Au cœur DES

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Au cœur DES
www.asdecamediagroup.com
L’ère du
temps
Mensuel
Une publication de
l’ASDECA
1.500 Fcfa
Janvier 2014
Magazine bilingue d’informations générales
Travaux publics
Au cœur DES
Grandes
Realisations
Pages 11-22
RDPC
Un Conseil
de Discipline
sous haute
tension
Pp. 6-7
MESSAGE A
LA NATION
P. 23
SAM MBENDE
The letter that
sparked uproar
L’éclairage
d’un expert ‘Nigeria is
Paul Biya
s’indigne …
Pp. 24-25
bleeding’
Obasanjo to
Jonathan P. 44
L’ere du temps suit son temps
Evariste ABESSOLO
C
omme un voilier qui s’est élancé, nous avons levé l’ancre en cette nouvelle année
2014 avec pour cap l’émergence. Voguant dans les eaux des Grandes Réalisations et
de la maturité démocratique, le Cameroun a fermement quitté le quai. Aussi, L’ERE
DU TEMPS reste témoin de ce temps. Sous le pont de son regard, la République
s’est vêtue en 2013, de nouvelles parures institutionnelles. Enlacée dans une étoffe de démocratie, le pays a connu ses tout premiers sénateurs. Ruisselant dans son lit du multipartisme,
la démocratie a opéré ses pertinentes permutations au Parlement. Fixant le proche horizon,
la Réunification a rassemblé son souffle pour éteindre sa cinquantième flamme.
Au gouvernail, guidé par l’étoile comme les Rois mages, le Capitaine se nomme Paul Biya.
Pétri d’expérience, ce marin en est à sa 32ème croisière. Jamais sans chavirer, il a la parfaite
connaissance des eaux de la prospérité, de la paix et du développement. A bord, il affecte
judicieusement l’équipage aux différentes tâches, avec pour seul souci de conduire le navire
Cameroun à bon port, vers son émergence. Il rappelle à l’ordre les matelots distraits, il jette
par-dessus bord les requins qui se sont infiltrés et qui dévorent les provisions du serein
voyage. Et déjà, les provisions du budget programme 2014 sont suffisantes. Et L’ERE DU
TEMPS est là, chroniqueur de cette aventure. Car, comme le dit cette sagesse africaine « Aussi
longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la
gloire du chasseur ». Semblable à une mouette au-dessus des eaux, véritable guetteur de
la croisière, notre plume trempée dans l’encre, ne cessera de graver dans la pierre de la
mémoire, les prouesses d’un visionnaire.
Aussi lucide que le soleil, la pierre continue de recevoir l’histoire. Un grand combattant de la
cause africaine s’en est allé, Nelson Mandela. Et comme par coïncidence, son départ s’allonge
sur la période de la tenue de l’important sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en
Afrique. Une opportunité pour l’Afrique d’adopter une nouvelle posture sur la scène politique,
économique et socioculturelle internationale pour des partenariats gagnant-gagnant.
Qu’à cela ne tienne, en dépit des vagues négatives, agressives et envahissantes propulsées
par les navires voisins de nos frontières, le navire Cameroun reste inébranlable.
Voilà qu’à l’horizon, l’escale 2015 (OMD) nous tend déjà les bras. Nous sommes heureux d’y
mettre le cap. Mais au préalable, notre joie est d’autant plus grande en ce temps que dans
la forêt de cet îlot 2014, de vrais lions nous y attendent. Plus que jamais vigoureux, nous
les accompagnerons vers l’île amazonienne. Mais avant, puisque les cris ont retenti dans
l’étable, et que le Messie est parmi nous, que son Esprit nous conduise, comme un autre
Moise, par des chemins de paix, à cette allégresse promise.
Happy new year !!!
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
3
L’ère du
temps
JANVIER 2014
Une publication de
Mensuel
l’ASDECA
Magazine d’informations générales
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L’ÈRE DU
TEMPS
Mensuel
Une publication de
l’ASDECA
1.500 Fcfa
Janvier 2014
Magazine bilingue d’informations générales
TRAVAUX PUBLICS
AU CŒUR DES
GRANDES
REALISATIONS
Pages 11-22
RDPC
Un Conseil
de Discipline
sous haute
tension
Pp. 6-7
MESSAGE A
LA NATION
P. 23
SAM MBENDE
THE LETTER THAT
SPARKED UPROAR
L’éclairage
d’un expert ‘Nigeria is
Paul Biya
s’indigne …
Pp. 24-25
bleeding’
Obasanjo to
Jonathan P. 44
Directeur de Publication
Evariste ABESSOLO
Directrice Exécutive
Gertrude ABESSOLO
Conseil éditorial
Simon NTONGA, Valère OLINGA,
BRESIL 2014
Quelles chances pour les Lions ?
42
38-39
SAM MBENDE
La vision d’un expert
Roland NTSA, Gertrude ABESSOLO,
Fabrice BEYENE
Equipe de rédaction
Baleba BALEBA, Stéphane Bella
Roland Ntsa, Simon Ntonga,
Amos Muang Nsah, Flore Ekoulle
Abraham Ndjana, Ester Assena,
Valère OLINGA, Valentine Mulango
Division Marketing et Commerciale
Stéphane SAmpa
Photographie
Pierre EBODE
Caricature
Cédric N. NJOYA
Infographie
Georges BENGA
Impression
Sopecam
Distribution
MESSAPRESSE
Une publication de l’ASDECA située
à l’Hôtel du plateau - Essos
Tél : (+237) 22 23 49 27
édito
OMD
ECONOMIE
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L’ère du temps • JANVIER 2014
28
2014 budget
What May Impede Its Realization
L’INCIVISME
35
30
Une pesanteur à l’émergence
SOCIETE
31
Traditional rulers
engulfed by politics
CAMEROUN
32-34
L’alcoolisme, plus qu’une religion
Entre tradition et business
Site web :
26-27
Aux origines de
l’hymne national du
cameroun
Le Cameroun à la traine
Fax : (+237) 22 23 49 27
[email protected]
3
L’ere du temps suit son temps
NGONDO
Email :
n
ETERNEL MANU DIBANGO
22 80 02 87 - 22 80 02 35
B.P. : 15691 Yaoundé - Cameroun
4
24-25
The letter that sparked
uproar
36-37
44
RCA
Un Etat purgatoire
‘Nigeria is bleeding’ Obasanjo to
Jonathan
En couverture
Travaux publics
Au cœur des Grandes Réalisations
46
Politique
Sommet de l’Elysée
Paul Biya marque
les esprits
Simon Ntonga
Alors que personne n’avait
prévu le décès de Nelson
Mandela à ce moment exact, les
Chefs d’Etat africains, y compris
Paul Biya, se déportaient du
côté de la France, pour aborder
des questions relatives à la paix
et à la sécurité du continent.
L
e sommet de l’Élysée pour la paix
et la sécurité en Afrique vient
de se terminer. A Paris, les 6 et 7
décembre 2013, 53 délégations
de pays africains et la France ont participé
à ce sommet, ainsi que les représentants
des Nations Unies, de l’Union Africaine, de
l’Union Européenne, du Fonds Monétaire
International, de la Banque Mondiale et de
la Banque Africaine de Développement. Les
travaux de cette rencontre de plus, pourraiton dire, ont porté sur la paix et la sécurité
en Afrique, le partenariat économique et
le développement, le changement climatique. Des sujets qui font l’actualité et dont
personne ne nierait l’intérêt, tant pour
l’Afrique que pour le partenaire européen.
D’ailleurs, pour le premier des Camerounais, le marché de dupes date de la belle
époque : « Le thème de nos débats est ‘‘ Paix,
Sécurité et Développement en Afrique’’. Il est
important parce que, à lui seul, il est tout
un programme. Un programme qui nous
interpelle tous... Un programme qui nous
convie à une action solidaire et concertée.
A agir, dans l’intérêt mutuel de l’Afrique et
de l’Europe, dans le cadre d’un partenariat
gagnant-gagnant…», déclare-t-il lors de
son propos de la seconde séance de travail
à huis clos. Il n’est donc plus question pour
les uns et les autres de penser à l’ancienne
France-Afrique avec Paul Biya.
Une montée en puissance
Le président de la République du Cameroun
était en quelque sorte, la grande vedette
de ce sommet. Le point central des assises
étant la sécurité, l’Afrique centrale qui représente le poumon économique du continent
et une base de ravitaillement pour l’Europe,
intéresse à cause de la crise en République
centrafricaine : « Il est une situation qui nous
préoccupe au plus haut point. C’est celle qui
prévaut en Centrafrique, pays voisin et frontalier du Cameroun. Je salue la mobilisation
et la détermination de la communauté internationale à agir à nos côtés», décline ensuite
Paul Biya, pour démontrer sa présence
dans la lecture géopolitique de ses pairs. Il
exprimera par ailleurs, l’intérêt pour toutes
les parties de contribuer à garantir la paix
dans cette partie du continent ainsi que
partout ailleurs.
Concernant les Accords de partenariat
économique (APE), le Chef de l’Etat
camerounais a décidé de percer l’abcès et
d’élever la valeur du continent, aux yeux
des partenaires de l’Europe et du monde :
« L’Afrique est, dit-on, le continent de l’avenir
et nous ajoutons bien volontiers que l’Afrique
est une terre de croissance pour la France,
l’Union Européenne et le monde. », avancera-t-il enfin avant de remercier l’initiative,
comme pour produire un effet de « Game
Over » pour l’ex-France-Afrique, avilissante
et meurtrière pour les peuples d’Afrique.
En marge de ce sommet, le président français, François Hollande, et ses homologues
d’Afrique centrale se réuniront dans l’aprèsmidi du 7 décembre 2013 à Paris, pour
un mini-sommet sur la Centrafrique. Pari
gagné ! l
Le président Paul Biya avec son homologue congolais Denis Sassou Nguesso • © DR
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
5
Politique
RDPC
Un Conseil de Discipline sous
haute tension
Simon Ntonga
Après que plusieurs analystes
et autres politologues aient
projeté la mort du parti que
dirige Paul Biya, suite aux
multiples agitations des cinq
derniers mois, à l’intérieur,
l’on essaie plutôt de sauver
les meubles. Le président
national du Rdpc a instruit
un rappel à l’ordre urgent de
ses troupes.
6
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
L’
avenir du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais
(Rdpc) au lendemain du double
scrutin du 30 septembre 2013
suscitait déjà un débat important et houleux au sein de la République et en dehors.
Des points de vue divergents et mettant
en exergue des regroupements idéels et
idéologiques distincts.
En effet, depuis plusieurs années et en
dépit des succès du parti des flammes
aux échéances électorales, sanctionnées
par le vote du peuple (il contrôle 305
communes sur 360, contre 297 lors du
mandat précédent), l’on s’est couramment
surpris à observer des failles se créer dans
son épaisse carapace de guerre. Inertie de
certains, dictature d’autres à des niveaux,
protectionnisme amplifié par une classe de
conservateurs avérés d’une élite de cadres,
modernistes irrespectueux des canons du
parti, jeunes fougueux et incontrôlables
mettant en danger l’idéologie principielle
des pères fondateurs, etc. Le mal a eu le
temps de bien s’installer, emmenant avec
lui, les bases d’une dynamique nouvelle,
insufflée au système-Rdpc des « Grandes
Réalisations ». De surcroit, la théorie des
systèmes stipulant sans mentir que « tout
système sécrète ses propres toxines », ces
dernières ont surpassé le taux de saturation
au point de créer des dérapages graves, possiblement létaux à toute l’équipe de Jean
Nkuete, Secrétaire Général. Cependant,
presque désabusé par « la grande pagaille »,
le Président national du Rdpc, Paul Biya, a
instruit un rappel à l’ordre urgent de ses
troupes. C’est dans cette logique qu’il a été
mis sur pied la « Commission Musonge »,
Commission de discipline ad hoc du Comité
Central du Rdpc, appelée à remettre de
l’ordre dans l’urgence.
L’intrépide Tsunami de Nkuete
La décision du 5 décembre 2013, créant
une commission de discipline ad hoc au
Comité Central, chargée de connaître des
actes d’indiscipline au cours des élections
du 30 septembre 2013, cache assurément
des éléments manifestes ainsi que des
Politique
le monde venait à fouler au pied l’implémentation, par lui, des directives d’en haut?
Serait-ce une attaque orientée et personnifiée visant sa chute ? En veut-on particulièrement à son siège de Sg ? Dans tous les cas,
Jean Nkuete annonce un véritable Tsunami
dans le Rdpc. Tombera qui pourra. La liste
est sue et les concernés crient au scandale.
A l’œuvre
C’est en effet le mardi 17 décembre 2013,
que ladite commission a entamé les
auditions des « indisciplinés » du parti.
Les cas qui reviennent le plus au-devant
de la scène concernent les communes
d’arrondissement de Nkongsamba 3e,
de Yabassi, de Mboma, de Bonaléa et de
Mombo entre autres. Pourtant, constituée
de membres dont certains sont eux-mêmes
accusés d’avoir favorisé et orchestré des
actes d’indiscipline au sein du Rdpc lors des
dernières consultations électorales, l’on se
demande si la commission Musonge peut
ramener la sérénité voulue par Paul Biya.
Ailleurs, l’on convoque comme cause à cette
anarchie totale, les multiples frustrations,
conséquences des politiques promues par
certains barons du parti, « intouchables »
selon eux. C’est ce qui pourrait d’ailleurs
conduire des militants tel Messanga
Nyamding à recevoir la convocation de la
commission, certainement pour avoir pris
en chasse le Ministre Moukoko Mbonjo et
son camarade Mouelle Kombi. Pour ce qui
parait, la commission n’est qu’un espace
subjectif de représailles, car constituée
de membres dont nombre important
serait aussi responsables de graves actes
d’incivismes partisans à la période en
cause. Que se passe-t-il réellement dans
le Rdpc ? Qui sont les vrais responsables
du grand désordre ? Pour quelles raisons ?
Le parti survivra-t-il à cet assaut ? Nous ne
manquerons pas de pousser nos analyses et
révélations de toutes les informations que
nous recevons des anonymes et des acteurs
connus, dans les prochaines publications. l
Des membres du bureau politique • © G.Tchapy
non-dits. Évidemment, il s’agit pour la
commission Mafany Musonge de traquer
tous « les indisciplinés » à l’origine des
actes posés lors « des opérations des
investitures à la désignation des exécutifs
communaux », comme l’a souligné le 12
décembre 2013, Jean Nkuete en installant
les 17 membres. Contre toutes attentes, les
non-dits, qui sont par contre excellemment
criés dans les couloirs et dans le dos du Sg
, font état de ce que ce dernier serait très
amer contre nombre de ses camarades,
parfois dignitaires du régime de Yaoundé.
Très fidèle à son « Grand Camarade » Paul
Biya, dit-on, Nkuete se serait senti humilié
et blessé dans son esprit et son âme en
constatant que, pendant les opérations
préliminaires aux investitures du Rdpc et à
l’élection des exécutifs communaux dans
les communes dominées par son parti, les
nombreuses lettres circulaires du président
national n’ont pas été respectées par les
différents délégués envoyés sur le terrain.
Voici que dans le Rdpc, chacun en fait à sa
tête. Pourquoi est-il donc Sg du parti si tout
Des militantes en liesse • © G.Tchapy
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
7
Actualités
8
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Actualités
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
9
1200
au lieu de
1500 F
par mois
BULLETIN
D’ABONNEMENT
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Août 2013
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L’ÈRE DU
TEMPS
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2.000 Fcfa
Septembre 2013
Magazine bilingue d’informations générales
LE SOMMET DE
GAGE DE
L’AVENIR
L’ÉMERGENCE
J.P. AKONO
S.M. J.A. BELL
RÉPAND SON AME INTRONISÉ AU
PANTHÉON DE LA
GLOIRE DU SPORT
AFRICAIN
P.p
38-39
CAMEROUN :
Pp. 15-21
Pp. 24-25
FNE
P.p
15-21
EBOLOWA
Pp. 40-41
Le carrefour
de l’essor
DROITS D’AUTEURS
La guerre du
siècle
E. KAH WALLAH
Les offres d’emploi du mois
1
Samuel Eto’o.
Reviendra -t-il ?
P. 37
Mairie de Douala Vème
Françoise Foning
à l’air du temps
André Noël
Essian
Maire de la
commune de
Sangmélima
Bâtisseur
dans l’âme
Pp. 22-23
P. 26
A. Tutu Muna - O. Ngaska
« Trop c’est trop
il faut balayer le
Cameroun »
P.p
48-49
L’ÈRE DU TEMPSLions
• N°001
• AOÛT 2013 
indomptables
1.500 Fcfa
Magazine bilingue d’informations générales
Pages 15-23
LÉGISLATIVES ET COMMUNALES
GROS PLAN SUR
LE CHANTIER DE
MEMVE’ELE
l’ASDECA
SAUVE SA PEAU
Dossier
ECONOMIE
Une publication de
Novembre 2013
LE CAMEROUN
Pages 7-10
Hommage
L’ère du
temps
Mensuel
N°004
EAU POTABLE
LE COMPLEXE INDUSTRIALO PORTUAIRE DE KRIBI
P.p
23-25
1.500 Fcfa
Magazine bilingue d’informations générales
N°002
Golfe de Guinée
Révélations
l’ASDECA
Octobre 2013
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L’ÈRE DU
TEMPS
Mensuel
Une publication de
Mensuel
N°003
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Mensuel
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L’ÈRE DU
TEMPS
Pp. 24-27
LA VERITE
GAZ DOMESTIQUE
P. 42
SUR LES TELECOMS
Pages 21-25
Les ménages
frôlent le pire
eCoutes teLepHoNIQues
Obama Marche
sur l’Europe
P. 37
sIC
PP. 42-43
Les
logements
sociaux
confisqués
AssembLee NAtIoNALe
Comme une
secte pernicieuse
P. 7
Forum
Enseignement superieur
En attendant les
états généraux
PP. 47 -51
L’ère du temps • N°004 • Novembre 2013
FNE : LES OFFRES DU MOIS
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10 n L’ère du temps • JANVIER 2014
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Dossier
ECONOMIE
Dossier réalisé par Abraham Ndjana Modo
© Crédit photos • MINTP et CFHEC
Travaux publics
Au cœur des
Grandes
Réalisations
L’importante enveloppe budgétaire allouée au
ministère des Travaux publics et l’ensemble
des programmes et projets qui la sous-tendent,
placent ce département ministériel au centre de
cette politique devant conduire le Cameroun vers
son émergence à l’horizon 2035.
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
11
Dossier
ECONOMIE
Afin de préserver les
lourds investissements
consentis par l’Etat et les
différents partenaires
au développement, le
ministre des Travaux
publics a décidé de mettre
un point d’honneur sur la
répression des infractions
en matière de protection
du patrimoine routier
national
Passerelle sur l’autoroute Yaoundé-Douala
S
elon le décret n° 2011/408 du 09
décembre 2011, « le ministre des
Travaux publics est responsable de la
supervision et du contrôle technique
de la construction des infrastructures et des
bâtiments publics ainsi que de l’entretien et de
la protection du patrimoine routier national ».
C’est ainsi que les orientations édictées
par le ministre des Travaux publics, Patrice
Amba Salla, pour l’année 2013, s’agissant
de la structuration de notre réseau routier
national, portaient, entre autres, sur la
construction de l’autoroute YaoundéDouala, les travaux d’aménagement des
entrées est et ouest de la ville de Douala,
la construction de la route Kumba-Mamfe,
la construction de la route SangmélimaDjoum-frontière Congo, la réhabilitation
de la route Maroua-Kousseri dans ses
différentes sections y compris la voie de
contournement de Kousseri, les travaux
d’aménagement de la route Numba-Bachuo Akagbe, les travaux d’aménagement
de la route Bachuo Akagbe-Mamfe-Ekok et
les travaux de bitumage de la route Mankipont de la Mape, y compris les ponts sur
la Mvia et la Mape. A ce vaste programme
routier, on peut mentionner la construction
du deuxième pont sur le fleuve Wouri à
Douala, ainsi que la construction du nouvel
immeuble devant abriter les services
centraux du ministère des Travaux publics
à Yaoundé.Sur le plan organique, à la
faveur du décret présidentiel n°2013/334
du 13 septembre 2013, il a été créé au sein
du ministère, une direction générale des
Travaux d’Infrastructures et une direction
générale des Etudes Techniques, dans le
but de mieux répondre aux exigences du
12
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
secteur des infrastructures au Cameroun.
Cette préoccupation majeure a d’ailleurs
été rappelée par le Premier ministre, lors de
la tenue de la 15ème session du Conseil national de la route du 23 décembre dernier.
Au cours de ces assises, l’on a fait part de la
finalisation des études en vue du démarrage
effectif dès 2014, du projet de construction
de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. Il s’agira
aussi, entre autres, de programmer dans
le guichet investissement 2014 du Fonds
routier, le bitumage de certaines voiries
non encore revêtues à travers le pays (Poli,
Tcholliré, Yokadouma, Mudemba, Menji et
Banguem).
Pour l’année 2014, le budget du ministère
des Travaux publics, première dotation en
importance de la loi de Finances, est évalué
à la rondelette enveloppe de 262,592 milliards de FCFA. Comme on peut le constater,
ce budget et l’ensemble des programmes
et projets qui le sous-tendent, placent
le département ministériel que dirige
Patrice Amba Salla avec doigté, au cœur des
Grandes Réalisations devant conduire le
Cameroun vers son émergence à l’horizon
2035. Dans ses articulations, le budget 2014
se décline de la manière suivante : 196,728
milliards de FCFA pour l’investissement ;
65,864 milliards de FCFA pour le fonctionnement. Pour ce qui est des 4 programmes de
la stratégie sectorielle, les dotations sont les
suivantes : 132,594 milliards de FCFA pour
la construction des infrastructures ; 96,811
milliards de FCFA pour la maintenance des
infrastructures ; 7,196 milliards de FCFA
pour la réalisation des études techniques et
25, 989 milliards de FCFA pour le renforcement institutionnel.
Dans le cadre de la loi de Finances 2014
promulguée le 16 décembre 2013 par le
chef de l’Etat, il est mentionné que le budget-Programme du ministère des Travaux
publics aura pour obligation principale, la
construction et la maintenance des infrastructures.
Protection du patrimoine routier
Ainsi, afin de valoriser leur utilisation et
de préserver les lourds investissements
consentis par l’Etat et les différents partenaires au développement, le ministre des
Travaux publics a décidé de mettre un point
d’honneur sur la répression des infractions
en matière de protection du patrimoine
routier national. Il s’agit par ailleurs de
simplifier cette répression par la mise en
application d’une législation efficace et
spécifique en la matière. Pour l’année qui
commence, la question des routes, moteur
du développement et celle des ouvrages
d’art, resteront d’une grande attention
pour les pouvoirs publics.
Dès lors, l’on peut se réjouir de la stratégie
de bitumage des axes intégrateurs qui permettent à la fois de désenclaver les bassins
de production et les frontières avec les pays
voisins. Mais l’on reste tout de même préoccupé par la situation du Parc du matériel de
génie civil (Matgenie) qui manque de matériel, de la dégradation des principaux axes,
du mauvais fonctionnement des barrières
de pluie et de la corruption endémique
aux postes de péage et de pesage sur le
territoire national. Aux grands maux, le
traitant Amba Salla a déjà une idée précise
sur les grands remèdes à administrer à son
ministère.
Dossier
ECONOMIE
Réhabilitation du réseau routier
Les travaux avancent
Il y a deux ans, le chef de
l’Etat Paul Biya décidait du
déblocage de 100 milliards
de FCFA, dans le cadre
du Programme spécial de
construction et de réhabilitation de certaines routes du
réseau national. Cette mesure
s’est avérée comme une bouffée d’oxygène pour les Pme
camerounaises.
L’
existence d’un réseau de service de
transport efficace constitue, à n’en
point douter, une des conditions
nécessaires pour une croissance
économique soutenue. Or, l’on a assisté
ces dernières années, à une dégradation
progressive, faute de maintenance, des
infrastructures existantes. Le réseau routier
camerounais dont la valeur est estimé à
2 400 milliards de FCFA, compte près de
50 000 km de routes. Il est constitué de
routes bitumées et en terre, avec un réseau
prioritaire de 28 857 km. Ce patrimoine
qui nécessite d’importants moyens pour
sa construction, sa réhabilitation et son
entretien, est constamment mis à mal du
fait de facteurs naturels, de nombreux actes
d’incivisme de certains usagers de la route,
entrainant ainsi sa dégradation.
Le patrimoine routier
nécessite d’importants
moyens pour sa construction, sa réhabilitation et
son entretien, parce qu’il
est constamment mis à
mal par des facteurs naturels et de nombreux actes
d’incivisme des usagers de
la route
l’état d’avancement des travaux, dans les
règles de l’art. En dépit des conditions météorologiques souvent défavorables, les travaux évoluent dans la plupart des chantiers.
Les routes ainsi réhabilitées vont à coup sûr,
booster l’activité économique à l’intérieur
du pays. Avec les pays voisins, l’objectif est
tout aussi de permettre un accroissement
des échanges, notamment le Tchad et la
République centrafricaine, deux pays encla-
vés et dont les marchandises transitent par
le corridor Douala-Ndjamena-Bangui.
L’expertise locale
A côté des entreprises multinationales
comme Razel ou Arab Contactor qui interviennent dans l’exécution de ces travaux,
il y a l’expertise locale représentée par des
Petites et moyennes entreprises (Pme), avec
une enveloppe d’environ 14 milliards de
FCFA. Une disposition salutaire, d’enrichissement des expériences, en même temps
qu’elle participe de la volonté sans cesse
manifestée par le Chef de l’Etat, de lutter
contre le chômage. Le patrimoine routier
étant défini comme l’ensemble des infrastructures interurbaines et rurales dont la
construction et l’entretien sont assurés soit
par l’Etat, soit par les collectivités publiques
locales, l’on peut dire que, sur le plan global,
les infrastructures routières restent une
préoccupation essentielle pour les pouvoirs
publics.
Enfin, entre la réhabilitation et l’entretien, il
convient de faire la part des choses. En effet,
la réhabilitation concerne essentiellement
les routes bitumées dont les travaux ont
trait au traitement des zones dégradées,
la mise en œuvre du béton lumineux, le
traitement des zones instables entre autres.
S’agissant de l’entretien, il s’effectue sur les
routes en terre et concerne le traitement
des nids de poules, des ornières et des
zones de glissement.
Des équipes de contrôle
C’est compte tenu de tous ces paramètres
que le Chef de l’Etat Paul Biya a pris la
décision en décembre 2011, de débloquer
100 milliards de FCFA, dans le cadre du
Programme spécial de construction et de
réhabilitation de certaines routes du réseau
national. Ce Programme dont les ressources
sont issues du guichet « entretien » du
Fonds routier est depuis, entré dans sa
phase d’exécution. On en veut pour preuve,
le nouveau visage qu’affichent certains
axes routiers tels que Yaoundé-Ebebda,
Mbalmayo-Ebolowa, Kumba-Mundemba
ou la réhabilitation du pont sur le Nyong
de la route Edéa-Kribi, sur un total de neuf
projets.
Pour mener à bien ce vaste Programme de
réhabilitation des routes, le Ministère des
Travaux Publics veille au grain. C’est ainsi
que des équipes de contrôle ont été dépêchées sur le terrain, afin d’évaluer la qualité
du travail et de prendre connaissance de
L’entreprise Razel en oeuvre sur la route Yaoundé-Ebebda
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
13
Dossier
ECONOMIE
Flux internationaux
Les routes de l’intégration
Le Cameroun est le seul pays
de la zone Cemac à partager
ses frontières avec les cinq
autres Etats, en même temps
qu’il sert de transition entre
la CEEAC et la CEDEAO, à
travers sa longue frontière
avec le Nigéria. S’investir
dans la construction des
tronçons routiers transfrontaliers devient donc un
atout pour la fluidité des flux
internationaux.
L
es grands enjeux du processus
d’intégration sont entre autres la
proximité des Etats, le sentiment
d’appartenance à une entité supranationale, l’existence des institutions devant
gérer les politiques communautaires, la
libre circulation des biens et des personnes.
C’est la volonté du Cameroun de faciliter ce
dernier objectif qui motive l’ensemble des
chantiers dans lesquels le pays s’investit
pour se positionner comme véritable tête
de file ce processus en Afrique centrale.
Ring Road : de la CEEAC à la CEDEAO
Comme son nom l’indique, la Ring Road est une route qui effectue une boucle en
partant de la capitale de la région du NordOuest, Bamenda, pour remonter jusqu’à
Nkambe et redescendre en longeant la
frontière du Nigeria. La boucle routière
de la Ring-Road va relier Bamenda, Wum,
Nkambe et Kumbo. Soit deux régions
anglophones et quatre départements où
les terres sont très fertiles, mais où l’état
d’impraticabilité des routes fait sombrer
et moisir les richesses agricoles dans les
greniers des villageois. Il s’agit en effet de
358 km de routes qui nécessitent la mobilisation de 143 milliards FCFA.
Au nom de la volonté du Cameroun de
viabiliser la région de Bakassi nouvellement
acquise et selon le Traité d’Abuja visant la
création d’une Communauté économique
africaine unique, un programme routier
multinational a été pensé par le Cameroun
et le Nigéria. C’est ce qui a été nommé le
Programme de facilitation de Transport
et de Transit (PTT). Il constitue par-dessus
tout, la matérialisation de la jonction de
la CEEAC à la CEDEAO, le Cameroun et le
Nigéria faisant partie des principaux piliers
14
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Un programme routier
multinational a été
pensé par le Cameroun
et le Nigéria de viabiliser
la région de Bakassi
nouvellement acquise et
selon le Traité d’Abuja
visant la création d’une
Communauté économique
africaine unique
économiques de ces deux sous régions.
Le corridor routier Bamenda-Manfé-EkokAbakaliki-Enugu est en réalité un tronçon
de la route transafricaine Lagos-Mombassa.
Il s’agit en réalité d’un corridor composé de
deux lots de travaux et des aménagements
connexes. Le lot N° 1 est celui de Bamenda-Batibo-Numba avec 60 Km de long ; le
second lot est celui reliant Bachuo-AkagbéManfé-Ekok long de 82 Km. Il est important
que ces deux lots viennent s’ajouter à un
lot intermédiaire existant (Numba-BachuoAkagbé) dont les travaux avaient démarré
en 2008 et sont financés par la BAD.
Coûts et caractéristiques
Le lot N° 1 long de 62 Km est fait de deux
sections. La première, Bamenda-Batibo,
longue de 41 Km a été construite en 2000
et est en phase de réaménagement, pour
mieux répondre aux exigences de l’intense
trafic. Il est question de poser une couche
de 7cm de béton bitumeux sur les corps
de la chaussée. Quant à la section BatiboNumba d’une longueur de 21 km, elle est
de construction récente. Son financement
est assuré à 91,4% par la BAD et à 8,6% par
la partie camerounaise pour un montant
global de 35 milliards 508 millions 438 FCFA.
Pour ce qui est du second tronçon fait également de deux sections (Bachuo-AkgbéManfé avec 21 km, Manfé-Ekok avec 61 km),
il aura coûté 49 milliards 602 millions 176
mille 986 francs. Il s’agit de la réhabilitation
de sa première section avec un bitume
de 5 cm d’épaisseur et de la construction
totale de la deuxième. Au demeurant, l’avènement du port en eau profonde de Kribi
trouvera déjà des voies tracées pour desservir le Nigéria voisins, dans une logique
d’intégration économique.
Dossier
ECONOMIE
Sangmélima-Ouesso
Augmenter le Produit
intérieur brut
Le Cameroun compte
assurément sur cet axe
pour accélérer les échanges
commerciaux avec les pays de
la sous région et augmenter
à coup sûr la valeur de son
assiette budgétaire.
N
ée de la volonté commune des
chefs d’Etat et des Gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), lors de leur 11ème conférence
tenue à Brazzaville le 27 janvier 2004, la
route Sangmélima-Ouesso dont le principal
objectif est le développement économique
et social du Cameroun en particulier et
de la sous-région en général, contribuera
notamment à l’augmentation du Produit
intérieur brut (PIB). Cette route est longue
de 655 km, soit 318 km côté camerounais et
337 km côté Congo. Voilà en gros, le linéaire
de la route de l’intégration qui reliera le
Cameroun à la République du Congo. Après
de longues études géotechniques, des
signes d’une avancée considérable sont
perceptibles sur cette route. Les travaux de
terrassement généraux ont été faits sur les
34 premiers km et ceux de dégagement sur
les 50 premiers km du deuxième tronçon
Djoum-Mintom, long de 83 km.
Répartie en quatre lots, la route Sangmélima-Ouesso devra coûter environ 139,69
milliards de FCFA HT à l’Etat du Cameroun.
Le lot 1, Sangmélima-Djoum dont la section
Une route de l’Emergence
1 est Sangmélima-Mekok-Bikoula mesure
65 km et la section 2, Bikoula-Djoum (38
km). Le lot 2 s’étend de Djoum à Mintom (83
km). Le montant du tronçon (SangmélimaDjoum) s’élève à un peu plus de 103,21
milliards qui sont déjà disponibles pour ce
qui est des deux premiers lots. Le Groupe
des bailleurs du monde islamique a favorablement répondu à ce projet d’envergure
(la Banque Islamique de développement, le
Fonds Koweitien pour le développement
économique arabe, la Badea, les Fonds de
l’Opep, le Fonds Saoudien de développement) pour ce qui est du lot 1 dont le financement s’élève à 53,19 milliards de FCFA
HT et réalisé actuellement par l’entreprise
Kayson Inc.
La Banque africaine de développement
quant à elle financera le lot 2 qui s’étend de
Djoum à Mintom (83 km) et dont le financement s’élève à 50,2 milliards de FCFA. Sur le
terrain, c’est ce lot qui connait une avancée
considérable. Le marché attribué à l’entreprise MNO VERRA a été signé le 25 juillet
2011, et l’ordre de service de commencer
lui a été notifié le 12 octobre 2011. D’après
les ingénieurs, il est également prévu pour
ce deuxième lot, les travaux de maintien de
La route SangmélimaOuesso dont le principal
objectif est le développement économique
et social du Cameroun
en particulier et de la
sous-région en général,
contribuera notamment à
l’augmentation du Produit
intérieur brut
la circulation et la suppression des points
de rupture (construction des ponts et pose
des buses et dalots). Pour ce qui est du lot 3
: Mitom-Lélé (61km) et dont le financement
s’élève à 41,8 milliards de FCFA et le lot 4 :
Lélé-Mbalam (71 km) coûtera 48,5 milliards
de FCFA. L’Etat du Cameroun recherche
encore des financements pour ces deux
tronçons de route. Vive l’intégration africaine.
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
15
Dossier
ECONOMIE
Le tracé de l’autoroute
Un point de repos sur l’autoroute
Yaoundé-Douala
L’autoroute de toutes les attentes
L
es statistiques du trafic routier
révèlent que près de 40% de celui-ci
sont assurés par les poids lourds sur
la route reliant les deux plus grandes
villes du Cameroun. Cet axe faisant partie
du corridor Douala-Ndjamena-Bangui, il
réalise de ce fait, l’un des plus intenses trafics de la sous-région. Sa dégradation, surtout son étroitesse, ont amené les autorités
camerounaises à lui donner un nouveau
visage, celui devant déboucher sur une
meilleure fluidité, par la construction d’une
véritable autoroute. Aujourd’hui, le projet
de construction de l’autoroute YaoundéDouala avance à grands pas.
Le premier décompte d’avance de démarrage de l’entreprise a été payé, sur la base
du premier décaissement de 10 milliards de
FCFA, des fonds de contrepartie exigés à la
partie camerounaise. C’est cette enveloppe
qui a permis à l’entreprise chinoise China
First Highway Engineering (CFHEC), de
réaliser l’avant-Projet détaillé du projet et
de mobiliser un important matériel.
Le contexte du projet
Ce projet doit aboutir vers une autoroute
plus rapide et plus commode qui dessert
Yaoundé, la capitale et Douala, la ville
portuaire. Il fait partie des réseaux en ce
qui concerne le transport et la circulation
des marchandises entre Douala, le Tchad
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n
L’ère du temps • JANVIER 2014
La réalisation de cette voie
expresse que la communauté
nationale attend depuis des
années est devenue une réalité
palpable.
et la Rca, par ailleurs. Il est le maillon le
plus important dans les réseaux principaux
des routes nationales du Cameroun. Par
conséquent, il tient une place irremplaçable
et importante dans la vision de la politique
des Grandes Réalisations prônée par le
président Paul Biya.
La réalisation de ce projet renforcera la
capacité de concentration et de déconcentration des réseaux des routes nationaux, si
bien qu’il accélérera la vitesse d’échange de
la circulation du transport. Parallèlement,
l’autoroute rapprochera les communications sur le transport national, avec les pays
d’Afrique centrale et améliorera d’une façon
substantielle, la situation de la circulation
et le niveau de service du passage entre les
deux plus grandes villes du Cameroun. Tout
en garantissant l’augmentation du trafic et
la sécurité des transports, l’autoroute aura
une influence significative sur le développement économique du Cameroun et l’augmentation de la compétence du commerce
de transit camerounais.
La présentation du projet
Le point de départ du projet se situe à un
kilomètre, au nord-ouest de la localité de
Nkolnkoumou et se raccorde avec le périphérique de l’ouest de Yaoundé. Quant à
son point final, il se trouve à presque 8,5
km au nord-est de l’aéroport international
de Douala et joint le présent couloir
régional (P14) en effectuant la forme de T.
Le montant de l’investissement prévu pour
la réalisation du projet est constitué de
deux parties, dont 85% viennent du prêt
consenti auprès des institutions de financement chinois, et 15% fourni par le budget
du Cameroun. Le projet de la première
phase de l’autoroute Yaoundé-Douala qui
commence à Yaoundé et dont la longueur
totale se calcule en fonction des études de
conception prévoit quatre voies. L’on peut y
aborder une vitesse de 110 Km/h, alors que
la largeur de la plateforme est de 26 mètres,
les composantes du profil prévoyant une
bande de 3 mètres, une chaussée avec
largeur de 7,5 mètres et un accotement de
4 mètres.
L’avancement de la conception et des
travaux
Le tracé de l’autoroute des dix premiers
kilomètres a été approuvé officiellement
par le ministre des Travaux publics,
Patrice Amba Salla, au cours de la deuxième
Dossier
ECONOMIE
réunion du Comité de pilotage et de suivi
du projet de construction de l’autoroute
le 17 mai 2013. Le travail de piquetage des
bornes de la polygonale principale sur les
cent kilomètres a été accompli, ainsi que
le piquetage des polygonales secondaires
les dix premiers kilomètres. Par ailleurs,
l’entrepreneur est en train de modifier la
proposition de l’ouvrage d’art principal
(l’échangeur de Lobo) dans la zone d’immersion, conformément aux observations
du maître d’ouvrage.
S’agissant des études géotechniques des
50 premiers kilomètres, l’entrepreneur
a déjà soumis le rapport final y afférent
des 10 premiers kilomètres au maître
d’ouvrage. Après les sondages, la première
carrière (PK3) est désormais achevée,
alors que la détermination des roches de
la deuxième carrière (PK37 est en cours. Le
premier concasseur de la première carrière
a été monté en mai 2013 et a commencé la
production. Le deuxième a été transporté
au Cameroun et l’on prévoyait la fin de son
montage en décembre 2013. Pour ce qui est
de la latérite, une dizaine de carrières a été
localisée. Avec la construction des bureaux,
des dortoirs, du laboratoire et la fourniture
en eau et électricité, le personnel n’attend
que le démarrage des travaux en prenant
possession des 129 équipements. Ce
démarrage sera alors effectif, avec la signature imminente du contrat de conception
et d’exécution, entre l’entrepreneur chinois
et le ministère des Travaux publics. Ainsi
donc, en vue de permettre à l’entrepreneur
d’exécuter les travaux sur le terrain le plus
vite possible, le maître d’ouvrage est ainsi
appelé à accélérer l’avancement du travail:
résoudre les problèmes d’expropriation et
de déguerpissement et accélérer l’examen
et l’appropriation des plans.
Nkolnkoumou
Sur le chantier de l’autoroute
C’est dans ce petit village situé
à une vingtaine de kilomètres
de Yaoundé que la cérémonie
de pose de la première pierre
du chantier aura lieu.
S
ituée à l’entrée ouest de la ville de
Yaoundé, cette bourgade a été choisie pour accueillir les installations de
la China First Highway Engineering
Company LTD (CFHEC), la société chinoise
chargée du projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, dans sa première
phase. Depuis quelques mois donc, les
populations de Nkolnkoumou ont intégré
dans leur quotidien, le vacarme incessant
des moteurs d’engins lourds, consécutif aux
travaux d’installations qui ont suivi directement la mise en forme du projet.
Le campement de huit hectares comprend
plusieurs compartiments. En dehors du
bloc réservé à l’administration, il y a un
laboratoire qui a été conçu pour la réalisation des différentes analyses techniques.
Dans cet espace, l’on peut apercevoir des
bacs à essai fabriqués en béton, ainsi que
des machines. Plus loin du laboratoire, il y
a deux bâtiments en matériaux définitifs
et du reste démontables, avec une quarantaine de pièces qui servent de dortoirs aux
techniciens employés pour le projet. Par
ailleurs, la salle prévue pour les réunions est
prête et reçoit déjà ses équipements.
La mise en service du courant électrique
est chose faite par les soins de Aes Sonel,
rêve hier, est devenu une réalité palpable
aujourd’hui. « Nous sommes prêts à lancer
les travaux de terrassement, mais nous
attendons la réaction du maître d’ouvrage »,
rassure l’assistant d’origine chinoise du
directeur général de l’entreprise.
A la base de la socité chinoise
alors que l’approvisionnement en eau est
assuré par un système de forage. Pendant
ce temps, à quelques kilomètres de là, l’une
des trois carrières aménagées pour la production du gravier est déjà opérationnelle.
L’on peut aussi apercevoir deux machines
destinées au concassage de la pierre. Selon
des informations recueillies sur place auprès
des techniciens chinois, près d’un million de
m3 de granulats seront produits pour servir
à la première phase des travaux.
Indemnisations du site
Les techniciens de la China First Highway
Engineering Company peuvent donc
oublier les obstacles naturels qu’ils ont
rencontrés, avec le difficile accès dans la
forêt, au cours de la réalisation des études
topographiques. Aujourd’hui, ils se disent
déterminés à aller jusqu’au bout avec les
travaux de réalisation de cette autoroute
que la communauté nationale attend
depuis des années. Ce qui était alors un
En attendant la cérémonie officielle de
pose de la première pierre des travaux de
construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, les indemnisations du site de Nkolnkoumou ont déjà été effectuées. Au début
du mois de juin 2013, le gouverneur de la
région du Centre, Roger Moïse Eyene Nlom,
avait en effet lancé ces opérations, suite à
l’expropriation dont plusieurs riverains ont
fait l’objet sur le site. Une enveloppe totale
de près de 213 millions de FCFA, répartie
en fonction de la taille et du degré de mise
en valeur des espèces végétales mises en
cause, avait ainsi été distribuée aux populations riveraines.
A la date du 30 novembre 2013, l’entrepreneur déclarait 241 employés (40 personnels
d’administration, 31 personnel de conception, 26 personnels de topographie et 144
ouvriers). L’on notait également la présence
de 129 équipements principaux devant
servir à l’exécution des travaux de terrassement (excavateur, niveleuse, compacteur,
foreuse, grue sur porteur, bulldozer, chargeur, briseur, tracteur, jumbo, compresseur,
camion à benne, camion arroseur, etc.).
Enfin, il y a également 16 équipements de
topographie et 11 équipements pour le
sondage géotechnique pour une opération
qui doit respecter un chronogramme bien
établi.
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
17
Dossier
ECONOMIE
Garoua Boulai-Ngaoundéré
Pour un accroissement
des échanges
Le projet de cette route
mobilise près d’un millier
d’emplois dont 250 personnes
recrutées dans les villages
traversés.
L
es travaux d’aménagement de la
Route nationale N°1, qui s’inscrivent
dans le cadre de l’amélioration et
de l’accroissement des échanges
intra-communautaires et avec l’extérieur,
dans les zones Cemac et Ceeac, vont bon
train. Il en est ainsi de la route Garoua Boulai-Nandéké (86 km environ), elle-même
un tronçon majeur de la route Garoua
Boulai-Ngaoundéré, situé dans les régions
de l’Est et de l’Adamaoua. Ce linéaire rentre
en droite ligne du processus d’aménagement du corridor Douala-Ndjaména. Le
financement du projet est assuré dans le
cadre de la coopération Cameroun–Union
européenne, par le 10ème Fonds européen
de développement, pour la partie hors
taxes de l’opération d’une part, et par la
République du Cameroun pour les taxes et
Le ministre Amba Salla sur le terrain
18
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L’ère du temps • JANVIER 2014
droits de douanes, d’autre part. Le démarrage des travaux est effectif depuis le 20
septembre 2010.
Consistance des travaux
Les travaux ont consisté à réaliser la préparation du terrain, au cours de laquelle, 1
070 000 m² de terrain ont été déboisés et
nettoyés, et 3 222 arbres abattus. Après les
terrassements, les déblais et les remblais,
une chaussée de 7 mètres de large et deux
accotements de 1,5 mètre de large ont été
aménagés. Elle est constituée de bas en
haut, d’une couche de forme éventuelle
de 30 ou 50 cm en graves latéritiques
naturelles, d’une couche de fondation de
30 cm en graves latéritiques naturelles,
d’une couche de base de 20 cm en graves
concassés, d’une couche de protection
en enduit superficiel monocouche, d’un
revêtement de 5 cm de béton bitumeux
semi-grenu pour la chaussée et d’un enduit
bicouche sur les accotements. Sur le tracé
de la route, l’on retrouve quatre ponts, dont
un pont mixte acier-béton de 135ml sur le
Lom et trois ponts en béton armé (un de
50ml sur le Mba et deux de 12 ml sur le Selle
et le Mbofomo). Par ailleurs, des dalots de
sections diverses ont été prévus, ainsi que
des ouvrages d’assainissement latéraux
comprenant des fossés revêtus, des caniveaux, des descentes d’eau et des bordures.
Délais coûts et impacts
Le premier avenant est financé en partie
sur fond de contrepartie de l’exercice 2012,
pour un montant d’environ 975 millions
de FCFA hors taxes, alors que l’avenant
numéro 2 est entièrement financé sur fond
de contrepartie de l’exercice 2013 à hauteur
de 2 milliards 380 millions de FCFA hors
taxes.
Sur le plan des impacts que cette route
peut produire, il faut dire que l’on gagne
90 minutes en temps de parcours. Bien
plus, le projet de cette route mobilise 600
employés, dont 250 personnes recrutées
dans les villages traversés. Dans le domaine
social, des mesures d’accompagnement ont
été prises, entre autres, la construction des
salles de classe équipées, des points d’eau,
des fermes et des moulins. Toute une école
a même été offerte à la localité de Yende
par l’entreprise Razel Cameroun.
Enfin, plusieurs missions d’audit et d’évaluation relevant de diverses institutions
(Cour des Comptes de l’Union européenne,
Agence de régulation des marchés publics,
MINTP, autorités administratives, etc.) ont
été menées sur le terrain, dans le seul but
d’enrayer les problèmes majeurs rencontrés
et poursuivre sereinement les travaux dans
les règles de l’art.
Dossier
ECONOMIE
Patrice Amba Salla
Un ministre en béton
« La refondation de notre politique de
construction et d’entretien des infrastructures
est en cours »
La réorganisation du ministère
des Travaux publics, intervenue
le 13 septembre 2013, au-delà de
son aspect de modernisation de
ce département, par la recherche
d’une efficience, est venue conférer
au détenteur du poste, un autre
matériau dans le vaste chantier
de construction du Cameroun. En
effet, le chef de ce département
ministériel, ô combien stratégique,
est désormais l’ingénieur de l’Etat
camerounais. Plus que par le passé,
il est l’alpha et l’oméga de tout
engagement de l’Etat, en matière
d’ouvrages et infrastructures
relevant du portefeuille public.
C’est donc à cet homme au langage
dénué de toutes fioritures que la
rédaction de L’ERE DU TEMPS
a ouvert ses colonnes. A 53 ans,
l’Inspecteur principal des douanes
et ancien maire d’Ayos est un
personnage à l’esprit allègre. Ses
25 mois déjà passés au gouvernement, forcent bien l’admiration
de l’opinion et des partenaires de
l’Etat camerounais. On en veut
pour preuve, l’abnégation et la
détermination avec lesquelles,
il s’attelle à l’ouvrage, dans un
ministère dont la complexité est
établie. Lecture.
Monsieur le ministre, vous aviez énoncé
en début d’année 2013 un certain
nombre de projets concernant la structuration du réseau routier national. Un
an après, quel est le bilan qu’on peut en
faire ?
Le bilan est positif. Notre feuille de route
a été respectée malgré quelques retards
au démarrage ou dans l’exécution de
certains projets. L’action de bitumage du
réseau enregistre un avancement physique
et financier différencié selon les projets.
Les taux se situent entre 13 et 40 % au 30
Octobre 2013.
Pour ce qui est des ouvrages d’art, l’essentiel des projets sont en cours de démarrage
ou en cours d’attribution. Le taux d’avancement financier est d’environ 20% au 30
octobre 2013. Sans être exhaustif, les taux
d’avancement des principales activités de
ce programme se présentent comme suit :
Le bitumage de la route Garoua- BoulaiNgaoundéré est presque achevé sur ses
trois lots, soit 260,8km et le tronçon GarouaBoulai-Nandéké (99km) est réceptionné ;
La construction de la route Kumba-Mamfé
(152km) est au stade de l’analyse des offres
des soumissionnaires. Ces offres ont été
ouvertes le 05 décembre 2013 ; La construction de la route Bamenda-Ekok- Bamenda
est réalisée à 97% pour le premier lot et à
57% pour le second lot. Le renforcement de
Numba-Bachuo Akagbe (83km) est achevé
et les travaux ont été réceptionnés; Le
bitumage des routes sur la Nationale N°1:
Nkolessong-Nding (89km) est exécuté à
21 % alors que Nding- Mbgaba (41km) est
en cours de démarrage ; La construction
de la route Zoetele-Nkolyop (27,4km) est
réalisée à 55% ; La construction de la route
Foumban-Tibati sur la Nationale N°6 : le lot1
Foumban-Manki (40km) est exécuté à 49%
et le lot2 Manki–Pont de la Mapé est bitumé
sur 21 km ;
Le bitumage des routes SangmelimaBikoula (7%) et Djoum-Mintom (40%), La
construction de la section Ndop-Kumbo
(60,5km) de la Ring Road sur la Nationale
N°11 est réalisée à 51 % ; La construction
de la deuxième Entrée de Bamenda en
cours de démarrage. Pour ce qui est de
la maintenance du réseau routier, le taux
d’avancement physique et financier était
estimé à 28 % au 30 juin 2013. Les travaux
de réhabilitation de la route Maroua-Kousseri sur la Nationale N°1: section MoraDabanga (132km) se situent au niveau de
l’installation et la mobilisation du matériel
et du personnel, et section Dabanga–Kousseri (72,5km) et aménagement de la voie de
contournement réalisés à 2%. La réhabilitation du tronçon Figuil-Magada (50km) sur
la Route Nationale N°1 est exécutée à 32% ;
Le Programme Spécial d’Urgence (PSU) de
l’aménagement de la route NgaoundéréGaroua toujours sur la Nationale N°1 est
réalisé à 55%. Il il se complète par une opération de réhabilitation de 10km de route
de la falaise de Mbé et d’élargissement de
9 ouvrages d’art dont 5 ponts et 4 dalots
sur financement de la Banque Mondiale;
Le Programme Spécial d’Urgence (PSU)
de réhabilitation de la route Yaoundé-Bafoussam-Bamenda est exécuté à 88%. Les
travaux consistent à réhabiliter 136km de
route, soit 69km entre Yaoundé et Ombessa
et 67km entre Bafoussam et Bamenda et
surveiller et traiter des points accidentogènes sur 234km. Yaoundé-Ebebda a déjà
été réceptionné ; 79km de route ont été
réhabilités entre Yaoundé et Ombessa,
Banekane et Banganté et Bafoussam-Bamenda ; Le PSU de réhabilitation de la route
Yaoundé-Mbalmayo-Ebolowa : réhabiliter
36km de route, surveiller et traiter des
points accidentogènes sur 134km. 26km de
route sont déjà réhabilités entre le carrefour
Sangmélima et le pont sur le So’o, l’avancement des travaux est estimé à 30%. Des
routes en terre sont refaites entre Kumba
Mundemba Manyu – Yokadouma et TibatiBanyo à la satisfaction des populations.
Aujourd’hui quelles sont les grandes
priorités de votre département en
matière de travaux publics ?
Pour ce qui est du programme de construction des infrastructures, il est envisagé en
priorité et de façon spécifique : D’étendre
le réseau routier bitumé par, d’une part, le
bitumage du réseau structurant en terre
mettant l’accent sur le développement
des projets visant l’accompagnement des
grands projets industriels et la facilitation
des échanges économiques dans la
sous-région et au plan national. Ce sont
notamment :
•les axes situés autour de Kribi et visant
l’accompagnement de l’exploitation du
fer de Mbalam et de la construction du
port en eau profonde de KRIBI ;
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
19
Dossier
ECONOMIE
•Les tronçons routiers désenclavant les
sites des importants barrages dont les
travaux de construction sont en cours
et/ou programmés dans la période
2010-2020 Long Pangar, Mekim, Natchigal, etc.
En ce qui concerne la
maintenance du réseau
routier, une simulation a
mis en exergue que 150
milliards de FCFA seraient
nécessaires annuellement
pour un réseau routier
efficace. Or, actuellement,
seulement environ 80
milliards de FCFA sont
alloués annuellement à la
maintenance du réseau
•Les tronçons du corridor Nord-Sud, les
réseaux transafricains, le réseau CEMAC,
la Ring Road ;
•le réseau des routes à faible trafic par
des bitumages économiques et par
technologies innovantes, à forte intensité de main d’œuvre. Un projet pilote
de bitumage avec le bitume à froid
(Carboncor) est en cours d’expérimentation sur la route Nkolafamba-Ndeng,
les résultats sont probants et le MINTP
envisage un programme de bitumage
de 80 km/an à partir de 2014. Afin de
réduire les coûts de ce bitume qui est
actuellement importé d’Afrique du Sud,
le MINEPAT a donné son avis favorable
pour le financement de l’implantation
d’une usine de fabrication de ce produit
au Cameroun ; De créer des voies rapides
à au moins 2x2 voies ; D’améliorer la
circulation urbaine par l’aménagement
des pénétrantes des grandes villes et la
réalisation des contournements. C’est le
cas des projets situés autour de Douala
dans la perspective de la facilitation des
échanges autour de ce grand pool économique qui est considéré aujourd’hui
comme un hub de développement
de l’Afrique centrale ; De relier les
unités administratives entre elles et en
particulier connecter les deux grandes
métropoles, Douala et Yaoundé, à tous
les chefs-lieux de régions ; D’augmenter
les réseaux de dessertes des régions
ayant une densité routière par habitant
en dessous de la moyenne nationale;
De désenclaver les zones frontalières.
En ce qui concerne la maintenance du
réseau routier, une simulation a mis en
exergue que 150 milliards de FCFA seraient
nécessaires annuellement pour un réseau
routier efficace. Or, actuellement, seulement environ 80 milliards de FCFA sont
alloués annuellement à la maintenance
du réseau. Ce programme est le véritable
ventre mou de notre activité. Il vise d’une
part à la réhabilitation du réseau routier,
qui consiste à traiter le réseau en mauvais
état afin d’augmenter la fraction des routes
en état normal d’entretien, et d’autre part à
améliorer l’état du réseau routier à travers
l’entretien routier et la protection du patrimoine routier existant, par la couverture et
la gestion efficace des barrières de pluies et
des stations de pesage. En terme de stratégie, plusieurs actions ont été formulées
pour rendre plus performant notre réseau
routier national, ce sont : En priorité la réha20
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
viables permettant d’atteindre les objectifs
fixés. Les avancées dans la mise en œuvre
de ce programme seront mesurées par le
nombre de kilomètres de route réhabilité.
bilitation des routes bitumées et en terre
prioritaire du réseau principal et rural en
mauvais état, ainsi que les ouvrages d’art ;
Secondairement l’entretien du réseau
prioritaire et non prioritaire des routes
principales et rurales notamment à travers
un retour minimal à la régie par le rééquipement des services déconcentrés du MINTP
en engins minimums de Génie civil et la
mise en place au sein des communes d’un
vaste programme HIMO pour l’entretien des
routes dans le cadre de la décentralisation
par des comités de routes constitués au
sein des communes; la protection
du patrimoine routier ; et la réalisation des
études de programmation au service de
l’entretien routier à l’effet de produire des
programmes d’entretien viables permettant
d’atteindre les objectifs fixés.
Ce programme vise d’une part à traiter la
fraction du réseau en mauvais état afin
d’augmenter la fraction des routes en
état normal d’entretien, et d’autre part à
améliorer l’état du réseau routier à travers
l’entretien routier et la protection du patrimoine routier existant par la couverture et
la gestion efficace des barrières de pluies et
des stations de pesage.
De façon spécifique, il s’agira de réhabiliter
en priorité les routes bitumées et en terre
prioritaire du réseau principal et rural en
mauvais état, ainsi que les ouvrages d’art.
et secondairement d’entretenir le réseau
prioritaire et non prioritaire des routes principales et rurales ; d’assurer la protection du
patrimoine et l’environnement routier ; et
de conduire les études de programmation
au service de l’entretien routier à l’effet
de produire des programmes d’entretien
Enfin pour ce qui concerne les études, en
matière de construction, le MINTP est sur
le plan national reconnu comme étant
l’Ingénieur de l’Etat. Il a donc une mission
de maîtrise d’œuvre des constructions
publiques et privées. Le programme de
construction tel que pensé pour le moment
vise à produire des édifices sécurisés et de
proposer des alternatives aux populations
en matière de matériaux pour la construction des édifices à moindre coût surtout en
ce moment où le problème de logement
se pose avec acuité. L’objectif visé est
d’améliorer la capacité et la qualité de production du secteur de la construction des
infrastructures en général, du point de vue
de l’Ingénierie, en renforçant notamment
la maîtrise d’œuvre de la construction. En
terme de stratégie d’attaque, il est question
de :
Mettre l’accent sur la maîtrise d’œuvre des
projets des maîtres d’ouvrages publics et
privés notamment par le renforcement
de la déconcentration du suivi de tous les
chantiers tant publics que privés ; Porter
à la connaissance du grand public, les
gites géo-référencés des matériaux locaux
ainsi que la connaissance de leur utilisation comme alternative optimale dans la
construction des édifices.
Pour les projets de bâtiments à maîtrise
d’ouvrage publique, la comparaison entre
l’offre et la demande fait ressortir un
manque flagrant d’entreprises nationales
capables de réaliser des opérations d’envergure ou des ouvrages demandant une
technicité importante.
Quant aux projets de bâtiments à maîtrise
d’ouvrage privée, un décalage est observé
entre la nature de la demande, qui vise un
Dossier
ECONOMIE
produit clés en main et l’organisation de
l’offre, complètement morcelée. Ainsi, dans
le cas d’une demande de construction de
logement, le particulier est bien souvent
amené à rechercher son terrain, à acheter
les matériaux, à recruter les entreprises (et
même parfois les tâcherons et l’encadrement) et à superviser lui-même le chantier.
Une certaine opinion pense que votre
département ministériel ne s’occupe que
des routes. En votre qualité d’Ingénieur
de l’Etat, quels sont les grands chantiers
relevant des bâtiments et autres infrastructures ?
Le décret du président de la République du
13 septembre 2013, portant organisation
du ministère des Travaux Publics réaffirme
et confirme le rôle de ce département
comme seul et unique « Maître d’œuvre
public/Ingénieur de l’Etat ». Il importe de
relever d’emblée la densification des missions du ministère des Travaux Publics avec
pour corollaire, la création pour la première
fois dans l’histoire de cette administration,
de deux directions générales dont l’une
chargée des travaux d’infrastructures et la
seconde dédiée aux études techniques.
Cette création induit elle-même, une refondation totale de notre politique antérieure
en matière de construction, de maintenance et d’entretien des infrastructures,
des bâtiments publics et des routes. L’Etat
a décidé d’avoir un interlocuteur exclusif
pour la supervision et le contrôle technique
de ses travaux de construction dans tous
les domaines, dont les infrastructures
ferroviaires, portuaires, aéroportuaires,
énergétiques et environnementales, des
bâtiments et des routes y compris les voiries urbaines. C’est un tournant décisif qui
va impacter positivement tous nos travaux
d’infrastructures.
Cette option d’un interlocuteur unique du
suivi des travaux va de pair avec la conduite
des études préalables à ces travaux. Avec la
création d’une structure chargée des études
techniques, nous disposons dorénavant
d’une sorte de bureau d’études national
chargé de mettre en place une banque de
données pour tous les projets d’infrastructures. Ces données feront l’objet d’une
actualisation permanente, pour prendre
en compte, toutes les variations pouvant
influer un projet entre sa conception et son
exécution. Avec cette approche, les coûts
des études pourront connaître une nette
diminution et les projets auront un degré
de maturité nettement supérieur à ce qui a
cours et qui a été identifié comme facteur
de sous consommation du BIP.
Quel est l’état du climat social au sein du
Labogénie et du Matgénie, deux sociétés
sous tutelle du ministère des Travaux
publics ayant connu ces dernières années,
de réelles difficultés de fonctionnement ?
La réhabilitation du Matgénie se poursuit.
C’est une longue opération dont les premiers effets positifs sont les 120 engins de
génie civil acquis en 2011, grâce à la coopération sino-camerounaise. Le Matgénie
s’emploie aussi à réhabiliter et à rééquiper
ses ateliers abandonnés pendant 22 ans.
Une bonne partie des équipements a
disparu et ceux qui restent sont obsolètes.
Les centres de formation des conducteurs
de Yaoundé et de mécaniciens de Douala
inopérants pendant 10 ans sont désormais
opérationnels. Il y a eu deux promotions de
60 conducteurs et deux de 60 mécaniciens
formés, soit 120 conducteurs et 120 mécaniciens.
Il y a eu également le rajeunissement
des effectifs, l’équipement de l’Entreprise
d’un système de Gestion de Maintenance
assisté par ordinateur, (GMAO). Ce système
permet d’améliorer la gestion du matériel
Le président de la République est déterminé à
éradiquer tous ces maux
que vous citez et notre rôle
est de relayer, de traduire
dans les faits. Il ne faut
donc pas douter un seul
instant des chances de
réussite de cette lutte
disponible, celle des ressources humaines
et la gestion des relations avec les clients.
Les arriérés de salaire au Matgénie sont en
cours d’apurement. Le personnel est régulièrement payé depuis le mois d’octobre
2009, s’agissant du salaire courant. Ce qui a
résolument remis l’ensemble du personnel
au travail. Les cotisations CNPS sont reversées ; le climat social s’améliore chaque jour
davantage.
Quant au Labogénie, il est associé autant
que faire se peut à la supervision géotechnique des prestations routières et
des ouvrages d’art. Sa restructuration a
commencé depuis 1993/1994 avec des
mesures de relance, des audits et des textes
organiques pour transformer la structure en
direction générale. Ce qui est effectif depuis
le 24 janvier 2006 avec la nomination de
l’actuel DG à qui il a été prescrit une feuille
de route ayant pour objectif final l’équilibre
autonome et les bénéfices eu égard à sa
nature de laboratoire de référence.
Monsieur le ministre, quelle appréciation
faites-vous de l’expertise des entreprises
camerounaises des BTP, au regard de la
grande présence des entreprises étrangères qui s’arrogent tout autant les gros
œuvres ?
Mon appréciation est simple : les entreprises camerounaises manquent d’expertise et de professionnalisme. A mon avis,
lesdites entreprises nationales n’ont pas de
matériel de génie civil, leurs promoteurs
sont à la fois fournisseurs de matériel de
bureau ou prestataires de services dans
l’administration. Or il y a des critères de
sélection des entreprises pour conduire
les travaux d’envergure. Entre autres, la
surface financière ; le matériel ; le personnel
qualifié… Malheureusement les entreprises
nationales sont loin de remplir ces conditions. Pour les encourager à se faire la main
et à acquérir des fonds, le gouvernement
leur a accordé celle de l’entretien routier,
mais même dans ce secteur, elles donnent
très largement satisfaction.
Donc ce n’est pas la concurrence des multinationales qui fait ombrage aux nationales,
mais leur indigence organisationnelle, leur
manque de perspective.
Votre ambition de moraliser le secteur
des travaux publics a-t-elle des chances
de réussir dans un secteur jadis gangrené
par la corruption, la mauvaise exécution
des travaux et le laxisme de certaines
missions de contrôle ?
Le président de la République est déterminé à éradiquer tous ces maux que vous
citez et notre rôle est de relayer, de traduire
dans les faits. Il ne faut donc pas douter
un seul instant des chances de réussite de
cette lutte. Et il a mis un train de mesures en
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
21
Dossier
ECONOMIE
marche pour que rien ne soit plus comme
avant. L’on peut citer la création d’un département chargé de la passation des Marchés
publics. Ce qui décharge les Ingénieurs du
MINTP de cette structure du pêché qui les
soumettait à la tentation. Le président de
la République les a ainsi délivrés du mal.
La réorganisation du ministère des Travaux
publics va permettre aux Ingénieurs de se
consacrer à ce qu’ils savent faire le plus, le
génie civil, le génie électronique et autres
Ponts et Chaussées. Comme je l’ai souligné
plus haut, en faisant du MINTP l’interlocuteur unique en matière de supervision des
travaux d’infrastructures, le Chef de l’Etat
responsabilise davantage nos équipes
qui doivent être proactives, regardantes,
vigilantes, et exigeantes vis-à-vis de nos
partenaires en ce qui concerne le contrôle
de l’exécution des travaux. Notre détermination est à l’image de celle de Monsieur le
président de la République. Nous voulons
prêcher par l’exemple et être suivi.
A notre niveau, nous avons fait acquérir du
matériel de surveillance de l’exécution des
travaux d’infrastructures pour renforcer le
contrôle technique de la construction des
routes, des pistes d’aéroports et susciter le
respect et la bonne application des règles
des normes relatives aux travaux.
Ces matériels de haute technologie peuvent
indifféremment être utilisés, aussi bien par
l’Inspection générale que les Directions
opérationnelles. Ils apportent une aide
aux différents gestionnaires des chaussées
routières (ou aéroportuaires) pour :
• effectuer des contrôles de chantier, des
réceptions de travaux ;
de 100 000km. Mais par-delà cette guerre
des chiffres, il convient de vous rappeler
que le coût de bitumage d’un seul km de
route se situe autour de 600 millions de
FCFA et celui de réhabilitation du même km
de route avoisine 450 millions de FCFA.
Le coût d’un km de route en terre est
d’environ 25 millions de FCFA, alors que la
réhabilitation du même km est de 5 millions
de FCFA. Ainsi, le montant nécessaire au
bitumage des 90 000km de routes encore
en terre est de 54 000 milliards de FCFA, ce
qui représente le budget actuel du MINTP
sur 2 siècles. Réhabiliter ces routes en terre
demanderait 450 milliards de FCFA. Soit un
peu moins de 2 fois le budget actuel du
MINTP.
C’est pour vous dire que c’est les moyens
qui font défaut, le gouvernement est obligé
de réaliser ces travaux étape par étape.
Paris ne s’est pas construit en un seul jour.
Des efforts considérables sont déjà faits et
il n’y a pas que les routes. D’autres secteurs
nécessitent d’énormes moyens à l’instar des
barrages, des chemins de fer et autres.
En matière de routes, l’on n’appréhende
pas toujours les compétences entre le
ministère des Travaux publics et le ministère de l’Habitat et du Développement
urbain d’une part et entre les collectivités territoriales et votre département
d’autre part. Qu’en est-il exactement,
Monsieur le ministre ?
Le législateur a délimité le champ d’intervention de chacun, il suffit de s’y conformer
pour éviter d’empiéter sur le domaine des
autres. En ce qui concerne les relations avec
le ministère de l’Habitat et du Développement urbain, elles sont spécifiées dans
le décret du 14 septembre 2013 portant
organisation dudit ministère. S’agissant du
développement urbain, l’article 2, alinéa
3 de ce décret stipule que le ministère de
l’Habitat et du Développement urbain
est chargé « de l’élaboration et de la mise
en œuvre des stratégies de gestion des
infrastructures urbaines en liaison avec le
ministère des Travaux publics ».
Nous travaillons donc de concert et en
bonne intelligence pour la construction
non seulement des routes urbaines, mais
aussi pour les édifices publics et autres
infrastructures qui concourent à l’amélioration de la vie dans nos cités.
Quant aux collectivités territoriales décentralisées, nous avons de nombreux projets
dans le cadre de la décentralisation. Au
cours de l’exercice budgétaire qui commence, nous allons allouer 5,2 milliards de
FCFA aux communes. Nous ambitionnons
dans un souci bien compris d’une imputation de responsabilité, d’un suivi clair et
précis du réseau routier et une affectation
conséquente des ressources, de procéder à
une classification claire de toutes les routes
(nationales, régionales et communales).
Cela spécialiserait chaque échelon organique et valoriserait les spécificités des uns
et des autres.
Nous avons bon espoir qu’après validation
par la hiérarchie, les interventions sur le
réseau seraient plus pertinentes et plus
efficientes. l
•assurer le respect des cahiers des
charges lors de la construction ;
•apporter des éléments objectifs pour
l’entretien des chaussées en vue
d’optimiser les coûts de gestion et de
maintenance;
•garantir une qualité de route irréprochable au meilleur coût ;
•prioriser, prévoir et budgétiser les
entretiens ;
• gérer le patrimoine routier.
Avec une superficie de 475 000km2, les
50 000 km de routes du linéaire national
ne sont-ils pas insuffisants pour le Cameroun ?
Il convient de rappeler que les statistiques
que vous donnez résultent de l’inventaire
réalisé dans les années 90. Encore qu’entre
temps, on a parlé d’un linéaire de 55
000km dont 49 500km en terre et 5 500km
bitumées. Nous avons engagé récemment
un inventaire des routes rurales qui nous
révèle qu’en réalité ce réseau compte près
22
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Le Minsitre Partice Amba Salla à Ebebda
Décryptage
efforts…nous sommes un peuple d’individualistes, plus préoccupés de réussite personnelle
que d’intérêt général. Notre Administration
reste perméable à l’intérêt particulier. Ce
dernier est le plus souvent incompatible avec
l’intérêt de la communauté nationale... ».
Évidemment, comme pour rejoindre les
sept plaies de l’émergence de notre édition
précédente, Paul Biya ne pouvait faire sans
relever le « nombrilisme tous azimuts»
qui caractérise ces compatriotes. Surtout,
il faut relever que cette déclaration est à
l’endroit de certains de ses plus proches
collaborateurs, dont il a eu le temps de
déceler des appétits illimités vis-à-vis de la
fortune publique. Ainsi, ils sont nombreux
qui engrangent des fortunes, juste autour
d’eux, sans jamais penser à leurs prochains
qui, des fois travaillent péniblement sans
rétribution à la hauteur des efforts consentis.
Message à la Nation 31 décembre 2013 • © PRC
Message à la Nation 2013
Paul Biya s’indigne …
Simon Ntonga
Dans son traditionnel discours de fin d’année, le Chef de
l’Etat Paul Biya a prononcé
un discours dur à l’endroit de
tous et certainement novateur
pour accomplir ses objectifs
de développement. Une posture de commando face à son
parcours de combattant.
L
e 31 décembre 2013 reste une date
qui aura retenu toutes les attentions.
Que ce soit dans les espaces de
rassemblement politique du parti au
pouvoir ou de l’opposition, que dans des
conglomérats économiques et socioculturels, le propos du premier des citoyens du
pays est arrivé comme une sagaie dans le
poitrail de la « bête » de l’Apocalypse, prête
à mordre dans la chair du Cameroun en
pleine émergence. Ce discours en lui-même,
montre et démontre l’enracinement de Paul
Biya, ainsi que sa fidélité à son idéologie
principielle de « Rigueur et Moralisation ».
L’Homme du 06 novembre 1982, en cette
journée du passage de 2013 à 2014, avait
conscience des avancées du pays qu’il
dirige, mais, n’ignorait en rien jusqu’au
détail près, les maux qui minent la vision de
développement qu’il a nourri, construit et
mûri pour l’Horizon 2035.
Sur la rigueur
« …Nous disposons d’une stratégie pour
la croissance et l’emploi qui indique la voie
à suivre pour atteindre nos objectifs. Mais
d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans
certains secteurs de notre économie, paraisse
parfois manquer de cohérence et de lisibilité ?
Pourquoi, dans bien des cas, les délais de prise
de décision constituent-ils encore des goulots
d’étranglement dans la mise en œuvre des
projets ? Comment expliquer qu’aucune
région de notre territoire ne puisse afficher un
taux d’exécution du budget d’investissement
public supérieur à 50 % ? Enfin, il est permis de
s’interroger sur l’utilité de certaines commissions de suivi de projets, qui ne débouchent
sur aucune décision.», s’est interrogé le Chef
de l’Etat. Un questionnement qui a certainement déjà trouvé des réponses dans la
logique de soutènement des actions qui
se doivent de le conduire à la réalisation
de ses missions. Un paragraphe qui met
en exergue l’inertie grandissante et appauvrissante de la dynamique fonctionnelle du
gouvernement Biya. Des budgets, parce que
ne pouvant être détournés de sang-froid,
sont contenus, étouffés à la « tout le monde
perd », au point de susciter l’inquiétude des
bailleurs de fonds et autres partenaires au
développement. Des attitudes assurément
irrationnelles et exemptes de discipline
dans la tenue des projets de développement national.
Sur la moralisation
« Je crois que nous avons des progrès à faire
sur deux points importants : la primauté de
l’intérêt général et la coordination de nos
Pourtant 2013 fût un succès
L’année 2013 aura été parmi les plus prospères de l’ère du Renouveau. La démocratie
a grandement progressé comme l’a souligné le président camerounais dans son
discours à la Nation : « Les élections, sénatoriales le 14 avril, législatives et municipales
le 30 septembre, se sont tenues dans le calme
et la transparence. Tous les observateurs
l’ont confirmé. » Dans la même logique, un
accent n’a pas manqué d’être porté sur
l’augmentation du taux de femmes dans
ces différentes institutions républicaines.
Par ailleurs, bien que n’ayant pas atteint le
taux de croissance économique escompté
(4,8 au lieu de 6,1%), des efforts considérables ont permis au président de les citer
aux actifs de ses efforts de gouvernance.
Des efforts globaux qui envisagent des
projections positives pour le pays. Des
améliorations dans le domaine de la santé
publique, du développement rural, etc.
Le 31 décembre 2013, c’est également une
occasion pour le président Biya de renforcer
la confiance qu’il accorde à l’armée nationale. Une sonnette d’alarme comme pour
rester présent et fort face à la progression
des attaques à la souveraineté du territoire
national par des factions armées, extrémistes ou non, capables de porter atteinte
à la paix camerounaise bien vendue dans le
monde.
En cette fin d’année, Paul Biya a déblayé le
chemin sur lequel il devra marcher en 2014.
Il sait ce qu’il y a à faire : « Ce dont nous avons
besoin pour les prochaines années, c’est d’un
véritable plan d’urgence. Avec le DSCE, nous
avons le tableau de bord. Il nous faut maintenant agir…nous nous fixons des objectifs
élevés, en nous imposant une discipline collective rigoureuse. Et nous serons résolument
sur le chemin de l’émergence. » l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
23
L’Invité du mois
Sam Mbende
L’éclairage d’un expert
Propos recueillis par Stéphane Bella
L’ex PCA de la CMC a été
élu le 16 décembre dernier
président de l’Alliance
panafricaine des auteurs
compositeurs par les artistes
africains. Musicien, auteur
compositeur et surtout,
spécialiste des questions
liées au droit de la propriété
intellectuelle, Sam Mbende
décortique l’univers des droits
d’auteurs et des droits voisins
au Cameroun.
L’homme «Glamour» • © DR
24
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Vous êtes une personnalité crédible et
respectable dans le domaine du droit
d’auteur en Afrique et dans le monde,
que pensez-vous de ce domaine d’activité au Cameroun ?
Il convient de relever d’emblée que toute
activité artistique génère, par définition,
les droits de propriété littéraire et artistique
: des droits d’auteur et des droits voisins
d’artistes interprètes ou exécutants. La
Convention de Berne de 1886 sur la propriété littéraire et artistique, qui est aujourd’hui
adoptée par la plupart des Etats, attribue
en effet des droits exclusifs d’exploitation
aux auteurs d’œuvres originales (jusqu’à
50 ans après leur décès). La Convention de
Rome de 1961 sur la protection des artistes
interprètes et exécutants, des producteurs
de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion attribue, elle, des droits patrimoniaux aux artistes interprètes ou exécutants (jusqu’à 25 ans après la prestation ou
le début de son exploitation). Concernant
les droits d’auteur au Cameroun, ceux-ci
sont régis par la loi Oyono, notamment la loi
N°2000/011 du 19 décembre 2000 relative
au droit d’auteur et aux droits voisins du
droit d’auteur. Une loi, faut-il le dire, qui a
révolutionné le droit d’auteur et les droits
voisins au Cameroun. Malheureusement,
et chose paradoxale, le droit d’auteur, sous
nos cieux, est plongé dans la fange avec les
conséquences désastreuses que nous lui
connaissons tous sur le plan de la gestion
collective.
Qu’est ce qui fait problème : les textes,
les hommes ? Ou le système ?
Les textes, je ne le pense pas. Au-delà de certains réaménagements qui s’imposent aujourd’hui par endroits, la loi N°2000/011 du
19 décembre 2000 relative au droit d’auteur
et aux droits voisins du droit d’auteur et son
décret d’application N°2001/956/PM du 1er
L’Invité du mois
La ministre des Arts et de la Culture vient
d’adresser deux correspondances, l’une
au président de la CPMC et l’autre à M.
Ndedi Eyango actuel PCA de la SOCAM.
Quelle analyse faites-vous des contenus
sur les plans juridique et administratif ?
Pathétique. Etant respectueux de la légalité
républicaine et n’étant pas partie prenante
dans ce nouveau différend malheureux
qui vient davantage ternir l’image déjà
ridiculisée du droit d’auteur au Cameroun,
il ne me revient pas de juger ces deux
correspondances de la ministre des Arts et
de la Culture. Malgré tout, faut-il s’étonner
de ce qui arrive aujourd’hui ? N’est-ce pas
une suite logique de ce que nous vivons
depuis le vrai faux retrait de l’agrément
de la Cameroon Music Corporation ? Nous
sommes carrément installés dans un nondroit, véritable pathologie du droit d’auteur
au Cameroun. On s’aperçoit alors que tout
le monde n’attribue pas le même sens au
concept de « droit » au Cameroun. Cette
divergence de vues explique la divergence
des objectifs, les luttes d’intérêt et même les
résultats catastrophes d’aujourd’hui. Toutes
choses valables autant pour l’art musical
(CMC et SOCAM) que pour les trois autres
arts : arts graphique et plastique (SOCA-
© DR
novembre 2001 sont clairs au regard de leur
avant-gardisme, parce que non seulement
conforme aux conventions internationales
qui régissent le droit d’auteur et les droits
voisins du droit d’auteur à travers le monde,
mais servant également de balisage dans
le cadre de la lutte contre la pauvreté en
milieu artistique au Cameroun. Appliquet-on toutes leurs dispositions ? Que non. Et
pourquoi ? Allez donc savoir ! De toutes les
façons, les échecs sont largement consommés aussi bien dans le fonctionnement de
la Commission Permanente de Médiation et
de Contrôle des sociétés de droit d’auteur
(CPMC), chargée du contrôle du respect
des normes en matière de perception et de
répartition que dans celui des organismes
de gestion collective du droit d’auteur et
des droits voisins du droit d’auteur. Ce qui
a poussé et pousse encore à s’interroger sur
les causes réelles qui ont entraîné ce considérable effondrement. C’est ainsi qu’on est
arrivé à se focaliser, non plus sur les conditions de fond et les exigences de forme
qui règlementent la gestion collective du
droit d’auteur au Cameroun et les incompétences de ceux qui sont supposés veiller
au respect de l’orthodoxie en la matière,
mais sur les problèmes d’égo, les discours
pompeux, les calomnies, les persécutions
et les mensonges éhontés, sources de
conflits de toutes sortes et présentement
appréhendés comme facteurs principaux
de blocage, sinon de paralysie de la gestion
collective du droit d’auteur et des droits
voisins du droit d’auteur.
et au-delà de ma qualité que vous avez
évoquée plus haut, je ne vais pas verser
dans une sorte de nombrilisme en donnant
des leçons ici. J’ai déjà suffisamment publié
des tribunes dans ce cadre et parlant des
propositions, j’en ai également fait parvenir
en son temps à qui de droit.
Le 16 décembre dernier, les artistes
africains vous ont élu au poste de
président de l’Alliance panafricaine des
auteurs compositeurs à Ouagadougou
au Burkina-Faso. Parlez-nous de cette
organisation ?
DAP) ; arts audiovisuel et photographique
(SCAAP) ; littérature, arts dramatique, dramatico-musical, chorégraphique et autres
arts du même genre (SOCILADRA).
Maintenant en ma qualité de juriste, lorsque
j’ai analysé le contenu de ces deux courriers,
sur les plans juridique et administratif, ces
correspondances sont bien rédigées sur le
plan administratif et sur le plan juridique il
n’y a aucune faille de la part de la ministre
qui s’appuie simplement sur les textes de la
Socam à savoir les statuts et le code électoral pour demander le respect et l’application de ces textes afin que, dit-elle, que l’on
revienne à la légalité. En plus, elle est dans
son rôle de la police administrative qu’elle
tire du décret d’application. La ministre
dans sa démarche fait allusion aux textes de
la Socam alors que ceux qui usent de mauvaise foi manifeste et d’amalgame mettent
en avant un débat sur la double nationalité
qui relève de la loi de 1968, rien à voir avec
une assemblée générale de la Socam entachée dit-elle avec preuve des irrégularités
graves: travail du comité électoral, quorum
pas du tout atteint, présidence de l’assemblée qui a siégé, enfin la double nationalité.
Je vous fais remarquer de suite que même
si on admet que tous les candidats étaient
camerounais, les autres griefs de la ministre
demeurent et sont assez suffisants pour
remettre en cause cette assemblée qui ne
devait pas se tenir dans ces conditions.
in fine il me semble de manière objective
que la ministre a raison sur les deux plans
:administratif et juridique. La messe est dite
Vous êtes un spécialiste en droit d’auteur
et un stratège en production culturelle,
pensez-vous qu’un jour, ça puisse changer ? Si oui quel est le processus ?
Le préalable est d’abord l’application des
textes existants dans leur entièreté, car
l’Etat de droit postule également la soumission aux textes législatifs. Pour le reste,
De manière assez sommaire, le PACSA sert
de passerelle entre la CISAC et la communauté des créateurs africains. Son principal
rôle est de défendre les droits des auteurs
et compositeurs de musique sur l’ensemble
du continent en participant à tout ce
qui concerne le cadre juridique de leurs
activités. D’autre part, cette alliance porte la
voix des auteurs et compositeurs africains
de musique dans les plaidoyers et toutes
actions de lobbying, de sensibilisation et de
représentation auprès des gouvernements,
institutions politiques ou économiques
régionales, sous régionales et continentales, parlements et organisations non
gouvernementales lors des consultations et
prises de décisions relatives à la protection
des droits , au statut social , au métier et
la carrière des auteurs et compositeurs de
musique.
Que comptez-vous faire pendant votre
mandat ?
Au-delà du renforcement de la visibilité
de cette Alliance, je vais œuvrer pour que
le PACSA tisse davantage des relations
étroites avec les organismes de gestion
collective du droit d’auteur et des droits
voisins du droit d’auteur, pour l’établissement des stratégies permettant d’améliorer
les relations avec ces organismes de façon à
peser sur leurs processus de décision.
Vous n’êtes pas seulement un administrateur ou un juriste, vous êtes avant
tout un artiste musicien, excellent auteur
compositeur. Le récent album est un
mélange des belles compositions, des
arrangements impeccables avec des
messages divers qui caressent les cœurs.
Parlez nous de cet album…
A tous les mélomanes, et suite à leur persistante demande, Sam Mbende is back
avec un nouvel opus « Glamour ». Comme
une bouteille à la mer, « Glamour » est dans
les bacs, à vous, aux autres, aux mélomanes
de le consommer et d’en faire leur propre
jugement. Je me refuse de juger ma propre
œuvre. Ai-je comblé les attentes ? Une fois
de plus, aux autres d’en faire leur propre
jugement. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
25
Economie
L’éducation des jeunes : une priorité des gouvernements • © DR
OMD
Le Cameroun à la traine
Valère Olinga
2015, date butoir convenue
pour l’atteinte des objectifs
du millénaire pour le développement (OMD), s’approche
à grande vitesse et beaucoup
reste à faire pour le Cameroun qui se place en queue de
peloton. Seuls deux objectifs
sur les huit auraient manifestement fait l’objet d’efforts
significatifs.
26
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
I
l est à rappeler que le 8 septembre 2000,
l’Assemblée générale des Nations Unies
adoptait la «Déclaration du Millénaire».
Cette déclaration comprend huit objectifs à atteindre avant 2015, pour répondre
aux urgences de la lutte contre la pauvreté
dans le monde. A ce jour, ces objectifs ont
été atteints par plusieurs pays parmi
lesquels certains du continent africain. Le
Ghana, l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et
le Rwanda font ainsi partie des pays ayant
atteint les OMD. Les îles Seychelles et la
Sierra Léone sont en voie de braver le pari.
Par contre, ces bons résultats ne doivent
pas faire oublier que, selon les projections
actuelles, en 2015 plus de 600 millions de
personnes dans le monde n’auront toujours
pas accès à une eau potable améliorée ;
près d’un milliard vivront avec moins de
1,25 dollar par jour ; plus de 45 millions de
personnes vivront encore avec le VIH ; des
mères continueront de mourir en accouchant ; et des enfants mourront de maladies
évitables.
Le Ghana,
l’Ouganda, le Kenya, le
Sénégal et le Rwanda font
ainsi partie des pays ayant
atteint les OMD
En 2015, et prenant en compte le scénario
de référence du Document de Stratégie
pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), le
Cameroun pourra certainement atteindre 1
objectif sur 8 et éventuellement en réaliser
4 sur 8 si des efforts soutenus sont maintenus. Pour cela, la mise en œuvre rigoureuse
de la stratégie de croissance et d’emploi
reste impérative, révèle le dernier rapport
du Ministère de L’économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
et de l’Institut National de la Statistique
sur l’évaluation des huit OMD dans le pays
des lions indomptables. Précisément, on
peut retenir dudit rapport et des sources
connexes ce qui suit :
OMD 1 : Réduire l’extrême pauvreté et
lutter contre la faim
La perspective de réaliser cet objectif à
l’horizon 2020 reste incertaine, si l’on s’en
Economie
tient à la tendance actuelle. Les principaux indicateurs de pauvreté sont restés
stables en milieu urbain et ont connu un
repli en milieu rural entre 2001 et 2007. Le
degré de pauvreté est passé de 40,2% en
2001 à 39,9% en 2007. Bien maigre. Dans
l’ensemble, la proportion de la population
pauvre reste stable. L’emploi est en nette
progression, la préoccupation majeure
reste le sous-emploi qui se trouve très
au-dessus de 50 %. La multiplication des
projets structurants et les mesures mises en
place pour l’emploi des jeunes en particulier
laissent présager un futur moins sombre en
matière d’emploi.
OMD 2 : Assurer l’éducation primaire
pour tous
Dans le secteur de l’éducation, les efforts
que le gouvernement ne cesse de consentir
depuis quelques années pour rendre l’école
primaire universelle, continuent de porter
des fruits. A en juger par le taux net global
de scolarisation au primaire qui gagne un
peu plus de 7 points entre 2007 et 2010,
passant de 70,4% à 77,6%. En outre, le taux
d’achèvement dans le primaire est allé
croissant, valant 57,9% sur l’année scolaire
2003/2004 et 73,0% lors de l’année scolaire
2009/2010. En ce qui concerne l’alphabétisation des 15-49 ans, 7 camerounais sur 10
savent lire le français ou l’anglais en 2011.
En somme, cet objectif est en bonne voie
d’être réalisé bien avant 2020.
OMD 3 : Promouvoir l’égalité de sexes et
l’autonomisation des femmes
La tendance de réalisation de cet objectif
reste globalement positive. Les disparités
entre les sexes se sont sensiblement
réduites en ce qui concerne la scolarisation
dans le primaire, mais n’ont pas évolué
dans l’enseignement secondaire. L’égalité
en matière d’alphabétisation est presque
atteinte dans l’ensemble, hormis dans les
régions septentrionales où les progrès
sont malgré tout assez visibles. En ce qui
concerne l’accès aux emplois stables, la
situation des femmes par rapport aux
hommes s’est légèrement améliorée,
même si l’évolution a été plutôt inverse
dans certaines régions. La représentativité
des femmes au parlement (20% au Sénat et
30% à l’Assemblée Nationale) et au sein du
gouvernement (9 femmes sur 60 membres)
a aussi évolué positivement, même si elles y
restent encore très peu représentées.
OMD 4 : Réduire la mortalité des enfants
de moins de 5 ans
Malgré les efforts consentis par le Gouvernement camerounais, cet objectif reste
assez incertain à l’horizon 2020. Ainsi, à la
suite de l’enquête démographique et de
santé et l’enquête à indicateurs multiples
(EDS-MICS 2011), il ressort que le taux de
mortalité des enfants de moins de 5 ans
est passé de 146‰ pour la période 19962001 à 122‰ pour la période 2006-2011,
l’objectif national étant de 75‰ à l’horizon
2015. Des efforts considérables continuent
d’être faits dans la couverture vaccinale, la
lutte contre le paludisme et la malnutrition.
OMD 5 : Améliorer la santé maternelle
Les cibles nationale et mondiale en matière
de réduction du taux de mortalité maternelle sont respectivement de 350 et 108
décès pour 100 000 naissances vivantes.
Le Cameroun en est encore loin. Les statistiques disponibles font état de 669 décès
dont 144 enfants pour 100.000 naissances
vivantes. L’on attribue ce niveau élevé de
mortalité maternelle à la faible fréquentation des formations sanitaires par les
femmes au cours de leurs grossesses, lors
de l’accouchement ou après, à l’assistance
insuffisante par le personnel sanitaire qualifié et à la qualité du plateau technique.
OMD 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres grandes maladies
La lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme
a porté des résultats positifs. Même si elle
est restée plus élevée en milieu urbain
qu’en milieu rural, dans l’ensemble, la séroprévalence a sensiblement diminué. Il en
est de même du nombre de décès dus au
paludisme. Cet infléchissement du taux de
décès du au paludisme est en partie impu-
Le Cameroun pourra
certainement atteindre
1 objectif sur 8 et pourra
réaliser 4 sur 8 si des
efforts soutenus sont
maintenus
table à une amélioration de l’utilisation des
moustiquaires imprégnées à longue durée
d’action (MILDA). L’on note également une
amélioration de la prise en charge des
personnes vivant avec le VIH/SIDA. Ce qui
pourrait avoir un effet positif sur la lutte
contre la tuberculose.
OMD7 : Assurer un environnement
durable
reste faible. Néanmoins, elle a augmenté
de 10 point de pourcentage entre 2005 et
2010. Par ailleurs, le taux de la population
vivant dans les logements modernes est
croissant. Cette tendance laisse entrevoir
une probabilité d’atteindre cet objectif à
l’horizon 2020, à condition de maintenir les
efforts actuels du Gouvernement.
OMD 8 : Mettre en place un partenariat
mondial pour le développement
L’intégration régionale est l’option pour le
Cameroun de réussir son insertion dans
l’économie mondiale. Cette stratégie
repose sur le pilier de la diplomatie, afin
de bénéficier de sa position géographique.
D’un autre côté, l’atteinte du point
d’achèvement en 2006 a permis de réduire
considérablement la dette extérieure. Le
défi aujourd’hui est de maintenir cette
dette à un niveau soutenable. Cependant,
des efforts restent encore à fournir sur
des questions transversales telles que: la
gouvernance, l’efficacité du service public,
la collecte et le traitement des statistiques,
etc. Pourtant, la téléphonie mobile devient
de plus en plus accessible au Cameroun et
un accès au TIC, particulièrement élevé dans
les villes de Yaoundé et Douala, consacrant
de plus en plus l’ouverture du Cameroun à
l’économie mondiale.
Parlant de cet ultime objectif, le Secrétaire
général des Nations unies a rappelé que
la réalisation des OMD d’ici à 2015, représente un défi qu’il est possible de relever.
Mais, beaucoup dépend de la réalisation
de l’objectif 8 : le partenariat mondial
pour le développement. Pour atteindre
les autres objectifs, il est donc essentiel
que les gouvernements tiennent leurs
engagements pris il y a plus d’une décennie.
« Les crises économiques actuelles qui
pèsent sur la plupart des pays développés,
ne doivent pas ralentir ou inverser les progrès qui ont été faits. Continuons sur notre
lancée et ne fléchissons pas jusqu’à ce que
tous les OMD soient atteints », a déclaré Ban
Ki- Moon. l
Erratum
Dans l’édition de décembre 2013 de L’ERE DU
TEMPS, une erreur s’est glissée sur la légende
d’une photo à la page 23. Il s’agissait bien
du ministre des Travaux publics, Patrice Amba
Salla, et non du gouverneur de la région du
Littoral, Joseph Beti Assomo. Nous nous en
excusons grandement auprès des intéressés
et de nos lecteurs.
La Rédaction
L’opération « Sahel vert » entreprise par le
Gouvernement a permis de relancer les
campagnes de reboisement et de réduire
la pression exercée sur le couvert végétal.
La part des aires protégées par rapport au
territoire national a quasiment doublé entre
2000 et 2010. La proportion de la population
ayant accès à une eau potable de boisson
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
27
Economie
lem of the investment budget presented by
the Prime Minister.
2014 Budget
What may impede its
realization
Valentine Mulango
The government has proposed
and the National Assembly
has adopted the 2014 State
budget which stands at FCFA
3,312 billion. But the greatest
worry remains whether or not
the budget which would be
used on what the government
describes as ambitious projects will be realistic.
T
he orientations of the budget are
outlined in a circular signed by
President Biya on July 30, 2013. It
called for strong growth, competitiveness and the pursuit of the programme
orientated budgeting that was initiated in
2013. The growth rate for Cameroon in 2014
is expected to be at 5%, fuelled mainly by
the coming online of new energy production units and the increased production of
hydrocarbons.
were supposed to advise us,” erstwhile Vice
President of the Budget and Finance committee of the National Assembly, Simon
Fobi Nchinda, told L’ERE DU TEMPS.
The hurdles
Emergence of two banks
Forbi believes that, based on the conditions
under which the budget was scrutinised,
‘‘growth will not be guaranteed’’. He argued
that for economic take off to be essential,
one has to approach the double digit figures, that is, you must be getting close to
the 10%.
Two of the major projects that can boost
the country’s growth, if it comes to fruition,
is government’s promise that the agricultural bank and the small and medium
enterprise (SME) Bank will go operational
this year. Both projects feature on the A-list
of government’s economic, financial and
socio-cultural programme of this 2014.
“In the case of the 2014 State budget, we
had no more than eight days within which
to approve it. The parliamentarians did not
have the time to even know aspects of the
law, much less, consult the specialists who
“Part of the problem in 2013 has been essentially that there has not been enough money
to fuel investment ” he said, while adding
that Cameroon is going to be running into
the same problem in 2014 - the first prob-
L’ère du temps • JANVIER 2014
The State has projected income revenue will
come from internal resources amounting
to FCFA 2, 983. It is projected that non-oil
revenue will be FCFA 1 985 billion. Oil revenue on its part, is estimated to be FCFA 718
billion while bonded loans are projected to
bring in FCFA 280 billion.
The current member of the same committee decried the speed government used
after its violation of the deadline. “The bill
was not properly studied because we were not
given the time which the law requires, that is a
problem.” He noted.
But the conditions under which parliament
examined the budget can contribute to
stunt its realization. The law requires that
the finance bill coming to the National Assembly be submitted at least 15 days before
parliament opens and the lower house is
given 20 days from the day of opening of
the session to pass its judgment.
n
Government optimism
External resources will come from loans
and grants that have equally witnessed
an increase. They are projected to bring in
FCFA 329 billion against FCFA 324 billion in
2013. Loans are expected to be FCFA 274
billion against FCFA 258 billion in 2013 and
grants to be FCFA 55 billion against FCFA 66
billion in 2013.
“On the income, there were projections made
for FCFA 3,312 billion which in my humble
opinion would not be realized for the simple
reason that a major part of our budget- more
than 30 percent- is coming from the custom
revenue,” Fobi continued. According to him,
Cameroon is just entering the signature
with the European Union where we are
going to open our borders to goods coming from the EU which means that, we will
not be paying custom duties, thus leading
to a drop in revenue from the custom. He
said he is not seeing a significant increase
in taxation or in oil revenue and questions
where government intends to get that
money from.
28
The second problem he noted is that, most
of the investment projects have to go
through the Ministry of contracts which
was one of the major blockages of the
2013 financial year. His worry is that, major
investment projects like the construction of
various dams, the Douala-Yaounde express
highway, the second bridge on the Wouri,
were done without public tender, which
means that Cameroon never had the best
price for money. “So the government is being
penny wise and pound foolish. They will pass
public tender to buy paper, when it comes to
the big jobs of hundreds of billion, they don’t
go through public tender,” he concluded.
The SME bank, better known in French
as Banque Camerounaise des Petites et
Moyennes Entreprises (BC-PME) is expected
to improve the financing of SMEs, which
are facing difficulties to access credit, since
they are not able to provide the guarantees
required by banks. On the other hand, the
agricultural bank which comes nearly two
decades after the liquidation of “Crédit
Agricole” is mandated to contribute to the
financing of agricultural projects.
While agriculture remains the backbone
of Cameroon’s economy, employing 70
percent of its workforce and providing
42 percent of its gross domestic product
(GDP) as well as 30 percent of its export
revenue, SMEs account for over 90% of the
country’s economy and contribute 34% of
its GDP, according to the National Institute
of Statistics. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
29
Société
apparents témoignent d’un laisser-aller et
d’une négligence dans l’entretien du milieu,
qu’il s’agisse d’une rue, d’un quartier ou
d’un édifice. Les attitudes de non contrôle
social aboutissent à la prolifération d’actes
inciviques entraînant le délabrement de
toute la texture sociale. Mais la jeunesse
étant le fer de lance de la nation, les jeunes
gagneraient à adopter des comportements
responsables pour l’avènement d’une
société exemplaire.
Adoption d’une attitude responsable
pour l’émergence
L’incivisme
Une pesanteur à
l’émergence
Les auteurs
R.N.
Les êtres humains se
distinguent des animaux
par les valeurs et le respect
de l’éthique qui façonnent
l’harmonie et le savoir-vivre
en société. Seulement, la
société est de plus en plus
le théâtre d’agissements
contraires au bon sens social,
ce qui constitue une pesanteur
à l’émergence.
J
ets d’ordures en dehors des lieux indiqués, mises indécentes, non-respect
des rangs devant une agence, impolitesse, incapacité à céder le siège à
un vieillard dans les transports en commun,
non-respect des aînés, occupation illégale
de la voie publique, violation des feux
de circulation, voilà des comportements
déviants qu’on déplore dans la société
aujourd’hui. Pourtant, l’on veut y vivre dans
la décence. Le citoyen exige du respect
vis-à-vis de l’Etat et de son entourage,
alors qu’il est incapable de contribuer à la
construction d’une société civilisée.
30
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
En s’adressant à la jeunesse le 10 février
2013, le président de la République Paul
Biya disait : « Le niveau de moralité de notre
jeunesse se dégrade (…) la société apaisée
et prospère que nous voulons construire
sera minée de l’intérieur si ces avancées ne
sont pas accompagnées par un progrès de
la moralité publique ». Cependant, il faut
reconnaitre que les auteurs des actes et des
propos d’inconduite ne sont pas forcément
les jeunes. Ils se recrutent parmi toutes les
classes sociales. D’ailleurs, l’on ne saurait
nier que c’est par contagion et par mimétisme à l’endroit de leurs ainés que certains
jeunes parviennent à la rupture de la convivialité au sein de la société, quand cela n’est
pas simplement dû à la négligence dans
l’éducation.
C’est contre ce pourrissement sociétal, vu
comme une dégradation progressive des
vertus, que la théorie du carreau cassé va
prendre corps. Cette théorie fut élaborée
et publiée en 1982 par deux auteurs en
sciences sociales, James Q. Wilson et
George L. Kelling, dans The Atlantic, une
revue politique et culturelle qui parait aux
Etats-Unis. Cette théorie soutient qu’un
carreau (ou une vitre) cassé mènera, à
terme, à la destruction de tous les autres
carreaux de la fenêtre. Les bris matériels
S’il est vrai que certains faits délictueux
sont réprimés par le code pénal ou le code
civil, les règlements qui criminalisent les
incivilités, sont mal connus de plusieurs. Par
ailleurs, il existe des actes d’incivisme qui ne
relèvent que du bon sens pour leur prohibition. Dans ce cas, le seul juge reste notre
conscience morale. Pourtant, dans un pays
en marche vers son émergence, comme le
Cameroun qui s’y engage, il est utile que
la prospérité matérielle s’accompagne des
prédispositions éthiques solides, gage
d’une construction civilisée du biotope
humain.
Les enjeux sont d’autant plus pointus qu’il
y a un risque de construction asymétrique
dans l’évolution d’un pays, marquée par
le déséquilibre entre les exigences de
développement et l’inoculation d’une dose,
sans crainte de l’excès, du savoir-vivre allant
avec ces mutations matérielles. Tenez par
exemple, si l’occupation illégale et abusive
d’une chaussée peut causer moins de tort à
une automobile, il n’en sera pas pareil pour
l’occupation de la voie ferrée. Dans un train
ou dans un bus, l’on doit pouvoir se souvenir que les moyens de transport publics
exigent une certaine décence dans la mise,
de même qu’ils imposent l’adoption d’une
expression qui ne s’accommode pas avec
des coquetteries langagières ordurières.
Les avenues et les autoroutes ne trouvent
leur utilité complète que si le respect de leur
salubrité est garanti. Aussi, l’autoroute proscrit que l’on trouve toujours un conducteur
qui est si pressé qu´il ne peut laisser passer
l´ambulance dans l´embouteillage.
Il devient donc urgent pour le Cameroun
d’aller au-delà des colloques sur l’éducation
civique, mais que le pays songe à susciter
une véritable politique de polissage de la
jeunesse, elle à qui sont destinés les fruits de
l’émergence. Faute de quoi, l’on observera
forcément un cloisonnement total entre le
développement matériel et la stagnation
comportementale qui s’opposeront. Car,
l’incivisme implique une méconnaissance
des règles fondamentales organisant la
collectivité, une méconnaissance par l’individu, de sa place dans la collectivité, des
difficultés à cerner ses droits et devoirs. l
Société
Traditional rulers
engulfed by politics
Some examples of traditional rulers with
political caps include: the Fon of Mankon
and the Sultan of Bamoun, who are members of the Central Committee of the CPDM.
Senators like HRH Nfor Tabetando Ndiep,
HRH Fon Mukete and Honourable Cavaye
Yeguie Djibril, speaker of the National Assembly, have gone deep into politics and
have since been flexing with their subjects
to win seats in parliament.
Before the arrival of the Europeans, the
Fons, sultans, lamidos where considered
indisputable custodians of tradition and
culture just like King Solomon in the Bible
who was seen as a fountain of wisdom.
Today, the story is different. This puts most
of these traditional leaders in a difficult
situation when it comes to delivering judgments as they become partial, since they
have equally become actors.
T
he right to belong to a political
party is never contested but that
of a traditional ruler ignites confusion, mixed feelings, disrespect and
sometimes turmoil immediately he/she
openly declares support for one political
party or the other. In recent times, the
phenomenon in Cameroon has been that,
almost all traditional rulers are partisans
of the ruling CPDM party. This situation
is being received with misgiving in some
communities.
Although there is not yet a law that prohibits traditional rulers from practicing politics,
these leaders are going contrary to a
decision signed by the Ministry of Territorial
Administration and Decentralization stating that they are supposed to be neutral,
declared barrister Wango.
Over the years, colonialism, modernism
and politics have greatly threatened to
end the influence of traditional rulers. The
situation became worst with the return of
multiparty politics in the 90s. These leaders
have openly demanded recognition and in
most circumstances, gunned for leadership
positions in the parties. Some observers
say, their open support for Paul Biya has
often resulted to conflict between them
and their subjects who are militants of the
opposition.
One anonymous critic described politics
played by kings, queens and fons as the
“politics of the stomach”. He continued by
saying that they are still taking people back
to the colonial era when European colonizers bribed traditional rulers with whisky,
mirrors, clothes etc. Most of these Fons,
Chiefs, Lamidos have openly confronted
their subjects on issues such as land and
public contracts, thereby handing their
reputation to dogs!
Amos Muang Nsah
Before the scramble for Africa,
traditional rulers were held in
high esteem. Today, one out of
five traditional rulers holds a
political post. The auxiliaries
of the administration are
gradually drifting away
from their principal role of
protecting tradition and
culture as well as defending
the interest of their subjects.
An increasing number of
them now face the dilemma
of whether to maintain their
political postures or their
initial role as custodians of
traditional values.
The North West Region is well noted when
it comes to traditional rulers and power
mongering. Public cases of conflicts where
the population and their rulers often
clashed are enormous. We can in this category single-out those of villages in Tubah
Sub Division and Balikumbat in Ngoketunjia Division where open clashes have led to
killings, maimings and banishments.
This contradicts Barrister Emmanuel Ashu
Omar’s idea of a traditional ruler. According
to him, a traditional authority is supposed
to be a father who welcomes everyone no
matter his/her political inclination. The Barrister now cries for the old good days, when
a traditional ruler was regarded as King
Solomon of the Bible.
Irked by the unfortunate situation which
prompted one writer in the North West to
describe Fons as “Royal beggars in a book”,
traditional rulers recently created the Cameroon National Council of traditional rulers.
Among others, the organization seeks to
redress the mess in which traditional authorities find themselves. According to the
pioneer Secretary General of the council,
Fon Isaac Chafah, their association is not
and will never serve as a lobby group.
The Government has equally not been
indifferent. For one thing, hunger has been
the main reason why customs and traditions have been auctioned. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
31
Société
Cameroun
L’alcoolisme, plus
qu’une religion
Simon Ntonga
L’alcoolisme a quasiment
battu à plate couture, la
popularité du christianisme
dans le pays. Et comme si un
problème de santé publique
ne se posait pas avec acuité,
l’offre augmente considérablement au jour le jour au point
de transformer les Camerounais en adeptes authentiques
de la bouteille, sa capsule et
surtout de son contenu.
E
n 2014, l’expression à la fois populaire et populiste de « saoul comme
un Polonais » a rendu l’âme, et ça
depuis 2010, pour faire place de Roi
à celle de « saoul comme un Camerounais ».
Peut-être une conséquence de l’extrême
attachement du pays à la papauté de
Rome. Une histoire d’amour qui n’a point
empêché aux derniers Très Saints Pères de
fouler le sol du Cameroun et de prêcher
tous les miracles de Jésus, le Christ, en
commençant par le tout premier. Selon
les Saintes Ecritures, le fils de Joseph le
charpentier aurait changé l’eau en vin, Jean
2, 1-12 ; tout le monde peut vérifier les faits
rapportés. A l’écoute de cette prouesse, les
hommes et femmes, parmi les plus instruits
du continent (c’est ce qui est dit), n’ont
voulu que faire plaisir à celui qui viendra
juger les vivants et les morts. Ainsi, l’entrée
pour le paradis de son Père leur sera aisée.
Voici une logique qui pourrait facilement
s’accommoder à du simple divertissement,
mais qui semble bien tenir sur un argumentaire construit autour d’enquêtes que nous
avons menées pendant près de deux mois
dans les villes de Yaoundé et Douala.
Une véritable religion
Des nombreuses descentes effectuées dans
les débits de boissons (ventes-emporter,
Bars, snack-bars et discothèques), les
découvertes sont effroyables. Surtout pour
les religieux engagés des églises réveillées.
Ce serait un AVC assuré. Car, ici et là, les
jeunes, à 93,4% (consommateurs actifs),
lorsqu’ils ne vouent pas publiquement un
culte au dieu du vin (Bacchus), de l’ivresse
et des débordements (surtout sexuels) en
lui déclarant des poèmes d’une intelligence
futuriste du genre : « Ôh, toi Bacchus, le
divin de tous les temps. Nul ne peut oser dire
comment tu as pu mettre tant de bonheur
dans une si-petite bouteille de bière. », ces
derniers, pour rester fidèles au christianisme, détournent les prières à l’endroit du
Seigneur, pour une bouteille d’alcool, peu
importe laquelle. Ainsi, le Pater Noster, une
fois la nuit tombée à Essos ou à DogbongTerminus, devient tout simplement : « Notre
bière qui est au Frigo, que ton alcool soit
sanctifié. Que ton règne vienne… ». De toute
évidence, nous sommes bien dans le règne
de l’alcool au Cameroun. Les Polonais jadis
craints de tous les peuples de la planète
par leur aisance à « lever le coude », ne sont
plus que de vulgaires bavoirs à vin pour les
camerounais. Partout dans le pays, la bière
coule à flot. On aurait alors dit le saint roché
frappé par la canne de Moïse le prophète de
Dieu. Et comme une compétition pour voir
qui de la femme ou de l’homme arrivera le
premier au-devant du Père, les espaces de
vente des alcools sous les formes diverses
s’emplissent de silhouettes humaines,
toutes assoiffées comme des vampires de
retour d’une hibernation de trois siècles
(nous n’en savons rien). Une fois assis,
les tables sont saturées de brunes ou de
blondes. Rien à voir avec la couleur des
dames, il s’agit bien des bières. Et voici que
commence le moment d’une ascension vers
leur dieu qui, parait-il, serait plus facile à
atteindre que tous les autres. L’on jacasse,
de plus en plus fort, l’on rigole, des sourires
difficiles à reproduire, l’on s’endort, pour
recevoir des visions, et au besoin, le coma
(mort cérébrale) pour ceux qui, une fois, ont
le don des créations et des inventions. Nous
sommes-là dans un monde parallèle !
Le mal
Le pays en danger • © DR
32
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Le mal est grave. Un sérieux problème de
santé publique. Les jeunes Camerounais
sont agressés par l’alcoolisme dès l’âge de
12 ans et ¼. En fin 2013, l’on estimait à 98%
(en fonction des jeunes abordés par notre
équipe), le nombre de jeunes de 12 à 18 ans
ayant goûté, au moins une fois, à l’alcool.
Une situation confortée par l’important
mouvement d’ouverture des points de
ravitaillement aux voisinages immédiats
des écoles, lycées, collèges et universités.
De fait, si la consommation d’alcool reste un
phénomène davantage masculin, les filles
sont de plus en plus nombreuses à boire
régulièrement ou de façon démesurée à la
moindre occasion. Cette consommation
d’alcool chez les jeunes peut traduire un
besoin de réassurance identitaire et d’inté-
Société
Noyé dans l’alcool • © DR
gration par l’appartenance au groupe des
pairs. Elle est fonction des vulnérabilités
individuelles, mais aussi de l’image sociale
des boissons alcoolisées et des incertitudes
auxquelles les jeunes sont confrontés
concernant leur avenir (chômage).
Traiter la gangrène
L’accès à l’alcool au Cameroun est d’une
aisance sans pareil pour les citoyens de tous
les âges. On le vend partout et pas besoin
de remplir des conditions préalables pour
s’en procurer. Sachets, bouteilles, servi au
verre ou à la canette, les types de conditionnements sont divers. Pour ce qui est de la
loi du 09 novembre 1990 régissant l’exploitation des débits de boisson, nul n’ose plus
la regarder. Avec la prolifération des sites de
ces « breuvages », l’on ne se doute pas un
instant que deux points de vente doivent
être distants d’au moins 50m. L’exemple le
plus flagrant, c’est l’axe principal Avenue
Germaine - Carrefour du Lycée bilingue de
Yaoundé. L’on y dénombre 753 débits de
boisson sur environ 1100m (près de 2500
si l’on entre légèrement dans les quartiers).
Ici, il n’est pas étonnant de retrouver dans
un même espace, deux à trois comptoirs
appartenant à des exploitants différents.
En mai 2012, près de 30 débits de boisson
ont été fermés dans l’arrondissement de
Yaoundé V (Essos). Une quarantaine dans la
zone de Kondengui et une quinzaine dans
le secteur d’Efoulan. Des mesures de cet
ordre pourraient bien diminuer l’activité de
consommation d’alcool. Or, Valéry Ntendie,
Coordonnateur du Syndicat National des
Exploitants des Débits de Boisson, tout
en déplorant la procédure, réagissait à cet
effet : « la fermeture n’est pas la solution. »
Selon lui, le secteur rapporterait de nombreuses retombées à l’Etat. Ce serait alors
un manque à gagner. « Il faudrait plutôt,
imposer des amendes aux récidivistes. »,
termine-t-il. Au nom de l’économie, faut-il
donc tuer toute la population d’un pays en
voie de développement ?!
Et pour ce qui est de cet alcool proprement dit, nos enquêtes, après entretien
avec plusieurs employés de l’industrie
brassicole, font état de ce que les liqueurs
sont de véritables dangers pour la société
toute entière. En effet, selon les chimistes
qualifiés, l’alcool indiqué à la consommation est l’éthanol (CH3-CH2-OH). Or, celui
proposé et en grande quantité (bouteilles
et sachets), serait du méthanol (CH3OH ). Ce
dernier est le plus simple des alcools, léger,
volatil, incolore et inflammable. Il est extrêmement toxique pour l’homme par deux
mécanismes. Premièrement, le méthanol
(s’il pénètre dans l’organisme par ingestion, inhalation, absorption cutanée) peut
provoquer la mort en raison de ses propriétés de dépresseur du système nerveux central, de la même façon que l’éthanol. Secondement, il devient toxique après avoir été
métabolisé dans le foie sous l’action d’une
enzyme. Il n’est donc plus utile de maitriser
la chimie pour comprendre la progression
des comportements d’incivisme en milieux
jeunes. En dépit de tout, les instances de
régulation ne bronchent pas un mot.
Ce qui est dit pour Yaoundé l’est également
pour Douala. 6000 débits de boisson
dans la seule ville de Yaoundé. A Douala,
pas évident de dénombrer. Peut-être
5000. Tous, sous la dictature des capsules
gagnantes, véritables outil-miracle pour la
prospérité. On y gagne jusqu’aux voitures.
Au nom d’une capsule de bière, les jeunes
s’activent. Au nom d’une bouteille, les
jeunes se mobilisent. Au nom d’un sachet,
les jeunes se détruisent. Le Cameroun lui se
dresse, sur le podium des trois plus grands
« buveurs de bières » de la planète. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
33
Société
Le foie atteint de maladie • © DR
Et la santé alors !
Enquête réalisée par Simon Ntonga
L
a consommation abusive d’alcool
nuit grandement à la santé de
l’homme. Afin de s’en convaincre,
il faut noter que l’alcool est considéré comme une drogue au même titre
que la cocaïne, le chanvre indien ou encore
l’héroïne. En effet, toutes les drogues provoquent trois effets sur l’être humain : la dépendance, la modification des perceptions
(hallucinations, impulsion, courage, etc.) et
l’intoxication. Ainsi, dans le monde, l’alcool
serait responsable de plus de 50 000 décès.
Une fois absorbé, comment l’alcool est-il
géré par notre organisme ? Quels sont les
effets à long terme d’une consommation
excessive ? Bien souvent, les connaissances
restent floues et ne permettent pas
d’appréhender sereinement les risques
encourus. Les effets toxiques de l’alcool
sont aujourd’hui bien connus. Le foie, le
cerveau et le système nerveux, le cœur et
les muscles peuvent être atteints. L’appareil
digestif n’est pas épargné. Les muqueuses,
l’estomac et l’intestin sont irrités avec des
sensations de brûlures fréquentes.
Cette substance psychoactive agit au
niveau du cerveau au même titre que le
cannabis ou d’autres drogues. Ralenti, perturbé, le cerveau est débordé. Des troubles
des réflexes, de la vision et de l’équilibre,
34
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
des pertes de mémoire… sont fréquents.
Pouvant entraîner une dépendance s’il est
consommé régulièrement, l’alcool s’apparente à une drogue.
Ses effets peuvent être majorés par l’ingestion de certains médicaments comme les
somnifères ou les tranquillisants.
Les effets à courts termes
Les effets immédiats sont bien connus.
Ainsi l’ivresse apparaît en quelques heures
à cause d’une consommation trop importante. Cet état sera d’autant plus rapide
que la personne ne sera pas habituée à
boire. La coordination motrice, l’équilibre, la
perception et le jugement sont altérés. On
distingue invariablement trois phases qui
évoluent de l’euphorie à l’endormissement.
Selon l’Institut National de prévention et
d’éducation pour la santé, l’état évolue
ainsi :
•
•
Phase d’excitation : Le taux d’alcoolémie est inférieur à 0,7 g/l de sang.
Euphorique, désinhibé, bavard et
familier, l’ivresse est atteinte. Les fonctions cognitives (vigilance, perception,
mémoire, équilibre, jugement) sont
déjà atteintes.
Phase d’ébriété : Le taux d’alcoolémie
s’étend de 0,7 à 2 g/l de sang. Troubles
de l’équilibre, mal à parler... c’est une
phase d’incoordination avec troubles
de la vigilance, allant de la somnolence
à la torpeur.
•
Phase d’endormissement : Le taux
d’alcoolémie est supérieur à 2 g/l de
sang. Après une période d’excitation,
on s’endort. Si le taux d’alcoolémie
est supérieur à 3 g/l de sang, il y a un
risque de coma éthylique profond qui
nécessite une surveillance en milieu
hospitalier.
L’alcool est également un facteur
d’agressivité et serait responsable de
50 % des rixes, de 50 à 60 % des actes
de criminalité et de 20 % des délits.
Enfin, la prise d’alcool augmente le
risque de rapports sexuels non
protégés. Et sans préservatif, un seul
rapport suffit pour être contaminé par
le virus du sida, par d’autres infections
sexuellement transmissibles ou pour
être enceinte contre son gré.
Ainsi donc, dans la posture d’un
citoyen camerounais non encore
trempé dans le bain de l’ivresse, il n’a
été dit que toute la vérité. Pourtant,
dans un bar, au nom d’une bière ou
d’un verre d’alcool, nous passerions
tout simplement pour des « ivrognes »
d’un autre type. l
Mémoire
Patriotisme
Aux origines de l’hymne
national du cameroun
Roland Ntsa
« Ô Cameroun berceau
de nos ancêtres ». Voilà
les premières paroles
d’or d’un « cantique »
qui émeut l’âme de tout
Camerounais à chaque
cérémonie où il est «
clamé». Seulement, si le
corpus de l’hymne national du Cameroun reste
gravé dans les mémoires
de tout citoyen, ses origines échappent pourtant
à une bonne majorité.
Foulassi, le berceau du berceau
De même que la ville de Bethlehem en
Judée ne pouvait être soupçonnée héberger la crèche de Jésus de Nazareth devenu
sauveur de l’humanité, pareil l’on ne pouvait prédire en Foulassi, les entrailles de l’un
des emblèmes nationaux qu’est l’hymne
du Cameroun avant 1929. Si Bethlehem est
devenu plus tard célèbre de par sa stature
de berceau de la chrétienté, Foulassi quant
à elle demeure une localité inconnue du
Camerounais ordinaire. Pourtant, l’histoire
politique de notre pays lui est redevable à
plus d’un titre.
Située dans le département du Dja et Lobo,
région du Sud, Foulassi a eu le privilège
d’abriter l’une des missions de l’Eglise presbytérienne de la première heure et surtout
la toute première Ecole normale, fondée
par la France durant la période du Mandat
et qui formait en trois ans, les instituteurs.
C’est donc au sein de l’Ecole normale de
Foulassi que sera signé l’acte de naissance
de l’Hymne du Cameroun.
Au cœur de l’histoire
Dirigé par le révérend Camille Armand Chazeau, l’Ecole normale de Foulassi avait inscrit au programme, les cours d’instruction
civique pour les classes de fin de formation.
En l’année 1928, un devoir fut donné aux
« Ô Cameroun berceau
de nos ancêtres »
Chant de deux strophes, rythmé
poétiquement en rimes croisées,
l’Hymne national du Cameroun
a subit des étapes progressives,
autant sur l’ossature de son texte
que dans son adoption légale.
Ô Cameroun, berceau de nos
ancêtres,
Autrefois, tu vécus dans la barbarie.
Comme un soleil, tu commences à
paraître,
Peu à peu tu sors de ta sauvagerie.
Que tous tes enfants, du Nord au
Sud,
De l’Est à l’Ouest soient tout amour.
Te servir que ce soit leur seul but,
Pour remplir leur devoir toujours.
Tu es la tombe où dorment nos
pères,
Le jardin que nos aïeux ont cultivé.
Nous travaillons pour te rendre
prospère,
Un beau jour enfin nous serons
arrivés.
De l’Afrique soit fidèle enfant,
Et progresse toujours en paix,
Espérant que tes jeunes enfants
T’aimeront sans bornes à jamais.
Refrain : chère Patrie, terre chérie,
Tu es notre seul et vrai bonheur.
Notre joie et notre vie
A toi l’amour et le grand honneur.
Si Bethlehem est
devenu plus tard célèbre
de par sa stature de berceau de la chrétienté, Foulassi quant à lui demeure
une localité inconnue du
Camerounais ordinaire
élèves avec pour thème d’«exprimer l’espoir
en l’avenir du Cameroun ». Au rendu du devoir qui se faisait oralement, les plus belles
paroles étaient écrites au tableau. C’est alors
que René Jam Afane, le plus talentueux des
trois étudiants qui s’étaient aventurés à en
faire un chant, réussira à ressortir un texte
plus captivant. René Jam Afane donne le
titre de « chant de ralliement camerounais
» à son texte. La suite consistait à trouver
une mélodie adaptable à ces paroles, pour
en faire réellement un chant de ralliement.
Un appel est fait aux trois musiciens de la
promotion : Michel Nkomo Nanga, Nyatte
Nko’o et Samuel Minkyo Bamba. Mais c’est
finalement la mélodie de Samuel Minkyo
Bamba qui fera l’unanimité et sera retenue
par le comité. Le chant fut enseigné à tous
les élèves de l’Ecole normale de Foulassi. Il
sera même officiellement exécuté lors de
la visite à cette école du gouverneur Marchand de l’Afrique Equatoriale Française
(AEF) en 1929.
Ainsi jugés peu honorant, les 1er, 2ème et
3ème vers seront modifiés pour laisser place
à ce qui est aujourd’hui connu.
Sur le plan légal, l’hymne national du Cameroun fait partie des trois emblèmes nationaux dont les deux autres sont le drapeau
et la devise. Les débats de leur adoption
se dérouleront à la première Assemblée
législative du Cameroun (ALCAM). Pour ce
qui est de l’hymne national, il sera adopté
le 25 octobre 1957. Au cours de la session,
le projet d’un hymne officiel N°3/B est voté
à main levée par 34 voix, contre 08 avec une
abstention.
Alors, chaque fois que s’exécutera désormais l’hymne national du Cameroun, qu’il
revienne à la mémoire de tout Camerounais
que c’est à Foulassi en 1928 que ce chant
fut créé. Il est aussi urgent de se souvenir
que l’outrage aux emblèmes nationaux est
un délit. Car, le projet de l’emblème N°3/A
stipule en son article 2 que « l’outrage ou
l’injure envers les emblèmes du Cameroun
sous quelques formes qu’il ait été accompli,
par écrit ou par quelque geste que ce soit,
est puni d’un emprisonnement de un à trois
mois et d’une amende de 5000 à 25 000
francs CFA. » l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
35
Culture
Ngondo
Entre tradition et
business
L’arrivée de la course des pirogues • © DR
Devant la case sacrée • © DR
Flore Ekoulle
Les valeurs intrinsèques
que symbolise le Ngondo se
perdent petit à petit dans
la nouvelle orientation
donnée à cette fête des eaux
du peuple Sawa.
«L
e Ngondo perd de sa substance traditionnelle. Entre
le Ngondo d’aujourd’hui
et celui que nous avons
connu, rien à faire, beaucoup d’éléments
nouveaux sont venus altérer le caractère
sacré de cette fête », déclarait André
Ngangué, patriarche Sawa de son vivant.
Beaucoup de personnes ne connaissent
pas l’origine du Ngondo. Ils y vont pour
faire la fête et s’amuser parce que pour
eux, ce n’est qu’un festival de fin d’année
parmi tant d’autres. Pourtant, la grande
36
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
fête des peuples de la côte a été initiée
par les grandes tribus sawa pour marquer
l’union sacrée des peuples de la côte.
Origine du ngondo
Selon des sources orales, dans la première
moitié du 19ème siècle, avant l’arrivée des
premiers missionnaires, il y avait à Pongo
(Dibombari), au nord-ouest de Douala, un
colosse collectionneur d’impôts du nom de
Malobé, qui semait la terreur dans les marchés. Redouté de tous, il commettait toutes
sortes d’abus et d’exactions. Ses principales
victimes étaient les Duala au stricto sensu. A l’apparition de ce « monstre », chacun se
tenait sur ses gardes et le marché tout entier
entrait en effervescence. On entendait alors
crier de toutes parts : Malobè a o don !
Malobè a o don ! « Malobè est (là) au marché ! Malobè est (là) au marché ! ». C’était
le « sauve qui peut ». Les principaux dignitaires des quatre clans Duala se réunirent
alors, afin de réparer cette impardonnable
offense qu’ils subissaient et défendre leur
honneur. C’est cette assemblée qui reçut
donc le nom de Ngondo, du même mot qui
désigne en langue duala le cordon ombilical reliant encore le nouveau-né à sa mère,
« après la délivrance ». De cette image, les
Duala tirèrent l’idée du lien devant les unir
dorénavant.
De fil en aiguille, le Ngondo devint le
symbole de la concrétisation de ce front
uni, appelé à défendre l’honneur du peuple,
aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger. C’est
pendant ce rassemblement que les Duala
choisirent dans une proche banlieue, un
Bakoko de Japoma, nommé Engômga,
comme leur vengeur de l’outrage jusque-là
subi aux marchés de Pongo. Engômga était
lui-même un colosse très fort, doublé d’un
sorcier. Ils provoquèrent alors entre lui et le
titan de Pongo Malobè, un duel aux coups
de poing. Engômga l’emporta et maîtrisa
son adversaire en l’envoyant au fond de la
cale d’une grande pirogue et le ligota solidement. Puis, les Duala emmenèrent chez
eux la « terreur » des marchés de Pongo, et
le livrèrent aux « négriers ». C’en était fini
du titan.
Pourtant, sa mémoire reste immortalisée
dans le vers suivant d’une de ces innombrables chansons traditionnelles du littoral
camerounais : « Malobè a si wèli Engômga »
Culture
La nouvelle donne, un vrai business
Cependant, avec le temps, l’on note des
dérives dans l’organisation des festivités
du Ngondo. La récupération politique et
l’appât du gain sont aujourd’hui au cœur
de cet évènement. Les valeurs culturelles
sont de plus en plus absorbées par le
business et le positionnement de certains
acteurs politiques. C’est ainsi que la symbolique foire pendant laquelle la culture
et la tradition sawa étaient valorisées à
travers les mets, les vêtements, les jeux
et autres activités, est progressivement
en train de céder la place à une véritable
foire économique. De la recherche d’un
sponsor officiel, à l’achat du pagne qui
coûte 10 000, et même 15 000 FCFA à la
veille de la fête, en passant par la location
d’un stand à la foire, le Ngondo est devenu
une véritable manne financière pour les
organisateurs, un vrai business.
(Malobè n’a pas su résister à Engômga),
qu’on entend encore au cours des cérémonies traditionnelles des peuples de la
côte. Plus tard, le Ngondo déborda le cadre
duala au sens strict et devint l’assemblée
traditionnelle de tous les peuples côtiers
du Cameroun.
Le Ngondo se célébrait le 12 juillet de
chaque année sur les berges du Wouri.
Aujourd’hui, il se déroule au cours des
deux dernières semaines du mois de
novembre, avec comme point de chute, «
la messe des eaux » le premier dimanche
du mois de décembre. La messe des
eaux est l’immersion du vase sacré dans
le fleuve Wouri par un initié appelé grand
prêtre. Ce dernier va à la rencontre des
ancêtres en plongeant (5 à 15 minutes),
dans les profondeurs du fleuve Wouri, afin
de transmettre les doléances de leurs descendants et y recevoir le message que les
ancêtres leur envoient, à travers des êtres
vivants de la mer. Cet initié est un messager. Avant d’effectuer ce rituel, il reste dans
la case sacrée appelé « dibala », pour être
en communion avec les esprits de l’eau
les « jengu » (sirènes). Il y ressort quelques
temps plus tard, accompagné d’autres initiés. Une pirogue les amène tous au milieu
du fleuve où le grand prêtre effectue sa
descente. Il ressort de l’eau complètement
sec, avec dans son vase sacré, le message.
Il revient donc aux grands patriarches et
aux prêtres sawa de retourner dans la case
sacrée, décrypter le message devant être
transmis à la population. Pendant cet instant, il est demandé à toutes les personnes
présentes sur le lieu de la cérémonie de
s’éloigner des rives du Wouri. Parce qu’à ce
moment, il ne faut pas perturber les esprits
de l’eau. C’est dans la lecture du message
que les ancêtres envoient aux populations
que le Ngondo tire sa puissance de culte
du passé, faisant un trait d’union entre le
monde visible et celui invisible.
Cette grande manifestation rassemble les
peuples du Wouri, du Nkam, du Mungo, de
la Sanaga-maritime et certains peuples du
Sud-ouest. Ils se sont toujours retrouvés
pendant quelques jours, dans le but
de resserrer les liens qui les unissent et
communier avec les ancêtres, à travers
diverses activités traditionnelles (courses
de pirogues, danses, lutte…). D’autres tribus du Cameroun étaient aussi conviées à
cette grande parade, parce que le Ngondo
se voulait un évènement fédérateur qui
défend les valeurs d’unité et d’amour
prônées par la notion de « l’Etat-Nation »
de Rudolph Duala Manga Bell.
La précarité et la pauvreté des autochtones
sawa ont pris le dessus sur les valeurs de
rassemblement, de paix, de dignité et de
prospérité prônées et défendues par le
Ngondo. Dès lors, on se demande où est
passée la tradition ? C’est à l’image du
sponsor officiel, que le Ngondo se célèbre
depuis quelques années. Cette année c’est
la marque Castel beer des Brasseries du
Cameroun qui était le sponsor officiel du
Ngondo. Une intrusion de cette marque qui
vise, selon les organisateurs, à donner davantage de visibilité au festival. En plus
du sponsor officiel, d’autres entreprises à
l’instar de Orange et de Aes Sonel et bien
d’autres, accompagnent cet événement,
en y associant leur image par l’affichage
de divers supports de communication, à
travers les rues de la ville de Douala.
En outre, le Ngondo est désormais au
centre d’interminables luttes d’intérêts, au
détriment de son caractère traditionnel. Il
paraît que la tradition donne de la valeur
sur le plan politique. Certains natifs sawa
se réclament dignitaires appartenant à la
grande noblesse sawa, parce qu’ils sont de
la haute classe politique. Ils se font introniser notable ou chef traditionnel, par des
autorités traditionnelles avides d’argent
et de reconnaissance politique. Ainsi, la
promotion et la perpétuation des valeurs
traditionnelles des peuples de la côte, sont
englouties dans le culte de la personnalité
et les dérapages de toutes natures. Par ce
glissement, le Ngondo est devenu prisonnier des lobbies politico-économiques, les
nobles valeurs traditionnelles des peuples
sawa ayant cédé la place aux intérêts
individuels. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
37
The Star
Baleba Baleba
Le saxophoniste camerounais
qui vient de fêter ses 80 ans
est plus en forme que jamais.
Avec un nouvel album, une
autobiographie et une tournée
mondiale qui le conduira
aux Nations-Unies, le Grand
Manu n’est pas prêt de raccrocher son instrument fétiche.
© DR
Eternel
38
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
M
anu Dibango s’est-il plongé
dans la fameuse Fontaine de
Jouvence, ou a-t-il découvert
la formule de l’éternelle jeunesse ? Parce qu’au moment où le père de
« Soul Makossa » célèbre ses 80 ans (il est
né le 12 décembre 1933 à Douala), il n’a
jamais semblé aussi en forme. L’allure est
toujours aussi svelte, le rire plus tonitruant
que jamais et son saxophone continue
d’égrener les notes avec la même énergie.
Et pour célébrer comme il se doit cet anniversaire, le Grand Manu a tenu à marquer
le coup en publiant un livre et un nouvel
album. L’ouvrage intitulé « Manu Dibango :
Balade en saxo dans les coulisses de ma
vie » est une autobiographie rédigée avec
le romancier camerounais Gaston Kelman.
Dans son autobiographie, Manu Dibango
revient sur ses 60 ans de carrière. Il évoque
ses débuts en France (1955), sa découverte
du saxophone ou ses concerts à travers le
monde (notamment au Madison Square
Garden de New-York et au stade Maracaña de Rio de Janeiro). L’album s’intitule
sobrement « Balade en Saxophone », un
CD de 18 titres, fait essentiellement de
reprises. Avec son saxophone qui prend
ici une connotation jazzy, Manu y revisite
d’anciens succès américains et français. Les
amateurs pourront découvrir sa version des
titres comme « Nights In Tunisia » de Dizzy
Gillespie ou « L’été Indien » de Joe Dassin. A
ce sujet précis, Manu explique pourquoi il
a voulu le refaire : « Joe Dassin, je l’ai connu.
Il y avait un Cubain qui était chef d’orchestre
chez lui, Ernesto Tito Puentes, un très grand
trompettiste qui est encore là. Moi j’étais chef
d’orchestre chez Nino Ferrer. Donc on faisait
les tournées d’été.». Ce nouveau disque vient
s’ajouter à l’impressionnante discographie
d’un artiste qui a traversé les générations
grâce à sa faculté d’adaptation, à son intuition et surtout à son génie. Véritable touche
à tout, Manu Dibango ne s’est jamais
cantonné à un seul style. Au contraire, le
makossa, la rumba, la salsa, le funk, le jazz,
le blues ou le reggae sont autant de genres
qu’il a explorés avec bonheur.
« Soul Makossa »
La chanson africaine la plus reprise dans
le monde
Et les succès sont innombrables. « Afrique
Sans Fric », « Oh Koh », « Soir au Village »,
« New Bell », « Le Bûcheron », « Idiba », « Oa
Na mba » ou « Soma Loba » ont marqué
les esprits. Mais c’est en 1972 que le destin
d’Emmanuel Njoke Dibango prend son
envol. Alors qu’il est dans le métier depuis
une vingtaine d’années. Il rentrera dans
l’histoire grâce à une chanson devenue
culte, « Soul Makossa ». Manu aime raconter
l’histoire de ce succès qui l’a fait entrer dans
la légende : « En 1972 le Cameroun organise
© DR
The Star
Véritable touche à
tout, Manu Dibango ne
s’est jamais cantonné à un
seul style
la Can. Le gouvernement lance un concours
pour composer l’hymne de la compétition.
Je participe avec la chanson « O Boso «. Mais
comme il s’agissait d’un 45 tours et qu’il
fallait un titre sur la face B, j’enregistre «Soul
Makossa». Malheureusement, le Cameroun
est éliminé et face à la déception, personne
ne veut plus écouter ce disque au Cameroun.
Heureusement ma productrice française qui
avait entendu parler de producteurs américains arrivés en France pour se procurer des
disques africains, leur envoie ce 45 tours ».
La suite, on la connaît. Une fois rentrés aux
Etats-Unis, des Dj tombent sous le charme
de ce titre mi-Funk, mi-Makossa et de ses
renversants phrasés de saxophone. Ils le
passent en boucle dans les boîtes de nuit
de New-York. En quelques semaines, la
chanson se répand comme une trainée de
poudre, au point de devenir à l’été 1973, le
titre le plus joué dans les radios et les clubs
new-yorkais. Depuis, plusieurs artistes américains ont repris ou samplé ce titre qui est
entré dans le « Hall Of Fame » aux Etats-Unis.
Michael Jackson, Will Smith, Jay-Z, Jennifer
Lopez, Rihanna, Milli Vanilli, Patra sont
quelques-uns des artistes à avoir emprunté
des lignes de ce standard. « Soul Makossa »
est aujourd’hui la chanson africaine la plus
reprise dans le monde.
Soul Makossa » est
aujourd’hui la chanson
africaine la plus reprise
dans le monde
Le coach
Manu a joué avec les plus grands. De
Bob Marley à Peter Gabriel en passant
par Herbie Hancock, Youssou Ndour ou
Sinead O’Connor. Avec son orchestre
le « Soul Makossa Gang », il a vu passer
plusieurs instrumentistes camerounais tels
que Richard Bona, Etienne Mbappe, Vicky
Edimo, Armand Sabbal-Lecco, Félix SabbalLecco, Noël Ekwabi… Et parmi les choristes
et chanteuses, on peut citer Charlotte
Mbango, sissy Dipoko, Kaissa Ndoumbè,
Queen Etémé etc.
A la question de savoir s’il a quelques regrets, Manu confesse qu’il aurait aimé jouer
avec Miles Davis et, contre toute attente,
il estime n’avoir pas suffisamment exploré
son instrument, le saxophone. De la part de
Manu, l’un des plus grands saxophonistes
de l’Histoire, véritable légende vivante, c’est
ce qu’on appelle l’humilité des grands. l
Discographie 46 réalisations
1969 : Saxy Party
1971 : Manu Dibango
1972 : O Boso
1972 : Soul Makossa
1973 : Makossa Man
1973 : Africadelic
1974 : Super Kumba
1976 : Manu 76
1977 : L’Herbe Sauvage
1977 : Ceddo
1977 : Le prix de la liberté
1978 : Afrovision
1979 : Gone Clear
1981 : Ambassador
1982 : Waka Juju
1983 : Soft & Sweet
1984 : Surtension
1985 : Tam Tam pour l’Éthiopie
1985 : Electric Africa
1986 : Afrijazzy
1987 : A la Jamaïque
1987 : Seventie’s
1988 : La fête à Manu
1989 : Négropolitaines vol. 1
1990 : Polysonic
1991 : Makossa Man
1991 : Live 91
1992 : Négropolitaines vol. 2
1992 : Autoportrait
1994 : Wakafrika
1994 : Lamastabastani
1996 : Live 96, Papa Groove
1996 : Sax & Spirituals / Lamastabastani
1997 : African Soul - The Very Best Of
1998 : CubAfrica (avec Cuarteto Patria)
1998 : Manu safari
2000 : Mboa’ Su / Kamer feeling
2001 : Kamer feeling
2002 : B Sides
2003 : Africadelic
2004 : Voyage anthologique
2005 : Kirikou et les bêtes sauvages
2007 : Manu Dibango joue Sidney Bechet
2011 : Ballad Emotion
2011 : Past Present Future
2013 : Balade en Saxo
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
39
Santé - Environnement
Dysenterie amibienne
Marceline Ester Assena
La dysenterie amibienne est
une maladie infectieuse, qui
sévit au Cameroun depuis
de nombreuses années. Elle
est liée aux conditions de vie
sanitaires impropres (manque
de latrines et d’eau potable),
qui favorisent la propagation
de la maladie. Dans ces
conditions, on n’est pas près
de voir le bout du tunnel.
Docteur, comment peut-on définir la
dysenterie amibienne ?
La dysenterie amibienne ou amibiase est
une maladie qui a pour origine l’Entamoeba
histolytica, un protozoaire hématophage de
20 à 40 micromètres de diamètre. L’amibe
est un microbe qui se transmet par voie
orale. Il est monoxène : son seul hôte est
l’Homme.
Comment contracte-t-on la dysenterie
amibienne ?
La contamination est directe, car l’amibe
passe par les mains sales, la consommation
de l’eau et des aliments souillés, en particulier, les fruits et légumes crus (salade,
légumes mal lavés). L’insalubrité du milieu
dans lequel l’on vit est aussi un autre facteur
de contamination. Le péril fécal (absence
de latrines et toilettes propres), favorise
l’accès du microbe dans l’organisme. Les
jeunes enfants et les personnes âgées sont
les plus vulnérables.
Quels sont les symptômes de cette maladie ?
Les symptômes sont de divers ordres.
Lorsque le microbe attaque le tube digestif, la maladie peut se manifester par des
diarrhées sanguinolentes, des coliques ou
maux de ventre, avec des selles glaireuses.
Par contre, lorsque le microbe attaque le
foie, la pathologie se manifestera par des
abcès du foie qui provoquent des douleurs
abdominales, des douleurs hépatiques. Il
faut noter que les symptômes varient d’un
individu à un autre, en fonction du taux
d’immunité. Un patient qui contracte les
amibes et qui est immunocompétent ne
peut pas avoir les mêmes symptômes que
celui qui est immunodéprimé. Celui qui
est immunocompétent va juste faire une
gastro entérite, c’est-à-dire une légère diarrhée. Par contre, un enfant, une personne
âgée, ou celle qui est déjà fragilisée par cer40
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
© ASDECA
La fin n’est pas pour demain
ne sont pas bien préparés, essentiellement
les fruits et les légumes. Par ailleurs, il faut
éviter de consommer les aliments exposés
à l’air libre qui sont souvent des victimes
directs de la poussière et des mouches,
porteuses du microbe de la dysenterie amibienne. Enfin, il faut bien se laver les mains
avec du savon avant et après chaque repas,
ou encore, après être allé aux toilettes.
Y a-t-il un traitement contre cette maladie? Comment s’effectue-t-il ?
Docteur Kengne Sotakwo Gisèle Solange,
médecin en épidémiologie à l’hôpital de district
d’Efoulan-Yaoundé
Il faut éviter de
consommer les aliments
exposés à l’air libre
taines pathologies tels que le cancer, le VIH,
le diabète (immunodéprimé), va manifester
plus sévèrement l’amibiase.
Quelles sont les précautions à prendre
pour ne pas contracter cette maladie ?
Le traitement préventif est le respect scrupuleux des règles d’hygiène alimentaire. La
prévention se fait en évitant les aliments
souillés, en buvant de l’eau potable. Il faut
surtout éviter de manger les aliments qui
Lorsqu’une personne attrape les amibes, le
traitement est curatif. C’est un traitement
qui s’effectue par des molécules appelées
imidazolés, par voie orale ou par voie
parentérale (par des perfusions). Lorsque
le patient ne se soigne pas correctement,
ou rapidement, la maladie progresse et
attaque le foie et peut y causer un abcès.
Dans ce cas, le traitement se fait par des
perfusions d’imidazolés. Lorsque le microbe
est dans le tube digestif, le traitement se fait
par voie orale, en prenant des comprimés
d’imidazolé pendant trois jours en prise
unique journalière, ou alors, pendant sept
jours, trois fois par jour et ceci pendant les
repas.
En dehors des symptômes que présente
le malade, comment savoir si le microbe
est dans le tube digestif ou dans le foie ?
Lorsque le patient vient nous voir et qu’il
présente les symptômes de l’amibiase ou
dysenterie amibienne, nous lui demandons
de faire d’abord un examen de selle pour
être rassuré que ce sont bien les amibes.
Ensuite, le malade va faire une échographie
pour savoir à quel niveau se situe l’infection,
afin de prescrire les médicaments appropriés à son cas. l
Santé - Environnement
Déchets hospitaliers
Une menace fantôme
L
es déchets hospitaliers restent
une grande préoccupation pour
toutes les formations hospitalières.
Au Cameroun, en l’absence d’une
politique de gestion rigoureuse des
déchets d’activité de soins, ceux-ci sont
gérés comme des déchets ordinaires.
Pourtant, la collecte même de ces déchets
pose problème, autant que leur traitement
par les responsables chargés de cette tâche.
La gestion des déchets hospitaliers est
fondamentale dans la réussite de la réforme
hospitalière en vigueur au Cameroun. Car,
si tous les déchets d’activité de soins se
retrouvent dans la nature, il va de soi que
les populations restent exposées à des
risques infectieux graves. Dans ce cas, il est
impératif de mettre sur pied des structures
spécifiques de traitement de déchets hospitaliers, selon un système de normalisation
et de certification propre à cette activité.
Tous les moyens sont bons
A Yaoundé, même si des efforts ont été
fournis pour gérer efficacement les déchets
hospitaliers, de nombreuses limites persistent. A l’hôpital Général par exemple,
les déchets produits par le laboratoire, la
chirurgie, la maternité, la banque de sang
(seringues, poches de sang vides, sachets
de glucosé etc.), sont récupérés pour être
incinérés. A l’hôpital gynéco obstétrique
de Ngousso, l’incinérateur est de très
faible capacité par rapport à la production
journalière de déchets dangereux. Cependant, dans la plupart des autres centres
hospitaliers (hôpitaux régionaux et districts
de santé, centres de santé intégrés, etc.), les
unités d’hygiène, lorsqu’elles existent, sont
non fonctionnelles dans la majorité des cas.
Le conditionnement des déchets se fait par
le personnel, avec l’utilisation des boîtes
de sécurité pour les objets solides et les
poubelles rudimentaires pour le reste des
déchets mous. La collecte est assurée par
des agents du service d’hygiène, ou alors
par des agents de surface temporaires,
habituellement non protégés. L’élimination
des déchets solides se fait par brûlage à l’air
libre, soit à même le sol, ou dans les fosses,
tandis que les déchets liquides sont versés
dans les fosses septiques.
Une réglementation inexistante
Au plan juridique, il n’existe aucun texte
réglementaire régissant de manière spécifique, la gestion des déchets hospitaliers au
Cameroun. Il en est des textes en vigueur
comme la loi n° 96/12 du 5 août 1996 por-
Des déchets hospitaliers en plein air • © ASDECA
M.E.A.
Les déchets hospitaliers
restent un casse-tête pour
les autorités camerounaises.
Aucune solution n’étant
envisagée pour résoudre cette
situation, ils continuent à
être traités comme tous les
autres déchets ménagers. Ce
qui constitue un danger pour
les populations.
tant sur la loi-cadre relative à la gestion de
l’environnement, qui stipule en son article
42 que « les déchets doivent être traités de
manière écologiquement rationnelle afin
d’éliminer ou de réduire leurs effets nocifs
sur la santé de l’homme, les ressources
naturelles, la faune et la flore et sur la qualité
de l’environnement en général », et la loi n°
89/027 du 29 décembre1989 portant sur les
déchets toxiques et dangereux. Ces deux
lois qui évoquent la gestion des déchets
dangereux et toxiques, ont une portée
générale et évasive, car elles traitent de la
question des déchets hospitaliers d’une
manière superficielle.
Quel traitement pour le futur ?
Dans la plupart des formations sanitaires
du pays, la gestion des déchets dangereux
est réalisée dans des conditions peu
satisfaisantes. Pourtant, elle constitue
une préoccupation majeure en termes de
risques environnemental et sanitaire, aussi
bien pour les personnels et les malades des
formations sanitaires que pour des collectivités locales et des populations.
Au Cameroun, les filières de traitement des
déchets sont presque inexistantes. En effet,
le tri, le conditionnement, l’entreposage
intermédiaire et le transport des déchets
d’activité de soins sur la voie publique ne
tiennent pas compte des facteurs contaminants qu’ils représentent. L’information
à l’intérieur de l’hôpital sur les risques de
certains déchets d’activité de soins est
aléatoire. Même s’il y a une petite ébauche
dans certains hôpitaux de référence, force
est de constater que dans l’ensemble,
des bouteilles en plastique servent de
poubelles au personnel médical, pour le
conditionnement des seringues et aux
autres objets tranchants.
Ainsi, l’Etat devrait encourager, à travers
des subventions ou exonérations fiscales,
le secteur privé à se mobiliser dans ce sens.
Car, la création de sociétés de traitement de
déchets s’avère importante de nos jours.
Ces dernières peuvent se doter d’usines ou
de stations de collecte, de stérilisation et
de destruction. En attendant, les services
médicaux doivent sensibiliser et former un
personnel adéquat devant trier et collecter
les déchets. l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
41
Sport
Brésil 2014
Quelles chances pour les Lions ?
Baleba Baleba
Brésil, Croatie et Mexique,
tels sont les adversaires
désignés par le tirage au sort
le Vendredi 06 Décembre 2013
au Brésil. Les Lions Indomptables auront donc comme
adversaires des pays de haut
niveau.
C’
est un fait. Les Camerounais
sont les petits poucets de ce
groupe car contrairement
aux autres, ils n’ont franchi le
premier tour d’une coupe du monde qu’à
une seule reprise (1990, quart de finalistes).
Depuis, le Cameroun a surtout fait parler
de lui dans la rubrique des faits divers.
Presqu’à chaque phase finale de coupe
du monde, on a déploré des scandales
liés à l’épineuse question des primes. En
2002, les joueurs avaient menacé de ne
pas disputer le tournoi pour une histoire
de primes impayées. S’en était suivie une
grève d’une semaine qui avait fait les choux
gras des médias occidentaux. En 1994 et en
2010, ce ne fut pas très glorieux non plus
avec l’immixtion permanente des ministres
dans le travail des sélectionneurs et par
leur propension à déconcentrer les joueurs
en multipliant des « réunions de crise ». En
2010 par exemple, le ministre Zoah avait eu
recours… au tirage au sort pour désigner le
11 entrant, écartant de fait le sélectionneur
(Paul Le Guen) qui en avait la charge.
Le Cameroun doit
se craindre lui-même à
cause de sa capacité à se
savonner la planche
Plus que ses adversaires, le Cameroun doit
se craindre lui-même à cause de sa capacité
à se savonner la planche. Si ces errements
sont évacués, un Cameroun aux valeurs
retrouvées est capable de tout, même de
battre le Brésil comme ce fut le cas en 2000
aux J.O. et en 2003 lors de la coupe des
Confédérations. Mais l’erreur serait justement de faire du Brésil l’objectif principal
de ce premier tour. Cela n’aurait aucun sens
parce qu’il existe actuellement un océan
entre les deux sélections. Et puis l’Histoire
42
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Les Lions indomptables jubilent après leur qualification • © G. Tchapy
ne plaide pas en faveur des Lions qui ont
perdu 3 fois contre les Auriverde contre une
seule victoire. Si le Cameroun veut espérer
continuer sa route, il faudra tout miser sur
les deux autres pays que sont la Croatie et
le Mexique. Même si c’est loin d’être gagné,
cela reste jouable.
Ces deux adversaires sont d’autant plus
importants que le Cameroun les affrontera
lors des deux premiers matchs, le Mexique
en premier, la Croatie ensuite. Il faudra donc
commencer par s’imposer devant les Mexicains dont les stars sont Javier Hernandez et
Giovanni Dos Santos. Cela doit être l’objectif
de Samuel Eto’o et ses coéquipiers. Pas
question de faux fuyants et de fausse modestie. Si les Lions veulent avoir un espoir,
ils devront battre leur premier adversaire.
Après, qui sait, une victoire peut lancer une
vraie dynamique et leur donner des ailes
pour s’imposer ensuite devant la Croatie
de Mario Mandzukic (Bayern Munich) et
Luka Modric (Real Madrid). Deux grands
joueurs qui auront à cœur de reproduire la
performance de leurs aînés en 1998 (demifinalistes). Si le plein de points est fait face à
ces deux nations, le 3è match face au Brésil
ne comptera que pour la première place et
il aura surtout des allures de match de gala.
L’occasion pour les Camerounais de jouer
sans pression et de se faire plaisir face à
Neymar, Oscar, Thiago Silva ou Dani Alves.
Mais pour qu’on en arrive à un tel cas de
figure, il faudra bien préparer cette affaire. A
commencer par retrouver un peu d’humilité,
tout en affichant clairement ses ambitions.
C’est l’humilité qui permettra aux Lions de
retrouver leurs valeurs cardinales. Cela doit
commencer par les dirigeants (ministère des
sports et Fecafoot). C’est à eux que revient
la tâche de mettre en place un programme
de préparation et de le respecter. « Il faudra
Les Lions Indomptables ont largement
de quoi rivaliser avec la
Croatie et le Mexique
bien préparer cette coupe du monde et trouver de bons adversaires aux Lions pour les
rencontres amicales ». Le souhait de Roger
Milla est celui des millions de Camerounais
qui déplorent depuis des années le fait que
les Lions disputent très peu de matchs amicaux. Puisque le Cameroun affrontera des
pays sud-américains et européen, il serait
bien de trouver des adversaires issus de ces
régions.
Il va ensuite falloir effectuer un recensement et essayer de récupérer quelques
binationaux de talent comme Georges-Paul
Ntep et Bahebeck. Ratisser large pour
retrouver des joueurs capables d’aider
l’équipe. Enfin, il faut que le sélectionneur
soit un homme courageux. Qu’il transmette
la confiance à ses joueurs. S’il recommence
à tâtonner et à se faire dessus comme à ses
débuts, c’est perdu d’avance. Après le tirage
au sort, Volker Finke a déclaré que hormis
le Brésil qui était au-dessus du lot, les trois
autres formations étaient du même niveau
et que le Cameroun avait ses chances de
passer. Il n’a pas tort. Encore faut-il qu’il croit
lui-même à son discours en transmettant
à ses joueurs la confiance nécessaire dans
une compétition aussi relevée.
Si l’on prend en compte le talent individuel
des Croates et des Mexicains, les Camerounais n’ont rien à leur envier. Avec des
joueurs comme Nkoulou, Kana-Biyick,
Song, Assou-Ekotto, Makoun, Matip, Mbia,
Chedjou et Eto’o qui évoluent au plus haut
niveau en Europe, les Lions Indomptables
ont largement de quoi rivaliser. l
Sport
Sport national
Le Cameroun doit
rebondir en 2014
L
e constat se fait de lui-même.
L’année qui vient de s’achever n’a
pas été un grand cru pour le mouvement sportif camerounais. Au pays
comme à l’international, le sport n’a pas
particulièrement brillé. Hormis le valeureux
parcours de Coton Sport de Garoua en
Ligue des champions (demi-finaliste) et la
qualification des Lions Indomptables à la
coupe du monde, rien de bien consistant
à se mettre sous les crocs. Un comble pour
des athlètes ayant pour emblème le Lion.
En basketball, les équipes nationales masculine et féminine n’ont pu aller au bout
de l’Afrobasket. Idem pour les volleyeurs
et volleyeuses qui ont participé aux championnats d’Afrique des Nations au Kenya
(pour les filles) et au Congo Brazzaville
(pour les garçons).
En athlétisme, si les Camerounais se sont
distingués lors des championnats d’Afrique
centrale, ils n’ont guère brillé aux Jeux
de la Francophonie de Nice (seulement 5
médailles). Des disciplines comme la boxe,
l’haltérophilie, le cyclisme, le rugby ont
surtout fait parler d’elles dans la rubrique
faits divers, plutôt que pour les exploits
des athlètes dans les arènes. La fédération
camerounaise de rugby est actuellement
sous le coup d’une suspension de la
Confédération Africaine parce que les Lions
n’ont pas disputé la Can au Botswana. Il en
est de même pour la fédération de boxe
qui avait été suspendue par l’Association
Internationale de Boxe Amateur pour « non
respect des textes ». Le 26 novembre 2013,
les haltérophiles sont allés faire le siège du
ministère des sports pour réclamer leurs
primes de participation aux championnats
d’Afrique au Maroc, d’où ils ont pourtant
ramené 25 médailles.
En football, après de multiples batailles
pour le contrôle de la fédération, la Fifa
a dû se résoudre à suspendre la Fecafoot
et à installer un Comité de Normalisation
chargé entre autres de préparer les
élections prévues en mars 2014. Dans les
défis qui attendent le sport camerounais
en cette nouvelle année, le football est en
première ligne. Le Comité de Normalisation
conduit par le Pr Joseph Owona est attendu
au tournant. De sa capacité à s’acquitter
convenablement de sa tâche, dépend
l’avenir du sport roi. S’il mène à bien sa
mission et respecte les délais, alors ce sera
B.B.
Entre les footballeurs qui disputeront la coupe du monde
au Brésil, les volleyeuses qui
vont essayer de décrocher leur
billet pour les championnats
du monde en Italie, en passant
par les handballeurs engagés
en championnats d’Afrique,
le sport camerounais sera
sur plusieurs fronts en 2014.
Avec pour objectif, faire mieux
qu’en 2013.
un grand pas de franchi. Or, on prête déjà
au professeur l’intention de vouloir rester
en place jusqu’au mondial. Si tel est le cas,
on risquerait de repartir pour de nouveaux
drames, car certains ont déjà fait savoir qu’il
n’en n’était pas question.
des disciplines
comme la boxe, l’haltérophilie, le cyclisme, le rugby
ont surtout fait parler
d’elles dans la rubrique
faits divers, plutôt que
pour les exploits des athlètes dans les arènes
cale Amissa Bongo (Tour du Gabon) qui
fera escale au Cameroun le 13 janvier, la
Fecacyclisme aura à organiser le Tour du
Cameroun en mars 2014, après une année
d’hibernation.
Pourtant, le gros problème du Cameroun
reste les infrastructures. Comme au
début de chaque année, les Camerounais
se croiseront les doigts dans l’espoir que
le gouvernement se décide enfin à mettre
en branle le Programme National de Développement des Infrastructures Sportives
(Pndis). Lancé il y a cinq ans, il n’a accouché
pour l’instant que du Palais des Sports de
Yaoundé et du Stade Omnisports de Limbé
qui sera peut-être livré cette année. C’est
peu pour un pays aux grandes ambitions. l
Quoiqu’il en soit, ceux qui auront la charge
de mener les Lions à la coupe du monde devront faire en sorte que la préparation et la
compétition se déroulent correctement. Le
championnat qui va passer de 14 à 18 clubs
constituera également un vrai défi pour
la Ligue de football qui l’a décidé. Quant
aux clubs qualifiés en coupes africaines
interclubs, il faudra essayer de renouer avec
un succès qui fuit le Cameroun… depuis 32
ans.
Mais, c’est l’athlétisme qui ouvrira cette
saison sportive avec l’Ascension du Mont
Cameroun (22 février). Même si cette
épreuve n’a jamais révélé d’athlètes de
dimension internationale, cette course
reste quand même importante pour la
fédération. Françoise Mbango, Léonie Mani,
Carole Kaboud-Mebam ou Joseph BatangDong ayant fait leur temps, il faut essayer de
dénicher de nouveaux talents.
Sur le plan international, les handballeurs
et les volleyeurs seront les premiers à sortir.
Les premiers (filles et garçons) vont participer à la 21è Coupe d’Afrique des Nations
en Algérie (16-25 janvier). Les volleyeuses
seront également en Algérie pour disputer
le tournoi qualificatif aux championnats
du monde. Après le passage de la Tropi-
2014 est une année charnière pour le Volley-ball • © DR
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
43
International
The letter that sparked uproar
‘Nigeria is bleeding’
Obasanjo to Jonathan
“President Jonathan is running a people’s
government. He does not need any snipers.
His legitimacy comes from the people.
Those who are alleging the existence of
snipers should step forward and provide the
evidence or shut up forever and go down in
history as spineless cowards, driven by sheer
greed and indecency,” Presidential spokesman Reuben Abati said in a statement. He
also described the call by APC for President
Jonathan’s impeachment as reckless and
irresponsible.
Obasanjo ‘megalomaniac’
Interestingly enough, one of those who think
that Obasanjo is not qualified to provide
counsel on national issues is the former president’s daughter, Senator Iyabo Obasanjo. In
what was turning out to be a season of open
letters, Iyabo, ruled out further communication with her father till death, describing him
as a liar, manipulator, two-faced hypocrite
determined to foist on President Goodluck
Jonathan what no one would contemplate
with him as president.
Goodluck Jonathan © DR
Valentine Mulango
D
ecember 2013 is a month
Nigerians will never forget as the
country was caught in a trend of
historic open letters that reverberated nationwide. Opening the trend was an
apparently angry and frustrated ex-President
Olusegun Obasanjo who wrote what clearly
competed as one of the most acerbic letters
in modern history to President Goodluck
Jonathan, accusing him of ineptitude and of
taking actions calculated at destroying Nigeria. Obasanjo’s daughter, Iyabo, will follow
suit lashing out at her father calling him a
power-hungry megalomaniac.
Obasanjo’s 18-page letter which dated December 2, was first published on the internet
on December 10, by Premium Times and was
quickly relayed by national and international
press. It minutes, Nigeria was plunged into
an uproar for weeks. “Nigeria is bleeding and
the hemorrhage must be stopped,” Obasanjo
said in the letter. Jonathan has failed to deliver on his promises to the Nigerian people,
stem corruption, promote national unity and
strengthen national security, he added.
In the letter titled “Before it is too late,” Obasanjo said rather than take steps to advance
Nigeria’s interest and up the standards of
living of Nigerians, Mr. Jonathan has betrayed
God and the Nigerian people that brought
him to power, and has been pursuing selfish
personal and political interests based on
advice he receives from “self-centered aides.”
44
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Olusegun Obasanjo • © DR
The former President said Mr. Jonathan told
him before the 2011 election he would not
seek a second term, and made the same promise to governors, party stakeholders and
Nigerians. He then went further to caution
the incumbent that it will be «fatally morally
flawed» to contest in 2015 presidential elections.
Most strikingly, Obasanjo told Jonathan that:
“Allegation of keeping over 1,000 people on
political watch list rather than criminal or
security watch list and training snipers and
other armed personnel secretly and clandestinely acquiring weapons to match for
political purposes like Abacha and training
them where Abacha trained his own killers, if
it is true, it cannot augur well for the initiator,
the government and the people of Nigeria.”
‘Shut up forever’
Obasanjo’s controversial and historic letter
reverberated across Nigeria resurrecting
reactions from some of the country’s top personalities. While a group under the auspices
of Muslim Rights Concern, MURIC called on
President Goodluck Jonathan to reply to the
letter and stop ‘ranting,’ the opposition All
Progressives Congress (APC) called for his
impeachment.
The presidency will reply few days after the
publication of the letter, challenging his
predecessor, Chief Olusegun Obasanjo to
provide evidence of his recent claims that
the government is training a group of snipers
to take out political opponents ahead of the
2015 general elections.
In an 11-page letter dated December 16,
2013, exclusively obtained by Nigeria’s Vanguard newspaper, Iyabo accused her father
of orchestrating a third term for himself as
president, cruelty to family members, abandonment of children and grandchildren, and
also, a legendary reputation of maltreatment
of women.
Senator Iyabo, first child of the former president currently residing in the USA told the
father: “For you to accuse someone else of
what you so obviously practiced yourself tells
of your narcissistic megalomaniac personality. Everyone around for even a few minutes
knows that the only thing you respond to is
praise and worship of you.”
She said like most Nigerians, she believes
there are very enormous issues currently
plaguing the country but that she was surely
surprised that the father will be the one to
publish such a ‘treatise’. The fallout between
Mr. Obasanjo and his daughter is the latest
in a long-running feud between the former
president and several members of his immediate family.
Nigeria is one of those countries in Africa
where open letters are often addressed to a
seating president but Obasanjo’s controversial open letter to Goodluck Jonathan distinguished itself and has been tagged ‘historic’
by the Nigerian press.
Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan, 65, is
the 14th Head of State and current President
of Nigeria. Prior to his role as President, he
served as Deputy Governor of Bayelsa State,
Governor of Bayelsa State and Vice-President
of the Federal Republic of Nigeria. Meanwhile
Olusẹgun Mathew Okikiọla Arẹmu Ọbasanjọ,
75, is former president who Nigeria who
served two mandates (1999–2007). l
International
Afrique-France
Roland Ntsa
Malgré le balai des indépendances des pays africains
dans les années 60, le
continent noir n’a jamais pu
prendre en main la conduite
de ses affaires en toute
autonomie. «La France à fric»
plane son ombre au-dessus
du continent tel un nuage
d’ouragan.
répandra sur les colonies. Comme un goulot d’étranglement, l’étau de la servitude va
étreindre pendant trois siècles les populations africaines qui finiront par prendre ces
« blancs » pour des dieux. Pillage, travaux
forcés, bastonnades publiques, imposition
d’un impôt contraignant, etc., telles sont
les exactions que devaient subir interminablement les fils du continent. A ces humiliations, s’ajoute le pillage sans scrupule de
la riche nature de mère Kmt. L’on a cru avec
les indépendances que l’Afrique en avait
fini. Que non ! L’étau a changé de forme,
rien de plus. Pis encore, autrefois il était
tout simplement question de rapatrier en
en 1942. Plus grave encore, le quotidien
français Libération du O9 décembre 2013
parlant du Président François Hollande, prétendait que : « le chef de l’Etat se trouve dans
la posture inconfortable du gendarme forcé
de l’Afrique, formulant inlassablement le vœu
pieux d’un continent censé parvenir un jour
à assurer lui-même sa sécurité. La solution
passe obligatoirement par un engagement
plus grand de la communauté internationale,
de l’ONU à l’Union européenne, et par le déploiement d’une force africaine capable. Sans
cela, Paris risque de traîner encore longtemps
le boulet de son héritage postcolonial ».
France les produits naturels d’Afrique ; mais
à ce jour, la France a choisi d’installer ses
entreprises sur le continent, et elle n’hésite
pas à recourir aux interventions militaires
pour mieux protéger ses intérêts.
Jusqu’à quand l’Afrique continuera-t-elle à
se considérer puérile ? Après plus de 50 ans
d’indépendance, le continent doit-il encore
attendre du secours de son ancienne puissance colonisatrice pour maintenir la paix
sur ses territoires ? A-t-on forcément besoin
de tenir un sommet onéreux à l’Elysée pour
discuter des questions de sécurité sur le sol
africain ? Ou encore, en lieu et place d’une
«CPI raciste », le continent ne gagnerait-il
pas à mettre en valeur ses atouts culturels
de négociation, de réconciliation et de dialogue pour maintenir la paix entre ses fils ?
L’
intrusion séculaire de la France
dans le continent africain a été tellement marquante et imposante
que ses traces restent visibles et
indélébiles à tout point de vue. Et l’Afrique,
s’accrochant à la République des Gaulois,
s’y trouve presque liée par un solide cordon
ombilical. D’abord la traite négrière. Durant
quatre siècles, la main esclavagiste de la
France et de ses « compères » a fouillé
et refouillé les quatre coins de mère Kmt
(désignation du continent en égyptien
ancien), à la recherche des « perles noires »
qu’elle déportait ensuite vers le pays de
l’Oncle Sam. Même si les débats perdurent
sur le chiffre exact des Africains arrachés de
force à leur terre natale, il n’en demeure pas
moins vrai qu’ils furent des millions à être
embarqués comme de vilaines sardines
vers cette terre inconnue qu’était l’Amérique. Jusqu’à ce jour, la traite négrière n’a
jamais été reconnue par la France comme
étant un crime contre l’humanité, encore
moins comme un génocide. Le discours de
Sarkozy prononcé à l’université Cheik Anta
Diop de Dakar le 27 juillet 2007 en est une
parfaite illustration.
Ensuite la colonisation. La traite négrière a
été un véritable catalyseur de l’industrialisation des anciens négriers et donc, de la
France. Le boom économique provoqué
par les retombées des champs de café et
de cacao en Amérique, aura mis la France
dans une orbite de prospérité. Seulement,
le marché européen étant devenu exigu et
les matières premières rares pour alimenter
son industrie, la France s’en retournera
vers le continent noir qui représente des
débouchées à son expansion économique.
Il ne sera pas question cette fois de piller
l’Afrique de ses fils, mais de ses richesses du
sol et du sous-sol. Comme la pieuvre aux
mille tentacules dont parle Joseph Ngoué
dans son ouvrage intitulé La croix du Sud,
le spectre de la domination française se
Pater noster
De même le Très Haut Père dispose souverainement de ses créatures, pareil la France
gère son héritage, mieux son pré-carré en
Afrique. Du Niger en RCA en passant par le
Tchad et le Mali, c’est Père France qui met de
l’ordre, soutenant qui il veut et destituant
qui bon lui semble. Or, l’on se souviendra
toujours de son dédain de l’envahissement,
comme cela fut le cas en 1872 (Problème de
l’Alsace et de la Lorraine) ou encore en 1939
avec la Blitz Krieg de Hitler, qui a poussé
De Gaulle à la révolte et à l’exil en Algérie
Au demeurant, l’on ne le dira jamais assez,
à l’aune de la mondialisation et de l’émergence de certains Etats du Continent :
« Afrique lève-toi et marche ! Le monde te
regarde, berceau de l’humanité ». l
L’ère du temps • JANVIER 2014
n
45
International
RCA
Un Etat purgatoire
E
tat enclavé situé en Afrique centrale,
la RCA a acquis son indépendance
le 13 août 1960. Son statut d’Etat à
risque est tributaire, non seulement
de son histoire politique, mais aussi du
caractère « conflictogène » des Etats qui lui
sont frontaliers. Depuis son accession à la
souveraineté internationale, l’histoire de la
vie politique de la RCA est une histoire des
coups d’Etat à répétition.
De fait, en 1965, Jean-Bedel Bokassa prend
le pouvoir après un putsch contre son
cousin David Dacko à la tête du pays depuis
1959. Bokassa s’auto proclame empereur
en 1977 avec pour nom Bokassa Ier. Son
règne est marqué par d’indicibles actes
de barbarie à l’endroit du peuple et de ses
rivaux politiques. En septembre 1979, «
l’opération Barracuda», organisée par la
France, le renverse et remet au pouvoir son
prédécesseur. Il est accusé de s’être trop
rapproché de Kadhafi dont les ambitions au
Tchad sont contraires aux intérêts français.
C’est le début d’un chapelet de coups d’Etat
qui voient se succéder à la magistrature
suprême des généraux avides de pouvoir.
C’est dire que la notion de supériorité du
pouvoir civil sur le militaire a perdu tout son
sens dans l’ex Oubangui. C’est ainsi qu’en
septembre 1981, avec le général André
Kolingba , le 15 mars 2003 avec François
Bozizé et le 23 mars 2013 avec la coalition
rebelle Séléka dirigée avec à sa tête, Michel
Djotodia. La RCA s’est alors transformée
en un véritable gâteau entre les mains des
militaires aux appétits politiques trop aigus.
Roland Ntsa
Véritable poudrière en Afrique
centrale, la RCA depuis son
indépendance n’a vogué que de
crises en crises. Nous sommes
là dans un Etat où la paix est
une exception et la guerre la
règle d’or.
ces frontières qui sont aussi poreuses que le
désert, facilitant de ce fait, l’armement des
milices. En RCA, la notion de l’Etat présenté
comme le monopole absolu du pouvoir par
Thomas Hobbes n’a aucune signification.
Certains experts de la géopolitique tel Eric
Mathias Owona Nguini n’hésiteront même
pas à dire qu’il n’y a que très rarement
eu un Etat au sens propre du terme en
Centrafrique. La RCA est dont un véritable
enfer pour ses populations de même qu’il
représente un véritable danger pour l’îlot
de paix qu’est le Cameroun.
Gare au feu
La guerre n’a que très rarement respecté
la notion de frontière. Les escalades des
troupes de l’ex Séléka au-delà des frontières
camerounaises, sont un véritable problème
de sécurité pour les populations du Cameroun. Les différentes instruisions de ces
milices en terre camerounaise constituent
Dans l’axe des braises
Si l’histoire politique interne du pays a
depuis toujours porté un coup à une vie
paisible pour le peuple centrafricain, celle
des Etats riverains non plus, n’a pas été un
facteur de paix pour le pays.
En clair, d’une superficie totale de 623 000
km², la RCA est abordée par le Cameroun
à l’Ouest (797 km de frontières), le Tchad
au Nord (1.197 km), le Soudan (1.165 km)
à l’Est et par les deux Congo au Sud (1.577
km pour la République démocratique du
Congo et 467 km pour la République du
Congo). Ainsi, excepté Cameroun, les autres
Etats voisins de la RCA sont de véritables
foyers de tension dont les effets néfastes
ne tardent pas à s’étendre jusque dans le
territoire de l’Ex-Oubangui. La théorie de
ruissèlement et de débordement développée par l’Autrichien Ernst Haas prend ici
tout son sens. Les armes de petit comme
de moyen calibre circulent librement entre
46
n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Des soldats français dans les rues de Bangui • © DR
non seulement une violation de l’intégrité
territoriale de l’Etat, mais aussi et surtout,
sont à l’origine d’une psychose permanente
des populations qui ont vu tomber leurs
frères sous les balles des assaillants. Cet
état de chose est une épine dans la gestion
politique sereine du Président Paul Biya.
Faut-il réprimer avec la dernière énergie le
nouveau régime de Bangui par une action
des armes ou par la une interdiction d’accès
au port de Douala, ou alors doit-il ménager
ce peuple frère ? Illuminé par sa haute
notion de la paix, le Président du Cameroun
a choisi son option. Elle se lit à travers le
pont aérien organisé en cette mi décembre,
dans l’optique de ramener au terroir les
Camerounais qui étaient coincés dans les
braises centrafricaines et surtout par la présence des militaires camerounais aux côtés
d’autres armées pour le rétablissement de
la paix en RCA. Par ailleurs, l’acquisition
d’une logistique de dissuasion flambant
neuve de la part du Cameroun contribuera
à rappeler à ses voisins de la sous région
Afrique centrale cette sagesse bantu : « ce
n’est pas par ce qu’un lion refuse de jouer
qu’il doit être taxé de moribond ».
Au demeurant, ce ne sont pas les différentes
interventions de la France omniprésente, ni
la mobilisation de la communauté internationale toute entière qui ramènent la paix
dans un Etat. L’enjeu majeur est celui de la
considération sans équivoque de l’appartenance du pouvoir au civil, le militaire
n’ayant pour seule mission que la défense
extérieure d’un Etat politiquement solide.
L’inverse ne restera qu’un danger. La RCA,
l’un des pays les plus pauvres de la planète,
devrait plutôt chercher les voies et moyens
pour donner le sens à l’humanité de son
peuple. l
Pub.
Sopecam
La dot
Un casse-tête pour le
mariage des jeunes
I
l n’est pas rare de trouver deux « conjoints » qui en sont à leur dixième
année d’union. Seulement, il s’agit
d’une union totalement illégale. La
conjointe, partie de chez ses parents à
l’anglaise, a juré fidélité à son conjoint,
au nom du seul amour. Et au nom de cet
amour, elle supporte autant que faire ce
peut, la pression des siens qui exigent déjà
que le « beau-fils » vienne les « voir ». Il ne
s’agit pas d’une visite de courtoisie, loin
s’en faut. Il est question en réalité d’une
exigence ouverte ou voilée, qui ne cessera
qu’avec la décision du « beau-fils » d’aller
« demander la liste », et surtout de verser
tout ce qu’elle comporte comme exigences.
La dot qui représente l’ensemble des biens
que le futur époux offre à la famille de sa
fiancée pour la célébration du mariage
traditionnel, a connu autrefois utilités
différentes. Dans certaines sociétés, la dot
permettait à une famille de pouvoir marier
un fils, en envoyant une de ses sœurs en
mariage. C’est la dot qui était perçue de
la fille qui permettait de prendre la main
d’une épouse ailleurs, pour le fils. Par
ailleurs, la dot représentait une certaine
compensation du vide laissée par le départ
d’une fille, comme l’indique si bien le
sociologue Valentin Ngah Ndongo : « Pour
l’Africain, le départ d’une fille en mariage
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n
L’ère du temps • JANVIER 2014
Roland Ntsa
A la question de savoir, pourquoi les jeunes contractent de
moins en moins les mariages
officiellement, le doigt accusateur est pointé sur le coût de
la dot qu’ils jugent trop élevé.
La conséquence est qu’une
autre forme de mariage totalement illégale s’est installée
dans les habitudes.
mutilait la famille et il fallait compenser ce
vide par un objet destiné à être conservé ». Il
ajoute que le second défi que devait relever
la dot était celui de la diplomatie entre
certains clans ou certaines tribus en conflits,
les deux familles ou tribus ou clans unissant
leurs enfants étaient désormais considérés
comme des frères et ne pouvaient plus
se faire la guerre. D’autre part, comme le
note Mme Damaris Mounlom, directrice
de l’ONG Femmes santé et développement
(FESADE), le mariage traditionnel étalait le
sentiment de haute estime que la famille
du fiancé portait à l’endroit de celle de sa
future épouse. « Le mariage traditionnel est
quelque chose de sain qui vient renforcer la
fragilité du couple », estime-t-elle. Dans la
religion musulmane, il n’y a pas de mariage
véritable sans dot. Son non-respect entraîne
à coup sûr, des conséquences négatives, la
dot étant une institution divine. Il faut donc
se conformer à cette exigence suprême
qu’est la dot.
Malheureusement à ce jour, la dot est
perçue par beaucoup comme un goulot
d’étranglement des jeunes garçons, du
fait de son « coup élevé » dans certaines
régions du Cameroun. Ce qui explique la
multiplication des couples «viens on reste »
dans de nombreuses régions. Parce que la
dot a perdu son sens de geste symbolique
à l’endroit de la famille de la fiancée, de
nombreuses dérives se sont installées. Le
Pr. Ngah Ndongo estime que « l’arrivée de
la monnaie comme valeur qui a dénaturé la
dot ». À cela, on peut ajouter la paupérisation des familles, qui ont vite vu en leurs
filles, le moyen d’acquérir des biens. Un
autre aspect de la chose reste le mariage
homosexuel qui se promeut de toute part,
la question ici c’est de savoir qui dotera
qui ? Au demeurant, faut-il donc annuler
la dot pour enfin permettre aux jeunes de
se marier librement ? Nous avons recueilli
quelque avis de l’homme de la rue. l
Mme Ekani, institutrice
« La grandeur de l’homme »
© Asdeca
La dot reste valable dans notre société. Même dans l’Antiquité, toutes les femmes étaient dotées. Ce sont des commodités spéciales qui donnent un sens à une union sérieuse, bien qu’elles soient un peu exorbitantes dans certaines régions du Cameroun.
Il faut faire avec. Grâce à la dot, on donne une valeur à la femme que l’on entend épouser. Elle participe aussi de la grandeur de
l’homme. Je ne parle pas de la grandeur dans le sens du matériel.
Achille, maçon
« Une valeur symbolique »
© Asdeca
Si moi je suis bloqué aujourd’hui dans le domaine du mariage, c’est à cause de la dot. Le mariage est un vrai problème par rapport
à la dot. Lorsque j’évalue le coût de la liste qui m’a été remise, elle peut me prendre beaucoup d’années d’épargne et de réflexion.
Il faut que la dot reste symbolique. Après quoi, ceux des prétendants qui ont beaucoup de moyens et qui veulent le faire savoir,
pourront en faire des festins.
Alex, commerçant rwandais
« Une vache tout simplement »
© Asdeca
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui pensent qu’on doit supprimer la dot. Elle est un signe de joie. Lorsqu’on donne toute
une personne en mariage, on se sépare presque d’elle. Il faut que la future belle-famille montre qu’elle a la joie d’accueillir un
nouveau membre au sein d’elle. Chez moi au Rwanda, on donne normalement une vache tout simplement. Même si on remet
de l’argent en espèces, il faut que ce soit juste l’équivalent d’une vache. Malheureusement, il y en a qui vont au-delà.
Michel, étudiant
« Elle est exorbitante »
© Asdeca
C’est la vie chère qui amène les gens à penser qu’on doit supprimer la dot. Elle relève pourtant de notre tradition africaine. Il est
vrai qu’elle est exorbitante dans de nombreuses cultures. Il faut que la dot reste rationnelle, qu’elle donne le goût de s’aventurer
au mariage.
Liliane, élève
« Un sens à la culture africaine »
© Asdeca
Je pense que la dot relève de la tradition laissée par nos ancêtres. On pense aujourd’hui qu’elle est devenue trop chère. J’entends
souvent dire qu’il y a certaines régions où elle est extrêmement chère. Alors, moi je dis que c’est même ça qui fait l’identité des
filles de ces différentes régions. Chez les Béti par exemple, la dot peut sembler chère, mais il suffit d’aller parler avec la famille de
ta fiancée pour obtenir des concessions et je pense que c’est beau ainsi. Personne ne peut envoyer voler qui que ce soit. Lorsque
moi j’assiste à une cérémonie de dot, c’est la culture africaine qui prend tout son sens. Les différents rites et les différentes
phases, c’est ça l’Afrique en cette période de la mondialisation.
Ngando M. Agnès, étudiante (Ecole normale supérieure de Yaoundé)
© Asdeca
“Parents to reduce the price”
The problem about bride price is just the fact that parents are now exaggerating the quota. That is why Young men and girls
now have difficulties to get married. When a girl asks her fiancé or the boy friend to come and see her parents, this one is afraid.
He knows that he is going to be asked something like five or ten millions for the bride price, whereas he is unable to pay such an
exorbitant cost. The begging he has to do is to ask the parent to reduce the price, so that it becomes just a traditional demand, not
an interest one. We all know that there are particular regions who ask more like the center region, the littoral, and others region
where the bride price is low. I think, it has to be a symbol not an interest. We are supposed to keep in touch with our traditions.
That’s what makes Africa to be a particular continent.
Mme Ndongo Germaine, professeur de Lycées
« Maintenir la dot »
L’ère du temps • JANVIER 2014
© Asdeca
Moi je dis que la dot doit être maintenue, mais qu’elle garde son caractère symbolique comme à l’époque. Il y en a qui mettent
un accent sur le matériel en demandant beaucoup d’argent aux jeunes. Or, c’est désolant de voir tous ces gens qui ne parviennent pas à contracter des mariages du fait de la dot. Il faut qu’on revienne à la vision symbolique de la dot. C’est elle le vrai
mariage, même l’union civile à la mairie ne peut équivaloir le charme et la beauté que revêt le mariage coutumier. Par ailleurs
on n’a pas besoin d’institutionnaliser la dot, elle est née ainsi et il faut qu’elle le demeure.
n
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Découverte
Roland Ntsa
S
itué sur l’une des collines de Yaoundé, le Monastère
Notre Dame des Bénédictins du Mont Febe est un
Prieuré fondé en 1964 par l’Abbaye Bénédictine
d’Engelberg en Suisse. Mais c’est depuis 1932 que
les Bénédictins d’Engelberg sont installés au Cameroun.
Ce qui fait donc 82 ans de présence Bénédictine dans
notre pays et 50 ans d’expérience monastique sur la
colline du Mont-Febe. Aidé par Monsieur André FOUDA,
alors maire de Yaoundé, les Pères Bénédictins obtiennent
l’actuel site du Mont Febe et s’y installent le 1er dimanche
de l’Avent 1964 pour commencer l’expérience de la vie
monastique selon la Règle de Saint Benoît (« Les frères se
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L’ère du temps • JANVIER 2014
serviront les uns les autres. »). Les moines y mènent donc
une vie équilibrée entre la prière de louange (Office Divin
ou Opus Dei), le travail, la vie Communautaire, la prière
personnelle et l’étude.
Au delà de la formation monastique qu’offre le Monastère
des Bénédictins du Mont-Febe, on y retrouve aussi un
Centre de Formation Technique Menuiserie (CFTM), un
musée qui témoigne du caractère utilitaire de l’Art Africain en général et Camerounais en particulier, ainsi qu’un
cadre hôtelier agréable pour le recueillement, le repos
après le travail intense, la convalescence, le séminaireatelier et le travail paisible (structures d’hébergement,
salle de conférence …). l
Découverte
Y A O U N D E
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