osezla colombie
Transcription
osezla colombie
É V A S I O N OSEZ LA COLOMBIE Au-delà des clichés, la Colombie n’est pas seulement le pays des cartels et des narcotrafiquants. C’est surtout un pays spectaculaire dont les racines s’étendent du Pacifique à la côte caraïbe. De l’isthme panaméen à la mystique Amazonie. Une nation fière, andine et indigène de souche, latine et créole de fait, qui ne demande qu’à être découverte. Les Seychelles ? Non, une Colombie que l’on redécouvre enfin... Si Cartagène, joyau classé, est longtemps resté le seul trésor accessible du pays, d’autres sites majeurs (ici les plages du Parc national de Tayrona) sont à nouveau fréquentables. PAR BÉNÉDICTE MENU (TEXTE) ET ÉRIC MARTIN POUR LE FIGARO MAGAZINE (PHOTOS) 78 • LE FIGARO MAGAZINE - 17 OCTOBRE 2009 17 OCTOBRE 2009 - LE FIGARO MAGAZINE • 79 É V A S I O N Perspective sur la cathédrale de Cartagène. Construite entre 1575 et 1612, elle a survécu aux canons du pirate Francis Drake. Indien kogi de la Sierra Nevada (ci-dessus), un des visages de l’étonnante mosaïque ethnique du pays. A Cartagène, on croise aussi les Palenqueras, descendantes des esclaves noirs qui, au XVIIe siècle, érigèrent dans leur fuite des villages fortifiés. Leur culture a survécu à Palenque de San Basilio, le dernier de ces villages, classé au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2008. D’OÙ QU’ON LA REGARDE, CARTAGÈNE DES INDES, LA VILLE DE TOUS LES SORTILÈGES, RACONTE SON HISTOIRE… O n chuchote à Cartagène que l’ancien couvent des Clarisses serait hanté... Se pourrait-il que l’âme de l’infortunée Servia Maria de Todos los Angeles vagabonde encore entre ces murs où Gabriel Garcia Marquez, d’un coup de pioche dans une crypte funéraire, fit naître De l’amour et autres démons *, singulière histoire dont elle est l’héroïne aux longs cheveux de feu ? En ce qui nous concerne, en trois nuits dans ce couvent devenu fleuron de l’hôtellerie de luxe, aucun fantôme n’est venu troubler notre sommeil. Mais tandis qu’un impertinent toucan tente une énième fois de 80 • LE FIGARO MAGAZINE - 17 OCTOBRE 2009 chaparder quelques miettes dans nos assiettes, transportés hors du temps dans ce patio luxuriant frangé d’arcades de pierre et de balcons de bois, nous ne pouvons que constater qu’il est aisé de se prêter ici aux supputations les plus romanesques : Cartagène est bien la ville de tous les sortilèges. D’où qu’on la regarde, celle qui fut le bastion de la Couronne espagnole durant près de quatre siècles raconte son histoire et celle de la Nouvelle-Grenade. D’abord prendre de la hauteur et monter au couvent de la Popa, pour embrasser toute la baie de Cartagène. A droite, dominé par la cathédrale, le cœur historique et ses maisons couleurs ocre et pastel aux balconnets fleuris (la Colombie est l’un des plus grands producteurs de fleurs au monde !). A gauche, la péninsule de Bocagrande à laquelle des buildings modernes confèrent des faux airs de Miami. De ce point de vue remarquable, on se souvient que Cartagène fut d’abord un archipel avant qu’on ne comble les marais pour relier ses îles à la côte. C’est sur celle de Calamari que le gouverneur Pedro de Heredia fonda Cartagène en 1533. Débarqués moins d’un demi-siècle plus tôt sur les terres arides de Guajira, tout au nord par-delà la Sierra Nevada, les conquistadores eurent tôt fait de découvrir les trésors des peuples amérindiens tandis que la légende d’El Dorado enfiévrait leur esprit. De conquêtes en pillages, tout l’or des Amériques tran- site bientôt par Cartagène dont la prospérité n’échappe pas longtemps aux pirates. Francis Drake, Jean-Baptiste Ducasse, pour ne citer qu’eux. Pour s’en préserver, Cartagène devient au fil des décennies, la ville la mieux protégée de toute l’Amérique du Sud. Aux portes de la cité coloniale, le castillo de San Felipe de Barajas, bel exemple d’ouvrage militaire, en témoigne. Tout comme l’épaisse muraille en pierre corallienne qui aujourd’hui encore enserre le cœur de Cartagène sur neuf kilomètres. Faute d’agresseurs, les remparts abritent désormais, dans leurs alcôves, les amoureux qui viennent y admirer le coucher du soleil tandis que les sabots des calèches à touristes claquent sur le pavé. ••• Après avoir restauré le musée de l’Or de Cartagène – celui de Bogotá, repensé en 2008, est incontournable –, Alberto Samudio a redonné son lustre au Théâtre Heredia (au centre) construit en 1911. Les hérons se chamaillent (ci-dessus) devant le Sofitel Santa Clara et la maison de « Gabo ». Valorisation du patrimoine, dynamisme culturel... Peu à peu, la Colombie se réapproprie son image, menant de nombreuses actions pour vaincre ses démons. 17 OCTOBRE 2009 - LE FIGARO MAGAZINE • 81 É V A S I O N Au loin, les buildings de Boca Grande, la Miami colombienne... Au premier plan, la place de la Douane, cœur de la Cartagène coloniale. L’IMAGINATION DE « GABO » NE POUVAIT QUE S’ENFLAMMER DANS UN TEL THÉÂTRE ••• La tour de l’Horloge est le principal accès à la vieille ville ouvrant sur la place des Coches, un des chapitres les plus sombres de son histoire. Dès le XVIIe siècle, le roi d’Espagne fit de Cartagène son comptoir exclusif pour le commerce d’esclaves. Des milliers d’Africains connaîtront sur cette place l’ultime humiliation d’être vendus comme bêtes sauvages. Il faut alors dépasser la place de la Douane pour visiter le monastère où Pedro Claver consacra trente années de sa vie à leur venir en aide. Sacerdoce qui lui valut d’être le premier moine canonisé du Nouveau Monde. De là, emprunter la calle qui porte son nom pour atteindre, au centre de Cartagène, la place Símon-Bólivar aux magnifiques jalousies. Une statue rend hommage au Libertador qui, en 1811, permit à Cartagena de Indias, sa Ciudad Heroica, de devenir la première cité des Amériques à déclarer son indépendance. L’imagination de « Gabo », comme le surnomme affectueusement un peuple fier de son prix Nobel, ne pouvait que s’enflammer dans un tel théâtre. Bien que né à Aracataca, petit village à l’est de la ville, et résidant au Mexique, l’écrivain possède toujours la maison que l’architecte Rogelio Salmona, élève de Le Corbusier, fit ériger pour lui près du couvent des Clarisses. Elle fait partie d’un circuit touristique bien rodé qui passe par les arcades du portail des Douceurs aux étals débordant de sucreries, là où débute son roman L’Amour au temps du choléra. Classée par l’Unesco en 1984, Cartagène est devenue une 82 • LE FIGARO MAGAZINE - 17 OCTOBRE 2009 ville sûre, destination favorite de quelque deux millions d’étrangers qui visitent le pays chaque année. Restaurants, boutiques branchées et hôtels y prospèrent tandis que de belles manifestations remplissent son calendrier. Le carnaval en novembre et d’excellents festivals de littérature et de musique classique. La proximité du sanctuaire marin des îles du Rosaire et de Mompox, autre joyau colonial, comptent aussi parmi ses atouts. Après avoir goûté à la vie nocturne dans le quartier de Getsemani (et aux délicieux gâteaux saupoudrés d’or de Chez Mila), nous mettons le cap au nord, traversant Santa A Cartagène, une Palenquera vend ses fruits sous les arcades. Marta, première cité coloniale du pays (la moins jolie aussi) et dernière demeure de Símon Bólivar. Plus loin, là où les contreforts de la Sierra Nevada, la plus haute chaîne côtière du monde (5 860 mètres pour le pic Christophe Colomb), plongent dans les eaux de l’Atlantique, se trouve un littoral d’une beauté rare. Au pied des sommets aux neiges éternelles, les plages dorées du Parc national de Tayrona ont des faux airs de Seychelles. Elles sont sculptées en criques idylliques où ondulent, hauts perchés, les cocotiers, et l’on s’y rend à pied ou à cheval, sous les frondaisons tropicales à l’écoute d’un bruissement qui trahira l’iguane, le singe et peut-être le puma... Si Bogota, vibrante mégapole perchée à 2 600 mètres d’altitude, témoigne dans ses élans artistiques de l’avènement d’une nouvelle ère pour la Colombie, la Sierra Nevada offre une belle leçon d’humilité à la rencontre des communautés kogis, arhuacos, wiva et akuamo, derniers descendants d’une grande civilisation amérindienne dont le génie s’illustre encore dans les vestiges de la Ciudad Perdida, à trois jours de marche de Santa Marta. Traversant les époques, quand d’autres grandes civilisations (Incas, Mayas) se sont depuis longtemps éteintes, les héritiers des Tayronas, gardiens des équilibres de la terre, entendent bien ne rien rater du XXIe siècle, porteurs d’un message écologique qu’ils se transmettent de génération en génération, et qui n’a jamais sem■ BÉNÉDICTE MENU blé autant d’actualité. * Grasset, 234 p., 17, 60 ¤. MER DES C ARAÏB ES É V A S I O N VENEZUELA Bogotá COLOMBIE Barranquilla Santa Marta Parc national de Tayrona Au Sofitel Santa Clara, sous les arcades de pierre du patio, le temps suspend son vol. Pratique Pas de visa pour un séjour de moins de 90 jours. Sécurité : s’inscrire sur le site consulaire (www.ambafrance-co.org). Saisons des pluies d’avril à juin et d’août à fin novembre. Fêtes de fin d’année et semaine sainte sont très prisées. Y aller Air France (36.54 ; www.airfrance.fr) dessert Bogotá à raison d’un vol quotidien. Connexions vers Cartagène, île de San Andrés, etc. Compter 11 h de vol entre Paris et Bogotá et un prix à partir de 800 ¤ environ l’aller-retour, taxes incluses. L’offre du voyagiste Spécialiste de cette région du globe, La Maison des Amériques Latines (01.53.63.13.40 ; www.maisondesameriqueslatines. com) propose « Aux portes de l’Eldorado », un circuit essentiel (à partir de 2 285 ¤, en groupe) qui permet de découvrir en 11 jours Bogotá, la cathédrale de sel de Zipaquirá, le village colonial Villa de Leyva où Banderas joua les Zorro le temps d’un film ; Cartagène, bien sûr, l’archipel du Rosaire, Mompox, autre merveille coloniale classée par l’Unesco ; Santa Marta et le parc national de Tayrona. Ecotourisme Fondée à Cartagène par Matthieu Bohringer (fils de Richard), grand amoureux de la Colombie qu’il sillonne depuis plus de 10 ans, Aventure Colombia (00.57.311.534.4554 ; www.aventurecolombia.com). Excursions à travers tout le pays dans un esprit solidaire, du désert de la Guajira où vivent les mystérieux Wayuus, jusqu’aux confins de l’Amazonie. Séjourner A Bogotá. L’Hôtel Windsor House (00.57(1)63.43.630 ; www.ghlhoteles.com). A partir de 121 ¤ en Business Suite, petit déjeuner inclus. Plus excentré, mais tellement plus original, le Art Suites Hotel (00.57(1)60.25.959 ; www.104artsuites.com). Environ 113 ¤ la nuit en Executive Suite (63 m2). A l’image de la nouvelle Bogotá. Chambres high-tech décorées par de jeunes artistes colombiens qui ne manquent ni d’humour ni de talent. Cheminée (les soirées sont fraîches à 2 600 m), kitchenette, certaines chambres avec terrasse ou jacuzzi. A Cartagène. Mythique, le Sofitel Santa Clara (00.57(5)65.04.700 ; www.sofitel.com). A partir de 202 ¤ la nuit en chambre supérieure. L’ancien couvent des Clarisses devenu havre de luxe. Les chambres coloniales sont en cours de rénovation, l’hôtel étant en lice pour devenir l’un des fleurons de la collection « Legend » du groupe Sofitel. L’aile Républicaine, moderne, entoure la piscine que domine, face à la mer, le spa. Cloître-jardin extraordinaire. Une adresse hors du temps où l’on mange divinement grâce au chef français Cyril Cheminot. La Passion (00.57(5)66.48.605 ; www.lapassionhotel.com). Compter 190 ¤ la nuit en chambre standard, petit Salon du Art Suites déjeuner inclus. Elu Hotel à Bogotá. par The Guardian l’un des cinq plus beaux hôtels d’Amérique latine. Inspiration marocaine pour le toit-terrasse et sa petite piscine. Azulejos et frises, meubles et objets chinés en voyage... Un bel escalier de granit escalade Archipel du Rosaire R SIE R D VA A Dîner, sortir Notre coup de cœur Leo Espinosa, chef réputée et artiste. Cartagène Rio M Mompox agd ale na VENEZUELA ANDRÉ DE CHASTENET C A R N E T D E VOYAG E E AN C O L O M B I E Mine de sel de Zipaquirá le patio central où un salonbibliothèque et mille détails laissent l’esprit vagabonder. 8 chambres, un bonheur. Le bon plan : El Delirio (00.57(5)66.02.404 ; www.deliriohotel.com). Compter 110 ¤ la nuit en chambre standard, petit déjeuner inclus. Dans le quartier de la cathédrale, 17 chambres contemporaines où s’affiche la Cartagène des années 60-80 immortalisée 50 km par le photographe Hernán Diaz. Dans le parc Tayrona. EcoHabs (00.57(1)38.21.616 ; www.concesionesparquesnaturales. com). A partir de 170 ¤ la nuit (plus 8 ¤/adulte pour l’entrée dans le parc). Une des concessions écotouristiques du puissant groupe Aviatur présidé par l’homme d’affaires français, JeanClaude Bessudo. 14 cabanes sur pilotis façon Robinson dominant les plages sauvages de Canaveral. A Bogotá. Leo Cocina y Cava (00.57(1)28.38.659 ; [email protected]). L’étoile montante de la scène culinaire locale stimule tous les appétits tant à travers ses œuvres de plasticienne, que dans l’assiette. A Chia. Dans la banlieue nord de Bogotá, Andrés Carne de Res (00.57(1)86.37.880 ; www.andrescarnederes.com). On y dîne (viandes excellentes) et on fait la fête dans un cadre délirant. A Cartagène. Mister Babilla, resto-boîte sur des rythmes latinos et les tubes de Shakira. Notre préféré : le Habana, bar salsa du quartier de Getsemani. Et, pour la vue sur la place de la Douane, le Hard Rock Cafe. Pour l’exceptionnelle scénographie du Museo del Caribe (00.57(5)37.20.582 ; www.culturacaribe.org) ouvert en avril à Barranquilla. Un lieu magique dédié aux cultures et merveilles naturelles de la côte Caraïbe. Interactif. Insolite Le volcan Totumo, à 45 min de Cartagène, étudié par le baron von Humboldt au XIXe siècle : il s’agit là du plus haut volcan de boue du monde, son cratère plongeant jusqu’à 1 600 m dans les entrailles de la terre. On peut y prendre un bain de boue et même s’y faire masser ! En savoir plus Guides : Le Petit Futé et Lonely Planet (en anglais). L’association Tchendukua (01.43.65.07.00 ; www.tchendukua.com) pour en savoir plus sur les Indiens kogis. L’office de tourisme colombien (www.colombia.travel) peaufine la version française de son site. ■ B. M. Venez découvrir dès aujourd’hui La nouvelle destination du Maroc Le long d’une plage de 7 km, une somptueuse propriété de 500 chambres et suites ouvre ses portes, dotée de 8 restaurants, un Spa immense, un Golf de 18 trous dessiné par Gary Player, des activités pour les enfants de tous âges et un magnifique Casino avec Night Club. Pour de plus amples informations sur le resort : www.mazaganbeachresort.com et pour toute réservation contactez votre agence de voyage ou téléphonez au +212 523 388 080.