfants. Un chiffre glaçant et en augmentation de 44% depuis 2001.
Ils dorment dehors ou dans des structures d'hébergement d'urgence. Ils sont en majorité
étrangers et parfois travaillent... En 2012, la France comptait 112 000 SDF, dont 31 000
enfants, pour la plupart regroupés dans les moyennes et grandes agglomérations. Un chiffre
en hausse de 44% en 11 ans, selon une étude de l'Insee dévoilée ce mercredi.
Un chiffre probablement en dessous de la réalité
Dans son "Portrait social de la France", l'Insee dévoile la "grande diversité" de la population
de sans-domicile en France, à partir d'une enquête sur les personnes ayant fréquenté les
services d'hébergement ou de restauration dans les agglomérations de plus de 20.000
habitants, au premier trimestre 2012. Les personnes dites sans-domicile sont celles privées de
logement personnel, qui dorment dans un endroit non prévu pour l'habitation (rue, jardin
public, gare, squat, etc.) ou sont hébergées dans des centres d'urgence ou d'autres structures
pour des durées plus longues. Cette population, généralement mal connue, avait fait l'objet
d'une première enquête en 2001: depuis, le nombre de SDF a augmenté de 44%, pour s'établir
à 81.000 adultes, accompagnés de 31.000 enfants. Le chiffre ne couvre pas toute la réalité des
sans-domicile, certainement plus nombreux, si l'on inclut notamment ceux qui ne fréquentent
aucun service d'hébergement ou de restauration, et ceux vivant dans des communes rurales ou
de moins de 20.000 habitants.
55% des SDF recensés sont nés à l'étranger
Selon l'enquête, une majorité de sans-domicile (55%, 45.000 personnes) sont nés à l'étranger,
dont plus de la moitié dans un pays d'Afrique (Maghreb et Afrique sub-saharienne), souvent
francophones. Parmi les 16.000 non-francophones, deux tiers sont nés dans un pays d'Europe
de l'Est ou en ex-URSS. C'est une population en majorité jeune et masculine, mais les femmes
(38%) et les enfants sont de plus en plus nombreux, en particulier parmi les SDF nés à
l'étranger: 40% sont accompagnés d'enfants, contre seulement 16% pour les sans-domicile nés
en France.
La population de SDF est très présente dans les grandes agglomérations, et seuls 10% vivent
dans les villes de 20.000 à 200.000 habitants. L'agglomération parisienne concentre à elle
seule autant de sans-domicile que l'ensemble des agglomérations de plus de 200.000
habitants. Les mieux lotis (30%, en majorité des familles) sont hébergés dans un logement
fourni par une association et un tiers bénéficient de places dans des centre d'hébergement
collectif où l'on peut rester la journée.
Une population frappée par une grande précarité
Près de 4 SDF sur 10 vivent dans des conditions plus précaires, dans des centres qu'ils doivent
quitter tous les matins sans être assurés de retrouver une place le soir ou dans des hôtels. Et
10% sont sans-abri. Une proportion qui monte à 14% en région parisienne, en raison du
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nombre croissant de sans-domicile et de la pression immobilière. Parmi les 66.300 SDF
francophones interrogés de manière plus approfondie par l'Insee, une grande majorité (86%)
disent avoir vécu dans leur enfance au moins un événement douloureux lié à l'environnement
familial (problème de santé grave, handicap, décès d'un parent). En outre, un quart d'entre eux
ont été placés en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance.
Sans surprise, les sans-domicile disposent de ressources mensuelles très faibles: 80% ont
moins de 900 euros par mois, et 30% n'atteignent pas 300 euros. Plus des trois quarts sont
inactifs ou au chômage et, plus inattendu, 24% travaillent, mais occupent souvent des emplois
à temps partiel, peu qualifiés et précaires. Ils sont majoritairement employés ou ouvriers, et
22% n'ont aucun contrat de travail. Plus de 4 SDF sur 10 n'a jamais vécu dans un logement
personnel indépendant. Et pour ceux qui en ont déjà eu un, 35% l'ont perdu à cause de
difficultés familiales (séparation, décès du conjoint, violences conjugales), 30% en raison de
problèmes financiers (perte d'emploi, loyers trop élevés, expulsions, etc.).