A Hébron, le conflit a imprégné le quotidien
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A Hébron, le conflit a imprégné le quotidien
Sud fribourgeois 11 No 143 / La Gruyère / Jeudi 6 décembre 2012 / www.lagruyere.ch «A Hébron, le conflit a imprégné le quotidien» PALESTINE. La Bulloise Christelle Genoud passe trois mois en Cisjordanie, à Hébron. VIOLENCE. Le premier jour, elle a reçu une balle en caoutchouc. À L’AGENDA ●●● ● ALBEUVE Eglise: concert de musique sacrée par les chœurs mixtes d’Albeuve, Villars-sous-Mont et Estavannens. Di 17 h. ● BULLE Place du Marché: marché de Noël. Je-ve 16 h-20 h, sa-di 13 h-20 h 30. Place du Marché: prestation de Sing4Joy, chœur de gospel de Bulle. Je 19 h. Notre-Dame de Compassion: veillée mariale pour vivre «un Noël autrement». Ve 19 h. Espace Gruyère: Junior Bulle Expo. Infos sur http://www.juniorbulle-expo.ch. Je-sa. ● GRUYÈRES DROITS HUMAINS. Cité: marché artisanal (14 h), loto des enfants (16 h), cortège de la Saint-Nicolas (17 h), contes au château (18 h), soir de fête avec animations (18 h-21 h). Samedi. Le calme revenu, elle observe aujourd’hui le quotidien des Palestiniens en territoires occupés. Tibet Museum: conférence de Nicole Niquille «Et soudain, une montagne dans le ciel». Sa 19 h. PRISKA RAUBER Christelle Genoud, un master en poche, s’est envolée pour TelAviv et est arrivée à Hébron le 20 novembre. En plein milieu des heurts qui ont secoué la ville cisjordanienne deux semaines durant. Une arrivée pour le moins agitée que nous raconte cette Bulloise engagée pour trois mois au sein d’un programme mis sur pied par des ONG suisses, en tant qu’observatrice des droits humains en territoires palestiniens occupés. Racontez-nous votre arrivée à Hébron, en plein milieu des manifestations violentes en soutien à Gaza. Ce fut assez chaotique. J’ai vu des Palestiniens jeter des pierres sur les soldats israéliens, qui répliquaient à coup de gaz lacrymogène, au milieu de poubelles brûlées. Durant les manifestations, on a essayé de voir ce qu’il se passait, mais on ne pouvait pas trop s’approcher, à cause des gaz. Le premier jour, j’ai pris une balle en caoutchouc dans la jambe. J’en ai perdu mon citron, grâce auquel on se protège des gaz lacrymogènes, comme nous l’ont montré les manifestants. Sans mon citron, j’ai commencé à respirer trop de gaz et c’était très douloureux. Des Palestiniens m’ont aidée, m’ont donné leur citron, l’ont tenu devant ma bouche, car je n’y parvenais plus dans l’agitation! J’ai vécu dans ce chaos pendant trois jours, avant la trêve. N’avez-vous pas eu peur et envie de déguerpir aussitôt? J’étais dans l’action, donc pas dans la peur! Et à aucun moment j’ai senti que ma vie était en danger. Si j’avais peur, je pouvais me mettre en retrait ou rentrer dans notre appartement qui n’est pas au milieu de la ville, mais en dehors. Là, on se sent vraiment en sécurité. Et avez-vous à nouveau ressenti des tensions, lorsqu’il y a une semaine l’ONU a accepté la Palestine en tant qu’Etat non- Eglise: concert de Noël avec L’Echo du Moléson et le chœur d’enfants Les Grillons. Di 17 h. ● NEIRIVUE Village: crèche de Noël réalisée par Paul Castella. Infos au 026 928 13 89. Jusqu’au 3 février, de 15 h à 20 h. ● PONT-LA-VILLE Auberge à L’Enfant de Bon Cœur: Noël villageois, par la Jeunesse de Pont-la-Ville. Ve-sa 20 h, di 17 h. Christelle Genoud: «On ne se déclare ni pro-palestinien, ni pro-israélien, mais pro-droits de l’homme. Mais il ne faut pas se leurrer, dans les faits, c’est plus compliqué.» membre observateur et la réplique d’Israël (qui gèle des versements et prévoit d’étendre ses colonies, notamment en Cisjordanie)? Oui. Les soldats israéliens du check-point que nous traversons tous les jours sans trop de problèmes nous ont fouillés ce matin-là, sous le viseur de trois snipers… Et par temps calme, en quoi consiste votre travail? Notre rôle est d’observer les conditions de vie des Palestiniens qui vivent sous l’occupation et de fournir une présence protectrice. A Hébron ainsi qu’à Jérusalem-Est, les colonies israéliennes sont implantées au sein même de la ville – ailleurs en Cisjordanie, les colonies se trouvent en banlieue – ce qui génère de grandes tensions entre Israéliens et Palestiniens, qui se côtoient vraiment. Raison pour laquelle il y a autant de barrières, de murs de séparation, de check-points… Vos principales tâches? Nous sommes là pour surveiller les check-points, vérifier qu’il n’y ait pas d’abus de la part des soldats israéliens, que cela ne prenne pas trop de temps aux gens de les traverser. Nous sommes aussi sur le chemin que les enfants empruntent pour aller à l’école, car il y a eu des épisodes où ils se sont fait agresser par les colons. On rencontre aussi des familles qui se font me- nacer d’expropriation. Il y a aussi cet aspect de solidarité et de présence protectrice envers les communautés locales. Concrètement, qu’avez-vous observé? Ce qui est insidieux, c’est qu’il n’y a pas de gros événements à rendre compte. C’est du harcèlement dans le quotidien. Il y a 1500 soldats israéliens présents à Hébron pour protéger 500 colons. Et ces colons sont les plus extrémistes. Ils sont là pour des idéologies religieuses, car Hébron est l’une des villes les plus saintes pour le judaïsme. Donc, c’est une guerre des nerfs pour que les Palestiniens s’en aillent. Ça passe par de nombreux obstacles à leur liberté de mouvement. Séparer les populations israélienne et palestinienne se fait toujours à l’encontre des Palestiniens. Par exemple? Par exemple un mur construit au milieu de la route qu’emprunte tous les jours un Palestinien, qui devra alors faire un détour de vingt kilomètres pour se rendre à son propre magasin. Donc ce n’est pas une situation qui saute aux yeux, à part la présence militaire importante. Le malheur des Palestiniens est incrusté dans leur quotidien. N’êtes-vous pas censée rester impartiale? Bien sûr. On ne se déclare ni pro-palestinien, ni pro-israélien, PUBLICITÉ STUDIO +28 <wm>10CAsNsjY0MDA01zUwNjQzNwQAFwJ20A8AAAA=</wm> <wm>10CFXMrQ7DQAwD4CfKyU7uLwusyqqCafzINNz3R70bKzCw9cnHESXhn20_P_s7CLAJjLUxzD3VXqJPYJ6DNCioLzh0kfrwwobZMZYRUgwDLoCojV7yoK6HuU2W0_X93cHf4y2AAAAA</wm> LUVBUG - DISCO SHOW W VEN 14.12 2012 mais pro-droits de l’homme. Mais il ne faut pas se leurrer, dans les faits, c’est plus compliqué. Car les droits des Palestiniens sont ici clairement bafoués. Quel est alors l’impact réel de votre travail? C’est la question que tous les Palestiniens nous posent! Notamment quand ils nous voient observer les heures d’attente aux check-points, ils nous demandent si ce qu’on fait va vraiment les aider. Nous, tout ce qu’on peut dire, c’est que nousmêmes, on ne va pas pouvoir changer la situation. On est là pour observer et rendre compte de nos observations à d’autres organisations, dont l’ONU et le CICR. On leur donne les outils pour agir ou non. Notre présence peut aussi être protectrice dans le sens où elle peut, par exemple, dissuader un colon d’attaquer les enfants à la sortie de l’école, car il y a un témoin international. BIO EXPRESS 19 mai 1985. Naissance à Bulle. 2008. Bachelor en sciences politiques avec spécialisation en relations internationales, Université de Lausanne. 2008-2009. Un semestre à l’Université de Kyoto, Japon. 2011. Trois mois de stage au FrenchJapanese Institute of Kansai, Kyoto, et trois mois au sein des Nations Unies, à Genève, à l’Office pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). 2012. Master en études asiatiques, avec spécialisation en relations internationales, Institut de hautes études internationales et développement (IHEID), Genève. 2012. Six mois au sein de l’ambassade de Suisse aux Etats-Unis, Washington. 2012-2013. Observatrice des droits humains à Hébron (trois mois) pour les ONG membres de l’EAPPI (Programme d’accompagnement œcuménique du Conseil œcuménique des Eglises). ● RIAZ Salle Hubert-Charles: lecture de contes pour les enfants. Ve 17 h 30. ● LA ROCHE Eglise: concert d’inauguration du nouvel éclairage de l’église avec Valentin Villard (orgue) et La Chanson de Thusy. Di 17 h. ● SORENS Espace Aurore: «Chants du levant, chants du couchant» par Ayser Vancin (piano) et Mathieu Chardet (chant). Sa 20 h. ● LA TOUR-DE-TRÊME Salle des sociétés: «Tapons le carton» pour soutenir le téléthon. Ve dès 18 h, sa 10 h-minuit. CO2: L’étoile de Noël a disparu, spectacle de Sonia Grimm. Sa 13 h 30 et 17 h. PUBLICITÉ Saison culturelle 2012-13 n Qu’est-ce que ça change dans la vision du conflit d’être en son sein? Je me suis rendu compte à quel point ce conflit est imprégné dans le quotidien. Et, avant que j’arrive ici, j’ai eu quelques cours sur le droit international humanitaire, qui dit qu’une puissance qui occupe un pays n’a pas le droit d’y transférer sa population civile. Et c’est complètement ce qu’Israël est en train de faire. C’est choquant de voir à quel point Israël ne respecte pas le droit international humanitaire. Il est en train de mettre en place une politique où il accapare le territoire cisjordanien – il en contrôle maintenant 60% – par la mise en place de check-points, de colonies. Et le fait de fragmenter ainsi la Cisjordanie réduit à néant la solution de deux Etats qui vivent côte à côte pacifiquement. Car, pour qu’un Etat palestinien puisse voir le jour, il faut une continuité territoriale, qu’Israël empêche en grignotant le territoire. Donc, à votre avis, le conflit israélo-arabe n’est pas près de prendre fin… Je ne suis pas une experte de la question, mais j’ai quand même l’impression qu’Israël a le temps en sa faveur. Comme sur leur territoire, les gens vivent en paix la plupart du temps – la menace d’une roquette est extraordinaire alors qu’ici, en Cisjordanie, la violence est quotidienne – Israël a donc moins de motivation à venir à la table des négociations. ■ ALICE AU PAYS DES MERVEILLES <wm>10CAsNsjY0MDA01zUwNjQxMgUAJeboqQ8AAAA=</wm> De Lewis Carroll Par le Nouveau Cirque National de Chine Troupe acrobatique de Tianjin Cirque <wm>10CFWMMQ7EIBADX7TINksgR3mii1JE6Wmi1Pl_FbjuCkseaextqyngl2_bz3ZUAsyGSFeqlIcsryox-DKYKgL1oY-aucY_35gxGH06RppKpxthWnoaoeZDn2uk8Fz3C3pPmaeAAAAA</wm> VE 14 décembre 2012 Salle CO2//Bulle - La Tour//20h30 Billetterie : www.labilletterie.ch Office du Tourisme, Bulle / 026 913 15 46 – Réseau