interview du president laurent gbagbo au journal ‚™le figaro

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interview du president laurent gbagbo au journal ‚™le figaro
INTERVIEW DU PRESIDENT
LAURENT GBAGBO AU JOURNAL
‘’LE FIGARO’’
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INTERVIEW DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO AU JOURNAL ‘’LE FIGARO’’
En marge du Sommet du Groupe des 77 + la Chine qui s’est tenu à Yamoussoukro du 10 au 13 juin 2008, le
Président de la République de Côte d’Ivoire, S.E.M. Laurent Gbagbo, a accordé une interview au journaliste
Tanguy Berthemet du journal ‘’ Le Figaro’’. Ci- dessous, l’intégralité de l’interview.
Le Figaro : La visite de Bernard Kouchner est – elle le premier signe d’une détente franco- ivoirienne
?
Le Président Laurent Gbagbo : Ce n’est pas le premier signe, mais, c’est un pas important. Je pense qu’il y
a eu un changement d’attitude depuis que le gouvernement a changé à Paris. Je n’ai jamais été agressé
verbalement par le Président Sarkozy. Cela est un premier signe. Deuxième signe : il n’ y avait plus de
contact du tout, et Nicolas Sarkozy a passé un coup de téléphone. Puis, nous nous sommes vus à New York,
et plus posément à Lisbonne, lors du Sommet Europe- Afrique. La France et la Côte d’Ivoire évoluent vers
une renormalisation des relations
Pensez- vous venir à Paris ou inviter Nicolas Sarkozy en Côte d’Ivoire ?
Vu formellement, pour quoi pas ? Ce serait dans la logique, mais, pour le moment, nous n’en avons pas
encore discuté.
Quels messages attendez- vous de la France aujourd’hui ?
A vrai dire, je ne sais pas. Cela doit se faire de dialogue. La visite du Ministre Bernard Kouchner va dans le
sens du changement, et je prends cela comme base positive. C’est cela qui est important. Cela se situe dans
la ligne du discours prononcé par le Président Sarkozy au Cap. Je crois que la presse française ne montre
pas assez le séisme, la césure que cela représente. C’est un discours révolutionnaire, au sens français du
terme. Cela change fondamentalement les données du problème. Depuis l’année 1956, il y avait dans la
relation entre la France et l’Afrique francophone, l’idéologie de la ‘’Françafrique’’. Depuis cette époque- là,
c’est la première fois que l’on dit « halte » aux dérives occasionnées par cette doctrine. C’est une chose
excellente que de le dire.
Dans ce discours, le Président a expliqué que la France réorganisera ses bases militaires en Afrique.
Souhaitez- vous la fermeture de celle d’Abidjan ?
Le fait qu’il ait dit qu’il n’y aurait plus de base en Côte d’Ivoire nous convient parfaitement.
A cause de la crise, de nombreux Français ont fui la Côte d’Ivoire. Une aide est- elle envisageable
pour compenser les pertes qu’ils ont subies et les aider au retour ?
La Communauté française en Côte d’Ivoire a diminué et c’est naturel. Mais pour le reste, je pense que la
Côte d’Ivoire profite des entreprises qui y sont installées. C’est pour cela que nous avons fait des efforts.
Nous avons refait l’école française qui ouvrira en Septembre. Et pour les petites entreprises qui sont parties,
nous avons créé une caisse.
L’élection présidentielle est prévue le 30 novembre. Or, compte tenu des retards observés dans la
préparation, cette date semble aujourd’hui très difficile à tenir…
Ce débat n’est pas important. Les gens se fondent sur des choses secondaires. Nous avons fixé une date.
Ce qui est important, c’est que l’on avance vers les élections. Si, aujourd’hui, on me dit que l’établissement
des listes électorales a pris une semaine, un mois de retard…, on verra. Mais ce n’est pas le Gouvernement
qui organise le scrutin ; c’est la Commission Electorale Indépendante.
Pour le moment, elle nous dit que la date est tenable. Mais, si elle nous assure qu’il faut les faire plus tôt, ou
plus tard, nous verrons si cela est fondé. Pour moi, le plus tôt sera le mieux, car il faut légitimer le nouveau
pouvoir en Côte d’Ivoire. Le Gouvernement est devenu un Gouvernement de partis. Ce n’est pas bon.
Les principales difficultés pour l’élection sont l’établissement des listes électorales et le
désarmement effectif des milices, ce qui n’est toujours pas le cas…
Pour le désarmement, il faut poser la question au Premier Ministre. Mais ce n’est pas là que nous voyons la
difficulté. Elle est plutôt dans la capacité des organes techniques à distribuer les cartes d’électeur.
Aujourd’hui, on peut voyager dans tout le pays. C’est une étape importante.
Propos recueilli à Yamoussoukro par Tanguy Berthemet
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