Prise en compte du travail réel dans la démarche de prévention : L

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Prise en compte du travail réel dans la démarche de prévention : L
agenda & services
Formation
Prise en compte du travail
réel dans la démarche
de prévention : L’ approche
ergonomique en formation
L’approche globale des situations de travail doit toujours être au cœur de l’action
de prévention des risques professionnels. Dans cette perspective, l’INRS propose
deux stages fondés sur l’approche ergonomique, visant à faire connaître les outils
méthodologiques d’analyse de l’activité.
Taking real work into account in the risk prevention approach:
The ergonomic approach in training – A holistic approach to work situations should
always be at the core of action to prevent occupational risks. With that in mind, INRS
is proposing two courses based on the ergonomic approach and designed to acquaint
participants with methodological tools for analysing work activity.
Claudie
Rousseau
INRS,
département
Formation
À
noter que cette offre de formation
sur l’approche ergonomique ne traite
pas de l’ensemble de la démarche
ergonomique et n’est a fortiori pas
conçue pour former des ergonomes
en une ou deux semaines.
Le stage Intégrer les concepts et méthodes de l’ergonomie dans la démarche de prévention a été conçu
avec le souci d’articuler ergonomie et prévention.
Tout en rappelant les notions de base développées par l’ergonomie, notamment travail prescrit/
travail réel et analyse de l’activité, cette formation
comprend une étude de poste de travail en entreprise ouvrant sur des réflexions méthodologiques.
Réalisé par groupe de deux à trois personnes,
cet exercice pratique permet aux stagiaires de se
trouver dans des conditions de co-construction et
d’échanges favorisant la richesse de l’analyse.
Bref rappel de deux concepts clés
en ergonomie
L’approche ergonomique se caractérise par un positionnement,
une posture, un regard sur l’activité de travail en considérant
l’opérateur dans sa globalité physique, sociale et psychologique.
La démarche ergonomique se définit par la mise en œuvre d’un
processus visant une action et/ou une transformation du travail.
Cela peut concerner les modes opératoires, les conditions de
réalisation, l’organisation du travail…
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Hygiène et sécurité du travail – n°235 – juin 2014
Françoise Paix, INRS, responsable du pôle
Fondamentaux de la prévention
HST : Comment situer l'approche ergonomique dans
l'organisation de la prévention de l'entreprise ?
F. P. : L'approche ergonomique permet de mener
une évaluation des risques prenant en compte
l'activité réelle de l'opérateur et les risques
associés auxquels il est exposé (Cf. Figure 1). Cette
approche peut être complétée par des informations
issues de la métrologie concernant les risques
chimiques et physiques tels que l'éclairage, le bruit,
les vibrations... ainsi que par l'examen technique
des installations et des équipements de travail.
Conduite de façon participative, l'évaluation des
risques permet d'organiser la prévention dans
l'entreprise.
Michel Duwelz, INRS, responsable
pédagogique-formateur-ergonome
HST : Quelles sont les caractéristiques de ce stage
Intégrer les concepts et méthodes de l’ergonomie
dans la démarche de prévention ?
M. D. : Depuis sa création, la base fondamentale
de cette formation n’a pas changé, elle reste centrée sur l’analyse de l’activité réelle du travail
(Cf. Figure 2). Elle a toujours été ouverte à un public
mixte (médecin du travail, préventeurs, agents des
méthodes…) afin de favoriser le travail en pluridisciplinarité. Cependant, depuis ces dernières années,
on constate une évolution du public liée en grande
partie à la réforme de l’organisation des services de
HST : En quoi l'analyse des situations de travail
est -elle une étape clé dans l'évaluation des risques
professionnels, en particulier du risque TMS ?
Formulation d’hypothèses
Observations
systématiques
Définition d’un plan
d’observations
Validation/enrichissement
des hypothèses
Diagnostic
Rôle des entretiens
et des verbalisations
Références scientifiques
Recommandations
d figure 1 Schéma général de la démarche d'analyse ergonomique.
Aménagement du temps
• Délais
• Cadences
• Rythme de travail
• Horaires
• Pauses
• Urgences…
Objectif
• Tâche prescrite
• Mode opératoire
• Exigences : qualité, quantité,
délais
• Produit fini : caractéristiques
Machines
• Degré technologique…
Matières premières
• Caractéristiques, variabilité…
Outils
• Nature, usure, réglages
• Documentation
• Moyens de communication
• Logiciels…
oi ?
d?
HST : En tant que responsable pédagogique de ce
stage, quelles sont les spécificités qui vous ont paru
indispensables à intégrer dans cette offre articulant
pluridisciplinarité et prévention du risque TMS ?
E. L. : Cette formation est résolument tournée vers
une dynamique d’action et conçue pour placer les
stagiaires dans des conditions concrètes de travail
en pluridisciplinarité, notamment par la constitution de binômes. Ce stage est fondé sur le cadre
théorique du modèle du geste. À la différence de
la seule analyse biomécanique et physiologique du
mouvement, ce modèle est utilisé pour comprendre
la survenue de TMS par la prise en compte du geste
intégrant plusieurs dimensions : biomécanique,
cognitive (prise et traitement de l’information), psychologique et sociale (sens du geste, intentionnalité,
professionnalité…).
Analyse de l’activité de travail
an
Éric Liehrmann, INRS, responsable
pédagogique-formateur-ergonome
Connaissances :
• de l’organisation
• du système technique
• de la population
• des indicateurs relatifs
à la santé et à l’efficacité
Rencontre des opérateurs
Approche globale
• Exploration du fonctionnement
de l’entreprise et de ses traces
• Découverte de la situation de travail
Qu
HST : Au cours du stage, les stagiaires sont amenés
à analyser un poste, grandeur nature, dans une
entreprise. Comment est organisé ce temps fort de
la formation ?
M. D. : Les situations de travail analysées sont choisies en concertation avec le contrôleur ou l’ingénieur
conseil de la Carsat/CRAM qui nous a guidés vers
l’entreprise ainsi qu’avec des interlocuteurs de l’entreprise. A priori, toute situation de travail peut être
l’objet de l’analyse, cependant, notre choix s’oriente
vers des situations problématiques du point de
vue de la santé et sécurité au travail. Concernant
les secteurs d’activité, ils sont multiples : industrie
agroalimentaire, commerce, secteur du spectacle…
Le nouveau stage intitulé Développer la pluridisciplinarité dans le cadre d’une démarche de prévention des troubles musculosquelettiques s’adresse plus
particulièrement aux professionnels des services
de santé au travail (médecin du travail, IPRP, infirmières du travail). La participation à cette formation
requiert un ancrage dans un projet d’action de prévention des TMS à présenter dans une note générale au moment de l’inscription. Ce prérequis est
une condition de l’atteinte des objectifs, en particulier celui de proposer collectivement une démarche
de prévention des TMS en entreprise et de mobiliser/accompagner l’entreprise dans la construction
de sa démarche de prévention.
Analyse de la demande
Observations globales
de l’activité
santé au travail avec une plus forte présence d’infirmières du travail et d’IPRP. Ce changement nous a
amené à reprendre une partie de la formation afin
d’intégrer des aspects de l’ergonomie dans leur pratique professionnelle de prévention.
Organisation
• Organigramme
• Répartition des tâches
Com
• Autonomie
men
t?
• Possibilité d’entraides…
Individu - population
• Âge, sexe
• Caractéristiques physiques
i?
qu
• Qualification
ec
• Formation, expérience
Av
• Itinéraire professionnel…
Qu
Situation
de travail
Où ?
Environnement - Espaces
• Ambiances physiques : bruit,
éclairage…
• Espaces de travail
• Espaces de circulation
• Stockage
• Caractéristiques bâtiments…
d figure 2 Schéma général de l'analyse de l'activité
E. L. : Du point de vue de l’ergonomie, une « logique
intégratrice » préside à l’évaluation des risques
avec comme entrée le travail, l’évaluation n’est
donc pas directement focalisée sur le risque.
Pour ce faire, l’analyse des situations de travail
est incontournable pour connaître les conditions
concrètes de l’exposition aux risques associés à
l’activité en cours. La méthodologie s’appuie sur
l’observation et la verbalisation permettant d’accéder aux dimensions non observables du travail
(logique d’action, geste empêché, intention, sens
du travail….). De cette façon, l’analyse peut mettre
à jour des enjeux contradictoires que l’opérateur
doit gérer et qui l’amène à des compromis pouvant être source de tension physique et psychologique. L’identification des déterminants de ces
situations problématiques peut ensuite être mise
en discussion pour permettre aux opérateurs de
retrouver des conditions non délétères dans la
réalisation de leur activité. Par ailleurs, l’association
des salariés et la transparence de cette démarche
correspondent aux exigences attendues pour une
évaluation pertinente des risques et déontologiquement acceptable.
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Hygiène et sécurité du travail – n°235 – juin 2014
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