Arbre et généalogie - Racines et Traditions en Pays d`Europe
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Arbre et généalogie - Racines et Traditions en Pays d`Europe
1 Arbre et généalogie Le Moyen Âge voit se réaliser un important renouveau de la généalogie. La société se structure autour de la famille. La conscience d'appartenir à un lignage, d'avoir une parenté s'affirme avec l'apparition puis la transmission du nom patronymique, dans l'aristocratie, puis dans la population entière (…) Avant de se fixer à partir du XVIe siècle dans la figure que nous connaissons aujourd'hui de l'arbre généalogique, la métaphore de l'arbre se nourrit à de multiples sources : religieuse, arbre du bien et du mal; philosophique, arbre de la connaissance, juridiques, arbres représentant les règles de mariage ou de succession. L’arbre de la parenté est un motif apparu au VIIIe siècle. L’arbre de consanguinité peint dans ce manuscrit juridique français du XVe siècle présente quatre branches, qui pouvaient évoquer aux yeux des contemporains l’interdiction à la quatrième génération (un couple originel et trois générations de collatéraux), mais il figure surtout l’ancienne interdiction à la septième génération : en effet, sept personnages se succèdent entre le couple originel et les derniers-nés au berceau. L’arbre de consanguinité est un motif très lié à celui de l’"arbre" généalogique, auquel il a donné naissance, tardivement, au cours du XVe siècle. L’arbre généalogique connaît un immense succès au XVIe siècle, succès toujours d’actualité. Si ce double schéma de l’arbre de consanguinité et de l’arbre généalogique est aussi apprécié, c’est que les mentalités médiévales assimilaient volontiers l’homme à un arbre qui "pousse", terme qu’on emploie aujourd’hui encore pour parler des enfants. Dans ce manuscrit juridique du XVe siècle, cette métaphore végétale aux ramifications complexes est employée sur le mode hyperréaliste, par la représentation d’en- 2 fants, d’adolescents, de jeunes adultes et d’hommes et de femmes d’âge mûr qui se succèdent du haut en bas d’un arbre sur les racines duquel le couple originel se tient debout : chaque génération est représentée par unâge de la vie différent, les plus jeunes renvoyant à la dernière génération en date. Si la moitié droite de la ramure de l’arbre est dédiée aux garçons, les femmes (…) sont perchées comme des oiseaux sur sa ramure de gauche (…) La femme, quant à elle, relève un peu sa robe comme pour s’en aller et, de la main gauche, comme il se doit, montre le lointain, l’extérieur, l’ailleurs ; va-t-elle emprunter le pont qui mène au domaine de son père ? L’enlumineur a-t-il voulu signifier que les femmes sont des ponts entre les familles ? Le pont est assurément ici symbole d’alliances entre lignages. Enfin, est-ce consciemment ou inconsciemment que l’enlumineur a placé, comme élément signifiant du décor, une ville forte et un château du côté des garçons, en signe de pouvoir administratif et de puissance guerrière, et un ruisseau du côté féminin, renvoyant au caractère aquatique d’une féminité qui baigne ses enfants dans le liquide amniotique et leur donne le jour en expulsant les eaux ? Ou faut-il penser que l’artiste rappelle que la femme doit être souvent arrosée pour entretenir la fertilité d’une lignée... Indéniablement, aux yeux de l’artiste et de ses lecteurs, le côté masculin est celui du construit, et le côté féminin celui de la nature... 3 Évolution en “Arbre de lignée” (France) 4 Et finalement Arbre Généalogique ! 5 Les métaphores végétales de l'enseignement L’enfant doit pousser droit "comme un I"; cette lettre, dans l’alphabet médiéval, sert parfois de support à l’image d’un arbre ; au XVe siècle, les lettres poussent sur l’arbre à alphabet, au pied duquel étudient les élèves ; il apprend les lettres, éparpillées au sol comme autant de feuilles d’automne ; au XVIe siècle, l’alphabet est d’ailleurs disposé à raison d’une lettre par feuille sur la branche de sagesse, qui s’oppose au rameau d’ignorance, branchage mort et épineux... La métaphore végétale est employée par tous les types de pédagogues médiévaux : mères de famille, moines, clercs et prédicateurs. Pour ces derniers, "prêcher, c’est faire un arbre". »» http://classes.bnf.fr/arbre