Crésus 55 - Cresus - L`Hebdo national de l`économie
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DOSSIER CAPITAINES D’INDUSTRIE OU SIMPLES RENTIERS ? n LEUR NOMBRE NE CESSE D’AUGMENTER Pages 7-15 L’ÉCHO D’ALGER Avenir de l’OPeP In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 16 au Samedi 22 octobre 2016 n n°55 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro À Alger, l'OPEP a marqué un point. Il reste à transformer ces gains en un progrès durable, ce qui est loin d'être gagné. Pour cela, cinq conditions clés… Par Francis Perrin à Crésus Page 5 nRAPPORT RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE MONDIALE nSPORT, Page 3 L’EN DES VERTS PAS ENCORE MÛRS ? nKARIM DR RAHALI F. DJALILA, CYBERPSYCHOLOGUE : DE L’OMC HABIB, Page 16 UN DESIGNER LIBANAIS AU SERVICE DE BMW cresus.dz DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À PARIS PAGE17 « L’ADDICTION À INTERNET, UN PHÉNOMÈNE QUI PASSE INAPERÇU CHEZ NOUS » L’Internet est l’outil technologique le plus populaire, eu égard à la facilité de l’accès à ses services et à sa vulgarisation à travers le monde. Cependant, le revers de la médaille et qui suscite de plus en plus de craintes et d’appréhensions a aujourd’hui un nom : L’addiction. Pages12-13 et 14 nÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AUX ÉTATS-UNIS UN JEU D’ÉCHECS OÙ TOUS LES COUPS SONT PERMIS Page 15 442 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 à l’oreille de Crésus Sauvetage de l’économie tunisienne La diplomatie comme ultime recours ? Enquête sur le blanchiment d’argent dans le secteur financier La Falcon Private Banking visée des réunions sont organisées en Tunisie avec les représentants des grandes entreprises internationales et les institutions financières. Une réunion a été tenue en présence des investisseurs étrangers et de journalistes américains, indique le site réalités.com. « C’était l’occasion de présenter le nouveau climat d’affaires tunisien et d’évoquer la conférence internationale sur l’investissement des 29 et 30 novembre prochain. Le ministère a présenté le plan quinquennal 2015-2020 et les projets de collaboration entre les secteurs privé et public », a déclaré le ministre tunisien de l’Investissement et de la Coopération internationale à cette occasion. Dans ce même cadre, de grandes entreprises américaines, œuvrant en Afrique du Nord, ont également été sollicitées. « Il y a eu des industriels et des fonds d’investissement. Nous leur avons présenté la nouvelle loi d’investissement ainsi que la loi d’urgence économique », a-til poursuivi. Il a, d’autre part, évoqué les réunions avec les représentants des grandes institutions mondiales, telle que la représentante de la Banque Mondiale ou encore celle de l’administration centrale américaine. « C’était une rencontre de haut niveau, à l’issue de laquelle on a ressenti un intérêt réel pour la Tunisie ». D’un autre côté, le ministre a indiqué que les négociations avec le FMI sont en cours. le bureau du procureur suisse a déclaré mardi dernier qu'il pourrait ouvrir une enquête criminelle avec la banque Falcon Private Banking, basée à Zurich, dans le cadre de la surveillance imposée du marché financier en Suisse. Le bureau du procureur a déclaré dans un communiqué que «la question de l'ouverture d'une enquête criminelle contre Falcon Private Banking est à l'étude." Dans ce contexte, le Bureau suisse du procureur général a demandé à l'organe de surveillance du marché financier, en suisse, de lui remettre une copie de sa résolution afin d'ouvrir une enquête criminelle contre Falcon Private Banking après analyse de cette décision. Il est reproché à la banque de Falcone des profits illégaux et des violations des règles relatives au blanchiment d'argent lié au financement du fonds One MDB Dubaï Lancement des travaux de la plus haute tour au monde les travaux de construction de « Dubai Creek Tower », le nouvel édifice architectural, qui devrait être le plus haut bâtiment du monde, l'achèvement de sa construction en 2020, en partenariat entre le «Dubai holding» et «Emaar Properties», ont été lancé le 10 octobre passé en présence des plus hautes autorités de Dubai et des Emirats arabes unis. Cheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum, viceprésident des EAU a affirmé à cette occasion que la grande renaissance urbaine des Émirats arabes unis est l'un des fruits des plans de développement ambitieux, et le produit du mouvement économique actif au servie du peuple et des résidents des Emirats. Il a ajouté que les Émirats arabes unis sont toujours une plate- Arabie saoudite-Egypte L’austérité gâche la lune de miel Après une longue période de convivialité, il est devenu difficile de cacher les différends égypto-saoudiens. La lune de miel entre Le Caire et Riyad marque le pas : l'aide promise au régime du président Abdel Fattah alSissi serait devenue une carte de pression dans les mains de Ryad pour forcer le Caire à modifier ses positions. L'affrontement entre le Caire et Ryad sur plusieurs dossiers est apparu, il y a environ un an et ce, après un an et demi d’entente, en particulier lorsque l'Arabie saoudite offrait des milliards de dollars au régime d’Abdel Fattah al-Sissi. Mais la divergence dans le dossier syrien, notamment sur le sort du président Bachar al-Assad a fait voler en éclat cette entente. Il convient de noter qu’environ un million d'Egyptiens travaillent en Arabie saoudite et seront touchés par la politique d’austérité du royaume. La divergence de vues est apparue au grand jour lors de la session du Conseil de sécurité de l’ONU, lorsque le Caire a changé un vote de soutien à la posi- L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL CeliGne Éd. & Com. direCteur de PubliCAtiOn SAMIR MEHALLA souverain malaisien. Par ailleurs, l'Autorité monétaire de Singapour a ordonné à la branche Falcon Bank à Singapour de suspendre ses opérations en raison « d'une compréhension forte et continue » des contrôles régissant le blanchiment d'argent à Singapour forme pour le développement de grands projets et initiatives qui ajoutent chaque jour du nouveau à la civilisation humaine. Il a rappelé la construction de Bordj Khalifa, il y a quelques années et qui a surpris le monde comme le plus haut bâtiment sur terre. Il a indiqué que son pays est « habitué aux défis qui sont une exigence importante pour atteindre des niveaux d'excellence sans précédent, tout en ne ménageant aucun effort pour fournir tous les ingrédients nécessaires pour améliorer notre compétitivité à l'échelle régionale et internationale dans tous les domaines, grâce à l'appui des projets existants, et d'explorer de nouvelles opportunités, et de déterminer comment s’employer à renforcer notre position dans l'économie mondiale ». tion saoudienne et française pour soutenir la position de la Russie. Ce n'est pas la première fois que Le Caire est opposé à la position de Ryad sur la Syrie, en particulier son insistance sur la conduite de la solution avec la participation du président al-Assad, au moins dans la phase de transition. Au Conseil de sécurité, il y a quelques jours, la position égyptienne prise et le non-soutien à la position saoudienne a annoncé le début d'une nouvelle phase de la relation dans laquelle le royaume peut punir le régime al-Sissi sur plusieurs dossiers. Parmi ces dossiers, la guerre ouverte au Yémen. Bien que le Caire ait préféré garder le silence sur le grand massacre de Sanaa, il a exprimé sa grande préoccupation dans les coulisses. D'autre part, la présence d'environ un million d'Egyptiens dans le royaume fournit des devises fortes au pays. L'augmentation des frais pour les émigrés en raison du déficit budgétaire et de la baisse des prix du pétrole inquiète les Egyptiens. rédacteur en chef Kamel Aït Bessaï Service correction Mohamed Bennaï rédaction-Administration 41, rue Mokhtar KRITELI Blida téléfax : 025 225 849 Marketing : 0770 583 056 0561 685 501 [email protected] Site : www.cresus.dz r. 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L'OMC prévoit une hausse de 1,7% alors qu’en avril dernier elle anticipait une croissance du commerce mondial de 2,8% cette année. « Le ralentissement impressionnant de la croissance du commerce est grave et devrait servir de sonnette d'alarme », s'inquiète le directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo, cité dans un communiqué. « Une baisse plus forte que prévu du volume du commerce des marchandises au premier trimestre (-1,1% d'un trimestre sur l'autre) et une reprise encore plus faible que prévu au deuxième trimestre (+0,3%) sont la cause première et directe de cet amollissement qui est la conséquence du ralentissement de la croissance du Produit intérieur brut (PIB) et du commerce dans les économies en développement », affirment les économistes de l’organisation mondiale qui citent, entre autres, la Chine et le Brésil, mais aussi l’Amérique du Nord. Anticipant que le PIB réel dans le monde devrait augmenter de 2,2% en 2016, l’OMC s'inquiète également de « l'affaiblissement du rapport entre le commerce et la croissance du PIB ». Dans les années 1990 et au début des années 2000, le commerce international ou mondial évoluait deux fois plus vite que la croissance du PIB. Pour l’année en cours, le volume de marchandises échangées augmentera plus lentement que le PIB mondial. « Nous devons faire en sorte que (l'hostilité et le rejet croissants à l'égard de la mondialisation) ne se traduise pas par des politiques inconsidérées qui risqueraient d'aggraver encore plus la situation », a prévenu M. Azevedo. En effet, selon l’OMC toujours, la torpeur des échanges mondiaux pourrait se prolonger en 2017 puisque l'Organisation anticipe désormais que la croissance du commerce mondial devrait se situer à 1,8% et 3,1% au cours de l’année prochaine, contre les 3,6% prévus auparavant. « Depuis la publication des prévisions de l'OMC en avril 2016, certains risques de ralentissement se sont concrétisés, notamment une période d'instabilité financière qui a touché la Chine et d'autres économies de marché en développement au début de l'année, mais qui s'est apaisée depuis », justifie l'organisation. Plusieurs signaux pointent en faveur d'un redressement du commerce mondial au second semestre, dont la progression du trafic des ports à conteneurs ou l'augmentation des commandes à l'exportation aux États-Unis. Mais, a-t-il cependant noté, « plusieurs incertitudes pèsent sur les perspectives concernant le reste de l'année et l'année prochaine », relève Le rapport qui cite « la volatilité financière due aux changements touchant la politique monétaire des pays développés «L’Algérie sera fortement impactée» FARID AMIR, ENSEIgNANT à L’UNIvERSITÉ DE BÉjAïA : 4entretien réalisé par Adel boucherguine Farid Amir est docteur en économie à l’université de béjaia. dans cet entretien, il revient sur le dernier rapport de l’OMC et parle de l’impact des prévisions du ralentissement du commerce mondial. Crésus : Après la timide reprise de la croissance économique qui a suivi la crise de 2008-2009, quel état des lieux faites-vous sur le commerce mondial ? Farid Amir : Après le processus rapide de la mondialisation, amorcé vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, le système économique mondial est entré dans une nouvelle ère de croissance économique et commerciale dynamique. Cette dynamique peut s’expliquer par le processus d’intégration des économies nationales à l’économie mondiale, notamment, avec le processus d’intégration des ex-pays socialistes à l’économie de marché et leur ouverture aux investissements étrangers et le commerce international dans un multilatéralisme fort des années 1990. Cet élan formidable de cette dynamique a été vite brisé par la crise financière de 2007. A l’heure actuelle, l’économie mondiale traverse une étape très difficile de son histoire après la crise de 2007-2009. En effet, malgré un retour timide de la croissance à partir de 2010, l’économie mondiale assiste à une progression lente de la croissance du PIB. Cette lente progression de la croissance du PIB est accompagnée par une nouvelle donnée sur le plan commercial. Il s’agit du ralentissement sans précédent du taux du commerce mondial. Selon les bases de données de l’OMC, la croissance du commerce mondial qui était deux fois plus élevée que le PIB peine aujourd’hui à dépasser ce dernier. Il s’agit d’une nouvelle phase de l’évolution du commerce international qui constitue un tournant déterminant du système économique mondial. Ce qui témoigne de l’importance de ce changement est le taux de variation de la croissance du commerce mondial par rapport aux années 1990. A titre d’exemple, par comparaison au taux de croissance des échanges mondiaux durant les quatre dernières années, le taux de croissance est passé de 6,9% entre 1995 et 2008 à 3,5%. Il s’agit d’une chute décevante du commerce mondial qui appelle à tirer la sonnette d’alarme. La ques- tion qui s’impose est de savoir s’il s’agit d’un phénomène conjoncturel ou structurel, et ce que la réponse à cette question implique pour renverser l’équation. Ce phénomène du ralentissement de l’échange mondial dont a conclu l’OMC est-il structurel ou non ? Une partie importante des analystes et spécialistes pensent qu’il s’agit d’un ralentissement conjoncturel. Ce ralentissement est une conséquence de la crise qui a touché la zone Euro ces dernières années. Le constat leur donne raison au regard de la part de l’Union européenne dans le volume du commerce mondial, elle compte environ un tiers du commerce mondial. La crise a freiné la demande d’importation dans la région de la zone Euro. Considérée comme l’épicentre de la crise actuelle, la zone Euro a enregistré une baisse de 1.1% de son volume des échanges commerciaux en 2012, et elle a connu une reprise de 0.3% en 2013. Donc, si les pays de l’Union européenne arrivent à redresser leurs économies en 2017, la croissance du commerce mondial devrait reprendre sa dynamique. Cependant, la stabilité du rapport importations/PIB dans certains pays, comme les Etats Unis et la Chine, après la crise laisse à penser que les origines de cet historique ralentissement du commerce mondial ne peuvent être attribuées uniquement à la crise de la zone euro. Les volumes d’importations exprimés en pourcentage du PIB réel, sont à peu près constants depuis 2005. Il s’agit d’une stabilité prolongée. Cette dernière est un symptôme d’un mal profond qui met en péril le devenir de l’économie mondiale. Quelles sont les raisons de ce ralentissement, selon vous ? La première explication de ce ralentissement est certainement la faiblesse de la croissance du PIB. Le PIB représente un déterminant de premier rang. Son évolution mondiale se caractérise par une progression très lente. Il y a aussi le taux faible d’investissement qui peut affecter négativement la croissance du commerce mondiale. Ajoutant à cela la crise de la zone euro qui a joué un rôle important dans l’influence de la tendance du commerce mondial, par ce que sa crise a induit comme performances médiocres. Le recul de la croissance chinoise a profondément impacté l’évolution récente du commerce mondial. Ces éléments sont conjugués avec le retour au protectionnisme dans l’objectif de faire face aux effets indésirables de la mondialisation. Cette remise en cause de l’ouverture après la crise de 2008-2009 pose beaucoup d’interrogations, notamment en ce qui concerne le devenir de la tendance actuelle du système économique mondial. Quelles conséquences ou impacts aura ce ralentissement du commerce mondial sur la croissance ? Effectivement, le ralentissement actuel du commerce mondial va impacter l’économie mondiale. Cela s’explique d’abord par le ralentissement de l’économie chinoise, en raison du rôle important de ce pays dans la structure du commerce mondial et de son modèle économique fortement intensif en matière première. Le ralentissement va impacter en premier lieu les pays exportateurs de matières premières qui vont voir l’effondrement des prix des matières premières sur le marché mondial, base de leurs recettes financières. Pour les pays développés, leurs économies seraient moins vulnérables à ce ralentissement. Comment sera affectée l’Algérie si cette tendance se maintiendra durant l’année 2017 ? L’économie algérienne est basée essentiellement sur l’exploitation des hydrocarbures, quasiment unique ressource du pays. Ces derniers constituent la principale source de revenu du pays (98% des recettes des exportations algériennes). Au début des années 2000, avec l’aisance financière, l’Algérie a pu financer les différents programmes de relance économique. Ainsi, le produit intérieur brut demeure fortement influençable par le comportement de la production dans le secteur des hydrocarbures. A ce titre, comme tous les pays exportateurs des matières premières comme le pétrole, l’Algérie sera impactée par le ralentissement du commerce mondial par la baisse de la demande du pétrole, première matière des exportations algériennes, qui va maintenir les prix du brent dans leur niveau actuel. Cela engendrera le gel des projets d’investissements et la stagnation de la croissance économique en raison de la baisse sans précédent des recettes du pays. 444 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 algérie entre succès diplomatique et échec stratégique RETOUR SUR LA RÉUNION INFORMELLE DES PAYS MEMBRES DE L’OPEP à ALgER l’issue de la réunion de l’OPEP, l’Algérie officielle a, sans gestion du risque, vite crié victoire justifiée par une réduction de la production de 750 000 barils/jour en vue d’une augmentation des prix du pétrole. La réalité est que l’OPEP ne pourra jamais reprendre en main la régulation du marché énergétique puisqu’elle ne représente que 30% au plus de l’offre mondiale de pétrole. Le seul résultat à retenir de cette réunion est un consensus sur une déclaration commune à couleur dominante politico-stratégique. L’analyse de l’information ne permet plus aujourd’hui de jouer sur la surpolitisation de l’événement en présentant cet événement comme une réelle victoire de notre diplomatie. Le résultat est loin d’un consensus si ce n’est un simple rapprochement de vues qui pouvait être réalisé sans regroupement et la planète aurait gagné en rejet de gaz à effet de serre et l’Algérie des millions de dinars de frais d’organisation. La réduction si elle venait à se concrétiser, et ce n’est pas évident, permettrait la limitation de la production à 33 millions de barils jours, ce qui représente une réduction de 750 000 barils/jour à partager entre les producteurs. Une goutte d’eau dans l’océan et son impact sur le marché mondial sera quasi-nul. La géopolitique et la géostratégie ont fait, avec la bénédiction des puissances (Europe, Etats-Unis et Russie), que les guerres persistent et les pays déstabilisés ont besoin de vendre leur unique production : le pétrole, comme l’Iran, l’Irak, la Libye et le Nigeria. De ce fait, le consensus de façade obtenu à Alger n’est qu’un leurre et cela pourra se vérifier à vienne le 30 novembre prochain. La crise qui touche plusieurs pays pétroliers hors OPEP aura un impact déterminant sur le prix de référence que cherche à stabiliser les pays membres de l’OPEP mais restera pour longtemps un vœu pieux et surtout politique. Finalement, l’accord d’Alger a simplement jeté les jalons sans matérialiser les grandes lignes d’un futur accord. Les perturbateurs que sont les gros producteurs comme l’Arabie saoudite, les USA, et les pays du golfe continueront à pomper du pétrole à des rythmes imposés par leur train de vie et de dépenses. Le jeu stratégique surtout de l’Arabie saoudite faisant croire qu’elle doit accepter un effort diffici- le a fait passer en douce sa production de 9 à 11 millions de barils/jour entre 2014 et 2016. Une diminution de sa production d’une centaine de milliers de barils/jour est une gageure. Un autre paramètre déterminant dans le maintien de la production actuelle, donc de coûts inférieurs à 60 dollars, est le train de Pub REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE DIRECTION DES RESSOURCES EN EAU DE LA WILAYA DE OUARGLA NIF : 099030015051545 AVIS D’APPEL D’OFFRES NATIONAL OUVERT AVEC EXIGENCE DE CAPACITES MINIMALES N° 16/2016 La direction des ressources en eau de la wilaya de Ouargla lance un Avis d’appel d’offres national pour : Réalisation d’un réseau d’adduction de nouveau forage albien jusqu’aux régions d’ALIA et TAIBINE Les entreprises qualifiées en hydraulique, activé principale catégorie III et plus, peuvent retirer le cahier des charges auprès du secrétariat de la Direction des Ressources en eau de la Wilaya de Ouargla, sis Rue Abderrahmane Rouabah, BP 12 Ouargla - Tél : 029.76.36.53 Fax : 029.76.36.54. Les Offres doivent comporter un dossier de candidature, une offre technique et une offre financière : 4. Le dossier de candidature : contient les pièces fixées à l’article 08 du cahier des charges. 5. Offre technique : contient les pièces fixées à l’article 08 du cahier des charges. 6. Offre financière : contient les pièces fixées à l’article 08 du cahier des charges. Les offres doivent être déposées par porteur à l’adresse ci-après : Direction des Ressources en eau de la Wilaya de Ouargla, sis Rue Abderrahmane Rouabah BP 12 – Ouargla. Le dossier de candidature mis dans une enveloppe séparée et cachetée portant les mentions suivantes : Dénomination de l’entreprise……………………………………. « Avis d’appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales N°16/2016 pour : Réalisation d’un réseau d’adduction de nouveau forage albien jusquaux régions d’ALIA et TAIBINE « Dossier de candidature » -L’offre technique mise dans une enveloppe séparée et cachetée portant les mentions suivantes : Dénomination de L’entreprise……………………………………… « Avis d’appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales N°16/2016 pour : Réalisation d’un réseau d’adduction de nouveau forage albien jusqu’aux régions d’ALIA et TAIBINE « Offre technique » -L’offre financière mise dans une enveloppe séparée et cachetée portant les mentions suivantes : Dénomination de L’entreprise…………………… « Avis d’appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales N°16/2016 pour : Réalisation d’un réseau d’adduction de nouveau forage albien jusqu’aux régions d’ALIA et TAIBINE « Offre financière » Les trois enveloppes (le dossier de candidature, l’offre technique, et l’offre financière) doivent être mises dans une 4eme enveloppe, cachetée et anonyme, portant la mention : « A n’ouvrir que par la commission d’ouverture des plis et d’évaluation des offres - Avis d’appel d’offres national ouvert avec exigence de capacités minimales N°16/2016 pour : Réalisation d’un réseau d’adduction de nouveau forage albien jusquaux régions d’ALIA et TAIBINE. -La durée de préparation des offres est fixée à 21 jours à compter de la date de la 1ere publication dans la presse ou le BOMOP. -Le dépôt des offres correspond au dernier jour de préparation des offres, et l’heure limite est fixée jusqu’à 14h00. Si ce jour coïncide avec un jour férié ou un jour de repos légal, la durée de préparation des offres est prorogée au jour ouvrable suivant jusqu’à 14h00. -Les soumissionnaires sont invités à assister à la séance d’ouverture des plis prévue le dernier jour de la période de préparation des offres à 14h30 au siège de la Direction des Ressources en eau de la Wilaya de Ouargla. Si ce jour coïncide avec un jour férié ou un jour de repos légal, la durée de préparation des offres est prorogée au jour ouvrable suivant jusqu’à 14h30. -Les soumissionnaires resteront engagées par leurs offres pendant la duré de préparation des offres plus 03 mois à compter de la date de dépôt des offres. -Dans le cas de l’entreprise attributaire du marché, le délai de validité des offres est prorogé systématiquement d’un mois supplémentaire. Cresus n° 55 du 16 /10/2016 au 22/10/2016- Anep 430 924 Depuis les années 1975, jamais le gouvernement n’a versé dans l’autogratification et l’autosatisfaction mais en matière de stratégie économique et géopolitique il n’y a pas de quoi crier victoire et vendre son pétrole à un prix minimal avoisinant les 80 dollars pour assurer l’équilibre budgétaire. La peau de l’ours a-t-elle été vendue avant de l’avoir localisée ? A Par K. benabdeli vie des pays du golfe et de certains pays africains et sud-américains. La corruption dans le domaine pétrolier est devenue monnaie courante et les corrompus n’ont pas intérêt à ce que la manne pétrolière baisse. Pour atteindre cet objectif, chaque fois que le prix baisse on augmente la production pour préserver une stabilité de la rente. Les pays non-OPEP sont un autre vecteur de perturbation de ce domaine, tant ils maîtrisent les techniques de production du gaz de schiste et la politique énergétique mondiale. En attendant, le marché pétrolier est figé par une offre excédentaire et qui le restera pour au moins deux à trois ans, surtout en l’absence de moyens de contrôle efficace au niveau des pays producteurs. La production excédentaire, selon les spécialistes, dépasse les 1.5 million de barils/jour et tous les chiffres avancés sont perturbés par la production et le commerce illicite dans les pays en guerre. Pour l’Algérie, le prix de référence pour permettre au gouvernement de continuer à être un bon dépensier, doit être de l’ordre de 90 dollars, ce qui reste un rêve et doit pousser nos gestionnaires à avoir une autre stratégie économique et politique. K. b. Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 algérie 445 Quoi qu'il en soit, après le succès de la réunion d'Alger, l'OPEP a une obligation de résultat. Ayant créé des attentes, elle ne doit surtout pas échouer le 30 novembre. Sinon, la sanction des marchés pourrait être très rude. l’ÉChO d’AlGer L’AvENIR DE L’OPEP C 4Par Francis Perrin e qui s'est passé le 28 septembre à Alger marque le réveil de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) après deux ans d'impuissance depuis le début de la chute des prix du brut au cours de l'été 2014. Pour les producteurs, c'est donc une étape importante et très positive. Cette réunion de l'OPEP dans la capitale algérienne a débouché sur des résultats concrets puisque les prix du pétrole ont augmenté depuis cette date. Le cours du Brent de la mer du Nord pour le contrat de décembre sur ICE Futures Europe à Londres est à présent compris entre $52 et $53 par baril, soit un gain de plusieurs dollars, ce qui n'est pas anodin. Rappelons qu'au début de 2016 les prix du pétrole étaient même tombés brièvement en dessous de $30/b. Ils ont donc augmenté de près de 50% depuis février. Cela dit, selon l'OPEP, le prix du panier de bruts OPEP ne dépassait pas $42,89/b pour le mois de septembre, contre $47,24/b pour le Brent. Il y a en effet une différence de quelques dollars entre le Brent et le panier OPEP. l'OPeP A reMPOrtÉ une viCtOire MAiS il reSte à GAGner lA Guerre L'OPEP a donc marqué des points mais il reste à transformer ces gains en un progrès durable, ce qui est loin d'être gagné. Pour cela, il faut au moins cinq conditions clés :- La réduction de la production annoncée à Alger (pas plus de 32,5 à 33 millions de barils par jour de brut à l'avenir alors que les pays membres de l'organisation ont produit 33,64 millions de b/j en septembre, selon l'Agence Internationale de l'Energie - AIE) doit être confirmée et précisée à vienne le 30 novembre lors de la prochaine réunion ordinaire de la Conférence de l'OPEP. Plusieurs questions doivent en effet trouver réponse. Par exemple: le plafond serat-il de 32,5 ou de 33 millions de barils/jour ? S'appliquerat-il à compter du 1er janvier 2017 ? Et pour combien de temps ? Six mois ? Un an ? - Il faut que les 14 pays membres de l'OPEP s'entendent sur les niveaux maximums de production pour chacun d'entre eux tout en faisant certaines exceptions. Il semble y avoir un accord sur le fait que la Libye, le Nigeria et l'Iran devraient être exemptés de cette réduction de production. Mais jusqu'à quel point ? Pourrait-il y avoir une autre ou d'autres exceptions, dont l'Irak ? Chacun sait que fixer des plafonds de production par Etat n'est jamais une décision facile pour l'OPEP. lA PrOduCtiOn de l'OPeP AurAit AuGMentÉ de PluS de 900 000 b/j en un An - Il serait bon qu'entre maintenant et la fin novembre l'OPEP donne des gages au marché pour apparaître comme crédible. Si, par exemple, la production de l'OPEP devait augmenter d'ici novembre, cela créerait des doutes sur sa volonté de réduire effectivement sa production à la fin 2016 ou au début 2017. Ce n'est pas parce que ce qui a été annoncé à Alger n'est pas d'application immédiate qu'il faut faire le contraire entre maintenant et le 30 novembre. Selon l'AIE, la production de l'OPEP a augmenté de 910 000 b/j depuis un an (il y a diverses estimations sur cette production. L'OPEP cite le chiffre de 33,39 Mb/j pour septembre alors que l'AIE l'évalue à 33,64 Mb/j). Il est temps de stopper et d'inverser la tendance. - Si l'OPEP confirme le 30 novembre l'accord conclu à Alger, il faudra l'appliquer sérieusement. Annoncer une réduction de production, c'est bien, la mettre en œuvre rapidement et complètement, c'est beaucoup mieux. C'est toute la différence entre les discours et les actes. Les premiers peuvent avoir un impact temporaire sur les marchés mais seules les actions peuvent avoir un impact durable. - L'OPEP doit poursuivre ses efforts en direction de plusieurs pays non-OPEP, notamment la Russie, en vue de les convaincre de faire eux aussi quelque chose. Plus le nombre de pays réduisent leur production et plus les volumes concernés seront importants, plus l'impact haussier sur les prix sera significatif. Depuis plusieurs mois, les dirigeants russes font état de leur volonté de limiter la production pétrolière de leur pays pour contribuer à la remontée des prix et le président vladimir Poutine a réaffirmé cette position il y a quelques jours lors du Congrès Mondial de l'Energie à Istanbul mais ses déclarations ne sont pas toujours dépourvues d'une certaine ambiguïté. Et ce pays n'a récemment manqué aucune opportunité de produire plus s'il le pouvait. une rÉduCtiOn d'Au MOinS 1,5 MilliOn de b/j SerAit SOuhAitAble L'objectif pour les pays OPEP et non-OPEP devrait être d'arriver à une réduction de la production de 1,5 million de b/j au moins. Un tel volume serait susceptible de changer la donne en accélérant le rééquilibrage du marché pétrolier et en commençant à mordre sur des stocks de brut et de produits raffinés surabondants à travers le monde. L'excédent de l'offre pétrolière mondiale sur la demande et l'importance des stocks sont parmi les plus importants facteurs baissiers sur le marché actuellement. Certes, ce rééquili- brage est en cours puisque la consommation pétrolière mondiale continue à augmenter alors que l'offre non-OPEP diminue du fait de la chute des prix. Selon le dernier rapport de l'OPEP sur le marché pétrolier, qui a été publié le 12 octobre, la demande pétrolière mondiale augmenterait de 1,24 million de b/j (mb/j) cette année pour atteindre 94,40 mb/j et la hausse serait de 1,15 mb/j à 95,56 mb/j. Quant à l'offre non-OPEP, elle baisserait de 680 000 b/j en 2016 pour s'établir à 56,30 mb/j. l'OPeP dOit ACCÉlÉrer le rÉÉquilibrAGe du MArChÉ POur FAire reMOnter leS COurS du brut Mais ce processus de rééquilibrage entre l'offre et la demande prend du temps et il n'est pas sûr que les pays producteurs puissent attendre davantage au regard des coûts considérables que représentent pour eux les bas prix du pétrole depuis deux ans. Ces coûts sont économiques, bien sûr, mais aussi sociaux et souvent politiques. Il y a les conséquences négatives sur leurs balances commerciales et leurs balances des paiements, sur leurs équilibres budgétaires, sur leur endettement et sur leur croissance économique ainsi que l'ensemble des impacts négatifs directs et indirects sur leurs populations. Le cas du venezuela est tristement exemplaire à cet égard mais beaucoup d'autres pays ont considérablement souffert de la baisse des prix. Trop attendre du marché comporte un autre risque. Selon l'OPEP, l'offre pétrolière des pays non-OPEP pourrait repartir à la hausse très prochainement. Dans son dernier rapport sur le marché pétrolier, l'organisation projette un accroissement de 240 000 b/j à 56,54 mb/j en 2017. Le secrétariat de l'OPEP souligne que la Russie serait pour une bonne part à l'origine de cette augmentation qui ne constituerait pas une bonne nouvelle pour l'OPEP. lA reSPOnSAbilitÉ de l'OPeP Le redressement du marché n'est pourtant pas mission impossible. Selon l'OPEP, la demande de pétrole qui lui est adressée – ce que l'on appelle souvent l'appel au pétrole OPEP – serait de 31,8 mb/j en 2016, en forte hausse par rapport à 2015. Par contre, cette demande ne croîtrait que de 800 000 b/j en 2017 pour atteindre 32,6 mb/j. Une production OPEP de 32,5 mb/j l'an prochain serait donc en ligne avec les besoins du marché mondial.Quoi qu'il en soit, après le succès de la réunion d'Alger, l'OPEP a une obligation de résultat. Ayant créé des attentes, elle ne doit surtout pas échouer le 30 novembre. Sinon, la sanction des marchés pourrait être très rude. F. P. 446 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 algérie quel impact sanitaire et économique gESTION DU RISQUE DE PUTRÉFACTION DE LA vIANDE L’actualité de la fête de l’Aid s’est concentrée autour du problème inexpliqué de la putréfaction de la viande le jour même de l’abattage. Un phénomène inquiétant puisque jugé anormal même quand la viande est mise juste quelques heures après l’abattage au réfrigérateur voire même au congélateur. L 4Par K. benabdeli e nombre de cas, s’il a été minimisé par les services du ministère, est inquiétant puisque c’est des dizaines de milliers de famille qui ont été contraintes de se débarrasser de leur (s) mouton (s) et voir ainsi une somme entre 35 et 50 000 DA partir en fumée. Comme chaque fois qu’il y a un danger, les services compétents ouvrent une enquête tout en minimisant le danger ; comme toujours, les conclusions ne seront jamais portées à la connaissance du public. La maladie a été écartée rapidement en justifiant que 2000 vétérinaires ont été mobilisés pour s’assurer de l’état sanitaire du cheptel sacrifié. Comment 2000 vétérinaires peuvent-ils contrôler plus de 3 millions de têtes, seuls les services compétents pourront répondre à cette question. Comment ce nombre de vétérinaires peut-il contrôler les carcasses et les abats, exception faite de ceux qui égorgent dans les abattoirs. Il y a lieu de reconnaître que la gestion du risque n’a pas été prise en charge et ne sera jamais prise en charge au regard des conditions d’abattage acceptées et généralisées à travers le territoire national. Cette impunité, au nom de la religion, est une atteinte grave à la salubrité publique avec toutes les conséquences qui en découlent tant du point de vue sanitaire que de celui de la propreté. Pour minimiser le risque, les services compétents affirment que ce phénomène est circonscrit, ce qui est faut car il a été constaté à travers plusieurs wilayas du pays à l’Est, au Centre et à l’Ouest. Pire encore, on rassure la population avec des mots mais pas avec la prise de mesures ; ce qui prouve qu’aucune stratégie de gestion des risques sanitaires n’est mise en branle si elle existe au niveau du ministère de l’Agriculture et de celui de la Santé. Les citoyens étaient perdus face à ce phénomène, ne sachant quoi faire surtout ceux qui ont consommé les abats et même la viande en pensant qu’elles se sont transformées sous l’effet de la chaleur. Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est ni la température ni les conditions d’hygiène qui sont à l’origine de ce phénomène comme le supposent certains responsables dans leurs déclarations. C’est bel et bien un phénomène de santé publique et de qualité du cheptel autorisé à la vente dans des espaces publics ouverts à cet effet. Tous les services en charge de la santé du cheptel ovin semblent ne pas avoir pris conscience de l’absence totale de traçabilité de notre cheptel et de son alimentation. Ce phénomène qui d’ailleurs n’en est pas un puisqu’il s’agit sans aucun doute (et les analyses biochimiques, microbiologiques et toxicologiques le prouveront) des conséquences d’agissements de commerçants véreux ne se souciant point de la santé des Algériens. Les impacts de cette putréfaction rapide de la viande même mise au froid sont au nombre de trois au moins : - Le premier est d’ordre de santé puisque des milliers d’Algériens ont consommé les abats et même des brochettes à base de viande douteuse. Ces consommateurs sont inquiets et sont traumatisés vu qu’aucune information ne leur soit donnée. - Le second impact est d’ordre économique puisque des milliers d’ovins n’ont pas été consommés et déposés dans les dépotoirs et les poubelles avec un risque important de contamination de l’environnement. - Le troisième volet est plus grave puisque le citoyen ne fait plus confiance à ces responsables qui n’ont pas été capables d’assurer la qualité d’un produit autorisé à la consommation. Le phénomène est sérieux et doit être pris en considération à un niveau très élevé pour situer les responsabilités. A défaut, il est fort probable que les vrais responsables ne seront jamais inquiétés. En l’absence de factures, de bons de livraison, d’identification du cheptel, de traçabilité de l’aliment du bétail, du type d’hormone, du type de vaccin, etc., les soupçons s’orientent vers les hormones de croissance qui sont largement disponibles et distribuées sans aucun contrôle à un cheptel tenu par des maquignons sans scrupules et disposant d’un cheptel non identifié ne permettant pas de remonter à la source en cas de problème. En l’absence de stratégie nationale avérée, testée et validée en matière de gestion des crises et des risques sanitaires, c’est la cacophonie qui s’est installée en l’absence d’une communication vers la population à travers des consignes précises. Les causes de ce phénomène inquiètent du point de vue sanitaire et technique puisque le vecteur a pu putréfier la viande même mise au frais. Donc, tout un procédé de conservation des aliments frais est remis en cause sans que les autorités ne s’inquiètent ni ne répondent à la menace en créant une commission. Il faut noter que l’utilisation massive et préventive d’antibiotiques en santé animale avec l’arrièrepensée qu’ils accéléreront la prise de poids des animaux traités a également un impact sanitaire suite à la dispersion de ces hormones dans l’environnement et donc sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Un mois après cette catastrophe alimentaire, aucune information n’est donnée aux citoyens, surtout pour ceux qui ont consommé cette viande avariée. Les résultats de l’analyse tardent à être rendus publics et la commission ne s’est pas prononcée. Le mystère enveloppant cette affaire alimente la suspicion et le commérage. Tous ces éléments se justifient par l’absence de stratégie préventive tant dans la prise en charge d’une affaire sanitaire que dans celui de la communication. Que faire face à cette situation où la responsabilité des institutions est totalement engagée ? 1. La prise de conscience dans un Etat de droit doit être plus forte et surtout stratégique à travers des mesures de salubrité publique qui devaient empêcher une pratique à risque sanitaire élevé autorisée dans tous les espaces publics. 2. Identifier le cheptel en assurant une traçabilité permanente depuis la naissance jusqu’à l’abattage. 3. Revoir toute la stratégie de contrôle des produits alimentaires et des intrants consommés par tous les êtres vivants. 4. Instaurer la pratique de la facturation pour toute vente d’ovins. K .b. 447 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 algérie CAPITAINES DE L’INDUSTRIE OU SIMPLES RENTIERS ? leur nOMbre et leurS FOrtuneS ne CeSSent d’AuGMenter en AlGÉrie La fin de l’idée du tout-État, matérialisée par les réformes économiques structurelles de la fin des années 1980 et des années 1990, devait donner naissance à une nouvelle économie basée sur l’initiative privée et libérée du dirigisme. Des fortunes ont commencé à émerger au dessus de la chape de plomb du système monolithique de l’économie dominé par l’appareil administratif et bureaucratique. vingt-cinq années après l’ouverture économique, des entrepreneurs ont émergé, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie, mais est-ce suffisant pour parler de véritables capitaines de l’industrie qui créent de la richesse et de l’emploi se substituant à la dépendance des hydrocarbures ? Les experts sont partagés. Hormis quelques success story, le constat est mitigé. Sur le terrain, la concurrence continue à être déloyale sur le marché, à défaut d’un rôle régulateur de l’État. Dans la sphère financière, l’argent des banques publiques continue à accompagner les projets de développement en lieu et place d’une bourse qui existe certes mais dont la frilosité des entreprises privées à son égard, justifie quelques atermoiements. Alors, capitaines d’industrie ou simples rentiers, nos patrons sont diversement appréciés en raison de la relativité des paramètres qui servent à juger de leur apport à l’économie nationale et à la sécurité alimentaire du pays. nLes SOMMAIRE industriels algériens à l’aune de la crise économique : nLes dangers du monopole ; De Berlusconi à Rebrab Pages 7 et 8 nLady Olga Maitland, présidente de la Mission économique algéro-britannique, à Crésus: nRiches industriels et pauvre collectivité Pages 8 et 9 n Capitaines d’industrie en Algérie : Un mythe savamment entretenu Page 10 Kamel Aït bessaï LES DANgERS DU MONOPOLE 4Patricia Mazy le monopole existe dès lors qu’un seul producteur détient l’exclusivité d’un produit ou d’un service sur le marché. Cette situation, qui pour le producteur est particulièrement confortable à tous niveaux, l’est beaucoup moins pour le consommateur et remet en question les causes de la concurrence. Plus que des avantages, le monopole comporte des dangers qui non seulement mettent un frein à l’expansion économique mais provoque aussi des carences financières et portent atteinte au bien-être social. L’absence de concurrent, les prix élevés, et une piètre qualité, constituent l’essence de cette exclusivité qui peut être particulièrement néfaste, surtout lorsqu’elle a trait au domaine public. Le monopole va ainsi anéantir de manière certaine l’esprit de concurrence loyale entre les individus mais aussi entre les états alors que cette concurrence concourt en général à perfectionner le travail et à augmenter le niveau de production. Le monopole va également provoquer des problèmes sociaux comme par exemple le chômage, l’inflation, la fraude, le favoritisme et la corruption. Enfin, le monopole sera un frein à la recherche et au développement. Effectivement, si l’on est seul sur le marché à produire un bien ou un service, pourquoi se casser la tête à l’améliorer puisque personne ne pourra nous voler la place. En découlera donc un manque de projets et par conséquent un manque d’investissement. C’est donc l’ensemble du système économique, financier et social qui en pâtira. Certains monopoles peuvent avoir également parfois des conséquences extrêmement importantes au niveau politique et c’est le cas en particulier de celui crée par Silvio Berlusconi en Italie. Fin des années 70, quand Silvio Berlusconi a pris rendez-vous avec Agnelli, l’homme d’affaires italien le plus important à ce DE BERLUSCONI À REBRAB CERITAL moment-là, ce dernier l’a fait attendre de longues heures afin d’humilier ce jeune loup qui s’apprêtait à prendre possession de l’Italie. A cette époque, la télévision italienne était composée de quelques chaines, les Rai, dont chacune d’entre elles était aux ordres de partis politiques différents. Il s’agissait d’un ordre rigide et bien établi. Lorsque Berlusconi a mis sur le marché ses premières chaînes de télévision, s’en est suivi une petite, mais véritable révolution non seulement dans le milieu audiovisuel mais également dans le paysage économique et politique. Berlusconi pour arriver au pouvoir avait tout compris. Les grands pays de l’Europe occidentale et d’Amérique du nord se définissaient comme des démocraties mais il ne s’agissait que d’une apparence qui cachait une toute autre réalité. Les élections étaient en fait organisées mais faussées par l’argent et le contrôle des médias. Quelques années plus tard, le groupe Medias et qui détenait la plupart des chaînes de télévision italiennes mis à part les Rai devenait la référence pour le peuple italien en matière de spectacles et d’information. On repartait deux milles ans en arrière avec comme devise pour calmer et contenter la population ‘du pain et des jeux’. Les moyens de communications certes n’étaient plus les même mais l’esprit n’avait guère changé. On ajoute un club prestigieux de football à son patrimoine et la télé fait le reste. La télévision devient ainsi un moyen non seulement de manipuler et d’abrutir un peuple mais surtout, elle permet d’asseoir le pouvoir politique en place et de se faire énormément d’argent. Les très vieilles séries américaines, comme Texas Walker Ranger pour n’en citer qu’une, sont transmises en boucles depuis plus de dix ans et ça continue toujours et toujours… Les émissions de cuisine populaires et celles qui racontent à longueur de journée le malheur des autres ont pignon sur rue. Les seules émissions avec lesquels on ne joue pas, concernent bien évidemment l’information faite uniquement, cela va de soi, à la sauce Berlusconi. Une toute petite ombre au tableau existe néanmoins, le monopole n’est qu’un quasi monopole. Qu’à cela ne tienne, on s’empare de la presse écrite et pourquoi pas, de l’édition. Les nominations importantes de la Rai sont faites dans le bureau du Premier ministre et on demande aux annonceurs de ne plus faire de publicité dans le journal de centre gauche récalcitrant, espérant voir ainsi mourir à petit feux celui qui n’hésite pas à dénoncer ces attitudes scandaleuses. Le monopole, on le sait, a comme principal défaut de procurer la plupart du temps un service de mauvaise qualité dû à un manque de concurrence. En ce qui concerne la télévision italienne, c’est une évidence et certain n’hésite pas à la surnommer ‘Tv spazzatura’ ou ‘Télévision poubelle’. Mais rien ni personne ne peut mettre fin à l’existence de ce monopole, pas même la législation européenne qui pourtant lui est contraire. Bien au contraire, l’empire s’agrandit et les héritiers participent eux aussi à son développement. Aujourd’hui le fils, Pier Silvio Berlusconi est administrateur délégué du groupe Mediaset et son père qui est toujours propriétaire envisage néanmoins un recentrage sur l’édition et la presse au travers de son groupe Mondadori. Marina Berlusconi, sa fille est présidente de Fininvest, holding qui contrôle Mediaset et le groupe Arnoldo Mondadori editore. Malgré des difficultés financières obligeant la famille Berlusconi à vendre le club de football et a envisager de partager Mediaset avec des étrangers comme les français (la vivendi de vincent Bolloré), le monopole est toujours en place ou du moins semble le rester. Pier Silvio Berlusconi a d’ailleurs déclaré récemment : ‘ Nous sommes courtisés par de nombreuses personnes. Mais quelque soit la décision qui sera prise, le contrôle de Mediaset ne sera pas remis en question’. Pas question donc de renoncer au pouvoir absolu. Mais pour combien de temps encore ? Tout change dans la vie, rien ne dure, pas même les monopoles. P. M. 448 algérie CAPITAINES D’INDUSTRIE OU RENTIERS ? Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 LADY OLgA MAITLAND, PRÉSIDENTE DE LA MISSION ÉCONOMIQUE ALgÉRO-BRITANNIQUE, à CRÉSUS «Haddad a un bon sens des visions» plus de dix années d’existence. C’est un conseil qui travaille beaucoup mais qui ne bénéficie pas d’assez de publicité. Parlez-nous de ce que vous faites ? Lady Olga Mitland : IOn a décidé de lancer le conseil d’affaires algéro-britannique ici. Arslane m’avait arrangé des réunions avec beaucoup de ministres ainsi qu’avec le Premier ministre de l’époque, Ahmed Ouyahia que j’ai rencontré quatre fois. Deux années plus tard, j’ai eu l’audience avec M. le président. Ce fut un grand honneur pour nous, d’autant que le Président aime beaucoup la reine Elisabeth II. Le Président Bouteflika était fasciné par ses idées et par la chaleur avec laquelle elle discutait du Commonwealth. Dix ans après, la différence entre l’Algérie de 2005 et celle de 2015 est énorme. Justement, c’est quoi la différence? Naturellement, les relations sont devenues beaucoup plus sophistiquées dans le domaine du commerce, dans le secteur privé, dans le secteur énergétique qui est très dynamique. j’ai eu à apprécier l’activité du Forum des Chefs d’entreprises (FCE) qui est énorme. Mais ce n’est pas seulement cela la différence. La réduction du prix du pétrole, c’est une opportunité pour le secteur privé en Algérie. je suis optimiste quant au développement de l’économie dans le secteur privé. Moi, mon rôle c’est de chercher des partenariats pour les deux secteurs, public et privé. Dans ce changement que vous évoquez, où le gouvernement commence à écouter le monde d’affaires et le monde du privé qui détiennent l’économie, est-ce que le pouvoir politique ne risque pas de glisser des mains des bureaucrates vers celles des libéraux qui ont l’argent, tout ceci en l’absence d’un Parlement influent et d’élus qui ont un rôle dans la société… L’Algérie est un pays émergeant. La London Stock Exchange a dit qu’elle est d’accord pour discuter avec la délégation algérienne et d’envisager un partenariat à court, moyen et long terme et développer la confiance. je suis consciente qu’il y a la donne politique. je ne crois pas qu’il y a un risque car la relation est gagnantgagnant en affaire. Il est question de changer de culture et de donner une chance aux hommes d’affaires pour se développer. Le gouvernement est conscient aujourd’hui qu’il n’a plus le choix que de diversifier son économie. Justement qu’est-ce que vous pensez de M. Haddad qui dirige le FCE, de sa motivation et de l’impulsion qu’il a données au FCE ? C’est fascinant. j’ai connu M. Réda Hamiani, au début du FCE. Mais M. Haddad a un bon sens des visions. C’est quelqu’un qui enchaîne réunions et contacts tout au long de la journée. Autour de lui, il y a des personnes qui ont les mêmes qualités et le même sens de vision, tels M. Fichker. Ces personnes savent que le moment est arrivé pour le secteur privé et le gouvernement l’écoute d’une manière différente par rapport aux cinq années passées. Tout en étant franchement libéral, je m’interroge s’il est faisable de donner le pouvoir aux hommes d’affaires en l’absence d’un Parlement solide… Il faut accepter le fait que l’Algérie n’est pas comme un autre pays d’Europe. Elle n’a pas la même représentation historique qu’en grande-Bretagne où il y a un Parlement qui a 800 années d’existence. En Europe, on a accepté que la Constitution soit le fait du Parlement. Il faut donc accepter la réalité telle qu’elle est et agir en fonction des possibilités offertes. Sans la stabilité, il n’y a pas d’investissements. Il y a beaucoup de problèmes de sécurité ailleurs, comme en Afrique du Sud, au Kenya ou au Nigéria, mais ici la situation est sous contrôle. Le défi pour une entreprise étrangère c’est la bureaucratie. Il faut comprendre comment cela fonctionne et savoir faire la présentation. C’est un slalom. Pour moi, mon rôle est d’apporter le soutien et montrer comment faire l’entrée dans le secteur public et aussi en direction du secteur privé. vous qui avez travaillé avec la défunte Margaret thatcher, vous savez que la femme d’affaires n’est pas mise en avant ? qu’est-ce que vous pensez de la femme qui mène les affaires ? dites-nous quelques mots sur Mme thatcher et pensez-vous que la femme algérienne peut être une bonne chef d’entreprise. Mme Thatcher était une femme extraordinaire. j’ai fait la connaissance de beaucoup de femmes algériennes qui ont beaucoup de détermination et qui travaillent avec beaucoup de génie. jusqu’à présent, il n’y a pas beaucoup de femmes dans le gouvernement qui ont l’expérience. je sais que la participation féminine est encouragée au Parlement. Même si les femmes ne sont pas élues mais nommées (système de quotas, ndlr), mais les femmes sont présentes. C’est un exemple pour beaucoup de pays dans le monde. Il y a deux années de cela, j’ai participé à une conférence organisée par les femmes parlementaires. Même si la participation des femmes à la prise de décisions est limitée ou bien dans des secteurs limités, les nombreuses femmes médecins, avocates, ingénieurs et femmes d’affaires que j’ai connues ici me font dire qu’il y a un avenir pour les femmes dans votre pays. je compare les femmes algériennes aux lionnes, aux tigresses. Elles sont extraordinaires. Racontez aux lecteurs de Crésus une anecdote que vous avez vécue avec Margaret Thatcher, la Dame de fer C’était une femme très intéressante parce qu’elle était déterminée, avait une forte personnalité et, bien sûr, une grande intelligence. Mais la chose la plus importante est qu’elle a une vision claire et elle maintient sa vision et c’est le secret de sa réussite. Les hommes qui formaient son cabinet étaient contents de travailler avec une femme comme elle. C’est une dame convaincue et dotée d’un grand sens de direction. En parlant de femmes, est-ce que Mme Angela Merkel a le même esprit ? C’est la reine de toute l’Europe. Nous avons la reine Elisabeth ; mais elle, elle a une position spéciale. entretien réalisé par S. M. LEUR FORTUNE A CONNU UNE PROgRESSION FULgURANTE CES DERNIèRES ANNÉES riches industriels et pauvre collectivité Leur nombre a progressé en l’espace de seulement quelques années. Ils sont riches, voire richissimes pour certains d’entre eux. Ils sont des milliardaires qui conduisent des groupes industriels privés, dont les sigles donnent, par leur simple évocation, des idées à tous les Algériens. Ils engrangent annuellement des dizaines, voire carrément des centaines de milliards de dinars. I Par boualem rabah l s’agit des patrons privés algériens, auxquels on attribue le titre trompeur – sauf pour une minorité d’entre eux – de « capitaines de l’industrie algérienne ». Certains sont plus connus que d’autres, mais ils ont tous, comme on dit dans le jargon populaire algérien qui désigne les fortunes, la chkara. Mais cette réputation est-elle réelle ou surfaite ? Quel est leur apport à l’économie nationale ? En ce temps de Taqechouf (austérité), chacun apparaît à sa juste valeur. Le gouvernement qui compte énormément sur eux pour soutenir la croissance économique a fini par perdre toutes les illusions. Surtout, dans la foulée de l’emprunt obligataire national lancé pour lever de nouveaux fonds nécessaires pour « le renouveau économique». L’apport des patrons, notamment ceux regroupés au sein du Forum des chefs d’entreprise (FCE), principaux alliés de l’exécutif, était faible, pour ne pas dire insignifiant. Pourtant, dans leurs déclarations, ils affichent tous leur engagement à contribuer au développement économique du pays. « Patriotisme économique », « au service de l’économie nationale » et « révolution industrielle »… ces slogans et d’autres reviennent comme un leitmotiv dans leurs discours. joignent-ils le geste à la parole ? Avant de répondre à cette question, nous sommes contraints de désigner quelques noms de patrons les plus en vue dans le pays. Une dizaine caracole en tête des riches algériens, dont le plus célèbre, le milliardaire Issad Rebrab (Cevital), le patron des patrons, Ali Haddad (FCE), le PDg du groupe Condor, Abderrahmane Benhamadi, le groupe Mehri de Djillali Mehri, Mohieddine Tahkout et Karim Kouninef... un POidS lOurd et deS « nAinS » Entre ces six, les styles, les niveaux de performance et les stratégies diffèrent, même s’ils ont des similitudes. Présentons- les d’abord avant d’évoquer les points forts de chacun. L’exemple du succès algérien est, sans conteste, symbolisé par le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab. Une véritable école de la réussite dans les affaires. Sa réputation a franchi les frontières du pays et son parcours est donné comme un exemple de réussite dans plusieurs pays à travers le monde. Fondateur du premier groupe privé en Algérie, l’homme a intégré en 2013 le célèbre classement du magazine Forbes. Simple enseignant de comptabilité au départ, il a réussi à se classer, depuis 2015, parmi les cinquante plus grandes fortunes africaines. Seul algérien d’ailleurs à se frayer une place dans ce classement africain, avec 3,2 milliards de dollars. Cependant, Issad Rebrab n’est pas connu seulement pour sa richesse. Son sens de l’entrepreneuriat qui s’est aiguisé avec les années en Algérie, lui a ouvert grand toutes les portes à l’étranger, y compris en Europe où il a réussi à acquérir des usines. Ce renard de l’économie qui peine à réaliser d’autres importants projets, en raison des blocages bureaucratiques et politiques, a réussi grâce à sa stratégie communicationnelle à conquérir, aussi facilement, des marchés internationaux finances CAPITAINES D’INDUSTRIE OU RENTIERS ? 449 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 n’a réussi à faire jusque-là. L’homme sait vendre ses idées. Que ce soit en Algérie, en France, en Italie et ailleurs, il a pu gagner de l’estime. Boudé en Algérie, le patron de Cevital est souvent reçu en haut lieu à travers le monde, notamment en Europe et en Amérique. En Afrique, l’accès aux marchés semble très facile pour le groupe Cevital, dont le chef est demandé partout, y compris au Maroc où les autorités du Royaume lui font la cour depuis plusieurs années. Toutes ces données font ainsi de Issad Rebrab un véritable poids lourd devant lequel le reste des industriels algériens apparaissent comme des « nains ». deS POidS et dÉMeSure Mais en termes d’investissement en Algérie, le patron du groupe Cevital qui a déjà à son actif plusieurs projets florissants dans divers secteurs d’activité, se plaint de « blocage politique » de ses autres projets qui pourraient être bénéfiques pour le pays. Selon lui, les projets bloqués sont en mesure de générer plusieurs milliards de dollars et des milliers d’emplois directs. Contrairement à cette véritable machine créatrice de richesse, les cinq autres hommes d’affaires bénéficient de toutes les largesses des autorités. Accès aux marchés publics, ouverture de lignes de crédits auprès des banques publiques et accès facile au foncier industriel malgré sa rareté. C’est le cas notamment de celui qui fait le plus parler de lui en ce moment tant dans les milieux politiques que dans celui des affaires, en l’occurrence le milliardaire Ali Haddad. A la tête du groupe qui porte son nom, ETRHB Haddad, l’homme a réussi, en l’espace de quelques années, à effectuer une ascension fulgurante. Son investissement politique s’est soldé par un retour fructueux de l’ascenseur. En effet, l’homme de 49 ans a été l’un des bailleurs de fonds pour le financement des campagnes électorales du président Bouteflika en 2009 et 2014. grâce à sa proximité avec les milieux politiques et, sans doute pour service rendu, l’actuel président du FCE a raflé pratiquement tous les marchés juteux dans le secteur du BTPH. Réfection d’un important tronçon de l’autoroute EstOuest, réalisation du Stade de Tizi Ouzou…, pratiquement tous les marchés dans le secteur des travaux publics lui reviennent, comme « de droit ». Il ne se contente pas des seuls marchés de ce secteur. Ali Haddad brasse encore plus large, en touchant d’abord au sport avec l’achat de la majorité des actions dans le club de football algérois, l’USMA. Le secteur des hydrocarbures suscite aussi sa convoitise. Le groupe n’a cependant aucune visibilité à l’international, même si la fortune de son chef est estimée actuellement à quelques 400 millions d’euros. Mais il envisagerait d’acquérir des hôtels de luxe à Barcelone, en Espagne. La presse espagnole avait même donné les noms des hôtels qu’Ali Haddad s'apprêtait à acheter, à savoir le grand Hotel La Florida, sur les hauteurs de la ville, et l'Hôtel Miramar Barcelona, non loin du front de mer. En 2011, il avait déjà racheté le célèbre Hôtel Palace pour la bagatelle de 80 millions d’euros. C’est en somme la seule « stratégie internationale » du patron des patrons. Certains patrons investissent plus dans la communication que dans des projets. Dans cette catégorie, on trouve notamment celui qui fut longtemps l’homme le plus riche d’Algérie : Djilali Mehri. Spécialisé dans le secteur du tourisme, son groupe gIMMO (groupe d’investisseurs du Maghreb et du Moyen-Orient) a certes une présence dans certains pays d’Afrique, mais son apport au secteur du tourisme tarde à se concrétiser. Périodiquement, les responsables de son groupe organisent des sorties médiatiques et présentent d’ambitieux projets touristiques. Mais on ne sait plus s’ils seront achevés un jour. Le natif d’Oued Souf, victime d’AvC, a été contraint de suspendre certains de ces projets, dont le lancement d’une chaîne de télévision maghrébine consacrée à l’économie, la cul- ture et le tourisme. Djilali Mehri signe aussi une présence timide dans l’agriculture, l’agroalimentaire, les boissons gazeuses (Pepsi Cola Algérie) et alcoolisées, l’hôtellerie (le Royal à Oran, les hôtels Ibis et Novotel avec la chaîne Accor etc.), le tourisme et la promotion immobilière. L’homme, dont la fortune est estimée à 600 millions d’euros, avait aussi émis le vœu d’investir dans le secteur de la santé. L’autre fortuné qui dispose plutôt d’une présence médiatique que d’autre chose est Abderrahmane Benhamadi. Son groupe Condor qui fait dans le montage du matériel électroménager et de l’importation, directement de Chine, de ses téléphones portables et tablettes, annonce, à travers des campagnes publicitaires, des projets importants. Pour son activité dans le montage, le groupe bénéficie des avantages à l’importation de sa matière première, mais aussi de ses produits finis auquel il accole seulement, selon les observateurs, les étiquettes made in Algeria. En matière de création d’emploi, Condor reste aussi très timide avec seulement 4600 employés. Mais son patron voit sa richesse personnelle augmenter sensiblement pour atteindre les 100 millions d’euros environ. Mahieddine Tahkout, pour sa part, symbolise l’une des contradictions du système économique algérien. Marchant de fruits et légumes à l’origine, l’homme d’affaires possède, actuellement, le plus grand parc de bus en Algérie : environ 3500 bus et véhicules. Il s’est fait connaître depuis des années grâce au transport de plusieurs milliers d’étudiants qu’il assure quotidiennement avec ses bus. Un gros marché qu’il monopolise depuis près de 20 ans déjà. Cela lui a valu une richesse colossale (près de 120 millions d’euros) qu’il investit désormais dans l’importation de véhicules en représentant au moins sept marques asiatiques. Karim Kouninef fait aussi partie de cette catégorie de riches algériens aux grandes ambitions. A la tête d’une entreprise familiale fondée par son père dans les années 1970, l’homme de 44 ans devient influant lui aussi. grâce à son groupe Heavy Construction Company, il joue même sur le terrain politique en finançant des campagnes électorale des candidats à la présidentielle en Algérie. Le retour sur « investissement » est rapide. En 2007, HCC a réussi un grand coup en décrochant l’autorisation de racheter l’unité algéroise de l’Entreprise nationale des corps gras (ENCg) qui fabrique les huiles ménagères. Mais le palmarès de la famille Kouninef était déjà riche avec des investissements dans d’autres secteurs, à l’image des hydrocarbures où l’entreprise a été le premier privé algérien à réaliser des forages pétroliers pour la multinationale Mobil. La liste s’est allongée ces dernières années avec l’émergence de Mohamed Laïd Benamor, Abdelouahab Rahim, Abdelmadjid Kerrar… leS MÉdiAS Attire leS COnvOitiSeS Dans leur quête de notoriété et de richesse, les industriels algériens n’ont pas hésité à investir le secteur des médias. En mesure de leur assurer plus de visibilité et d’influence, la presse a été leur première cible. Et cela dès l’ouverture du secteur à l’initiative privée, suite à la circulaire de Mouloud Hamrouche de mars 1990. Les expériences de Bolloré et Bouygues qui ont réalisé une sérieuse concentration des médias en France, leur ont donné des idées. Et le premier à avoir met un pied à l’étrier de la presse en Algérie est Issad Rebrab. Entré comme actionnaire dans le capital du journal Liberté, le patron de Cevital est vite devenu majoritaire. Il rachète les parts de la majorité des actionnaires, à l’exception de celles d’Ahmed Fat- tani, l’actuel directeur de L’Expression, qui avait refusé de céder les siennes. Mais cela ne l’empêche pas, à travers une stratégie de maître, de rendre insignifiante la présence d’Ahmed Fattani au sein du journal en augmentant son capital. Mais Liberté n’a pas donné l’impression d’être le journal d’Issad Rebrab. Son contenu est resté globalement neutre, même si certaines de ses prises de position politiques reflétaient bien sûr celles de son patron. L’homme, selon même des confrères de Liberté, donne une large autonomie de gestion à son quotidien qui s’est placé parmi les meilleurs journaux francophones dans le pays. En revanche, son hebdomadaire, Liberté économie n’a pas eu la même réussite. Au fil des années, le patron de Cevital a pris goût à cette aventure. Il tente alors de renforcer son groupe de presse. Il essaie de racheter d’autres titres à partir des années 2000. Son entreprise a abouti en 2016 avec l’acquisition, pour plus de 4 millions de DA, le groupe de presse El Khabar (journal et chaîne de télévision KBC).Un rachat qui a vite suscité des réactions des responsables politiques, en dénonçant « une concentration des médias entre les mains d’industriels ». La fin, on la connaît. La transaction a été invalidée par la justice après une plainte du ministère de la Communication. En revanche, le PDg de l’ETRHB, Ali Haddad concentre dans ses mains deux quotidiens et deux chaînes de télévision…et une tentative de rachat des actions dans les quotidiens El Watan et El Khabar. Ali Haddad donne l’impression d’avoir créé son groupe de presse seulement pour brasser de la publicité des entreprises publiques. En effet, si ses chaînes de télévision tentent de se frayer une place dans le paysage audiovisuel national en variant leurs programmes, ses journaux sont « incolores et inodores ». Leur ligne éditoriale reste confuse. De plus, on ne trouve aucun effort de promotion du groupe Haddad, ni une explication de ses « idées économiques ». L’autre exemple de la pénétration des industriels dans le monde des médias est celui de Mehieddine Tahkout. Après avoir été la cible préférée de la chaîne Numédia News qui avait diffusé plusieurs dossiers le concernant, il a fini par la racheter. Pour quel but ? On n’en sait rien. A moins de vouloir la museler, on ne voit aucun intérêt pour le millionnaire dans un média, pratiquement, sans aucune audience. Cela renseigne également sur l’amateurisme de ces patrons qualifiés « de nouveaux riches ». A l’exception de Issad Rebrab dont le groupe est réellement créateur de richesse et d’emploi dans plusieurs wilayas, l’apport des autres industriels reste en deçà des espérances. De l’avis de plusieurs observateurs, les hommes d’affaires algériens sont beaucoup plus dans la logique d’enrichissement personnel que dans l’engagement pour le développement économique du pays. Cela s’est confirmé, surtout depuis 2014. Tout en exigeant des réformes économiques, sans doute nécessaires, les patrons algériens ne font presque aucun sacrifice pour le bien du pays. L’opération de levée de fonds pour le financement des projets économiques n’a pas drainé, comme attendu par le gouvernement, l’adhésion de « ses alliés privés ». Leur soutien s’est limité à une simple promesse sans lendemain. Sans l’engagement, obligatoire, des entreprises et des banques publiques, l’emprunt obligataire aurait été un échec cuisant. Même sur le plan de l’absorption du chômage, le privé, comme le confirment les statistiques de l’ONS, emploie très peu. Même en matière de partenariat avec les entreprises publiques, le privé algérien laisse le champ libre aux opérateurs étrangers. b. r. 4410 dossier CAPITAINES D’INDUSTRIE OU RENTIERS ? Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 un mythe savamment entretenu La mission du FMI, qui a séjourné en Algérie entre le 1er et 14 mars dernier, a fait son audit. Se basant sur la diminution rapide de l’épargne budgétaire, le Fonds estime qu’il est plus que nécessaire de faire appel à l’endettement pour financer les déficits à l’avenir. I 4Par Moncef Wafi l préconise également l’ouverture du capital dans la transparence de certaines entreprises publiques et la réforme des subventions tout en conseillant «de vastes réformes structurelles». Le FMI veut aussi une plus grande ouverture de l’économie aux échanges internationaux et à l’investissement étranger, l’amélioration de l’accès à la finance et le développement des marchés de capitaux, et le renforcement de la gouvernance, la concurrence et de la transparence. En deux mots, le même programme que le patronat algérien qui a montré les crocs, lors de la deuxième université d’été du FCE. Pour son président, le gouvernement ne fait pas assez pour mettre l’entreprise au centre de la politique de développement ou plutôt dans la politique de reconversion économique dictée par la dépendance de l’Algérie aux seules recettes d’hydrocarbures. Ali Haddad a tiré, à cette occasion, et sans sommation sur la politique du gouvernement qui, selon lui, se contente d’une profusion de textes et de déclarations officielles appelant à «plus de radicalité» et à accélérer la cadence des réformes. Ali Haddad n’est pas content et il le fait savoir. Depuis que Louisa Hanoune est passée en mode silence après la tentative de redressement qu’elle a subie, aucune voix discordante ne vient perturber la voix néo-libérale que veut faire prendre le patronat au pays. En effet, le patron du FCE avait indiqué que les facteurs qui constituent un véritable frein à l’économie nationale sont à chercher dans le foncier industriel, le blocage des budgets en ce qui concerne les projets publics et le système des subventions généralisées. De Constantine, il a exprimé son impatience face à la lenteur des réformes qui ne vont pas assez vite à son goût, affirmant même que l’Algérie a trois, voire quatre ans pour réussir sa «transition d’une économie de rente vers une économie productive». le virAGe de COnStAntine Il critiquera, à demi-mots, le nouveau Code de l’investissement avouant l’échec d’«un véritable changement». L’attitude d’un Bouchouareb sensé défendre l’Etat consacre, et définitivement, l’image d’un gouvernement attentif aux désidératas d’un patronat jamais satisfait. En effet, le ministre de l’Industrie enverra des signes forts au FCE déclarant que «tout est possible en Algérie» à propos des réformes à mener. Et pour montrer sa bonne foi, il évoquera 27 mesures initiées par son département depuis 2014 qui répondent directement aux préoccupations des chefs d’entreprises et visent à améliorer l’environnement des affaires. Pour davantage de concessions, Bouchouareb a également déclaré qu’un avant-projet de loi sur le partenariat public-privé est en préparation assurant qu’il s’agira d’un «tournant pour l’économie» du pays. Mais en faveur de qui ? Cette offensive est interprétée par certains observateurs comme un signe de l’exaspération des milieux d’affaires devant l’action socialiste du gouvernement Sellal qui a promis que la politique économique du pays n’allait pas laisser les couches défavorisées sur le bas-côté de la route. Pourtant, les contours de ce nouvel ordre économique national prennent des allures d’obsèques du secteur public au profit du privé installé aux rênes de la finance nationale. Et les Algériens d’assister impuissants à l’émergence d’une faune d’affairistes puissamment relayés dans le gouvernement Sellal prêts à sacrifier tous les acquis sociaux à la gloire de la rente. En Algérie, on a plus tendance à parler d’affairistes, de trabendistes ou de beznassis, à la rigueur hommes d’affaires, quoique, qu’à évoquer les capitaines d’industrie, un concept encore étranger dans les mœurs économiques du pays. Hormis le patron de Cevital qu’on présente comme Le capitaine d’industrie algérien le mieux et le plus côté sur la scène internationale, elles sont nombreuses les fortunes du pays à n’exister que par leur proximité, souvent douteuse, avec le pouvoir politique. Dans l’imaginaire populaire, difficile de soustraire les sagas industrielles de ses parrains politiques. PArAPluie POlitique A chaque homme d’affaires, une ombre bienveillante et des relais influents dans l’administration pour assurer prêts bancaires, facilitations administratives et surtout passation de marchés les plus juteux s’il vous plait. Ces parapluies haut placés ont mis en place des monopoles sur mesure à travers des prête-noms, des hommes de paille et des industriels fabriqués de toutes pièces qui ont fait fortune du jour au lendemain. Mis à part deux ou trois noms qu’on peut tracer dans l’histoire, toutes les grandes fortunes « industrielles » d’Algérie ont grandi sous le règne de la prédation économique et du grand bradage foncier. Et ce sont ces mêmes noms, qui se prévalent d’une hypothétique légitimité financière dont les origines restent obscures, qui se placent pour rafler la mise par le truchement du nouvel ordre économique prôné par le gouvernement Sellal et sa volonté de s’émanciper de la fiscalité pétrolière pour s’orienter vers la diversification de l’économie nationale. Depuis des années, on retrouve pratiquement les mêmes patronymes qui ont investi dans presque tous les rouages de l’économie. Des hommes qui écument les avis d’appel d’offres, faisant main basse sur les marchés du BTPH et qui sous-traitent par la suite. Des hommes qui jouent de leurs relations pour monopoliser un tel secteur d’activité en écartant toute concurrence. On les retrouve à la tête d’entreprises tentaculaires et derrière des groupes de presse à la gloire de leurs bienfaiteurs. Un pouvoir résolument rentier acquis à une classe d’affairistes qui hypothèque l’avenir de tout un pays dans des opérations aventurières qui ne répondent à aucune logique commerciale ou économique à moyen et long terme. L’Algérie ne cesse de prendre de fausses pistes perdant sur le chemin et du temps irrécupérable et des milliards de dollars gaspillés sur l’autel de la prédation et des incompétences notoires qui vont conduire le pays à se tourner derechef vers l’endettement extérieur. eCOnOMie de bAzAr Le titre de capitaine d’industrie ne se décrète pas, il se mérite. Mais en Algérie, quiconque investit dans de la ferraille avec l’argent des banques s’autoproclame industriel et s’installe dans la vitrine économique du pays. Cette collusion entre l’argent et le politique trouve sa quintessence dans les différentes propositions d’armistice à travers, par exemple, la « mise en conformité fiscale volontaire » ou comme aiment l’appeler ses détracteurs « l'amnistie fiscale », lancée par la Direction générale des Impôts pour l'intégration des milliards de l’informel dans la sphère bancaire. Le deuxième cadeau fiscal proposé est l’emprunt obligataire porté à bout de bras par le ministère des finances. Ce rapport à l’argent est devenu plus viral depuis que les prix du baril du pétrole ont chuté vertigineusement mettant à nu tous les artifices de gouvernance des pays dépendants exclusivement des hydrocarbures à l’exemple de l’Algérie. Pourtant l’intrusion de l’argent dans le politique ne date pas d’hier puisqu’il a réellement commencé à peser dans l’orientation politique dès les années Chadli. Le pays assistait alors à l’émergence d’une classe de privilégiés remplaçant les monopoles d’Etat par des monopoles de proximité avec les arcanes du pouvoir. Des fortunes colossales sont amassées par le truchement d’une économie de bazar savamment mise en place au détriment d’une économie nationale qu’on a fini par déstructurer, démantelant des pans complets d’une industrie bâtie à coups de milliards pour récupérer les assiettes foncières au dinar symbolique et privilégier l’importation de tout et de rien. De cette époque et nés des décombres de la décennie noire, des fortunes qui aujourd’hui décident de notre avenir. Ils sont tous milliardaires et dirigent presque tous des groupes industriels qui engrangent par an des dizaines, voire des centaines de millions d’euros. Ils sont connus des Algériens pour avoir de l’influence. M. W. Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 dossier CAPITAINES D’INDUSTRIE OU RENTIERS ? 4411 l’OFFiCier qui… 4Par rachid ezziane «La plus haute finalité de la richesse n’est pas de faire de l’argent, mais de faire que l’argent améliore la vie. » D Henry Ford ans l’économie moderne, et depuis la révolution industrielle, on appelle capitaines d’industrie [pour dire aussi patrons d’entreprises économiques] tout entrepreneur qui gère une entreprise d’envergure nationale ou mondiale, avec création de richesse et participation au PIB (Produit Intérieur Brut) de son pays. Qui veut dire, d’un point de vue purement économique, évaluation de la valeur totale de la « création de richesse » en une année. De ce fait, le PIB devient l’un des agrégats (ou indicateurs) majeur pour mesurer l’activité économique. D’ailleurs, l’institution des comptes nationaux ou comptabilité générale dans les années 1930 n’a été décidée que parce qu’au moment de la récession de ces années-là, en Europe et en Amérique, il a été difficile pour les experts d’en savoir les causes, et plus que les causes de la crise, les pays concernés ne pouvaient prédire aucune orientation à leur économie. Le PIB est donc le miroir sur lequel reflète la variation d’une économie. C’est-à-dire sa croissance. Le PIB diffère du PNB (Produit national Brut) qui, lui, calcule la production annuelle nationale d’un pays en biens et services. Dans quelques pays, on ne parle plus de PNB mais de RNB (revenu national brut). Dans tous les cas de figures, les économistes utilisent beaucoup plus le PIB. Mais on ne peut parler de croissance que si le PIB, divisé sur toute la population, fait ressortir une amélioration du niveau de vie du citoyen (A ne pas confondre avec qualité de vie qui, elle, se base sur d’autres facteurs qui rentrent dans l’épanouissement de l’homme dans toute son envergure). Et seul le pouvoir d’achat peut être pris dans le calcul de la richesse individuelle. Et si la croissance positive est un facteur à même de tirer vers le haut, citoyens et pays, l’inflation en est sa maladie. Les symptômes de cette maladie (contagieuse) sont la frénésie des augmentations des prix des produits de consommation. Cette frénésie des prix, des biens et des services, divulgue une incohérence entre la production et la consommation. Mais comme l’économie n’est tout de même pas une science exacte au même titre que les mathématiques, plusieurs définitions de l’inflation sont proposées par les économistes. Il y a même ceux qui préconisent sa tolérance pour une certaine fluidité commerciale. Mais lorsqu’elle devient chronique, voir rampante, comme nous la vivons en Algérie depuis presque deux décennies, elle devient un frein pour tout essor économique… Revenons à notre sujet du jour : qu’apportent nos capitaines d’industrie, patrons et autres managers d’entreprises, privées et publiques, à l’économie du pays ? Et que peuvent attendre d’eux le pays et ses citoyens ? Mais avant de répondre à ces questions, faisons ensemble quelques pas dans l’his- toire de la capitainerie économique. Au début du XIv siècle, le mot fut utilisé dans le domaine militaire. C’est l’officier qui commande une compagnie, puis, quelques années après, il fut utilisé pour désigner un chef de navire de guerre ; et ce n’est qu’à la fin du XvIII siècle que l’on utilisa l’appellation pour désigner un commandant de marine marchande. De toute évidence, dans le mot capitaine il y a la racine «caput» qui signifie tête en Latin et en langue Indo-Européenne. Toujours est-il que le mot capitaine désigne le chef donc. Il est même utilisé de nos jours dans le sport pour désigner le chef du groupe. Pour ce qui est de l’industrie, son utilisation est certes ancienne, mais au début il désignait une activité secrète. Puis avec le temps, le mot rentre dans le jargon des économistes pour désigner un « big-boss ». Alors, comme les capitaines de bateau, les « capitaines d’industrie » se voient octroyer, à tort ou à raison, la définition de créateurs de richesse. Ici en Algérie, l’expérience de la libre entreprise est récente. Son âge ne dépasse guère les vingt ans. Car les « vingt glorieuses » post-indépendance étaient gérées par l’Etat. Et ça c’est une autre paire de manches à revisiter. Revenons si vous le voulez bien à nos capitaines d’industrie de l’Algérie de 2016. je ne sais pas si on peut inclure les managers publics. Mais pour faire dans la modernité mondiale, contentons-nous de leurs pairs privés. voyons voir maintenant quel est le rôle de nos capitaines d’industrie dans la création de la richesse, biens et services. Et peut-on vraiment parler d’entreprise économique quand cette dernière assure ses arrières financiers par l’octroi de marchés publics ? Car si c’est le cas, l’opération ne ressemble-t-elle pas à un partage de la rente ? Ou, du moins, à une panoplie qui cache l’envers du décor, pour ne pas dire l’arbre qui cache la forêt ? Il y a un début à tout me répondront, à coup sûr, les concernés. L’Algérie opère sa mue de l’économie dirigiste vers celle de la libre entreprise, et elle a besoin d’un temps d’apprentissage, je le sais. Mais combien doit durer ce temps et à quel prix ? Et pourquoi n’a-t-on pas investi dans ceux qui ont traversé ces années-là sans jamais fureter dans les caisses des banques de l’Etat ? Et ils sont légion. Presque à portée de main… Mais la politique a sa raison que ni l’économie ni même le bon sens n’en ont, et ça aussi je le sais. Comme je sais qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Encore moins de cendre sans braises. Mais là où le bât blesse, et même qu’on peut dire qu’il y a anguille sous roche, quand on constate, de visu et à couteaux déployés, le tiraillement des uns et des autres pour le leadership de la capitainerie d’industrie. N’est-il pas plus judicieux pour le pays et le bien du peuple de les voir tous œuvrer (et ensemble) pour un seul objectif ? voyez comment dans les autres pays les capitaines d’industrie sont regroupés sous un seul chapiteau et parlent de la même voix que leurs gouvernements. Car quand la « capitainerie d’industrie » va, tout va. Et quand sa machine grince, tout s’empile et se bloque. N’est-il pas aussi rationnel et judicieux, dans ces moments de stabilité et de sûreté, d’aller vers un « contrat social » entre le gouvernement, le patronat et les capitaines d’industrie ? En quoi ça dérangerait, les uns et les autres, si vraiment tout un chacun œuvre pour un meilleur avenir du pays, de mettre la main dans la main et d’essayer, sans fureter dans les caisses de l’Etat et ses banques, de faire marcher la locomotive économique comme partout ailleurs avec le seul critère du labeur et le génie créateur. « Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite », disait le grand industriel américain Henry Ford. Il n’y a pas encore le feu à la maison. Et tant mieux. A l’horizon luit une clarté. Et c’est encore mieux. Car dire que rien ne va plus, c’est voiler le soleil avec un tamis. C’est d’union dont ont besoin les capitaines d’industrie en Algérie. Car l’union fait la force. Et quand elle se métamorphose en économie libre et entrepreneuriale, elle fait les beaux jours des pays et des peuples. Et les Algériens méritent, de par ce qu’ils ont enduré durant des décennies, la prospérité et le bien-être. Et même qu’ils s’y prêtent tacitement. Capitaines d’industrie ou simples rentiers sont nos patrons d’entreprises ? je crois qu’ils ne sont ni ceci ni cela. Car l’économie de l’Algérie vit dans les contractions de la parturiente. Et il n’y a jamais d’accouchement sans douleur. Espérant seulement que l’enfant qui y naîtra sera sain d’esprit et de corps. Mais voilà… mes amis, j’ai peur qu’il ne reste pas beaucoup de temps. Et comme le temps n’est pas une chose que l’on peut maîtriser et dompter, il ne nous reste qu’à retrousser nos manches et nous mettre au travail. Car… « Le génie est fait d’un dixième d’inspiration et de neuf dixièmes de transpiration », disait le grand savant Thomas Edison. Pour le reste, c’est aux experts en économie et management de l’expliquer et lui trouver les mécanismes nécessaires pour rendre notre économie performante et concurrentielle. Si vous avez décelé dans mon papier comme un filon d’assurance, sachez que je suis atteints d’un mal incurable et je voudrais qu’il soit épidémie, je souffre du syndrome de l’espoir. r. e. 412-13 entretien de la semaine «l’AddiCtiOn à inter qui PASSe inAPe ENTRETIEN AvEC LE DR RAHALI L’Internet est l’outil technologique le plus populaire, eu égard à la facilité de l’accès à ses services et à sa vulgarisation à travers le monde. Cependant, le revers de la médaille et qui suscite de plus en plus de craintes et d’appréhensions a aujourd’hui un nom : L’addiction à Internet ou la cyberdépendance, avec ses effets dévastateurs sur les enfants, les adolescents et même les adultes. Ce fléau fait l’objet d’une mobilisation de plus en plus grandissante de par le monde afin de prendre en charge ses différentes manifestations cliniques mais aussi pour s’en prévenir. Il reste assez méconnu chez nous. Pourtant, des scientifiques à l’instar du Dr Rahali F. Djalila, cyberpsychologue, n’ont de cesse d’alerter l’opinion publique sur ce phénomène. Dans l’entretien ci-après, le Dr Rahali nous donne les clés pour comprendre la cyberdépendance et nous aider à prévenir nos enfants qui en sont les plus exposés. 4entretien réalisé par Samir Mehalla les pays les plus connectés est alarmant. Chez nous, c’est un Crésus : L’internet est devenu une réalité sociale phénomène qui passe inaperçu de nos jours. Son utilisation est-elle sans danger mais qui commence à faire de ? sérieux ravages particulièrement Dr. Rahali F. Djalila : Un enfant, un adolescent ou un chez les enfants et les jeunes. Les jeune adulte qui se connecte quotidiennement à interadultes eux aussi n’en sont pas net pendant plusieurs heures, qui consulte son Faceépargnés. En fait, l’utilisation book une cinquantaine de fois par jour, qui joue en non responsable d’Internet et réseau seul ou avec des amis pour plus de 2 heures, qui surtout des plateformes que la tchatche via Messenger ou viber à longueur de journée toile offre (Facebook, YouTube, et de manière intermittente, qui ne sort presque plus jeux en réseau etc.) a fait que, de chez lui, qui oublie ses rendez-vous et ses devoirs, quotidiennement, des couples se qui néglige ses responsabilités, qui saute ses repas et séparent, des femmes sont abureste sur le net à une heure tardive, qui se sent très sées, des vies de familles sont gêné chaque fois qu’on lui fait la remarque qu’il reste détruites sur tous les plans et des trop longtemps connecté et qui pique des crises de hommes sont escroqués ou colère chaque fois que sa connexion le lâche. manipulés par des groupes malEn somme, il ne supporte pas de rester sans intersains. net. Il reste conscient qu’il en fait trop mais n’arrive Les parents eux commencent pas à réduire le temps de sa connexion et, encore à s’inquiéter du comportement moins, à cesser de se connecter. de leurs enfants et adolescents Cet abus démesuré de l’utilisation d’internet a qui passent plusieurs heures par désormais un nom. Il s’appelle la cyberdépendance ou jour devant leurs écrans. A la cyberaddiction, une accoutumance qui s’inscrit dans la maison, chez la grande famille, panoplie des addictions dites comportementales ou dehors et même chez leurs addictions sans substances et qui est traitée par des médecins. Ils sont connectés via addictologues (spécialistes des addictions) et des psyleurs téléphones intelligents chologues spécialisés. (smartphones) et utilisent InterLa révolution numérique a touché tous les secteurs net de différentes manières. Les et toutes les populations dans le monde. Elle continue uns aiment regarder des vidéos inlassablement à changer notre vie. à l’école, comme sur YouTube, des clips ou des dans toutes les activités de la vie sociale, les technolocourts-métrages insolites, tandis gies de l’information et de la communication prennent que d’autres se branchent sur de plus en plus de place. Cette révolution s’est adressée Facebook, publient photos, anecà une nouvelle forme d’intelligence qui réfléchit en dotes et même l’assiette de leur sons et en images. déjeuner du jour. Une autre catéLes jeunes d’aujourd’hui ont grandi avec une « gorie adore tchatcher et échancuillère numérique » à la bouche. Ils assimilent l’inforger des e-mails. Mais là où le danmation d’une manière différente de celle des générager existe, en grande partie, est le tions précédentes. Ainsi, l’utilisation de ces technolofait que beaucoup d’enfants et gies révèle une nouvelle forme de culture. Nous nous d’adolescents s’adonnent aux rendons compte qu’au fur et à mesure de jeux vidéo en ligne, de manière leur évolution, les activités numériques profonde et prolongée. Ils pasfont apparaître de nouveaux modes de sent de 2 à 4 heures par jour à LA MORT D’UN ADOLESCENT PAR ÉPUISEMENT APRÈS vie qui doivent être analysés sous difféjouer à des jeux de combat et AVOIR JOUÉ SUR INTERNET DE de guerre, des jeux qui se rents aspects et à travers de nouvelles MANIÈRE CONTINUE ET LA équations et péréquations. jouent de manière individuelle SIGNALISATION DE 10 DÉCÈS grâce à la technologie, beaucoup de mais aussi en alliance avec PAR PATHOLOGIE domaines se sont certes développés mais d’autres personnes connectées CARDIOPULMONAIRE DANS il existe toujours un revers de la elles aussi pour constituer la « DES CYBERCAFÉS AINSI QU’UN guilde », un groupe d’alliés qui médaille. Cette même technologie a, malMEURTRE LIÉ AUX JEUX DE heureusement, contribué à l’émergence se bat contre un ennemi. VIOLENCE, LES AUTORITÉS de nouveaux troubles liés à elle directeChoqués par le contenu de SUD-CORÉENNES ONT ment ou indirectement. En partie, nous ces jeux-là, alarmés par la INSTALLÉ LE KADO, UNE parlons de l’addiction aux moyens techrégression du niveau scolaire AGENCE SPÉCIALISÉE POUR nologiques qui commence à déranger de leurs enfants et de leur CONTRER LE PROBLÈME DE sérieusement tout le monde. retrait de la vie sociale, L’ADDICTION À INTERNET, Qu’on le veuille ou non, Internet est conscients des effets négatifs CLASSÉE COMME PROBLÈME devenu une réalité sociale. On pourrait sur leurs capacités cognitives DE SANTÉ PUBQUE. même, à mon sens, parler de « netoyen », et mentales, les parents ne un citoyen branché sur le monde à trasavent plus quoi faire ni à quel vers le net, surtout après l’introduction de la 3g puis la saint se vouer. Ils voient cependant que leurs enfants 4g, avec la disponibilité d’une multitude de platene font pas exception et que les enfants des autres parformes digitales à la portée de la bourse des familles de tagent aussi les mêmes passions. Ils restent branchés classe moyenne. via Smartphones et tablettes qu’ils leurs achètent onéreusement pour les motiver à étudier, pour les récomMais, quel est son impact sur les populations penser, et surtout pour se déculpabiliser du temps mondiales en général et sur l’Algérien en qu’ils ne peuvent plus leur consacrer pour une raison particulier ? Et cette toile, deviendra-t-elle une ou pour une autre. vraie toile d’araignée pour nos enfants et adolescents ? Mais quel est ce phénomène qu’on méconnait à Le phénomène de la cyberdépendance auquel nous ce point ? S’agit-il vraiment d’une dépendance ou assistons, pas seulement dans notre pays, mais dans le est-ce un simple abus maitrisable avec le temps ? monde entier, est un phénomène nouveau qui pose Et s’il s’agit d’une véritable addiction, autrement problème et qui est de plus en plus reconnu notamdit d’une drogue, est-ce une nouvelle forme de ment grâce aux études psychologiques. Le constat dans drogue? Si oui, est-ce qu’une cure de désintoxication est indispensable? Devons-nous aller vers l’ouverture de centres, de cliniques et d’hôpitaux spécialisés en désin internet comme il est le cas aill Les réponses à ces questions et gravitent autour de la relation homm tout autour du duo inséparable mo virtuel, sont données en majeure p psychologie. Cyberpsychologie vous dites ? Avec l’émergence de nouveaux giques liés à l’utilisation des nouvel cyberpsychologie, comme nouve venue répondre à de nouvelles que ter de nouvelles maladies psychiqu étudiées dans leur milieu naturel et Les troubles pris en charge pa logues dont l’auteur (1) sont ceux monde digital, un monde binaire qu substituer rapidement au monde ré experts de ladite discipline parlent vie ». La Cyberpsychologie est défin psychologie qui a pour objet d'étu cyberespace sur le comportement h en général ». Plus explicitement, on chologie de l'Internet » ou de la « ps qui est un domaine de développem les phénomènes psychologiques qu technologie émergente ou affectés p du mot « cyberespace » qui est l'étud contrôle et de communication, et de est l'étude de l'esprit et du comport Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 rnet, un PhÉnOMène rçu Chez nOuS» F. DjALILA, CYBERPSYCHOLOgUE Depuis peu d’années, cette discipline se recentre sur l’étude de quelques phénomènes qui prennent une ampleur sociale extravagante dans tous les pays connectés, sans exception. Elle étudie, par exemple, l'effet de l'Internet et du cyberespace sur la psychologie des individus et des groupes, les relations en ligne, la dépendance aux outils de communication (ordinateur, smartphones, tablettes), l’addiction à Internet (addiction aux jeux en ligne, aux jeux de hasard en ligne, aux réseaux sociaux, aux sites pornographiques, etc.). Il y a quelques années, en parlant de l’addiction à Internet, beaucoup de scientifiques ont été sceptiques devant son existence réelle. Pour être plus pragmatiques, les chercheurs se sont d’abord posé la question : l’addiction à Internet existe-elle vraiment ou est-ce un simple phénomène médiatique ? Tandis que d’autres se sont demandé s’il s’agit d’une accoutumance périlleuse ou d’un phénomène social. Bien d’autres encore sont allés même à se demander si Internet n’est pas en fait le nouveau moyen socialisant lié au développement de l’être humain dans sa manière de communiquer avec ses semblables et avec le monde dans les contextes de globalisation et de rapprochement interculturel. Mais la Cyberdépendance, c’est quoi au juste ? A l’origine, ce terme signifiait toute dépendance à l’ordinateur ou à l’univers informatique mais il est utilisé aujourd’hui pour désigner un usage inapproprié des diverses plateformes électroniques offertes par internet. On parle présentement de cyberaddiction, d’usage problématique d’internet (UPI) de trouble de dépendance à Internet (TDI), d’usage pathologique d’internet et d’usage compulsif d’Internet. D’autres appellations ont été aussi données à ce phénomène mais presque toutes vont vers la notion L’OUVERTURE CHEZ NOUS d’addiction, à savoir qu’une personne peut être tellement absorbée par Internet DE CENTRES, DE qu’elle néglige d’autres aspects imporCLINIQUES ET MÊME D’HÔPITAUX SPÉCIALISÉS tants de sa vie réelle (famille, études, conjoint, amis, activités sociales et proEN ADDICTOLOGIE LIÉE AUX MOYENS fessionnelles). Le comportement compulTECHNOLOGIQUES DONT sionnel s’installe et s’ancre dans la perINTERNET, NE DOIT PLUS sonnalité de l’addict. De là, l’aide d’un ÊTRE UN TABOU. expert en addictologie ou un psychologue spécialisé en cyberaddiction s’avère toxication à indispensable puisqu’il s’agirait là d’une véritable leurs ? drogue dure. à bien d’autres qui Autrement dit, il s’agit de personnes de tout âge qui me-machine et surn’arrivent plus à décrocher d’internet pour une raison onde réel et monde ou pour une autre. Ils passent plus de 25 heures par partie par la cybersemaine sur Internet et pour les vrais dépendants et les grands joueurs en réseau appelés « hardcore gamers », ils peuvent aisément dépasser les 90 heures de connexion par semaine. Ainsi, chez cette catégorie troubles psycholode personnes, des enfants et des jeunes gens en partilles technologies, la culier, l’utilisation persistante et répétitive de Internet lle discipline, est engendre chez eux des difficultés sérieuses sur le plan stions et aussi traipsychologique, physiologique, cognitif, mental, comues après les avoir portemental, social, scolaire et/ou professionnel. t en laboratoire. r les cyberpsychoPouvez-vous nous faire un diagnostic de la en relation avec le cyberdépendance ? ui est en train de se Un cyberdépendant n’est pas celui qui passe beauéel, au point où des coup de temps sur Internet comme beaucoup le t d’une « deuxième croient. La cyberdépendance n’est diagnostiquée nie comme étant la comme telle que si la personne addicte remplit un cerude « les effets du tain nombre de critères. Ainsi, et pour étiqueter corhumain et la société rectement ce comportement comme addiction, il faut n parle de la « psyd’abord qu’il occupe une place prédominante dans la sychologie du web » vie de la personne qui sent de l’apaisement et du plaiment englobant tous sir en s’adonnant à Internet, quelle que soit l’activité ui sont associés à la choisie (jeux en ligne, Facebook, tchache etc.). Ensuite, par elle. Cyber vient il faut qu’il y ait accoutumance avec un besoin d’augde de l'opération de menter la « dose de connexion » et donc le nombre « psychologie » qui d’heures, ceci pour obtenir les mêmes effets. En dertement. nier, il faut qu’il y ait sensation désagréable lors de la cessation ou de la réduction de la fréquence ou de la durée de l’activité. La cessation de l’activité donnerait les mêmes effets du sevrage, réactions incontrôlées qui vont de la colère explosive aux actes de violence ou d’automutilation. Dès lors, sur le plan physiologique, le stress, l’insomnie, l’anorexie ou la boulimie s’installent comme symptômes. Tandis que sur le plan relationnel, l’addict entre généralement en conflits francs avec son milieu familial (parents, conjoint, fratrie), son milieu de travail (collègues, chef…), ou son milieu social (amis, enseignants…) suivant le milieu où le problème se déclenche. En conséquence, il peut carrément se couper du monde et toute tentative individuelle de réduction ou de cessation de connexion à Internet conduit, dans la majorité des cas, à la rechute et la personne revient à son addiction. cause de la mort d’un adolescent par épuisement après avoir joué sur Internet de manière continue et la signalisation de 10 décès par pathologie cardio-pulmonaire dans des cybercafés ainsi qu’un meurtre lié aux jeux de violence, les autorités sud-coréennes ont installé le KADO , une agence spécialisée pour contrer le problème de l’addiction à Internet, classée comme problème de santé public. De plus, des camps de désintoxication ont été installés pour permettre aux addicts de revenir à la vie réelle et reconnaitre le réel du virtuel. En outre, des pays comme la Chine, les USA, le Canada et la grèce ont introduit des séances de sensibilisation à l’utilisation d’Internet dans leurs programmes éducatifs et scolaires, surtout après que l’expérience grecque ait démontré qu’en l’absence de tout contrôle, les jeunes finissent par substituer toutes les activités de la vie réelle aux activités virtuelles au point où la limite entre le réel et le virtuel n’est plus reconnaissable. En conséquence, les jeunes addicts deviennent plus introvertis et plus méfiants à l’égard de la communication directe, ce qui influe négativement sur la communication dans la société et sur son devenir. A dire vrai, on dirait que le monde vient de se réveiller sur un drame et s’en est un. Septembre dernier, 600 experts en addiction de plusieurs pays se sont réunis en Allemagne autour du thème de la cyberdépendance. Les ONg, elles aussi, commencent à bouger à l’international avec l’association espagnole Dianova qui s’est lancée dans l’organisation d’une campagne internationale, en juin dernier, pour lutter contre la cyberaddiction sous le thème « Ne Te Laisse Pas Posséder ». La chose n’en est pas restée là, des centres, des cliniques et même des hôpitaux spécialisés en troubles liés aux moyens technologiques ont poussé comme des champignons dans les pays les plus touchés par la cyberaddiction. Même l’Union européenne a bougé en face de ce phénomène en finançant un grand projet de recherche sur l’étude des comportements de cyberdépendance chez les adolescents européens. Les enfants et les adolescents sont les plus touchés ! Pourquoi ? Sans avoir à diaboliser Internet et les jeux en ligne mais aussi et surtout sans avoir à les banaliser, Internet est, pour beaucoup, un « cadeau » que nous a offert la technologie tant qu’elle met le monde à nos pieds. Les jeux, eux, qu’ils soient sur CDrom ou en ligne, sont des moyens qui favorisent le développement des réflexes et de l’intelligence, surtout si le jeu est de grande qualité (jeu de stratégie, jeu éducatif…). Ce sont aussi un moyen d’apprentissage, de loisirs et de défoulement. De ce fait, nous constatons que leur utilisation raisonnable et rationnelle n’est dangereuse ni pour l’enfant ni pour l’adolescent et, encore moins, pour l’adulte. Cela dit, c’est dans l’excès que le problème se pose. Les jeux vidéo en ligne sont particulièrement bien réputés chez le public des enfants et des adolescents. Les enfants sont généralement touchés de part leur âge où l’activité ludique fait partie de leur développement physique, psychique et social. C’est à travers le jeu que l’enfant se socialise et se voit introduit au monde des règles. Les jeux de société en sont les meilleurs exemples. Ainsi, il est très facile pour un enfant d’abuQu’en est-il en Algérie ? ser des activités ludiques hors contrôle parental et loin Mounir, un jeune de 17 ans, en classe terminale, sa de toute surveillance. sœur Houda, 8 ans, en 3ème année primaire sont deux Les adolescents, eux, de par les changements horenfants dont la maman se trouve complètement permonaux qui affectent leurs corps mais aussi leur perdue. Après les avoir gavé de cadeaux électroniques, ception du monde et des relations interpersonnelles et elle se sent coupable en voyant qu’ils les utilisent de sociales, se trouvent devant des besoins psycholomanière excessive. Facebook, Messenger et sites d’hagiques spécifiques qui les conduiront à la construction billage de poupées virtuelles sont leurs plateformes d’une identité propre à eux. Ceci dit, préférées. Depuis plus d’un an, la le besoin d’être reconnus, le besoin maman, médecin généraliste, observe UNE ÉTUDE d’émancipation, le besoin d’appartechez ses enfants des changements PSYCHOLOGIQUE, MENÉE négatifs sur tous les plans. Ils n’internir à un groupe qui a les mêmes penSUR 15 000 ÉCOLIERS ET chants et les mêmes valeurs, le agissent plus comme avant avec leurs ÉTUDIANTS DES TROIS besoin de pouvoir et aussi le besoin parents et leurs vrais amis, se connecCYCLES D'ENSEIGNEMENT, de s’amuser, tout cela leur est accestent longuement au détriment de leurs À ALGER, A FAIT sible sur Internet à travers les jeux en RESSORTIR QUE 70% DES devoirs scolaires qu’ils oublient de ligne. Dans le jeu en fait, ils gagnent et faire, n’arrivent plus à se concentrer en ÉCOLIERS ET ÉTUDIANTS reçoivent des éloges, ils montent en classe, ne sortent plus de la maison et FRÉQUENTERAIENT LES niveau de jeu, deviennent plus forts communiquent entre eux par textos ESPACES INTERNET DE et s’allient avec d’autres jeunes même à la maison. Toutes les tentatives MANIÈRE CONTINUE ET joueurs pour gagner des parties et des parents pour réduire leurs heures 33% D’ENTRE EUX SERAIENT dans tout cela ils trouvent un grand de connexion ou pour les faire cesser, CYBERDÉPENDANTS. plaisir et s’amusent comme des fous. se sont vouées à l’échec. « Les réactions grosso modo, dans le jeu en réseau, engendrées suite à chaque essai l’adolescent se construit une identité, avaient été catastrophiques », selon la sauf qu’elle est virtuelle. De ces faits, il court un grand maman. De grands changements au niveau de l’hurisque d’adopter un comportement dysfonctionnel vismeur, allant de la colère aux crises de pleurs, passant à-vis d’Internet qui peut facilement le conduire à l’adpar une irritabilité excessive à toute demande parentadiction. En somme, Internet peut devenir chez l’adolesle et leur fréquentation des cybercafés du voisinage en cent un espace où il fait sa crise d’adolescence. utilisant leur argent de poche pour payer leur « dose » de connexion quotidienne. Ce cas est l’un des dizaines Quid de la Cyberdépendance dans le monde ? de milliers, voire des centaines de milliers de cas réels Plusieurs pays ont fini par donner une importance en Algérie. Il y a aujourd’hui pratiquement 2 millions primordiale à ce phénomène après des incidents et d’Algériens connectés par wifi et presque tout le aussi des études réalisées sur terrain. A titre monde se connecte via téléphone grâce à la 3g. d’exemple, le modèle Sud-Coréen nous apprend qu’à (Suite en page 14) 414 entretien de la semaine (Suite de la page 12-13) Des gens qui marchent, déjeunent, parlent et même conduisent leurs véhicules tout en gardant l’œil sur leur Smartphones ou tablette qu’ils vérifient plus d’une cinquantaine de fois par jour. Ce comportement obsessionnel et compulsionnel fait partie de leur quotidien. Pour connaître l’ampleur de cette accoutumance que je qualifierai, en connaissance de cause, de massive, il n’y a qu’à voir comment les Algériens, toutes populations confondues, réagissent au moindre problème avec leur connexion Internet à domicile ou sur d’autres supports technologiques. Le meilleur exemple est le fait que l’Algérie ait connue deux longues coupures d’Internet au niveau national. Les services clientèles des fournisseurs d’accès à Internet se sont vu submergés par les abonnés qui se présentaient tous les jours au service commercial. Selon Amel, cadre au niveau d’une annexe, elle dit avoir vécu, elle et ses collègues, un état d’alerte sous «pression insupportable des clients qui ne voulaient rien savoir ». En manque de leur dose de connexion quotidienne, « ils ne savaient plus quoi faire de leur temps alors ils le passaient en va-et-vient ». Salim, un jeune de 25 ans, se rappelle qu’en ces moments-là, il est devenu comme un fou à aller de cyber en cyber espérant trouver « une petite connexion » et qu’il a souffert de cette coupure plusieurs jours au point où, selon lui, il s’en rappellera toute sa vie. Durant les deux dernières années, quelques efforts louables ont été signalés en Algérie mais restent insuffisants devant l’ampleur du phénomène. Le plus gros effort est sans doute l’action qu’a engagée la commission sectorielle de prévention des fléaux sociaux de l’Assemblée Populaire de la Wilaya d’Alger (APW) en collaboration avec la DgSN à son plus haut niveau. Durant l’évaluation annuelle de ses actions, la commission a tenu des conférences importantes en incluant l’addiction à Internet comme fléau social qui mériterait des actions de prévention au même titre que la drogue et la violence en milieu écolier. Egalement et pas plus que l’année dernière, une étude psychologique à Alger, première de son genre, a été menée sur 15 000 écoliers et étudiants des trois cycles d'enseignement. Elle a fait ressortir des chiffres alarmants, voire choquants qui mériteraient réflexion et action. En effet, l’étude dit que 70% des écoliers et étudiants fréquenteraient les espaces Internet de manière continue et 33% d’entre eux seraient cyberdépendants. Sur la base de ces chiffres, des recommandations ont été rapportées par ladite commission dont la plus importante est la nécessité d’ouvrir des cellules d’écoute et d’orientation au niveau de tous les établissements scolaires. Une autre action importante et unique en Algérie a vu également le jour, il y a quelques mois de cela quand une équipe pluridisciplinaire de l’établissement public de santé de proximité (EPSP) Bachir Mentouri (Constantine), a ouvert un centre pour traiter le problème croissant de l’addiction des jeunes Algériens à Facebook et aux réseaux sociaux. Certes, l’addiction à Internet et aux jeux en ligne, comme modèle prédominant, n’a pas encore été bien recensée en Algérie mais ce fait nous empêchera-t-il de tirer l’alarme avant qu’il ne soit trop tard ? Ou faut-il attendre la mort de jeunes par épuisement pour bouger le doigt ? Ne dit-on pas que prévenir vaut mieux que guérir ? Ne devons-nous donc pas inscrire cette préoccupation comme priorité nationale de prévention ? Il n’est pas difficile pour nous les psychologues d’avertir les parents constamment et leur dire : Attention ! vos enfants développent une addiction très grave et risquent d’être drogués au même titre que la consommation du cannabis ou de l’alcool. La cyberdépendance est un trouble sérieux qui peut devenir chronique s’il n’est pas dépisté à temps et traité rapidement d’où le grand risque encouru par les parents qui ne s’inquiètent pas de l’état de leurs enfants. Pire encore, il y a des parents qui, par inadvertance ou insouciance, ne voient pas d’inconvénients à ce que leur enfant reste tout le temps à la maison et joue calmement dans sa chambre à longueur de journée. Pour eux, il est là, ne dérange pas les voisins, ne risque pas la fréquentation malsaine, ne risque pas l’abus sexuel et surtout ne risque pas un kidnapping. Ce dernier, est un autre facteur qui, depuis quelques années, agit de manière profonde dans la société algérienne. Donc, pour l’enfant qui joue à domicile, il est là, chez lui sous les yeux de ses parents protecteurs loin de tout risque. Erreur ! A ces parents non avertis, nous psychologues crions : Réveillez-vous ! Le danger d’Internet peut être dévastateur au point où votre enfant peut échouer sur tous les plans, à commencer par ses études, sa vie sociale et, plus tard dans sa vie conjugale et professionnelle en s’adonnant à la pire des drogues de par son accessibilité, au quotidien, à moindre coût et dans tous les espaces surtout dans votre propre foyer. Aux enseignants, aux psychologues, aux psychiatres, aux médecins, à la société civile et aux instances étatiques concernées de près ou de loin, je dirai : Réveillons-nous! Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard en calquant les expériences des pays d’outremer et en les réadaptant en fonction de nos spécificités sociales et culturelles. Réveillons-nous tous! Il s’agit du devenir de nos enfants, adultes de demain, pire encore, il s’agit du devenir de notre un pays. Ceci dit, l’ouverture chez nous de centres, de cliniques et même d’hôpitaux spécialisés en addictologie liée aux moyens technologiques dont Internet, ne doit plus être un tabou. L’addition pèse lourd, mais, qui la paiera ? S. M. * Le Dr. Rahali F. Djalila, est la première Cyberpsychologue en Algérie depuis 1999. Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 teSt PArent-enFAnt Sur lA dÉPendAnCe d'internet (CyberdÉPendAnCe) Veuillez répondre aux questions qui suivent en mettant un cercle sur la réponse qui vous semble la plus adéquate. Veuillez utiliser l’échelle suivante : 1 = Non applicable ou rarement. 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment. 4 = Souvent. 5 = Tous les jours. 1. À quelle fréquence que votre enfant désobéit aux limites de temps que vous lui déterminez pour son usage en ligne de l'internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 2. À quelle fréquence votre enfant néglige ses corvées à la maison, pour passer plus de temps en ligne sur l'internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 3. À quelle fréquence votre enfant préfère passer plus de temps en ligne sur Internet plutôt qu'avec le reste de votre famille ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 4. À quelle fréquence votre enfant établit de nouvelles relations avec des personnes en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 5. À quelle fréquence est-ce que vous vous plaignez au sujet de la quantité de temps passée en ligne sur Internet par votre enfant ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 6. À quelle fréquence les résultats scolaires de votre enfant sont atteints à cause du temps qu'il passe en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 7. À quelle fréquence votre enfant vérifie ses courriels avant de faire autre chose ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 8. À quelle fréquence votre enfant semble en retrait des autres depuis qu'il a découvert l'internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 9. À quelle fréquence votre enfant se trouve-il sur la défensive ou en secret lorsqu'il lui est demandé ce qu'il fait en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 10. À quelle fréquence vous avez surpris votre enfant accédant en ligne sur Internet, contre votre volonté ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 11. À quelle fréquence votre enfant passe du temps seul dans sa chambre jouant à l'ordinateur? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 12. À quelle fréquence votre enfant reçoit des appels téléphoniques étranges, de nouveaux cyber-amis rencontrés "en ligne" ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 13. À quelle fréquence votre enfant réplique, crie, ou réagit avec contrariété, s’il est dérangé alors qu'il est en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 14. À quelle fréquence votre enfant apparaît plus épuisé et fatigué (qu'il l'était avant sa possibilité d'utiliser Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 15. À quelle fréquence votre enfant semble préoccupé de retourner en ligne lorsqu'il n'est pas sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 16. À quelle fréquence votre enfant démontre des accès de colère en rapport avec votre interférence concernant le nombre de temps qu’il passe en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 17. À quelle fréquence votre enfant choisit de passer du temps en ligne sur Internet, plutôt que de s'adonner à des activités de délassement qu'il appréciait auparavant et/ou des activités qui l'intéressent à l'extérieur de la maison? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 18. À quelle fréquence votre enfant devient en colère ou belliqueux lorsque vous lui déterminez des limites de temps alloué à passer en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 19. À quelle fréquence votre enfant décide de passer plus de temps en ligne sur Internet plutôt que de sortir avec ses amis ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours 20. À quelle fréquence votre enfant s'est senti déprimé, de mauvaise humeur, ou nerveux lorsqu'il n'est pas en ligne sur Internet, ce qui semble se résoudre lorsqu'il revient en ligne sur Internet ? 1 = Rarement 2 = Occasionnellement 3 = Fréquemment 4 = Souvent 5 = Tous les jours Lorsque vous aurez répondu à toutes les questions, additionnez les nombres que vous aurez sélectionnés pour chaque réponse afin d'obtenir un score final. Plus le score est élevé, plus est élevé le niveau de dépendance à l'internet de votre enfant. Voici un barème général pour vous aider à mesurer le score : - Entre 20 et 49 points : Votre enfant est un utilisateur en ligne moyen. Il peut naviguer sur le Web un peu plus longtemps parfois, mais semble avoir le contrôle de son usage. - Entre 50 et 79 points : Votre enfant semble expérimenter des problèmes, d'occasionnels à fréquents, à cause d'Internet. Vous devriez considérer le plein impact de l'Internet sur la vie de votre enfant et comment ceci a des conséquences sur le reste de votre famille. - Entre 80 et 100 points : L'usage de l'internet cause des problèmes significatifs à la vie de votre enfant et, très probablement, à celle de votre famille. Vous devez prendre ces problèmes en mains dès maintenant. élections américaine un jeu d’ÉCheCS Où tOuS leS COuPS SOnt PerMiS 415 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AUX ÉTATS-UNIS A St Louis, Missouri, durant le second débat présidentiel, Clinton et Trump ont atteint cette fois le fond du panier. Toutes les tensions ressenties jusqu’à présent entre les deux candidats ont finalement explosées avec, néanmoins, ce qui fait craindre le pire, une volonté de ne pas aborder les sujets importants. B 4Par Patricia Mazy ien pire, les propos échangés pendant une heure et demi relevaient plus de marchands de poissons que de candidats à l’élection présidentielle. Trump et *Clinton ont en effet passé leur temps à se traiter de : « menteur », « peu fiable », « incapable » et « inadapté » à devenir président. Trump a menacé Clinton de la faire mettre en prison et Clinton l’a accusé d’éviter de parler de sa campagne qui, selon elle, est en voie de destruction. Ce fut donc le débat le plus inintéressant, le plus méchant et le plus obscène de l’histoire des présidentielles aux Etats-Unis. A la décharge de Trump, il faut avouer qu’au niveau des coups bas, c’est Clinton qui a tiré la première. Quelques jours avant le débat, les démocrates (seraient-ils à court d’arguments ?) ont mis à jour une vidéo remontant à 2005 où Trump raconte dans une ambiance privée et décontractée que l’on peut tout se permettre avec les femmes… Il s’agit donc d’un document remontant à plus de dix ans durant lequel Trump parle librement du monde des célébrités dont personne n’ignore le mode de fonctionnement, à savoir que lorsqu’un homme est une star, de nombreuses femmes feraient n’importe quoi pour s’approprier ses bonnes grâces et se laissent traiter volontairement de manière abjecte pour arriver à leur fin ce qui est un fait de société avéré. Que vient faire ce genre d’information dans une campane présidentielle sur des pratiques qui existent depuis la nuit des temps dans les milieux où le pouvoir et l’argent sont roi ? Le programme de H. Clinton serait-il a ce point vide de toute substance ou peu recommandable pour se cacher derrière de telles dénonciations sans intérêt ? Trump s’est excusé pour ses « propos de vestiaire » et naturellement n’a pas manqué de souligner qu’en l’occurrence l’hôpital se moquait vraiment de la charité puisque à ce sujet, Bill Clinton n’avait pas seulement tenu des propos mais avait abusé des femmes comme personne d’autre dans l’histoire politique des Etats-Unis. Hillary Clinton a accusé le coup en le regardant et en déclarant sans rejeter les accusations : « la plupart de ces accusations ne sont pas vraies ». Il faut dire que peu avant le débat, Trump avait convoqué une conférence de presse en présence de trois femmes (Paula jones, juanita Broaddrick et Kathleen Willey) qui accusent Bill Clinton de les avoir agressées sexuellement et qui furent rejointes par une quatrième Kathy Shelton qui, a douze ans, fut violée par un homme défendu par Hillary Clinton. Le ton de cette triste comédie sans intérêt pour les électeurs et le pays mais aussi pour le monde entier fut donc donné dès le début de cette lamentable confrontation qui laisse préjuger du pire pour l’avenir. Les demandes politiques des journalistes, pour tenter de remettre à un niveau correct ce débat sorti des égouts, furent continuellement ignorés par les deux candidats qui n’ont pas cessé de se balancer des méchancetés concernant leur caractère et leur personnalité respectives. Hillary Clinton préférant occulter la positivité a continué à évoquer des sujets sans intérêt allant même jusqu’à référer certaines déclarations de Trump qui aurait dit que Barak Obama ne serait pas né aux Etats-Unis ou qu’un journaliste aurait été ridiculisé à cause d’un handicap physique… Trump de son côté attaqua Clinton sur la question de mails compromettants envoyés d’un server personnel quand elle était secrétaire d’Etat. Un petit extrait de la discussion à cet égard démontre le niveau dans lequel s’est déroulé le débat : A la tentative de H. Clinton de répondre, Trump l’interrompt : - « Oh, tu ne les as pas effacés ? Mais où sont passés les 15 000 mails manquants ? » - « Ok Donald. je sais que ce soir tu cherches à faire diversion pour cacher la manière dont les républicains t’abandonnent. » Et cela a continué ainsi jusqu’au bout avec des paroles, des paroles et seulement des paroles, Trump interrompant souvent Clinton, qui de toutes façons ne semblait pas capable de reprendre le cours d’un réel raisonnement politique. Mais pour en revenir à ces fameux emails, il convient d’admettre que ceux-ci ne sont pas sans intérêt, comme en témoignent les nouvelles révélations de Wikileaks. Hilary Clinton, outre le fait d’être soupçonnée d’avoir favoriser l’émergence de Daesh en Irak, serait très liée aux sociétés financières et servirait les intérêts de Wall Street. La fondation Clinton quant à elle aurait été également accusée à plusieurs reprises d’accepter des dons en échange de certains accès politiques. Entre 2012 et 2015 H. Clinton a donné 12 conférences devant des grandes banques mondiales comme la goldman Sachs ou la Deutsche Bank qui lui ont rapporté 2,3 millions de dollars et dont elle a toujours refusé de rendre public le contenu pour avoir certainement tenu des positions allant à l’encontre de sa campagne actuelle. Le 24 octobre 2013 lors de sa conférence pour goldman Sachs, elle déclare : « Se présenter à la Présidence nécessite beaucoup d'argent dans notre pays, et les candidats doivent lever les fonds eux-mêmes. New York est probablement le cœur des collectes de fonds pour les prétendants des deux camps. Et il y a beaucoup de gens ici qui feraient mieux de poser les questions qu'il faut avant de dilapider leurs contributions de campagne pour des gens qui jouent à se faire peur avec notre économie. » Hilary Clinton avait en fait besoin de l’argent de Wall Street pour financer sa campagne et elle le sait depuis très longtemps. Durant l’une de ses conférences en 2014, très prévoyante, elle rappelle qu’elle a travaillé avec de nombreux professionnels de Wall Street et qu’elle a toujours tout mis en œuvre pour qu’ils prospèrent. Aujourd’hui, curieusement, Clinton vient de proposer de démanteler les banques jugées trop importantes afin de mieux contrôler le système bancaire parallèle. Les grandes banques, en Europe aussi, connaissent d’importantes difficultés comme par exemple, la Deutsche Bank qui, depuis 2008, évite coûte que coûte une faillite qui mettrait par terre l’économie allemande et dans son sillage l’économie mondiale. A ce jour, dans le monde entier et en particulier aux Etats-Unis, les grands établissements bancaires doivent prouver aux instances de régulations qu’elles peuvent être gérées efficacement dans tous leurs domaines d’activités. A défaut de réussir de cette manière, les autorités de régulation auraient la possibilité de les réorganiser ou de les scinder en différentes entités. Cela renforcerait la capacité de l’administration américaine à démanteler les banques dans lesquelles elle verrait une menace pour le système financier. voulant mettre un frein aux « abus » financiers de Wall Street, Clinton préconise même une augmentation des amendes que les régulateurs pourront imposer aux sociétés financières et à leurs dirigeants. Interrogée sur les détails de ce plan, Clinton est totalement incapable d’en dire plus et laisse ainsi supposer se servir de projets envisagés par la finance ellemême pour sauver les plus grandes banques. Pourquoi agit-elle ainsi ? vraisemblablement, dans le but secret de tenter d’effacer auprès du public son image de femme dévouée à Wall Street et à la haute finance. Une politique donc essentiellement basée sur l’intérêt de la finance et laissant peu de place à ceux de la classe moyenne dont H. Clinton admet elle-même s’être fortement éloignée. Trump quant à lui joue la carte de la classe oubliée de tous et des Américains de plus en plus pauvres et s’engage à supprimer certaines exemptions qui bénéficient aux traders ou aux gérants de hedge funds. Il veut abaisser l’impôt sur les sociétés de 35 à 15 % et en matière de commerce extérieur, menace par exemple les Chinois de droits de douanes de 35% sur chaque voiture produite chez eux et les multinationales américaines de représailles si elles continuent à délocaliser. Mais, de tout cela, pour l’instant rien n’apparait dans les débats et seules les injures et les coups bas sont à l’ordre du jour. Personne ne parle des problèmes de réelle importance, (mais peut-être est-ce une stratégie volontaire ?) et l’on a plutôt assisté à un talkshow de bas niveau, vulgaire et sans intérêt. Ainsi que l’a déclaré M. gorbatchev récemment à l’agence de presse russe RIA Novosti : « je pense que le monde s’approche dangereusement de la zone rouge. Il a appelé à « revenir aux priorités principales » qui sont le terrorisme, le désarmement nucléaire et la protection de l’environnement, soulignant que tout le reste est insignifiant. Le troisième et dernier débat présidentiel aura lieu à Los Angeles le 19 octobre prochain, même si tous les coups semblent désormais permis, espérons au moins que le roi et la reine se déplaceront avec plus de bon sens et d’intelligence puisque de toutes les façons et dans tous les cas, nous serons tous « échec et mat ». P. M. 416 sports LA CHRONIQUE e coach national de football est un monsieur un peu bizarre. Aussi bizarre que la bizarrerie. Et pour cause, lors de la conférence de presse qu'il a tenu après le match contre le Cameroun pour le compte de la 1ère journée des qualifications pour la Russie, nous avons retenu une phrase un peu louche qui suscite moult interrogations et qui ouvre une brèche sur d'autres ramifications intéressantes. Il avait dit : « Ils doivent savoir que c’est moi qui décide ». Ils, ce sont certainement les joueurs qui n'ont pas pris part à ce match et qui chauffaient le banc de touche. Parmi ces « Ils », ils y avaient Brahimi et Feghouli, pas du tout contents de se retrouver avec les remplaçants. Seulement, le technicien serbe a oublié quelque part que le onze de départ aligné comporte plusieurs anomalies. A commencer par la titularisation de Mbolhi (sans club) et celle de Zeffane qui n'a pas encore joué avec son équipe, le Stade Rennais. Ensuite, les incorporations de Brahimi et Feghouli en fin de partie alors que ces deux internationaux ne jouent pas avec leurs clubs respectifs. C'est dire, si on croit les paroles de Rajevac, c'est lui qui a décidé de débuter avec ce onze. Cependant, cela aurait soulevé, après le match, des contestations et des demandes d'explication de la part de nos responsables du football et, en particulier, du président de la FAF, Raouraoua, mais rien n'a été fait. Cela nous amène à dire que ce n'est pas Rajevac qui compose son onze. Parce que comment voulez-vous qu'un entraîneur de renommée mondiale pour avoir conduit le Ghana jusqu'aux quarts de finale d'un mondial, puisse accepter d'aligner quatre joueurs sans clubs ? Mbolhi était irréprochable mais Zeffane, Brahimi et Feghouli doivent refaire la maternelle du football pour pouvoir mener à bien leur mission en équipe nationale. Autre erreur de notre ami Rajevac : celle d'avoir déclaré que les Verts n'ont eu que deux stages. Ce monsieur a oublié là aussi que l'équipe qu'il a pris est déjà prête à affronter n'importe quelle équipe, qu'elle était déjà sur pied grâce à Vahid à moins que là également, ce n'est pas lui qui a choisi de faire des matches amicaux contre Blida et Boufarik. Imaginons un seul instant que notre équipe nationale de football soit drivée par un Trappatoni ou un Capello. Peuvent-ils aligner un gardien sans club ? Impossible. D'autant que ce n'est pas les doublures qui manquent à ce poste avec les Asselah, Zemamouche et les autres. Bref, l'histoire retiendra que nous tournons sempiternellement en rond et que le Cameroun reste la bête noire de l'Algérie. Justement, à propos de bête, même les armoiries animalières ont raison. Nous sommes les Fennecs, eux, les Lions Indomptables… S. L. deS vertS PAS enCOre MûrS ? APRèS LE SEMI-ÉCHEC FACE AU CAMEROUN DE SAID LACÈTE Galimatias ! L Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 Finalement, même au stade Mustapha Tchaker, les Fennecs ne parviennent pas à effacer le signe indien et battre pour une fois la formation camerounaise qui avait un seul objectif : ne pas perdre à Blida. M 4Par Said lACete ission réussie pour Broos, le coach des Lions Indomptables, qui connaît aussi le football algérien et même si cette empoignade n’a pas atteint un niveau technique appréciable, il n'en demeure pas moins que le Cameroun repart invaincu chez lui, laissant les Algériens et leur coach Rajevac se poser beaucoup de questions. lA Meilleure en AFrique ? On a poussé le bouchon trop loin en affirmant, à chaque tournant, que l'Algérie est la meilleure équipe du continent. La prestation des camarades de Medjani face au Cameroun est là pour attester tout le contraire puisque les Lions indomptables n’ont jamais fermé le jeu préférant prendre un maximum de risques sur le plan offensif, ce qui a énormément gêné les coéquipiers de Mahrez. Les protégés de Broos se sont même permis le luxe de jouer très haut et parfois ils récupéraient des ballons dans le camp des Algériens, comme s'ils jouaient chez eux. Dimanche dernier, le Cameroun n'était pas le Lesotho ni, encore moins, la Tanzanie mais une équipe soudée mise en place pour inquiéter sérieusement l'Algérie qui, nonobstant le but marqué d'entrée de jeu, n'a pas pu continuer sur sa lancée. Le match nul de dimanche dernier servira d'avertissement pour l'Algérie et même pour les autres équipes du même groupe : En effet, si sur le classement FIFA, l'Algérie est en tête, ce n'est pas le cas sur le terrain où, désormais, le Nigeria et la Zambie peuvent se frotter les mains pour surprendre les Fennecs. PrOblèMe de trAnSitiOn Une fois le but de Soudani inscrit, on s’attendait à voir une avalanche de buts et une domination territoriale des camarades de Mahrez pour le reste de la partie. Les tribunes du stade Mustapha Tchaker bouillonnaient de joie et de liesse avant que les verts ne tombent dans un sommeil incompréhensible, laissant libre cours aux Camerounais pour s'asseoir peu à peu une prééminence qui portera ses fruits. Pendant que les Algériens confondaient vitesse et précipitation, l'adversaire profite pour gagner les duels dans l'entre- jeu et venir inquiéter le dernier rempart des Fennecs. Il est vrai que la transition entre les deux compartiments (défensif et offensif) était complètement absente chez les Algériens sinon comment expliquer, à chaque fois, Mahrez devenait l'animateur offensif, laissant son aile fétiche pour venir prêter main forte au milieu de terrain. En seconde période, après que les Lions indomptables avaient égalisé en première mi-temps, le jeu brouillon chez les verts fait son apparition. On espérait mieux de cette équipe algérienne mais ni les ratés de Slimani, les centres « morts » de Mahrez et parfois de Zeffane sans oublier le bolide de guedioura n'ont eu raison de l'excellent portier camerounais. Les Lions indomptables demeurent debout, présents et confirment avec éloquence que, ce soir-là, l'Algérie était loin d'être la meilleure en Afrique surtout quand on sait que le Cameroun est en pleine période de transition. leS FAux CAlCulS de rAjevAC D'abord, il faut se poser la question sur la composition de l'équipe. Un peu louche, ce onze rentrant avec le gardien Mbolhi qui n'a pas encore trouvé de club (lire la chronique). Et puis, avec le but égalisateur et notamment en seconde période, Rajevac n'a pas réalisé le bon coaching pour prendre à défaut la défense camerounaise. Bien entendu, les incorporations de Brahimi, ghezzal et Feghouli n’ont pas renversé la vapeur pour battre pour la première fois le Cameroun. Il a fait jouer l'offensive sans pour autant oublier que les Camerounais restaient de redoutables attaquants, eux aussi, et la preuve en est le beau but qu'ils avaient inscrit et auraient pu marquer un second but en fin de partie. Ainsi, avec ce piètre rendement, le coach national sait donc qu'il aura du pain sur la planche pour remonter ce retard car dans ce genre de compétition, le moindre petit point perdu devient fatal au décompte général. zeFFAne, lA FAuSSe nOte Il a été le joueur le plus critiqué et le plus conspué par le public de Blida. Mehdi Zeffane aligné en raison des absences pour blessures de Mandi et Belkaroui, a eu du mal à entrer dans le jeu. Ses passes ratées ou encore son erreur sur le but égalisateur du Cameroun ont prouvé que cet arrière manque de compétition et dans son club de Rennes, il a été très peu utilisé cette année. Zeffane a eu beaucoup de mal à suivre le rythme imposé par les attaquants rapides du Cameroun. A plusieurs reprises, nous avons remarqué que le danger des Lions indomptables, venait de son côté comme l'atteste le but de Moukandjo. POint de jOueurS lOCAux Cela dure depuis longtemps. Les joueurs locaux n'ont plus leur place en équipe nationale mais certains se retrouvent (sans jouer) sur le banc de touche. C'est comprendre ainsi que la rareté devient plus… rare quant à voir à l'avenir un joueur de l'USM Alger, de la jS Kabylie ou encore de l'ES Sétif jouer titulaire chez les Fennecs. Pourtant, dimanche face au Cameroun, un Benyahia aurait pu faire l'affaire ou encore, à la place de Zeffane, Meftah l'Usmiste aurait été d'un grand secours. Seulement, depuis quelques années, notre équipe nationale évolue avec des joueurs qui jouent à l'étranger et même ceux qui n'ont pas encore trouvé de clubs, se permettent le luxe de débuter des rencontres officielles dans notre équipe nationale. Là aussi, il faudra revoir ce volet si important puisque le football national possède quand même des individualités qui ont fait leurs classes dans des clubs locaux avec qui ils ont atteint des finales africaines. L'USMA ou l'ESS en comptent énormément. Il suffit de les utiliser sans complexe. S. l. 417 auto un designer libanais au service de bMW Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 KARIM HABIB A 4de notre envoyé spécial à Paris, Saïd lACete u Mondial de Paris, le modèle BMW Série 3 en version gran Turismo aura été le véhicule qui a fait le buzz tellement les visiteurs l'ont approché, aimé et surtout il est devenu la star de ce show automobile parisien. Mais derrière cette star, se cache une autre vedette que les visiteurs ne verront pas mais c'est grâce à cette autre figure que BMW se taille la part de popularité du côté de la Porte de versailles. Cette seconde star n'est autre que le designer de ce produit, Karim Habib. Ce Libanais d'à peine 45 ans, travaille actuellement pour la BMW groupe. Il est le concepteur en chef de la marque BMW, succédant à Adrian van Hooydonk en 2012. Francophone, fils d’une professeur de littérature française, Karim Habib est dans l'obligation de quitter le Liban pour fuir la guerre qui faisait fureur. Destination Téhéran mais là aussi, la famille ne séjourne pas longtemps et quitte l'Iran pour la grèce. Ce sera un séjour de courte durée en terre hellénique puisque la famille Habib s’envole définitivement pour le Canada. A Montréal, Karim Habib partage son emploi du temps entre les études et le sport. Le sport, pour lui, c'est son authentique violon d'Ingres puisque c'est un très bon escrimeur. Pour preuve, il sera champion du Canada dans sa catégorie et, dans le même temps, il décroche un diplôme en génie mécanique. Avec ce titre en poche, il ne s'arrête pas en si bon chemin et le voilà qui poursuit son cursus à l’Art Center, en Suisse puis en Californie, aux Etats-Unis. Dès lors, c'est une nouvelle aventure qui débute car en 1998, il est engagé chez BMW. Il y restera une année avant d'aller chez Daimler mais reviendra chez le constructeur allemand en mai 2011 pour prendre la direction du design extérieur. Une année, jour pour jour, on le nomme directeur du design de la marque allemande, sous l’autorité d’Adrian van Hooydonk, qui supervise l’ensemble du groupe. En marge de la production régulière, Karim Habib s’est penché sur le patrimoine génétique de la firme bavaroise, ce qui s’est traduit par des conceptcars très évocateurs des grandes légendes. Karim Habib est responsable de l’ensemble de la gamme que l’on peut découvrir sur le stand BMW avec, parmi les vedettes, la Série 3 en version gran Turismo, dévoilée au Mondial. Quand on lui pose la question sur le devenir du design moderne, Karim Habib répond sans hésitation que la voiture autonome représente aujourd'hui un dossier majeur. Pour lui, c'est la nouvelle tendance qui va inonder le monde automobile et c'est également pour la plupart des designers, un champ d'investigations unique du fait que l'organisation de l'espace intérieur sera bien entendu bouleversée. La conduite autonome remettra en cause le règlement routier mais également la mentalité des conducteurs. Karim Habib sait aussi que le problème se pose avec plus d’acuité chez son employeur BMW qui a fait du plaisir de conduite, l’un de ses atouts primordiaux. Quand on pose également des questions à Karim Habib en ce qui concerne les modèles les plus marquants de l'histoire de l'automobile, il ne se fait pas prier pour répondre d'abord que ce sont ceux qui ont initié des tendances fortes. A titre d'exemple, le designer de BMW cite la volkswagen golf de 1976 ou la Renault Espace 1984. Cependant, en bon connaisseur et amoureux de l'esthétique, Karim Habib ne peut pas s'empêcher de dire qu'il réserve une fascination particulière pour la première Lamborghini Countach, la plus pure, celle de 1971. S. l. les 5 principales nouveautés au Mondial de Paris 2016 le Mondial de Paris a, comme à chaque édition, apporté son lot de nouveautés. Pour l'édition 2016, Crésus s'est baladé à travers les pavillons et les stands pour vous parler de ces nouveautés qui ont attiré une foule nombreuse. •GiuliA velOCe d'AlFA rOMÉO Elle coûtera à partir de 50 200 euros ! C'est dire que le constructeur italien présente au Mondial de Paris un spécimen de haut de gamme pour séduire le public connaisseur en la matière. La version sportive giulia veloce est un produit comme nous venons de le dire, haut de gamme à quatre roues motrices qui est véhiculé par deux motorisations spécifiques de 210 cv (diesel) à 280 cv pour la version essence. • PeuGeOt 5008 Monospace à l'état initial, le Peugeot 5008 est transformé en SUv pour épater tout le monde à Paris. Cela se voit d'abord à son bas de caisse nettement relevé. Avec 7 places, Peugeot 5008 ne craint guère la concurrence et, mieux encore, veut se frayer un chemin important parmi les SUv les plus réputés. Sous le capot, Peugeot promet des émissions de C02 à partir de 115g/km en essence et de 105g/km en diesel. Le Peugeot 5008 bénéficie de la dernière évolution de l'i-Cockpit avec notamment une tablette 8 pouces permettant de profiter de ses applications mobiles et une dalle numérique de 12,3 pouces. Peugeot annonce que son 5008 sera mis en vente au printemps 2017. • FerrAri APertA L'Italie revient avec les nouveautés. Après la giulia veloce d'Alfa Roméo, voilà que la version cabriolet de la Ferrari, l'Aperta qui envahit Paname. C'est un modèle supercar à série limitée spéciale qui illumine le stand de Ferrari du côté de la Porte de versailles. La nouvelle Aperta reprend la motorisation de la Ferrari, soit un cumul de 963 cv entre son v12 et son bloc électrique pour une accélération de 0 à 100km/h en moins de 3 secondes et une vitesse de pointe de 350km/h. Son prix, 2 millions d'euros pour ce trésor qui ne sera produit hélas qu'à 500 exemplaires ou moins. • CitrOën C3 La nouvelle génération de C3 est à l'honneur dans le stand de la marque aux Chevrons. La Nouvelle Citroën, longtemps considérée comme étant la cousine de la Peugeot 208, s'inspire du Cactus qui avait fait fureur durant les deux dernières années qui viennent de s'écouler. Inspiration du Cactus d'abord en raison des fameux Airbump, ces petits coussins d'air placés sur les portes. Cette nouvelle C3 est surtout personnalisable, tant à l'extérieur décliné en bi-ton avec trois couleurs de toit qu'à l'intérieur avec ses 4 packs d'ambiance disponibles. Elle est attendue en concession dans la foulée du Mondial de Paris 2016, à partir de 12.950 euros. • nOuvelle niSSAn MiCrA La nouvelle Micra adopte un nouveau look, caractérisé par la calandre en forme de v mais également de nombreuses aides à la conduite comme le freinage autonome d'urgence avec reconnaissance des piétons ou le limiteur de vitesse. C'est une 5e génération de Micra qui débarque à Paris et qui se démarque déjà par sa taille puisqu'elle gagne 17 cm en longueur et 7,7 cm en largeur. Le constructeur propose de nombreuses possibilités de personnalisation pour un total de 125 combinaisons possibles. Les ventes débuteront en Europe en mars 2017. S. l. Les énormes ambitions iraniennes l'iran a l'intention d'exporter 1 million de véhicules d'ici l'année 2025 et ce, grâce à des coentreprises avec des constructeurs étrangers. On parle déjà des constructeurs français PSA et Renault qui sont sur les agendas des Iraniens. Pour ce faire, une assiette reposant sur un rectangle de sept kilomètres sur deux, implanté dans la banlieue de la capitale Téhéran, au pied des montagnes séparant la capitale iranienne de la mer Caspienne, servira d'usine pour la production de ce projet très intéressant. On parle d'une usine gigantesque que la firme Iran Khodro veut exploiter pour atteindre ses objectifs. Par les accords tenus avec Renault et PSA, les 30.000 salariés du site assembleront bientôt des Peugeot 208 et 301, entre autres, soit des modèles bien plus sophistiqués que ceux produits actuellement. Afin d'alimenter son marché local (iranien) et ensuite passer à l'exportation, le premier constructeur iranien souhaite doubler sa production en dix ans pour atteindre en 2025, la bagatelle de 1,1 million de voitures. Croissance permanente depuis 2009 En 2015, la production mondiale de véhicules particuliers et utilitaires a évolué de 1,1% (environ 950 000 unités de plus). Il y a eu en tout pas moins de 90,8 millions de véhicules produits. Cette ascension va toujours crescendo depuis 2009, année de la chute de la production automobile. Aujourd'hui, la majorité des zones de production vivent des hausses significatives qui contrastent avec les baisses observées au japon, en Russie et en Amérique du Sud. Dans les zones des pays émergents, on observe une production en hausse de 128% pour l'Asie-Océanie, 176% pour la Chine et 27% dans les nouveaux États membres de l'Union européenne. Cependant, la chute est à mettre au profit des pays d'Amérique latine avec un ratio de 18%. Nissan met Bolt à l'épreuve du feu nissan parraine depuis un certain temps l'homme le plus rapide de la planète. En effet, Usain Bolt demeure son « directeur des sensations fortes ». Et pour se jeter dans l'aventure, la marque nippone compte confronter son ambassadeur à de nombreux nouveaux défis et le plus délicat est celui de courir plus vite que la propagation d'une flamme. Produire des images fantastiques, reste l'objectif pour Nissan et Bolt. Allemande et électrique Avec les électriques, la question n'est plus à combien ça roule ? Mais plutôt Combien ça roule ? Opel attaque le problème de front et soigne sa nouvelle Ampera-e ; le tout nouveau produit, fraîchement présenté au Mondial de Paris, se montre apte de dépasser à l'aise la barre fatidique des 400 kilomètres d'autonomie sans la moindre recharge. Pourtant, les normes NEDC accordent à la concurrence entre 190 et 240 kilomètres. Ainsi, si cela s'avère vrai, on pourra déduire que la compacte électrique d'Opel sera la meilleure de sa catégorie. A la découverte de... Discovery Pendant des décennies, les Land Rover, seules, toisaient les berlines de toutes les autres marques. Désormais, presque chaque gamme comporte des SUv et l'univers de la concurrence est foisonnant, moyennant un renouvellement régulier. Le nouveau Discovery apparaît aujourd'hui et la circonstance est un peu solennelle car ce n'est que la quatrième réincarnation de la grande ancienne en 27 ans d'existence. S. l. 418 idées-débats qu’eSt-Ce que l’intÉGriSMe Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 (Première partie) On a l’habitude de voir l’intégrisme comme une sorte d’exagération de la religion. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, on l’appelait encore l’extrémisme religieux. Il est conçu comme une sorte d’augmentation quantitative de ce que sont les règles habituelles de la religion. C’est, à mon avis, une grave erreur de concevoir l’intégrisme de cette façon. Elle implique que la religion et l’intégrisme sont deux choses de même nature et qu’il n’y a qu’une différence quantitative qui les sépare. E 4Par Karim jbeili n plus d’être fausse, cette conception avantage énormément l’intégrisme au détriment des religions puisqu’elle lui permet de tirer avantage de la bonne réputation des religions tout en discréditant celles-ci. Chaque fois que l’intégrisme commet une exaction, elle est mise sur le compte de la religion. Ce qui suscite la colère contre l’ensemble des croyants et les oblige, qu’ils le veuillent ou non, à se réfugier dans l’intégrisme. La réalité est bien plus complexe que cette conception simpliste et dangereuse. Peut-être que la meilleure façon de résumer ce que nous savons de l’intégrisme passerait par la théorie de la horde primitive de Freud. C’est dans son livre Totem et tabou que Freud formule sa théorie de la horde primitive. Selon lui, à un stade précoce de l’histoire de l’humanité, le père de la tribu disposait à sa guise de toutes les femmes. jusqu’au jour où ses enfants, les fils de la tribu, l’ont tué pour pouvoir eux aussi jouir des femmes de la tribu. Puis après avoir joui un certain temps des fruits de leur crime, ils se sont rendu compte que cette situation où tout le monde n’en faisait qu’à sa guise, engendrait le chaos. Il leur a alors fallu instaurer la loi pour réglementer une situation qui n’en finissait pas de dégénérer. Une loi égalitaire dans laquelle cha- cun avait sa part du gâteau. En somme, nous avons affaire à un groupe de gens qui ont transgressé les règles établies par leur dieu ou leur père et, ce faisant, l’ont tué; et qui, par la suite, essayent de se débrouiller avec cette transgression. Cette théorie va nous servir à très bien comprendre ce qu’est l’intégrisme. L’intégrisme se reconnaît à cinq signes principaux : la transgression, la mort de Dieu, l’identification, les murailles et l’énergétique. 1)-lA trAnSGreSSiOn Les juifs étaient autrefois des nomades dont l’essentiel des ressources provenaient de l’élevage des ovins et donc de la sexualité reproductive de ceux-ci. La logique de leur religion a cristallisé cette situation en proscrivant pour eux l’agriculture et le rapport direct et non médiatisé avec la terre. Le rapport à la terre est devenu, pour eux, prohibé. La terre, même promise, demeure la propriété de Dieu. S’il l’a promise c’est qu’elle lui appartient et s’il la leur a prêtée, il peut la leur retirer en tout temps. Lorsqu’un certain nombre d’entre eux sont devenus sionistes, et ont voulu accaparer une terre, il leur a fallu transgresser cet interdit. Contrairement à ce qu’ils disent, la terre de Palestine ne leur a pas été donnée par Dieu, ils la lui ont volée. Comme quelqu’un qui violerait sa mère en prétendant que c’est son père qui la lui a donnée. Pour les Musulmans, dont la civilisation s’est construite autour du commerce et des échanges, les différences inter-individuelles sont essentielles. Chacun négocie continuellement des services ou des objets avec tous ceux qui l’entourent. Le désir de chacun est donc toujours limité par le désir du voisin. Quelle que soit la jouissance du désir de quelqu’un, sa satisfaction sera toujours limitée par l’obligation de négocier avec le désir de l’autre. Même dans le désir sexuel, il y a une négociation qui s’effectue. Le Musulman ne désire pas une femme, en général, mais une femme en particulier, qui est possédée par un père, un frère ou un oncle. Même après le mariage, le rôle de la famille de l’épouse va demeurer essentiel à l’équilibre du couple. Pour les islamistes, le rapport à la femme a changé. Elle n’est plus liée à une famille, un père ou un frère, elle n’est possédée par personne. La femme est un objet sans propriétaire. Elle ne peut plus inspirer le respect. On ne possède plus une femme particulière dans la mesure où le père ou le frère le permet, on possède plutôt une femme en général qui n’est possédée par personne et on en fait ce qu’on veut. Chacun peut se jeter sur elle et se l’approprier puisqu’elle n’est plus possédée par personne. Le moindre morceau de chair apparente inspire une terrible concupiscence. La violence ségrégative qui a été exercée sur les Musulmans et les Chrétiens orien- taux, de façon quotidienne, depuis des décennies par la colonisation, l’impérialisme et le sionisme, a provoqué une accumulation démesurée de colère qui, à la longue, a cherché un moyen de se décharger. Dans toutes les traditions religieuses, d’avoir des liens cordiaux avec le voisin, fut-il un ennemi, est un impératif de survie. Il est également interdit de porter atteinte à sa propre vie puisqu’elle nous a été prêtée par Dieu. Ce sont ces règles qui ont été transgressées par les intégristes. Tuer l’autre sans nécessité et se tuer soi-même sont les deux règles qui ont le plus été transgressées par les islamistes. Après avoir pris possession des femmes sans l’assentiment de leur père, on prend la vie des hommes en les incitant à s’éclater, on met les femmes en esclavage, on brûle des maisons et on détruit des temples et des vestiges archéologiques. Bref, toutes les transgressions deviennent possibles que ce soit dans la sexualité ou la violence. Qu’il soit juif ou musulman, le problème de l’intégrisme c’est que, dans le rapport à l’objet, il n’y a plus une distance suffisante, on peut même dire qu’il n’y a plus de distance du tout. Le sioniste est collé à la terre et l’islamiste est collé à la femme et à la violence. Ils mourraient cent fois plutôt que K. j. de lâcher le morceau. (A suivre) 419 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINE MOi, l’ÉCrivAin inCOnnu. tOi, l’enFAnt innOCent J Par Rachid EZZIANE « Rien ne peut compenser une seule larme d’un seul enfant.» Dostoïevski e viens d’éteindre la télé. L’information, comme celles déjà passées, je l’ai écoutée plusieurs fois. Dans ma tête elle résonne comme une antienne d’un chant mortuaire. L’enfant de quatre ans, enlevé il y a quelques jours, a été retrouvé décapité en morceau à l’intérieur d’un sac en plastique déposé dans une machine à laver. Une fille de six ans, retrouvée décapitée, le corps sans tête. Deux frères, le premier âgé d’un an et le deuxième de cinq ans, tous deux égorgés. Une trêve de quelques jours, juste au moment d’espérer, on annonce un nouveau fait d’infanticide. Et puis les images défilent sur les écrans. Suivent les cortèges mortuaires dans des cités moyenâgeuses. Des visages blêmes de haine réclament la condamnation à mort. Sur les plateaux de télé, les experts, les pour et les contre, s’affrontent pour un laps de temps d’audimétrie. Chacun veut sa gloire médiatique. Personne ne pose la vraie question. Pourquoi ?... Pourquoi, chez nous, tue-t-on en série des enfants ? Je suis tout retourné. Pas triste. Pas en colère. Sans haine. Je suis tout questionnement. Mais je me sens perdu. Sans repères. Et je veux comprendre avant de juger. Moi, l’écrivain. Je n’arrive pas à admettre ce qui arrive, à toi, l’enfant innocent. Moi, l’écrivain. Je n’ai que cette chronique à crier à la face du monde. Pour toi, l’enfant innocent. Une façon de ne pas me sentir responsable de ce qui t’arrive. Mais aussi pour libérer ma conscience. Car celle de ma société est devenue caduque. Sauf ton respect, toi l’enfant innocent, elle est devenue caduque par la course effrénée des cupides que sont devenus mes concitoyens. Elle l’est aussi par l’insoutenable suffisance de nos intellectuels qui, du matin au soir, et là où portent la vue et les avions, courent derrière la reconnaissance, les prix et les salons feutrés où coulent à flot les petits-fours et « la bonne chair ». Je ne suis pas triste. Je ne suis pas en colère. Je constate. J’observe. Et je pose les questions. Où sont-ils ces hommes et femmes des « Lettres et des Arts » ? Ces élites du droit et de la culture. Ailleurs, là où vous aimez partir et dire vos sarcasmes, ils ne laissent rien passer sans qu’ils n’aient leur mot à dire. Ici, on achève bien les enfants innocents sans qu’une seule de vos voix n’ait été élevée pour dénoncer ce qui arrive à nos enfants. Ici, si tu oses te mesurer, par ta plume inconnue, ou sobre, ou pudique, on te traitera d’écrivain rural. C’est vers le sensationnel que tout converge. Ne t’en fais pas mon petit. Moi, l’écrivain inconnu, je te donnerai la parole par ma plume. Dis-leur ce que tu as à dire. Peut-être qu’ils reviendront à de meilleurs sentiments. Peut-être qu’ils s’arrêteront pour écouter tes cris de détresse. Peut-être… Voici ma plume. Dis. Ecris sur mon livre blanc. « Je ne comprends pas votre haine envers moi. Ni votre acharnement. Encore moins, le sort qui m’est réservé, en ces temps qui courent dans mon pays. Je n’ai jamais fait de mal à personne. Je n’ai, non plus, jamais manqué de respect à quiconque. Je ne milite dans aucun parti politique. Ni dans aucune association. Je ne suis même pas supporteur d’une équipe de football. D’ailleurs tout ce qui se dit et se fait en dehors de mon monde, ne m’intéresse pas. Je n’ai jamais donné mon avis, ni témoigné contre x ou y. Comment osez-vous me traiter comme un vulgaire coupable alors que vous savez que je suis innocent. Quel cœur avez-vous ? Je me plains de votre acharnement à Dieu. Et le Jour du Jugement dernier vous ne trouverez aucune excuse à présenter. Avec les anges, je serai. Et dans l’enfer, vous y demeurerez. Mais, en attendant ce jour, je conte ma peine et ma douleur à tous ceux qui portent en eux la lumière de la lucidité, mais aussi celle de l’empathie envers moi. D’ailleurs, je ne sais pas écrire comme il se doit. J’ai donné procuration à la plume de l’écrivain ; car lui sait rendre compte de mon cas. Il sait aussi penser et panser mon cri de désarroi et, au plus profond des cœurs des hommes, le révéler. Et pourtant ! Il n’y a pas longtemps, j’étais par tous choyé et adulé. Et pas que dans mon pays. Partout où mon nom était cité, s’ouvraient devant moi les bras, et de câlins j’étais étouffé. Que vous arrive-t-il ? Et votre conscience, vous laisse-t-elle dormir ? Et votre honneur, qu’en faites-vous ? Que direz-vous demain à Dieu ? « Quand le soleil sera obscurci, et que les étoiles deviendront ternes, et les montagnes mises en marche, et les chamelles à terme, négligées, et les bêtes farouches, rassemblées, et les âmes accouplées et qu’on demandera à la fillette enterrée vivante pour quel péché elle a été tuée… » [S.81/V de 1 à 9]. Pour quelque motif que ce soit, et dans toutes les religions et les cultures du monde, encore plus en Islam, il est blasphématoire de faire du mal à un enfant. Alors, qu’est-ce que ça serait découper en morceau un petit être de quatre ou cinq ans sans défense ?... La main de l’écrivain tremble. Elle n’arrive plus à écrire ma doléance. Les images de ma douleur lui font mal. Découpé en morceau, mis dans un sac en plastique dans une machine à laver ou brûlé et jeté en pâture aux animaux sauvages de la forêt ou tout simplement abandonné dans une poubelle, là est l’image que se passent les réseaux sociaux en buzz… sans aucune autre raison que de se passer l’info en boucle pour des « j’aime » et des « commentaires » plus que pour me protéger, sinon pourquoi continue-t-on toujours, sans peur ni honte, à me kidnapper et à mutiler mon petit corps ? Réveillez-vous ! L’enfant n’est-il pas le père de l’homme ? Il est même son avenir. Traitez-nous comme il se doit aujourd’hui, on vous le rendra demain en réalisant une société saine et équilibrée… C’est au nom de tous mes frères et sœurs qui, comme moi, leur liste est longue malheureusement, ont subi les atrocités des adultes, que j’ai donné mandat à l’écrivain et au poète pour porter notre douleur à qui de droit, et même en faire une affaire nationale pour que demain, nous… vos enfants, les pupilles de vos yeux et le sang de vos foies, comme vous dites, et si vous le dites sincèrement, plus jamais aucun enfant ne subira ce que nous avons subi. » Moi l’écrivain qui écrit par la bouche de l’enfant (d’aujourd’hui), j’ai honte d’être l’adulte (d’aujourd’hui), car quand j’étais enfant, les adultes de mon temps, parents, voisins et simples passants, ne m’ont jamais traité de cette façon. Chez eux, j’ai toujours trouvé refuge et compassion. Et en aucun cas, ni en aucune circonstance (sauf celle d’une brimade pour un mauvais comportement) je n’ai eu peur des adultes, hommes ou femmes. Jamais… Moi l’écrivain qui écrit par la bouche des enfants maltraités, j’aurais aimé leur écrire un poème pour leur faire apprendre à croire en la vie, ou leur conter l’histoire de la « Terre des hommes ». Moi, l’écrivain inconnu, j’ai voulu – par ces temps exécrables qui courent chez nous, où l’enfant est malmené dans sa chair et son petit être, sans qu’on y arrive, gouvernants et gouvernés, à le préserver de l’agissement de ces monstres inhumains qui agissent presque en toute liberté, par ma plume et ma conscience – apporter à tous les enfants où qu’ils soient mon affection et ma solidarité agissante. J’ai choisi pour ma chronique solidarité agissante, non pas d’énumérer tous ces crimes commis contre nos enfants, ou le nombre de ces anges martyrs, ni ce qu’ils ont enduré durant leur captivité, car le fait d’y penser est en lui-même une souffrance insupportable, mais j’ai voulu dépeindre l’enfant dans toute sa simplicité, tel qu’il est. Mais… « Il pleut sur ma patrie, la mort et la légende Il suffit d’un épi pour que chantent les blés Il suffit d’un moment pour que la nuit descende Et aussi d’un moment pour que le jour soit né… », disait Malek Haddad. R.E. Pour quelque motif que ce soit, et dans toutes les religions et les cultures du monde, encore plus en Islam, il est blasphématoire de faire du mal à un enfant. Alors, qu’est-ce que ça serait découper en morceau un petit être de quatre ou cinq ans sans défense ?... 420 LE PALAIS DES RÊVES littérature Ce roman de fiction (à résonnance politique) a été écrit par Ismail Kadaré par étapes, par recueils de récits, de 1970 à 1981. Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 D’ISMAIL KADARE C ar, à l’époque, l’Albanie était, comme on le sait, l’un des pays les plus fermés au monde. Enver Hoxha, le père-président du petit peuple du pays des aigles (ou Shqipëria en albanais) ayant choisi le régime stalinien pour gouverner l’Albanie d’une main de fer. En 1981, quand le roman prit sa forme actuelle sous le titre de : L’employé du palais des rêves, il fut publié à l’automne de la même année. Ismail Kadaré, avec ce roman, s’était exposé à un risque sans précédent. Mais durant plus de deux mois, après sa sortie, personne n’en parla. Pas un seul journal ou critique littéraire n’osa le mentionner. Heureusement pour l’auteur, le dictateur était occupé et préoccupé à régler ses comptes à ses rivaux du parti communiste. D’ailleurs, en décembre de l’année en cours, le premier ministre, accusé de complot, s’était suicidé. Mais la roue de la dictature se rattrape et convoque une réunion extraordinaire (plénum de l’union des écrivains) présidée par la femme du président Hoxha, au début de l’année 1982, pour examiner en présence de l’auteur, Ismail Kadaré, le contenu du roman Le palais des rêves. Après deux jours de délibération, les membres du plénum considèrent le roman subversif et affable Kadaré d’ennemi de la république communiste. N’était-ce ses écrits sur l’histoire des Balkans et de l’Albanie, grands succès même dans le monde, il aurait été condamné. Mais malgré les circonstances qui plaidèrent pour l’auteur, la deuxième personnalité du parti, Ramiz Alia, lui adressa une mise en garde à la fin du plénum. « Le peuple et le parti vous hissent sur l’olympe, mais si vous ne leur êtes pas fidèle, ils vous précipitent dans les abîmes », dit-il à Ismail Kadaré. De quoi parlait le roman pour qu’il mette les officiels du système Albanais de l’époque à la défensive ? Pour le savoir, feuilletons, ensemble, les deux-cents pages de ce livre surréaliste. Bien-sûr, ce n’est que de la fiction, mais c’est un imaginaire qui incite à « suivre le regard » de l’auteur ; car l’auteur veut mener son lecteur de la fiction à la réalité. Et comme la réalité, dans plusieurs des cas, dépasse la fiction, alors… Il faut aussi mettre le livre dans son contexte historique. En 1970, l’Albanie, comme tous les systèmes communistes au parti unique, vendait l’image d’un pays paradis où tout le monde était beau et gentil guidé par un père protecteur. Mais le roman, de par sa trame, les décors, les lieux et les personnages, comme un cheveu dans la soupe, vient rappeler l’envers du décor d’un système contre-nature où tout mène à l’enfer. Mais tout ça à travers une histoire vieille du temps de l’empire ottoman qui a occupé l’Albanie durant cinq siècles. Revenons au roman lui-même. Et voyons voir de quoi parle-t-il. En Albanie, au temps de l’empire ottoman, vivait l’illustre famille des Quprili, Kuprili en turc, seule famille chrétienne associée à la gouvernance du pays, mais qui subissait de temps à autre les affres de la Sublime porte. La famille, bien que bien placée dans les rouages de l’Etat, avait utilisé toutes ses relations pour trouver un emploi à un neveu, Mark-Alem, dans la prestigieuse et secrète administration impériale : le Tabir Sarrail. Cette mystérieuse administration impériale avait pour mission d’assembler, de classer et d’interpréter les rêves des citoyens pour arriver à détecter des signes qui permettront à l’empire de se projeter dans l’avenir. Et c’est par l’emploi de Mark-Alem que l’auteur nous fera visiter les lieux du « palais des rêves », ses lugubres bureaux, ses services, ses employés et… ces rêves par quantité industrielle à comprendre, expliquer et commenter pour le bien de l’empire. Car le peuple avait consenti à participer à cette grande œuvre. Pour son bien lui avait-on dit, et bien-sûr menti. En voici un exemple de ces rêves à élucider par Mark-Alem : « Il choisit les feuillets portant les textes les plus courts, et, sans même regarder le nom de l’auteur du rêve, il lut ce qui était consigné sur l’un d’eux : Un chat noir avec la lune entre les dents courait, poursuivi par une multitude de gens, laissant derrière lui les traces sanglantes de l’astre blessé… » Et de tout le pays arrivaient par dossiers complets, écrits à la main, soit par les personnes eux-mêmes qui les avaient rêvés ou Il faut aussi mettre le livre dans son contexte historique. En 1970, l’Albanie, comme tous les systèmes communistes au parti unique, vendait l’image d’un pays paradis où tout le monde était beau et gentil guidé par un père protecteur. Mais le roman, de par sa trame, les décors, les lieux et les personnages, comme un cheveu dans la soupe, vient rappeler l’envers du décor d’un système contre-nature où tout mène à l’enfer par des copistes, et transportés par des voitures courrier, appelées : les porteurs de rêves. Les emplois du « palais des rêves » sont minutieusement répartis et classifiés. Tout en amont, il y a les « porteurs de rêves », puis viennent après les employés affectés au classement des rêves, arrivent ensuite les interpréteurs des rêves et enfin les préposés au « maître-rêve », ceux qui, en dernier lieu et après avoir décelé dans le rêve étudié une opportunité à aller présenter le songe au sultan. Sans oublier les archives regroupées dans les sous-sols du palais. – « Naturellement, reprit l’archiviste en rigolant. Tu peux reprocher beaucoup de choses aux gens, notamment leur paresse, mais en aucun cas leur sommeil ! Tout le monde dort, a dormi et dormira, mon cher, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin des temps… » Et l’archiviste voulait dire à Mark-Alem qu’il y avait matière à travailler dans le sommeil des hommes, car chaque être humain, homme ou femme, qui dort rêve. Et c’est dans les rêves que se disent les secrets les plus enfouis. Mais dans cet empire où l’on étudie les rêves et les délires, on n’épargne guère ceux qui ont le regard perçant par leur mauvais œil. Alors un décret fut promulgué pour crever les yeux à toute personne suspecte d’avoir un mauvais œil. Il y eu même ceux qui, se sachant porteurs de cette tare, acceptèrent volontairement d’avoir les yeux crevés, moyennant une pension pour services rendus à la nation. Service après service, Mark-Alem se voit nommer dans les différents rouages du Tabir Sarrail jusqu’à devenir maître-rêve, puis finir le maître absolu. Mais il restera hanté par la peur d’être à son tour broyé par cette même bureaucratie qu’il dirige. Et c’est dans un de ces rêves anonymes qu’il lira, un jour, la condamnation de sa propre famille. Tel est le roman d’Ismail Kadaré. Plein d’énigmes et de non-dits. Où son charme se dégage du contraste entre les ténèbres du palais et le merveilleux que représente le rêve, comme le mentionne l’écrivain français Eric Faye en introduction du livre. Et c’est là aussi où le génie de l’écrivain trouve tout son épanouissement doublé d’un talent de virtuose littéraire. Ismail Kadaré (Kadare en albanais) est un écrivain Albanais né le 28 janvier 1936 dans le Sud de l’Albanie. Après des études de lettres à l’université de Tirana et un cours séjour à Moscou, il se consacre au métier de journaliste. Dans les années cinquante, il commence à s’intéresser à l’écriture, et c’est dans la poésie qu’il s’essaie en premier. C’est en 1963 qu’il publia son premier roman, Le général de l’armée morte. Le roman a été adapté au cinéma en 1983. Le livre figure dans la liste des Cent livres du siècle. La bibliographie d’Ismail Kadaré est riche et diversifiée. Son œuvre est reconnue par les critiques comme étant une création littéraire contemporaine d’une grande importance. Ismail Kadaré a touché à tous les styles, du roman au théâtre, en passant par la nouvelle, la poésie et l’essai. Il a été, à plusieurs reprises, cité pour le Nobel de littérature. Sa bibliographie est d’une telle richesse, estimée à plus d’une trentaine d’ouvrages. Nous citerons à titre d’exemple : Les tambours de la pluie, Le crépuscule des dieux de la steppe, Le pont aux trois arches, La niche de la honte. Ismail Kadaré est aussi un écrivain engagé. Il était porteur d’espoir pour son peuple et à tous ceux qui militaient pour une vie meilleure dans le monde. r. e. littérature 421 Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 «Les Harkis ont été les victimes de la colonisation» ENTRETIEN AvEC PIERRE DAUM, AUTEUR DE : LE DERNIER TABOU, LES HARKIS RESTÉS EN ALGÉRIE APRÈS L’INDÉPENDANCE 4entretien réalisé par Amine idjer être accompagné de militaires armés destinés à me protéger. je comprends très bien l’inquiétude des autorités algériennes qui ne veulent pas que je sois kidnappé par des terroristes. Mais en même temps, ces vieux témoins n’auraient jamais accepté de parler en présence de policiers ou de militaires. Crésus : Votre dernier ouvrage traite des harkis vivant encore en Algérie. Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ? je venais de finir mon enquête sur les Pieds-noirs restés en Algérie (Ni valise ni cercueil, sorti en 2012 chez Actes Sud et chez Médiaplus), une amie à moi, fille de harki, venue en France comme enfant en 1962, m’a suggéré l’idée. Au début, j’étais très surpris, parce que j’étais sûr qu’ils avaient tous été « massacrés », et qu’il n’en restait plus aucun. L’accueil de cet ouvrage en Algérie et en France ? En France, toutes les organisations de type « Algérie française » me sont tombées dessus. Mais cela, je m’y attendais. Car depuis 50 ans, leur discours peut se résumer ainsi : « Nos héros de l’OAS ont eu raison de se battre contre les barbares du FLN, car ils se battaient pour protéger les bons Musulmans, ceux qui avaient fait le choix du drapeau tricolore. Et lorsque ce salaud de de gaulle a abandonné l’Algérie, les barbares du FLN ont massacré tous les harkis ». Or, mon livre explique que tout est faux dans ce discours. Donc c’est normal qu’ils soient fâchés [rires]. En Algérie, j’ai été attaqué par le ministre des Moudjahidine, qui refuse d’admettre qu’autant d’Algériens ont été du côté des Français. Or c’est la vérité historique, et je ne suis d’ailleurs pas le premier à le montrer : il y a eu plus de 400 000 Algériens (des hommes adultes) qui ont porté l’uniforme français à un moment ou à un autre de la guerre de libération. C’est en effet un chiffre énorme, d’autant plus qu’en face, il y avait à peu près autant de moudjahidine. Pourquoi vouloir aborder cette partie du passé commun entre l’Algérie et la France ? vous avez tout à fait raison de parler d’un passé commun ! Car les harkis appartiennent autant à l’Algérie qu’à la France, même si tout le monde les rejette. Les Algériens les rejettent parce que ce sont des « traîtres », et les Français les rejettent parce que ce sont des « Arabes » et des « Musulmans ». justement pour cette raison, les harkis sont au cœur des tensions non réglées entre la France et l’Algérie. Or, je fais partie des gens qui veulent que ces tensions s’apaisent enfin. Comment avez-vous retrouvé la trace de ces harkis ? Ce n’était pas facile ! vous imaginez bien que je ne pouvais pas aller dans les villages, et demander au premier passant : « Pourriez-vous m’indiquer où habitent des harkis, s’il vous plaît ? » [rires]. j’ai trouvé mes premiers contacts grâce à Internet. Dans le secret des cybers, les jeunes des villages, fils ou filles de harki, osent envoyer des messages par Internet en disant la vérité sur leur père. Après Ni valise ni cercueil (2012), il y a eu Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance. Pourquoi cet intérêt pour ce passé commun entre l’Algérie et la France ? je suis très sensible au racisme antimaghrébin en France. Or, je pense profondément (et je ne suis pas le seul) que ce racisme trouve son origine dans le mépris colonial qui a miné la société française depuis le XIXe siècle, et qui continue à la miner aujourd’hui. Seule l’étude de la colonisation, de sa méchanceté et de ses crimes, peut permettre, j’espère, de se guérir de cette maladie du racisme. Convaincre ces pères de témoigner at-il été facile ? Non, ce n’était pas facile. Il s’agit de vieux messieurs qui ont gardé le silence sur leur passé depuis plus d’un demi-siècle. j’ai dû faire preuve de beaucoup de patience, et de beaucoup de conviction. Et puis j’ai assuré à chacun ma totale discrétion. Dans votre ouvrage, vous décrivez des idées reçues en Algérie et en France sur les harkis. Lesquelles ? En France, deux idées dominent, qui sont toutes les deux fausses : les harkis se seraient engagés « par amour du drapeau tricolore », et ceux qui sont restés en Algérie en 1962 auraient tous été « massacrés » par le FLN. En Algérie deux fausses idées dominent aussi : les harkis seraient des « traîtres » ou des « collabos », et ils seraient à peu près tous partis en France en 1962. Il existe une troisième idée, totalement ridicule : ceux qui sont restés auraient pris le pouvoir et seraient aujourd’hui encore dans le gouvernement. Pour les Algériens, les harkis sont des « collabos ». Qu’en est-il en France ? Cette idée peut-elle évoluer ? Cette idée fausse (« traîtres », « collabos », « amour du drapeau tricolore ») repose sur l’idée que ces hommes auraient fait un choix idéologique lorsqu’ils sont allés frapper à la caserne des Français. Qu’ils étaient intellectuellement en faveur du maintien de la colonisation. Or ce n’était pas du tout le cas. Il s’agissait de paysans qui souf- fraient de l’oppression coloniale depuis plus d’un siècle. Quand la guerre est venue dans les villages, avec toute sa violence et sa misère, leur objectif était la survie de la famille. Dans certaines familles, d’ailleurs, certains sont montés au maquis, d’autres sont allés chez les Français, histoire d’être protégés des deux côtés. Les collabos français, eux, ont fait un choix idéologique en 1940 : ils étaient pour les nazis, ils étaient contre les juifs, ils voulaient une dictature en France. Comment expliquez-vous que ces harkis soient restés en Algérie après l’indépendance ? C’est logique. Dans la plupart des villages, tout le monde savait que les harkis n’étaient pas des salauds qui avaient fait un choix idéologique, mais des paysans pauvres qui se battaient pour la survie de leur famille. Si pendant la guerre, le harki n’avait pas accompli d’acte ignoble (torture ou viol), le village lui a pardonné. Et comme dans de nombreuses familles, au sens large, il y avait des moudjahidine et des harkis, tout le monde a décidé de tourner la page. Que voulez-vous démontrer ou expliquer à travers votre livre ? je ne veux rien « démontrer ». j’ai réalisé une enquête approfondie, j’ai passé des semaines et des semaines à travers le pays pour rencontrer ces vieux harkis, j’ai parcouru des milliers de kilomètres, j’ai recueilli des témoignages d’hommes qui n’avaient jamais raconté leur histoire à personne, j’ai retranscrit ces récits en vérifiant le mieux possible la véracité des faits, et je les ai replacés dans l’histoire générale de la guerre et de la colonisation. Avec cette enquête, j’offre de nouveaux matériaux à ceux qui cherchent à comprendre avec distance et honnêteté ce qu’a été la guerre de libération de l’Algérie, dans toute sa complexité. Qu’est-ce qui a été difficile dans le projet de cet ouvrage ? En plus de retrouver ces hommes et de les convaincre de me parler, j’ai dû m’organiser pour me rendre dans ces villages sans La reconnaissance de la part du président français François Hollande de la souffrance des harkis va-t-elle changer leur situation ? Aura-t-elle (a-t-elle) des retombées négatives sur les relations entre les deux pays ? Les 25 000 harkis et leur famille (80 000 personnes en tout) arrivés en France en 1962 ont terriblement souffert. La moitié a été parquée dans des camps, tous ont subi le racisme et le subissent encore. j’ai trouvé cela particulièrement indécent de la part de François Hollande de se souvenir soudain de ces souffrances à 7 mois de la prochaine élection présidentielle. Le même jour, tous les candidats à cette élection (Nicolas Sarkozy, Alain juppé, François Fillon) ont aussi versé leurs larmes de crocodile sur le malheur des harkis, et la honte de la France. Mais tout cela, c’est de la comédie. Car pour reconnaître aux harkis leur statut de victime de la France, il faudrait admettre avant tout qu’ils ont été les victimes de la colonisation, et que la colonisation était un crime en soi. Et cela, malheureusement, aucun responsable politique français n’a le courage de le faire. A.i. 422 internet et lA SOCiÉtÉ de l’inFOrMAtiOn Wolton…ades 4Par dominique Wolton Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 (Suite) Si internet n’est pas réglementé, il pourrait devenir une menace réelle pour nos libertés individuelles et collectives, toujours fragiles. Les techniques n’apportent pas la liberté. Elles peuvent réellement établir et pérenniser la liberté. Les techniques ne peuvent se subtiliser à la loi, sauf à imposer celle de la puissance économique qui les contrôle, peinte aux couleurs de la liberté. I l serait d’autant plus dommage que le Net soit le symbole d’une réelle innovation et atteste un fort besoin de créativité. C’est un superbe support d’utopies sociales et culturelles, bien plus importantes que les prouesses techniques. Pou éviter que ces utopies cèdent à la seule loi du marché, il faut multiplier les expériences, comparer, évaluer, être empirique et ne pas confondre performance technique et changement de rapports sociaux, dans cette perspective, affirmer haut et fort que la loi ne tue pas la liberté de communication, elle la protège, contrairement à ce que prétend l’idéologie de déréglementation. Internet possède une dimension émancipatrice qui sera préservée en privilégiant la logique de la communication et les enjeux de société qu’elle porte, par rapport à la logique de l’information qui reste centrée sur la performance des outils et des techniques industrielles. L’idée générale consiste à socialiser les techniques pour éviter de techniciser la société. Préconisation corollaire : il ne faut pas séparer les nouvelles techniques des medias traditionnels. Nouveaux et anciens sont en réalité complémentaires, ne ressortissant pas à la même échelle de communication. Penser la communication technique en termes de hiérarchie, c’est sacrifier à l’idéologie technique. Les jeunes générations sont séduites, à juste titre, par la performance technique. Il faut pourtant leur faire comprendre que l’essentiel de la communication n’est pas là, mais dans la grandeur et la difficulté des rapports humains, une trop forte fascination technique provoquera de profondes désillusions quand toute une classe d’âge constatera que les rapports sociaux n’ont pas changé. En un mot, résister au « jeunisme technique ». Ce n’est pas l’ambigüité d’internet qui est en cause, mais la fausse croyance selon laquelle on pourrait passer facilement, presque ludiquement, de la dimension possible d’internet, celle d’un outil compatible avec un projet politique de solidarité au nord et destiné à équilibrer les relations Nord-Sud. internet et leS induStrieS CulturelleS L’idée d’utiliser internet pour aider certaines industries culturelles, dont l’édition en sciences sociales appelle trois commentaire qui illustrent l’emprise actuelle de l’idéologie technique. Partant du fait qu’internet distribue un grand nombre d’informations d’un bout a l’autre de la terre, on rêve d’une augmentation considérable de l’offre de connaissance. Ce qui suppose l’offre actuelle étranglée, notamment par les éditeurs. Or jamais l’idée d’une difficulté des sciences sociales à décrypter et rendre intelligible un monde de plus en plus compliqué n’est évoquée. jamais n’est suggéré non plus le décalage entre une societe qui ne cesse, apparemment, de demander des connaissances aux science sociales, mais qui lui préfère, dans l’écrasante majorité des cas, les propos des journalistes, hommes politiques, et des experts car ceux-ci sont davantage dans l’air du temps. jamais non plus n’est évoqué ce décalage, presque inéluctable, entre le discours des sciences sociales et les autre discours existant dans la société. Et surtout personne ne pose la question de la deman- de. Celle-ci est hélas souvent faible par rapport à ce type de connaissance. Bref, il y a de très nombreuses explications à cette reconnaissance difficile des sciences sociales, où l’étroitesse du marché et les ravages du photocopillage jouent aussi un rôle déterminant. Au lieu de reconnaitre cette complexité des rapports entre l’offre et la demande, on se focalise sur le système technique. Augmenter la capacité de diffusion résoudrait tous les problèmes, en réduisant le rôle des éditeurs, considérés comme responsables de la crise actuelle. Pourtant leur fonction est essentielle, même si elle est toujours critiquable, car l’éditeur sélectionne, oriente, conseille. On retrouve ici une idée dominante d’internet : haro sur l’intermédiaire, soyez libres, faites tout vous-mêmes ! devenez votre éditeur. La critique elle, touche aussi le journaliste dont on veut réduire le rôle au profit du mythe de l’ « information en direct », le professeur auquel on préfère le dialogue homme/machine, où l’homme politique bientôt remplace la démocratie électronique. Bref, le modèle est le suivant : vous avez toutes les compétences. Faites tout, tout seul. Or ce n’est pas parce que chacun peut accéder au net que chacun dispose des compétences. Pour gérer et apprécier les millions d’informations qui y circulent : et surtout, cette idéologie de la liberte poussée a l’extrême, oublie de rappeler le lien entre internet et le commerce electronique et de forums alternatifs ! pourquoi internet irait-il aider par exemple l’édition en sciences sociales ou toute autre industrie culturelle, si demain il peut, en ligne, satisfaire le milieu universitaire, académique et scientifique, en le débarrassant des « coûts » de l’édition du livre ? Ces services interactifs, mêlant documentation et édition et où chacun sera simultanément auteur et lecteur, structureront un marché electronique rentable, assez éloigné du rêve d’une société transformée en vaste librairie. La oùcertains ne voient que la liberté, d’une bonne partie des connaissances scientifiques, culturelles, et artistiques. Et a des taux de rendement qui feront paraitre bien modestes les exigences des éditeurs et des producteurs actuels. Si l’information et la connaissance entrent, comme on le dit depuis plus de trente ans, directement dans une logique de l’économie, il y a toute chance que leur prix soit bientôt sans commune mesure avec ce que nous connaissons… Au-delà du prix, se pose la question essentielle de la validation. Si chacun peut mettre « librement » sur le réseau ce qu’il veut, qui contrôle ? On le voit déjà avec la tendance à vouloir contourner les revues scientifiques au profit de connaissances circulant « librement » sur lees. Sans parler des possibilités d’erreurs, d’espionnages scientifique ou industriel, voire de manipulations qui sont sans rapport avec l’idéal libertaire existant actuellement. Non, Internet, comme réseau, est trop lié a des enjeux gigantesques de production et diffusion d’informations scientifiques, économiques et demain culturelles de toute nature pour qu’il soit possible naïvement de croire que le déplacement des industries de la presse, de la connaissance et de la culture sur le net ne créerait pas de redoutables problèmes déontologiques, économiques et politiques. Non seulement le système technique ne crée aucune vertu, en soi, mais surtout le récepteur n’est pas non plus une oie capable d’absorber une quantité croissante d’informations, de connaissances, de culture sans filtres, hiérarchie, compétences, intermédiaire et confiance. d. W. A suivre 423 algéiades Indice de la consommation Les Algériens subissent la flambée des prix les statistiques du ministère du Commerce montrent qu’il y a eu une flambée généralisée des prix des produits alimentaires qui impacte directement les portefeuilles des consommateurs algériens. Les prix de la majorité des produits alimentaires ont connu une hausse importante depuis le mois d’août dernier par rapport à la même période de l’année dernière, selon la même source. A titre indicatif, le riz a augmenté de 7,1%, les pâtes alimentaires de 7%, la farine conditionnée (6,3%), le concentré de tomate (5,6%), le thé (5,3%), le sucre blanc (2,3%), le café (1,7%), les huiles alimentaires (1%) et la semoule ordinaire (0,1%). Même chose pour les légumes secs, à l’exception des haricots secs dont les prix ont baissé de 7%. Le prix des pois chiches a connu une flambée (+60,4%). Les lentilles ont, en revanche, augmenté de 22,1%. Beaucoup de légumes frais ont connu également la même tendance, à l’image de l’ail importé (+28,7%), l’ail local sec (+18,2%) et la tomate fraîche (+17,6%). Les seuls produits qui font exception sont l’oignon sec (-31,4%) et la pomme de terre (-8,3%). Les prix des viandes ont également connu la même tendance haussière (poulet éviscéré avec 13,7%, viande bovine congelée (1,5%). Les prix des œufs sont montés aussi en flèche avec un taux de 33,3%. En somme, presque tous les produits alimentaires ont connu des hausses. Ces augmentations qui touchent même des produits subventionnés par l’Etat et dont les prix sont plafonnés, augurent de lendemains encore plus douloureux. En effet, les augmentations prévues dans le cadre de la Loi de finances 2017, celles par exemple relatives aux taxes dont les taux sont revus à la hausse, ne manqueront pas d’entraîner de nouvelles augmentations. Au final, c’est le consommateur qui payera la différence de toutes les augmentations directes et indirectes. Mila Le foncier agricole en danger « la sonnette d’alarme est tirée, désormais l’Etat sévira par la force de la loi. Aucune parcelle agricole ne sera plus déclassée pour servir à des projets urbanistiques ou industriels ». C’est en ces termes que Abderrahmane Madani Fouatih, le wali de Mila, wilaya de l’est de l’Algérie, dresse le constat du détournement du foncier agricole devenu préoccupant. Comme le précise le site d’information El Watan, la situation est critique. « Des plaines entières, réputées autrefois pour la qualité de leurs terres, servent actuellement d’assiettes aux projets immobiliers ou économiques. Les terres agricoles de la wilaya de Mila se Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016 rétrécissent comme une peau de chagrin à cause de la multiplication des actes de détournement de ce foncier au profit de projets urbanistiques ou industriels. Pas une seule commune n’est épargnée par le déplorable phénomène qui touche tant les terres privées qu’étatiques », rapporte le site. Si la situation est préoccupante, le wali compte toutefois situer les responsabilités. « Parfois le mal vient de l’intérieur des institutions de l’Etat. Il existe des élus corrompus ou ingrats qui utilisent leur pouvoir pour détourner des terres à leur propre profit ou aider à ce détournement. L’Office national des terres agricoles doit faire son travail de protection des terres et ouvrir une enquête approfondie pour débusquer tous les prédateurs du foncier agricole », a-t-il conclu. Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture a installé récemment une commission pour élaborer un plan global visant à réhabiliter les terres agricoles abandonnées ou peu exploitées. Cette commission a été installée afin de réfléchir sur les moyens et les efforts à fournir pour exploiter les terres agricoles abandonnées appartenant à l’État et aux privés, précise le ministère. Ces terres en jachère constituent 48% de la superficie globale des terres agricoles en Algérie, un potentiel négligé qui doit être mis à profit très rapidement. Marché de l’automobile Les véhicules coûteront encore plus cher en 2017 Après une augmentation qui a suscité des polémiques durant l’année en cours, les prix des véhicules vont encore augmenter en 2017, annonce l’association des concessionnaires automobiles, AC2A. « Pour 2017, il y aura d’autres augmentations des prix des véhicules neufs. On s’attend à une dévaluation supplémentaire de 15% du dinar par rapport aux autres monnaies. Cela va donc se répercuter systématiquement sur les prix des véhicules neufs qui devraient augmenter entre 15 et 20% », a indiqué mardi à Alger le président de cette association, Sofiane Hasnaoui cité par l’APS. Il a expliqué que la hausse actuelle des prix est le résultat non seulement de la dévaluation de 30% du dinar depuis les deux dernières années, mais aussi du coût de certains équipements qui étaient optionnels auparavant mais devenus obligatoires en application du nouveau cahier des charges, notamment ceux liés à la sécurité (ABSAirBag). Pour le président de l’AC2A, les augmentations des prix attendues pour 2017 seront engendrées par les quotas d’importation des véhicules neufs prévus pour l’année prochaine. Il a expliqué que l’achat des véhicules neufs sera plus cher auprès des constructeurs à l’étranger du fait que ces derniers augmentent systématiquement les prix lorsque les commandes ne sont pas importantes. Néanmoins, le marché local devrait connaître un « renversement » positif une fois que l’offre locale sera plus conséquente, a prédit M. Hasnaoui qui a considéré que le marché avait de « bonnes perspectives de croissance », surtout que sur un parc avoisinant les 6 millions de véhicules, 65% ont plus de 10 ans d’âge. Citant l’exemple de Renault Algérie, M. Hasnaoui a indiqué que l’usine de montage était « en avance » en termes de croissance par rapport aux prévisions initiales, en précisant qu’elle produit actuellement 40.000 unités annuellement au lieu des 25.000 prévus au lancement. Sur le plan social, la crise financière et des mesures prises pour réduire les importations des véhicules (licences d’importation…), a poussé les concessionnaires à perdre 50% de leurs effectifs qui étaient de 50.000 emplois directs et de 100.000 emploi indirects créés à travers les réseaux de distribution et les points de vente. Les concessionnaires s’attendent également à des pertes de 85% de leur chiffre d’affaires en 2016, selon M. Hasnaoui. Nouvelle ville de Sidi Abdellah Nouveau pôle urbain ou simple bide architectural ? le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la ville, Abdelmadjid Tebboune, vient de réitérer encore une fois la nécessité de faire de la nouvelle ville de Sidi Abdallah un modèle urbanistique pour les autres nouvelles villes lors d’une visite de travaille effectuée récemment sur les chantiers. Mais à défaut de pôle urbanistique, on assiste actuellement au développement d’une véritable citédortoir. La Nouvelle ville de Sidi Abdellah devait changer le visage de l’Algérie. Elle devait permettre d’offrir un cadre de vie agréable et une nouvelle façon de construire nos villes. Pour l’heure, la nouvelle ville de Sidi Abdellah n’abrite que des logements AADL. « Sidi Abdallah doit obéir à une conception architecturale bien élaborée qui tienne compte des moindres détails pour constituer, à l’avenir, un modèle de pôles urbains et de nouvelles villes », a expliqué le ministre en évoquant les grandes lignes d’un projet qui tarde à venir au regard des bides architecturaux qui poussent comme des champignons aux quatre coins du pays. Banques publiques Vers une en 2017 l’etAt enviSAGe la recapitalisation de ses banques publiques en 2017 pour un montant global de 380 millions de dollars en 2017, selon la version finale du projet de la Loi de Finances 2017. Ce plan de recapitalisation vise à remédier au manque de liquidités dont souffrent les banques publiques. Ce manque est dû, selon la Banque d’Algérie, à la baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures. A l’issue de cette baisse, le gouvernement a décidé d’augmenter le capital social de ses banques. Il est à rappeler que dans un contexte de chute des recettes pétrolières, l’Etat avait l’intention d’ouvrir son marché bancaire aux investisseurs privés, locaux et étrangers et de permettre aux banques publiques de s’introduire en Bourse, dans le but de diversifier leurs sources de financement et de développer leurs activités. Les autorités algériennes avaient déjà envisagé d’ouvrir le secteur bancaire aux capitaux étrangers en 2007, lorsqu’elles avaient annoncé la privatisation du Crédit populaire d’Algérie (CPA), mais elles se sont rétractées pour éviter d’importer la crise financière internationale via cette ouverture aux capitaux étrangers. Crésus # 55 du dimanche 16 au samedi 22 octobre 2016a PUB