Sa plus grande bienveillance. C`est ainsi que, celte année, nous

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Sa plus grande bienveillance. C`est ainsi que, celte année, nous
Sa plus grande bienveillance. C'est ainsi que, celte année, nous
:
avons accordé de n o m b r e u s e s exonérations, puisqu'elles se
chiffrent au total à 85 millions de francs.
Il serait beaucoup plus normal de faire supporter ces exonérations par le budget général, et comme la commission, des
finances
a émis le vœu que la proposition de loi de
Mm'e Lefebvre vienne très rapidement en discussion devant
l'Assemblée nationale, c'est à ce moment-là que notre collègue
ipourra utilement défendre la thèse qu'elle yîent de soutenir
devant nous.
M. le président. Maintenez-vous votre a m e n d e m e n t , m a d a m e
lefebvre ?
Mme Francine Lefebvre. Je regrette vivement que les personnes pour lesquelles je suis intervenue n ' a i e n t pas été
comprises parmi celles qui ont bénéficié de la bienveillance
de M. le ministre.
Je n'ai jamais vu l'un des vieux travailleurs salariés obtenir
l'exonération que je sollicitais.
Je préférerais donc que l'Assemblée votât un amendement
indicatif qui pourrait aider M. ;e ministre à obtenir de plus
larges exonérations.
M. le président. Je mets aux voix l ' a m e n d e m e n t de Mme Lefebvre.
{.L'amendement,
mis aux voix, est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix le chapitre 0010, au nouv e a u chiffre de 197.189.000 francs.
{Le chapitre 0010, mis aux voix avec ce chiffre, est adopté.)
« Chap. 0020. — Remboursement au budget annexe des postes,
télégraphes, téléphones des charges du capital investi en travaux de premier établissement "de radiodiffusion, 7 millions
300.000 francs. » — (Adopté.)
« Chap. 0030. — Remboursement d ' e m p r u n t s pour le financement des travaux d'investissement, 179.531.000 francs. » —
•(Adopté.)
Personnel.
« Chap. 1000. — Administration centrale. — Rémunérations
principales, 554.009.000 francs. » — (Adopté.)
M. le président. « Chap. 1010. — Inspection générale. —
Rémunérations principales, 7.297.000 francs. »
La parole est à M. Cagne.
M. Jean Cagne. Mesdames, messieurs, au nom du groupe
communiste, je tiens à élever une très vive protestation contre
les méthodes d'information imposées aux auditeurs de la radiodiffusion.
En effet, la radiodiffusion française commet u n véritable
a b u s de pouvoir en même temps q u ' u n abus de confiance
quand elle oblige la grande majorité des auditeurs à financer
u n e entreprise qui se livre trop souvent à une propagande dirigée contre eux, contre leurs aspirations et contre leurs intérêts.
Les auditeurs constatent qu'il existe une certaine analogie
entre les méthodes actuelles et celles qui étaient pratiquées
sous le régime de Vichy. Ils entendent les mêmes émissions où
l'on prêche ouvertement une nouvelle croisade anticommuniste
et antisoviétique, où la haine le dispute aux calomnies et aux
falsifications.
Pour l'immense majorité des auditeurs, les émissions portent
la marque d'une véritable entreprise de démoralisation de la
nation, et sont autant do manifestations indécentes l ' u n e politique antinationale.
Une fois de plus, nous posons la question suivante, restée
j u s q u ' à présent sans r é p o n s e : A quel titre M. Jean-Paul David,
successeur de Philippe Ifenriot et directeur de l'officine américaine « Paix et Liberté ». détient-il une sorte de monopole ?
Et j ' a j o u t e à l'adresse de M. le secrétaire d'Etat: M. Jean-Paul
David est-il rémunéré ? Si oui, combien en coùte-t-ii aux audit e u r s qui se font insulter chaque mardi ?
En outre, quand les auditeurs croient avoir sur la chaîne
nationale la primeur d ' u n e adresse du président des Etats-Unis
fraîchement élu, et qu'ils apprennent que cette adresse date
de six jours avant l'élection, c'est pour le moins ridicule, pour
ne pas dire malhonnête, et cela confirme que. pour les besoins
de sa mauvaise cause, la radio de M. Pinay ment.
De nombreuses promesses ont été faites par le Gouvernement
lors de la discussion du budget de 1952, du point de vue du
contenu comme de la qualité des émissions. Ces promesses
n ' o n t été que mystifications. En écoutant la radio, chacun peut
se convaincre aisément du mépris avec lequel le Gouvernement
prend en considération les observations, les recommandations
et les décisions de notre Assemblée.
L'hystérie anticommuniste ne remplace pas pour autant les
programmes de la radiodiffusion, qui sont de plus en plus
pauvres.
Paris-Inter n'est plus audible dans bien des grandes villes.
Ses émissions vivantes, artistiques, culturelles ou de variétés,
sont remplacées par de la musique en conserve, par des dis-,
ques, d ' u n bout à i'autre de la journée.
Certains aménagements ne visent, pour l'immédiat, q u ' à
donner une apparence de justification à la construction d'installations, à Issoudun par exemple, pour en dissimuler l'ampleur et la nature.
Nous continuons à penser que ces principales installations,
constituées par un formidable complexe radiophonique, de trois
puissants émetteurs d'ondes courtes dirigées pouvant fonctionner simultanément sur huit longueurs différentes, pouvant par
conséquent émettre dans vingt-quatre directions et dont le
coût serait, d'après certaines informations, de l'ordre de dix
milliards, n'ont aucUn rapport avec les intérêts des auditeurs
français.
Le voisinage de l'élat-major étranger campé à proximité est
singulièrement révélateur.
Quant à l'émetteur grandes ondes Paris-Inter, il n'est pas
impossible qu'il soit destiné à couvrir 1e territoire d'une musique d ' u n autre genre que celle qu'il dispense actuellement.
En vérité, tout cela fait partie du pian d'agression entrant
dans le cadre de la troisième guerre mondiale. D'ailleurs, le
Gouvernement se comporte comme s'il était en guerre avec certains pays. A certaines émissions en direction des pavs de
démocratie populaire, par exemple, n'est-il pas . diffusé des
messages personnels destinés aux espions et aux saboteurs opérant dans ces pays pour le compte des fauteurs de guerre ?
Je pose cette question au ministre.
Après les cinq millions d'électeurs communistes, après les
organisations démocratiques, après les millions de partisans de
la, paix, c'est au tour des commerçants de connaître les attaques de la radio gouvernementale. Pour ces vilaines besognes,
les services de la radiodiffusion française ne marchandent pas.
Us sont très larges: 138.000 francs par mois à chacun des
frères Sainderichin. Singulière utilisation de l'argent versé par
les auditeurs, n'est-ce pas ? Etre calomnié, dénigré à domicile
par des gens rétribués par les insultés eux-mêmes est une
méthode condamnable.
Ce type même de l'organisme d'Etat de violences et d'arbitraire est condamné en fait et quant au fond par la commission
des finances, dont le rapport indique qu'elle a opéré un abattem e n t de près de cinq millions et demi, à litre de protestation
contre le manque d'objectivité et la partialité de certaines émissions du journal parlé.
Que ce soit dans les comptes rendus des débats parlementaires ou chaque m a t i n à l'occasion de la revue de presse,
cette partialité est si flagrante que le nombre des auditeurs
de la radiodiffusion française fond comme neige au soleil.
Ces méthodes ont u n nom, ce sont des méthodes fascistes.
Elles se retrouvent au studio, où le mouchardage est roi, où
les speakers, où le personnel honnête, sont, l'objet de brimades
de toutes sortes de la part de véritables policiers et de
vicliystes, car les épurés pour faits de collaboration reviennent
à la radio. On y emploie même des hommes non titulaires de
la carte de journaliste, par conséquent embauchés illégalement.
Pour leur préparation à la guerre, à l'atteinte aux libertés et
au droit à la vie, les h o m m e s du Gouvernement ont besoin
de la radio. Elle est pour eux u n instrument, indispensable.
D'abord la propagande de g u e r r e ; telle est leur loi. C'est ce
qui explique la réduction à quelques unités, tout, à fait insuffisantes, des émissions vivantes. Les émissions régionales sont
ramenées à leur plus simple expression. C'est ainsi que, pour
ne prendre q u ' u n exemple, les émissions de Lyon se réduisent
à une heure et demie par jour.
Enfin, je voudrais souligner une singulière pratique. Par u n
décret du 28 avril dernier, le Gouvernement s'est permis de
prélever un crédit de plus de 305 millions sur le budget annexe
de la radiodiffusion. C'est u n véritable détournement de fonds.
Ces procédés immoraux risquent de se renouveler si des dispositions ne sont pas prises à l'occasion du vote de ce budget.
Nous proposons — c'est l'honnêteté la plus élémentaire — de
faire rentrer dans les caisses de la radiodiffusion française les
305 millions i n d û m e n t prélevés par le Gouvernement.
D'ailleurs, à la lecture du budget on est suffisamment édifié
sur les importantes sommes détournées du fonctionnement de
la radio, alors que cette pratique est formellement interdite par
la loi.
Le groupe communiste estime que la radiodiffusion doit être
u n service public national placé sous le contrôle direct des auditeurs, par l e moyen de l'action démocratique des conseils de
gestion et de tous les organismes de direction, par la représentation élue des usagers au conseil supérieur de la radiodiffusion.
Ainsi, et ainsi seulement, c'est-à-dire avec u n statut démocratique, la radiodiffusion sera vraiment au service de la nation
et au service de ceux qui la payent. (Applaudissements à
l'extrême
gauche-)