Des tomates sans mildiou
Transcription
Des tomates sans mildiou
JARDIN A. BOSSE-PLATIÈRE Des tomates Bien chaussées, bien coiffées sans mildiou La tomate : l’une des cultures préférées des jardiniers. Mais qui donne aussi quelques tracas : comment prévenir les risques de maladies ? Les conseils de Patrick Nicolas. 24 E lle nous vient du Pérou : une région où il pleut rarement, où les nuits sont fraîches et les journées chaudes et ensoleillées. Si la tomate a évolué, au cours des dernières décennies, par de multiples hybridations, elle garde au plus profond d’elle-même les caractéristiques et les exigences propres à son espèce. On peut ainsi comprendre aisément pourquoi elle se porte à merveille dans le sud de notre pays, ou sous serre, et pourquoi elle supporte si difficilement les excès d’humidité et les coups de froid. Installé en région parisienne, j’ai longtemps éprouvé des difficultés à maintenir mes plants de tomates en bonne santé jusqu’au bout de la saison. C’est en améliorant mes techniques de culture que j’ai pu obtenir des résultats, avec des moyens simples, mais efficaces. LES QUATRE SAISONS DU JARDINAGE MARS/AVRIL 2003 N0 139 JARDIN l’excès d’eau et sert d’allée de passage entre les rangs, ce matériau supportant beaucoup mieux le piétinement que la terre. Au bout de quelques années de cette pratique, le sol est fortement enrichi en humus. PROTEGEES CONTRE LES INTEMPERIES. Les tomates sont ensuite conduites de façon assez classique, avec certaines précautions (voir encadré page suivante). Mais, même avec cette vigilance, des problèmes surviennent lors de longues périodes pluvieuses, même en plein été, avec des attaques de maladies comme le mildiou ou le flétrissement bactérien. Le phénomène est fulgurant vers fin août : il suffit de quelques nuits fraîches accompagnées de pluies pour voir les plants se tacher de marron foncé puis, en l’espace de 48 à 72 heures, brunir complètement. Toutes les récoltes à venir sont ainsi détruites. Le problème est d’autant plus dommageable lorsque l’on veut produire soimême ses semences. En discutant à plusieurs reprises avec des jardiniers collectionneurs de tomates, nous avons mis en évidence le rôle déclencheur que devait jouer la pluie dans ce phénomène de dépérissement : restait à trouver une solution de protection. N. LOCOSTE CULTURE SUR BUTTE ET PAILLIS. La tomate affectionne les terrains bien drainés, aérés et riches, notamment en matières organiques, et a horreur des terrains trop humides. Dans les sols lourds et les régions soumises à des pluies régulières, j’ai remarqué qu’elle donnait les meilleurs résultats lorsqu’on la plantait sur une butte. Avec mon frère, nous avons donc fait l’expérience, en terrain argilo-limoneux, de la cultiver sur des buttes de terre de 50 centimètres de large sur 40 centimètres de hauteur : le sol est d’abord travaillé à la grelinette, puis les buttes sont construites à l’aide d’une houe ou d’une griffe. Testée plusieurs années de suite, cette technique a donné des résultats encourageants, le sol étant ainsi bien drainé en périodes de fortes pluies. Mais par temps sec, en été, il y avait manque d’eau ! L’idée nous est alors venue de pailler entre les buttes : les creux sont copieusement remplis avec du broyat de végétaux ligneux (brindilles et petites branches récupérées après élagage de feuillus) d’où ne dépassent que les sommets des buttes (voir dessin). Les racines se développent rapidement en terre puis passent dans le broyat en cours de décomposition, qui stimule la croissance des pieds. Cette matière organique fibreuse absorbe en outre N0 139 MARS/AVRIL 2003 LES QUATRE SAISONS DU JARDINAGE 25 P. NICOLAS JARDIN Culture de tomates protégée par un plastique. Juste avant la dernière récolte, le 15 novembre 2002…! Indispensables : la fertilisation et l’arrosage w Fertilisation : j’apporte toujours du compost en surface, après la plantation et en début d’été ; un peu de purin d’ortie ou de feuilles de tomates est bienvenu en début de culture, mais il ne faut pas en abuser car cela stimule trop la pousse du feuillage. Depuis quelques années, j’utilise également avec beaucoup de succès un mulch à base de coquilles de fève de cacao, très riche en éléments fertilisants, qui assure la propreté du sol et le maintient bien frais, ce qui est idéal pour des plantes exigeantes en eau. w Arrosage : j’utilise des tuyaux micro-poreux, qui serpentent entre les pieds de tomates, ou des pots de fleurs à demi enterrés qui permettent un bon arrosage sur les buttes, l’eau ne ruisselant pas et se diffusant lentement dans le sol (voir dessin p. 25). La tomate n’est pas très sensible aux maladies si on prend un certain nombre de précautions comme ne jamais arroser le feuillage, laisser l’air et la lumière circuler entre les plants, en les plantant à bonne distance et en taillant les feuilles qui finissent par se rejoindre. P. N. 26 LES QUATRE SAISONS DU JARDINAGE MARS/AVRIL 2003 N0 139 Une partie de mes tomates étant cultivée au pied d’un mur exposé au sud-est, j’ai tenté l’expérience, fin août/début septembre, de tendre une feuille de plastique au dessus de mes plants. Je l’ai attachée contre le mur dans le haut, et l’ai maintenue tendue à l’aide de briques dans le bas, les côtés étant bien ouverts pour assurer une bonne ventilation. Le résultat a été probant : lorsque de fortes pluies se sont produites, les cultures non protégées ont dépéri en deux ou trois jours, alors que celles abritées par la feuille de plastique ont parfaitement résisté. Les fruits ont continué à mûrir doucement au fur et à mesure de l’avancement de la saison, et malgré les nombreux passages très pluvieux de l’automne, j’ai continué à cueillir des fruits en septembre puis en octobre pour finir, au-delà de mes espérances, par une dernière récolte le 15 novembre. Grâce à une simple feuille de plastique posée au bon moment ! Patrick Nicolas