Medicen met le cap sur les PME et l`international
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Medicen met le cap sur les PME et l`international
Medicen met le cap sur les PME et l’international Labellisé en 2005, Medicen est un pôle mondial. Parti d’une page blanche, il s’appuie sur les PME et la recherche de partenaires internationaux pour atteindre un objectif ambitieux : devenir, d’ici 2012, un des leaders mondiaux de l’innovation thérapeutique. C entré sur six domaines (neurosciences, oncologie, infectiologie, thérapies moléculaire et cellulaire, imagerie biomédicale, sciences et techniques du médicament) et sur l’interaction entre les thématiques thérapeutique et technologique, Medicen a labellisé 30 projets coopératifs de R&D1 à fin mai 2008 : cinq en 2005, quatorze en 2006, quatre en 2007, sept en 2008. Parmi eux, 21 ont obtenu des financements publics, pour un montant de 48 millions d’euros (49 % du financement total), sept sont en attente (réponse du FUI2 en juillet), deux n’ont pas été financés. Le projet « Horus », labellisé fin mai, est une collaboration avec le pôle Alsace BioValley. Actuellement, environ 50 % du financement public va vers la recherche publique, 35 % vers les PME et 15 % vers les grandes entreprises. Hors universités et instituts de recherche, le nombre de partenaires par projet varie de deux à près de dix. Un rôle d’aimant A ces projets collaboratifs s’ajoutent 80 projets de recherche, labellisés par Medicen, et financés par l’Agence nationale de recherche (ANR) pour plus de 39 millions d’euros, ainsi que deux projets structurants, dont l’Institut de la vision, rassemblant chercheurs et cliniciens et mettant à disposition des plateaux techniques. Medicen a joué son rôle d’aimant pour les entreprises de la région : le nombre de partenaires est passé de 63 en 2005 à 148 Projets financés (en millions d’euros) entre 2005 et 2007* Sciences et techniques du médicament (1); 5,26 Infectiologie (5); 21,73 Médecine moléculaire et cellulaire (3); 16,4 aujourd’hui, avec un objectif de 250/300. L’essentiel est constitué de PME (35 de 1 à 10 salariés, 25 de 11 à 50 salariés, 5 de 51 à 100), une volonté clairement affichée par Medicen. Outre leur nombre qui a doublé depuis 2005, les PME ont porté 71 % des projets labellisés. Un pourcentage très élevé qui a aussi son revers : les PME ne sont en général pas structurées pour porter des projets complexes… Les grandes entreprises sont également présentes et impliquées dans 13 des projets financés : Sanofiaventis (quatre projets), Servier (deux projets), Ipsen (un), LFB (un), Guerbet (trois), Bio-Rad (un), Philips(un), GSK, Pierre Fabre, General Electric Healthcare, Siemens, Etablissement français du sang. Les porteurs de projets font un état d’avancement des projets tous les six mois et des 1ers résultats significatifs sont attendus d’ici la fin de l’année. Nouveaux financements et internationalisation Si l’amorçage des projets se fait en partie avec de l’argent public, les pôles devront, dès 2009, trouver d’autres financements susceptibles de prendre le relais sur les 1ers projets. Dans cette optique, Medicen s’est donc rapproché d’investisseurs privés et a passé un protocole d’accord avec le pôle « Finance Innovation » pour évaluer son futur rôle potentiel. Parallèlement, le pôle parisien pose ses jalons sur la scène internationale : accord récent avec une université hongroise et positionnement en Israël (participation à BioMed Israël en mai et à la visite d’état du président Sarkozy en juin) et aux Etats-Unis (présence à Bio San Diego en juin). Aux Etats-Unis, le pôle souhaite également établir un point d’ancrage pour les PME sur la côte Est. Et puis, il y a la Chine, une autre cible… Pourtant, comme le souligne Jean-Claude Muller, si le rôle du pôle est d’aider les partenaires à participer à des projets européens comme l’IMI3 et à trouver des partenaires étrangers (rôle octroyé au bureau européen, une petite structure au sein de Medicen), ce n’est pas simple d’établir des collaborations à retombées économiques… Sans parler de la difficulté à mobiliser la région Ile de France, très diverse, autour d’un projet commun avec l’étranger… n SOURCE: MEDICEN Valérie Moulle Oncologie (4); 17,09 Neurosciences (3); 19,63 Imagerie biomédicale (5); 18,73 *Entre parenthèses : nombre de projets labellisés et financés. 50 PHARMACEUTIQUES - JUIN/JUILLET 2008 (1) Projets réunissant au moins deux entreprises et un laboratoire académique. (2) Fonds unique interministériel – FUI. (3) Initiative médicaments innovants – IMI. Pour plus d’information sur Medicen, voir www.medicen.org Pôles de compétitivité Dossier Jean-Claude Muller, président de Medicen : « Les financements sont insuffisants » Pour Jean-Claude Muller, la mise en place des pôles de compétitivité a été un acte politique majeur. Mais les financements publics destinés aux sciences du vivant restent très insuffisants. Medicen a été labellisé il y a trois ans. Quelles évolutions attendez-vous ? ● Medicen a mûri et grandi mais n’a pas encore atteint la taille souhaitée. Pour cela, il faudrait que notre budget de fonctionnement passe à trois millions d’euros, contre deux actuellement. L’Etat et la région n’étant pas prêts à financer plus, il faut trouver d’autres sources. Une solution possible pourrait être de prélever 1 à 2 % sur les budgets des projets. Par ailleurs, nous avons six thématiques sur Medicen, ce qui enferme un peu trop les projets innovants. Il faudrait pouvoir retenir des projets répondant à la stratégie du pôle mais sortant de ce cadre. Enfin, côté gouvernance, cela se passe plutôt bien : l’état et les collectivités territoriales ne se mêlent pas de la manière dont les projets sont labellisés, financés, mis en avant. Où en sont les 1ers projets collaboratifs labellisés par Medicen ? Avez-vous un objectif en termes de nombre de projets financés ? ● La mise en place des projets labellisés à l’automne 2005 a été plus longue que prévu, les conventions de partenariats d’une part et les financements, pourtant votés, d’autre part, n’ayant été finalisés qu’au printemps 2006. Ces projets ont donc plutôt deux ans que trois. En moyenne, 50 % de l’ensemble des projets avance bien. Nous en avons notamment deux, axés sur la recherche de biomarqueurs dans la rétinopathie et dans Alzheimer, susceptibles d’avoir des retombées économiques significatives d’ici deux à trois ans. L’autre moitié, moins biens gérée ou dotée d’objectifs moins précis ou d’un trop grand nombre de partenaires, souffre et pourrait avoir 6 à 12 mois de retard. Certains échoueront peut-être. Quant à nos objectifs, ils sont plus qualitatifs que quantitatifs, avec des structures de projets plus importants en masse, mais moins importants en partenariats. Notre but est d’arriver à un ou deux bons projets par thématique par an. Les projets à cheval sur plusieurs thématiques devraient augmenter. SELON JEANCLAUDE MULLER, LES OBJECTIFS SONT PLUS QUALITATIFS QUE QUANTITATIFS. Quel bilan général tirez-vous, trois ans après le lancement des premiers pôles ? ● La mise en place des pôles est un acte politique majeur, car il s’agit de structures rapprochant le public et le privé autour de projets devant déboucher sur des retombées économiques, avec une visibilité à trois/cinq ans. La France était très en retard et les choses évoluent positivement. Au sein de Medicen, les partenaires public/privé se réunissent tous les 15 jours pour discuter des projets collaboratifs. Mon grand bémol vient du financement public, très insuffisant, surtout pour les PME : Bruxelles a fixé un plafond de 50 % pour le taux de financement public de leur dépense. Or, en France, le Fonds unique interministériel (FUI) n’excède pas 35 %. A cela s’ajoute le décalage dans le temps entre labellisation et versement de la subvention : 30 jours dans certains pays d’Europe du Nord, contre souvent plusieurs mois en France… Plus généralement, et c’est là un point clé, la France ne met pas assez de moyens dans les sciences de la vie. Les projets collaboratifs labellisés par Medicen pendant trois ans ont représenté un budget de 100 millions d’euros. Or, pour leur donner plus d’ambition, il faudrait que le financement public, actuellement de trois à cinq millions d’euros par projet, atteigne 10 à 20 millions. Une solution serait de faire cohabiter, dès le démarrage de certains projets, des investissements privés avec des fonds publics, chose impossible aujourd’hui. Je ne suis pas très optimiste pour l’avenir, car les hommes politiques ne comprennent pas suffisamment les enjeux actuels liés au progrès scientifique réalisé dans les sciences du vivant et espèrent des retombées économiques majeures à court terme alors que celles-ci ne seront tangibles que dans une temporalité de 5 à 10 ans. Ils sont donc enclins à appliquer le principe de précaution à outrance, un principe qui n’ouvre pas la porte à l’innovation. Propos recueillis par Valérie Moulle 51 JUIN/JUILLET 2008 - PHARMACEUTIQUES