Françoise Sagan - Bonjour tristesse De l`ennui à la - art

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Françoise Sagan - Bonjour tristesse De l`ennui à la - art
Françoise Sagan - Bonjour tristesse
De l'ennui à la tristesse, il n'y a qu'un pas, mais comment le franchir sans déranger
Mon affection pour cet état merveilleux dont je vais maintenant vous faire part
En toute simplicité. Cet été-là, j'avais dix-sept ans et j'étais un garçon heureux.
Mon père avait quarante ans environ, c'était un homme jeune, bien sous tous rapports
Et les femmes en étaient si convaincues, qu'il n'était jamais resté seul.
Des aventures, il en eut, ça ne durait jamais plus de six mois, car il aimait
Par-dessus tout le changement. Je l'aimais tendrement, il était bon, généreux,
Plein d'affection pour moi, nous étions comme deux amis, on s'amusait bien ensemble.
Un été, il me présenta sa maîtresse du jour qu'il avait rencontrée dans un bar
Des Champs-Elysées. Il avait loué sur la Côte d'Azur une magnifique villa
Toute blanche à faire rêver toute personne normalement constituée.
Elle dominait la mer, et des pins parasols nous protégeaient du soleil
Si envahissant pour les pauvres parisiens que nous étions. Nous passions
Des heures entières sur la plage à ne rien faire. Mon père gymnastiquait
Pour perdre un début d'estomac incompatible avec son charme de séducteur,
Voulant imiter en cela ces gens de télévision vous présentant, le sourire aux lèvres,
La fin du monde et tous ses aléas. La plage me lavait de la capitale,
J'aimais jouer avec le sable fin, le laissant dégouliner le long de mes doigts,
Comme le temps qui file, pensais-je déjà, philosophe. C'était l'été.
Cette vie oisive me convenait parfaitement lorsque j'ai rencontré cet étudiant de droit,
Vivant avec sa mère comme moi avec mon père.
Il avait un visage qu'il m'est difficile de vous décrire, mais il m'a plu tout de suite
Bien que je n'aimasse point la jeunesse dans son ensemble, leur préférant de beaucoup
Les copains de mon père, les hommes de quarante ans qui me parlaient pour me plaire.
Mais lui, il me sortait de mon ordinaire, de mon ordinaire à moi, il était grand,
Parfois beau selon l'angle de vue, il me fit bonne impression
Au point de lui faire confiance... Il chercha à me plaire lui aussi, et j'avoue
Aimer ce travail de séduction. N'est-il pas le symbole de la vie même ?
Le premier jour, après que l'on se quitta avec l'espoir de se revoir,
À table, j'étais dans mes pensées, loin de la réalité, de mon père et de sa maîtresse.
Après diner, nous allâmes nous allonger, comme tous les soirs,
Sur les transats installés sur la terrasse. Juillet commençait à peine,
Les cigales chantaient, nous étions heureux. Mais, papa se leva pour nous annoncer
Une nouvelle : il venait d'inviter une ancienne amie à ma pauvre mère,
Morte il y a quinze ans. Cette femme chercha à me séduire il y a quelques années
D'une façon outrancière. De cela, je n'en ai jamais parlé à personne. Bref,
Il l'avait invitée pour quelques jours à venir partager notre bonheur, et notre location.
Malgré ses bonnes fréquentations, on ne lui connaissait aucun amant, aucun prétendant,
Elle voyait des gens intelligents, discrets,
Ce qui était aux antipodes de ce que nous étions, nous,
Si bruyants et toujours assoiffés d'alcool, de beauté et d'amusements divers...
Je crois qu'elle nous méprisait un peu, seuls nous réunissaient ces diners
Que nous faisions pour les affaires de mon père, et puis aussi cette idée
Qu'elle a été l'amie de ma mère. En quelque sorte, elle la représentait
Dans ma caboche de pauvre orphelin. Après cette annonce, la maîtresse de mon père
Alla se coucher et nous restâmes donc seuls. Tu as l'air d'un petit chat sauvage,
Pourquoi es-tu si triste ? me fit mon père, me regardant dans les yeux. Je lui reprochai
D'avoir invité cette dame qui risquait de déranger l'équilibre de nos habitudes.
Je n'y ai pas pensé, avoua-t-il, veux-tu qu'on entre à Paris ?
À ces mots, on se mit à rire aux éclats, comme à chaque fois qu'il s'attirait lui-même
Des situations quelque peu débiles. Mon vieux complice, dit-il, que ferais-je sans toi ?
Tard dans la nuit, nous parlâmes de la vie, de l'amour et de ses engagements,
Qu'il fallait absolument éviter pour ne pas souffrir comme des malades,
Pire des amoureux. Tout doit rester provisoire, me dit-il.
L'invitée indésirable devait donc arriver prochainement pour passer
Quelques jours de vacances avec nous dans notre villa louée par mon père.
Et je savais qu'en sa présence les choses risquaient de se passer mal,
Du moins pas aussi agréablement que maintenant. Elle avait hérité je ne sais où,
Un comportement de maîtresse d'école insupportable pour un garçon
N'ayant rien fait de l'année. Le jour fatidique vint et on alla la chercher à la gare
Sans moi, mais avec un gros bouquet de glaïeuls bêtement arrachés dans les allées de
Notre magnifique jardin. Pendant ce temps, mon ami Cyril était venu me voir,
Seulement craignant le pire avec cette folle, je le reçus avec une humeur détestable.
Heureusement, ce garçon me remet en forme dès qu'il ouvre la bouche. À ses paroles
Mon coeur se met à battre anormalement, surtout si sa main effleure mon épaule,
À ce moment-là, je perds pied, on se regarde les yeux dans les yeux
Comme des amoureux, mais je sentis en lui un vague reproche ayant trait
À ma façon de vivre ici avec mon père et sa maîtresse du jour.
Cette existence à trois l'insupportait, lui paraissait douteuse, mais moi, de tout cela
Je m'en foutais, j'écoutais battre mon coeur, il le comprit et s'approcha enfin,
Et embrassa doucement mon cou dénudé. Dans mon esprit, à ce moment-là,
De romantiques images se bousculaient au portillon,
Lorsqu'un coup de klaxon nous sépara violemment comme des voleurs.
L'ex-amie de mon père sortant de sa voiture, fit des grands signes pour annoncer
Son arrivée, puis sur la terrasse de la propriété, je l'entendis proférer ces mots :
" C'est la maison de la Belle-au-Bois-dormant ici, et ajouta à mon intention
:
Comme tu as bronzé, mon grand ! " À ces mots, je la conduisis dans sa chambre.
Pourquoi avait-elle pris la voiture et non le train comme prévu ? Maintenant,
Mon père l'attendait bêtement à la gare... Elle s'excusa de ce malentendu, mais
Son visage se trouva défait, méprisant aussi à l'annonce de la présence dans nos murs
De l'amie de papa, qu'elle devait connaitre apparemment. Peut-être y aurait-il ce soir
Quelques esclandres au dîner, je me frottais les mains d'impatience de vivre ça,
Car je suppute qu'elle aime encore mon père, ce sacré dragueur.
À peine ai-je terminé cette pensée qu'il arriva, et sortant de sa belle voiture rouge,
Me dit qu'Anne n'était pas dans le train, ajoutant cette formule délicate à son intention :
Espérons qu'elle ne se soit pas jetée par la portière... Non, non, non, fis-je,
Elle est arrivée en voiture, la voilà qui point son nez pour boire un verre en famille.
On lui offrit enfin le bouquet de glaïeuls assoiffé par la chaleur saisonnière et
On fit les présentations convenant à la situation du moment et, mon père aux anges,
Heureux entre ses deux femmes, débouchait les bouteilles.
Quant à moi, je rêvais à Cyril et il me manquait déjà.
Je craignais de perdre tout le bénéfice des jours passés, pourtant,
Mon père anima joyeusement le premier repas du soir, l'alcool faisant son effet,
Il s'amusa beaucoup à nous raconter sa vie amoureuse, bref tout était au beau fixe
Losque la nouvelle venue dit du mal de l'associé de papa...
L'associé de mon père est souvent drôle, dis-je à l'invitée indésirable, de plus,
Comme nous, il aime bien boire et bien manger, alors quand il est un peu parti,
Il est si gentil avec moi, si entreprenant ! Ce qu'elle lui reprochait à cet homme,
C'était son manque d'humour, mais qui en a aujourd'hui ? lui rétorquai-je.
J'aimais son air méchant lorsqu'on la contrariait intellectuellement et j'eus envie
D'avoir sur moi un carnet et un crayon pour noter ce que je vivais à ce moment-là.
D'ailleurs, je ne me privais pas de le dire à table à toute l'assemblée,
Ce qui fit rire mon père me trouvant peu rancunier dans le fond.
L'ex-amie de mon père n'était pas malveillante, elle était nulle.
Par contre Elsa, l'amie actuelle du seigneur de cette magnifique maison louée
Par lui pour ces vacances de rêve, ne se retint pas à entrer dans la chambre
De son amant, au vu et au su de tous, lorsque la brise fut venue.
Elsa aimait le jeune homme que j'étais, volontiers, elle me faisait des cadeaux
À n'importe quel moment de la journée, et moi, je l'embrassais pour la remercier.
Mon père n'a jamais été jaloux de son fils, au contraire il en était souvent fier,
Surtout si je disais du bien des jeunes femmes qu'il amenait à la maison.
L'autre, l'ancienne, se trouva ici un peu à côté, étrangère, voilà ce qu'elle était,
Et je me demandais pourquoi donc mon père avait eu l'idée de l'inviter
Dans ce lieu paradisiaque où sa seule présence relevait de l'intrusion
D'un virus dans un corps sain.
J'allais me coucher très énervé, et puis, je pensais à mon bel ami,
Celui m'ayant embrassé sur le cou cet après-midi, et cela n'arrangea en rien
Ma déprime passagère, je l'imaginai draguer des filles à Juan les pins,
À Cannes ou je ne sais où, sur cette côte de tous les dangers.
Je regarde la mer, son roulis perpétuel, son calme et son soleil
Afin d'apaiser mes brumes légères, présageant du pire si je n'y prends pas garde.
Dans ces moments-là, j'oublie tout, la cour de Combray et sa madeleine,
Mon père, ce héros au sourire si doux, mais pas si doux lorsque je suis mal fagoté
Ce n'est pas un dandy, mais enfin, il aime que l'on soit toujours correctement habillé.
Sinon, je suis toujours heureux de le voir dans un bonheur parfait,
Ce qui est le cas ici, puisqu'il a tous ses amours sous la main, à ses pieds,
Et je me compte parmi eux, pardi.
Dans la voiture, il me regarde et me compare à ma mère qu'il a tant aimée,
Je suis aussi beau qu'elle était belle, dit-il, je serais son jouet pour les vacances,
Son divertimento préféré. Je lui demande de regarder la route.
Rêveur, il projetait de me montrer le Paris qu'il aimait, le luxe, la vie facile.
J'aimais le voir écraser l'accélérateur de sa voiture de course, j'en avais le tournis,
Et peut-être en ai-je éprouvé du plaisir, probablement plus qu'il n'en fallait
À un garçon de mon âge, mais qu'importaient pour nous ces pudeurs inutiles,
Jouir de la vie devait devenir notre règle pour l'existence, voilà notre programme
À tout jamais inscrit sur les tablettes de tous nos chocolats.
Je veux jouir des richesses de la vie, posséder des livres, des disques, des films,
Des tas de trucs qui ne servent à rien aussi, mais que j'aime avoir là,
Près de moi, ils me rassurent, ils me protègent. Je n'éprouve aucune honte,
Et pourquoi en aurais-je, qu'y a-t-il de mal à consommer ?
N'est-ce pas bon pour le fonctionnement de notre démocratie ?
Par contre, mes états d'âme, mes petites folies m'éprouvent, ils me fatiguent,
Me pèsent, me noient souvent. Heureusement, j'aime le plaisir,
J'aime vivre un bonheur offert aléatoirement par n'importe qui, n'importe quoi,
Tout à coup sans même l'attendre. Pourtant je ne suis pas un romantique.
Je devrai me mettre à lire plus de livres, mais j'ai la tête ailleurs,
Et puis les lectures de mon lycée m'ont découragé un peu, beaucoup peut-être.
À Paris, mes amis m'entrainent au cinéma, à la terrasse des cafés
Pour y parler pendant des heures sous le soleil ou ces radiateurs extérieurs actuels.
Tout le monde sait mon amour pour cette ville, et bien que n'aimant pas trop la foule,
Là, je la supporte, je ne la vois nullement, elle n'existe presque pas. Souvent,
Comme tout étudiant, je suis accompagné d'amis m'aimant pour ce que je suis,
Me regardant dans les yeux avec tendresse et parfois avec amour.
Le scénario est toujours le même, on me prend par la main, on m'emmène
Quelque part pour me bécoter, car ils le savent, j'aime ça par dessus tout.
Je passe les détails, le soir, je change de masque, je vieillis pour sortir avec mon père.
Il va à toutes les bonnes soirées où il se passe quelque chose. Je n'avais pas à y être,
Mon jeune âge me l'aurait interdit, mais avec lui j'y entrais avec honneur
Puisqu'accompagné du plus séducteur des séducteurs de la place.
Je ne rivalisais pas avec mon père, mais on s'approchait de moi volontiers,
Je m'amusais et amusais aussi tous ces gens à l'affut de chair fraiche.
Après, mon père me déposait comme du linge sale à la maison
Et repartait avec une de ses conquêtes pour la nuit, sans moi.
Qu'importe, il revenait toujours au petit matin, la gueule enfarinée,
Mais ne cherchant jamais à me la jouer coupable ou je ne sais quoi.
Non, à la maison les choses sont claires, tout le monde fait comme il lui plait.
De toute façon, s' il avait des invitées, il avait des invitées, voilà tout,
Et moi, j'avais confiance en lui, il ne m'a jamais menti.
Et d'ailleurs sur le plan pédagogique je trouve son comportement parfait,
J'étais à l'aise en toute circonstance, peut-être un peu trop et cela m'a joué des tours.
J'avais pris un air comme ça, hautain, c'est moi que voilà, mon père et moi
C'est la même crème, mais je dois avouer une chose, je ne suis jamais arrivé
À impressionner mon auditoire autant que lui... Alors, pour atteindre mon objectif,
Séduire coute que coute, j'apprenais par coeur cette formule d'Oscar Wilde :
"Le péché est la seule note de couleur vive qui subsiste dans le monde".
Avec cette formule magique, j'avançais tel Lorenzo dans la cour des grands,
Tantôt avec mon seigneur et maître, tantôt avec le reste du monde.
Le matin au réveil, les rêves sont chez moi comme chez tout le monde.
Je sais avoir vu des images, vagues, confuses, ils ont le principal intérêt
De me lever de mon sommeil et de me mettre dans un état intermédiaire
Où je plane un peu avant de m'apercevoir qu'il est dix heures, le temps d'aller
À la terrasse de cette fabuleuse propriété louée pour les vacances par mon père.
Je reste en pyjama pour ce rituel matinal et ce jour-là,
Anne y était feuilletant les journaux du jour ou de la veille.
Je ne sais à quelle heure elle se sortait de son lit mais déjà son minois semblait prêt
À toutes les séductions du monde, des hommes particulièrement.
Je ne suis pas sauvage, mais le matin je préfère qu'on me fiche la paix,
J'aime la solitude de mon petit-déj. composé d'une orange et d'un café bien chaud.
Croquer ce fruit bien épluché au réveil lorsqu'on a dormi seul toute la nuit,
Sensualise une vie, le dégoulinement de cette pulpe juteuse m'enchante,
Et cela me plait d'y revenir chaque matin surtout ici, sous ce parasol
Nous protégeant du soleil. Je me réveillais enfin et j'eus envie
D'aller me baigner. Très observatrice Anne avait remarqué
Que dans mon frichti, il n'y avait aucune tartine, rien de consistant :
Je n'avais pris que du liquide. Elle en profita pour me faire des remarques
Pas très agréables à entendre à cette heure-là de la journée,
Tu devrais prendre quelques kilos pour combler cette maigreur pouvant
À la longue être un handicap dans ce jeu du plaire à la plage, ou ailleurs.
Je n'avais aucunement faim et ses tartines je les mettais dans la corbeille,
Lorsque mon père, ce magnifique éros, habillé d'une jaquette en soie rouge
Fit son entrée en scène, sur la terrasse, face à la mer.
Il s'amusait à nous voir ensemble, elle, ayant à peu près son âge et moi,
Celui de l'adolescence, âge ingrat de ma jeunesse.
Il prit sa main, la regarda, la palpa et fit une observation digne d'un Don Juan
Ce qui la mit en forme pour la journée. À ce moment-là, je les quittais
Pour aller chercher mon maillot de bain, et dans l'escalier, je croisais Elsa
Sortant de son lit, toute défaite par une nuit d'amour probablement, mais
Elle était si jeune par rapport aux deux autres, qu'elle restait belle malgré tout.
Muni de mon attirail, je dévalais la crique pour aller rejoindre mon havre de paix,
À ma surprise, Cyril y était déjà, assis sur son bateau.
Il vint à ma rencontre pour me faire ses excuses pour hier, mais
Que s'était-il passé au juste hier ? Je ne m'en souvenais plus, et puis
Nous sommes en vacances et devons profiter de tout, absolument tout,
Et je montais dans son canot sans me soucier de sa culpabilité.
Il était tout mignon avec ses jambes dans l'eau poussant le bateau,
Tout mignon, tout mignon et il me plaisait...
L'image pouvait paraître quelque peu dépassée, une fille sur une barque
Dégagée de la rive par un beau jeune homme, mais où vont-ils donc ?
Seulement, nous ne sommes pas dans un film, ce n'est pas du cinéma,
Je n'étais pas une fille, et mon regard sur lui n'en était pas moins accroché
Comme un hameçon à son fil, sa façon de faire, son comportement vis-à-vis
D'une situation où nous nous trouvions un peu ridicule me fit rire aux éclats,
Ce dandy en avait gros sur le coeur quant à la manière dont on le considérait
Dans notre maison, il avait tant de choses à me dire.
Mon père et ses femmes se moquaient à chaque fois qu'il venait nous voir
De comment il me regardait dans les yeux sans rien cacher
De son désir de mâle en rut, sur cette Côte d'Azur de tous les dangers.
Tant pis, à peine sur la barque à côté de moi, je me jette à l'eau,
Je prends ses bras et me les enserrent autour du cou, mes lèvres tout humides
Des gouttelettes salées de la mer se posent mécaniquement, sans y penser,
Tout naturellement sur ces joues de jouvenceaux d'une beauté inattendue.
Je le considérais tel un frère peut-être, mais peut-être pas aussi, qu'importe,
Je lui dis : - Cyril, tu es gentil !
Il serra alors sa prise fermement, je sentis mon corps d'adolescent frémir,
C'était la première fois, qui a connu ça me comprendra,
Je pris conscience qu'en pareille circonstance on n'était plus seul au monde,
Déjà je l'aimais et le voulais à moi tout seul et ce jusqu'à la fin de mes jours
Ou des siens dans le pire des cas. Ainsi, les heures s'écoulèrent
Dans la tendresse, la douceur des bras de ce beau gosse, nouveau bienvenu
Dans ma vie trop tiède, trop vide de sens. Le petit matin se leva afin d'éclairer
Son corps si doré par le soleil du midi, et lui allant si parfaitement, bon dieu !
À peine éveillé, sa bouche se posa sur la mienne, surpris, mon corps tout entier
Se mis à trembler et à entrainer chez lui aussi la même réaction, elle était si vive,
Si agréable, elle était le tremblement du plaisir que je ne connaissais pas,
Ce matin-là, on explora notre intimité bucale sans remords et sans honte.
Mais le bateau n'entendait pas nos humeurs, il lui fallait de la poigne, du réel,
Pour lui donner le sens de la route, ce qu'il fit honorablement, quant à moi,
Je me jetais dans l'eau claire pour me rafraîchir de cette première nuit d'amour.
Après, en fin de matinée, Cyril partit et je rentrais retrouver mon père et ses femmes,
Tous heureux comme des poissons heureux dans la mer des Caraïbes.
Anne s'allongea pour nous montrer la finesse de ses jambes parfaites malgré l'âge,
Elle se sentait si digne d'appartenir à ce Don Juan trônant parmi nous et passant
Selon son humeur de l'une à l'autre sans se soucier du qu'en-dira-t-on.