LORIENT, TERRITOIRE, DÉFENSE, MARITIMITÉ

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LORIENT, TERRITOIRE, DÉFENSE, MARITIMITÉ
LORIENT, TERRITOIRE,
DÉFENSE, MARITIMITÉ
Des territoires de la République à la
République des territoires, L’esprit de
Défense, Mettre la Mer au cœur de notre
agenda politique
Contribution Thématique présentée par :
JAOUEN Bruno
LES PREMIERS SIGNATAIRES:
Pierre Pouliquen, Bruno Jaouen, Gwendal Rouillard
LES SIGNATAIRES:
Frédérique Malebrera, Sylvain Le Meur, Annie Raynaud, Nadine Duriez, Emilie
Chatard, Jean-Paul Rocher, Jacques Sinquin, Gaëlle Le Stradic, Norbert Métairie,
Laurent Tonnerre, Olivier Le Lamer, Bruno Blanchard, Ghislaine Le Beller
TEXTE DE LA CONTRIBUTION
Contribution thématique de la section de Lorient au congrès 2015 du parti socialiste.
Les militants de la section ont décidé de porter une contribution sur trois thématiques
qui leur sont proches car à la fois réalités de leur quotidien, mais aussi conviction
profonde que ces trois axes sont indispensables à l'avenir de notre pays.
Les territoires parce que Lorient a connu des mutations qui l’ont obligée à se
réinventer et qu’elle sait l’impérieuse nécessité de connaître ses atouts pour mieux
les faire valoir.
La Défense parce qu’elle est depuis toujours marquée de son sceau et qu’elle sait le
rôle moteur des ses acteurs locaux : la Base Aéronautique Navale de Lann-Bihoué,
la Base des fusiliers et commandos marins, des industries et des PME de la Défense.
La mer parce qu’elle demeure fidèle à son histoire et son passé de ville aux 5 ports
et que dans le cadre des mutations qu’elle a opérées, elle a confirmé son identité et
son ambition maritime.
Ce texte se veut aussi un soutien appuyé au Chef de l’Etat dont nous savons la
conviction et l’engagement dans ces trois domaines.
Des territoires de la République à la République des territoires
« Ce qui manque souvent aux sociétés humaines pour aller de l’avant, c’est la
confiance en elles-mêmes ». C’est avec ces mots de Per-Jakez Hélias que s’ouvrait le
Pacte d’avenir pour la Bretagne signé en décembre 2013 par le Président et le
Préfet de la Région Bretagne, en présence du Premier Ministre. Les mois qui ont
précédé ce texte – le premier du genre – ont été difficiles pour la Bretagne : elle a vu
vaciller certains de ses secteurs économiques les plus importants, elle a vu
l’inquiétude gagner ses habitants et a eu peur que cette angoisse, bien légitime, ne
vienne fragiliser la solidarité dont elle est coutumière.
Le pacte d’avenir devait faire redémarrer l’économie bretonne et réinstaurer le
dialogue social qui nous est cher. En donnant quelques-uns des leviers nécessaires,
il a aussi eu la vertu de redonner confiance aux bretons, à la Bretagne. Forts de
notre identité, conscients de nos atouts, nous traçons aujourd’hui de nouvelles
perspectives. En reconnaissant notre région comme acteur fondamental de son
développement, économique et culturel, le Pacte d’avenir constituait sans doute une
pierre à l’édification de la République des territoires.
Dans le même temps, le gouvernement engageait le 1er des trois volets de la
réforme territoriale : la loi de modernisation de l’action publique votée en janvier 2014
amorçait ainsi une clarification de l’exercice des compétences au niveau local. Vint
ensuite la nouvelle carte des régions françaises, passées de 22 à 13. Enfin, le projet
de loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe), actuellement en
discussion, clarifiera les compétences des différents échelons. Il devrait donner aux
régions des missions stratégiques, au premier rang desquelles la coordination sur
leur territoire de toutes les actions en faveur de l’économie et l’innovation.
Il doit donner aux intercommunalités les leviers dont elles ont besoin pour davantage
répondre au renforcement de la nécessaire proximité à laquelle appellent nos
concitoyens. Il doit clarifier l'avenir des départements et assumer la nécessaire
évolution de nos échelons institutionnels. Une réforme territoriale courageuse doit se
donner les moyens de préparer l'avenir et ne pas se résumer à contenter quelques
notables locaux ou lobbys partisans.
Cette reconnaissance du rôle fondamental des territoires est aussi une opportunité :
Pour relever les défis de demain : changement climatique, numérique, mobilités,
équilibres territoriaux… Nos réflexions pourront s’enrichir des expériences des « smart
cities », ces villes intelligentes qui utilisent notamment le numérique pour développer
de nouveaux services performants en matière de transports et de mobilité, de
circulation de l’information, d’environnement durable, d’urbanisation responsable…
Pour interroger et améliorer nos modes de gouvernance, les rendre moins
centralisés, plus démocratiques.
Nous nous réjouissons de ces avancées. Nous mesurons le chemin parcouru depuis
les premiers textes décentralisateurs. Mais nous savons aussi les marges de progrès !
Aujourd’hui, seules 13% des recettes sont maîtrisées par la Région Bretagne. En
effet, suite à la réforme fiscale de 2010, les conseils régionaux perçoivent seulement
les taxes indirectes (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques et
taxe sur les cartes grises). Peut-on sérieusement envisager de reconnaître aux
territoires des compétences si cruciales sans les adosser à un budget solide et donc
à une part d’autonomie fiscale ?
Sans doute ce dernier point sera-t-il l’ultime marque de confiance dont nous avons
besoin. Tout comme nous croyons en la République, nous croyons en nos territoires,
en leurs richesses, en leurs atouts. La République doit croire en eux !
La République ne doit pas avoir peur d'opérer à des évolutions majeures. Depuis la
décentralisation de 1982-1983, toutes les réformes liées à cette question ont soit
renforcé le centralisme étatique ou développé un jacobinisme régional. Faire
confiance aux territoires et à leurs acteurs, politiques, partenaires sociaux, décideurs
économiques, acteurs associatifs. Faire confiance en la capacité de nos concitoyens
d'être les acteurs de leur avenir et de leurs territoires est une des conditions de
l ‘évolution démocratique et institutionnel de notre pays.
L’esprit de Défense
Adoptée à la fin de l’année 2013, la Loi de Programmation Militaire avait réaffirmé
l’ambition stratégique et la responsabilité de la France sur la scène internationale.
Dans un contexte complexe et instable, où, plus que jamais, les visions occidentales
sont remises en cause, nous avions alors une obligation de vigilance et
d’anticipation. Aujourd’hui engagée dans la Bande Sahélo-saharienne, en Afrique
centrale, en Afrique de l’Ouest, dans l’Océan indien, au Proche et au Moyen-Orient,
la France a pris ses responsabilités. Pour garantir sa sécurité – et celle de l’Europe –
et pour défendre des valeurs. Mais, notre ministre de la Défense, Jean-Yves LE
DRIAN, le rappelait dès 2013, « s’il n’y a plus de menaces à nos frontières, il n’y a
pas, non plus, de frontières aux menaces ». Des conflits territorialisés, nous sommes
passés à une menace diffuse qui rend la réplique d’autant plus complexe. Dans le
même temps, les attentats odieux de ce début d’année sont venus le rappeler de
manière effroyable : la France est vulnérable sur son territoire. Plus que jamais les
efforts en matière de sécurité extérieure et de sécurité intérieure se conjuguent. Entre
le 12 et le 15 janvier derniers, les effectifs affectés à la sécurité du territoire français
sont passés de 1000 à plus de 10 500 soldats, soit plus que l’ensemble des unités
déployées en opérations extérieures. De fait, l’évolution de la menace et donc des
moyens qu’elle nous oblige à mettre en place donneront lieu à une révision anticipée
de la LPM, dès le printemps 2015.
Cela ne modifiera pas, en revanche, l’une des priorités du texte voté en 2013, qui est
la conquête du 5ème champ de bataille, le cyberespace (les quatre premiers sont
terre, mer, air, espace). Encore obscur, parfois décrié, souvent source d’inquiétudes,
on en oublie parfois ses vertus. Elles sont nombreuses pourtant puisque ce nouveau
territoire est aujourd’hui l’un des vecteurs principaux de diffusion des idées de
démocratie et de liberté d’expression. Mais il est bien sûr, aussi, un nouvel espace de
vulnérabilité et de conflictualité. De fait, l’obligation de le protéger s’impose aux Etats,
et nécessite d’appréhender des caractéristiques presque inédites en matière de
frontières ou d’acteurs et de répondre aux questions induites : quelle stratégie ?
Quelles coopérations ? Quelle adaptabilité du droit national et international ? Pour
conserver sa place parmi les plus grandes puissances mondiales, la France a
pleinement investi ce champ stratégique. Un pacte Défense Cyber 2014 – 2019 a
ainsi été présenté par le Ministre de la Défense. En parallèle, un Pôle d’Excellence
Cyber a été lancé en Bretagne pour développer la recherche, la formation et l’emploi
dans le domaine de la cybersécurité, et dans lequel l’Université de Bretagne Sud est
partie prenante. Il peut compter sur le soutien proactif et la complémentarité des
mondes civil et militaire. Peut-être encore trop confidentielles aujourd’hui, ces
questions ne seront pourtant étrangères à aucun d’entre nous. Il sera nécessaire
d’éveiller les consciences au défi cyber et de répondre aux besoins qui se feront jour
dans tous les domaines.
Enfin, le rappel cruel des réalités du monde dans lequel nous vivons a peut-être
momentanément écarté un scepticisme ancré dans l’esprit de bon nombre de
citoyens français. Nous n’oublions cependant pas que les discussions antérieures sur
le budget alloué à nos armées, donc à notre sécurité, ont parfois donné lieu à
l’expression de doutes sur le caractère réel de la menace, à des incompréhensions
sur la légitimité des opérations extérieures, à des interrogations sur la pertinence de
la dissuasion… Il nous apparaît donc nécessaire de réinterroger notre rapport citoyen
à la Défense. Loin de nous l’idée, portée par certains, de réhabiliter le service
militaire. Cela n’est ni souhaitable, ni faisable. Mais nous croyons à l’opportunité
d’une sensibilisation à ces questions et souhaitons que soit amorcée une réflexion
sur un service civil qui favorisera l’esprit de Défense.
Mettre la mer au cœur de notre agenda politique
C’est l’engagement pris par Manuel VALLS lors des assises de l’économie de la mer
en décembre 2014. Si la mer a nourri quelques-uns des plus grands textes de notre
littérature, elle est souvent la grande absente des textes politiques. Nous avons
tendance, hélas, à oublier les 11 millions de km2 de ZEE française qu’elle couvre, les
300 000 emplois directs et le million d’emplois indirects qu’elle assure, les 65 milliards
d’euros de chiffre d’affaires qu’elle génère… « Pour les français, disait Eric Tabarly, la
mer c’est ce qu’ils ont dans le dos quand ils regardent la plage ». La France tarde à
affirmer son ambition maritime. De fait les moyens qu’elle y consacre s’avèrent bien
minces. En 2010, elle allouait par exemple 400 millions d’euros pour la recherche
maritime contre plus de 1500 millions pour l’Espace. La cartographie des fonds
marins est moins connue que celle de la lune : moins de 10% des fonds marins ont
ainsi été cartographiés.
Pour autant, il semble que la France ait pris conscience de l’accentuation du
phénomène de maritimisation et qu’elle soit décidée à mettre en œuvre, dès cette
année, une véritable stratégie nationale mer et littoral. Elle se déclinera en trois
axes :
La croissance et l’emploi
Le domaine maritime a vu cette année les activités qui l’impactent se multiplier : la
pêche, l’énergie, l’exploitation des fonds marins, le trafic maritime… Autant d’acteurs,
aux intérêts parfois divergents, qui s’y croisent quotidiennement. A titre d’exemple,
50 000 milliards de tonnes-kilomètres transitent chaque année sur les océans, soit
80% du commerce mondial en volume. Cette fréquentation massive pose donc la
question :
De la sécurisation des mers (territorialisation, surveillance et intervention, sauvetage
en mer, lutte contre les trafics et la piraterie…).
De la stratégie de l’industrie de la construction / réparation / déconstruction navale
(qui a été retenue parmi les filières stratégiques et qui se voit poser le défi de
l’innovation)
De la politique portuaire. Les ports sont des acteurs économiques, soumis à une
intense concurrence, européenne et internationale, dont les services doivent être
sans cesse améliorés.
Le secteur de l’énergie est également un acteur important du monde maritime
aujourd’hui avec l’hydrolien, l’éolien (posé et flottant) ou l’énergie thermique des
mers… La France accuse un retard certain en la matière par rapport à l’Allemagne,
au Danemark ou plus encore au Royaume-Uni. Pour figurer parmi les pays leaders,
elle doit garantir la continuité des décisions politiques, donner de la visibilité aux
industries et PME. Son leadership passera aussi par la garantie de la viabilité de ce
modèle économique.
L’exploitation durable des ressources et la protection des fonds marins
La multiplicité des acteurs rend la protection de la mer et du littoral complexe mais
indispensable. Il nous faut nous astreindre à un dialogue permanent pour poursuivre
le travail de protection de ce patrimoine.
Singulièrement, nous sommes convaincus que le secteur de la pêche a de multiples
défis à relever et que le secteur doit être soutenu et accompagné dans ses
mutations. Aujourd’hui, la pêche française n’assure que 15% de la consommation de
poisson dans notre pays, occasionnant un déficit de la balance commerciale de 3,5
milliards d’euros. Cette dépendance nous invite à soutenir la filière, dont les efforts
pour une pêche responsable doivent être soulignés et à repenser nos ambitions
dans le domaine de l’aquaculture.
L’enseignement, la recherche et l’innovation
On le constate aujourd’hui, les lycées maritimes bretons se portent bien. Et si les
professions maritimes ont longtemps souffert de l’image de métiers pénibles et mal
rémunérés, les enquêtes montrent que le regard que la jeune génération porte sur
eux est nettement plus positif aujourd’hui. Il nous faudra poursuivre le rayonnement
et favoriser l’accessibilité de ces formations.
La mer apparaît par ailleurs comme un exceptionnel domaine de recherche et
d’innovation. Par exemple en matière de biotechnologies où elle s’est quelque peu
laissée distancer mais pour lesquelles elle entend fournir un effort important. Le
succès des PME qui se sont spécialisées dans le domaine – notamment pour la
cosmétique – doit l’y encourager.
Les socialistes lorientais savent combien ces trois thématiques développées sont
fondamentales pour leur avenir et celui de leur territoire. Ils défendent l’idée que
c'est l'engagement du pays tout entier et des socialistes qui permettront la réalisation
de ces ambitions. Nous vivons dans une démocratie où la protection sociale, la
solidarité, la citoyenneté sont d’un niveau très élevé et au cœur du vivre ensemble
garant des valeurs d'égalité et de fraternité. Si beaucoup trop de nos concitoyens
subissent les plans sociaux et le chômage, les évolutions développées dans cette
contribution sont de nature à permettre l’inversion de cette tendance.
Contacter les auteurs de la
contribution :
@PSLORIENT
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