Au cœur DES
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Au cœur DES
www.asdecamediagroup.com L’ère du temps Mensuel Une publication de l’ASDECA 1.500 Fcfa Janvier 2014 Magazine bilingue d’informations générales Travaux publics Au cœur DES Grandes Realisations Pages 11-22 RDPC Un Conseil de Discipline sous haute tension Pp. 6-7 MESSAGE A LA NATION P. 23 SAM MBENDE The letter that sparked uproar L’éclairage d’un expert ‘Nigeria is Paul Biya s’indigne … Pp. 24-25 bleeding’ Obasanjo to Jonathan P. 44 L’ere du temps suit son temps Evariste ABESSOLO C omme un voilier qui s’est élancé, nous avons levé l’ancre en cette nouvelle année 2014 avec pour cap l’émergence. Voguant dans les eaux des Grandes Réalisations et de la maturité démocratique, le Cameroun a fermement quitté le quai. Aussi, L’ERE DU TEMPS reste témoin de ce temps. Sous le pont de son regard, la République s’est vêtue en 2013, de nouvelles parures institutionnelles. Enlacée dans une étoffe de démocratie, le pays a connu ses tout premiers sénateurs. Ruisselant dans son lit du multipartisme, la démocratie a opéré ses pertinentes permutations au Parlement. Fixant le proche horizon, la Réunification a rassemblé son souffle pour éteindre sa cinquantième flamme. Au gouvernail, guidé par l’étoile comme les Rois mages, le Capitaine se nomme Paul Biya. Pétri d’expérience, ce marin en est à sa 32ème croisière. Jamais sans chavirer, il a la parfaite connaissance des eaux de la prospérité, de la paix et du développement. A bord, il affecte judicieusement l’équipage aux différentes tâches, avec pour seul souci de conduire le navire Cameroun à bon port, vers son émergence. Il rappelle à l’ordre les matelots distraits, il jette par-dessus bord les requins qui se sont infiltrés et qui dévorent les provisions du serein voyage. Et déjà, les provisions du budget programme 2014 sont suffisantes. Et L’ERE DU TEMPS est là, chroniqueur de cette aventure. Car, comme le dit cette sagesse africaine « Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur ». Semblable à une mouette au-dessus des eaux, véritable guetteur de la croisière, notre plume trempée dans l’encre, ne cessera de graver dans la pierre de la mémoire, les prouesses d’un visionnaire. Aussi lucide que le soleil, la pierre continue de recevoir l’histoire. Un grand combattant de la cause africaine s’en est allé, Nelson Mandela. Et comme par coïncidence, son départ s’allonge sur la période de la tenue de l’important sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique. Une opportunité pour l’Afrique d’adopter une nouvelle posture sur la scène politique, économique et socioculturelle internationale pour des partenariats gagnant-gagnant. Qu’à cela ne tienne, en dépit des vagues négatives, agressives et envahissantes propulsées par les navires voisins de nos frontières, le navire Cameroun reste inébranlable. Voilà qu’à l’horizon, l’escale 2015 (OMD) nous tend déjà les bras. Nous sommes heureux d’y mettre le cap. Mais au préalable, notre joie est d’autant plus grande en ce temps que dans la forêt de cet îlot 2014, de vrais lions nous y attendent. Plus que jamais vigoureux, nous les accompagnerons vers l’île amazonienne. Mais avant, puisque les cris ont retenti dans l’étable, et que le Messie est parmi nous, que son Esprit nous conduise, comme un autre Moise, par des chemins de paix, à cette allégresse promise. Happy new year !!! L’ère du temps • JANVIER 2014 n 3 L’ère du temps JANVIER 2014 Une publication de Mensuel l’ASDECA Magazine d’informations générales www.asdecamediagroup.com L’ÈRE DU TEMPS Mensuel Une publication de l’ASDECA 1.500 Fcfa Janvier 2014 Magazine bilingue d’informations générales TRAVAUX PUBLICS AU CŒUR DES GRANDES REALISATIONS Pages 11-22 RDPC Un Conseil de Discipline sous haute tension Pp. 6-7 MESSAGE A LA NATION P. 23 SAM MBENDE THE LETTER THAT SPARKED UPROAR L’éclairage d’un expert ‘Nigeria is Paul Biya s’indigne … Pp. 24-25 bleeding’ Obasanjo to Jonathan P. 44 Directeur de Publication Evariste ABESSOLO Directrice Exécutive Gertrude ABESSOLO Conseil éditorial Simon NTONGA, Valère OLINGA, BRESIL 2014 Quelles chances pour les Lions ? 42 38-39 SAM MBENDE La vision d’un expert Roland NTSA, Gertrude ABESSOLO, Fabrice BEYENE Equipe de rédaction Baleba BALEBA, Stéphane Bella Roland Ntsa, Simon Ntonga, Amos Muang Nsah, Flore Ekoulle Abraham Ndjana, Ester Assena, Valère OLINGA, Valentine Mulango Division Marketing et Commerciale Stéphane SAmpa Photographie Pierre EBODE Caricature Cédric N. NJOYA Infographie Georges BENGA Impression Sopecam Distribution MESSAPRESSE Une publication de l’ASDECA située à l’Hôtel du plateau - Essos Tél : (+237) 22 23 49 27 édito OMD ECONOMIE www.asdecamediagroup.com L’ère du temps • JANVIER 2014 28 2014 budget What May Impede Its Realization L’INCIVISME 35 30 Une pesanteur à l’émergence SOCIETE 31 Traditional rulers engulfed by politics CAMEROUN 32-34 L’alcoolisme, plus qu’une religion Entre tradition et business Site web : 26-27 Aux origines de l’hymne national du cameroun Le Cameroun à la traine Fax : (+237) 22 23 49 27 [email protected] 3 L’ere du temps suit son temps NGONDO Email : n ETERNEL MANU DIBANGO 22 80 02 87 - 22 80 02 35 B.P. : 15691 Yaoundé - Cameroun 4 24-25 The letter that sparked uproar 36-37 44 RCA Un Etat purgatoire ‘Nigeria is bleeding’ Obasanjo to Jonathan En couverture Travaux publics Au cœur des Grandes Réalisations 46 Politique Sommet de l’Elysée Paul Biya marque les esprits Simon Ntonga Alors que personne n’avait prévu le décès de Nelson Mandela à ce moment exact, les Chefs d’Etat africains, y compris Paul Biya, se déportaient du côté de la France, pour aborder des questions relatives à la paix et à la sécurité du continent. L e sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique vient de se terminer. A Paris, les 6 et 7 décembre 2013, 53 délégations de pays africains et la France ont participé à ce sommet, ainsi que les représentants des Nations Unies, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement. Les travaux de cette rencontre de plus, pourraiton dire, ont porté sur la paix et la sécurité en Afrique, le partenariat économique et le développement, le changement climatique. Des sujets qui font l’actualité et dont personne ne nierait l’intérêt, tant pour l’Afrique que pour le partenaire européen. D’ailleurs, pour le premier des Camerounais, le marché de dupes date de la belle époque : « Le thème de nos débats est ‘‘ Paix, Sécurité et Développement en Afrique’’. Il est important parce que, à lui seul, il est tout un programme. Un programme qui nous interpelle tous... Un programme qui nous convie à une action solidaire et concertée. A agir, dans l’intérêt mutuel de l’Afrique et de l’Europe, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant…», déclare-t-il lors de son propos de la seconde séance de travail à huis clos. Il n’est donc plus question pour les uns et les autres de penser à l’ancienne France-Afrique avec Paul Biya. Une montée en puissance Le président de la République du Cameroun était en quelque sorte, la grande vedette de ce sommet. Le point central des assises étant la sécurité, l’Afrique centrale qui représente le poumon économique du continent et une base de ravitaillement pour l’Europe, intéresse à cause de la crise en République centrafricaine : « Il est une situation qui nous préoccupe au plus haut point. C’est celle qui prévaut en Centrafrique, pays voisin et frontalier du Cameroun. Je salue la mobilisation et la détermination de la communauté internationale à agir à nos côtés», décline ensuite Paul Biya, pour démontrer sa présence dans la lecture géopolitique de ses pairs. Il exprimera par ailleurs, l’intérêt pour toutes les parties de contribuer à garantir la paix dans cette partie du continent ainsi que partout ailleurs. Concernant les Accords de partenariat économique (APE), le Chef de l’Etat camerounais a décidé de percer l’abcès et d’élever la valeur du continent, aux yeux des partenaires de l’Europe et du monde : « L’Afrique est, dit-on, le continent de l’avenir et nous ajoutons bien volontiers que l’Afrique est une terre de croissance pour la France, l’Union Européenne et le monde. », avancera-t-il enfin avant de remercier l’initiative, comme pour produire un effet de « Game Over » pour l’ex-France-Afrique, avilissante et meurtrière pour les peuples d’Afrique. En marge de ce sommet, le président français, François Hollande, et ses homologues d’Afrique centrale se réuniront dans l’aprèsmidi du 7 décembre 2013 à Paris, pour un mini-sommet sur la Centrafrique. Pari gagné ! l Le président Paul Biya avec son homologue congolais Denis Sassou Nguesso • © DR L’ère du temps • JANVIER 2014 n 5 Politique RDPC Un Conseil de Discipline sous haute tension Simon Ntonga Après que plusieurs analystes et autres politologues aient projeté la mort du parti que dirige Paul Biya, suite aux multiples agitations des cinq derniers mois, à l’intérieur, l’on essaie plutôt de sauver les meubles. Le président national du Rdpc a instruit un rappel à l’ordre urgent de ses troupes. 6 n L’ère du temps • JANVIER 2014 L’ avenir du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) au lendemain du double scrutin du 30 septembre 2013 suscitait déjà un débat important et houleux au sein de la République et en dehors. Des points de vue divergents et mettant en exergue des regroupements idéels et idéologiques distincts. En effet, depuis plusieurs années et en dépit des succès du parti des flammes aux échéances électorales, sanctionnées par le vote du peuple (il contrôle 305 communes sur 360, contre 297 lors du mandat précédent), l’on s’est couramment surpris à observer des failles se créer dans son épaisse carapace de guerre. Inertie de certains, dictature d’autres à des niveaux, protectionnisme amplifié par une classe de conservateurs avérés d’une élite de cadres, modernistes irrespectueux des canons du parti, jeunes fougueux et incontrôlables mettant en danger l’idéologie principielle des pères fondateurs, etc. Le mal a eu le temps de bien s’installer, emmenant avec lui, les bases d’une dynamique nouvelle, insufflée au système-Rdpc des « Grandes Réalisations ». De surcroit, la théorie des systèmes stipulant sans mentir que « tout système sécrète ses propres toxines », ces dernières ont surpassé le taux de saturation au point de créer des dérapages graves, possiblement létaux à toute l’équipe de Jean Nkuete, Secrétaire Général. Cependant, presque désabusé par « la grande pagaille », le Président national du Rdpc, Paul Biya, a instruit un rappel à l’ordre urgent de ses troupes. C’est dans cette logique qu’il a été mis sur pied la « Commission Musonge », Commission de discipline ad hoc du Comité Central du Rdpc, appelée à remettre de l’ordre dans l’urgence. L’intrépide Tsunami de Nkuete La décision du 5 décembre 2013, créant une commission de discipline ad hoc au Comité Central, chargée de connaître des actes d’indiscipline au cours des élections du 30 septembre 2013, cache assurément des éléments manifestes ainsi que des Politique le monde venait à fouler au pied l’implémentation, par lui, des directives d’en haut? Serait-ce une attaque orientée et personnifiée visant sa chute ? En veut-on particulièrement à son siège de Sg ? Dans tous les cas, Jean Nkuete annonce un véritable Tsunami dans le Rdpc. Tombera qui pourra. La liste est sue et les concernés crient au scandale. A l’œuvre C’est en effet le mardi 17 décembre 2013, que ladite commission a entamé les auditions des « indisciplinés » du parti. Les cas qui reviennent le plus au-devant de la scène concernent les communes d’arrondissement de Nkongsamba 3e, de Yabassi, de Mboma, de Bonaléa et de Mombo entre autres. Pourtant, constituée de membres dont certains sont eux-mêmes accusés d’avoir favorisé et orchestré des actes d’indiscipline au sein du Rdpc lors des dernières consultations électorales, l’on se demande si la commission Musonge peut ramener la sérénité voulue par Paul Biya. Ailleurs, l’on convoque comme cause à cette anarchie totale, les multiples frustrations, conséquences des politiques promues par certains barons du parti, « intouchables » selon eux. C’est ce qui pourrait d’ailleurs conduire des militants tel Messanga Nyamding à recevoir la convocation de la commission, certainement pour avoir pris en chasse le Ministre Moukoko Mbonjo et son camarade Mouelle Kombi. Pour ce qui parait, la commission n’est qu’un espace subjectif de représailles, car constituée de membres dont nombre important serait aussi responsables de graves actes d’incivismes partisans à la période en cause. Que se passe-t-il réellement dans le Rdpc ? Qui sont les vrais responsables du grand désordre ? Pour quelles raisons ? Le parti survivra-t-il à cet assaut ? Nous ne manquerons pas de pousser nos analyses et révélations de toutes les informations que nous recevons des anonymes et des acteurs connus, dans les prochaines publications. l Des membres du bureau politique • © G.Tchapy non-dits. Évidemment, il s’agit pour la commission Mafany Musonge de traquer tous « les indisciplinés » à l’origine des actes posés lors « des opérations des investitures à la désignation des exécutifs communaux », comme l’a souligné le 12 décembre 2013, Jean Nkuete en installant les 17 membres. Contre toutes attentes, les non-dits, qui sont par contre excellemment criés dans les couloirs et dans le dos du Sg , font état de ce que ce dernier serait très amer contre nombre de ses camarades, parfois dignitaires du régime de Yaoundé. Très fidèle à son « Grand Camarade » Paul Biya, dit-on, Nkuete se serait senti humilié et blessé dans son esprit et son âme en constatant que, pendant les opérations préliminaires aux investitures du Rdpc et à l’élection des exécutifs communaux dans les communes dominées par son parti, les nombreuses lettres circulaires du président national n’ont pas été respectées par les différents délégués envoyés sur le terrain. Voici que dans le Rdpc, chacun en fait à sa tête. Pourquoi est-il donc Sg du parti si tout Des militantes en liesse • © G.Tchapy L’ère du temps • JANVIER 2014 n 7 Actualités 8 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Actualités L’ère du temps • JANVIER 2014 n 9 1200 au lieu de 1500 F par mois BULLETIN D’ABONNEMENT Une publication de l’ASDECA N°001 Août 2013 2.000 Fcfa Magazine bilingue d’informations générales L’ÈRE DU TEMPS Une publication de l’ASDECA 2.000 Fcfa Septembre 2013 Magazine bilingue d’informations générales LE SOMMET DE GAGE DE L’AVENIR L’ÉMERGENCE J.P. AKONO S.M. J.A. BELL RÉPAND SON AME INTRONISÉ AU PANTHÉON DE LA GLOIRE DU SPORT AFRICAIN P.p 38-39 CAMEROUN : Pp. 15-21 Pp. 24-25 FNE P.p 15-21 EBOLOWA Pp. 40-41 Le carrefour de l’essor DROITS D’AUTEURS La guerre du siècle E. KAH WALLAH Les offres d’emploi du mois 1 Samuel Eto’o. Reviendra -t-il ? P. 37 Mairie de Douala Vème Françoise Foning à l’air du temps André Noël Essian Maire de la commune de Sangmélima Bâtisseur dans l’âme Pp. 22-23 P. 26 A. Tutu Muna - O. Ngaska « Trop c’est trop il faut balayer le Cameroun » P.p 48-49 L’ÈRE DU TEMPSLions • N°001 • AOÛT 2013 indomptables 1.500 Fcfa Magazine bilingue d’informations générales Pages 15-23 LÉGISLATIVES ET COMMUNALES GROS PLAN SUR LE CHANTIER DE MEMVE’ELE l’ASDECA SAUVE SA PEAU Dossier ECONOMIE Une publication de Novembre 2013 LE CAMEROUN Pages 7-10 Hommage L’ère du temps Mensuel N°004 EAU POTABLE LE COMPLEXE INDUSTRIALO PORTUAIRE DE KRIBI P.p 23-25 1.500 Fcfa Magazine bilingue d’informations générales N°002 Golfe de Guinée Révélations l’ASDECA Octobre 2013 © Droits réservés L’ÈRE DU TEMPS Mensuel Une publication de Mensuel N°003 www.asdecamediagroup.com Mensuel www.asdecamediagroup.com L’ÈRE DU TEMPS Pp. 24-27 LA VERITE GAZ DOMESTIQUE P. 42 SUR LES TELECOMS Pages 21-25 Les ménages frôlent le pire eCoutes teLepHoNIQues Obama Marche sur l’Europe P. 37 sIC PP. 42-43 Les logements sociaux confisqués AssembLee NAtIoNALe Comme une secte pernicieuse P. 7 Forum Enseignement superieur En attendant les états généraux PP. 47 -51 L’ère du temps • N°004 • Novembre 2013 FNE : LES OFFRES DU MOIS n 1 Oui, je désire m’abonner au magazine «L’ERE DU TEMPS» et profiter de vos offres (12 numéros par an) au prix de : 1200 Fcfa au lieu de 1500 Fcfa Nom ou raison sociale : Activité ou profession : Adresse : Tél : +237 Fax : +237 Date : Signature et cachet Nombre d’exemplaires Ci-joint mon règlement : par chèque bancaine à l’ordre de : L’ERE DU TEMPS par virement bancaire : Compte N° ________________________ 10 n L’ère du temps • JANVIER 2014 en espèces Bulletin à retourner sous enveloppe affranchie, et accompagné de votre règlement à : L’ERE DU TEMPS : Située à l’Hôtel du plateau - Essos Tél : (+237) 22 23 49 27 22 80 02 87 - 22 80 02 35 Fax : (+237) 22 21 67 34 B.P. : 15691 Ydé - Cameroun Email : [email protected] www.asdecamediagroup.com Dossier ECONOMIE Dossier réalisé par Abraham Ndjana Modo © Crédit photos • MINTP et CFHEC Travaux publics Au cœur des Grandes Réalisations L’importante enveloppe budgétaire allouée au ministère des Travaux publics et l’ensemble des programmes et projets qui la sous-tendent, placent ce département ministériel au centre de cette politique devant conduire le Cameroun vers son émergence à l’horizon 2035. L’ère du temps • JANVIER 2014 n 11 Dossier ECONOMIE Afin de préserver les lourds investissements consentis par l’Etat et les différents partenaires au développement, le ministre des Travaux publics a décidé de mettre un point d’honneur sur la répression des infractions en matière de protection du patrimoine routier national Passerelle sur l’autoroute Yaoundé-Douala S elon le décret n° 2011/408 du 09 décembre 2011, « le ministre des Travaux publics est responsable de la supervision et du contrôle technique de la construction des infrastructures et des bâtiments publics ainsi que de l’entretien et de la protection du patrimoine routier national ». C’est ainsi que les orientations édictées par le ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla, pour l’année 2013, s’agissant de la structuration de notre réseau routier national, portaient, entre autres, sur la construction de l’autoroute YaoundéDouala, les travaux d’aménagement des entrées est et ouest de la ville de Douala, la construction de la route Kumba-Mamfe, la construction de la route SangmélimaDjoum-frontière Congo, la réhabilitation de la route Maroua-Kousseri dans ses différentes sections y compris la voie de contournement de Kousseri, les travaux d’aménagement de la route Numba-Bachuo Akagbe, les travaux d’aménagement de la route Bachuo Akagbe-Mamfe-Ekok et les travaux de bitumage de la route Mankipont de la Mape, y compris les ponts sur la Mvia et la Mape. A ce vaste programme routier, on peut mentionner la construction du deuxième pont sur le fleuve Wouri à Douala, ainsi que la construction du nouvel immeuble devant abriter les services centraux du ministère des Travaux publics à Yaoundé.Sur le plan organique, à la faveur du décret présidentiel n°2013/334 du 13 septembre 2013, il a été créé au sein du ministère, une direction générale des Travaux d’Infrastructures et une direction générale des Etudes Techniques, dans le but de mieux répondre aux exigences du 12 n L’ère du temps • JANVIER 2014 secteur des infrastructures au Cameroun. Cette préoccupation majeure a d’ailleurs été rappelée par le Premier ministre, lors de la tenue de la 15ème session du Conseil national de la route du 23 décembre dernier. Au cours de ces assises, l’on a fait part de la finalisation des études en vue du démarrage effectif dès 2014, du projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. Il s’agira aussi, entre autres, de programmer dans le guichet investissement 2014 du Fonds routier, le bitumage de certaines voiries non encore revêtues à travers le pays (Poli, Tcholliré, Yokadouma, Mudemba, Menji et Banguem). Pour l’année 2014, le budget du ministère des Travaux publics, première dotation en importance de la loi de Finances, est évalué à la rondelette enveloppe de 262,592 milliards de FCFA. Comme on peut le constater, ce budget et l’ensemble des programmes et projets qui le sous-tendent, placent le département ministériel que dirige Patrice Amba Salla avec doigté, au cœur des Grandes Réalisations devant conduire le Cameroun vers son émergence à l’horizon 2035. Dans ses articulations, le budget 2014 se décline de la manière suivante : 196,728 milliards de FCFA pour l’investissement ; 65,864 milliards de FCFA pour le fonctionnement. Pour ce qui est des 4 programmes de la stratégie sectorielle, les dotations sont les suivantes : 132,594 milliards de FCFA pour la construction des infrastructures ; 96,811 milliards de FCFA pour la maintenance des infrastructures ; 7,196 milliards de FCFA pour la réalisation des études techniques et 25, 989 milliards de FCFA pour le renforcement institutionnel. Dans le cadre de la loi de Finances 2014 promulguée le 16 décembre 2013 par le chef de l’Etat, il est mentionné que le budget-Programme du ministère des Travaux publics aura pour obligation principale, la construction et la maintenance des infrastructures. Protection du patrimoine routier Ainsi, afin de valoriser leur utilisation et de préserver les lourds investissements consentis par l’Etat et les différents partenaires au développement, le ministre des Travaux publics a décidé de mettre un point d’honneur sur la répression des infractions en matière de protection du patrimoine routier national. Il s’agit par ailleurs de simplifier cette répression par la mise en application d’une législation efficace et spécifique en la matière. Pour l’année qui commence, la question des routes, moteur du développement et celle des ouvrages d’art, resteront d’une grande attention pour les pouvoirs publics. Dès lors, l’on peut se réjouir de la stratégie de bitumage des axes intégrateurs qui permettent à la fois de désenclaver les bassins de production et les frontières avec les pays voisins. Mais l’on reste tout de même préoccupé par la situation du Parc du matériel de génie civil (Matgenie) qui manque de matériel, de la dégradation des principaux axes, du mauvais fonctionnement des barrières de pluie et de la corruption endémique aux postes de péage et de pesage sur le territoire national. Aux grands maux, le traitant Amba Salla a déjà une idée précise sur les grands remèdes à administrer à son ministère. Dossier ECONOMIE Réhabilitation du réseau routier Les travaux avancent Il y a deux ans, le chef de l’Etat Paul Biya décidait du déblocage de 100 milliards de FCFA, dans le cadre du Programme spécial de construction et de réhabilitation de certaines routes du réseau national. Cette mesure s’est avérée comme une bouffée d’oxygène pour les Pme camerounaises. L’ existence d’un réseau de service de transport efficace constitue, à n’en point douter, une des conditions nécessaires pour une croissance économique soutenue. Or, l’on a assisté ces dernières années, à une dégradation progressive, faute de maintenance, des infrastructures existantes. Le réseau routier camerounais dont la valeur est estimé à 2 400 milliards de FCFA, compte près de 50 000 km de routes. Il est constitué de routes bitumées et en terre, avec un réseau prioritaire de 28 857 km. Ce patrimoine qui nécessite d’importants moyens pour sa construction, sa réhabilitation et son entretien, est constamment mis à mal du fait de facteurs naturels, de nombreux actes d’incivisme de certains usagers de la route, entrainant ainsi sa dégradation. Le patrimoine routier nécessite d’importants moyens pour sa construction, sa réhabilitation et son entretien, parce qu’il est constamment mis à mal par des facteurs naturels et de nombreux actes d’incivisme des usagers de la route l’état d’avancement des travaux, dans les règles de l’art. En dépit des conditions météorologiques souvent défavorables, les travaux évoluent dans la plupart des chantiers. Les routes ainsi réhabilitées vont à coup sûr, booster l’activité économique à l’intérieur du pays. Avec les pays voisins, l’objectif est tout aussi de permettre un accroissement des échanges, notamment le Tchad et la République centrafricaine, deux pays encla- vés et dont les marchandises transitent par le corridor Douala-Ndjamena-Bangui. L’expertise locale A côté des entreprises multinationales comme Razel ou Arab Contactor qui interviennent dans l’exécution de ces travaux, il y a l’expertise locale représentée par des Petites et moyennes entreprises (Pme), avec une enveloppe d’environ 14 milliards de FCFA. Une disposition salutaire, d’enrichissement des expériences, en même temps qu’elle participe de la volonté sans cesse manifestée par le Chef de l’Etat, de lutter contre le chômage. Le patrimoine routier étant défini comme l’ensemble des infrastructures interurbaines et rurales dont la construction et l’entretien sont assurés soit par l’Etat, soit par les collectivités publiques locales, l’on peut dire que, sur le plan global, les infrastructures routières restent une préoccupation essentielle pour les pouvoirs publics. Enfin, entre la réhabilitation et l’entretien, il convient de faire la part des choses. En effet, la réhabilitation concerne essentiellement les routes bitumées dont les travaux ont trait au traitement des zones dégradées, la mise en œuvre du béton lumineux, le traitement des zones instables entre autres. S’agissant de l’entretien, il s’effectue sur les routes en terre et concerne le traitement des nids de poules, des ornières et des zones de glissement. Des équipes de contrôle C’est compte tenu de tous ces paramètres que le Chef de l’Etat Paul Biya a pris la décision en décembre 2011, de débloquer 100 milliards de FCFA, dans le cadre du Programme spécial de construction et de réhabilitation de certaines routes du réseau national. Ce Programme dont les ressources sont issues du guichet « entretien » du Fonds routier est depuis, entré dans sa phase d’exécution. On en veut pour preuve, le nouveau visage qu’affichent certains axes routiers tels que Yaoundé-Ebebda, Mbalmayo-Ebolowa, Kumba-Mundemba ou la réhabilitation du pont sur le Nyong de la route Edéa-Kribi, sur un total de neuf projets. Pour mener à bien ce vaste Programme de réhabilitation des routes, le Ministère des Travaux Publics veille au grain. C’est ainsi que des équipes de contrôle ont été dépêchées sur le terrain, afin d’évaluer la qualité du travail et de prendre connaissance de L’entreprise Razel en oeuvre sur la route Yaoundé-Ebebda L’ère du temps • JANVIER 2014 n 13 Dossier ECONOMIE Flux internationaux Les routes de l’intégration Le Cameroun est le seul pays de la zone Cemac à partager ses frontières avec les cinq autres Etats, en même temps qu’il sert de transition entre la CEEAC et la CEDEAO, à travers sa longue frontière avec le Nigéria. S’investir dans la construction des tronçons routiers transfrontaliers devient donc un atout pour la fluidité des flux internationaux. L es grands enjeux du processus d’intégration sont entre autres la proximité des Etats, le sentiment d’appartenance à une entité supranationale, l’existence des institutions devant gérer les politiques communautaires, la libre circulation des biens et des personnes. C’est la volonté du Cameroun de faciliter ce dernier objectif qui motive l’ensemble des chantiers dans lesquels le pays s’investit pour se positionner comme véritable tête de file ce processus en Afrique centrale. Ring Road : de la CEEAC à la CEDEAO Comme son nom l’indique, la Ring Road est une route qui effectue une boucle en partant de la capitale de la région du NordOuest, Bamenda, pour remonter jusqu’à Nkambe et redescendre en longeant la frontière du Nigeria. La boucle routière de la Ring-Road va relier Bamenda, Wum, Nkambe et Kumbo. Soit deux régions anglophones et quatre départements où les terres sont très fertiles, mais où l’état d’impraticabilité des routes fait sombrer et moisir les richesses agricoles dans les greniers des villageois. Il s’agit en effet de 358 km de routes qui nécessitent la mobilisation de 143 milliards FCFA. Au nom de la volonté du Cameroun de viabiliser la région de Bakassi nouvellement acquise et selon le Traité d’Abuja visant la création d’une Communauté économique africaine unique, un programme routier multinational a été pensé par le Cameroun et le Nigéria. C’est ce qui a été nommé le Programme de facilitation de Transport et de Transit (PTT). Il constitue par-dessus tout, la matérialisation de la jonction de la CEEAC à la CEDEAO, le Cameroun et le Nigéria faisant partie des principaux piliers 14 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Un programme routier multinational a été pensé par le Cameroun et le Nigéria de viabiliser la région de Bakassi nouvellement acquise et selon le Traité d’Abuja visant la création d’une Communauté économique africaine unique économiques de ces deux sous régions. Le corridor routier Bamenda-Manfé-EkokAbakaliki-Enugu est en réalité un tronçon de la route transafricaine Lagos-Mombassa. Il s’agit en réalité d’un corridor composé de deux lots de travaux et des aménagements connexes. Le lot N° 1 est celui de Bamenda-Batibo-Numba avec 60 Km de long ; le second lot est celui reliant Bachuo-AkagbéManfé-Ekok long de 82 Km. Il est important que ces deux lots viennent s’ajouter à un lot intermédiaire existant (Numba-BachuoAkagbé) dont les travaux avaient démarré en 2008 et sont financés par la BAD. Coûts et caractéristiques Le lot N° 1 long de 62 Km est fait de deux sections. La première, Bamenda-Batibo, longue de 41 Km a été construite en 2000 et est en phase de réaménagement, pour mieux répondre aux exigences de l’intense trafic. Il est question de poser une couche de 7cm de béton bitumeux sur les corps de la chaussée. Quant à la section BatiboNumba d’une longueur de 21 km, elle est de construction récente. Son financement est assuré à 91,4% par la BAD et à 8,6% par la partie camerounaise pour un montant global de 35 milliards 508 millions 438 FCFA. Pour ce qui est du second tronçon fait également de deux sections (Bachuo-AkgbéManfé avec 21 km, Manfé-Ekok avec 61 km), il aura coûté 49 milliards 602 millions 176 mille 986 francs. Il s’agit de la réhabilitation de sa première section avec un bitume de 5 cm d’épaisseur et de la construction totale de la deuxième. Au demeurant, l’avènement du port en eau profonde de Kribi trouvera déjà des voies tracées pour desservir le Nigéria voisins, dans une logique d’intégration économique. Dossier ECONOMIE Sangmélima-Ouesso Augmenter le Produit intérieur brut Le Cameroun compte assurément sur cet axe pour accélérer les échanges commerciaux avec les pays de la sous région et augmenter à coup sûr la valeur de son assiette budgétaire. N ée de la volonté commune des chefs d’Etat et des Gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), lors de leur 11ème conférence tenue à Brazzaville le 27 janvier 2004, la route Sangmélima-Ouesso dont le principal objectif est le développement économique et social du Cameroun en particulier et de la sous-région en général, contribuera notamment à l’augmentation du Produit intérieur brut (PIB). Cette route est longue de 655 km, soit 318 km côté camerounais et 337 km côté Congo. Voilà en gros, le linéaire de la route de l’intégration qui reliera le Cameroun à la République du Congo. Après de longues études géotechniques, des signes d’une avancée considérable sont perceptibles sur cette route. Les travaux de terrassement généraux ont été faits sur les 34 premiers km et ceux de dégagement sur les 50 premiers km du deuxième tronçon Djoum-Mintom, long de 83 km. Répartie en quatre lots, la route Sangmélima-Ouesso devra coûter environ 139,69 milliards de FCFA HT à l’Etat du Cameroun. Le lot 1, Sangmélima-Djoum dont la section Une route de l’Emergence 1 est Sangmélima-Mekok-Bikoula mesure 65 km et la section 2, Bikoula-Djoum (38 km). Le lot 2 s’étend de Djoum à Mintom (83 km). Le montant du tronçon (SangmélimaDjoum) s’élève à un peu plus de 103,21 milliards qui sont déjà disponibles pour ce qui est des deux premiers lots. Le Groupe des bailleurs du monde islamique a favorablement répondu à ce projet d’envergure (la Banque Islamique de développement, le Fonds Koweitien pour le développement économique arabe, la Badea, les Fonds de l’Opep, le Fonds Saoudien de développement) pour ce qui est du lot 1 dont le financement s’élève à 53,19 milliards de FCFA HT et réalisé actuellement par l’entreprise Kayson Inc. La Banque africaine de développement quant à elle financera le lot 2 qui s’étend de Djoum à Mintom (83 km) et dont le financement s’élève à 50,2 milliards de FCFA. Sur le terrain, c’est ce lot qui connait une avancée considérable. Le marché attribué à l’entreprise MNO VERRA a été signé le 25 juillet 2011, et l’ordre de service de commencer lui a été notifié le 12 octobre 2011. D’après les ingénieurs, il est également prévu pour ce deuxième lot, les travaux de maintien de La route SangmélimaOuesso dont le principal objectif est le développement économique et social du Cameroun en particulier et de la sous-région en général, contribuera notamment à l’augmentation du Produit intérieur brut la circulation et la suppression des points de rupture (construction des ponts et pose des buses et dalots). Pour ce qui est du lot 3 : Mitom-Lélé (61km) et dont le financement s’élève à 41,8 milliards de FCFA et le lot 4 : Lélé-Mbalam (71 km) coûtera 48,5 milliards de FCFA. L’Etat du Cameroun recherche encore des financements pour ces deux tronçons de route. Vive l’intégration africaine. L’ère du temps • JANVIER 2014 n 15 Dossier ECONOMIE Le tracé de l’autoroute Un point de repos sur l’autoroute Yaoundé-Douala L’autoroute de toutes les attentes L es statistiques du trafic routier révèlent que près de 40% de celui-ci sont assurés par les poids lourds sur la route reliant les deux plus grandes villes du Cameroun. Cet axe faisant partie du corridor Douala-Ndjamena-Bangui, il réalise de ce fait, l’un des plus intenses trafics de la sous-région. Sa dégradation, surtout son étroitesse, ont amené les autorités camerounaises à lui donner un nouveau visage, celui devant déboucher sur une meilleure fluidité, par la construction d’une véritable autoroute. Aujourd’hui, le projet de construction de l’autoroute YaoundéDouala avance à grands pas. Le premier décompte d’avance de démarrage de l’entreprise a été payé, sur la base du premier décaissement de 10 milliards de FCFA, des fonds de contrepartie exigés à la partie camerounaise. C’est cette enveloppe qui a permis à l’entreprise chinoise China First Highway Engineering (CFHEC), de réaliser l’avant-Projet détaillé du projet et de mobiliser un important matériel. Le contexte du projet Ce projet doit aboutir vers une autoroute plus rapide et plus commode qui dessert Yaoundé, la capitale et Douala, la ville portuaire. Il fait partie des réseaux en ce qui concerne le transport et la circulation des marchandises entre Douala, le Tchad 16 n L’ère du temps • JANVIER 2014 La réalisation de cette voie expresse que la communauté nationale attend depuis des années est devenue une réalité palpable. et la Rca, par ailleurs. Il est le maillon le plus important dans les réseaux principaux des routes nationales du Cameroun. Par conséquent, il tient une place irremplaçable et importante dans la vision de la politique des Grandes Réalisations prônée par le président Paul Biya. La réalisation de ce projet renforcera la capacité de concentration et de déconcentration des réseaux des routes nationaux, si bien qu’il accélérera la vitesse d’échange de la circulation du transport. Parallèlement, l’autoroute rapprochera les communications sur le transport national, avec les pays d’Afrique centrale et améliorera d’une façon substantielle, la situation de la circulation et le niveau de service du passage entre les deux plus grandes villes du Cameroun. Tout en garantissant l’augmentation du trafic et la sécurité des transports, l’autoroute aura une influence significative sur le développement économique du Cameroun et l’augmentation de la compétence du commerce de transit camerounais. La présentation du projet Le point de départ du projet se situe à un kilomètre, au nord-ouest de la localité de Nkolnkoumou et se raccorde avec le périphérique de l’ouest de Yaoundé. Quant à son point final, il se trouve à presque 8,5 km au nord-est de l’aéroport international de Douala et joint le présent couloir régional (P14) en effectuant la forme de T. Le montant de l’investissement prévu pour la réalisation du projet est constitué de deux parties, dont 85% viennent du prêt consenti auprès des institutions de financement chinois, et 15% fourni par le budget du Cameroun. Le projet de la première phase de l’autoroute Yaoundé-Douala qui commence à Yaoundé et dont la longueur totale se calcule en fonction des études de conception prévoit quatre voies. L’on peut y aborder une vitesse de 110 Km/h, alors que la largeur de la plateforme est de 26 mètres, les composantes du profil prévoyant une bande de 3 mètres, une chaussée avec largeur de 7,5 mètres et un accotement de 4 mètres. L’avancement de la conception et des travaux Le tracé de l’autoroute des dix premiers kilomètres a été approuvé officiellement par le ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla, au cours de la deuxième Dossier ECONOMIE réunion du Comité de pilotage et de suivi du projet de construction de l’autoroute le 17 mai 2013. Le travail de piquetage des bornes de la polygonale principale sur les cent kilomètres a été accompli, ainsi que le piquetage des polygonales secondaires les dix premiers kilomètres. Par ailleurs, l’entrepreneur est en train de modifier la proposition de l’ouvrage d’art principal (l’échangeur de Lobo) dans la zone d’immersion, conformément aux observations du maître d’ouvrage. S’agissant des études géotechniques des 50 premiers kilomètres, l’entrepreneur a déjà soumis le rapport final y afférent des 10 premiers kilomètres au maître d’ouvrage. Après les sondages, la première carrière (PK3) est désormais achevée, alors que la détermination des roches de la deuxième carrière (PK37 est en cours. Le premier concasseur de la première carrière a été monté en mai 2013 et a commencé la production. Le deuxième a été transporté au Cameroun et l’on prévoyait la fin de son montage en décembre 2013. Pour ce qui est de la latérite, une dizaine de carrières a été localisée. Avec la construction des bureaux, des dortoirs, du laboratoire et la fourniture en eau et électricité, le personnel n’attend que le démarrage des travaux en prenant possession des 129 équipements. Ce démarrage sera alors effectif, avec la signature imminente du contrat de conception et d’exécution, entre l’entrepreneur chinois et le ministère des Travaux publics. Ainsi donc, en vue de permettre à l’entrepreneur d’exécuter les travaux sur le terrain le plus vite possible, le maître d’ouvrage est ainsi appelé à accélérer l’avancement du travail: résoudre les problèmes d’expropriation et de déguerpissement et accélérer l’examen et l’appropriation des plans. Nkolnkoumou Sur le chantier de l’autoroute C’est dans ce petit village situé à une vingtaine de kilomètres de Yaoundé que la cérémonie de pose de la première pierre du chantier aura lieu. S ituée à l’entrée ouest de la ville de Yaoundé, cette bourgade a été choisie pour accueillir les installations de la China First Highway Engineering Company LTD (CFHEC), la société chinoise chargée du projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, dans sa première phase. Depuis quelques mois donc, les populations de Nkolnkoumou ont intégré dans leur quotidien, le vacarme incessant des moteurs d’engins lourds, consécutif aux travaux d’installations qui ont suivi directement la mise en forme du projet. Le campement de huit hectares comprend plusieurs compartiments. En dehors du bloc réservé à l’administration, il y a un laboratoire qui a été conçu pour la réalisation des différentes analyses techniques. Dans cet espace, l’on peut apercevoir des bacs à essai fabriqués en béton, ainsi que des machines. Plus loin du laboratoire, il y a deux bâtiments en matériaux définitifs et du reste démontables, avec une quarantaine de pièces qui servent de dortoirs aux techniciens employés pour le projet. Par ailleurs, la salle prévue pour les réunions est prête et reçoit déjà ses équipements. La mise en service du courant électrique est chose faite par les soins de Aes Sonel, rêve hier, est devenu une réalité palpable aujourd’hui. « Nous sommes prêts à lancer les travaux de terrassement, mais nous attendons la réaction du maître d’ouvrage », rassure l’assistant d’origine chinoise du directeur général de l’entreprise. A la base de la socité chinoise alors que l’approvisionnement en eau est assuré par un système de forage. Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, l’une des trois carrières aménagées pour la production du gravier est déjà opérationnelle. L’on peut aussi apercevoir deux machines destinées au concassage de la pierre. Selon des informations recueillies sur place auprès des techniciens chinois, près d’un million de m3 de granulats seront produits pour servir à la première phase des travaux. Indemnisations du site Les techniciens de la China First Highway Engineering Company peuvent donc oublier les obstacles naturels qu’ils ont rencontrés, avec le difficile accès dans la forêt, au cours de la réalisation des études topographiques. Aujourd’hui, ils se disent déterminés à aller jusqu’au bout avec les travaux de réalisation de cette autoroute que la communauté nationale attend depuis des années. Ce qui était alors un En attendant la cérémonie officielle de pose de la première pierre des travaux de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, les indemnisations du site de Nkolnkoumou ont déjà été effectuées. Au début du mois de juin 2013, le gouverneur de la région du Centre, Roger Moïse Eyene Nlom, avait en effet lancé ces opérations, suite à l’expropriation dont plusieurs riverains ont fait l’objet sur le site. Une enveloppe totale de près de 213 millions de FCFA, répartie en fonction de la taille et du degré de mise en valeur des espèces végétales mises en cause, avait ainsi été distribuée aux populations riveraines. A la date du 30 novembre 2013, l’entrepreneur déclarait 241 employés (40 personnels d’administration, 31 personnel de conception, 26 personnels de topographie et 144 ouvriers). L’on notait également la présence de 129 équipements principaux devant servir à l’exécution des travaux de terrassement (excavateur, niveleuse, compacteur, foreuse, grue sur porteur, bulldozer, chargeur, briseur, tracteur, jumbo, compresseur, camion à benne, camion arroseur, etc.). Enfin, il y a également 16 équipements de topographie et 11 équipements pour le sondage géotechnique pour une opération qui doit respecter un chronogramme bien établi. L’ère du temps • JANVIER 2014 n 17 Dossier ECONOMIE Garoua Boulai-Ngaoundéré Pour un accroissement des échanges Le projet de cette route mobilise près d’un millier d’emplois dont 250 personnes recrutées dans les villages traversés. L es travaux d’aménagement de la Route nationale N°1, qui s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration et de l’accroissement des échanges intra-communautaires et avec l’extérieur, dans les zones Cemac et Ceeac, vont bon train. Il en est ainsi de la route Garoua Boulai-Nandéké (86 km environ), elle-même un tronçon majeur de la route Garoua Boulai-Ngaoundéré, situé dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua. Ce linéaire rentre en droite ligne du processus d’aménagement du corridor Douala-Ndjaména. Le financement du projet est assuré dans le cadre de la coopération Cameroun–Union européenne, par le 10ème Fonds européen de développement, pour la partie hors taxes de l’opération d’une part, et par la République du Cameroun pour les taxes et Le ministre Amba Salla sur le terrain 18 n L’ère du temps • JANVIER 2014 droits de douanes, d’autre part. Le démarrage des travaux est effectif depuis le 20 septembre 2010. Consistance des travaux Les travaux ont consisté à réaliser la préparation du terrain, au cours de laquelle, 1 070 000 m² de terrain ont été déboisés et nettoyés, et 3 222 arbres abattus. Après les terrassements, les déblais et les remblais, une chaussée de 7 mètres de large et deux accotements de 1,5 mètre de large ont été aménagés. Elle est constituée de bas en haut, d’une couche de forme éventuelle de 30 ou 50 cm en graves latéritiques naturelles, d’une couche de fondation de 30 cm en graves latéritiques naturelles, d’une couche de base de 20 cm en graves concassés, d’une couche de protection en enduit superficiel monocouche, d’un revêtement de 5 cm de béton bitumeux semi-grenu pour la chaussée et d’un enduit bicouche sur les accotements. Sur le tracé de la route, l’on retrouve quatre ponts, dont un pont mixte acier-béton de 135ml sur le Lom et trois ponts en béton armé (un de 50ml sur le Mba et deux de 12 ml sur le Selle et le Mbofomo). Par ailleurs, des dalots de sections diverses ont été prévus, ainsi que des ouvrages d’assainissement latéraux comprenant des fossés revêtus, des caniveaux, des descentes d’eau et des bordures. Délais coûts et impacts Le premier avenant est financé en partie sur fond de contrepartie de l’exercice 2012, pour un montant d’environ 975 millions de FCFA hors taxes, alors que l’avenant numéro 2 est entièrement financé sur fond de contrepartie de l’exercice 2013 à hauteur de 2 milliards 380 millions de FCFA hors taxes. Sur le plan des impacts que cette route peut produire, il faut dire que l’on gagne 90 minutes en temps de parcours. Bien plus, le projet de cette route mobilise 600 employés, dont 250 personnes recrutées dans les villages traversés. Dans le domaine social, des mesures d’accompagnement ont été prises, entre autres, la construction des salles de classe équipées, des points d’eau, des fermes et des moulins. Toute une école a même été offerte à la localité de Yende par l’entreprise Razel Cameroun. Enfin, plusieurs missions d’audit et d’évaluation relevant de diverses institutions (Cour des Comptes de l’Union européenne, Agence de régulation des marchés publics, MINTP, autorités administratives, etc.) ont été menées sur le terrain, dans le seul but d’enrayer les problèmes majeurs rencontrés et poursuivre sereinement les travaux dans les règles de l’art. Dossier ECONOMIE Patrice Amba Salla Un ministre en béton « La refondation de notre politique de construction et d’entretien des infrastructures est en cours » La réorganisation du ministère des Travaux publics, intervenue le 13 septembre 2013, au-delà de son aspect de modernisation de ce département, par la recherche d’une efficience, est venue conférer au détenteur du poste, un autre matériau dans le vaste chantier de construction du Cameroun. En effet, le chef de ce département ministériel, ô combien stratégique, est désormais l’ingénieur de l’Etat camerounais. Plus que par le passé, il est l’alpha et l’oméga de tout engagement de l’Etat, en matière d’ouvrages et infrastructures relevant du portefeuille public. C’est donc à cet homme au langage dénué de toutes fioritures que la rédaction de L’ERE DU TEMPS a ouvert ses colonnes. A 53 ans, l’Inspecteur principal des douanes et ancien maire d’Ayos est un personnage à l’esprit allègre. Ses 25 mois déjà passés au gouvernement, forcent bien l’admiration de l’opinion et des partenaires de l’Etat camerounais. On en veut pour preuve, l’abnégation et la détermination avec lesquelles, il s’attelle à l’ouvrage, dans un ministère dont la complexité est établie. Lecture. Monsieur le ministre, vous aviez énoncé en début d’année 2013 un certain nombre de projets concernant la structuration du réseau routier national. Un an après, quel est le bilan qu’on peut en faire ? Le bilan est positif. Notre feuille de route a été respectée malgré quelques retards au démarrage ou dans l’exécution de certains projets. L’action de bitumage du réseau enregistre un avancement physique et financier différencié selon les projets. Les taux se situent entre 13 et 40 % au 30 Octobre 2013. Pour ce qui est des ouvrages d’art, l’essentiel des projets sont en cours de démarrage ou en cours d’attribution. Le taux d’avancement financier est d’environ 20% au 30 octobre 2013. Sans être exhaustif, les taux d’avancement des principales activités de ce programme se présentent comme suit : Le bitumage de la route Garoua- BoulaiNgaoundéré est presque achevé sur ses trois lots, soit 260,8km et le tronçon GarouaBoulai-Nandéké (99km) est réceptionné ; La construction de la route Kumba-Mamfé (152km) est au stade de l’analyse des offres des soumissionnaires. Ces offres ont été ouvertes le 05 décembre 2013 ; La construction de la route Bamenda-Ekok- Bamenda est réalisée à 97% pour le premier lot et à 57% pour le second lot. Le renforcement de Numba-Bachuo Akagbe (83km) est achevé et les travaux ont été réceptionnés; Le bitumage des routes sur la Nationale N°1: Nkolessong-Nding (89km) est exécuté à 21 % alors que Nding- Mbgaba (41km) est en cours de démarrage ; La construction de la route Zoetele-Nkolyop (27,4km) est réalisée à 55% ; La construction de la route Foumban-Tibati sur la Nationale N°6 : le lot1 Foumban-Manki (40km) est exécuté à 49% et le lot2 Manki–Pont de la Mapé est bitumé sur 21 km ; Le bitumage des routes SangmelimaBikoula (7%) et Djoum-Mintom (40%), La construction de la section Ndop-Kumbo (60,5km) de la Ring Road sur la Nationale N°11 est réalisée à 51 % ; La construction de la deuxième Entrée de Bamenda en cours de démarrage. Pour ce qui est de la maintenance du réseau routier, le taux d’avancement physique et financier était estimé à 28 % au 30 juin 2013. Les travaux de réhabilitation de la route Maroua-Kousseri sur la Nationale N°1: section MoraDabanga (132km) se situent au niveau de l’installation et la mobilisation du matériel et du personnel, et section Dabanga–Kousseri (72,5km) et aménagement de la voie de contournement réalisés à 2%. La réhabilitation du tronçon Figuil-Magada (50km) sur la Route Nationale N°1 est exécutée à 32% ; Le Programme Spécial d’Urgence (PSU) de l’aménagement de la route NgaoundéréGaroua toujours sur la Nationale N°1 est réalisé à 55%. Il il se complète par une opération de réhabilitation de 10km de route de la falaise de Mbé et d’élargissement de 9 ouvrages d’art dont 5 ponts et 4 dalots sur financement de la Banque Mondiale; Le Programme Spécial d’Urgence (PSU) de réhabilitation de la route Yaoundé-Bafoussam-Bamenda est exécuté à 88%. Les travaux consistent à réhabiliter 136km de route, soit 69km entre Yaoundé et Ombessa et 67km entre Bafoussam et Bamenda et surveiller et traiter des points accidentogènes sur 234km. Yaoundé-Ebebda a déjà été réceptionné ; 79km de route ont été réhabilités entre Yaoundé et Ombessa, Banekane et Banganté et Bafoussam-Bamenda ; Le PSU de réhabilitation de la route Yaoundé-Mbalmayo-Ebolowa : réhabiliter 36km de route, surveiller et traiter des points accidentogènes sur 134km. 26km de route sont déjà réhabilités entre le carrefour Sangmélima et le pont sur le So’o, l’avancement des travaux est estimé à 30%. Des routes en terre sont refaites entre Kumba Mundemba Manyu – Yokadouma et TibatiBanyo à la satisfaction des populations. Aujourd’hui quelles sont les grandes priorités de votre département en matière de travaux publics ? Pour ce qui est du programme de construction des infrastructures, il est envisagé en priorité et de façon spécifique : D’étendre le réseau routier bitumé par, d’une part, le bitumage du réseau structurant en terre mettant l’accent sur le développement des projets visant l’accompagnement des grands projets industriels et la facilitation des échanges économiques dans la sous-région et au plan national. Ce sont notamment : •les axes situés autour de Kribi et visant l’accompagnement de l’exploitation du fer de Mbalam et de la construction du port en eau profonde de KRIBI ; L’ère du temps • JANVIER 2014 n 19 Dossier ECONOMIE •Les tronçons routiers désenclavant les sites des importants barrages dont les travaux de construction sont en cours et/ou programmés dans la période 2010-2020 Long Pangar, Mekim, Natchigal, etc. En ce qui concerne la maintenance du réseau routier, une simulation a mis en exergue que 150 milliards de FCFA seraient nécessaires annuellement pour un réseau routier efficace. Or, actuellement, seulement environ 80 milliards de FCFA sont alloués annuellement à la maintenance du réseau •Les tronçons du corridor Nord-Sud, les réseaux transafricains, le réseau CEMAC, la Ring Road ; •le réseau des routes à faible trafic par des bitumages économiques et par technologies innovantes, à forte intensité de main d’œuvre. Un projet pilote de bitumage avec le bitume à froid (Carboncor) est en cours d’expérimentation sur la route Nkolafamba-Ndeng, les résultats sont probants et le MINTP envisage un programme de bitumage de 80 km/an à partir de 2014. Afin de réduire les coûts de ce bitume qui est actuellement importé d’Afrique du Sud, le MINEPAT a donné son avis favorable pour le financement de l’implantation d’une usine de fabrication de ce produit au Cameroun ; De créer des voies rapides à au moins 2x2 voies ; D’améliorer la circulation urbaine par l’aménagement des pénétrantes des grandes villes et la réalisation des contournements. C’est le cas des projets situés autour de Douala dans la perspective de la facilitation des échanges autour de ce grand pool économique qui est considéré aujourd’hui comme un hub de développement de l’Afrique centrale ; De relier les unités administratives entre elles et en particulier connecter les deux grandes métropoles, Douala et Yaoundé, à tous les chefs-lieux de régions ; D’augmenter les réseaux de dessertes des régions ayant une densité routière par habitant en dessous de la moyenne nationale; De désenclaver les zones frontalières. En ce qui concerne la maintenance du réseau routier, une simulation a mis en exergue que 150 milliards de FCFA seraient nécessaires annuellement pour un réseau routier efficace. Or, actuellement, seulement environ 80 milliards de FCFA sont alloués annuellement à la maintenance du réseau. Ce programme est le véritable ventre mou de notre activité. Il vise d’une part à la réhabilitation du réseau routier, qui consiste à traiter le réseau en mauvais état afin d’augmenter la fraction des routes en état normal d’entretien, et d’autre part à améliorer l’état du réseau routier à travers l’entretien routier et la protection du patrimoine routier existant, par la couverture et la gestion efficace des barrières de pluies et des stations de pesage. En terme de stratégie, plusieurs actions ont été formulées pour rendre plus performant notre réseau routier national, ce sont : En priorité la réha20 n L’ère du temps • JANVIER 2014 viables permettant d’atteindre les objectifs fixés. Les avancées dans la mise en œuvre de ce programme seront mesurées par le nombre de kilomètres de route réhabilité. bilitation des routes bitumées et en terre prioritaire du réseau principal et rural en mauvais état, ainsi que les ouvrages d’art ; Secondairement l’entretien du réseau prioritaire et non prioritaire des routes principales et rurales notamment à travers un retour minimal à la régie par le rééquipement des services déconcentrés du MINTP en engins minimums de Génie civil et la mise en place au sein des communes d’un vaste programme HIMO pour l’entretien des routes dans le cadre de la décentralisation par des comités de routes constitués au sein des communes; la protection du patrimoine routier ; et la réalisation des études de programmation au service de l’entretien routier à l’effet de produire des programmes d’entretien viables permettant d’atteindre les objectifs fixés. Ce programme vise d’une part à traiter la fraction du réseau en mauvais état afin d’augmenter la fraction des routes en état normal d’entretien, et d’autre part à améliorer l’état du réseau routier à travers l’entretien routier et la protection du patrimoine routier existant par la couverture et la gestion efficace des barrières de pluies et des stations de pesage. De façon spécifique, il s’agira de réhabiliter en priorité les routes bitumées et en terre prioritaire du réseau principal et rural en mauvais état, ainsi que les ouvrages d’art. et secondairement d’entretenir le réseau prioritaire et non prioritaire des routes principales et rurales ; d’assurer la protection du patrimoine et l’environnement routier ; et de conduire les études de programmation au service de l’entretien routier à l’effet de produire des programmes d’entretien Enfin pour ce qui concerne les études, en matière de construction, le MINTP est sur le plan national reconnu comme étant l’Ingénieur de l’Etat. Il a donc une mission de maîtrise d’œuvre des constructions publiques et privées. Le programme de construction tel que pensé pour le moment vise à produire des édifices sécurisés et de proposer des alternatives aux populations en matière de matériaux pour la construction des édifices à moindre coût surtout en ce moment où le problème de logement se pose avec acuité. L’objectif visé est d’améliorer la capacité et la qualité de production du secteur de la construction des infrastructures en général, du point de vue de l’Ingénierie, en renforçant notamment la maîtrise d’œuvre de la construction. En terme de stratégie d’attaque, il est question de : Mettre l’accent sur la maîtrise d’œuvre des projets des maîtres d’ouvrages publics et privés notamment par le renforcement de la déconcentration du suivi de tous les chantiers tant publics que privés ; Porter à la connaissance du grand public, les gites géo-référencés des matériaux locaux ainsi que la connaissance de leur utilisation comme alternative optimale dans la construction des édifices. Pour les projets de bâtiments à maîtrise d’ouvrage publique, la comparaison entre l’offre et la demande fait ressortir un manque flagrant d’entreprises nationales capables de réaliser des opérations d’envergure ou des ouvrages demandant une technicité importante. Quant aux projets de bâtiments à maîtrise d’ouvrage privée, un décalage est observé entre la nature de la demande, qui vise un Dossier ECONOMIE produit clés en main et l’organisation de l’offre, complètement morcelée. Ainsi, dans le cas d’une demande de construction de logement, le particulier est bien souvent amené à rechercher son terrain, à acheter les matériaux, à recruter les entreprises (et même parfois les tâcherons et l’encadrement) et à superviser lui-même le chantier. Une certaine opinion pense que votre département ministériel ne s’occupe que des routes. En votre qualité d’Ingénieur de l’Etat, quels sont les grands chantiers relevant des bâtiments et autres infrastructures ? Le décret du président de la République du 13 septembre 2013, portant organisation du ministère des Travaux Publics réaffirme et confirme le rôle de ce département comme seul et unique « Maître d’œuvre public/Ingénieur de l’Etat ». Il importe de relever d’emblée la densification des missions du ministère des Travaux Publics avec pour corollaire, la création pour la première fois dans l’histoire de cette administration, de deux directions générales dont l’une chargée des travaux d’infrastructures et la seconde dédiée aux études techniques. Cette création induit elle-même, une refondation totale de notre politique antérieure en matière de construction, de maintenance et d’entretien des infrastructures, des bâtiments publics et des routes. L’Etat a décidé d’avoir un interlocuteur exclusif pour la supervision et le contrôle technique de ses travaux de construction dans tous les domaines, dont les infrastructures ferroviaires, portuaires, aéroportuaires, énergétiques et environnementales, des bâtiments et des routes y compris les voiries urbaines. C’est un tournant décisif qui va impacter positivement tous nos travaux d’infrastructures. Cette option d’un interlocuteur unique du suivi des travaux va de pair avec la conduite des études préalables à ces travaux. Avec la création d’une structure chargée des études techniques, nous disposons dorénavant d’une sorte de bureau d’études national chargé de mettre en place une banque de données pour tous les projets d’infrastructures. Ces données feront l’objet d’une actualisation permanente, pour prendre en compte, toutes les variations pouvant influer un projet entre sa conception et son exécution. Avec cette approche, les coûts des études pourront connaître une nette diminution et les projets auront un degré de maturité nettement supérieur à ce qui a cours et qui a été identifié comme facteur de sous consommation du BIP. Quel est l’état du climat social au sein du Labogénie et du Matgénie, deux sociétés sous tutelle du ministère des Travaux publics ayant connu ces dernières années, de réelles difficultés de fonctionnement ? La réhabilitation du Matgénie se poursuit. C’est une longue opération dont les premiers effets positifs sont les 120 engins de génie civil acquis en 2011, grâce à la coopération sino-camerounaise. Le Matgénie s’emploie aussi à réhabiliter et à rééquiper ses ateliers abandonnés pendant 22 ans. Une bonne partie des équipements a disparu et ceux qui restent sont obsolètes. Les centres de formation des conducteurs de Yaoundé et de mécaniciens de Douala inopérants pendant 10 ans sont désormais opérationnels. Il y a eu deux promotions de 60 conducteurs et deux de 60 mécaniciens formés, soit 120 conducteurs et 120 mécaniciens. Il y a eu également le rajeunissement des effectifs, l’équipement de l’Entreprise d’un système de Gestion de Maintenance assisté par ordinateur, (GMAO). Ce système permet d’améliorer la gestion du matériel Le président de la République est déterminé à éradiquer tous ces maux que vous citez et notre rôle est de relayer, de traduire dans les faits. Il ne faut donc pas douter un seul instant des chances de réussite de cette lutte disponible, celle des ressources humaines et la gestion des relations avec les clients. Les arriérés de salaire au Matgénie sont en cours d’apurement. Le personnel est régulièrement payé depuis le mois d’octobre 2009, s’agissant du salaire courant. Ce qui a résolument remis l’ensemble du personnel au travail. Les cotisations CNPS sont reversées ; le climat social s’améliore chaque jour davantage. Quant au Labogénie, il est associé autant que faire se peut à la supervision géotechnique des prestations routières et des ouvrages d’art. Sa restructuration a commencé depuis 1993/1994 avec des mesures de relance, des audits et des textes organiques pour transformer la structure en direction générale. Ce qui est effectif depuis le 24 janvier 2006 avec la nomination de l’actuel DG à qui il a été prescrit une feuille de route ayant pour objectif final l’équilibre autonome et les bénéfices eu égard à sa nature de laboratoire de référence. Monsieur le ministre, quelle appréciation faites-vous de l’expertise des entreprises camerounaises des BTP, au regard de la grande présence des entreprises étrangères qui s’arrogent tout autant les gros œuvres ? Mon appréciation est simple : les entreprises camerounaises manquent d’expertise et de professionnalisme. A mon avis, lesdites entreprises nationales n’ont pas de matériel de génie civil, leurs promoteurs sont à la fois fournisseurs de matériel de bureau ou prestataires de services dans l’administration. Or il y a des critères de sélection des entreprises pour conduire les travaux d’envergure. Entre autres, la surface financière ; le matériel ; le personnel qualifié… Malheureusement les entreprises nationales sont loin de remplir ces conditions. Pour les encourager à se faire la main et à acquérir des fonds, le gouvernement leur a accordé celle de l’entretien routier, mais même dans ce secteur, elles donnent très largement satisfaction. Donc ce n’est pas la concurrence des multinationales qui fait ombrage aux nationales, mais leur indigence organisationnelle, leur manque de perspective. Votre ambition de moraliser le secteur des travaux publics a-t-elle des chances de réussir dans un secteur jadis gangrené par la corruption, la mauvaise exécution des travaux et le laxisme de certaines missions de contrôle ? Le président de la République est déterminé à éradiquer tous ces maux que vous citez et notre rôle est de relayer, de traduire dans les faits. Il ne faut donc pas douter un seul instant des chances de réussite de cette lutte. Et il a mis un train de mesures en L’ère du temps • JANVIER 2014 n 21 Dossier ECONOMIE marche pour que rien ne soit plus comme avant. L’on peut citer la création d’un département chargé de la passation des Marchés publics. Ce qui décharge les Ingénieurs du MINTP de cette structure du pêché qui les soumettait à la tentation. Le président de la République les a ainsi délivrés du mal. La réorganisation du ministère des Travaux publics va permettre aux Ingénieurs de se consacrer à ce qu’ils savent faire le plus, le génie civil, le génie électronique et autres Ponts et Chaussées. Comme je l’ai souligné plus haut, en faisant du MINTP l’interlocuteur unique en matière de supervision des travaux d’infrastructures, le Chef de l’Etat responsabilise davantage nos équipes qui doivent être proactives, regardantes, vigilantes, et exigeantes vis-à-vis de nos partenaires en ce qui concerne le contrôle de l’exécution des travaux. Notre détermination est à l’image de celle de Monsieur le président de la République. Nous voulons prêcher par l’exemple et être suivi. A notre niveau, nous avons fait acquérir du matériel de surveillance de l’exécution des travaux d’infrastructures pour renforcer le contrôle technique de la construction des routes, des pistes d’aéroports et susciter le respect et la bonne application des règles des normes relatives aux travaux. Ces matériels de haute technologie peuvent indifféremment être utilisés, aussi bien par l’Inspection générale que les Directions opérationnelles. Ils apportent une aide aux différents gestionnaires des chaussées routières (ou aéroportuaires) pour : • effectuer des contrôles de chantier, des réceptions de travaux ; de 100 000km. Mais par-delà cette guerre des chiffres, il convient de vous rappeler que le coût de bitumage d’un seul km de route se situe autour de 600 millions de FCFA et celui de réhabilitation du même km de route avoisine 450 millions de FCFA. Le coût d’un km de route en terre est d’environ 25 millions de FCFA, alors que la réhabilitation du même km est de 5 millions de FCFA. Ainsi, le montant nécessaire au bitumage des 90 000km de routes encore en terre est de 54 000 milliards de FCFA, ce qui représente le budget actuel du MINTP sur 2 siècles. Réhabiliter ces routes en terre demanderait 450 milliards de FCFA. Soit un peu moins de 2 fois le budget actuel du MINTP. C’est pour vous dire que c’est les moyens qui font défaut, le gouvernement est obligé de réaliser ces travaux étape par étape. Paris ne s’est pas construit en un seul jour. Des efforts considérables sont déjà faits et il n’y a pas que les routes. D’autres secteurs nécessitent d’énormes moyens à l’instar des barrages, des chemins de fer et autres. En matière de routes, l’on n’appréhende pas toujours les compétences entre le ministère des Travaux publics et le ministère de l’Habitat et du Développement urbain d’une part et entre les collectivités territoriales et votre département d’autre part. Qu’en est-il exactement, Monsieur le ministre ? Le législateur a délimité le champ d’intervention de chacun, il suffit de s’y conformer pour éviter d’empiéter sur le domaine des autres. En ce qui concerne les relations avec le ministère de l’Habitat et du Développement urbain, elles sont spécifiées dans le décret du 14 septembre 2013 portant organisation dudit ministère. S’agissant du développement urbain, l’article 2, alinéa 3 de ce décret stipule que le ministère de l’Habitat et du Développement urbain est chargé « de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies de gestion des infrastructures urbaines en liaison avec le ministère des Travaux publics ». Nous travaillons donc de concert et en bonne intelligence pour la construction non seulement des routes urbaines, mais aussi pour les édifices publics et autres infrastructures qui concourent à l’amélioration de la vie dans nos cités. Quant aux collectivités territoriales décentralisées, nous avons de nombreux projets dans le cadre de la décentralisation. Au cours de l’exercice budgétaire qui commence, nous allons allouer 5,2 milliards de FCFA aux communes. Nous ambitionnons dans un souci bien compris d’une imputation de responsabilité, d’un suivi clair et précis du réseau routier et une affectation conséquente des ressources, de procéder à une classification claire de toutes les routes (nationales, régionales et communales). Cela spécialiserait chaque échelon organique et valoriserait les spécificités des uns et des autres. Nous avons bon espoir qu’après validation par la hiérarchie, les interventions sur le réseau seraient plus pertinentes et plus efficientes. l •assurer le respect des cahiers des charges lors de la construction ; •apporter des éléments objectifs pour l’entretien des chaussées en vue d’optimiser les coûts de gestion et de maintenance; •garantir une qualité de route irréprochable au meilleur coût ; •prioriser, prévoir et budgétiser les entretiens ; • gérer le patrimoine routier. Avec une superficie de 475 000km2, les 50 000 km de routes du linéaire national ne sont-ils pas insuffisants pour le Cameroun ? Il convient de rappeler que les statistiques que vous donnez résultent de l’inventaire réalisé dans les années 90. Encore qu’entre temps, on a parlé d’un linéaire de 55 000km dont 49 500km en terre et 5 500km bitumées. Nous avons engagé récemment un inventaire des routes rurales qui nous révèle qu’en réalité ce réseau compte près 22 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Le Minsitre Partice Amba Salla à Ebebda Décryptage efforts…nous sommes un peuple d’individualistes, plus préoccupés de réussite personnelle que d’intérêt général. Notre Administration reste perméable à l’intérêt particulier. Ce dernier est le plus souvent incompatible avec l’intérêt de la communauté nationale... ». Évidemment, comme pour rejoindre les sept plaies de l’émergence de notre édition précédente, Paul Biya ne pouvait faire sans relever le « nombrilisme tous azimuts» qui caractérise ces compatriotes. Surtout, il faut relever que cette déclaration est à l’endroit de certains de ses plus proches collaborateurs, dont il a eu le temps de déceler des appétits illimités vis-à-vis de la fortune publique. Ainsi, ils sont nombreux qui engrangent des fortunes, juste autour d’eux, sans jamais penser à leurs prochains qui, des fois travaillent péniblement sans rétribution à la hauteur des efforts consentis. Message à la Nation 31 décembre 2013 • © PRC Message à la Nation 2013 Paul Biya s’indigne … Simon Ntonga Dans son traditionnel discours de fin d’année, le Chef de l’Etat Paul Biya a prononcé un discours dur à l’endroit de tous et certainement novateur pour accomplir ses objectifs de développement. Une posture de commando face à son parcours de combattant. L e 31 décembre 2013 reste une date qui aura retenu toutes les attentions. Que ce soit dans les espaces de rassemblement politique du parti au pouvoir ou de l’opposition, que dans des conglomérats économiques et socioculturels, le propos du premier des citoyens du pays est arrivé comme une sagaie dans le poitrail de la « bête » de l’Apocalypse, prête à mordre dans la chair du Cameroun en pleine émergence. Ce discours en lui-même, montre et démontre l’enracinement de Paul Biya, ainsi que sa fidélité à son idéologie principielle de « Rigueur et Moralisation ». L’Homme du 06 novembre 1982, en cette journée du passage de 2013 à 2014, avait conscience des avancées du pays qu’il dirige, mais, n’ignorait en rien jusqu’au détail près, les maux qui minent la vision de développement qu’il a nourri, construit et mûri pour l’Horizon 2035. Sur la rigueur « …Nous disposons d’une stratégie pour la croissance et l’emploi qui indique la voie à suivre pour atteindre nos objectifs. Mais d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise de décision constituent-ils encore des goulots d’étranglement dans la mise en œuvre des projets ? Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent sur aucune décision.», s’est interrogé le Chef de l’Etat. Un questionnement qui a certainement déjà trouvé des réponses dans la logique de soutènement des actions qui se doivent de le conduire à la réalisation de ses missions. Un paragraphe qui met en exergue l’inertie grandissante et appauvrissante de la dynamique fonctionnelle du gouvernement Biya. Des budgets, parce que ne pouvant être détournés de sang-froid, sont contenus, étouffés à la « tout le monde perd », au point de susciter l’inquiétude des bailleurs de fonds et autres partenaires au développement. Des attitudes assurément irrationnelles et exemptes de discipline dans la tenue des projets de développement national. Sur la moralisation « Je crois que nous avons des progrès à faire sur deux points importants : la primauté de l’intérêt général et la coordination de nos Pourtant 2013 fût un succès L’année 2013 aura été parmi les plus prospères de l’ère du Renouveau. La démocratie a grandement progressé comme l’a souligné le président camerounais dans son discours à la Nation : « Les élections, sénatoriales le 14 avril, législatives et municipales le 30 septembre, se sont tenues dans le calme et la transparence. Tous les observateurs l’ont confirmé. » Dans la même logique, un accent n’a pas manqué d’être porté sur l’augmentation du taux de femmes dans ces différentes institutions républicaines. Par ailleurs, bien que n’ayant pas atteint le taux de croissance économique escompté (4,8 au lieu de 6,1%), des efforts considérables ont permis au président de les citer aux actifs de ses efforts de gouvernance. Des efforts globaux qui envisagent des projections positives pour le pays. Des améliorations dans le domaine de la santé publique, du développement rural, etc. Le 31 décembre 2013, c’est également une occasion pour le président Biya de renforcer la confiance qu’il accorde à l’armée nationale. Une sonnette d’alarme comme pour rester présent et fort face à la progression des attaques à la souveraineté du territoire national par des factions armées, extrémistes ou non, capables de porter atteinte à la paix camerounaise bien vendue dans le monde. En cette fin d’année, Paul Biya a déblayé le chemin sur lequel il devra marcher en 2014. Il sait ce qu’il y a à faire : « Ce dont nous avons besoin pour les prochaines années, c’est d’un véritable plan d’urgence. Avec le DSCE, nous avons le tableau de bord. Il nous faut maintenant agir…nous nous fixons des objectifs élevés, en nous imposant une discipline collective rigoureuse. Et nous serons résolument sur le chemin de l’émergence. » l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 23 L’Invité du mois Sam Mbende L’éclairage d’un expert Propos recueillis par Stéphane Bella L’ex PCA de la CMC a été élu le 16 décembre dernier président de l’Alliance panafricaine des auteurs compositeurs par les artistes africains. Musicien, auteur compositeur et surtout, spécialiste des questions liées au droit de la propriété intellectuelle, Sam Mbende décortique l’univers des droits d’auteurs et des droits voisins au Cameroun. L’homme «Glamour» • © DR 24 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Vous êtes une personnalité crédible et respectable dans le domaine du droit d’auteur en Afrique et dans le monde, que pensez-vous de ce domaine d’activité au Cameroun ? Il convient de relever d’emblée que toute activité artistique génère, par définition, les droits de propriété littéraire et artistique : des droits d’auteur et des droits voisins d’artistes interprètes ou exécutants. La Convention de Berne de 1886 sur la propriété littéraire et artistique, qui est aujourd’hui adoptée par la plupart des Etats, attribue en effet des droits exclusifs d’exploitation aux auteurs d’œuvres originales (jusqu’à 50 ans après leur décès). La Convention de Rome de 1961 sur la protection des artistes interprètes et exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de radiodiffusion attribue, elle, des droits patrimoniaux aux artistes interprètes ou exécutants (jusqu’à 25 ans après la prestation ou le début de son exploitation). Concernant les droits d’auteur au Cameroun, ceux-ci sont régis par la loi Oyono, notamment la loi N°2000/011 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins du droit d’auteur. Une loi, faut-il le dire, qui a révolutionné le droit d’auteur et les droits voisins au Cameroun. Malheureusement, et chose paradoxale, le droit d’auteur, sous nos cieux, est plongé dans la fange avec les conséquences désastreuses que nous lui connaissons tous sur le plan de la gestion collective. Qu’est ce qui fait problème : les textes, les hommes ? Ou le système ? Les textes, je ne le pense pas. Au-delà de certains réaménagements qui s’imposent aujourd’hui par endroits, la loi N°2000/011 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins du droit d’auteur et son décret d’application N°2001/956/PM du 1er L’Invité du mois La ministre des Arts et de la Culture vient d’adresser deux correspondances, l’une au président de la CPMC et l’autre à M. Ndedi Eyango actuel PCA de la SOCAM. Quelle analyse faites-vous des contenus sur les plans juridique et administratif ? Pathétique. Etant respectueux de la légalité républicaine et n’étant pas partie prenante dans ce nouveau différend malheureux qui vient davantage ternir l’image déjà ridiculisée du droit d’auteur au Cameroun, il ne me revient pas de juger ces deux correspondances de la ministre des Arts et de la Culture. Malgré tout, faut-il s’étonner de ce qui arrive aujourd’hui ? N’est-ce pas une suite logique de ce que nous vivons depuis le vrai faux retrait de l’agrément de la Cameroon Music Corporation ? Nous sommes carrément installés dans un nondroit, véritable pathologie du droit d’auteur au Cameroun. On s’aperçoit alors que tout le monde n’attribue pas le même sens au concept de « droit » au Cameroun. Cette divergence de vues explique la divergence des objectifs, les luttes d’intérêt et même les résultats catastrophes d’aujourd’hui. Toutes choses valables autant pour l’art musical (CMC et SOCAM) que pour les trois autres arts : arts graphique et plastique (SOCA- © DR novembre 2001 sont clairs au regard de leur avant-gardisme, parce que non seulement conforme aux conventions internationales qui régissent le droit d’auteur et les droits voisins du droit d’auteur à travers le monde, mais servant également de balisage dans le cadre de la lutte contre la pauvreté en milieu artistique au Cameroun. Appliquet-on toutes leurs dispositions ? Que non. Et pourquoi ? Allez donc savoir ! De toutes les façons, les échecs sont largement consommés aussi bien dans le fonctionnement de la Commission Permanente de Médiation et de Contrôle des sociétés de droit d’auteur (CPMC), chargée du contrôle du respect des normes en matière de perception et de répartition que dans celui des organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur. Ce qui a poussé et pousse encore à s’interroger sur les causes réelles qui ont entraîné ce considérable effondrement. C’est ainsi qu’on est arrivé à se focaliser, non plus sur les conditions de fond et les exigences de forme qui règlementent la gestion collective du droit d’auteur au Cameroun et les incompétences de ceux qui sont supposés veiller au respect de l’orthodoxie en la matière, mais sur les problèmes d’égo, les discours pompeux, les calomnies, les persécutions et les mensonges éhontés, sources de conflits de toutes sortes et présentement appréhendés comme facteurs principaux de blocage, sinon de paralysie de la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur. et au-delà de ma qualité que vous avez évoquée plus haut, je ne vais pas verser dans une sorte de nombrilisme en donnant des leçons ici. J’ai déjà suffisamment publié des tribunes dans ce cadre et parlant des propositions, j’en ai également fait parvenir en son temps à qui de droit. Le 16 décembre dernier, les artistes africains vous ont élu au poste de président de l’Alliance panafricaine des auteurs compositeurs à Ouagadougou au Burkina-Faso. Parlez-nous de cette organisation ? DAP) ; arts audiovisuel et photographique (SCAAP) ; littérature, arts dramatique, dramatico-musical, chorégraphique et autres arts du même genre (SOCILADRA). Maintenant en ma qualité de juriste, lorsque j’ai analysé le contenu de ces deux courriers, sur les plans juridique et administratif, ces correspondances sont bien rédigées sur le plan administratif et sur le plan juridique il n’y a aucune faille de la part de la ministre qui s’appuie simplement sur les textes de la Socam à savoir les statuts et le code électoral pour demander le respect et l’application de ces textes afin que, dit-elle, que l’on revienne à la légalité. En plus, elle est dans son rôle de la police administrative qu’elle tire du décret d’application. La ministre dans sa démarche fait allusion aux textes de la Socam alors que ceux qui usent de mauvaise foi manifeste et d’amalgame mettent en avant un débat sur la double nationalité qui relève de la loi de 1968, rien à voir avec une assemblée générale de la Socam entachée dit-elle avec preuve des irrégularités graves: travail du comité électoral, quorum pas du tout atteint, présidence de l’assemblée qui a siégé, enfin la double nationalité. Je vous fais remarquer de suite que même si on admet que tous les candidats étaient camerounais, les autres griefs de la ministre demeurent et sont assez suffisants pour remettre en cause cette assemblée qui ne devait pas se tenir dans ces conditions. in fine il me semble de manière objective que la ministre a raison sur les deux plans :administratif et juridique. La messe est dite Vous êtes un spécialiste en droit d’auteur et un stratège en production culturelle, pensez-vous qu’un jour, ça puisse changer ? Si oui quel est le processus ? Le préalable est d’abord l’application des textes existants dans leur entièreté, car l’Etat de droit postule également la soumission aux textes législatifs. Pour le reste, De manière assez sommaire, le PACSA sert de passerelle entre la CISAC et la communauté des créateurs africains. Son principal rôle est de défendre les droits des auteurs et compositeurs de musique sur l’ensemble du continent en participant à tout ce qui concerne le cadre juridique de leurs activités. D’autre part, cette alliance porte la voix des auteurs et compositeurs africains de musique dans les plaidoyers et toutes actions de lobbying, de sensibilisation et de représentation auprès des gouvernements, institutions politiques ou économiques régionales, sous régionales et continentales, parlements et organisations non gouvernementales lors des consultations et prises de décisions relatives à la protection des droits , au statut social , au métier et la carrière des auteurs et compositeurs de musique. Que comptez-vous faire pendant votre mandat ? Au-delà du renforcement de la visibilité de cette Alliance, je vais œuvrer pour que le PACSA tisse davantage des relations étroites avec les organismes de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur, pour l’établissement des stratégies permettant d’améliorer les relations avec ces organismes de façon à peser sur leurs processus de décision. Vous n’êtes pas seulement un administrateur ou un juriste, vous êtes avant tout un artiste musicien, excellent auteur compositeur. Le récent album est un mélange des belles compositions, des arrangements impeccables avec des messages divers qui caressent les cœurs. Parlez nous de cet album… A tous les mélomanes, et suite à leur persistante demande, Sam Mbende is back avec un nouvel opus « Glamour ». Comme une bouteille à la mer, « Glamour » est dans les bacs, à vous, aux autres, aux mélomanes de le consommer et d’en faire leur propre jugement. Je me refuse de juger ma propre œuvre. Ai-je comblé les attentes ? Une fois de plus, aux autres d’en faire leur propre jugement. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 25 Economie L’éducation des jeunes : une priorité des gouvernements • © DR OMD Le Cameroun à la traine Valère Olinga 2015, date butoir convenue pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), s’approche à grande vitesse et beaucoup reste à faire pour le Cameroun qui se place en queue de peloton. Seuls deux objectifs sur les huit auraient manifestement fait l’objet d’efforts significatifs. 26 n L’ère du temps • JANVIER 2014 I l est à rappeler que le 8 septembre 2000, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la «Déclaration du Millénaire». Cette déclaration comprend huit objectifs à atteindre avant 2015, pour répondre aux urgences de la lutte contre la pauvreté dans le monde. A ce jour, ces objectifs ont été atteints par plusieurs pays parmi lesquels certains du continent africain. Le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et le Rwanda font ainsi partie des pays ayant atteint les OMD. Les îles Seychelles et la Sierra Léone sont en voie de braver le pari. Par contre, ces bons résultats ne doivent pas faire oublier que, selon les projections actuelles, en 2015 plus de 600 millions de personnes dans le monde n’auront toujours pas accès à une eau potable améliorée ; près d’un milliard vivront avec moins de 1,25 dollar par jour ; plus de 45 millions de personnes vivront encore avec le VIH ; des mères continueront de mourir en accouchant ; et des enfants mourront de maladies évitables. Le Ghana, l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et le Rwanda font ainsi partie des pays ayant atteint les OMD En 2015, et prenant en compte le scénario de référence du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), le Cameroun pourra certainement atteindre 1 objectif sur 8 et éventuellement en réaliser 4 sur 8 si des efforts soutenus sont maintenus. Pour cela, la mise en œuvre rigoureuse de la stratégie de croissance et d’emploi reste impérative, révèle le dernier rapport du Ministère de L’économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire et de l’Institut National de la Statistique sur l’évaluation des huit OMD dans le pays des lions indomptables. Précisément, on peut retenir dudit rapport et des sources connexes ce qui suit : OMD 1 : Réduire l’extrême pauvreté et lutter contre la faim La perspective de réaliser cet objectif à l’horizon 2020 reste incertaine, si l’on s’en Economie tient à la tendance actuelle. Les principaux indicateurs de pauvreté sont restés stables en milieu urbain et ont connu un repli en milieu rural entre 2001 et 2007. Le degré de pauvreté est passé de 40,2% en 2001 à 39,9% en 2007. Bien maigre. Dans l’ensemble, la proportion de la population pauvre reste stable. L’emploi est en nette progression, la préoccupation majeure reste le sous-emploi qui se trouve très au-dessus de 50 %. La multiplication des projets structurants et les mesures mises en place pour l’emploi des jeunes en particulier laissent présager un futur moins sombre en matière d’emploi. OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous Dans le secteur de l’éducation, les efforts que le gouvernement ne cesse de consentir depuis quelques années pour rendre l’école primaire universelle, continuent de porter des fruits. A en juger par le taux net global de scolarisation au primaire qui gagne un peu plus de 7 points entre 2007 et 2010, passant de 70,4% à 77,6%. En outre, le taux d’achèvement dans le primaire est allé croissant, valant 57,9% sur l’année scolaire 2003/2004 et 73,0% lors de l’année scolaire 2009/2010. En ce qui concerne l’alphabétisation des 15-49 ans, 7 camerounais sur 10 savent lire le français ou l’anglais en 2011. En somme, cet objectif est en bonne voie d’être réalisé bien avant 2020. OMD 3 : Promouvoir l’égalité de sexes et l’autonomisation des femmes La tendance de réalisation de cet objectif reste globalement positive. Les disparités entre les sexes se sont sensiblement réduites en ce qui concerne la scolarisation dans le primaire, mais n’ont pas évolué dans l’enseignement secondaire. L’égalité en matière d’alphabétisation est presque atteinte dans l’ensemble, hormis dans les régions septentrionales où les progrès sont malgré tout assez visibles. En ce qui concerne l’accès aux emplois stables, la situation des femmes par rapport aux hommes s’est légèrement améliorée, même si l’évolution a été plutôt inverse dans certaines régions. La représentativité des femmes au parlement (20% au Sénat et 30% à l’Assemblée Nationale) et au sein du gouvernement (9 femmes sur 60 membres) a aussi évolué positivement, même si elles y restent encore très peu représentées. OMD 4 : Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans Malgré les efforts consentis par le Gouvernement camerounais, cet objectif reste assez incertain à l’horizon 2020. Ainsi, à la suite de l’enquête démographique et de santé et l’enquête à indicateurs multiples (EDS-MICS 2011), il ressort que le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est passé de 146‰ pour la période 19962001 à 122‰ pour la période 2006-2011, l’objectif national étant de 75‰ à l’horizon 2015. Des efforts considérables continuent d’être faits dans la couverture vaccinale, la lutte contre le paludisme et la malnutrition. OMD 5 : Améliorer la santé maternelle Les cibles nationale et mondiale en matière de réduction du taux de mortalité maternelle sont respectivement de 350 et 108 décès pour 100 000 naissances vivantes. Le Cameroun en est encore loin. Les statistiques disponibles font état de 669 décès dont 144 enfants pour 100.000 naissances vivantes. L’on attribue ce niveau élevé de mortalité maternelle à la faible fréquentation des formations sanitaires par les femmes au cours de leurs grossesses, lors de l’accouchement ou après, à l’assistance insuffisante par le personnel sanitaire qualifié et à la qualité du plateau technique. OMD 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres grandes maladies La lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme a porté des résultats positifs. Même si elle est restée plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural, dans l’ensemble, la séroprévalence a sensiblement diminué. Il en est de même du nombre de décès dus au paludisme. Cet infléchissement du taux de décès du au paludisme est en partie impu- Le Cameroun pourra certainement atteindre 1 objectif sur 8 et pourra réaliser 4 sur 8 si des efforts soutenus sont maintenus table à une amélioration de l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA). L’on note également une amélioration de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Ce qui pourrait avoir un effet positif sur la lutte contre la tuberculose. OMD7 : Assurer un environnement durable reste faible. Néanmoins, elle a augmenté de 10 point de pourcentage entre 2005 et 2010. Par ailleurs, le taux de la population vivant dans les logements modernes est croissant. Cette tendance laisse entrevoir une probabilité d’atteindre cet objectif à l’horizon 2020, à condition de maintenir les efforts actuels du Gouvernement. OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement L’intégration régionale est l’option pour le Cameroun de réussir son insertion dans l’économie mondiale. Cette stratégie repose sur le pilier de la diplomatie, afin de bénéficier de sa position géographique. D’un autre côté, l’atteinte du point d’achèvement en 2006 a permis de réduire considérablement la dette extérieure. Le défi aujourd’hui est de maintenir cette dette à un niveau soutenable. Cependant, des efforts restent encore à fournir sur des questions transversales telles que: la gouvernance, l’efficacité du service public, la collecte et le traitement des statistiques, etc. Pourtant, la téléphonie mobile devient de plus en plus accessible au Cameroun et un accès au TIC, particulièrement élevé dans les villes de Yaoundé et Douala, consacrant de plus en plus l’ouverture du Cameroun à l’économie mondiale. Parlant de cet ultime objectif, le Secrétaire général des Nations unies a rappelé que la réalisation des OMD d’ici à 2015, représente un défi qu’il est possible de relever. Mais, beaucoup dépend de la réalisation de l’objectif 8 : le partenariat mondial pour le développement. Pour atteindre les autres objectifs, il est donc essentiel que les gouvernements tiennent leurs engagements pris il y a plus d’une décennie. « Les crises économiques actuelles qui pèsent sur la plupart des pays développés, ne doivent pas ralentir ou inverser les progrès qui ont été faits. Continuons sur notre lancée et ne fléchissons pas jusqu’à ce que tous les OMD soient atteints », a déclaré Ban Ki- Moon. l Erratum Dans l’édition de décembre 2013 de L’ERE DU TEMPS, une erreur s’est glissée sur la légende d’une photo à la page 23. Il s’agissait bien du ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla, et non du gouverneur de la région du Littoral, Joseph Beti Assomo. Nous nous en excusons grandement auprès des intéressés et de nos lecteurs. La Rédaction L’opération « Sahel vert » entreprise par le Gouvernement a permis de relancer les campagnes de reboisement et de réduire la pression exercée sur le couvert végétal. La part des aires protégées par rapport au territoire national a quasiment doublé entre 2000 et 2010. La proportion de la population ayant accès à une eau potable de boisson L’ère du temps • JANVIER 2014 n 27 Economie lem of the investment budget presented by the Prime Minister. 2014 Budget What may impede its realization Valentine Mulango The government has proposed and the National Assembly has adopted the 2014 State budget which stands at FCFA 3,312 billion. But the greatest worry remains whether or not the budget which would be used on what the government describes as ambitious projects will be realistic. T he orientations of the budget are outlined in a circular signed by President Biya on July 30, 2013. It called for strong growth, competitiveness and the pursuit of the programme orientated budgeting that was initiated in 2013. The growth rate for Cameroon in 2014 is expected to be at 5%, fuelled mainly by the coming online of new energy production units and the increased production of hydrocarbons. were supposed to advise us,” erstwhile Vice President of the Budget and Finance committee of the National Assembly, Simon Fobi Nchinda, told L’ERE DU TEMPS. The hurdles Emergence of two banks Forbi believes that, based on the conditions under which the budget was scrutinised, ‘‘growth will not be guaranteed’’. He argued that for economic take off to be essential, one has to approach the double digit figures, that is, you must be getting close to the 10%. Two of the major projects that can boost the country’s growth, if it comes to fruition, is government’s promise that the agricultural bank and the small and medium enterprise (SME) Bank will go operational this year. Both projects feature on the A-list of government’s economic, financial and socio-cultural programme of this 2014. “In the case of the 2014 State budget, we had no more than eight days within which to approve it. The parliamentarians did not have the time to even know aspects of the law, much less, consult the specialists who “Part of the problem in 2013 has been essentially that there has not been enough money to fuel investment ” he said, while adding that Cameroon is going to be running into the same problem in 2014 - the first prob- L’ère du temps • JANVIER 2014 The State has projected income revenue will come from internal resources amounting to FCFA 2, 983. It is projected that non-oil revenue will be FCFA 1 985 billion. Oil revenue on its part, is estimated to be FCFA 718 billion while bonded loans are projected to bring in FCFA 280 billion. The current member of the same committee decried the speed government used after its violation of the deadline. “The bill was not properly studied because we were not given the time which the law requires, that is a problem.” He noted. But the conditions under which parliament examined the budget can contribute to stunt its realization. The law requires that the finance bill coming to the National Assembly be submitted at least 15 days before parliament opens and the lower house is given 20 days from the day of opening of the session to pass its judgment. n Government optimism External resources will come from loans and grants that have equally witnessed an increase. They are projected to bring in FCFA 329 billion against FCFA 324 billion in 2013. Loans are expected to be FCFA 274 billion against FCFA 258 billion in 2013 and grants to be FCFA 55 billion against FCFA 66 billion in 2013. “On the income, there were projections made for FCFA 3,312 billion which in my humble opinion would not be realized for the simple reason that a major part of our budget- more than 30 percent- is coming from the custom revenue,” Fobi continued. According to him, Cameroon is just entering the signature with the European Union where we are going to open our borders to goods coming from the EU which means that, we will not be paying custom duties, thus leading to a drop in revenue from the custom. He said he is not seeing a significant increase in taxation or in oil revenue and questions where government intends to get that money from. 28 The second problem he noted is that, most of the investment projects have to go through the Ministry of contracts which was one of the major blockages of the 2013 financial year. His worry is that, major investment projects like the construction of various dams, the Douala-Yaounde express highway, the second bridge on the Wouri, were done without public tender, which means that Cameroon never had the best price for money. “So the government is being penny wise and pound foolish. They will pass public tender to buy paper, when it comes to the big jobs of hundreds of billion, they don’t go through public tender,” he concluded. The SME bank, better known in French as Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC-PME) is expected to improve the financing of SMEs, which are facing difficulties to access credit, since they are not able to provide the guarantees required by banks. On the other hand, the agricultural bank which comes nearly two decades after the liquidation of “Crédit Agricole” is mandated to contribute to the financing of agricultural projects. While agriculture remains the backbone of Cameroon’s economy, employing 70 percent of its workforce and providing 42 percent of its gross domestic product (GDP) as well as 30 percent of its export revenue, SMEs account for over 90% of the country’s economy and contribute 34% of its GDP, according to the National Institute of Statistics. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 29 Société apparents témoignent d’un laisser-aller et d’une négligence dans l’entretien du milieu, qu’il s’agisse d’une rue, d’un quartier ou d’un édifice. Les attitudes de non contrôle social aboutissent à la prolifération d’actes inciviques entraînant le délabrement de toute la texture sociale. Mais la jeunesse étant le fer de lance de la nation, les jeunes gagneraient à adopter des comportements responsables pour l’avènement d’une société exemplaire. Adoption d’une attitude responsable pour l’émergence L’incivisme Une pesanteur à l’émergence Les auteurs R.N. Les êtres humains se distinguent des animaux par les valeurs et le respect de l’éthique qui façonnent l’harmonie et le savoir-vivre en société. Seulement, la société est de plus en plus le théâtre d’agissements contraires au bon sens social, ce qui constitue une pesanteur à l’émergence. J ets d’ordures en dehors des lieux indiqués, mises indécentes, non-respect des rangs devant une agence, impolitesse, incapacité à céder le siège à un vieillard dans les transports en commun, non-respect des aînés, occupation illégale de la voie publique, violation des feux de circulation, voilà des comportements déviants qu’on déplore dans la société aujourd’hui. Pourtant, l’on veut y vivre dans la décence. Le citoyen exige du respect vis-à-vis de l’Etat et de son entourage, alors qu’il est incapable de contribuer à la construction d’une société civilisée. 30 n L’ère du temps • JANVIER 2014 En s’adressant à la jeunesse le 10 février 2013, le président de la République Paul Biya disait : « Le niveau de moralité de notre jeunesse se dégrade (…) la société apaisée et prospère que nous voulons construire sera minée de l’intérieur si ces avancées ne sont pas accompagnées par un progrès de la moralité publique ». Cependant, il faut reconnaitre que les auteurs des actes et des propos d’inconduite ne sont pas forcément les jeunes. Ils se recrutent parmi toutes les classes sociales. D’ailleurs, l’on ne saurait nier que c’est par contagion et par mimétisme à l’endroit de leurs ainés que certains jeunes parviennent à la rupture de la convivialité au sein de la société, quand cela n’est pas simplement dû à la négligence dans l’éducation. C’est contre ce pourrissement sociétal, vu comme une dégradation progressive des vertus, que la théorie du carreau cassé va prendre corps. Cette théorie fut élaborée et publiée en 1982 par deux auteurs en sciences sociales, James Q. Wilson et George L. Kelling, dans The Atlantic, une revue politique et culturelle qui parait aux Etats-Unis. Cette théorie soutient qu’un carreau (ou une vitre) cassé mènera, à terme, à la destruction de tous les autres carreaux de la fenêtre. Les bris matériels S’il est vrai que certains faits délictueux sont réprimés par le code pénal ou le code civil, les règlements qui criminalisent les incivilités, sont mal connus de plusieurs. Par ailleurs, il existe des actes d’incivisme qui ne relèvent que du bon sens pour leur prohibition. Dans ce cas, le seul juge reste notre conscience morale. Pourtant, dans un pays en marche vers son émergence, comme le Cameroun qui s’y engage, il est utile que la prospérité matérielle s’accompagne des prédispositions éthiques solides, gage d’une construction civilisée du biotope humain. Les enjeux sont d’autant plus pointus qu’il y a un risque de construction asymétrique dans l’évolution d’un pays, marquée par le déséquilibre entre les exigences de développement et l’inoculation d’une dose, sans crainte de l’excès, du savoir-vivre allant avec ces mutations matérielles. Tenez par exemple, si l’occupation illégale et abusive d’une chaussée peut causer moins de tort à une automobile, il n’en sera pas pareil pour l’occupation de la voie ferrée. Dans un train ou dans un bus, l’on doit pouvoir se souvenir que les moyens de transport publics exigent une certaine décence dans la mise, de même qu’ils imposent l’adoption d’une expression qui ne s’accommode pas avec des coquetteries langagières ordurières. Les avenues et les autoroutes ne trouvent leur utilité complète que si le respect de leur salubrité est garanti. Aussi, l’autoroute proscrit que l’on trouve toujours un conducteur qui est si pressé qu´il ne peut laisser passer l´ambulance dans l´embouteillage. Il devient donc urgent pour le Cameroun d’aller au-delà des colloques sur l’éducation civique, mais que le pays songe à susciter une véritable politique de polissage de la jeunesse, elle à qui sont destinés les fruits de l’émergence. Faute de quoi, l’on observera forcément un cloisonnement total entre le développement matériel et la stagnation comportementale qui s’opposeront. Car, l’incivisme implique une méconnaissance des règles fondamentales organisant la collectivité, une méconnaissance par l’individu, de sa place dans la collectivité, des difficultés à cerner ses droits et devoirs. l Société Traditional rulers engulfed by politics Some examples of traditional rulers with political caps include: the Fon of Mankon and the Sultan of Bamoun, who are members of the Central Committee of the CPDM. Senators like HRH Nfor Tabetando Ndiep, HRH Fon Mukete and Honourable Cavaye Yeguie Djibril, speaker of the National Assembly, have gone deep into politics and have since been flexing with their subjects to win seats in parliament. Before the arrival of the Europeans, the Fons, sultans, lamidos where considered indisputable custodians of tradition and culture just like King Solomon in the Bible who was seen as a fountain of wisdom. Today, the story is different. This puts most of these traditional leaders in a difficult situation when it comes to delivering judgments as they become partial, since they have equally become actors. T he right to belong to a political party is never contested but that of a traditional ruler ignites confusion, mixed feelings, disrespect and sometimes turmoil immediately he/she openly declares support for one political party or the other. In recent times, the phenomenon in Cameroon has been that, almost all traditional rulers are partisans of the ruling CPDM party. This situation is being received with misgiving in some communities. Although there is not yet a law that prohibits traditional rulers from practicing politics, these leaders are going contrary to a decision signed by the Ministry of Territorial Administration and Decentralization stating that they are supposed to be neutral, declared barrister Wango. Over the years, colonialism, modernism and politics have greatly threatened to end the influence of traditional rulers. The situation became worst with the return of multiparty politics in the 90s. These leaders have openly demanded recognition and in most circumstances, gunned for leadership positions in the parties. Some observers say, their open support for Paul Biya has often resulted to conflict between them and their subjects who are militants of the opposition. One anonymous critic described politics played by kings, queens and fons as the “politics of the stomach”. He continued by saying that they are still taking people back to the colonial era when European colonizers bribed traditional rulers with whisky, mirrors, clothes etc. Most of these Fons, Chiefs, Lamidos have openly confronted their subjects on issues such as land and public contracts, thereby handing their reputation to dogs! Amos Muang Nsah Before the scramble for Africa, traditional rulers were held in high esteem. Today, one out of five traditional rulers holds a political post. The auxiliaries of the administration are gradually drifting away from their principal role of protecting tradition and culture as well as defending the interest of their subjects. An increasing number of them now face the dilemma of whether to maintain their political postures or their initial role as custodians of traditional values. The North West Region is well noted when it comes to traditional rulers and power mongering. Public cases of conflicts where the population and their rulers often clashed are enormous. We can in this category single-out those of villages in Tubah Sub Division and Balikumbat in Ngoketunjia Division where open clashes have led to killings, maimings and banishments. This contradicts Barrister Emmanuel Ashu Omar’s idea of a traditional ruler. According to him, a traditional authority is supposed to be a father who welcomes everyone no matter his/her political inclination. The Barrister now cries for the old good days, when a traditional ruler was regarded as King Solomon of the Bible. Irked by the unfortunate situation which prompted one writer in the North West to describe Fons as “Royal beggars in a book”, traditional rulers recently created the Cameroon National Council of traditional rulers. Among others, the organization seeks to redress the mess in which traditional authorities find themselves. According to the pioneer Secretary General of the council, Fon Isaac Chafah, their association is not and will never serve as a lobby group. The Government has equally not been indifferent. For one thing, hunger has been the main reason why customs and traditions have been auctioned. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 31 Société Cameroun L’alcoolisme, plus qu’une religion Simon Ntonga L’alcoolisme a quasiment battu à plate couture, la popularité du christianisme dans le pays. Et comme si un problème de santé publique ne se posait pas avec acuité, l’offre augmente considérablement au jour le jour au point de transformer les Camerounais en adeptes authentiques de la bouteille, sa capsule et surtout de son contenu. E n 2014, l’expression à la fois populaire et populiste de « saoul comme un Polonais » a rendu l’âme, et ça depuis 2010, pour faire place de Roi à celle de « saoul comme un Camerounais ». Peut-être une conséquence de l’extrême attachement du pays à la papauté de Rome. Une histoire d’amour qui n’a point empêché aux derniers Très Saints Pères de fouler le sol du Cameroun et de prêcher tous les miracles de Jésus, le Christ, en commençant par le tout premier. Selon les Saintes Ecritures, le fils de Joseph le charpentier aurait changé l’eau en vin, Jean 2, 1-12 ; tout le monde peut vérifier les faits rapportés. A l’écoute de cette prouesse, les hommes et femmes, parmi les plus instruits du continent (c’est ce qui est dit), n’ont voulu que faire plaisir à celui qui viendra juger les vivants et les morts. Ainsi, l’entrée pour le paradis de son Père leur sera aisée. Voici une logique qui pourrait facilement s’accommoder à du simple divertissement, mais qui semble bien tenir sur un argumentaire construit autour d’enquêtes que nous avons menées pendant près de deux mois dans les villes de Yaoundé et Douala. Une véritable religion Des nombreuses descentes effectuées dans les débits de boissons (ventes-emporter, Bars, snack-bars et discothèques), les découvertes sont effroyables. Surtout pour les religieux engagés des églises réveillées. Ce serait un AVC assuré. Car, ici et là, les jeunes, à 93,4% (consommateurs actifs), lorsqu’ils ne vouent pas publiquement un culte au dieu du vin (Bacchus), de l’ivresse et des débordements (surtout sexuels) en lui déclarant des poèmes d’une intelligence futuriste du genre : « Ôh, toi Bacchus, le divin de tous les temps. Nul ne peut oser dire comment tu as pu mettre tant de bonheur dans une si-petite bouteille de bière. », ces derniers, pour rester fidèles au christianisme, détournent les prières à l’endroit du Seigneur, pour une bouteille d’alcool, peu importe laquelle. Ainsi, le Pater Noster, une fois la nuit tombée à Essos ou à DogbongTerminus, devient tout simplement : « Notre bière qui est au Frigo, que ton alcool soit sanctifié. Que ton règne vienne… ». De toute évidence, nous sommes bien dans le règne de l’alcool au Cameroun. Les Polonais jadis craints de tous les peuples de la planète par leur aisance à « lever le coude », ne sont plus que de vulgaires bavoirs à vin pour les camerounais. Partout dans le pays, la bière coule à flot. On aurait alors dit le saint roché frappé par la canne de Moïse le prophète de Dieu. Et comme une compétition pour voir qui de la femme ou de l’homme arrivera le premier au-devant du Père, les espaces de vente des alcools sous les formes diverses s’emplissent de silhouettes humaines, toutes assoiffées comme des vampires de retour d’une hibernation de trois siècles (nous n’en savons rien). Une fois assis, les tables sont saturées de brunes ou de blondes. Rien à voir avec la couleur des dames, il s’agit bien des bières. Et voici que commence le moment d’une ascension vers leur dieu qui, parait-il, serait plus facile à atteindre que tous les autres. L’on jacasse, de plus en plus fort, l’on rigole, des sourires difficiles à reproduire, l’on s’endort, pour recevoir des visions, et au besoin, le coma (mort cérébrale) pour ceux qui, une fois, ont le don des créations et des inventions. Nous sommes-là dans un monde parallèle ! Le mal Le pays en danger • © DR 32 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Le mal est grave. Un sérieux problème de santé publique. Les jeunes Camerounais sont agressés par l’alcoolisme dès l’âge de 12 ans et ¼. En fin 2013, l’on estimait à 98% (en fonction des jeunes abordés par notre équipe), le nombre de jeunes de 12 à 18 ans ayant goûté, au moins une fois, à l’alcool. Une situation confortée par l’important mouvement d’ouverture des points de ravitaillement aux voisinages immédiats des écoles, lycées, collèges et universités. De fait, si la consommation d’alcool reste un phénomène davantage masculin, les filles sont de plus en plus nombreuses à boire régulièrement ou de façon démesurée à la moindre occasion. Cette consommation d’alcool chez les jeunes peut traduire un besoin de réassurance identitaire et d’inté- Société Noyé dans l’alcool • © DR gration par l’appartenance au groupe des pairs. Elle est fonction des vulnérabilités individuelles, mais aussi de l’image sociale des boissons alcoolisées et des incertitudes auxquelles les jeunes sont confrontés concernant leur avenir (chômage). Traiter la gangrène L’accès à l’alcool au Cameroun est d’une aisance sans pareil pour les citoyens de tous les âges. On le vend partout et pas besoin de remplir des conditions préalables pour s’en procurer. Sachets, bouteilles, servi au verre ou à la canette, les types de conditionnements sont divers. Pour ce qui est de la loi du 09 novembre 1990 régissant l’exploitation des débits de boisson, nul n’ose plus la regarder. Avec la prolifération des sites de ces « breuvages », l’on ne se doute pas un instant que deux points de vente doivent être distants d’au moins 50m. L’exemple le plus flagrant, c’est l’axe principal Avenue Germaine - Carrefour du Lycée bilingue de Yaoundé. L’on y dénombre 753 débits de boisson sur environ 1100m (près de 2500 si l’on entre légèrement dans les quartiers). Ici, il n’est pas étonnant de retrouver dans un même espace, deux à trois comptoirs appartenant à des exploitants différents. En mai 2012, près de 30 débits de boisson ont été fermés dans l’arrondissement de Yaoundé V (Essos). Une quarantaine dans la zone de Kondengui et une quinzaine dans le secteur d’Efoulan. Des mesures de cet ordre pourraient bien diminuer l’activité de consommation d’alcool. Or, Valéry Ntendie, Coordonnateur du Syndicat National des Exploitants des Débits de Boisson, tout en déplorant la procédure, réagissait à cet effet : « la fermeture n’est pas la solution. » Selon lui, le secteur rapporterait de nombreuses retombées à l’Etat. Ce serait alors un manque à gagner. « Il faudrait plutôt, imposer des amendes aux récidivistes. », termine-t-il. Au nom de l’économie, faut-il donc tuer toute la population d’un pays en voie de développement ?! Et pour ce qui est de cet alcool proprement dit, nos enquêtes, après entretien avec plusieurs employés de l’industrie brassicole, font état de ce que les liqueurs sont de véritables dangers pour la société toute entière. En effet, selon les chimistes qualifiés, l’alcool indiqué à la consommation est l’éthanol (CH3-CH2-OH). Or, celui proposé et en grande quantité (bouteilles et sachets), serait du méthanol (CH3OH ). Ce dernier est le plus simple des alcools, léger, volatil, incolore et inflammable. Il est extrêmement toxique pour l’homme par deux mécanismes. Premièrement, le méthanol (s’il pénètre dans l’organisme par ingestion, inhalation, absorption cutanée) peut provoquer la mort en raison de ses propriétés de dépresseur du système nerveux central, de la même façon que l’éthanol. Secondement, il devient toxique après avoir été métabolisé dans le foie sous l’action d’une enzyme. Il n’est donc plus utile de maitriser la chimie pour comprendre la progression des comportements d’incivisme en milieux jeunes. En dépit de tout, les instances de régulation ne bronchent pas un mot. Ce qui est dit pour Yaoundé l’est également pour Douala. 6000 débits de boisson dans la seule ville de Yaoundé. A Douala, pas évident de dénombrer. Peut-être 5000. Tous, sous la dictature des capsules gagnantes, véritables outil-miracle pour la prospérité. On y gagne jusqu’aux voitures. Au nom d’une capsule de bière, les jeunes s’activent. Au nom d’une bouteille, les jeunes se mobilisent. Au nom d’un sachet, les jeunes se détruisent. Le Cameroun lui se dresse, sur le podium des trois plus grands « buveurs de bières » de la planète. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 33 Société Le foie atteint de maladie • © DR Et la santé alors ! Enquête réalisée par Simon Ntonga L a consommation abusive d’alcool nuit grandement à la santé de l’homme. Afin de s’en convaincre, il faut noter que l’alcool est considéré comme une drogue au même titre que la cocaïne, le chanvre indien ou encore l’héroïne. En effet, toutes les drogues provoquent trois effets sur l’être humain : la dépendance, la modification des perceptions (hallucinations, impulsion, courage, etc.) et l’intoxication. Ainsi, dans le monde, l’alcool serait responsable de plus de 50 000 décès. Une fois absorbé, comment l’alcool est-il géré par notre organisme ? Quels sont les effets à long terme d’une consommation excessive ? Bien souvent, les connaissances restent floues et ne permettent pas d’appréhender sereinement les risques encourus. Les effets toxiques de l’alcool sont aujourd’hui bien connus. Le foie, le cerveau et le système nerveux, le cœur et les muscles peuvent être atteints. L’appareil digestif n’est pas épargné. Les muqueuses, l’estomac et l’intestin sont irrités avec des sensations de brûlures fréquentes. Cette substance psychoactive agit au niveau du cerveau au même titre que le cannabis ou d’autres drogues. Ralenti, perturbé, le cerveau est débordé. Des troubles des réflexes, de la vision et de l’équilibre, 34 n L’ère du temps • JANVIER 2014 des pertes de mémoire… sont fréquents. Pouvant entraîner une dépendance s’il est consommé régulièrement, l’alcool s’apparente à une drogue. Ses effets peuvent être majorés par l’ingestion de certains médicaments comme les somnifères ou les tranquillisants. Les effets à courts termes Les effets immédiats sont bien connus. Ainsi l’ivresse apparaît en quelques heures à cause d’une consommation trop importante. Cet état sera d’autant plus rapide que la personne ne sera pas habituée à boire. La coordination motrice, l’équilibre, la perception et le jugement sont altérés. On distingue invariablement trois phases qui évoluent de l’euphorie à l’endormissement. Selon l’Institut National de prévention et d’éducation pour la santé, l’état évolue ainsi : • • Phase d’excitation : Le taux d’alcoolémie est inférieur à 0,7 g/l de sang. Euphorique, désinhibé, bavard et familier, l’ivresse est atteinte. Les fonctions cognitives (vigilance, perception, mémoire, équilibre, jugement) sont déjà atteintes. Phase d’ébriété : Le taux d’alcoolémie s’étend de 0,7 à 2 g/l de sang. Troubles de l’équilibre, mal à parler... c’est une phase d’incoordination avec troubles de la vigilance, allant de la somnolence à la torpeur. • Phase d’endormissement : Le taux d’alcoolémie est supérieur à 2 g/l de sang. Après une période d’excitation, on s’endort. Si le taux d’alcoolémie est supérieur à 3 g/l de sang, il y a un risque de coma éthylique profond qui nécessite une surveillance en milieu hospitalier. L’alcool est également un facteur d’agressivité et serait responsable de 50 % des rixes, de 50 à 60 % des actes de criminalité et de 20 % des délits. Enfin, la prise d’alcool augmente le risque de rapports sexuels non protégés. Et sans préservatif, un seul rapport suffit pour être contaminé par le virus du sida, par d’autres infections sexuellement transmissibles ou pour être enceinte contre son gré. Ainsi donc, dans la posture d’un citoyen camerounais non encore trempé dans le bain de l’ivresse, il n’a été dit que toute la vérité. Pourtant, dans un bar, au nom d’une bière ou d’un verre d’alcool, nous passerions tout simplement pour des « ivrognes » d’un autre type. l Mémoire Patriotisme Aux origines de l’hymne national du cameroun Roland Ntsa « Ô Cameroun berceau de nos ancêtres ». Voilà les premières paroles d’or d’un « cantique » qui émeut l’âme de tout Camerounais à chaque cérémonie où il est « clamé». Seulement, si le corpus de l’hymne national du Cameroun reste gravé dans les mémoires de tout citoyen, ses origines échappent pourtant à une bonne majorité. Foulassi, le berceau du berceau De même que la ville de Bethlehem en Judée ne pouvait être soupçonnée héberger la crèche de Jésus de Nazareth devenu sauveur de l’humanité, pareil l’on ne pouvait prédire en Foulassi, les entrailles de l’un des emblèmes nationaux qu’est l’hymne du Cameroun avant 1929. Si Bethlehem est devenu plus tard célèbre de par sa stature de berceau de la chrétienté, Foulassi quant à elle demeure une localité inconnue du Camerounais ordinaire. Pourtant, l’histoire politique de notre pays lui est redevable à plus d’un titre. Située dans le département du Dja et Lobo, région du Sud, Foulassi a eu le privilège d’abriter l’une des missions de l’Eglise presbytérienne de la première heure et surtout la toute première Ecole normale, fondée par la France durant la période du Mandat et qui formait en trois ans, les instituteurs. C’est donc au sein de l’Ecole normale de Foulassi que sera signé l’acte de naissance de l’Hymne du Cameroun. Au cœur de l’histoire Dirigé par le révérend Camille Armand Chazeau, l’Ecole normale de Foulassi avait inscrit au programme, les cours d’instruction civique pour les classes de fin de formation. En l’année 1928, un devoir fut donné aux « Ô Cameroun berceau de nos ancêtres » Chant de deux strophes, rythmé poétiquement en rimes croisées, l’Hymne national du Cameroun a subit des étapes progressives, autant sur l’ossature de son texte que dans son adoption légale. Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres, Autrefois, tu vécus dans la barbarie. Comme un soleil, tu commences à paraître, Peu à peu tu sors de ta sauvagerie. Que tous tes enfants, du Nord au Sud, De l’Est à l’Ouest soient tout amour. Te servir que ce soit leur seul but, Pour remplir leur devoir toujours. Tu es la tombe où dorment nos pères, Le jardin que nos aïeux ont cultivé. Nous travaillons pour te rendre prospère, Un beau jour enfin nous serons arrivés. De l’Afrique soit fidèle enfant, Et progresse toujours en paix, Espérant que tes jeunes enfants T’aimeront sans bornes à jamais. Refrain : chère Patrie, terre chérie, Tu es notre seul et vrai bonheur. Notre joie et notre vie A toi l’amour et le grand honneur. Si Bethlehem est devenu plus tard célèbre de par sa stature de berceau de la chrétienté, Foulassi quant à lui demeure une localité inconnue du Camerounais ordinaire élèves avec pour thème d’«exprimer l’espoir en l’avenir du Cameroun ». Au rendu du devoir qui se faisait oralement, les plus belles paroles étaient écrites au tableau. C’est alors que René Jam Afane, le plus talentueux des trois étudiants qui s’étaient aventurés à en faire un chant, réussira à ressortir un texte plus captivant. René Jam Afane donne le titre de « chant de ralliement camerounais » à son texte. La suite consistait à trouver une mélodie adaptable à ces paroles, pour en faire réellement un chant de ralliement. Un appel est fait aux trois musiciens de la promotion : Michel Nkomo Nanga, Nyatte Nko’o et Samuel Minkyo Bamba. Mais c’est finalement la mélodie de Samuel Minkyo Bamba qui fera l’unanimité et sera retenue par le comité. Le chant fut enseigné à tous les élèves de l’Ecole normale de Foulassi. Il sera même officiellement exécuté lors de la visite à cette école du gouverneur Marchand de l’Afrique Equatoriale Française (AEF) en 1929. Ainsi jugés peu honorant, les 1er, 2ème et 3ème vers seront modifiés pour laisser place à ce qui est aujourd’hui connu. Sur le plan légal, l’hymne national du Cameroun fait partie des trois emblèmes nationaux dont les deux autres sont le drapeau et la devise. Les débats de leur adoption se dérouleront à la première Assemblée législative du Cameroun (ALCAM). Pour ce qui est de l’hymne national, il sera adopté le 25 octobre 1957. Au cours de la session, le projet d’un hymne officiel N°3/B est voté à main levée par 34 voix, contre 08 avec une abstention. Alors, chaque fois que s’exécutera désormais l’hymne national du Cameroun, qu’il revienne à la mémoire de tout Camerounais que c’est à Foulassi en 1928 que ce chant fut créé. Il est aussi urgent de se souvenir que l’outrage aux emblèmes nationaux est un délit. Car, le projet de l’emblème N°3/A stipule en son article 2 que « l’outrage ou l’injure envers les emblèmes du Cameroun sous quelques formes qu’il ait été accompli, par écrit ou par quelque geste que ce soit, est puni d’un emprisonnement de un à trois mois et d’une amende de 5000 à 25 000 francs CFA. » l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 35 Culture Ngondo Entre tradition et business L’arrivée de la course des pirogues • © DR Devant la case sacrée • © DR Flore Ekoulle Les valeurs intrinsèques que symbolise le Ngondo se perdent petit à petit dans la nouvelle orientation donnée à cette fête des eaux du peuple Sawa. «L e Ngondo perd de sa substance traditionnelle. Entre le Ngondo d’aujourd’hui et celui que nous avons connu, rien à faire, beaucoup d’éléments nouveaux sont venus altérer le caractère sacré de cette fête », déclarait André Ngangué, patriarche Sawa de son vivant. Beaucoup de personnes ne connaissent pas l’origine du Ngondo. Ils y vont pour faire la fête et s’amuser parce que pour eux, ce n’est qu’un festival de fin d’année parmi tant d’autres. Pourtant, la grande 36 n L’ère du temps • JANVIER 2014 fête des peuples de la côte a été initiée par les grandes tribus sawa pour marquer l’union sacrée des peuples de la côte. Origine du ngondo Selon des sources orales, dans la première moitié du 19ème siècle, avant l’arrivée des premiers missionnaires, il y avait à Pongo (Dibombari), au nord-ouest de Douala, un colosse collectionneur d’impôts du nom de Malobé, qui semait la terreur dans les marchés. Redouté de tous, il commettait toutes sortes d’abus et d’exactions. Ses principales victimes étaient les Duala au stricto sensu. A l’apparition de ce « monstre », chacun se tenait sur ses gardes et le marché tout entier entrait en effervescence. On entendait alors crier de toutes parts : Malobè a o don ! Malobè a o don ! « Malobè est (là) au marché ! Malobè est (là) au marché ! ». C’était le « sauve qui peut ». Les principaux dignitaires des quatre clans Duala se réunirent alors, afin de réparer cette impardonnable offense qu’ils subissaient et défendre leur honneur. C’est cette assemblée qui reçut donc le nom de Ngondo, du même mot qui désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau-né à sa mère, « après la délivrance ». De cette image, les Duala tirèrent l’idée du lien devant les unir dorénavant. De fil en aiguille, le Ngondo devint le symbole de la concrétisation de ce front uni, appelé à défendre l’honneur du peuple, aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger. C’est pendant ce rassemblement que les Duala choisirent dans une proche banlieue, un Bakoko de Japoma, nommé Engômga, comme leur vengeur de l’outrage jusque-là subi aux marchés de Pongo. Engômga était lui-même un colosse très fort, doublé d’un sorcier. Ils provoquèrent alors entre lui et le titan de Pongo Malobè, un duel aux coups de poing. Engômga l’emporta et maîtrisa son adversaire en l’envoyant au fond de la cale d’une grande pirogue et le ligota solidement. Puis, les Duala emmenèrent chez eux la « terreur » des marchés de Pongo, et le livrèrent aux « négriers ». C’en était fini du titan. Pourtant, sa mémoire reste immortalisée dans le vers suivant d’une de ces innombrables chansons traditionnelles du littoral camerounais : « Malobè a si wèli Engômga » Culture La nouvelle donne, un vrai business Cependant, avec le temps, l’on note des dérives dans l’organisation des festivités du Ngondo. La récupération politique et l’appât du gain sont aujourd’hui au cœur de cet évènement. Les valeurs culturelles sont de plus en plus absorbées par le business et le positionnement de certains acteurs politiques. C’est ainsi que la symbolique foire pendant laquelle la culture et la tradition sawa étaient valorisées à travers les mets, les vêtements, les jeux et autres activités, est progressivement en train de céder la place à une véritable foire économique. De la recherche d’un sponsor officiel, à l’achat du pagne qui coûte 10 000, et même 15 000 FCFA à la veille de la fête, en passant par la location d’un stand à la foire, le Ngondo est devenu une véritable manne financière pour les organisateurs, un vrai business. (Malobè n’a pas su résister à Engômga), qu’on entend encore au cours des cérémonies traditionnelles des peuples de la côte. Plus tard, le Ngondo déborda le cadre duala au sens strict et devint l’assemblée traditionnelle de tous les peuples côtiers du Cameroun. Le Ngondo se célébrait le 12 juillet de chaque année sur les berges du Wouri. Aujourd’hui, il se déroule au cours des deux dernières semaines du mois de novembre, avec comme point de chute, « la messe des eaux » le premier dimanche du mois de décembre. La messe des eaux est l’immersion du vase sacré dans le fleuve Wouri par un initié appelé grand prêtre. Ce dernier va à la rencontre des ancêtres en plongeant (5 à 15 minutes), dans les profondeurs du fleuve Wouri, afin de transmettre les doléances de leurs descendants et y recevoir le message que les ancêtres leur envoient, à travers des êtres vivants de la mer. Cet initié est un messager. Avant d’effectuer ce rituel, il reste dans la case sacrée appelé « dibala », pour être en communion avec les esprits de l’eau les « jengu » (sirènes). Il y ressort quelques temps plus tard, accompagné d’autres initiés. Une pirogue les amène tous au milieu du fleuve où le grand prêtre effectue sa descente. Il ressort de l’eau complètement sec, avec dans son vase sacré, le message. Il revient donc aux grands patriarches et aux prêtres sawa de retourner dans la case sacrée, décrypter le message devant être transmis à la population. Pendant cet instant, il est demandé à toutes les personnes présentes sur le lieu de la cérémonie de s’éloigner des rives du Wouri. Parce qu’à ce moment, il ne faut pas perturber les esprits de l’eau. C’est dans la lecture du message que les ancêtres envoient aux populations que le Ngondo tire sa puissance de culte du passé, faisant un trait d’union entre le monde visible et celui invisible. Cette grande manifestation rassemble les peuples du Wouri, du Nkam, du Mungo, de la Sanaga-maritime et certains peuples du Sud-ouest. Ils se sont toujours retrouvés pendant quelques jours, dans le but de resserrer les liens qui les unissent et communier avec les ancêtres, à travers diverses activités traditionnelles (courses de pirogues, danses, lutte…). D’autres tribus du Cameroun étaient aussi conviées à cette grande parade, parce que le Ngondo se voulait un évènement fédérateur qui défend les valeurs d’unité et d’amour prônées par la notion de « l’Etat-Nation » de Rudolph Duala Manga Bell. La précarité et la pauvreté des autochtones sawa ont pris le dessus sur les valeurs de rassemblement, de paix, de dignité et de prospérité prônées et défendues par le Ngondo. Dès lors, on se demande où est passée la tradition ? C’est à l’image du sponsor officiel, que le Ngondo se célèbre depuis quelques années. Cette année c’est la marque Castel beer des Brasseries du Cameroun qui était le sponsor officiel du Ngondo. Une intrusion de cette marque qui vise, selon les organisateurs, à donner davantage de visibilité au festival. En plus du sponsor officiel, d’autres entreprises à l’instar de Orange et de Aes Sonel et bien d’autres, accompagnent cet événement, en y associant leur image par l’affichage de divers supports de communication, à travers les rues de la ville de Douala. En outre, le Ngondo est désormais au centre d’interminables luttes d’intérêts, au détriment de son caractère traditionnel. Il paraît que la tradition donne de la valeur sur le plan politique. Certains natifs sawa se réclament dignitaires appartenant à la grande noblesse sawa, parce qu’ils sont de la haute classe politique. Ils se font introniser notable ou chef traditionnel, par des autorités traditionnelles avides d’argent et de reconnaissance politique. Ainsi, la promotion et la perpétuation des valeurs traditionnelles des peuples de la côte, sont englouties dans le culte de la personnalité et les dérapages de toutes natures. Par ce glissement, le Ngondo est devenu prisonnier des lobbies politico-économiques, les nobles valeurs traditionnelles des peuples sawa ayant cédé la place aux intérêts individuels. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 37 The Star Baleba Baleba Le saxophoniste camerounais qui vient de fêter ses 80 ans est plus en forme que jamais. Avec un nouvel album, une autobiographie et une tournée mondiale qui le conduira aux Nations-Unies, le Grand Manu n’est pas prêt de raccrocher son instrument fétiche. © DR Eternel 38 n L’ère du temps • JANVIER 2014 M anu Dibango s’est-il plongé dans la fameuse Fontaine de Jouvence, ou a-t-il découvert la formule de l’éternelle jeunesse ? Parce qu’au moment où le père de « Soul Makossa » célèbre ses 80 ans (il est né le 12 décembre 1933 à Douala), il n’a jamais semblé aussi en forme. L’allure est toujours aussi svelte, le rire plus tonitruant que jamais et son saxophone continue d’égrener les notes avec la même énergie. Et pour célébrer comme il se doit cet anniversaire, le Grand Manu a tenu à marquer le coup en publiant un livre et un nouvel album. L’ouvrage intitulé « Manu Dibango : Balade en saxo dans les coulisses de ma vie » est une autobiographie rédigée avec le romancier camerounais Gaston Kelman. Dans son autobiographie, Manu Dibango revient sur ses 60 ans de carrière. Il évoque ses débuts en France (1955), sa découverte du saxophone ou ses concerts à travers le monde (notamment au Madison Square Garden de New-York et au stade Maracaña de Rio de Janeiro). L’album s’intitule sobrement « Balade en Saxophone », un CD de 18 titres, fait essentiellement de reprises. Avec son saxophone qui prend ici une connotation jazzy, Manu y revisite d’anciens succès américains et français. Les amateurs pourront découvrir sa version des titres comme « Nights In Tunisia » de Dizzy Gillespie ou « L’été Indien » de Joe Dassin. A ce sujet précis, Manu explique pourquoi il a voulu le refaire : « Joe Dassin, je l’ai connu. Il y avait un Cubain qui était chef d’orchestre chez lui, Ernesto Tito Puentes, un très grand trompettiste qui est encore là. Moi j’étais chef d’orchestre chez Nino Ferrer. Donc on faisait les tournées d’été.». Ce nouveau disque vient s’ajouter à l’impressionnante discographie d’un artiste qui a traversé les générations grâce à sa faculté d’adaptation, à son intuition et surtout à son génie. Véritable touche à tout, Manu Dibango ne s’est jamais cantonné à un seul style. Au contraire, le makossa, la rumba, la salsa, le funk, le jazz, le blues ou le reggae sont autant de genres qu’il a explorés avec bonheur. « Soul Makossa » La chanson africaine la plus reprise dans le monde Et les succès sont innombrables. « Afrique Sans Fric », « Oh Koh », « Soir au Village », « New Bell », « Le Bûcheron », « Idiba », « Oa Na mba » ou « Soma Loba » ont marqué les esprits. Mais c’est en 1972 que le destin d’Emmanuel Njoke Dibango prend son envol. Alors qu’il est dans le métier depuis une vingtaine d’années. Il rentrera dans l’histoire grâce à une chanson devenue culte, « Soul Makossa ». Manu aime raconter l’histoire de ce succès qui l’a fait entrer dans la légende : « En 1972 le Cameroun organise © DR The Star Véritable touche à tout, Manu Dibango ne s’est jamais cantonné à un seul style la Can. Le gouvernement lance un concours pour composer l’hymne de la compétition. Je participe avec la chanson « O Boso «. Mais comme il s’agissait d’un 45 tours et qu’il fallait un titre sur la face B, j’enregistre «Soul Makossa». Malheureusement, le Cameroun est éliminé et face à la déception, personne ne veut plus écouter ce disque au Cameroun. Heureusement ma productrice française qui avait entendu parler de producteurs américains arrivés en France pour se procurer des disques africains, leur envoie ce 45 tours ». La suite, on la connaît. Une fois rentrés aux Etats-Unis, des Dj tombent sous le charme de ce titre mi-Funk, mi-Makossa et de ses renversants phrasés de saxophone. Ils le passent en boucle dans les boîtes de nuit de New-York. En quelques semaines, la chanson se répand comme une trainée de poudre, au point de devenir à l’été 1973, le titre le plus joué dans les radios et les clubs new-yorkais. Depuis, plusieurs artistes américains ont repris ou samplé ce titre qui est entré dans le « Hall Of Fame » aux Etats-Unis. Michael Jackson, Will Smith, Jay-Z, Jennifer Lopez, Rihanna, Milli Vanilli, Patra sont quelques-uns des artistes à avoir emprunté des lignes de ce standard. « Soul Makossa » est aujourd’hui la chanson africaine la plus reprise dans le monde. Soul Makossa » est aujourd’hui la chanson africaine la plus reprise dans le monde Le coach Manu a joué avec les plus grands. De Bob Marley à Peter Gabriel en passant par Herbie Hancock, Youssou Ndour ou Sinead O’Connor. Avec son orchestre le « Soul Makossa Gang », il a vu passer plusieurs instrumentistes camerounais tels que Richard Bona, Etienne Mbappe, Vicky Edimo, Armand Sabbal-Lecco, Félix SabbalLecco, Noël Ekwabi… Et parmi les choristes et chanteuses, on peut citer Charlotte Mbango, sissy Dipoko, Kaissa Ndoumbè, Queen Etémé etc. A la question de savoir s’il a quelques regrets, Manu confesse qu’il aurait aimé jouer avec Miles Davis et, contre toute attente, il estime n’avoir pas suffisamment exploré son instrument, le saxophone. De la part de Manu, l’un des plus grands saxophonistes de l’Histoire, véritable légende vivante, c’est ce qu’on appelle l’humilité des grands. l Discographie 46 réalisations 1969 : Saxy Party 1971 : Manu Dibango 1972 : O Boso 1972 : Soul Makossa 1973 : Makossa Man 1973 : Africadelic 1974 : Super Kumba 1976 : Manu 76 1977 : L’Herbe Sauvage 1977 : Ceddo 1977 : Le prix de la liberté 1978 : Afrovision 1979 : Gone Clear 1981 : Ambassador 1982 : Waka Juju 1983 : Soft & Sweet 1984 : Surtension 1985 : Tam Tam pour l’Éthiopie 1985 : Electric Africa 1986 : Afrijazzy 1987 : A la Jamaïque 1987 : Seventie’s 1988 : La fête à Manu 1989 : Négropolitaines vol. 1 1990 : Polysonic 1991 : Makossa Man 1991 : Live 91 1992 : Négropolitaines vol. 2 1992 : Autoportrait 1994 : Wakafrika 1994 : Lamastabastani 1996 : Live 96, Papa Groove 1996 : Sax & Spirituals / Lamastabastani 1997 : African Soul - The Very Best Of 1998 : CubAfrica (avec Cuarteto Patria) 1998 : Manu safari 2000 : Mboa’ Su / Kamer feeling 2001 : Kamer feeling 2002 : B Sides 2003 : Africadelic 2004 : Voyage anthologique 2005 : Kirikou et les bêtes sauvages 2007 : Manu Dibango joue Sidney Bechet 2011 : Ballad Emotion 2011 : Past Present Future 2013 : Balade en Saxo L’ère du temps • JANVIER 2014 n 39 Santé - Environnement Dysenterie amibienne Marceline Ester Assena La dysenterie amibienne est une maladie infectieuse, qui sévit au Cameroun depuis de nombreuses années. Elle est liée aux conditions de vie sanitaires impropres (manque de latrines et d’eau potable), qui favorisent la propagation de la maladie. Dans ces conditions, on n’est pas près de voir le bout du tunnel. Docteur, comment peut-on définir la dysenterie amibienne ? La dysenterie amibienne ou amibiase est une maladie qui a pour origine l’Entamoeba histolytica, un protozoaire hématophage de 20 à 40 micromètres de diamètre. L’amibe est un microbe qui se transmet par voie orale. Il est monoxène : son seul hôte est l’Homme. Comment contracte-t-on la dysenterie amibienne ? La contamination est directe, car l’amibe passe par les mains sales, la consommation de l’eau et des aliments souillés, en particulier, les fruits et légumes crus (salade, légumes mal lavés). L’insalubrité du milieu dans lequel l’on vit est aussi un autre facteur de contamination. Le péril fécal (absence de latrines et toilettes propres), favorise l’accès du microbe dans l’organisme. Les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Quels sont les symptômes de cette maladie ? Les symptômes sont de divers ordres. Lorsque le microbe attaque le tube digestif, la maladie peut se manifester par des diarrhées sanguinolentes, des coliques ou maux de ventre, avec des selles glaireuses. Par contre, lorsque le microbe attaque le foie, la pathologie se manifestera par des abcès du foie qui provoquent des douleurs abdominales, des douleurs hépatiques. Il faut noter que les symptômes varient d’un individu à un autre, en fonction du taux d’immunité. Un patient qui contracte les amibes et qui est immunocompétent ne peut pas avoir les mêmes symptômes que celui qui est immunodéprimé. Celui qui est immunocompétent va juste faire une gastro entérite, c’est-à-dire une légère diarrhée. Par contre, un enfant, une personne âgée, ou celle qui est déjà fragilisée par cer40 n L’ère du temps • JANVIER 2014 © ASDECA La fin n’est pas pour demain ne sont pas bien préparés, essentiellement les fruits et les légumes. Par ailleurs, il faut éviter de consommer les aliments exposés à l’air libre qui sont souvent des victimes directs de la poussière et des mouches, porteuses du microbe de la dysenterie amibienne. Enfin, il faut bien se laver les mains avec du savon avant et après chaque repas, ou encore, après être allé aux toilettes. Y a-t-il un traitement contre cette maladie? Comment s’effectue-t-il ? Docteur Kengne Sotakwo Gisèle Solange, médecin en épidémiologie à l’hôpital de district d’Efoulan-Yaoundé Il faut éviter de consommer les aliments exposés à l’air libre taines pathologies tels que le cancer, le VIH, le diabète (immunodéprimé), va manifester plus sévèrement l’amibiase. Quelles sont les précautions à prendre pour ne pas contracter cette maladie ? Le traitement préventif est le respect scrupuleux des règles d’hygiène alimentaire. La prévention se fait en évitant les aliments souillés, en buvant de l’eau potable. Il faut surtout éviter de manger les aliments qui Lorsqu’une personne attrape les amibes, le traitement est curatif. C’est un traitement qui s’effectue par des molécules appelées imidazolés, par voie orale ou par voie parentérale (par des perfusions). Lorsque le patient ne se soigne pas correctement, ou rapidement, la maladie progresse et attaque le foie et peut y causer un abcès. Dans ce cas, le traitement se fait par des perfusions d’imidazolés. Lorsque le microbe est dans le tube digestif, le traitement se fait par voie orale, en prenant des comprimés d’imidazolé pendant trois jours en prise unique journalière, ou alors, pendant sept jours, trois fois par jour et ceci pendant les repas. En dehors des symptômes que présente le malade, comment savoir si le microbe est dans le tube digestif ou dans le foie ? Lorsque le patient vient nous voir et qu’il présente les symptômes de l’amibiase ou dysenterie amibienne, nous lui demandons de faire d’abord un examen de selle pour être rassuré que ce sont bien les amibes. Ensuite, le malade va faire une échographie pour savoir à quel niveau se situe l’infection, afin de prescrire les médicaments appropriés à son cas. l Santé - Environnement Déchets hospitaliers Une menace fantôme L es déchets hospitaliers restent une grande préoccupation pour toutes les formations hospitalières. Au Cameroun, en l’absence d’une politique de gestion rigoureuse des déchets d’activité de soins, ceux-ci sont gérés comme des déchets ordinaires. Pourtant, la collecte même de ces déchets pose problème, autant que leur traitement par les responsables chargés de cette tâche. La gestion des déchets hospitaliers est fondamentale dans la réussite de la réforme hospitalière en vigueur au Cameroun. Car, si tous les déchets d’activité de soins se retrouvent dans la nature, il va de soi que les populations restent exposées à des risques infectieux graves. Dans ce cas, il est impératif de mettre sur pied des structures spécifiques de traitement de déchets hospitaliers, selon un système de normalisation et de certification propre à cette activité. Tous les moyens sont bons A Yaoundé, même si des efforts ont été fournis pour gérer efficacement les déchets hospitaliers, de nombreuses limites persistent. A l’hôpital Général par exemple, les déchets produits par le laboratoire, la chirurgie, la maternité, la banque de sang (seringues, poches de sang vides, sachets de glucosé etc.), sont récupérés pour être incinérés. A l’hôpital gynéco obstétrique de Ngousso, l’incinérateur est de très faible capacité par rapport à la production journalière de déchets dangereux. Cependant, dans la plupart des autres centres hospitaliers (hôpitaux régionaux et districts de santé, centres de santé intégrés, etc.), les unités d’hygiène, lorsqu’elles existent, sont non fonctionnelles dans la majorité des cas. Le conditionnement des déchets se fait par le personnel, avec l’utilisation des boîtes de sécurité pour les objets solides et les poubelles rudimentaires pour le reste des déchets mous. La collecte est assurée par des agents du service d’hygiène, ou alors par des agents de surface temporaires, habituellement non protégés. L’élimination des déchets solides se fait par brûlage à l’air libre, soit à même le sol, ou dans les fosses, tandis que les déchets liquides sont versés dans les fosses septiques. Une réglementation inexistante Au plan juridique, il n’existe aucun texte réglementaire régissant de manière spécifique, la gestion des déchets hospitaliers au Cameroun. Il en est des textes en vigueur comme la loi n° 96/12 du 5 août 1996 por- Des déchets hospitaliers en plein air • © ASDECA M.E.A. Les déchets hospitaliers restent un casse-tête pour les autorités camerounaises. Aucune solution n’étant envisagée pour résoudre cette situation, ils continuent à être traités comme tous les autres déchets ménagers. Ce qui constitue un danger pour les populations. tant sur la loi-cadre relative à la gestion de l’environnement, qui stipule en son article 42 que « les déchets doivent être traités de manière écologiquement rationnelle afin d’éliminer ou de réduire leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, les ressources naturelles, la faune et la flore et sur la qualité de l’environnement en général », et la loi n° 89/027 du 29 décembre1989 portant sur les déchets toxiques et dangereux. Ces deux lois qui évoquent la gestion des déchets dangereux et toxiques, ont une portée générale et évasive, car elles traitent de la question des déchets hospitaliers d’une manière superficielle. Quel traitement pour le futur ? Dans la plupart des formations sanitaires du pays, la gestion des déchets dangereux est réalisée dans des conditions peu satisfaisantes. Pourtant, elle constitue une préoccupation majeure en termes de risques environnemental et sanitaire, aussi bien pour les personnels et les malades des formations sanitaires que pour des collectivités locales et des populations. Au Cameroun, les filières de traitement des déchets sont presque inexistantes. En effet, le tri, le conditionnement, l’entreposage intermédiaire et le transport des déchets d’activité de soins sur la voie publique ne tiennent pas compte des facteurs contaminants qu’ils représentent. L’information à l’intérieur de l’hôpital sur les risques de certains déchets d’activité de soins est aléatoire. Même s’il y a une petite ébauche dans certains hôpitaux de référence, force est de constater que dans l’ensemble, des bouteilles en plastique servent de poubelles au personnel médical, pour le conditionnement des seringues et aux autres objets tranchants. Ainsi, l’Etat devrait encourager, à travers des subventions ou exonérations fiscales, le secteur privé à se mobiliser dans ce sens. Car, la création de sociétés de traitement de déchets s’avère importante de nos jours. Ces dernières peuvent se doter d’usines ou de stations de collecte, de stérilisation et de destruction. En attendant, les services médicaux doivent sensibiliser et former un personnel adéquat devant trier et collecter les déchets. l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 41 Sport Brésil 2014 Quelles chances pour les Lions ? Baleba Baleba Brésil, Croatie et Mexique, tels sont les adversaires désignés par le tirage au sort le Vendredi 06 Décembre 2013 au Brésil. Les Lions Indomptables auront donc comme adversaires des pays de haut niveau. C’ est un fait. Les Camerounais sont les petits poucets de ce groupe car contrairement aux autres, ils n’ont franchi le premier tour d’une coupe du monde qu’à une seule reprise (1990, quart de finalistes). Depuis, le Cameroun a surtout fait parler de lui dans la rubrique des faits divers. Presqu’à chaque phase finale de coupe du monde, on a déploré des scandales liés à l’épineuse question des primes. En 2002, les joueurs avaient menacé de ne pas disputer le tournoi pour une histoire de primes impayées. S’en était suivie une grève d’une semaine qui avait fait les choux gras des médias occidentaux. En 1994 et en 2010, ce ne fut pas très glorieux non plus avec l’immixtion permanente des ministres dans le travail des sélectionneurs et par leur propension à déconcentrer les joueurs en multipliant des « réunions de crise ». En 2010 par exemple, le ministre Zoah avait eu recours… au tirage au sort pour désigner le 11 entrant, écartant de fait le sélectionneur (Paul Le Guen) qui en avait la charge. Le Cameroun doit se craindre lui-même à cause de sa capacité à se savonner la planche Plus que ses adversaires, le Cameroun doit se craindre lui-même à cause de sa capacité à se savonner la planche. Si ces errements sont évacués, un Cameroun aux valeurs retrouvées est capable de tout, même de battre le Brésil comme ce fut le cas en 2000 aux J.O. et en 2003 lors de la coupe des Confédérations. Mais l’erreur serait justement de faire du Brésil l’objectif principal de ce premier tour. Cela n’aurait aucun sens parce qu’il existe actuellement un océan entre les deux sélections. Et puis l’Histoire 42 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Les Lions indomptables jubilent après leur qualification • © G. Tchapy ne plaide pas en faveur des Lions qui ont perdu 3 fois contre les Auriverde contre une seule victoire. Si le Cameroun veut espérer continuer sa route, il faudra tout miser sur les deux autres pays que sont la Croatie et le Mexique. Même si c’est loin d’être gagné, cela reste jouable. Ces deux adversaires sont d’autant plus importants que le Cameroun les affrontera lors des deux premiers matchs, le Mexique en premier, la Croatie ensuite. Il faudra donc commencer par s’imposer devant les Mexicains dont les stars sont Javier Hernandez et Giovanni Dos Santos. Cela doit être l’objectif de Samuel Eto’o et ses coéquipiers. Pas question de faux fuyants et de fausse modestie. Si les Lions veulent avoir un espoir, ils devront battre leur premier adversaire. Après, qui sait, une victoire peut lancer une vraie dynamique et leur donner des ailes pour s’imposer ensuite devant la Croatie de Mario Mandzukic (Bayern Munich) et Luka Modric (Real Madrid). Deux grands joueurs qui auront à cœur de reproduire la performance de leurs aînés en 1998 (demifinalistes). Si le plein de points est fait face à ces deux nations, le 3è match face au Brésil ne comptera que pour la première place et il aura surtout des allures de match de gala. L’occasion pour les Camerounais de jouer sans pression et de se faire plaisir face à Neymar, Oscar, Thiago Silva ou Dani Alves. Mais pour qu’on en arrive à un tel cas de figure, il faudra bien préparer cette affaire. A commencer par retrouver un peu d’humilité, tout en affichant clairement ses ambitions. C’est l’humilité qui permettra aux Lions de retrouver leurs valeurs cardinales. Cela doit commencer par les dirigeants (ministère des sports et Fecafoot). C’est à eux que revient la tâche de mettre en place un programme de préparation et de le respecter. « Il faudra Les Lions Indomptables ont largement de quoi rivaliser avec la Croatie et le Mexique bien préparer cette coupe du monde et trouver de bons adversaires aux Lions pour les rencontres amicales ». Le souhait de Roger Milla est celui des millions de Camerounais qui déplorent depuis des années le fait que les Lions disputent très peu de matchs amicaux. Puisque le Cameroun affrontera des pays sud-américains et européen, il serait bien de trouver des adversaires issus de ces régions. Il va ensuite falloir effectuer un recensement et essayer de récupérer quelques binationaux de talent comme Georges-Paul Ntep et Bahebeck. Ratisser large pour retrouver des joueurs capables d’aider l’équipe. Enfin, il faut que le sélectionneur soit un homme courageux. Qu’il transmette la confiance à ses joueurs. S’il recommence à tâtonner et à se faire dessus comme à ses débuts, c’est perdu d’avance. Après le tirage au sort, Volker Finke a déclaré que hormis le Brésil qui était au-dessus du lot, les trois autres formations étaient du même niveau et que le Cameroun avait ses chances de passer. Il n’a pas tort. Encore faut-il qu’il croit lui-même à son discours en transmettant à ses joueurs la confiance nécessaire dans une compétition aussi relevée. Si l’on prend en compte le talent individuel des Croates et des Mexicains, les Camerounais n’ont rien à leur envier. Avec des joueurs comme Nkoulou, Kana-Biyick, Song, Assou-Ekotto, Makoun, Matip, Mbia, Chedjou et Eto’o qui évoluent au plus haut niveau en Europe, les Lions Indomptables ont largement de quoi rivaliser. l Sport Sport national Le Cameroun doit rebondir en 2014 L e constat se fait de lui-même. L’année qui vient de s’achever n’a pas été un grand cru pour le mouvement sportif camerounais. Au pays comme à l’international, le sport n’a pas particulièrement brillé. Hormis le valeureux parcours de Coton Sport de Garoua en Ligue des champions (demi-finaliste) et la qualification des Lions Indomptables à la coupe du monde, rien de bien consistant à se mettre sous les crocs. Un comble pour des athlètes ayant pour emblème le Lion. En basketball, les équipes nationales masculine et féminine n’ont pu aller au bout de l’Afrobasket. Idem pour les volleyeurs et volleyeuses qui ont participé aux championnats d’Afrique des Nations au Kenya (pour les filles) et au Congo Brazzaville (pour les garçons). En athlétisme, si les Camerounais se sont distingués lors des championnats d’Afrique centrale, ils n’ont guère brillé aux Jeux de la Francophonie de Nice (seulement 5 médailles). Des disciplines comme la boxe, l’haltérophilie, le cyclisme, le rugby ont surtout fait parler d’elles dans la rubrique faits divers, plutôt que pour les exploits des athlètes dans les arènes. La fédération camerounaise de rugby est actuellement sous le coup d’une suspension de la Confédération Africaine parce que les Lions n’ont pas disputé la Can au Botswana. Il en est de même pour la fédération de boxe qui avait été suspendue par l’Association Internationale de Boxe Amateur pour « non respect des textes ». Le 26 novembre 2013, les haltérophiles sont allés faire le siège du ministère des sports pour réclamer leurs primes de participation aux championnats d’Afrique au Maroc, d’où ils ont pourtant ramené 25 médailles. En football, après de multiples batailles pour le contrôle de la fédération, la Fifa a dû se résoudre à suspendre la Fecafoot et à installer un Comité de Normalisation chargé entre autres de préparer les élections prévues en mars 2014. Dans les défis qui attendent le sport camerounais en cette nouvelle année, le football est en première ligne. Le Comité de Normalisation conduit par le Pr Joseph Owona est attendu au tournant. De sa capacité à s’acquitter convenablement de sa tâche, dépend l’avenir du sport roi. S’il mène à bien sa mission et respecte les délais, alors ce sera B.B. Entre les footballeurs qui disputeront la coupe du monde au Brésil, les volleyeuses qui vont essayer de décrocher leur billet pour les championnats du monde en Italie, en passant par les handballeurs engagés en championnats d’Afrique, le sport camerounais sera sur plusieurs fronts en 2014. Avec pour objectif, faire mieux qu’en 2013. un grand pas de franchi. Or, on prête déjà au professeur l’intention de vouloir rester en place jusqu’au mondial. Si tel est le cas, on risquerait de repartir pour de nouveaux drames, car certains ont déjà fait savoir qu’il n’en n’était pas question. des disciplines comme la boxe, l’haltérophilie, le cyclisme, le rugby ont surtout fait parler d’elles dans la rubrique faits divers, plutôt que pour les exploits des athlètes dans les arènes cale Amissa Bongo (Tour du Gabon) qui fera escale au Cameroun le 13 janvier, la Fecacyclisme aura à organiser le Tour du Cameroun en mars 2014, après une année d’hibernation. Pourtant, le gros problème du Cameroun reste les infrastructures. Comme au début de chaque année, les Camerounais se croiseront les doigts dans l’espoir que le gouvernement se décide enfin à mettre en branle le Programme National de Développement des Infrastructures Sportives (Pndis). Lancé il y a cinq ans, il n’a accouché pour l’instant que du Palais des Sports de Yaoundé et du Stade Omnisports de Limbé qui sera peut-être livré cette année. C’est peu pour un pays aux grandes ambitions. l Quoiqu’il en soit, ceux qui auront la charge de mener les Lions à la coupe du monde devront faire en sorte que la préparation et la compétition se déroulent correctement. Le championnat qui va passer de 14 à 18 clubs constituera également un vrai défi pour la Ligue de football qui l’a décidé. Quant aux clubs qualifiés en coupes africaines interclubs, il faudra essayer de renouer avec un succès qui fuit le Cameroun… depuis 32 ans. Mais, c’est l’athlétisme qui ouvrira cette saison sportive avec l’Ascension du Mont Cameroun (22 février). Même si cette épreuve n’a jamais révélé d’athlètes de dimension internationale, cette course reste quand même importante pour la fédération. Françoise Mbango, Léonie Mani, Carole Kaboud-Mebam ou Joseph BatangDong ayant fait leur temps, il faut essayer de dénicher de nouveaux talents. Sur le plan international, les handballeurs et les volleyeurs seront les premiers à sortir. Les premiers (filles et garçons) vont participer à la 21è Coupe d’Afrique des Nations en Algérie (16-25 janvier). Les volleyeuses seront également en Algérie pour disputer le tournoi qualificatif aux championnats du monde. Après le passage de la Tropi- 2014 est une année charnière pour le Volley-ball • © DR L’ère du temps • JANVIER 2014 n 43 International The letter that sparked uproar ‘Nigeria is bleeding’ Obasanjo to Jonathan “President Jonathan is running a people’s government. He does not need any snipers. His legitimacy comes from the people. Those who are alleging the existence of snipers should step forward and provide the evidence or shut up forever and go down in history as spineless cowards, driven by sheer greed and indecency,” Presidential spokesman Reuben Abati said in a statement. He also described the call by APC for President Jonathan’s impeachment as reckless and irresponsible. Obasanjo ‘megalomaniac’ Interestingly enough, one of those who think that Obasanjo is not qualified to provide counsel on national issues is the former president’s daughter, Senator Iyabo Obasanjo. In what was turning out to be a season of open letters, Iyabo, ruled out further communication with her father till death, describing him as a liar, manipulator, two-faced hypocrite determined to foist on President Goodluck Jonathan what no one would contemplate with him as president. Goodluck Jonathan © DR Valentine Mulango D ecember 2013 is a month Nigerians will never forget as the country was caught in a trend of historic open letters that reverberated nationwide. Opening the trend was an apparently angry and frustrated ex-President Olusegun Obasanjo who wrote what clearly competed as one of the most acerbic letters in modern history to President Goodluck Jonathan, accusing him of ineptitude and of taking actions calculated at destroying Nigeria. Obasanjo’s daughter, Iyabo, will follow suit lashing out at her father calling him a power-hungry megalomaniac. Obasanjo’s 18-page letter which dated December 2, was first published on the internet on December 10, by Premium Times and was quickly relayed by national and international press. It minutes, Nigeria was plunged into an uproar for weeks. “Nigeria is bleeding and the hemorrhage must be stopped,” Obasanjo said in the letter. Jonathan has failed to deliver on his promises to the Nigerian people, stem corruption, promote national unity and strengthen national security, he added. In the letter titled “Before it is too late,” Obasanjo said rather than take steps to advance Nigeria’s interest and up the standards of living of Nigerians, Mr. Jonathan has betrayed God and the Nigerian people that brought him to power, and has been pursuing selfish personal and political interests based on advice he receives from “self-centered aides.” 44 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Olusegun Obasanjo • © DR The former President said Mr. Jonathan told him before the 2011 election he would not seek a second term, and made the same promise to governors, party stakeholders and Nigerians. He then went further to caution the incumbent that it will be «fatally morally flawed» to contest in 2015 presidential elections. Most strikingly, Obasanjo told Jonathan that: “Allegation of keeping over 1,000 people on political watch list rather than criminal or security watch list and training snipers and other armed personnel secretly and clandestinely acquiring weapons to match for political purposes like Abacha and training them where Abacha trained his own killers, if it is true, it cannot augur well for the initiator, the government and the people of Nigeria.” ‘Shut up forever’ Obasanjo’s controversial and historic letter reverberated across Nigeria resurrecting reactions from some of the country’s top personalities. While a group under the auspices of Muslim Rights Concern, MURIC called on President Goodluck Jonathan to reply to the letter and stop ‘ranting,’ the opposition All Progressives Congress (APC) called for his impeachment. The presidency will reply few days after the publication of the letter, challenging his predecessor, Chief Olusegun Obasanjo to provide evidence of his recent claims that the government is training a group of snipers to take out political opponents ahead of the 2015 general elections. In an 11-page letter dated December 16, 2013, exclusively obtained by Nigeria’s Vanguard newspaper, Iyabo accused her father of orchestrating a third term for himself as president, cruelty to family members, abandonment of children and grandchildren, and also, a legendary reputation of maltreatment of women. Senator Iyabo, first child of the former president currently residing in the USA told the father: “For you to accuse someone else of what you so obviously practiced yourself tells of your narcissistic megalomaniac personality. Everyone around for even a few minutes knows that the only thing you respond to is praise and worship of you.” She said like most Nigerians, she believes there are very enormous issues currently plaguing the country but that she was surely surprised that the father will be the one to publish such a ‘treatise’. The fallout between Mr. Obasanjo and his daughter is the latest in a long-running feud between the former president and several members of his immediate family. Nigeria is one of those countries in Africa where open letters are often addressed to a seating president but Obasanjo’s controversial open letter to Goodluck Jonathan distinguished itself and has been tagged ‘historic’ by the Nigerian press. Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan, 65, is the 14th Head of State and current President of Nigeria. Prior to his role as President, he served as Deputy Governor of Bayelsa State, Governor of Bayelsa State and Vice-President of the Federal Republic of Nigeria. Meanwhile Olusẹgun Mathew Okikiọla Arẹmu Ọbasanjọ, 75, is former president who Nigeria who served two mandates (1999–2007). l International Afrique-France Roland Ntsa Malgré le balai des indépendances des pays africains dans les années 60, le continent noir n’a jamais pu prendre en main la conduite de ses affaires en toute autonomie. «La France à fric» plane son ombre au-dessus du continent tel un nuage d’ouragan. répandra sur les colonies. Comme un goulot d’étranglement, l’étau de la servitude va étreindre pendant trois siècles les populations africaines qui finiront par prendre ces « blancs » pour des dieux. Pillage, travaux forcés, bastonnades publiques, imposition d’un impôt contraignant, etc., telles sont les exactions que devaient subir interminablement les fils du continent. A ces humiliations, s’ajoute le pillage sans scrupule de la riche nature de mère Kmt. L’on a cru avec les indépendances que l’Afrique en avait fini. Que non ! L’étau a changé de forme, rien de plus. Pis encore, autrefois il était tout simplement question de rapatrier en en 1942. Plus grave encore, le quotidien français Libération du O9 décembre 2013 parlant du Président François Hollande, prétendait que : « le chef de l’Etat se trouve dans la posture inconfortable du gendarme forcé de l’Afrique, formulant inlassablement le vœu pieux d’un continent censé parvenir un jour à assurer lui-même sa sécurité. La solution passe obligatoirement par un engagement plus grand de la communauté internationale, de l’ONU à l’Union européenne, et par le déploiement d’une force africaine capable. Sans cela, Paris risque de traîner encore longtemps le boulet de son héritage postcolonial ». France les produits naturels d’Afrique ; mais à ce jour, la France a choisi d’installer ses entreprises sur le continent, et elle n’hésite pas à recourir aux interventions militaires pour mieux protéger ses intérêts. Jusqu’à quand l’Afrique continuera-t-elle à se considérer puérile ? Après plus de 50 ans d’indépendance, le continent doit-il encore attendre du secours de son ancienne puissance colonisatrice pour maintenir la paix sur ses territoires ? A-t-on forcément besoin de tenir un sommet onéreux à l’Elysée pour discuter des questions de sécurité sur le sol africain ? Ou encore, en lieu et place d’une «CPI raciste », le continent ne gagnerait-il pas à mettre en valeur ses atouts culturels de négociation, de réconciliation et de dialogue pour maintenir la paix entre ses fils ? L’ intrusion séculaire de la France dans le continent africain a été tellement marquante et imposante que ses traces restent visibles et indélébiles à tout point de vue. Et l’Afrique, s’accrochant à la République des Gaulois, s’y trouve presque liée par un solide cordon ombilical. D’abord la traite négrière. Durant quatre siècles, la main esclavagiste de la France et de ses « compères » a fouillé et refouillé les quatre coins de mère Kmt (désignation du continent en égyptien ancien), à la recherche des « perles noires » qu’elle déportait ensuite vers le pays de l’Oncle Sam. Même si les débats perdurent sur le chiffre exact des Africains arrachés de force à leur terre natale, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils furent des millions à être embarqués comme de vilaines sardines vers cette terre inconnue qu’était l’Amérique. Jusqu’à ce jour, la traite négrière n’a jamais été reconnue par la France comme étant un crime contre l’humanité, encore moins comme un génocide. Le discours de Sarkozy prononcé à l’université Cheik Anta Diop de Dakar le 27 juillet 2007 en est une parfaite illustration. Ensuite la colonisation. La traite négrière a été un véritable catalyseur de l’industrialisation des anciens négriers et donc, de la France. Le boom économique provoqué par les retombées des champs de café et de cacao en Amérique, aura mis la France dans une orbite de prospérité. Seulement, le marché européen étant devenu exigu et les matières premières rares pour alimenter son industrie, la France s’en retournera vers le continent noir qui représente des débouchées à son expansion économique. Il ne sera pas question cette fois de piller l’Afrique de ses fils, mais de ses richesses du sol et du sous-sol. Comme la pieuvre aux mille tentacules dont parle Joseph Ngoué dans son ouvrage intitulé La croix du Sud, le spectre de la domination française se Pater noster De même le Très Haut Père dispose souverainement de ses créatures, pareil la France gère son héritage, mieux son pré-carré en Afrique. Du Niger en RCA en passant par le Tchad et le Mali, c’est Père France qui met de l’ordre, soutenant qui il veut et destituant qui bon lui semble. Or, l’on se souviendra toujours de son dédain de l’envahissement, comme cela fut le cas en 1872 (Problème de l’Alsace et de la Lorraine) ou encore en 1939 avec la Blitz Krieg de Hitler, qui a poussé De Gaulle à la révolte et à l’exil en Algérie Au demeurant, l’on ne le dira jamais assez, à l’aune de la mondialisation et de l’émergence de certains Etats du Continent : « Afrique lève-toi et marche ! Le monde te regarde, berceau de l’humanité ». l L’ère du temps • JANVIER 2014 n 45 International RCA Un Etat purgatoire E tat enclavé situé en Afrique centrale, la RCA a acquis son indépendance le 13 août 1960. Son statut d’Etat à risque est tributaire, non seulement de son histoire politique, mais aussi du caractère « conflictogène » des Etats qui lui sont frontaliers. Depuis son accession à la souveraineté internationale, l’histoire de la vie politique de la RCA est une histoire des coups d’Etat à répétition. De fait, en 1965, Jean-Bedel Bokassa prend le pouvoir après un putsch contre son cousin David Dacko à la tête du pays depuis 1959. Bokassa s’auto proclame empereur en 1977 avec pour nom Bokassa Ier. Son règne est marqué par d’indicibles actes de barbarie à l’endroit du peuple et de ses rivaux politiques. En septembre 1979, « l’opération Barracuda», organisée par la France, le renverse et remet au pouvoir son prédécesseur. Il est accusé de s’être trop rapproché de Kadhafi dont les ambitions au Tchad sont contraires aux intérêts français. C’est le début d’un chapelet de coups d’Etat qui voient se succéder à la magistrature suprême des généraux avides de pouvoir. C’est dire que la notion de supériorité du pouvoir civil sur le militaire a perdu tout son sens dans l’ex Oubangui. C’est ainsi qu’en septembre 1981, avec le général André Kolingba , le 15 mars 2003 avec François Bozizé et le 23 mars 2013 avec la coalition rebelle Séléka dirigée avec à sa tête, Michel Djotodia. La RCA s’est alors transformée en un véritable gâteau entre les mains des militaires aux appétits politiques trop aigus. Roland Ntsa Véritable poudrière en Afrique centrale, la RCA depuis son indépendance n’a vogué que de crises en crises. Nous sommes là dans un Etat où la paix est une exception et la guerre la règle d’or. ces frontières qui sont aussi poreuses que le désert, facilitant de ce fait, l’armement des milices. En RCA, la notion de l’Etat présenté comme le monopole absolu du pouvoir par Thomas Hobbes n’a aucune signification. Certains experts de la géopolitique tel Eric Mathias Owona Nguini n’hésiteront même pas à dire qu’il n’y a que très rarement eu un Etat au sens propre du terme en Centrafrique. La RCA est dont un véritable enfer pour ses populations de même qu’il représente un véritable danger pour l’îlot de paix qu’est le Cameroun. Gare au feu La guerre n’a que très rarement respecté la notion de frontière. Les escalades des troupes de l’ex Séléka au-delà des frontières camerounaises, sont un véritable problème de sécurité pour les populations du Cameroun. Les différentes instruisions de ces milices en terre camerounaise constituent Dans l’axe des braises Si l’histoire politique interne du pays a depuis toujours porté un coup à une vie paisible pour le peuple centrafricain, celle des Etats riverains non plus, n’a pas été un facteur de paix pour le pays. En clair, d’une superficie totale de 623 000 km², la RCA est abordée par le Cameroun à l’Ouest (797 km de frontières), le Tchad au Nord (1.197 km), le Soudan (1.165 km) à l’Est et par les deux Congo au Sud (1.577 km pour la République démocratique du Congo et 467 km pour la République du Congo). Ainsi, excepté Cameroun, les autres Etats voisins de la RCA sont de véritables foyers de tension dont les effets néfastes ne tardent pas à s’étendre jusque dans le territoire de l’Ex-Oubangui. La théorie de ruissèlement et de débordement développée par l’Autrichien Ernst Haas prend ici tout son sens. Les armes de petit comme de moyen calibre circulent librement entre 46 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Des soldats français dans les rues de Bangui • © DR non seulement une violation de l’intégrité territoriale de l’Etat, mais aussi et surtout, sont à l’origine d’une psychose permanente des populations qui ont vu tomber leurs frères sous les balles des assaillants. Cet état de chose est une épine dans la gestion politique sereine du Président Paul Biya. Faut-il réprimer avec la dernière énergie le nouveau régime de Bangui par une action des armes ou par la une interdiction d’accès au port de Douala, ou alors doit-il ménager ce peuple frère ? Illuminé par sa haute notion de la paix, le Président du Cameroun a choisi son option. Elle se lit à travers le pont aérien organisé en cette mi décembre, dans l’optique de ramener au terroir les Camerounais qui étaient coincés dans les braises centrafricaines et surtout par la présence des militaires camerounais aux côtés d’autres armées pour le rétablissement de la paix en RCA. Par ailleurs, l’acquisition d’une logistique de dissuasion flambant neuve de la part du Cameroun contribuera à rappeler à ses voisins de la sous région Afrique centrale cette sagesse bantu : « ce n’est pas par ce qu’un lion refuse de jouer qu’il doit être taxé de moribond ». Au demeurant, ce ne sont pas les différentes interventions de la France omniprésente, ni la mobilisation de la communauté internationale toute entière qui ramènent la paix dans un Etat. L’enjeu majeur est celui de la considération sans équivoque de l’appartenance du pouvoir au civil, le militaire n’ayant pour seule mission que la défense extérieure d’un Etat politiquement solide. L’inverse ne restera qu’un danger. La RCA, l’un des pays les plus pauvres de la planète, devrait plutôt chercher les voies et moyens pour donner le sens à l’humanité de son peuple. l Pub. Sopecam La dot Un casse-tête pour le mariage des jeunes I l n’est pas rare de trouver deux « conjoints » qui en sont à leur dixième année d’union. Seulement, il s’agit d’une union totalement illégale. La conjointe, partie de chez ses parents à l’anglaise, a juré fidélité à son conjoint, au nom du seul amour. Et au nom de cet amour, elle supporte autant que faire ce peut, la pression des siens qui exigent déjà que le « beau-fils » vienne les « voir ». Il ne s’agit pas d’une visite de courtoisie, loin s’en faut. Il est question en réalité d’une exigence ouverte ou voilée, qui ne cessera qu’avec la décision du « beau-fils » d’aller « demander la liste », et surtout de verser tout ce qu’elle comporte comme exigences. La dot qui représente l’ensemble des biens que le futur époux offre à la famille de sa fiancée pour la célébration du mariage traditionnel, a connu autrefois utilités différentes. Dans certaines sociétés, la dot permettait à une famille de pouvoir marier un fils, en envoyant une de ses sœurs en mariage. C’est la dot qui était perçue de la fille qui permettait de prendre la main d’une épouse ailleurs, pour le fils. Par ailleurs, la dot représentait une certaine compensation du vide laissée par le départ d’une fille, comme l’indique si bien le sociologue Valentin Ngah Ndongo : « Pour l’Africain, le départ d’une fille en mariage 48 n L’ère du temps • JANVIER 2014 Roland Ntsa A la question de savoir, pourquoi les jeunes contractent de moins en moins les mariages officiellement, le doigt accusateur est pointé sur le coût de la dot qu’ils jugent trop élevé. La conséquence est qu’une autre forme de mariage totalement illégale s’est installée dans les habitudes. mutilait la famille et il fallait compenser ce vide par un objet destiné à être conservé ». Il ajoute que le second défi que devait relever la dot était celui de la diplomatie entre certains clans ou certaines tribus en conflits, les deux familles ou tribus ou clans unissant leurs enfants étaient désormais considérés comme des frères et ne pouvaient plus se faire la guerre. D’autre part, comme le note Mme Damaris Mounlom, directrice de l’ONG Femmes santé et développement (FESADE), le mariage traditionnel étalait le sentiment de haute estime que la famille du fiancé portait à l’endroit de celle de sa future épouse. « Le mariage traditionnel est quelque chose de sain qui vient renforcer la fragilité du couple », estime-t-elle. Dans la religion musulmane, il n’y a pas de mariage véritable sans dot. Son non-respect entraîne à coup sûr, des conséquences négatives, la dot étant une institution divine. Il faut donc se conformer à cette exigence suprême qu’est la dot. Malheureusement à ce jour, la dot est perçue par beaucoup comme un goulot d’étranglement des jeunes garçons, du fait de son « coup élevé » dans certaines régions du Cameroun. Ce qui explique la multiplication des couples «viens on reste » dans de nombreuses régions. Parce que la dot a perdu son sens de geste symbolique à l’endroit de la famille de la fiancée, de nombreuses dérives se sont installées. Le Pr. Ngah Ndongo estime que « l’arrivée de la monnaie comme valeur qui a dénaturé la dot ». À cela, on peut ajouter la paupérisation des familles, qui ont vite vu en leurs filles, le moyen d’acquérir des biens. Un autre aspect de la chose reste le mariage homosexuel qui se promeut de toute part, la question ici c’est de savoir qui dotera qui ? Au demeurant, faut-il donc annuler la dot pour enfin permettre aux jeunes de se marier librement ? Nous avons recueilli quelque avis de l’homme de la rue. l Mme Ekani, institutrice « La grandeur de l’homme » © Asdeca La dot reste valable dans notre société. Même dans l’Antiquité, toutes les femmes étaient dotées. Ce sont des commodités spéciales qui donnent un sens à une union sérieuse, bien qu’elles soient un peu exorbitantes dans certaines régions du Cameroun. Il faut faire avec. Grâce à la dot, on donne une valeur à la femme que l’on entend épouser. Elle participe aussi de la grandeur de l’homme. Je ne parle pas de la grandeur dans le sens du matériel. Achille, maçon « Une valeur symbolique » © Asdeca Si moi je suis bloqué aujourd’hui dans le domaine du mariage, c’est à cause de la dot. Le mariage est un vrai problème par rapport à la dot. Lorsque j’évalue le coût de la liste qui m’a été remise, elle peut me prendre beaucoup d’années d’épargne et de réflexion. Il faut que la dot reste symbolique. Après quoi, ceux des prétendants qui ont beaucoup de moyens et qui veulent le faire savoir, pourront en faire des festins. Alex, commerçant rwandais « Une vache tout simplement » © Asdeca Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent qu’on doit supprimer la dot. Elle est un signe de joie. Lorsqu’on donne toute une personne en mariage, on se sépare presque d’elle. Il faut que la future belle-famille montre qu’elle a la joie d’accueillir un nouveau membre au sein d’elle. Chez moi au Rwanda, on donne normalement une vache tout simplement. Même si on remet de l’argent en espèces, il faut que ce soit juste l’équivalent d’une vache. Malheureusement, il y en a qui vont au-delà. Michel, étudiant « Elle est exorbitante » © Asdeca C’est la vie chère qui amène les gens à penser qu’on doit supprimer la dot. Elle relève pourtant de notre tradition africaine. Il est vrai qu’elle est exorbitante dans de nombreuses cultures. Il faut que la dot reste rationnelle, qu’elle donne le goût de s’aventurer au mariage. Liliane, élève « Un sens à la culture africaine » © Asdeca Je pense que la dot relève de la tradition laissée par nos ancêtres. On pense aujourd’hui qu’elle est devenue trop chère. J’entends souvent dire qu’il y a certaines régions où elle est extrêmement chère. Alors, moi je dis que c’est même ça qui fait l’identité des filles de ces différentes régions. Chez les Béti par exemple, la dot peut sembler chère, mais il suffit d’aller parler avec la famille de ta fiancée pour obtenir des concessions et je pense que c’est beau ainsi. Personne ne peut envoyer voler qui que ce soit. Lorsque moi j’assiste à une cérémonie de dot, c’est la culture africaine qui prend tout son sens. Les différents rites et les différentes phases, c’est ça l’Afrique en cette période de la mondialisation. Ngando M. Agnès, étudiante (Ecole normale supérieure de Yaoundé) © Asdeca “Parents to reduce the price” The problem about bride price is just the fact that parents are now exaggerating the quota. That is why Young men and girls now have difficulties to get married. When a girl asks her fiancé or the boy friend to come and see her parents, this one is afraid. He knows that he is going to be asked something like five or ten millions for the bride price, whereas he is unable to pay such an exorbitant cost. The begging he has to do is to ask the parent to reduce the price, so that it becomes just a traditional demand, not an interest one. We all know that there are particular regions who ask more like the center region, the littoral, and others region where the bride price is low. I think, it has to be a symbol not an interest. We are supposed to keep in touch with our traditions. That’s what makes Africa to be a particular continent. Mme Ndongo Germaine, professeur de Lycées « Maintenir la dot » L’ère du temps • JANVIER 2014 © Asdeca Moi je dis que la dot doit être maintenue, mais qu’elle garde son caractère symbolique comme à l’époque. Il y en a qui mettent un accent sur le matériel en demandant beaucoup d’argent aux jeunes. Or, c’est désolant de voir tous ces gens qui ne parviennent pas à contracter des mariages du fait de la dot. Il faut qu’on revienne à la vision symbolique de la dot. C’est elle le vrai mariage, même l’union civile à la mairie ne peut équivaloir le charme et la beauté que revêt le mariage coutumier. Par ailleurs on n’a pas besoin d’institutionnaliser la dot, elle est née ainsi et il faut qu’elle le demeure. n 49 Découverte Roland Ntsa S itué sur l’une des collines de Yaoundé, le Monastère Notre Dame des Bénédictins du Mont Febe est un Prieuré fondé en 1964 par l’Abbaye Bénédictine d’Engelberg en Suisse. Mais c’est depuis 1932 que les Bénédictins d’Engelberg sont installés au Cameroun. Ce qui fait donc 82 ans de présence Bénédictine dans notre pays et 50 ans d’expérience monastique sur la colline du Mont-Febe. Aidé par Monsieur André FOUDA, alors maire de Yaoundé, les Pères Bénédictins obtiennent l’actuel site du Mont Febe et s’y installent le 1er dimanche de l’Avent 1964 pour commencer l’expérience de la vie monastique selon la Règle de Saint Benoît (« Les frères se 50 n L’ère du temps • JANVIER 2014 serviront les uns les autres. »). Les moines y mènent donc une vie équilibrée entre la prière de louange (Office Divin ou Opus Dei), le travail, la vie Communautaire, la prière personnelle et l’étude. Au delà de la formation monastique qu’offre le Monastère des Bénédictins du Mont-Febe, on y retrouve aussi un Centre de Formation Technique Menuiserie (CFTM), un musée qui témoigne du caractère utilitaire de l’Art Africain en général et Camerounais en particulier, ainsi qu’un cadre hôtelier agréable pour le recueillement, le repos après le travail intense, la convalescence, le séminaireatelier et le travail paisible (structures d’hébergement, salle de conférence …). l Découverte Y A O U N D E L’ère du temps • JANVIER 2014 n 51 52 n L’ère du temps • JANVIER 2014