leclercq, pascal

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leclercq, pascal
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LA GRANDE MORILLE
LECLERCQ, PASCAL
COUPS DE TÊTE
dimanche 17 avril 2011, par Josée Paquet
(3.5/5) « Je ne sais pas ce qui m’attend là-bas, mais leur foutue pêche à la morille,
peuvent se la carrer bien profond. Veux même pas en entendre parler. Supporte pas les
champis, ça me fout des allergies. Rien qu’à les voir, j’ai la face couverte de boutons.
S’ils s’imaginent, ne fut-ce qu’une seconde, que je vais les suivre dans les bois vêtue
d’une petite robe blanche de coton, un panier en osier à la main, en chantonnant
gaiement, ils se fourrent le doigt dans l’œil, au moins jusqu’à l’omoplate. »
Qui aurait pu penser qu’une chasse aux champignons pouvait être si riche en
rebondissements ? Pascal Leclercq, évidemment ! Avec La grande morille, l’auteur nous
entraîne dans l’univers complètement dépravé de Georges Marzineau, Marzi pour les
intimes, et son comparse de toujours, Outchj, qui préparent une chasse aux
« champignongnons » mémorable en compagnie de leurs copains, tout aussi bizarres
qu’eux. Suivez Marzi , Outchj et leurs amis à travers leurs aventures rocambolesques,
ponctuées d’alcool, de poursuites, de meurtres, de sexe et de magouilles de toutes
sortes, de l’hôpital à une cabane au fond des bois, en passant par les quartiers liégeois
mal famés, sans oublier, bien entendu, le but ultime de cette aventure : la chasse aux
champignons. Toutefois, bien peu se doutaient de l’issue de cette expédition…
Avec un style se rapprochant de la série San-Antonio, de Frédéric Dard, et des dialogues
du regretté Michel Audiard, Pascal Leclercq signe ici un ouvrage où l’irrévérence est
maîtresse de tous les vices. L’action se déroule à vitesse grand V, ce qui complique
quelque peu la lecture à certains endroits. De plus, le passage d’un chapitre à l’autre
entre deux moments différents du récit embrouillera le lecteur inattentif. L’écriture
argotique est exquise, quoiqu’elle puisse en surprendre plus d’un, étant donné qu’il
s’agit ici d’expressions que nous retrouverons davantage chez nos cousins outreAtlantique. Si vous n’êtes pas familier avec ce type de langage, vous aurez peut-être un
peu de mal à suivre l’histoire ; pour les autres, ce roman d’horreur-burlesque vous
ravira et vous permettra de décrocher de votre train-train quotidien. Fous rires et
frissons garantis !
Pascal Leclercq est né à Liège dans les années 70. Après des études de philosophie, il
passe plusieurs années dans le nord de l’Italie, pays qui a eu un impact important sur sa
carrière, et avec lequel il garde de forts contacts. Poète, journaliste et nouvelliste, il a
notamment obtenu le prix Pollack pour Demain revient de loin, et la bourse de la
fondation Spes pour Un bâton. La grande morille est le troisième roman mettant en
vedette Marzi et Outchj.
Mercredi 11 mai 2011
http://black-novel.over-blog.com/article-la-grande-morille-de-pascal-leclercq-coups-de-tete72733934.html
La grande morille de Pascal Leclercq (Coups de tête)
Et allez hop ! Un nouvel auteur à découvrir, une nouvelle maison
d’édition à rajouter sur ce site, c’est le genre de lecture où on
part dans le noir les yeux fermés. Et ça change des romans noirs
standards !
« L'aube se lève à peine sur les collines liégeoises. Le ciel, rose
bonbon, est crotté de minuscules nuages bleu marine. Le coq
chante une troisième fois et la rue Sainte-Walburge s'anime
soudainement : d'un coup, la boulangerie est pleine à craquer,
une file de quinze mètres se forme sur le trottoir, tout ça pour
des petits pains. De l'autre côté de la chaussée, un fort gaillard
de fromager lève le volet d'acier de sa boutique ; il éructe des
insanités sur le monde et sur l'état du monde. Marzi, les bras
encombrés d'un énorme paquet, lui fait un signe de tête. «Salut,
Micheline !» Le marchand de frometon n'a pas l'air de trouver la
formule à son goût ; il n'émet cependant aucune protestation
verbale. »
Quand je ne sais pas comment résumer un livre, je commence
par les premières phrases. C’est en fait l’histoire de Marzi et Outchj, qui sont de petits mafieux
et qui n’ont pas peur de consommer des drogues ou tuer la moindre personne qui les gêne ou
les énerve. Marzi est clairement un psychopathe énervé et Outchj un obsédé sexuel stressé.
Leurs aventures sur 3 jours vont nous faire rencontrer des gens aussi divers et déjantés que des
militaires débiles, des vieux grabataires adeptes de substances illicites ou bien des prostituées
au grand cœur. Tout cela pour une chasse aux champignongnons mémorable.
Le moindre que l’on puisse dire, c’est que ce roman est drôle, hilarant pourvu que l’on accepte
de rire de tout (mais pas avec tout le monde). Le but est de faire une gigantesque blague, avec
le style à l’appui, avec les situations burlesques et des dialogues de mauvais aloi. Tout y est
décalé, à prendre au deuxième degré, avec beaucoup d’argot, de bonnes phrases, et je dois
dire que je me suis bien fendu la poire tout au long du livre.
Les personnages sont tous sans exception des décalés, des tarés, des ramollis du bulbe, des
démoulés trop tôt. Ça court dans tous les sens, ça flingue à tout va et pour se calmer, on se
fait un chien ou une vieille. C’est inconvenant, irrévérencieux, bourré d’humour noir crade
avec juste le décalage qu’il faut que l’on rie plutôt que l’on soit effrayé.
Alors, évidemment, on pense à San Antonio pour le style imagé et délirant, mais dans le genre
trash et grossier voire en dessous de la ceinture. Et c’est une belle référence, qui me semble
méritée. Il faut juste savoir que les chapitres sont alternés entre le vendredi et le dimanche, et
que le narrateur change ce qui peut être déstabilisant. Après, ce n’est que du bonheur, pourvu
que l’on soit un peu dérangé de la tête, et ce roman s’avère un moment très divertissant.