Article Khalil Assala - Académie de l`Entrepreneuriat
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Article Khalil Assala - Académie de l`Entrepreneuriat
Proposition de Communication 8eme journée de l’académie de l’entrepreneuriat « Impact de la culture nationale sur les comportements managériaux de jeunes entrepreneurs algériens » Khalil ASSALA Doctorant Université du Sud Toulon Var Laboratoire Ermmes [email protected] 1 Introduction « Si nous devons retenir quelque chose de l’histoire du développement économique c'est que la culture fait toute différence » écrivait Landes (1998). L’histoire des nations a produit des cultures et des trajectoires économique différentes, mais à l’heure du triomphe incontestable du système basé sur l’économie de marché et sa pierre angulaire, la libre entreprise, nombreux sont les pays, à l’instar des pays post-communistes qui vivent un événement historique rare dans lequel la culture et l'économie éprouvent les changements radicaux simultanément. Une telle situation a pour effet de bouleverser profondément les priorités nationales et les politiques économiques. L’entrepreneuriat qui est reconnu aujourd’hui dans ces pays comme levier puissant et prioritaire pour la création de richesses et d’emplois il est au cœur des stratégies de reconversion. Le développent des attitudes et la culture entrepreneuriale représente un défi formidable. Pourtant nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les entrepreneurs modernes des pays en voie de développement s’affranchissent rapidement des valeurs cultuelles qui ont marqué leur environnement pendant des décennies, pour devenir aussi entreprenants que leurs homologues des économies de marché mûres. Nombreux sont les chercheurs qui soulignent l’importance de la dimension culturelle dans le comportement économique (Tsika, 1990, Kombou et Saporta ,2000). Alors, comment la culture nationale, bâtie sur des valeurs autres que celles qui encouragent l’esprit d’entreprise peut-elle influencer le comportement du chef d’entreprise ? Pour répondre à la question nous avons organisé notre communication en trois parties ; la première sera consacrée à la présentation de la notion de culture et de ses antécédents, à travers une revue de la littéraire à grands traits du concept en science de gestion. Nous présenterons en deuxième partie les principales recherches à l’impact de la culture sur l’entrepreneuriat, et l’impact de la culture sur le management dans ses diverses fonctions. La troisième partie sera consacrée la présentation d’une étude exploratoire menée auprès de jeunes entrepreneurs algériens, évoluant dans le secteur qui caractérise le plus les économies développées: le secteur des services. I- La culture : définition et antécédants Définition Le mot culture est un mot ancien d’origine latine (cultura) dont le sens renvoie à l’agriculture et l’exploitation de la terre de façon générale. Aujourd’hui le mot culture peut renvoyer à 2 plusieurs sens. Le sens le plus commun en langue française est celui lié aux arts et lettres (peintre, sculpture, chants, etc) ou à la finesse d’esprit (le bon goût et les bonnes manières). Un autre sens du mot, très utilisé dans le contexte des tensions politiques et idéologiques actuelles (choc des cultures,Huntington,1997)) revoie aux groupes ethniques et religieux (culture judéo-chrétienne, musulmane, occidentale, etc.) . Un autre sens encore s’applique aux pays (culture américaine, japonaise,etc) ou à des groupes de pays (culture asiatique, africaine, orientale, anglo-saxonne,…). Dans notre travail nous considéreront la culture à l’échelle d’un pays (culture nationale). La culture nationale est définit dans un espace géographique précis, mais son sens peut s’appliquer à collectivités humaines comme l’entreprise, la profession ou la famille au sein ce pays (Hofstede 1980). Les scientifiques de divers horizons, historiens, anthropologues(Levi-Strauss1958), économistes et sociologues (Weber, 1934) psychologues(McClelland,1961) se sont intéressés depuis longtemps à la notion de culture nationale. Il existe de ce fait de très nombreuses définitions de la culture. Kroeber et Kluckhohn (1952), dénombraient plus de 150 définitions différentes du concept. En science de gestion, de nombreux chercheurs se sont intéressé à ce concept (Kluckhohn et Strodtbeck, 1961, Newman, Summer et Warren, 1977; Boyacigiller et Adler, 1991; Hofstede, 1980; Bottger, Hallein et Yetton, 1985 ; Hampden-Turner et Trompenaars, 1997; Lewis, 1992; Triandis, 1995). La grande majorité des chercheurs s’accordent sur le caractère multidimensionnel de la culture. Pour Kluckhohn et Strodtbeck(1961) la culture est constituée de « construits mentaux collectifs , partagées au sein d’un groupe ou d’une nation ». Ces construits mentaux, qui influencent les organisations et les systèmes se décomposent en 5 dimensions1 qui interagissent pour former le comportement et les attitudes. Hampton-Turner et Trompenaars, (1994) proposent d’étudier la culture en utilisant différentes dimensions, plutôt similaires dans l’essence à celle précédemment citées2 et qu’on retrouve dans la grille d’analyse à 4 (puis à 5) dimensions d’Hofstede (1980, 1993). Selon Hofstede, la culture est constituée d’un ensemble de valeurs collectives (ou système de valeurs) où : « la valeur est une très forte tendance d’un homme à préférer une certaine situation à une autre »(Hofstede et Bolloinger, 1987). Ce sont valeurs portées collectivement 1 Orientation de la nature humaine (bon-bon et mauvais-mauvais), rapport à la nature (recherche de la maîtrise ou de l’harmonie), rapport au temps (passé-présent-futur), orientation de la nature humaine (être, faire ou devenir) , le type de relation aux autres (individualiste, égalitaire, hiérarchique). 2 Universalisme ou Particularisme, esprit analytique ou intégrant, Individualisme ou Communautarisme/collectivisme, conservatisme ou ouverture, le rapport au temps (synchronisé ou linéaire), Egalitarisme ou Hiérarchie. 3 par les individus, en fonction de leur intensité (importance pour l’individu) et leur direction (bonne ou mauvaise) qui vont déterminer les croyances et les comportements. L’auteur distingue la valeur de la croyance, en ce sens qu’une valeur particulièrement marquée et spécifique est qualifiée de croyance3. L’auteur défini la culture comme étant « la programmation collective de l’esprit humain qui permet de distinguer les membres d’une catégorie d’hommes par rapport à une autre. » La programmation mentale dont il est question peut s’analyser à 3 degrés différents, entremêlés et emboîtés. Hofstede distingue une programmation mentale au niveau universel, au niveau collectif et au niveau individuel. La culture est en partie unique et propre à chaque individu, et en partie partagée avec les autres. Le niveau universel touche toute l’humanité et concerne le fonctionnement biologique de l’espèce. Le niveau collectif concerne un nombre réduit de personnes appartenant à des groupes plus ou moins homogènes les distinguant des autres (régions, pays..). Le niveau individuel est la partie unique et propre à chaque individu. Si la ligne de séparation entre les niveaux, est particulièrement difficile à déterminer et est sujette à un débat permanent chez les sociologues et les anthropologues, la culture qui fait l’objet de notre réflexion se situera au second niveau (collectif/national) dans son interaction avec le niveau individuel. Dans notre contexte, nous essayerons de mettre en lumière l’interaction ou l’impact de la culture nationale dominante, dans ses différentes dimensions sur les individus (entrepreneurs). Nous nous concentrerons dans notre recherche sur la programmation collective, dans son rapport avec la culture individuelle pour essayer de mieux comprendre l’impact des comportements au sein de l’entreprise, et plus précisément l’impact de la culture (portée par les jeunes créateurs d’entreprise) sur les pratiques managériales. Figure 1 - La programmation mentale des hommes Niveau Individuel Niveau Collectif Niveau Universel 3 Par exemple, une valeur sociale collective forte ( comme la solidarité et le partage avec les pauvres et les faibles), renforcée par la religion ( devoir d’aumône ) devient une croyance. Cette distinction est particulièrement importante sur le plan conceptuel et méthodique, car elle permet d’étudier les valeurs fortes et communes, indépendamment de la croyance individuelle. Des individus athées ou croyants peuvent avoir les mêmes valeurs fortes, avec les mêmes intensités, mais pour des raisons psychologiques différentes. Nous examinerons la valeur collective et non la croyance individuelle. 4 Les antécédents de la culture La culture nationale est considérée par les chercheurs comme une construction historique que différents facteurs concourent à produire. Pour Smith (1992), les bases de la culture nationale (ou de l’identité nationale) sont le territoire historique et la patrie, les mythes partagés, le mémoire collective, les droits et les lois communes, ainsi que le système économique. Triandis (1994) considère que les deux éléments qui contribuent à la formation de la culture d’un pays sont l’histoire et l’écologie. L’histoire représente les réalités historiques communes, les grands évènements et le sens partagé par les générations et les lignées. L’écologie représente le système et l’environnement socio-économique dans lequel évolue la société. La dimension historique détermine les caractéristiques culturelles, alors que l’environnement et la structure socio-économique influencent les manifestations de culturelles. Peterson et Smith (1997) identifient les mêmes antécédents de la culture en y ajoutant d’autres dimensions telles que la géographie (climat, topographie), et en insistant sur l’importance des origines linguistiques et du langage qu’ils considèrent comme la clé de codification de la culture, ainsi que la religion (et la philosophie sous-jacente) qui joue un rôle important dans la construction sociale de la réalité. Pour Sinha et al (2002), le noyau dur qui constitue la culture est d’abord la dimension historique et géographique (éléments durs de la culture), à laquelle s’ajoute l’influence d’autres éléments plutôt contemporains (comme l’identité sociale, les paramètres économiques et les facteurs institutionnels). Singh et Parashar (2005), résument les antédants de la culture en 5 dimensions (tableau I) Tableau I: les antécédents de la culture (Singh et Parashar , 2005) Identité sociale Contexte Paramètres Facteurs historique économiques institutionnels Langage, Mythes, Mémoire Système Système de Climat, Religion, collective, économique, gouvernance, topographie . Instruction, Territoire ou Développement Système légal, Rapport de sexe, patrie historique, économique, Droits et devoirs, Mobilité colonisation, Développement règles et lois. territoriale. Ampleur des technologique, influences industrie externes. principale. Géographie 5 Hofstede(1980) propose un modèle de la formation et de la stabilisation de la culture dans lequel l’identité sociale et les facteurs institutionnels ne sont pas des antécédents de la culture, mais des conséquences des normes sociétaires(ou des systèmes de valeurs). Pour l’auteur, ce sont les valeurs, partagées par le plus grand nombre d’individus et de groupes dans une société qui constituent le noyau dur de la culture nationale. A l’origine de ces systèmes de valeurs il existe différents facteurs qui affectent l’environnement physique (facteurs historiques, géographiques, économiques, génétiques, technologiques) .Les valeurs créées par ces facteurs sont selon l’auteur non seulement à l’origine du développement de la société en tant que telle, mais ce sont aussi elles qui déterminent la structure et le mode de fonctionnement particulier des institutions. Elles sont à l’origine de la famille, des systèmes d’éducation, de la législation et du système politique. Hofstede différencie les valeurs de la société (qui représentent la culture nationale) de ses conséquences (stratification sociale, différenciation des rôles dans la société, comportements, religion, etc) mais note que les conséquences de la culture(institutions, structures sociales, religion,etc) jouent un rôle dynamique dans le maintien et la stabilisation de celle-ci, en renforçant à la fois les origines et les valeurs. C’est un modèle dynamique en boucle qui implique que la culture nationale est durable et qu’elle ne peut être modifiée que par des forces extérieures comme la nature (changement de climat) ou de l’homme (conquête, colonisation, découverte scientifique ou commerce).(voir en annexe I le schémas de construction de la culture) II- Culture et entrepreneuriat Culture et entrepreneuriat, revue de la littérature Il est reconnu aujourd’hui que l’environnement institutionnel et économique a un impact direct sur le niveau d’entrepreneuriat d’un pays. Les chercheurs s’accordent sur le rôle de l’entrepreneuriat dans la croissance économique (Birley, 1981) et l’innovation (Schumpeter, 1934), mais plusieurs études montrent que le niveau d’entrepreneuriat peut différer d’un pays à l’autre, ou d’une région à l’autre, bien que l’environnement institutionnel soit similaire ou comparable. Dans un contexte institutionnel et économique donné, l’impact des variables environnementales globales est modéré par les spécificités culturelles (Davidsson,1995). Dans les recherches sur l’impact de la culture nationale sur l’entrepreneuriat (individuel), nous pouvons distinguer 3 courants de recherche selon l’approche ou l’objet d’étude : Une première série de recherches s’intéresse au lien entre la culture nationale et la vitalité entrepreneuriale (taux de créations d’entreprise, taux d’innovation)(approche création de 6 valeur ou innovation). Des études empiriques sur l’impact de la culture sur l’entrepreneuriat démontrent que le niveau de création et le taux de création d’entreprises son inégaux d’un pays à l’autre (Shane, 1992 et 1993) ou d’une région à l’autre (Davidsson, 1995), (Davidsson et Wiklund 1995) et que la vitalité entrepreneuriale est corrélée avec certaines caractéristiques culturelles (mesurées par la grille d’Hofstede (1980))4. Une deuxième série d’études empiriques a exploré le rapport entre la culture et les caractéristiques des entrepreneurs (approche par les traits). Scheinberg et MacMillan (1988), Shane, Kolvereid et Westhead (1991), Shane et al(1992) montrent qu’en dépit des caractéristiques communes aux entrepreneurs par rapport aux non-entrepreneurs (MacGrath et al 1992) les motivations et les objectifs des créateurs d’entreprises varient systématiquement selon les pays, en fonction de la culture. La troisième approche ( par la cognition), à l’instar de Muller et Thomas (2000) confirme ce résultat en constatant que les traits caractéristiques des entrepreneurs (locus of control, la prise de risque, l’énergie déployée) de 9 pays sont d’autant plus différents que les distances culturelles entre pays sont grandes. En examinant les scripts cognitifs de comportement d’entrepreneurs de 7 pays différents, Mitchell et al (2000) montrent que ces derniers sont fortement corrélés aux valeurs culturelles, (mesurées par le niveau d’individualisme et la distance hiérarchique5), confirmant ainsi les résultats d’Abrmson et al(1993) qui expliquait les différences des styles cognitifs par les différences de l’environnement culturel. (voir tableau II en annexe : récapitulatif des recherches) En ce qui concerne l’entrepreneuriat d’entreprise, les recherches sur l’impact de la culture (qui ont concerné surtout les grandes entreprises) se résument principalement à des comparaisons internationales concernant diverses questions telles que les alliances, la coopération, l’innovation, le mode d’entrée dans un marché,etc. Ces recherches montrent l’influence des facteurs culturels. (Kogut et Singh, 1988, Morris, Davis et Allen, 1994, Shane et Venkataraman, 1996 ; Steensma, Marino et Weaver, 2000 ). Hayton, Goerge et Zahra (2002) résument ces courants en proposent un modèle qui explique le rôle modérateur de la culture dans son lien avec l’entrepreneuriat. Les auteurs identifient les valeurs, les croyances et comportement, les besoins et motivations ainsi que la cognition comme des manifestations de la culture jouant un rôle catalyseur dans le développement de 4 Le taux de création est positivement corrélé avec dimensions : individualisme, tolérance face à l’incertitude et distance hiérarchique. 5 Deux des quatre dimensions de la grille d’Hofstede(1980). 7 l’entrepreneuriat. Ces manifestations interdépendantes entre elles transforment et complètent le contexte institutionnel pour influencer l’activité entrepreneuriale. La rapport (de dépendance ou de causalité) entre ces différents éléments n’est pas davantage explicité par les auteurs, contrairement à Busenitz et Lau (1996) qui hiérarchisent les éléments en considérant que les valeurs culturelles et les caractéristiques individuelles, déterminent dans un contexte social donné la cognition qui est à l’origine de l’intention entrepreneuriale, et par la suite de la décision. Si l’ensemble des recherches semble démontrer de façon non ambiguë que la culture influence les caractéristiques et la vitalité entrepreneuriale, et qu’elle pourrait influencer la cognition (hypothèse non testée empiriquement6), très peu d’études ont exploré l’impact de la culture sur les comportement des entrepreneurs. Si l’on admet l’idée que la culture influence les entrepreneurs dans ce qu'ils sont, comment influence-elle ce qu’il font ? Un certain nombre de chercheurs, de divers horizons pensent que la culture portée par les individus (valeurs, croyances) conditionne leurs pensées, actes et gestes. Si la culture entrepreneuriale n’est pas une création ex-nihilo, et qu’elle est le produit de l’évolution historique des sociétés, on peut raisonnablement avancer l’idée que la création, le management et le développement des entreprises dans le étapes ultérieures de la croissance sont indissociables de l’existence en l’individu qui crée de certaines facultés qualitatives (Traore, 1990). Bourdieu (1963) considérait que les individus et les groupes portent inconsciemment en eux des mécanismes psychiques dits « Habitus »7, -produits de leur histoire et de leur vécu- qui conditionnent leur comportements et attitudes collectives. L’Habitus forme (de façon inconsciente) chez les individus et les groupes des inclinaisons à penser, à percevoir, à faire d'une certaine manière plutôt q’une autre, créant des dispositions intériorisés de façons durables et résistantes au changement. L’idée d’habitus développée par Bourdieu est très proche du « programme mental » d’Hofstede (1980). L'habitus qui désigne la manière d'être, de penser et de faire en commun à plusieurs personnes de même origine sociale, issue de l'incorporation inconsciente des pratiques véhiculées par la société ou les groupes. Cet 6 mais qui suggère l’idée que l’esprit entrepreneurial peut être un produit de l’histoire. Bourdieu donne plusieurs définitions du concept aristotélicien, l’habitus est « Structure structurante, qui organise les pratiques et la perception des pratiques, l’habitus est aussi structure structurée : le principe de division en classes logiques qui organise la perception du monde social est lui-même le produit de l’incorporation de la division en classes sociales. »(La Distinction, Minuit, 1979, p.191) Ou encore : « L’habitus est […] à la fois principe générateur de pratiques objectivement classables et système de classement (principium divisionis) de ces pratiques. C’est dans la relation entre les deux capacités qui définissent l’habitus, capacité de produire des pratiques et des oeuvres classables, capacité de différencier et d’apprécier ces pratiques et ces produits (goût), que se constitue le monde social représenté, c’est-à dire l’espace des styles de vie. » (La Distinction, Minuit, 1979, p.190) 7 8 habitus, est selon l’auteur générateur de comportements spécifiques qu’on retrouve dans les champs de la vie quotidienne et notamment dans le champs économique (l’entreprise par exemple), et transposable dans le sens ou les dispositions acquises dans une certaine activité sociale (par exemple au sein de la famille ou à l’école) sont transposées dans une autre activité ( dans l’entreprise par exemple). Quels sont alors les comportements générés par le programme mental, et comment sont-ils transposés dans l’entreprise ? La culture dans l’entreprise Le rapprochement entre culture et entreprise peut se concevoir d’au moins deux façons. Il importe préalablement de distinguer la culture interne à l’entreprise (corporate culture), diversement étudiée en science de gestion (Deal et Kennedy, 1982 ; Harrison et Hety1972, Hampden-Turner,1990) et celle plus large, des groupes et des nations (culture nationale) qui fait l’objet de notre réflexion. L’étude de la relation entre la dimension culturelle et la vie de l’entreprise s’est fait de différentes façons et à différents niveaux d’analyse. Nous pouvons distinguer d’emblée deux approches différents : la première s’est focalisé sur une seule caractéristique culturelle (approche unidimensionnel), en ne considérant qu’une seule variable et en essayant de mesurer son impact sur les différents aspects de la vie en entreprise. Parmi les recherches les plus célèbres on retrouve en sociologie l’oeuvre de Weber(1934) qui s’est intéressé particulièrement à mesurer l’influence de la religion sur l’esprit de capitalisme, pour monter que l'éthique protestante du travail en tant que finalité de l'existence ( une fois la réussite matérielle éthiquement réhabilitée) est à l’origine du développement de l’esprit entrepreneurial économique. Tribou (1995) a testé l’hypothèse webernienne, appliquée à l’islam pour mesurer l’influence la religion sur la rationalité et l’esprit entrepreneurial. L’analyse de la philosophie religieuse islamique (lecture critique des textes sacrés musulmans), combinée à des entretiens qualitatifs montre qu’il n’existe pas d’antinomie entre le dogme religieux et l’esprit d’entreprise. Bourdieu (1977) s’est attelé à démontrer dans « les structures sociales de l’économie » que les agents économiques qui s’engagent dans le monde économique ont des conduites et des anticipations plutôt raisonnables que rationnellement économiques (en fonction de leur habitus). On retrouve les approches multidimensionnelles davantage en économie et en science de gestion, où l’étude de la culture dans l’entreprise occupe une place de plus en plus importante depuis que l’hypothèse de convergence du management est remise en question depuis que l’idée de l’existence d’un modèle de management universel et optimal indépendant des 9 environnements nationaux est abandonnée8, divers auteurs affirment que «la culture d’un pays détermine implicitement un modèle spécifique de management » (Hofstede(1980) et « qu’il n’y a pas de management idéal[…] les différences dans la culture nationale appellent à des différences dans les pratiques managériales » (Newman et Nollen, 1996). De très nombreuses études empiriques, principalement des comparaisons à l’échelle internationales, ont identifié et mesuré les différences dans les cultures nationales (Hosfsde, 1980 ; Smith, Trompenaars et Dugan ,1995 ; Schwartz,1999 ; Lawrence et Yeh, 1994). L’étude la plus célèbre et la plus couramment citée en management est l’enquête d’Hofstede (1980) menée auprès 116.000 personnes dans 72 pays à travers un questionnaire unique distribué dans des filiales d’IBM et mesurant la culture à travers 4 dimensions supposées collectives9. L’étude montre qu’en fonction des indices de chaque dimension, il est possible de dessiner une carte culturelle du monde, et qu’en croisant l’échelle de l’individualisme avec celle de la distance hiérarchique on peut distinguer 5 styles de comportement et de management10. Dans le littérature consacrée à l’impact de la culture sur les différentes activités de gestion, on retrouve des résultats empiriques forts qui prouvent que les cultures nationales changent et qu'une variété des procédures de gestion diffèrent selon la culture nationale. On retrouve des recherches sur l’impact de la culture sur Leadership (Dorfman et Howell 1988), l’orientation stratégique (Schneider et DeMeyer 1991 ; Tan 2002), la gestion des ressources humaines (Luthans et al, 1993) les tensions dans l’entreprise (Trompenaars et Wooliams, 2003) la performance (Bond et Hofstede 1991, Newman et Nollen 1999 ) (voir tableau III pour résumé des différentes étutes ;: questions/méthologie/variales, etc) Earley (1994), montre qu’un management adapté à l’environnement culturel a des impacts positifs sur l’efficacité individuelle et les performances de l’entreprise. 8 Cette hypothèse des année cinquante et soixante est remise en question par les chercheurs en management international surtout depuis le développement de modèles autres que le « modèle américains » de best-practices (modèle japonais ) 9 Distance hiérarchique : degré d'acceptation par une société de la distribution inégale du pouvoir dans les institutions et les organisations. Contrôle de l'incertitude : propension d'une société à se sentir menacée par des situations incertaines ou ambiguës. Individualisme : disposition des membres d'une société à se prendre en charge ainsi que leur famille proche. Masculinité : tendance d'une société à valoriser l'avancement, l'héroïsme, l'affirmation de soi et la réussite matérielle plutôt que les relations, la modestie, l'attention aux faibles et la qualité de vie. 10 Style autocratique : Grande distance hiérarchique, avec mentalité très communautaire = : la plupart des pays du tiers monde(y compris l’Afrique). Style autocratique modéré: Assez grande distance hiérarchique, avec mentalité assez communautaire (les autres pays du tiers monde et le Japon). Style paternaliste :Assez grande distance hiérarchique, avec mentalité individualiste (France et les autres pays latins d’Europe) Style consultatif Distance hiérarchique moyenne, avec mentalité individualiste ( pays anglo-saxons) Style participatif : Distance hiérarchique faible, avec un individualisme moyen ( pays germanophones et scandinaves) (d’après Hofstede et Bollinger 1987) 10 Les recherches menées jusque là ont utilisés différentes mesures de la culture nationale, en se référant à différents auteurs (Parsons et Shils (1951); Kluckhohn et Strodtbeck (1961); Newman, Summer et Warren (1977); Hofstede (1980); Hall et Hall {1990}; Lewis,(1992) ; Trompenaars et Hampden-Turner (1993); Trompenaars (1994); Fukuyama (1995) ; Triandis (1995) ; Bottger, Hallein et Yetton(1985). Une revue de la littérature sur les différentes dimensions de la culture nous a permis de retrouver d’identifier un nombre très élevé (plus de 40), mais Oslet et Bird(2000) résument l’essentiel en 22 dimensions bipolaires( tableau IV). La multiplicité des dimensions ne signifie pas pour autant que leur nombre est aussi élevé. On peut facilement rapprocher plusieurs dimensions et les synthétiser dans la grille d’Hofstede (par exemple la domination de la nature, la recherche et l’esprit compétition peuvent facilement être rapprochés de la masculinité/féminité, ou encore les rapports entre individus, le collectivisme de l’individualisme/collectivisme). Un avantage de la grille d’Hofstede souligné par Hayton, George et Zahra (2000) est que ses dimensions agrégées permettent de rendre compte de beaucoup de phénomènes et de prendre en considération divers aspects et valeurs de la culture. De plus, les résultats empiriques de la matrice ont été testé de façon probante au niveau national par Shackeleton et Abbas (1990) et Chow, Shileds et Chan (1990), Nasierowski et Les différentes mesures (dimensions) de la culture (d’après Osland et Bird,2000) Rapport la nature : soumission Passé Mode d’activité : être rapports hiérarchiques conception de l’espace : privé Nature de l’homme; bon Nature humaine changeable Temps Mono chronique Contextualité du langage forte Contrôle de l’incertitude ; faible Distance hiérarchique : faible Orientation à court terme Individualisme Masculinité Universalisme Autonomie affective ; forte Cognition : diffuse Besoin d’achèvement Individualisme Le lieu de contrôle : interne recherche de la compétition Réflexion : analytique Harmonie Présent Contenir et commander groupe Mixe Bon et mauvais Domination Futur faire rapports individuels Publique bon Inchangeable Temps Poly chronique faible élevé forte long terme Collectivisme Féminité Particularisme faible Spécifique fatalisme Organisation externe compromis Synthétique Boguze (1998) et Naumov et Puffer (2000) et son modèle a été considéré comme important et raisonnable pour décrire et étudier la culture nationale dans l’entreprise (Triandis, 1982) même si paradoxalement très peu d’études ont utilisé les dimensions d’Hofstede pour mesurer les différents styles de management et leur impact sur la performance (Sondergaard, 11 1994), et à notre connaissance aucune étude n’a utilisé ce modèle pour étudier l’impact de la culture nationale sur le processus entrepreneurial. La partie suivante sera consacrée à une étude exploratoire sur l’impact de la culture sur le management de la culture. III- Etude exploratoire Avant de présenter l’étude exploratoire que nous avons mené auprès de jeunes entrepreneurs, il convient de dresser un tableau rapide de l’histoire économique et politique du pays tout en résumant les principales recherches concernant l’entrepreneuriat algérien. Aperçu historique L’existence politique de l’Algérie est relativement récente, ce n’est qu’en 1962, que le pays a conquit son indépendance, après 132 ans de colonisation. En adoptant un système politique basé sur un puissant parti unique, et modèle économique de type « socialiste », basé sur l’édification d’un secteur monopolistique et puissant, l’Etat a été pendant plus de 30 ans l’unique entrepreneurs et employeur. Ce n’est qu’à la suite de multiples crises économiques (en raison de l’effondrement du prix des hydrocarbures, principale source de revenus) que l’Etat, en cessation de paiement (1993), a autorisé l’émergence d’un secteur économique privé, dans des conditions sécuritaires et politiques très graves11. La mutation de l’environnement de travail a été très rapide. Le pays est passé très rapidement de l’agriculture traditionnelle qui a duré des siècles au salariat socialiste sous la devise de « l’industrie industrialisante », puis, depuis les 15 dernières années à l’économie de marché qui fait - au rythme lent de multiples réformes inachevées- une place grandissante aux secteurs productifs privés. Les travaux de recherche en gestion portant sur l’entrepreneuriat sont quasi-inexistants en Algérie12. Parmi les premiers travaux de référence sur les acteurs économiques, nous retrouvons les enquêtes sociologiques et ethnographiques de Bourdieu (1958, 1963,1977) sur les travailleurs algériens qui démontrent le rapport entre la structure sociale paysanne et l’organisation économique pré-capitaliste ou le calcul économique ( au sens moderne de recherche de profit, de rentabilité et de performance) est totalement absent au profit d’un mode de travail qui visait à satisfaire les besoins primaires et assurer la reproduction du groupe. L’industrialisation du pays dans les années 60 a provoqué un bouleversement 11 Violences terroristes (ou guerre civile selon d’autres lectures). « La décennie sanglante » du terrorisme islamiste (1990-2000) a fait plus de 100.000 victimes et des milliers de disparus L’Algérie a connu 5 présidents (dont un assassiné en 1994) et 11 premiers ministres en 10 ans. Le pays est toujours en « état d’urgence ». 12 Même si sur ce point, nous constatons que de nombreux chercheurs se consacrent au thème de l’entrepreneuriat dans quelques universités (Ouargla, Tizi-Ouzou, Tlemcen,etc), ou dans des structures de recherche à l’image du Centre de Recherches en Economie Appliquée au Développement (CREAD) qui a entrepris en grande étude sur le thème ces 4 dernières années. 12 important de la société à travers une urbanisation rapide des générations de paysans transformés malgré eux en salariés et en fonctionnaires. Plus récemment, les chercheurs en sociologie et en gestion qui se sont intéressés aux caractéristiques socioculturelles et socioprofessionnelles des entrepreneurs algériens (Gillet 2003, Madoui 2003, Kadri-Messaid 2003, Melbouci,2004) nous permettent de résumer es spécificités des anciens entrepreneurs en quelques point les: - La création d’entreprise est souvent corrélée à l’objectif de créer une cohésion au sein de la famille et un lieu de reproduction des fonctionnements familiaux ce qui conduit à des comportements irrationnels (du point de vue économique). La composition du personnel par exemple montre que la plupart des employés ont des liens de parenté avec le chef d’entreprise, et que l’embauche ne se fait pas forcément en fonction des qualifications et des compétences, mais en fonction des rapports de confiance entre le chef d’entreprise et des proches de la famille (Kadri-Messaid 2003). - L’organisation hiérarchique est de type patriarcal : le management est caractérisé par des rapports hiérarchiques de soumission des jeunes aux plus âgés. Le principe étant que l’autorité du père est indiscutable .C’est l’aîné de la famille, le père (ou celui qui possède ce statut) qui possède seul le pouvoir stratégique dans l’entreprise, même s’il ne possède pas forcement les qualifications qui le justifie. - La gestion du capital (familial) est marquée par la prudence et la sécurité. Le recours aux capitaux étrangers (au cercle familial), le partenariat ou la fusion sont encore des pratiques inconnues pour beaucoup d’entreprises. La conception des anciens entrepreneurs est que l’association (ou le partenariat) mènerait à une diminution de leur pouvoir stratégique (de père) et un éclatement de la famille. Etude exploratoire Nous avons procédé à une étude qualitative exploratoire pour essayer de faire le lien entre la culture et le management (pratiques de gestion, et processus entrepreneurial) en adoptant comme mesure de la culture les 4 dimensions d’Hofstede (1980) . La technique de l’entretien individuel a été préférée à celle des entretiens de groupe en raison de sa facilité de mise en œuvre auprès de ce type de population (Palmerino, 1997, in. Aaker et al, 2000). Cette approche a l’avantage de ne pas imposer à l’interviewer un cadre strict de thèmes à aborder tout en ayant la possibilité d’orienter l’entretien vers les thèmes qui n’ont pas été évoqués spontanément. Pour le besoin de notre étude exploratoire, et pour mettre en application (qualitative) le modèle d’Hofstede, en rapport avec le management et le processus entrepreneurial nous avons 13 du faire un double entretien pour chaque entreprise. En effet le questionnaire original d’Hofstede est conçu pour être administré aux employés, pour mesurer à travers des échelles leur caractéristiques culturelles. C’est la raison pour laquelle nous avons effectué pour chaque entreprise un entretien du propriétaire manager et d’un salarié de l’entreprise, choisi selon le volontariat et avec l’accord du dirigeant. Echantillon Nous avons interviewé 12 personnes (créateurs d’entreprises dans le secteur des services). Les 9 premiers entretiens nous ont permis de compléter la liste initiale des thèmes choisis. Lors de nos trois derniers entretiens, aucune nouvelle idée n’est apparue, nous avons estimé donc que nous étions arrivé à une saturation thématique. Les participants sont des jeunes de sexe masculin (âgée entre 27 et 35 ans) qui ont crée leurs propres entreprises dans le 5 dernières années. Leur niveau d’instruction est variable. Huit ont un diplôme d’études supérieures et trois se sont arrêté au bac et un dernier a un niveau primaire. Les entreprises sont pour la majorité des TPE de service avec un personnel entre 7 et 9 personnes. Deux entre elles ont un personnel supérieure que 10. Les secteurs sont varié et vont du secteur informatique à la mécanique auto (Voir le tableau V en annexe pour les caractéristiques des entreprises). Les interviews individuels, d’une durée moyenne d’une heure, sont parties d’une discussion suivant un guide d’entretien en 5 points : Les quatre premiers concernent les dimensions culturelles d’Hofstede pour lesquelles nous avons repris les questions originales de l’enquête d’Hofstede, mais que nous avons développé et approfondi . Ces points ont été abordé avec l’ensemble des interviewés (chefs d’entreprises et salariés) pouir pouvoir croiser les visions. Individualisme Distance Contrôle collectivisme hiérarchique l’incertitude féminité - temps libre pour vie -rapport subordonnés -Anxiété et stress au - sécurité de l’emploi - orientation familiale ? / patron travail - coopération facile stratégique - conditions de travail - perception du -combien de temps - avoir des chances - perception de agréables ? patron travailler dans de promotion l’environnement (Tan - travail coopératif et -différence ( niveaux, l’entreprise - augmentation des 2002) efficace ? étude, d’age) entre le - respect des règles et salaires - style de patron et employés lois -Rapport familiaux de Masculinité Management management (Lu et Lee 2005) Le dernier point qui porte sur le management et le processus de création d’entreprise (intention, décision, modes de financement, embauche du personnel) a été abordé uniquement avec le chef d’entreprise. La discussion était centrée sur le management, en prenant pour 14 référence les dimensions utilisées par Tan(2000) et Lu et Lee (2005), a savoir l’orientation stratégique de l’entreprise (processus de prise décision, objectifs à moyen et long terme, l’idée d’innovation, l’intention d’innovation, agressivité et énergie déployée, la perception de l’environnement) et le style de management (supervision, communication, coordination, contrôle). Les entretiens ont été enregistrés, intégralement retranscrit puis analysés par la méthode de l’analyse de contenu thématique. Analyse des entretiens Nous avons procédé à une analyse de contenu thématique en découpant tout d’abord le corpus en unités d’enregistrement qui ont été ensuite regroupées en catégories, ce qui nous a permis d’élaborer notre grille d’analyse. Nous avons effectué une analyse horizontale pour étudier en profondeur chaque entretien ainsi qu’une analyse verticale pour comparer les différents discours. Nous pressentons ci suite les résultats de l’analyse. Individualisme/ Collectivisme « Disposition des membres d'une société à se prendre en charge leur famille proche. Exprime le degré de liberté d'un individu par rapport à un groupe» ainsi que Ce qui caractérise les cultures collectivistes, c’est la primauté de l’intérêt du groupe sur l’intérêt individuel. Le premier groupe dans la société est constitué par la famille ( d’abord, restreinte puis élargie) dans laquelle on retrouve des relations de dépendances, pratiques et psychologiques. Concernant le rôle de la famille dans leur décision entrepreneuriale, la majorité des personnes interviewés (11 sur 12) déclarent que la création n’aurait pas se faire sans l’aide financière des proches (parents, oncles, cousins) à travers des dons et/ou prêts sans intérêts, et/ou des contributions en nature (mise à disposition du garage de la maison ou d’un local) : « Si mon père ne m’avait pas laissé le garage, je n’aurai pas de local commercial, et je n’aurais pas pu créer la boite » ; « c’est parce qu’on avait ce local que j’ai eu l’idée d’y installer l’atelier [de réparation], autrement impossible de louer quelque part » ; « c’est en voyant que tous le monde transforme les garages en magasin que les parents ont accepté de me laisser l’exploiter, c’est grâce à eux que je ne suis pas chômeur ». En ce qui concerne le recrutement du personnel, l’embauche s’est faite au départ dans les personnes appartenant à l’entourage proche, ce qui caractérisent la culture collectiviste, à l’inverse de la culture individualiste, ou l’on n’aime pas embaucher dans la famille pour éviter l’impartialité. La majorité des entrepreneurs interviewés (11 sur 12) déclarent avoir embauché des personnes issues de leur entourage immédiat, que ça soit un membre de la famille (frère, 15 cousin) ou une personne très proche (ami, voisin, collègue d’université) ou recommandé par un proche. Les raisons qui motivent le choix dans l’embauche, évoquées spontanément sont liés d’abord à la confiance et ensuite à la compétence et au devoir : « j’ai pas fait d’entretien d’embauche, je le connais depuis son enfance, puis c’est un bon ingénieur» ;« pour tenir la caisse, j’avais besoin de quelqu’un de confiance, alors qui mieux que mon frère peut le faire ?» ; « C’est un camarde de fac, et il est très débrouillard » ; « à compétences égales, il est naturel de prendre mon cousin au chômage, que dirait la famille si je le fait pas entrer [dans l’entreprise ] ?» ; « faut pas être à NASA pour s’occuper des factures, alors bien sur j’ai pris une personne que je connais (l’amie de ma cousine) plutôt qu’une étrangère [au cercle de connaissances], comme ça je suis tranquille». Onze des personnes interviewées n’ont eu recours aux moyens de prospection des ressources humaines, très peu développées sur le marché, et se résumant surtout aux annonces de presse.« Pourquoi faire une annonce quand tu connais plein de gens au chômage ? y a qu’a demander au gens [de l’entourage] s’il connaissent des fils de bonne famille qui ne travaillent pas ». Il n’y a qu’un seul entrepreneur qui fait exception à cette attitude, mais qui reconnaît implicitement la pression du groupe « Je n’ai pas voulu embaucher des proches, mes cousins ou mes voisins, ça détériore toujours les relations, et puis je ne veux pas que tout le monde sache combien je gagne… après je vais leur devoir quelque chose et ils vont dire que ne donne assez .. Je sais que je suis obligé d’aider ma famille, mais je veux le faire à ma façon » et déclare encore « quand ma mère [qui ne travaille pas] me demande de l’argent pour aider sa soeur dans le besoin, je ne discute pas, ça serait un honte. » La notion honte a été évoquée par un autre entrepreneur concernant un employé ( âgé de 59 ans, sans diplôme) qu’il a recruté informellement, pour le gardiennage et l’accueil mais dont l’apport à l’entreprise n’est pas jugé optimal depuis le recrutement d’une assistante de direction : « J’ai licencié personne.. pour l’instant hamdoulliah [grâce à dieu] ca marche… puis F..... a l’âge de mon père et il a trois enfants et sa femme ne travaille pas. Ce n’est pas grave, puis il me rends plein de petits services [commissions personnelles, courses, courriers, pas toujours en rapport avec l’activité de l’entreprise] et puis c’est bien qu’il y est un homme quand je ne suis pas là [ à coté de l’assistante]». Au niveau du poids et de l’implication de l’entourage proche, les entrepreneurs déclarent en majorité être sollicités pour des prestations gratuites (y compris des proches de leur employés), mais que cela n’influence leur qualité de travail ou leur autonomie stratégique: « il m’arrive de dépanner des proches ou de réparer gratuitement leur PC, mais c’est normal 16 de rendre service… mais quant j’ai pas le temps, je les laisse pour après.. c’est pas des clients.. », «j’ai des petits cousins qui assistent gratuitement aux cours [d’initiation à l’informatique], je vais tout de même pas les faire payer.. de toute façon ça ne me coûte rien et je peux pas faire payer ma tante » ; « C’est parfois embêtant d’être dérangé pour dépanner tout le temps …les gens s’imaginent que j’ai le temps et que je suis réparateur ..Alors que mon métier est de faire des installations de réseaux.. Souvent je laisse faire les employés quand ils n’ont pas beaucoup de travail s’occuper des bricoles, ou je le fais le Vendredi [Jour de férié en Algérie] …il le faut ... ‘Allah ghaleb’ [ainsi le veut Dieu] ..» Les employés déclarent qu’ils voient plus l’entreprise comme une espace agréable et un lieu avec de bonnes conditions de travail « On travaille dans une bonne ambiance, on s’entends bien et on se ménage les uns les autres... » ; « quand quelqu’un a un truc à la maison [obligation familiale] on s’arrange toujours ..C’est important la famille, ça passe avant tout ». L’impression générale que nous arrivons à dégager, c’est qu’une tendance naturelle vers le collectivisme se fait ressentir : au niveau de l’embauche (privilégier d’abord les proches qui sont au chômage) ; du partage du revenu( la distribution d’une partie des profits en vertu de la solidarité familiale), avec toutefois cette particularité, probablement spécifique au secteur particulier qu’est le service, ou l’influence (ou l’ingérence) des proches dans le travail et le management se heurte à l’obstacle de la maîtrise technique, particulièrement dans métiers qui exigent un niveau haut de maîtrise (l’informatique, l’électronique ou la formation). A la question de savoir si l’on peut définir l’entreprise comme familiale, si l’on réfère à la notion de propriété et contrôle légal de l’entreprise (registre de commerce et propriété du capital) (Lansberg ,1988), on peut considérer que les entreprises sont des propriétés individuelles, mais si l’on considère la définition plus large (et réaliste) de Davis et Tagiuri (1982)13 qui considèrent que c’est l’influence des proches qui détermine le caractère familial, la majorité des entreprises sont à caractère familial, dans le sens ou le siège de l’entreprise(le garage transformé dans 9 cas sur 12) est la propriété de la famille (ce qui lui confère un pouvoir stratégique important : le jeune entrepreneur est dépendant des bonnes relations), ou que l’entrepreneur se sent un devoir moral et de faire partager ses revenus avec les siens. 13 Définition de Davis et Tagiuri (1982) « ..Une organisation ou deux ou plusieurs membres de la famille étendue influencent la marche (la direction) de l’entreprise à travers l’exercice du lien de parenté, des postes de managements ou des droits de propriété sur le capital » 17 Masculinité / Féminité « tendance d'une société à valoriser l'avancement, l'héroïsme, l'affirmation de soi et la réussite matérielle plutôt que les relations, la modestie, l'attention aux faibles et la qualité de vie ». Concernant le degré de masculinité (tendance à la valorisation de l'avancement, l'affirmation de soi, la réussite matérielle) dans le lieu de travail, la perception des entrepreneurs est assez contradictoire. Concernant la réussite, les chefs d’entreprises montrent des tendances ambitieuses et emploient tous des expressions telles que « je veux réussir et je me bagarre », « je veux faire agrandir l’entreprise » ; « il faut que j’arrive à avoir des contrats avec les grandes entreprises» ; « il faut être dur pour réussir », mais montrent paradoxalement une tendance à l’humilité, en déclarant «qu’il ne faut pas être trop gourmand » ; et que « dans ce pays, comme on dit, vivons heureux vivons cachés, faut pas trop se montrer » ; « Si tu devient trop gros on te casse, faut pas essayer de faire le malin », « Si tu ne connais pas les bonnes personnes, il vaut mieux rester tranquille ». « Tant qu’on ne dérange pas les ‘’makla’’14 ça va, mais faut être trop riche » Plusieurs raisons peuvent être à l’origine de cette tendance marquée à l’humilité (voir à la résignation); une méfiance par rapport à l’Etat et ses institutions (le fisc particulièrement) qui pendant près de 3 décennies voyait d’un mauvais œil et surveillait étroitement la « bourgeoisie exploiteuse ». Il y a aussi la crainte d’un contrôle qui dévoilerait le recours à des pratiques informelles (travail au noir, sous déclarations fiscales). Un entrepreneur déclare : « on sait tous que personne ne vend et achète avec des vraies factures, les impôts aussi le savent et ils ne nous embêtent pas… mais si tu commences à trop te montrer, tu devras leur ’’tchiper’’ [payer un pot de vin] ...et moi j’aime pas ca. », ou encore « Khalifa15 est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire… regarde ou il en est, lui qui était pourtant l’ami des puissants et des stars ». La comparaison peut être inappropriée d’ une TPE et du groupe Khalifa nous montre en tout cas que la perception de croissance dans l’environnement national n’est pas de plus optimistes, malgré tous les efforts que déploie l’Etat pour encourager l’entrepreneuriat. Dans le groupe, un entrepreneur fait exception à la règle en déclarant : « je déclare tout et je paye mes impôts, mes factures son transparentes et en règle puisque je travaille beaucoup avec des grosses boites dont beaucoup sont étrangères ... ça m’évite devoir magouiller... ça a même des avantages que je n’attendais pas du tout, la banque vient de téléphoner pour me proposer des crédits, alors qu’au début j’aurais payé pour les avoir… » 14 Mot populaire qui signifie « casserole » et qui désigne « les puissants », les hommes d’influences appartenant généralement aux grands corps d’Etat : militaires, policiers, élus(maires, préfets). Ce mot a été utilisé par 3 entrepreneurs. 15 Très groupe industriel et financier qui a fini en liquidation judiciaire suite à nombreux scandales financiers principalement. 18 Au niveau des employés, la tendance générale qui se dégage est une certaine satisfaction par rapport à leur situation et leur rapport à leur patron « je suis bien hamdoulillah [Louange à Dieu] », « il y a une bonne ambiance de travail » et aucune appréhension particulière n’est ressentie par rapport à la sécurité du poste. Aucune compétition ou émulation n’a été évoquée, cependant la majorité des employés avouent qu’ils quitterait l’entreprise pour une meilleure rémunération : « bien sur si IBM me propose d’aller j’irai sans hésiter » ; « Je suis bien ici, mais si je trouve un poste au Sahara [dans les multinationales installées dans le sud du pays] j’irai, c’est beaucoup mieux payé » A la question des conflits, les entrepreneurs et les salariés répondent qu’ils ne sont pas nombreux et sont rarement exprimés ouvertement, et dans la plupart du temps ils sont passés sous silence, à l’exceptions des « ..cas ou si je ne m’en mêle pas, le travail n’est pas fait, je ne peux renvoyer personne alors je réparti les taches de travail clairement, mais en général avec le temps les petits conflits se règlent tout seuls ». Nous argumentons ceci par le fait que l’embauche se fait au départ grâce aux relations personnelles, et les patrons de TPE se retrouvent dans un cercle avec une marge de manœuvre étroite qui rend difficile la médiation dans le cadre de relations personnelles étroites En conclusion, le type de relations qu’entretiennent les managers avec les employés sont assez harmonieux, même s’ils ne privilégient pas la communication en cas de tensions, elles sont basées sur des rapports simples et peu protocolaires. La tendance masculine déclarée par les entrepreneurs trouve certainement son explication dans le contexte nationale difficile (chômage, concurrence déloyale, corruption, bureaucratie), mais est tempérée par une attitude globalement féminine (voir résignée) en raison d’une perception négative de l’environnement institutionnel. Distance hiérarchique « degré d'acceptation par une société de la distribution inégale du pouvoir dans les institutions et les organisations » Au niveau politique l’Algérie est certainement un pays de distance hiérarchique élevée (parti unique tout puisant- le tout Etat – administration puissante). Au niveau familial, la societé considéré comme une société patriarcale (Bourdieu 1977, Gillet 2003, Kadri-Messaid 2003) avec un père dominant et une mère obéissante Les enfants obéissent aux parents, les plus jeunes aux plus vieux. A l’inverse, dans les entreprises interviewées nous retrouvons sans ambiguïté dans 10 entreprises sur 12 une distance hiérarchique faible. La récurrence des réponses des employés le montre clairement ;« tout le monde est patron ici » ; « ici on n’aime 19 pas les gens qui se gonflent, même pas le patron », « le patron c’est le patron, mais on est tous égaux ici, personne ne se montre supérieur ». « c’est le patron qui prends la responsabilité finale, mais nous donnons tous notre opinion ». Les réponses des chefs d’entreprises comportent des nuances : « il faut être ferme sur le travail, mais toujours rester humain et à la portée des employés » ; « l’Algérien est susceptible, il faut être politique avec lui et se mettre à son niveau pour le convaincre». Nous expliquons cette contradiction par deux faits : premièrement la taille des entreprises rends difficile la hiérarchie. Deuxièmement les employés ont presque le même age que le patron avec un niveau de formation équivalant et une même origine sociale; les rapport sont plutôt égaux et amicaux. Toutefois, sur quatre entreprises, nous avons de réponses courtes et pas toujours claires sur la perception du dirigeant et des rapports avec lui: «c’est pas toujours facile, mais je me plains pas », « Je n’ai pas de rapport particulier avec lui, je fais mon travail et c’est tout », « je ne comprends pas toujours ce qu’il fait, je lui es dit de faire autrement[concernant le rapport aux clients], mais il n’a pas aimé, je me mêle plus de ses affaires ». Les chefs de ces entreprises pensent qu’ « il faut toujours montrer qui est le patron et ne pas trop discuter, mon père [ancien entrepreneur ] faisait comme que ça marchait bien » , « le bâton est toujours le meilleur argument, mais quant ils travaillent bien il faut offrir des petit cadeaux » ; « les gens sont jaloux, il ne faut jamais leur tourner le dos, ils te ruineront ». Les deux perceptions et attitudes font penser à la théorie X et Y de MacGréogor. Si l’échantillon ne nous permet de conclure avec fiabilité sur le degré de hiérarchie, nous pensons que le niveau général est plutôt faible (à moyen) qu’il pourrait être corrélé au type d’activité ; c’est dans les entreprises à très forte technicité (informatique, électronique et formation) que nous observons les degrés hiérarchiques nettement faibles. Nous observons toutefois, que quant un employé est plus âgé que le patron « la distance hiérarchique est inversée et imposée ». « Qu’est ce que tu veux ? Je ne vais pas lui crier dessus. Tu lui dit de faire ça il te fait autre chose. Il est gentil et il me fait de la peine ». Contrôle de l’incertitude « propension d'une société à se sentir menacée par des situations incertaines ou ambiguës. » Le rapport à l’incertain mesuré par la tolérance de l’incertitude (existence de lois formelles et claires, répartition claire des taches et responsabilités, anxiété au travail) qui ressort des entretiens menés avec les salariés est assez contradictoire à priori. D’un coté il y a une souplesse et une flexibilité dans le travail, voir un rejet psychologique des lois et des réglementations: « j’aime pas trop les entreprises avec plein de formalisme et de procédures, je fais mon travail à ma façon,l’essentiel c’est faire le travail, ça marche bien comme ça» ; 20 « le règlement et la loi c’est une chose, mais la réalité c’est autre chose » ; « globalement je fais mes heures de travail, mais y a des jours je ou travaille beaucoup, des fois jusqu'à minuit, et d’autre ou je prends mon après-midi, c’est plutôt souple ». D’un autre coté une certaine anxiété est exprimée : « Je ne comprends plus qui fais quoi des fois, tout le monde se mêle, et il faut que je pose plein de questions pour comprendre » ; « ca fatigue parfois de ne pas savoir, le patron s’arrange oralement avec des clients ou des fournisseurs, mais on est pas toujours au courant » ; « c’est pas le travail qui est stressant, c’est le manque d’information ». Les patrons, pour une majorité estiment qu’« une entreprise c’est pas une administration, pas besoin d’un papier pour savoir ce qui se passe dans mon entreprise » ; « tout le monde sait quoi faire, au final ça marche » ; « on fonctionne sur la confiance et la responsabilité, pas besoin de règles rigides et compliqués, mais je garde toujours un œil sur l’argent». Le caractère oral de la communication, la souplesse dans le gestion ne semblent pas gêner particulièrement les chefs d’entreprise, mais provoquent parfois des gènes et des anxiété chez leurs salariés, qui tout en présentant un niveau d’incertitude faible, semblent désirer davantage de clarté dans la gestion. Le processus entrepreneurial et le management Nous avons interviewé les chefs d’entreprises dans un entretien consacré pour essayer de mettre en lumière leur processus entrepreneurial, au sens de Davidsson (2003) qui prends en considération le processus de découverte de l’opportunité, la décision et les comportements à l’origine de l’émergence organisationnelle (Acquisition des ressources- Stratégie entrepreneuriale). Sur l’ensemble des 12 entrepreneurs, il n’y avait qu’un seul, qui depuis une longue période avait développé l’intention ferme de créer son entreprise : « j’ai décidé au début de mes études en informatique de créer la boite, au départ, l’idée d’être fonctionnaire [comme le père] ne m’a jamais séduite». Une partie des autres chefs d’entreprise(8 sur 12) déclarent n’avoir commencé à réfléchir à la création d’entreprise que lorsqu’ils se rapprochaient d’une situation inéluctable d’absence d’emploi : « à la fin de mon cursus universitaire, j’ai passé plusieurs mois à chercher un travail, n’ayant rien trouvé, j’ai décidé de faire comme tout le monde, transformer le garage de la maison en local » ; « c’est pour me créer un revenu que j’ai ouvert l’atelier de réparation » ; « je ne me suis jamais imaginé enseignant ou formateur, mais il y avait une opportunité quant mon père [coiffeur] à arrêté de travailler dans le local suite à sa maladie» 21 « J’aurais aimé travailler dans une grande entreprise, avoir un bon poste, mais c’est le Maktoub[destin], j’avais pas le choix, j’ai ouvert la boite ». Deux interviewés (sans diplôme universitaire) ont reproduit le métier d’entrepreneur du père, mais en changeant l’orientation de l’entreprise pour l’un : « j’ai repris le taxiphone et je l’ai transforme en cyberespace et salle de jeux » ou en changeant complètement d’activité pour l’autre ; « il y avait trop de superette et l’épicerie[tenue par le père] ne marchait plus, alors j’ai convaincu le vieux de me laisser faire mon atelier [d’installations techniques : alarmes, antennes,etc] » Le choix du secteur et du métier apparaît dans la majorité des cas comme « improvisé » et non choisi en fonction d’une formation initiale ou un savoir faire particulier, c’est plutôt le mimétisme des affaires qui paraissaient à la fois « faisables » avec un budget limité, et « pas trop risquées » qui a déterminé le type d’activité. Le mimétisme de ce qui semble « rapporter » sur le marché, sans être risqué est le facteur de choix le plus cité dans les interviews : « Il y’en a partout des cyber, c’est la preuve que ça marche bien ». Il n’y a que 3 chefs d’entreprises qui disent avoir « choisi volontairement» leur métier (2 entreprises d’informatique et une entreprise d’installations techniques) parce que « c’est mon truc [l’informatique], et ça a de l’avenir chez nous », « j’aime ça » ; « j’ai toujours aimé bricoler ». L’étape de création de l’entreprise est celle que tous les entrepreneurs s’accordent à qualifier de « dure, surtout l’administration » et « la paperasse ». La mobilisation des ressources financières s’est faite avec le concours de la famille et des proches, sans qu’aucun interviewé n’ai beaucoup de mal à convaincre les siens de la nécessité d’entreprendre dans un marché de l’emploi notoirement rigide : « mon père m’a encouragé », mais il fallait juste « rassurer les parents que ça allait marcher » et que « c’est une bonne affaire » , que « c’était pas risqué ». Le démarrage des activités n’ont pour la majorité des entrepreneurs pas été solitaires grâce au soutien moral et psychologique des proches (famille, amis) qui ont mis à disposition tout leur réseau social disponible. L’aspiration de départ qui se résumait pour la majorité à « créer son propre emploi » ; « arrêter le chômage » ;« gagner mon pain » ou « ne plus dépendre de des parents ». Il n’y a que deux entrepreneurs qui décaleraient vouloir créer leur entreprise « pour gagner ma vie d’abord, mais aussi parc que j’ai toujours rêvé de ça » ou « pour devenir quelqu’un ». 22 S’il est vrai que la TPE présente la particularité d’être particulièrement soumise à l’environnement et au marché (Julien et Marchenay, 1988) il est avancé qu’« à travers l’importance du dirigeant qui va insuffler un vision stratégique [..] la capacité à développer des comportements entrepreneuriaux […l l’entreprise de petite dimension peut réduire l’influence du contexte sur son fonctionnement »(Gueguen,2004) Pour mesurer le comportement et la stratégie entrepreneuriale des dirigeants, nous avons porté notre entretien sur les pratiques de gestion. Nous nous sommes basé sur Tan (2002) pour mesurer la perception de l’environnement (perception de l’importance des relations avec les fournisseurs, les clients et les concurrents) ainsi que les orientations stratégiques du management (à travers des questions sur la de prise de risque, les orientation vers le futur, et l’idée/intention d’innovation). Il n’y a qu’une seule entreprise (dans le secteur d’informatique) qui présente une orientation à long terme ( dimension culturelle associé la persévérance et le sens de l’économie (Hofstede et Bond, 1988)): « depuis le départ, j’avais l’idée de développer plusieurs savoir-faire et un concept particulier, j’ai du faire des choix sur l’avenir et prendre un cap précis » ; « d’emblée j’ai orienté l’entreprise sur les grands chantiers [de bâtiments ] des grandes entreprises en proposant de faire mes installations réseaux ‘pendant’ la construction, en plus d’un service après vente gratuit lors de l’installation de l’entreprise, ce qui économise des efforts à tout le monde,. J’avais estimé que c’était plus porteur que de faire de simples prestations de services ou des dépannages et réparations pour les particuliers, c’est ce que tout le monde fait aujourd’hui d’ailleurs ». Ce chef d’entreprise modèle qui a réussi à transformer sa TPE en PME au bout de 5 ans pense même à « développer des activités à l’international, mais ce n’est pas encore possible pour l’instant faut d’une règlementation encore restrictive [marché des change notamment] ». Pour les autres entrepreneurs le mot d'innovation (ou synonyme) n’est presque pas employé dans leurs discours. Les objectifs de maximisation des profits, sans stratégie particulière pour y arriver dénotent une orientation claire sur le court terme. Les entrepreneurs se fient plus à leurs intuitions et à leurs expériences en faisant un management plutôt réactif. Il n’y a pas de suivi de clients et la concurrence n’est pas jugée menaçante dans un marché ou la demande est très forte. « Pourquoi se casser la tête à essayer d’améliorer quelque chose, qu’est ce que ça me rapporte ? », « mon métier c’est d’installer, avant de partir je vérifie que ca marche, après je ne peux rien garantir, c’est pas moi qui ai fabriqué les paraboles » ; « les gens[sousentendu les client] demandent toujours trop » ; « y a rien a changer ou à améliorer, c’est 23 comme ça, et puis je m’en fiche des gens, ils n’ont qu’a faire un kilomètre de plus aller chez l’autre s’il ne sont pas contents » a même déclaré le dirigeant d’un cyber-café. Ces résultats sont en contradiction avec ceux trouvé par Assasi et Hammouda (2006) qui démontrent que les jeunes entrepreneurs algériens ont le goût du risque et utilisent les méthodes de recrutement modernes (à travers les agences nationale pour l’emploi ou en contactant directement les écoles et les centres de formation professionnelle). Nous expliquons cela par le fait que le comportement des entrepreneurs dépend de la taille d’entreprise. Leur étude s’est focalisée sur les PME, tandis que la notre échantillon est composé principalement de TPE. Conclusion L’analyse du discours des entrepreneurs et leurs salariés nous permet de faire une comparaison avec les conclusions des précédentes études sur les anciens entrepreneurs, même si les études exploratoires, à faible échantillon n’ont pas vocation à valider scientifiquement de tels résultats16. Les différences observées entre les générations, que nous donnons à titre indicatif seulement, concernent principalement deux indices culturels qui semblent à priori moins élevés chez la jeune génération dans le secteur des service ; la distance hiérarchique, et le niveau de collectivisme, avec une nuance pour ce dernier, qui peut s’analyser à l’échelle sociale (dans laquelle les mécanismes et logiques communautaires et la hiérarchie ont l’air de perdurer) et à l’échelle organisationnelle (l’entreprise) qui, à priori, montre des signes de mutation. En ce qui concerne le management des jeunes entreprises, il n’est pas méthodologiquement prudent de le qualifier à partir d’une simple étude exploratoire, mais si nous devions définir un style de management à partir de l’appréciation des différences culturelles (en croisant le niveau d’individualisme estimé ‘moyen’, et la distance hiérarchique estimée ‘faible’ dans l’entreprise) le style serait selon les catégories d’Hofstede (1987) assimilé à un style participatif, avec consultation du groupe. La logique entrepreneuriale qui sous-tend l’activité ressemble à ce que Julien et Marchenay (1996) qualifient de ‘patrimoniale’ ou PIC et qui cherche à «avant tout à accumuler du patrimoine (Pérennité) tout en souhaitant préserver (l’Indépendance) » « … la (Croissance) de l’affaire n’est acceptée que pour autant qu’elle ne met pas en cause la pérennité de l’indépendance patrimoniale ». Sue le plan théorique la revue de la littérature sur l’impact de la culture sur l’entrepreneuriat nous permet de mettre en lumière 2 résultats importants de deux approches différentes : 16 Une étude quantitative en cours de réalisation est en cours de réalisation à cet effet. 24 Le premier résultat (de l’approche par les traits, et cognitive) apporte la preuve que la dimension culturelle joue un rôle déterminant dans 3 éléments fondamentaux : la perception, la motivation et les objectifs des entrepreneurs. Les implications de ce résultat sont très importantes, car ces 3 éléments sont déterminants dans le processus entrepreneurial, en ce sens qu’ils peuvent donner « un bon ou un mauvais départ » (au moins sur le plan psychologique) à l’aventure entrepreneuriale. Ce sont des ‘matières premières’ psychologiques de la production de l’entrepreneur entreprenant, et de l’éventuel innovateur. Le deuxième résultat important, (issu de l’approche création de valeur ou innovation) est celui qui prouve que la dynamique entrepreneuriale, et son corollaire, l’innovation, varient selon la culture, donc, selon la perception, la motivation et les objectifs, produits par la culture. Ce deuxième résultat est d’autant plus important qu’il prouve que la finalité du processus entrepreneurial (création de valeur ou innovation) est déterminée par ‘les matières premières psychologiques’ de départ. Un troisième résultat des études empiriques tant à prouver que le management est d’autant plus performent qu’il est adapté à la culture. Une question naturelle se pose a nous alors, estce qu’un management adapté permettrait d’ajuster l’influences des conséquences culturelles afin de modifier l’objectif et le promouvoir en objectif entrepreneurial ? En schématisant cette question, et posant 3 niveaux d’objectifs en fonction de l’opportunité perçue comme possible au départ, qu’on supposera faible (comme c’est le cas dans notre étude exploratoire), est-ce que l’augmentation des ressources entrepreneuriales, à travers l’orientation vers un management adapté (via un accompagnement par exemple, ou une formation préalable) permettrait de déplacer le niveau d’objectif (donc de l’ambition entrepreneuriale) ?. Si on avance une réponse optimiste et affirmative à cette question, d’autres questions se posent ; comment faire de l’accompagnent adapté à la dimension culturelle ? Un regard sur les théories de l’accompagnement dans le cadre interculturel (Levy, 2004) apporterait peut être la réponse pour que les entrepreneurs situent leur entreprise dans « une zone de cohérence » entre ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent (Paturel, 1997). Une approche par les faits dans les recherches ultérieures pourrait concilier les résultats de l’approche par les faits, et l’approche de création de valeur, en se focalisant sur le processus de façon pragmatique. 25 26 Annexes Schéma I - Schéma de la stabilisation de la culture (Hofstede 1980) : Influences extérieures - forces de la nature - forces de l’homme - commerce conquêtes -découvertes scientifiques Origines Normes sociétaires Conséquences - facteurs écologiques : Géographiques Économiques Démographiques Génétiques/ hygiéniques Historiques Urbanisation Systèmes de valeur la plupart des groupes de population - Structure et fonctionnement des institutions : Structure de la famille Différenciation des rôles Stratification sociale Définitions de comportement Education Religion Structure politique Législation Architecture Développement des théories scientifiques CULTURE Renforcement Tableau II : Croisement entre culture et entrepreneuriat : quelques cherches empiriques Entrepreneuriat (création d’entreprise) Approche Recherches Empiriques Culture Question ou objet de recherche Terrain Méthodologie et Variables Caractéristiques des entrepreneurs Approche Traits ou cognitive Shane(1992) Shane(1993) Davidsson(1995) Davidsson et Wiklund(1995) - Différences / similitudes - motivations - perception Inernational National Variables d’Hofstede(1980) Autres caractéristiques personnelles Niveau d’entrepreneuriat Approche création de valeur Baum et Al(1993) Shane et al(1991) MacMillan(1988) Shane et al (1991) McGrath et MacMillan (1992) Mueller et Thomas(2000) Mitchell et al (2000 Management et Entrepreneuriat Approche par les faits Rares études principalement en management international. Taux de création Taux d’innovation Inter Pays Hofstede(1980) ou caractéristiques personnelles 27 Tableau III : Quelques études empiriques sur l’impact de culture sur le management Auteurs Shackleton et Abbas (1990) Question Est-ce que la perception et les valeurs du travail différent en fonction des racines culturelles ? Mesure de la culture -Distance hiérarchique -Contrôle de l’incertitude Mesures du management - les valeurs de travail et perception. Terrain 7 entreprises de nationalités différentes en Grande Bretagne Chow, Shields et Chan (1991) -Individualisme -Interdépendances des travailleurs - dépendances du salaire (primes) Entreprises asiatiques Hofstede, Frank et Bond (1991) Berrel, Wright et Van Hoa (1999) Est-ce la culture affecte la performance et la qualité du management ? (management qualité) Est-ce qu les racines culturelles affectent la performance ? Différence dans le comportement managérial selon culture ? La culture en harmonie affecte elle la performance ? Tan (2002) Selon la culture, est ce que l’orientation stratégique est différente ? La Perception différente ? Nationalité La performance des entreprises mesurée par la croissance économique -Processus de décision (participative, inclusive) - Planification stratégique -Structures management (hiérarchique/égalitaire) - la communication (verbal/formelle) Performance (financière ) et -participation des salariés -Politique (objectif) claire -encouragement participation - mérite et récompense du travail - résolution des problème long terme/ court terme - sécurité de l’emploi - Orientation stratégique - prise de risque - innovation -pro activité - agressivité -perception de l’environnement Groupes de pays d’extrême orient 36 entreprises en jointventure Newman et Nollen(1999) Les 4 Dimension d’Hofstede + 5eme dimension : Orientation à long terme - Relations à l’environnement - relations interpersonnelles - Le Mode activité - Le rapport au Temps - cognition Les 5 dimensions d’Hofstede(1993) Trompenaars et Woolliams (2003) Comment résoudre les tensions et pour s’adapter à la culture ? -Rapports entre les employés dans l’entreprise - rapports hiérarchiques - perception de l’organisation par le personnel Lu et Lee (2005) Les différence culturelles entraînent elles des styles de management différentes? -distance hiérarchique - individualisme - Niveau de formalisation - niveau de centralisation -Supervision style(stress taskoriented) -Prise de décision (centralisée/participative) -Communication (direct/indirecte) -Mécanisme de contrôle (fort et autoritaire ou faible) -Orientation paternaliste (+/-) par rapport aux employés Résultats Confirme Hofstede, mais le contexte national l’emporte sur les prédispositions culturelles. Oui, mais de façon différentes selon la culture (pas de convergence) oui oui 18 pays La performance est d’autant plus grande que le management est en harmonie avec la culture 2 pays- 110 entrepreneurs aux EtatsUnis en en Chine (chinois-américains /caucasien-américains et chinois) Oui, mais le contexte national prends le pas sur la culture d’origine Echantillon de 5500 employés dans plusieurs pays 4 styles de management (missile guidé, familial, incubateur et tour Eiffel) avec 6 scénarios de tensions fonction de la culture. 82 managers au Japon et Taiwan oui 28 Tableau V : Caractéristisques des entreprises interviewée Entreprises (nombre) Effectif Age (années) 5 4 Informatique (3) 11-5- 4 3-4 et 5 Electronique (1) 3 2 Transport (1) 3 4 Ecole de formation (1) 12 4 Mécanique auto (2) 4-3 3-2 Cyber café (2) 3-3 2-4 4 3 Installations techniques (1) Agence immobilière (1) 29 Références bibliographiques Abramson, N. R., Lane, H. W., Nagai, T., & Takagi, H. 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