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L’intermodalité vélos - transports en commun.
Khaled Benouadah, de Mob’Emploi (Metz)
L’association Mob’Emploi(1) a été créée en 1999 par des associations œuvrant dans l’insertion. L’objectif était l’aide à
la mobilité des personnes en grande difficulté par le prêt de cyclomoteurs et de scooters à bas prix. Il s’agissait aussi de créer
des emplois d’agents d’accueil et de mécaniciens dans une démarche d’insertion professionnelle et sociale. En 2000, une
expérience de location de vélo a été lancée en collaboration avec la ville de Metz, afin de développer nos activités. Il s’agissait
d’une cinquantaine de vélos, durant la période estivale. Grâce à la SNCF, nous avons mis en place fin 2002 un point permanent
de location et de gardiennage de vélo en gare de Metz. Cette location à bas prix visait à promouvoir l’usage du vélo en milieu
urbain.
A notre grande surprise, le gardiennage est devenu une activité importante. La SNCF a toujours eu un service de
gardiennage, et avait 3 abonnés. Nous atteignons aujourd’hui la quarantaine d’abonnés. Notre activité représente 7000 journées
de gardiennage de vélos, et 10000 journées de location avec notre petit parc.
Il y a un public pour le vélo de location. Il est certes plus important en période estivale que le reste de l’année.
L’activité de gardiennage concerne les trajets domicile - travail, surtout Metz - Luxembourg, et se développe
rapidement. Nos abonnés font en moyenne moins d’une demi-heure de vélo, moins de 5 km, pour accéder à la gare SNCF. Les
arguments premiers pour l’usage du vélo sont l’aspect financier et le gain de temps. Mais c’est aussi, pour certains, une façon
de faire un peu d’exercice. Quand il s’agit d’une demi-heure matin et soir quotidiennement, cette activité vaut bien un
abonnement à un club sportif. Le trajet du soir permet de se débarrasser de la fatigue de la journée de travail. D’autant plus que
dans le train, on a pu auparavant dormir, ou continuer son activité professionnelle.
Pour le gardiennage, nous rencontrons des difficultés liées à l’amplitude des horaires. Il faut un grand nombre de
personnes pour faire fonctionner ce service. Nous sommes ouverts de 6 h à 20 h. Alors que nous pensions au départ fermer dès
les premier froids en octobre ou novembre, il y a une demande qui nous contraint à rester ouverts toute l’année. Les gens se
sont habitués au service.
Il y a un fort potentiel de développement des activités autour du vélo. Il s’agit, entre autre, de l’entretien des vélos. Au
centre de Metz, il n’y a plus qu’un commerçant - réparateur. Notre activité va se développer sur Thionville, où il n’y a plus
qu’un réparateur également. En effet, il n’est pas facile de mettre son vélo dans une voiture pour aller le faire réparer dans une
zone d’activité en périphérie de la ville. Pour fidéliser les gens à l’usage du vélo, il faut aussi que nous levions les freins en
proposant ce type de service. On peut aussi envisager un service de prêt de vêtements anti-pluie.
Il faudrait aussi inclure le vélo à l’éventuel ticket régional unique de mobilité. Je crois que cette facilité est attendue
par les usagers du train. Les mentalités évoluent, il faut les accompagner.
Les enquêtes que nous menons montrent que les freins à l’usage du vélos sont, bien sûr la sécurité, liée à l’absence
d’aménagements, mais aussi la crainte du vol. Le système de gardiennage que nous avons mis en place est une solution parmi
d’autres pour encourager la pratique cycliste en milieu urbain.
Nous avons souhaité rendre ce service accessible à tous. La demi-journée de location est à 3 €. Le tarif du gardiennage
à l’année est de 70 €, c’est-à-dire moins de 15 centimes par jour.
Interventions de la salle
Question : La création de parkings en centre ville est contradictoire avec la promotion de la bicyclette. A Metz, on agrandit le
parking de l’Arsenal et on va construire un nouveau parking souterrain.
Réponse : Il y a lieu d’encourager et d’accompagner la pratique du vélo. Mais, à Metz, la topographie des lieux n’est pas très
favorable et il faut aussi partager l’espace avec les autres modes de transport.
Question : Avez-vous des perspectives de développement autres que Thionville, que vous avez cité ? Quelle est la
qualification des gens employés ?
Réponse : Notre équipe est constituée de 15 personnes, en majorité sur des contrats aidés, car se sont des gens qui ont eu un
parcours professionnel difficile. L ‘accompagnement et l’encadrement que nous offrons leur permettent de reprendre une
activité et de bénéficier de formations, pour ensuite rebondir dans le monde du travail classique. Les commerçants du cycle, en
particulier les grandes enseignes, sont à la recherche de mécaniciens - vendeurs, et il n’y a presque plus de formation dans ce
domaine. Dans la région, il n’y a plus qu’une formation à l’AFPA de Verdun.
Pour ce qui est de notre développement, en tant qu’association, nous sommes limités par les moyens financiers qui peuvent
être mis à notre disposition. Nous souhaitons consolider et étendre notre activité sur Metz. Nous serons bientôt à Thionville. A
Nancy, il y a déjà Cyclotop(2) qui existe depuis aussi longtemps que nous. On peut envisager une collaboration qui permettrait
de donner une certaine cohésion aux déplacements Nancy - Metz ou Nancy - Thionville. Nous avons des usagers qui ont
revendu leur voiture, devenue inutile. Certains reconnaissent qu’ils mettent moins de temps pour leur trajet en train + vélo
qu’en voiture. Le service mérite d’être développé, en cohérence avec ce qui existe déjà. L’expérience que nous avons acquise
doit être transmise.
Il y a un autre domaine qu’on pourrait développer, qui est l’usage du train + vélo dans le domaine du tourisme. Notre région
est riche en sites à visiter, et notre réseau de TER fonctionne très bien. Nous avons expérimenté 6 trajets, et aimerions réfléchir
à la mise en place de ce type de service.
Question (Jean Bonville – Meuse Nature environnement) : Je comprends votre souhait de rester sur une zone géographique
limitée. Avec l’arrivée du TGV, la SNCF envisage de proposer des vélos en gare de Bar-le-Duc et mettre en place un service
sur la ville. Est-ce que vous accepteriez d’assister une association meusienne qui souhaite lancer ce type d’activité ?
Réponse : Nous ne refuserons pas ce type de demande. Nous avons déjà des contacts avec une association meusienne qui est
dans le domaine de la location de cyclomoteurs.
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1. Association Mob’Emploi : 1, Avenue Leclerc de Hauteclocque 57000 Metz, http://mobemploi.ifrance.com
2. Association Cyclotop : 87, rue des Chaligny 54000 Nancy, http://www.cyclotop.net