un habitant du récif

Transcription

un habitant du récif
Le troca
un habitant du récif
Le troca vit sur les récifs et les platiers.
En sa compagnie, pénétrons dans le monde
féérique du lagon !
De l'île des Pins, dans le sud-est, aux îles Surprise, dans le
nord-ouest, le littoral est bordé sur environ 1 600 km
d'un chapelet presque ininterrompu de récifs,
LAGONS
d'îlots et de hauts-fonds qui consti- DELESCALÉDONIE
tuent le deuxième ensemble corallien représentent une
superficie totale
de la planète, après la Grande d'environ
40 000 km .
Les milieux de vie
Barrière australienne (2 000 km pour
favorables au troca,
une superficie de 348 000 km2).
que sont les récifs
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Le récif-barrière s’est
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o formé par épisodes pendant les
périodes chaudes.
Il y a 18 000 ans, lors de la dernière glaciation,
la mer est descendue à 120 mètres au-dessous
de son niveau actuel. Les limites de la terre correspondaient alors à celles de la barrière d’aujourd’hui. Puis le
climat s’est réchauffé, les glaces ont fondu aux pôles, le
niveau de l’eau est remonté. À la recherche de lumière, les
coraux des récifs ont poussé à la verticale et ils ont lentement bâti l’actuelle barrière.
Les passes sont situées à l’emplacement des embouchures
des anciennes rivières, lorsque le niveau de la mer
était plus bas. Au fond du lagon, les canyons
actuels suivent le lit de ces anciens cours
d’eau.
Le royaume
des mollusques marins
La
seiche,
carnassier
du lagon
Les eaux calédoniennes abritent un grand
nombre d’animaux à corps mou, appelés
mollusques marins. Comme le troca, ils
secrètent souvent une coquille dure.
On trouve :
et les platiers, représentent approximativement 5 % de cette
surface.
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Les coraux
des bâtisseurs infatigables
Les coraux, qui constituent le récif, offrent aux trocas un support idéal auquel ils peuvent s’accrocher.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, les coraux ne sont
ni des végétaux, ni des roches, mais des invertébrés marins
appartenant aux cnidaires. Ce mot compliqué
désigne des animaux à corps mou, qui
Des êtres
possèdent des cellules urticantes.
LES GASTÉROPODES :
trocas, porcelaines, cônes.
fragiles
La seiche possède une
LES BIVALVES: bénitiers,
Il existe trois types de coraux :
coquille interne, que l’on moules,huîtres. Ils possèdent
LES CORAUX DURS, dont le squelette est
appelle os et, sur la tête, une coquille constituée de deux
dix tentacules munies de valves articulées et se nourrissent calcaire et ressemble à la structure des os
humains. Ils sont fragiles et peuvent être
ventouses. Son corps, ovale,
de phytoplancton
détruits par les cyclones, les ancres de bateau
est entouré d’une lame mobile
ou les palmes des plongeurs.
(des micro-algues).
qui ondule et lui permet de
LES GORGONES, qui adoptent des formes
LES CÉPHALOPODES:
nager. La seiche est un carnasen éventail ou en rameaux. À leur mort, il
seiches,
poulpes,
nautiles.
sier qui se nourrit de proies
reste un squelette rouge ou blanc.
vivantes (crevettes, petits pois- Ils ont une tête très
LES CORAUX MOUS, souples, qui
développée, deux gros yeux
ondulent dans les courants. Ils
sons, crabes).
sont souvent épais et charElle habite dans des eaux clai- et un bec entouré de longs
nus.
res à proximité du littoral, à tentacules pourvus de ventouses.
quelques mètres de profon- Ils mangent des petits animaux
deur. Après sa mort, l’os de (crabes, poissons, mollusques)
la seiche, qui flotte, est et sont parfois munis de glandes
rejeté sur la plage.
à venin qui leur permettent
de tuer leur proie et qui
blessent parfois
les humains.
Grain de Sable atelier
Le nautile existe depuis
360 millions d’années.
Contrairement au troca, le
nautile ne rampe pas. Il
nage en se déplaçant « en
arrière » en pulsant l’eau
grâce à sa tuyère. Le nautile n’aime pas la lumière
et les températures supérieures à 24 °C.
Les coraux grandissent
lentement, environ
un centimètre par an.
Une patate de corail d’un mètre
de diamètre est ainsi âgée
d’une centaine d’années.
1
Le mode de vie
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Une
coquille
nacrée
La coquille du troca, colorée de taches
rouges irrégulières à l’extérieur, est très
épaisse. Quand l’animal se contracte,
l’opercule bouche complètement l’ouverture.
Le troca est ainsi protégé des prédateurs
(les toutoutes et les tritons adorent les
jeunes trocas).
La coquille est souvent recouverte d’une
couche de calcaire blanchâtre secrétée
par des algues calcaires.
À l’intérieur, la coquille est nacrée.
La nacre est formée par une accumulation de
très fins dépôts de cristaux de calcite et de matière organique.
La présence de milliers de microbulles d’air provoque une
décomposition de la lumière. Comme l’arc-en-ciel, créé par de
très fines gouttes de pluie, les microbulles d’air donnent à la
coquille son aspect irisé.
À
sur le récif
d
e
pi Pour se déplacer, le troca rampe sur un
pied très large qui lui permet d’adhérer au platier et de
résister à l’assaut de la houle. Pour brouter le corail mort à la
recherche des algues dont il se nourrit, le troca utilise sa radula, une
sorte de râpe logée dans sa bouche et qui comporte 150 dents très
dures. Sur son pied est fixé un opercule corné qui ferme la
coquille.
Bien grandir !
La croissance des trocas dépend de leur
environnement, de la
température de l’eau
et de la qualité de la
nourriture disponible.
Rencontre
au clair de lune
Grain de Sable atelier
Il existe des trocas mâles et femelles.
Pour les distinguer, il faut casser la coquille et faire apparaître la gonade (glande sexuelle) qui, à maturité, est de couleur
vert foncé chez la femelle et blanc laiteux chez le mâle.
Deux à trois jours avant la ponte, l’activité nocturne des trocas augmente. La fécondation
se fait dans l’eau, la nuit, à des périodes liées aux phases de la lune. En Micronésie et en
Australie, elle a lieu toute l’année, quelques jours avant ou après la nouvelle ou la pleine lune. En Nouvelle-Calédonie, elle se déroule durant les mois chauds (octobre à
avril). Les larves ne s’alimentent pas, elles se développent sur leurs propres
réserves.
À la fin de leur vie planctonique, elles se laissent tomber au fond
de la mer et se métamorphosent. L’animal commence à
se tordre et la coquille à se développer.
À marée basse, les mollusques s’enfouissent
dans le sable, se cachent dans les anfractuosités des rochers ou bien se referment pour
ne pas se dessécher. À marée montante, ils
sortent de leur cachette.
Caractéristiques
des gastéropodes
Les gastéropodes et les bivalves
puisent dans l’eau de mer le calcium nécessaire à la fabrication de
leur coquille.
Le corps des gastéropodes est
enroulé en spirale dans une
coquille externe unique.
Leur couleur vient des pigments
contenus dans leur nourriture.
2
La pêche aux
trocas
Hier et aujourd’hui
Jadis, la pêche aux trocas était très répandue
chez les Kanak, mais aussi les Européens
et les Tahitiens.
Les pêcheurs parcouraient le platier, à pied, à marée
basse. Ils utilisaient également des petites embarcations à voile ou à rames.
Pêche à la sagaie par mer calme
En 1910…
« La récolte des coquilles était des plus faciles. Elle n’était soumise à
cette époque à aucune réglementation. Il suffisait, sur les récifs, de se
baisser pour ramasser des coquillages ; en certains endroits, on pouvait
opérer à la pelle, tellement l’abondance était grande (à Balabio par
exemple). Les résultats d’une telle exploitation ne se sont pas faits
attendre et, dès 1910, on constatait une réelle diminution du nombre
des coquilles sur le récif. Dès lors, la pêche dû être réglementée et la
taille minimale des coquilles portée à 8 cm de diamètre. La pêche au
troca en dehors des périodes réglementaires était punie par une amende de 25 à 100 francs et un emprisonnement de 3 à 14 jours. »
Jean Risbec, La troque, étude d’un mollusque nacrier,
Faune des Colonies Françaises, Tome IV, 1930.
Déjà à Palau au XIXe siècle
des îles
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s
Hormis les grandes unités d’Indonésie et des
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Trochus niloticus aux îles Philippines, il existe de multiples pêcheries artiLoyauté et à l’île des Pins, sanales dans le Pacifique.
À Palau et Yap, l’exploitation commerciale a
mais un de ses cousins, le
Tectus puramis, ou troca blanc. débuté dès 1898 avec la colonisation allemande.
Hélas, ce dernier n’a pas de valeur
En Papouasie-Nouvelle-Guinée elle a commarchande. Son absence dans les mencé en 1948.
îles s’explique par le fait que le
À Vanuatu, la récolte remonte au début du XXe
troca était jadis considéré, dans les
siècle.
tribus, comme un aliment de base.
En Australie, elle a commencé en 1912.
La
surpêche
a
freiné
Le troca est pêché en Polynésie depuis 1971.
le renouvellement des générations
et a raréfié la
La Nouvelle-Calédonie exporte des coquilles
ressource.
depuis 1907.
Le
s
« On pouvait autrefois faire de bonnes récoltes en marchant simplement sur le récif à marée basse, par temps calme. (…) Les Canaques,
pour calmer l’agitation de la mer, se servent souvent des noix de coco.
Ils mâchent la noix, puis crachent. Une matière huileuse s’étend en
nappe extrêmement mince et calme les vagues. Ils se servent de la
sagaie pour év iter de plonger, tout en récoltant des coquillages à une
assez grande profondeur. Les trois ou quatre branches de la sagaie
s’écar tent en formant ressort lorsque l’on appuie sur la coquille en
encadrant son sommet. Il suffit alors de ramener à soi l’instrument. »
La pêche du troca en Province Nord ajourd’hui
La pêche aux trocas
est pratiquée
par de nombreuses
tribus du littoral.
Témoignages
« Le troca n’intéresse plus les jeunes »
« De nombreuses tribus vivent uniquement de la pêche sur le grand récif-barrière. Elles trouvent des holothuries dans le sable du lagon intérieur et des trocas sur les brisants, vers le tombant. Autrefois, on pêchait avec les goélettes. Les
anciens en attrapaient beaucoup. Aujourd’hui la ressource est toujours là, mais
les jeunes ne s’y intéressent plus. Il n’y a plus grand monde qui plonge. »
Mario Houri,
tribu de Pangai, Arama
« Je pêche à la demande »
Principales z ones de p êche
« On peut facilement ramasser 150 kg de trocas en deux jours. Il n’y a pas
de saison et lorsque l’eau est froide je mets une combinaison et je vais
sur la barrière, à une demi-heure en bateau de chez moi. En fait, j’y
vais lorsque j’ai des commandes. Au retour, ma femme fait bouillir les
trocas. Au début de l’ébullition, elle retire la bête avec un crochet. Je
vends la chair aux particuliers du village environ 750 francs le kg et je
cède la coquille au colporteur pour 220 francs le kg. Pour 150 kg de
coquilles, on retire en moyenne 15 kg de bête. Je fais attention à ne pas
ramasser les petits, mais certains vont au récif ramasser les plus jeunes, car la
chair est plus tendre. »
Laurent Djamali, tribu de Bogen, Voh
« Nos coûts sont trop élevés »
« En mars 2002, j’ai arrêté l’usine. Il n’y avait pratiquement plus d’acheteurs et
plus de commandes au prix que nous proposions. Les négociations pour faire
remonter les prix n’ont pas abouti. Il faut dire qu’ici le coût de la main-d’œuvre
est un vrai handicap face à des concurrents comme l’Inde, les Philippines,
l’Amérique du Sud. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, des bateaux draguent les
fonds à la recherche de trocas. Alors, que voulez-vous que l’on fasse avec nos petites embarcations et nos petites quantités ? »
Pierre Osman
Grain de Sable atelier
« Hier dix sacs par jour,
aujourd’hui à peine deux ou trois… »
« Je plonge depuis que je suis tout petit. Avant l’arrivée d’Armand
(Pala), la pêche aux trocas ne concernait pratiquement que les vieux. On
ramassait les trocas pour les manger. Maintenant, tout le monde plonge
pour se nourrir mais aussi quand on a besoin d’argent. Hélas, du côté de
Poindimié, la ressource diminue. Au début, on faisait facilement dix sacs dans la journée, aujourd’hui à peine deux ou trois. On a la chance de voir encore des trocas, nos petits-enfants ne l’auront certainement pas. Pour dénicher les trocas, il faut plonger en apnée jusqu’à cinq mètres de
profondeur. En une journée, on plonge des dizaines de fois et à force on a des maux de tête et des
bourdonnements dans les oreilles.
Il faut parfois aller loin dans le lagon pour trouver des trocas. Alors on part deux ou trois jours
avec le bateau. Mais pas plus, car la bête ne se conserve pas longtemps. Au bout de trois jours, elle
meurt. Il faut absolument la faire cuire. La bête est de plus en plus demandée, elle se vend très
bien car maintenant tout le monde mange du troca, et pas seulement les Kanak. »
Ipoune Cedare Aouta,
tribu de Tibarama, Poindimié
En Nouvelle-Calédonie,
le commerce du troca a évolué
en dents de scie :
1918-1940 Les exportations varient
entre 200 et 1 000 tonnes par an. En
1920, une petite industrie de la nacre
est implantée à Nouméa.
1946-1970 La pêche aux trocas repart
après la Seconde Guerre mondiale
mais, à la fin des années 1960, elle
chute car les pêcheurs préfèrent s’employer à la mine ou en ville.
1975-1984 En raison des difficultés de
l’industrie minière, la main-d’œuvre
revient dans l’intérieur et la pêche
repart, notamment celle des trocas,
dont le stock, laissé au repos pendant
une dizaine d’années, est à son plus haut
niveau. Le record est atteint en 1978
avec 1 915 tonnes, soit environ le
tiers de la production mondiale.
2001 La Nouvelle-Calédonie exporte
190 tonnes de coquilles de trocas, dont
116 tonnes vers l’Italie.
Des pêcheries
dans le Pacifique
L’exploitation des trocas dans
le Pacifique sud est étroitement
liée aux fluctuations des besoins
mondiaux en boutons de nacre.
La nacre de la coquille du troca est particulièrement adaptée au façonnage
des boutons. Le recours aux matières
plastiques, à partir des années 1950, a
ralenti la demande de trocas sans la
supprimer.
Ces dernières années, on assiste à un
accroissement régulier du marché, car
la nacre résiste mieux que les matières
synthétiques aux détergents. De
matière première banale, les coquilles
de trocas sont devenues un produit de
luxe recherché pour la chemiserie de
haut de gamme.
3
À l'époque antique,
sumérienne
et babylonienne,
la nacre servait
de motif décoratif
en incrustation.
La nacre
à travers les âges
En Extrême-Orient, elle est incrustée dans des
objets en laque et dans des meubles en bois.
En Occident, la nacre apparaît dès le Moyen
Âge. Elle entre dans la fabrication d'objets de
luxe : coffrets, éventails, tabatières, manches de
couteaux, bijoux. Au XVIII e siècle, la nacre est
employée en Italie pour la marqueterie, la bijouterie et la mercerie. Son utilisation, en incrustation sur des plateaux, des boîtes et des meubles,
est caractéristique du XIX e siècle.
Au temps
du bagne
Les condamnés
du bagne calédonien
sont autorisés
à réaliser des travaux
personnels.
L’administration inaugure, au pénitencier, un
bazar où sont vendus les objets réalisés par les
transportés. On y trouve des tabatières, des
boîtes, des objets en bois de santal et en perle
et des nacres gravées. En 1888, lors de l’exposition préparatoire à l’exposition internationale de 1889 organisée à Paris, les
coquillages gravés par des bagnards furent
salués comme « de véritables œuvres d’art ».
Le bouton
Médaillon
gravé, œuvre
d’un bagnard,
XIX e siècle.
au fil du temps
Musée de la Ville de Nouméa.
Au Moyen Âge, on utilisait une agrafe de métal « fermail »
pour rassembler les deux parties d'un vêtement.
Du troca
1.
2.
couleurs
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La plus belle
nacre est produite par
les mollusques tels que l'ormeau, le nautile et l'huître perlière. Les couleurs délicates de la nacre, influencées par l'environnement géographique dans lequel
baigne l’animal, vont du bleu et du
gris au rose et au pourpre, en passant par le vert.
au bouton
Aujourd’hui, l’essentiel de la production
de coquilles brutes de trocas est utilisé pour la fabrication de boutons de
nacre. Les déchets sont recyclés
dans la joaillerie et la marqueterie.
Les coquilles sont
d'abord triées à la
main selon leur taille
ou leur épaisseur.
D
Les nobles se faisaient tout simplement coudre les deux bords du vêtement. Il fallait alors faire et défaire ce travail chaque jour.
Le bouton fait son apparition au XIVe siècle pour fermer
les manches des « surcots » (les vestes de l’époque).
Deux siècles plus tard, Louis XIV offrait aux princes
et aux ambassadeurs des parures de vingt-quatre
boutons enrichies de diamants.
Sous Louis XV, les boutons deviennent obligatoires sur les costumes de l'armée et de
la marine.
Au XIXe siècle, les boutons de nacre
ornent les gilets romantiques.
Les pions sont découpés à l'aide d'un
tube dont le diamètre correspond à la taille
désirée et qui tourne à 8 000 tours/minute.
C'est la vitesse de rotation qui use le
coquillage et provoque la découpe du pion.
3.
Les pions, première étape de
la fabrication des boutons, sont
décapés pour éliminer le calcaire,
puis poncés pour arrondir les
artères vives.
Après séchage, ils sont triés selon
leur épaisseur.
4.
Le relief est obtenu soit
par méchage, soit par meulage.
Le méchage donne une forme
de bourrelet ou de cuvette.
Le meulage donne une forme
bombée.
Grain de Sable atelier
5.
Les boutons de troca ont
un coloris « naturel » beige couleur sable. Ils sont blanchis dans
un bain d'eau oxygénée, puis
polis afin d’avoir un aspect
brillant.
4
Le troca
une richesse
à préserver
Le troca est une ressource
particulièrement bien adaptée
aux économies insulaires et à une
politique de développement durable.
Évaluation des ressources
par la méthode de comptage en plongée.
Ses avantages
Sa pêche n’exige pas de moyens sophistiqués.
La coquille de nacre est une matière biologique et
non périssable. La chair est un aliment complémentaire.
Les coquilles sont exportables, elles sont donc une source
de devises dans le cadre d’un marché international demandeur.
Les ateliers artisanaux de façonnage de coquilles fournissent
des emplois et procurent une importante plus-value.
L’aire naturelle de répartition de l’espèce peut être augmentée par des transplantations sur les récifs.
En contrepartie, le troca exige une gestion rigoureuse
de l’exploitation car les stocks sont fragiles et
leur reconstitution peut être lente.
Une ressource
sous surveillance
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La réglementation
a évolué
La réglementation porte uniquement sur la taille. Jusqu’en 1983,
le diamètre minimal était de 8 cm.
La double limitation (entre 9 et 12 cm),
introduite pour protéger les premières
pontes et les individus âgés aux
coquilles dépréciées, n’a plus
cours et seule subsiste la taille
minimale de capture de 9 cm.
Le programme PROCFish (Programme Pacifique Régional des
Pêches Côtières et Océaniques),
financé par l'Union Européenne et
mis en œuvre par la CPS (Commission du Pacifique Sud) sur 5 ans,
étudie la situation des pêcheries de
poissons et de mollusques dont le troca. En Nouvelle-Calédonie, cinq
sites sont concernés : Oundjo (Koné), Ouassé (Canala), Moindou, Thio
et Lifou.
Dans certaines îles du Pacifique comme Vanuatu, Tonga, Salomon, Palau
et Cook, des expérimentations sur l’aquaculture de trocas ont été
entreprises dans le cadre du PROCFish. Elles se limitent uniquement à
la production de juvéniles, qui sont ensuite relâchés dans le milieu
naturel. Dans le contexte régional, la production de juvéniles est facile
à mettre en œuvre et peu coûteuse.
Il s’agit, comme pour les holothuries, d’aider à la reconstitution des
stocks naturels là où ils ont disparu ou ont été trop affaiblis par une
sur-exploitation.
L’objectif est alors de bien gérer le stock naturel ainsi reconstitué,
par exemple grâce à des réglementations efficaces, afin d’en
pérenniser l’exploitation.
Salade de tr
ocas
Ingrédients
RECETTES
locales
pour 4 personnes :
Curry e
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ca
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Ingrédients
pour 4 personnes :
Témoignage
« Il faut respecter la taille
et prendre soin des coquilles »
« Si on veut pérenniser la ressource, il faut respecter la
taille autorisée (9 cm), il faut aussi réguler le système.
Après 30 à 45 minutes de cuisson, les femmes récupèrent
la bête. Les coquilles peuvent alors être stockées pendant
des décennies, mais il faut faire attention à ne pas les
brûler au feu. Les coquilles doivent être conservées à
l’ombre et au sec, avec le moins de lumière possible. »
Les pêcheurs de Tibarama
Remerciements
Grain de Sable atelier
Pour gérer les pêches
de manière à garantir
la pérennité de la ressource,
il est important de bien
la connaître et de savoir
comment elle est exploitée
par les populations locales.
Tous nos remerciements à Armand Pala, Pierre Osman, Ipoune Cedare-Aouta, Mario Houri, Laurent Djamali
et tous les pêcheurs de la tribu de Tibarama pour leurs patientes explications et leurs précieux témoignages.
Le troca, une ressource originale, est une publication de la Direction du Développement
Économique et de l’Environnement de la Province Nord (DDE-E).
BP 41, 98860 Koné, Nouvelle-Calédonie - Tél. (687) 47 72 39
Fax (687) 47 71 35, E-mail : [email protected]
Conception et rédaction : Christian Quidet, service de l’Aquaculture et des Pêches, DDE-E Koné, tél. : (687) 47 72 39
Anne Pitoiset, Horizon Pacifique, tél. (687) 81 56 41, [email protected]
Crédits photos : Anne Pitoiset, Christian Quidet, Musée de la Ville de Nouméa, Eric Dell’Erba,
Centre de Documentation Pédagogique (CDP) de Nouméa, IRD Nouméa, CPS (www.spc.int).
Création graphique et réalisation : Grain de Sable atelier E-mail : [email protected] - Tél./fax : (687) 27 30 57
Impression : Point Ged - Mai 2004
1 kg de trocas cuits
et hachés
2 cuillères à café
de poudre de curry
2 tomates concassées
1 cuillère à soupe d’ail écrasé
1 gros oignon coupé en lamelles
1 cuillère à café de concentré de tomates
1 petit piment, sel, poivre,
1 grand verre d’eau
1 Faire dorer l’oignon, ajouter le curry, l’ail,
les tomates, le concentré de tomates.
2 Remuer bien le tout pendant 3 minutes.
s
1 kg de trocas (sortis de leurs
coquilles)
2 litres de court-bouillon
1 cuillère à café de persil haché
2 cuillères à café d’oignon vert
1 cuillère à café de sauce de soja
4 cuillères à soupe d’huile
2 cuillères à soupe de vinaigre
1 Faire bouillir les trocas sans
les coquilles pendant 2 heures
(ou 25 minutes à la cocotte-minute).
2 Retirer l’opercule, nettoyer
les trocas (enlever le boyau).
3 Passer les trocas au hachoir
et utilisant une grille fine.
4 Les mélanger avec le persil,
l’oignon vert, la sauce de soja,
l’huile et le vinaigre.
3 Ajouter l’eau et faire bouillir pendant
3 minutes.
4 Ajouter ensuite le troca haché. Laisser
mijoter à petit feu pendant 15 minutes.
5 Servir avec des bananes vertes bouillies
et du riz blanc.
5

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