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Centre Feldenkrais Cantal
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Post Formation à la Méthode Feldenkrais ®
10 au 12 Août 2015 avec Frank Wildman, Ph. D.
« Dialogue entre le conscient et l’inconscient »
D'autres aventures dans la Jungle du cerveau
Further Adventure in the Jungle of the Brain- Feldenkrais : The New Royal Road to the Unconscious
Traduit de l’anglais par Pia Appelquist
Introduction par Frank Wildman :
La vision que Sigmund Freud avait de «l’inconscient» était radicale pour son époque et
l’idée même que nous ayons une partie inconsciente en nous a été longtemps difficilement
acceptée. Pour Freud ‘la Voie Royale’ pour atteindre l’inconscient passait par les rêves.
Les premières psychanalyses, appelées aussi « cures », étaient souvent des tentatives pour
analyser et comprendre les rêves.
C'est ainsi que Moshe Feldenkrais, qui avait un intérêt prononcé pour l’hypnose et pour
qui la manière dont nous parlons de nous était importante, a été également sensible aux
idées de Freud. Néanmoins, il affirmait que la psychanalyse freudienne n'obtenait pas de
résultats probants, estimant qu'il lui manquait des techniques efficaces.
Feldenkrais pensait plutôt que c’était le ressenti qui était ‘la Voie Royale’ pour atteindre
l’inconscient, car par le ressenti la personne ne cherche pas à se défendre ou à créer une
résistance. D’engager une conversation directement sur les émotions, selon lui, suscite des
mécanismes de défense et de résistance et il sentait que les techniques faisant appel au
mouvement et au toucher permettaient de mieux atteindre la personne dans sa globalité.
Quand j’étais jeune j'ai toujours été intéressé par Freud. Il était tellement bon écrivain et
ses idées étaient fascinantes à étudier, même si beaucoup d'entre elles ont depuis été
réfutées. J’ai également étudié plusieurs disciplines avant, pendant et après ma formation
Feldenkrais.
En tant que thérapeute Reichien ou encore bio-énergéticien, j’ai trouvé que le travail avec
les personnes était beaucoup moins efficace et moins englobant que lorsque je donnais des
leçons d’intégration fonctionnelle.
Aujourd’hui, avec a théorie de la neuro-plasticité, je réalise aussi que les IRMf (imageries
par résonance magnétique fonctionnelle) sont comme une nouvelle phrénologie.
Au lieu de bosses sur le crâne qui indiquent comment le cerveau fonctionne ce sont les
mouvements de l’électricité, le flux sanguin et les changements de température qui nous
donnent, avec les IRMf, un regard plus précis et puissant sur les parties les plus
inconscientes du cerveau.
Ce point de vue est très utile, mais je continue à penser que la méthode Feldenkrais (et
toutes ses possibilités) reste bien en avance sur les sciences contemporaines du cerveau .
La cognition a été considérée comme une activité de nos cerveaux comparable à celle
d’une intelligence artificielle mise en œuvre pour les ordinateurs. Mais la science
cognitive, qui s’est développée à partir de la linguistique et des sciences informatiques, ne
prenait pas en compte le corps humain. Considérant le cerveau humain comme un
ordinateur biologique elle privilégiait l'idée de l'ordinateur sur celle de la biologie.
Durant les vingt dernières années ceci a progressivement changé et une nouvelle pensée
s'est développée avec une nouvelle terminologie, celle de «cognition incarnée». Je pense
que les praticiens Feldenkrais travaillent avec la cognition incarnée d’une manière unique,
d’une manière que d'autres disciplines n'approchent pas. Moshe Feldenkrais était intéressé
par ce qu’il appelait des cerveaux flexibles plus que par des corps flexibles, et il a
développé sa méthode de façon à satisfaire et à développer la pensée derrière cela.
C'est Norman Doidge, dans un livre récent: The Brain’s Way of Healing, qui a le mieux
décrit cette philosophie, et il dit penser que la méthode Feldenkrais est une application de
tout premier plan et la mise en œuvre la plus avancée des idées sur la neuro-plasticité.
Les 3 jours de la Post-Formation
JOUR 1 : Orientation Interne
Les premiers leçons de PCM explorent Les fonctions biologiques primaires.
• en position assise ou allongée sur le dos.
Exploration des fonctions biologiques les plus fondamentales qu’un être humain (ou un
animal) doit avoir pour survivre : les mécanismes de
• tousser
• éternuer
• vomir
• uriner
• déféquer
Les leçons développent :
• une coordination unique entre les nombreux muscles du tronc, de la gorge, de la
tête, de la nuque, du diaphragme et du bassin.
• Les actions sont effectuées complètement, ensuite lentement en inhibant l’action au
milieu.
• Exploration de la respiration dans la position debout.
• Observations des différences dans les postures et les attitudes physiques
individuelles.
Démonstration et pratique d’Intégration Fonctionnelle
• Rouler la tête et travailler avec les premières côtes.
• Télé-récepteurs: trouver la mobilité et la capacité d’orientation
• Trouver et mobiliser l’os hyoïde.
• Observer les postures différentes
La Respiration : échanges et pratique
Les mouvements de la respiration sont contrôlés par le tronc cérébral mais peuvent
s’étendre à d’autres parties du cerveau à travers une prise de conscience.
En utilisant plus de connections «verticales» nous pouvons acquérir plus de contrôle sur
les fonctions de base de la respiration. La coordination des fonctions fondamentales (du
haut vers le bas) nous aide à créer d’avantage d’intégration corticale en lien avec les
fonctions du tronc cérébral.
Pratique d’intégration fonctionnelle:
• La personne sur le dos
• Créer des contraintes de mouvement dans les 2 premières côtes
• Créer des contraintes de respiration par le nez et ensuite par la bouche.
PCM et pratique d’IF:
• Alterner entre les deux contraintes.
• Différencier les muscles qui sont impliqués dans la respiration: apprendre à alterner
la respiration par la bouche ou par le nez, pendant la pause entre l’inspire et
l’expire.
• Continuer cette leçon en explorant les mouvements de transition entre position
allongée sur le dos et venir s’asseoir.
Apprendre à contrôler des fonctions primaires qu’on a tendance à ne pas considérer
comme des fonctions qu’on peut influencer, comme celles explorées dans les PCM et les IF
Le contrôle de la verticalité équivaut à un meilleur contrôle du circuit cérébelleux.
JOUR 2 : Orientation externe
Leçon de PCM :
• Position assise, pivoter avec une jambe sur la table.
• Exploration (position assise): soulever les orteils, les talons, la jambe.
• Traverser la ligne du milieu et positionner un pied sur le côté opposé du corps.
• Pivoter pour rapidement changer l’orientation et regarder en arrière de soi-même,
avec un pied sur la table, un pied sur le sol. Utiliser les mains si nécessaire.
• Apprendre à faire le changement d’orientation sans les mains sur la table.
Notes sur la leçon : Le mouvement nourrit la sensation, ne pas ignorer la sensation
pendant qu’on est focalisé sur la réussite du mouvement. L’apprentissage doit émerger de
nos sensations. Ce n’est pas «une prise de conscience du mouvement» mais «une prise de
conscience par le mouvement» ou encore «une prise de conscience à travers les
sensations».
Sujet d’échange et de réflexion : L'Orientation
L’orientation est une condition particulièrement importante pour les athlètes, les danseurs,
etc.
Quand l’orientation se clarifie c’est généralement beaucoup plus facile d’organiser un
mouvement. Certaines personnes ont des articulations très flexibles mais exécutent des
mouvements avec maladresse et beaucoup de «bégaiements» dans les mouvements.
Par exemple l’acte simple de soulever un verre d’eau et de le reposer peut être soit très
clair soit au contraire contenir beaucoup de minuscules mouvements indirects.
Un autre exemple perceptible dans la marche : on peut voir dans la marche d'une personne
une façon de «vagabonder» lorsque là où elle va n’est pas clair.
Retour sur l’exploration dans la leçon du PCM du matin: Différence entre flexibilité et
coordination (coordination du corps entier avec une orientation bien claire).
Une autre observation: certaines limitations sont le fait d'idées qui peuvent vous empêcher
d'effectuer un mouvement complet.
Exemple: (au moment du premier PCM de la journée), des personnes se sentent «collées»
et s'arrêtent si elles ne sentent pas qu'elles ont assez de flexibilité pour amener le pied en
position debout, à travers la ligne médiane, alors que c'est moins une question de
flexibilité qu'une question d'orientation claire, avec le corps entier faisant parti.
Le YIPS
le Yips fait référence à une perte de la motricité fine, sans explication apparente, dans
plusieurs disciplines sportives, quand dans un mouvement que vous aviez bien maitrisé
jusqu'alors, comme un swing de golf, apparaît soudain un mouvement parasite, figé.
Plus un mouvement est familier et connu, plus grande est la probabilité de pouvoir
souffrir de yips («la chute des champions»).
Discussion sur les sensations:
Histoire du bébé dans mon jardin: Le bébé fait des différenciations à travers le mouvement
et le toucher, il différencie les plantes épineuses des plantes lisses en contact avec
différentes parties de son corps.
Ce sont des catégorisations inconscientes, développées à travers le mouvement, mais pas
encore verbalisées; comme le dirait un adulte qui utiliserait des catégorisations primaires
«textuelles».
“That was a smooth operator.” (C'était une action lisse)
“That was a rough situation.” (C'était une situation rugueuse)
Question:
Pourquoi perdons nous notre lien avec des sensations agréables quand nous sommes
victimes d'un trauma ? A cause du trauma, on oublierait non seulement les sensations
agréables mais on vivrait aussi une perte générale de la coordination. C'est une forme
d'amnésie sensori-motrice qui est toujours présente à un certain degré quand il y a
douleur et trauma.
La différence entre sentiments, sensations et émotions.
Comment des sensations organisées peuvent créer des émotions.
• « An itch is just an itch » (Une démangeaison est seulement une démangeaison).
Lorsqu'on éprouve des démangeaisons il pourrait y avoir un sentiment de gêne. Si la
sensation de démangeaison augmente, elle pourrait complètement envahir votre
expérience.
Des sentiments peuvent être organisés et exprimés en tant qu’émotions. Des émotions
impliquent une action liée à des sentiments.
• La colère pourrait se traduire par la sensation de sang qui monte le long du dos et la
tension des muscles de la tête, du cou, des épaules et de la bouche. Ce sentiment
devient une émotion quand il est reconnu comme tel, quand il devient une action
dirigée vers quelque chose ou quelqu'un.
Mémoire implicite et explicite
La mémoire implicite qui est inconsciente consiste en des actions, des sensations et des
interactions dont nous sommes rarement conscients. La mémoire explicite concentre notre
attention et développe notre intention.
LES DEUX REGARDS SUR LE CERVEAU :
The Dry view ( Le regard ‘sec’ ) :
• Le cerveau fonctionne comme un ordinateur.
• Il est constitué d'impulsions électriques.
• Il est plus ‘câblé ’.
• A des fonctions distinctes du corps sont liées des zones précises du cerveau.
• C'est un regard qui se rapprocherait de la néo-phrénologie mais avec une vision plus
sophistiquée que la phrénologie.
The Wet view ( Le regard ‘humide’ ):
• Le cerveau sécrète environ 51 substances neuro-chimiques
• Il envoie, sécrète et absorbe ces substances chimiques, il est comme une éponge qui
pulse rythmiquement dans votre tête.
• Il se rétracte et se dilate comme tous les autres organes.
• Les fonctions du corps peuvent être très localisées et cependant impliquer l'ensemble
du cerveau à tout moment.
Exemples : les humeurs en général, les sautes d'humeur.
• La différenciation et l'intégration sont des termes issus, à l'origine, des sciences
neurologiques.
• Intégration fonctionnelle est un terme mathématique.
Moshe Feldenkrais avait surtout un «regard sec» du cerveau mais il comprenait les limites
de ce point de vue.
JOUR 3 : Améliorer votre pratique d’IF
Echanges autour du fil rouge des deux jours précédents.
Nous sommes partis de l’orientation interne en mettant l’accent sur le travail avec nos
organes et sur les fonctions primaires biologiques (premier jour) pour aller vers
l’orientation externe, reliant nos télé-récepteurs à l’environnement, pendant que nous
tournions et sautions sur la table.
Démonstration en position assise.
• Exploration de principes généraux pour enrichir vos leçons d’ IF
• Inclure le travail sur l’orientation.
• Développer le plaisir de réduire la résistance intérieure.
• Utiliser les positions transitoires peut renforcer l’effet de votre leçon d’IF
Notes sur la leçon: Il est bien de se souvenir qu’il s’agit ici d’un acte d’apprentissage
presque entièrement inconscient. C’est pour cette raison que l’apprentissage organique,
qui est pré-verbal, est transmis à travers le toucher et/ou la modulation vocale.
PCM 1:
• Pousser contre le sol pour sentir les forces «actions-réactions».
• Sur le dos, pousser le sol avec une main, un pied, du même côté, du côté opposé, par
la ligne du milieu.
• Passer de la position allongée à toutes les positions possibles où on peut exercer la
même pression, position debout incluse.
• Mettre les forces «actions-réactions» en relation avec l’action : sauter.
PCM 2 :
• Se déplacer de la chaise pour venir sur le sol et revenir
• Une leçon significative sur les défis de l’orientation.
• Démonstration en Intégration fonctionnelle, pratique : Comment créer une
expérience pour votre client qui lui procure une sensation d’exister dans un espace
plus large.
Si
vous
avez
des
questions
supplémentaires
n’hésitez
pas
à
me
contacter:
[email protected]
Proposition de liste de lectures :
Doidge, Norman :
- The Brain’s Way of Healing : Remarkable Discoveries and Recoveries from the Frontiers of
Neuroplasticity. New York: Viking, 2015.
- The Brain that Changes Itself
Sur l’histoire générale de la science du cerveau :
Mlondinow, Leonard. Subliminal: How Your Unconscious Mind Rules Your Behavior. New
York: Vintage Books, 2013.
Lobel, Thalma. Sensation: The New Science of Physical Intelligence. New York: Atria Books,
2014.
Linden, David. Touch. New York: Viking, 2015.
Excellent, très facile à lire, de l’auteur du «Compass of Pleasure». Dr. Linden est chef
éditeur du " Neurophysiology» :
Kahneman, Daniel. Thinking Fast and Slow. Farrar, Straus and Giroux, 2013.
Prix Nobel d’économie et développeur de nouveaux champs d’étude de psycho-économie