Là où sont mes pieds, je suis à ma place

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Là où sont mes pieds, je suis à ma place
« Là où sont mes pieds, je suis à ma place »
Il doit être environ 5h 30, l’heure où la roche s’empourpre, où les cactus cessent d’être des
fantômes, l’heure où les rêves restent suspendus, l’heure où l’Arizona s’éveille. Dans cette
aube déjà sanguine, Mia réajuste doucement des draps, caresse des cheveux, ramasse le
doudou. En sortant de la chambre, son visage tanné par trente années de soleil esquisse une
grimace. Elle ferme les yeux et envoie un baiser pour ses trois enfants. Elle est sûre, à cet
instant, d’avoir fait le bon choix. En traversant le séjour où flottent encore les effluves des
tacos de la veille, elle jette un coup d’œil indifférent à Bart, vautré dans le canapé hors d’âge.
Mia enfile ses tongs, saisit son sac de cuir fauve, prend soin d’en vérifier le contenu et
s’apprête à sortir. Une main sur la poignée de la porte, elle se retourne et s’attarde finalement
sur l’attrape rêve qui trône sur le mur. Mia, fanée de n’avoir pas su capturer le bonheur, se
détourne et se résout à quitter la petite maison aux murs crépis de blanc.
Au volant du vieux pick-up dont le bleu dut être rutilant à une époque où tout était encore
possible, Mia se sent habitée par un sentiment inconnu et aussi indéfinissable que la couleur
du canapé. Son cœur s’emballe. Il lui faut juste terminer ce qu’elle vient d’entreprendre, ce
n’est plus qu’une question de temps, quelque chose comme un pas à franchir, un courage à
trouver, une couleur à inventer. Le souffle court, Mia quitte le conté de Pima, Mia quitte Ajo,
la petite ville lovée dans la pierre rouge qui propose le désert comme horizon, du possible à
l’infini. A l’angle de Hoover et Sahuaro, devant la station service, elle aperçoit Angus dans sa
sempiternelle salopette en jean, une casquette orange vissée sur la tête. Il est déjà à la tâche.
Au passage du pick-up, il reconnaît Mia et lui fait un signe de la main. Elle lit sur le visage
d’Angus l’étonnement de la voir passer d’aussi bonne heure. Désormais dans un autre rythme,
elle peine à lui rendre son salut. Instinctivement, elle jette un coup d’œil sur le siège passager.
Elle s’assure que son sac est bien à côté d’elle et poursuit sa route. Angus s’étonnera aussi que
Mia ne s’arrête pas.
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Cela fait maintenant une heure que Mia roule à la recherche du temps dont elle a besoin. Elle
est près du but. Lorsqu’elle s’engage sur la freeway, les indicateurs du pick up se mettent
soudain au rouge. Rouge, l’urgence. Elle va manquer de carburant. Elle passe nerveusement
une main dans ses longs cheveux dont l’éclat auburn n’est plus qu’un souvenir. Elle se gare
sur une chicane, engouffre sa main dans son sac puis se ravise. Elle n’est pas encore prête.
Elle redémarre, continue sur la 85 north, en direction de Phoenix puis s’arrête au premier
motel qu’elle rencontre, le Days Inn.
Lorsqu’elle sort du pick-up, l’air chaud, comme un souffle torride dans cet été qui n’en finit
pas, l’a saisi sans pour autant apaiser le froid qui s’est installé en elle. A la réception, il lui
semble que le sordide est au rendez vous. Étrangement, elle y fait attention et se sent en
harmonie. Elle évite de justesse les seaux déposés dans le hall qui recueillent le goutte à
goutte d’une climatisation défectueuse. Mia s’avance dans le hall empreint d’un savant
mélange de fragrances hot dog et désodorisant vétiver. Nauséeuse et glacée, elle devine,
parmi les pitoyables plantes en plastique, la tête d’une réceptionniste mal réveillée. Derrière
son comptoir, entre deux bâillements à peine dissimulés et un air renfrogné assumé,
l’employée vérifie la disponibilité des chambres. Mia regarde des ongles négligemment
laqués de noir se promener mollement sur le clavier et reste suspendue à cette manucure
douteuse. Oui, elle va passer une nuit, non, elle ne souhaite pas de petit déjeuner, oui, elle
paye cash, non, pas de wifi. Mia a hâte de se retrouver seule, n’a pas envie de parler ni
d’écouter celle qui s’applique à être désagréable. Mia ne veut plus d’entrave sur son chemin,
Mia ne veut plus avoir froid.
La chambre est sans surprise. Face aux murs jaunâtres et maculés, Mia se dit que le désespoir
avait donc une couleur. Elle tire les rideaux et se laisse glisser le long du mur, son sac sur la
poitrine. Assise, les jambes repliées, elle soupire. Voilà, c’est presque fini. Encore un tour
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dans les pensées pour prendre l’élan et ce sera terminé. Son regard finit par se fixer sur le
tatouage navajo qui enserre sa cheville droite et elle caresse machinalement les deux frises
aux motifs géométriques entre lesquelles se déroulent les lettres turquoise « Là où sont mes
pieds, je suis à ma place ». C’était il y a longtemps. C’était quand l’espoir l’habitait. C’était
quand elle avait rencontré Bart et que son corps avait immédiatement réclamé les mains bistre
et noueuses du brun ténébreux. Il venait de s’installer à Ajo et Angus l’avait embauché dans la
station service. Mia venait d’arrêter de tièdes études et était revenue en ville. La pharmacie du
Walmart cherchait une vendeuse à mi-temps, elle s’était présentée en attendant de trouver
quelque chose qui lui conviendrait vraiment. C’est là qu’ils s’étaient rencontrés. A ce moment
là, Bart s’interrogeait sur la proposition d’Angus qui voulait faire de lui son associé pour
développer la petite station service. Mia allait lui offrir la confiance qui lui manquait, elle
habiterait dans l’enthousiasme et les doutes de celui qu’elle aimait. Elle ne se contenterait plus
de vivre, elle existerait et tout serait parfait. C’est à ce moment là qu’elle s’était fait tatouer la
cheville, comme pour sceller le début de sa nouvelle vie avec Bart, comme pour s’inscrire
dans la vie, pour de vrai.
Cette union n’avait pas recueilli l’assentiment des parents de Mia mais elle s’était sentie
suffisamment forte pour assumer son choix. Avec une belle assurance, elle désirait quelque
chose comme un aller simple, un voyage riche, entier, un voyage dont on ne revient pas. Bart
n’avait plus de famille proche depuis longtemps et elle enviait la liberté que cela procurait. A
peine installés dans la petite maison aux murs blancs à flanc de colline, Bart avait voulu un
enfant. Les jumelles étaient d’abord arrivées, Ashley et Molly, suivies de Sunny un an plus
tard. Malgré la bienveillance et la patience d’Angus, Bart s’était très vite découragé et ses
projets n’existaient résolument plus que dans sa tête, que dans son discours. L’énergie que
Mia avait insufflée n’agissait pas. Mia découvrait Bart. Mia ne trouvait plus sa place. Épuisée,
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elle commençait à ressentir le froid et le gris s’installer elle. C’est du côté de la maternité
qu’elle avait alors choisi d’exister, comme un choix de deuxième catégorie. Elle aurait
tellement aimé trouver une belle harmonie avec Bart et fonder une famille dans
l’enthousiasme mais, non seulement Bart ne se laissait pas aimer comme elle l’aurait voulu,
mais il franchissait la ligne rouge. Déçue pour toujours, Mia était définitivement blessée, la
tristesse vissée au corps.
Recroquevillée dans la chambre du Days Inn, Mia veut pleurer mais plus rien ne vient. Aride,
faisant corps avec le désert, le regard dans le vague, elle réalise que son horizon se limite
désormais aux quatre murs de cette chambre miteuse. Elle serre un peu plus fort son sac et
finit par y déposer les clés du pick-up. Insérés dans le porte clé, trois petits visages familiers.
Ashley et Molly, photographiées ensemble… C’était le jour du grand barbecue dans le parc
municipal, c’était le dimanche du big rummage sale… Il y a deux ans déjà. Les jumelles
mordaient à l’unisson dans un donut géant avec tellement de gourmandise. Mia les avait
trouvées drôles et touchantes dans cet instant alors, elle avait voulu fixer du souvenir positif.
Elle se souvient aussi qu’à la fin de cette journée elle avait quitté rapidement la fête pleine de
honte. Bart, l’esprit échauffé en était venu aux mains avec son voisin pour une sombre
histoire de place de parking. Le désert avait gagné du terrain ce jour là aussi. Juxtaposé à la
photo de ses soeurs, Sunny éclate de rire, laissant découvrir un diastème dont elle avait
toujours questionné l’hérédité. Dans le prisme jaunâtre de cet instant, elle repense aux parents
qu’ils avaient été. Bart se montrait fier de sa paternité et l’arborait comme une carte de visite.
Ca, c’était pour les autres, pour se donner contenance et épaisseur. Sûrement que plus
personne n’était dupe et Mia ne sentait que trop les regards de compassion qu’elle suscitait.
Insupportable. Les filles avaient grandi en silence, comme pour laisser l’espace et le temps
aux parents de régler ce qu’ils avaient à régler. Mais ils n’avaient rien réglé. Ashley affichait
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toujours un air grave. Mia surprenait souvent son regard de braise dans le vide et ne savait que
trop le feu que son père y avait allumé. Molly n’était pas plus gaie mais s’enracinait
davantage dans l’action, parade pour rendre la vie supportable. Sunny semblait pour l’instant
plus gai mais des monstres terrifiants venaient hanter ses nuits. Mia observait intensément ses
enfants, prenait la température de leur vie. Elle aurait tant aimé leur offrir, sinon le zénith, un
quotidien acceptable. Coupable à tout jamais de les avoir mis au monde pour des promesses
intenables, coupable de ne pas avoir su les protéger d’une réalité qu’elle n’avait pas vue venir,
elle se promenait, faute de mieux avec le sourire de ses enfants en bandoulière, pendus à la clé
du pick-up bleu. Quelque chose comme un grain de sable échappé du désert était venu enrayer
la promesse du bonheur et avait propulsé Mia loin de ses rêves.
Confinée entre les quatre murs du Days Inn Mia sort à présent de son sac un flacon, se lève, se
dirige vers la salle de bain. Voilà, c’est maintenant. Elle jauge son image dans le miroir,
étonnée d’avoir encore une matérialité. Elle ne s’attarde pas sur son reflet. Il n’est plus temps
de réaliser à quel point elle ne se ressemble plus. Depuis que les enfants allaient à l’école, Mia
avait repris le travail à mi-temps dans la pharmacie. L’activité lui procurait un peu de
l’oxygène qui lui manquait, un semblant de dignité aussi. A la maison, les mains de Bart
étaient devenues encombrantes. Elle aurait aimé continuer à le désirer mais il l’abîmait trop.
Parfois, cependant, dans un sursaut d’énergie, elle essayait de le ramener à une réalité qu’ils
auraient pu partager. Elle tentait de réinscrire leur histoire dans le bonheur légitime. Cela
marchait parfois quelques jours, juste le temps pour Mia de se remettre à y croire et puis les
colères, les fuites et le chao, et le froid, et le gris à nouveau. Alors, Mia, pour rester debout
rêvait devant la série télé « Les mille couleurs des sentiments » qu’elle regardait avec un
plaisir coupable chaque samedi après-midi. Là, lorsque Bart disparaissait vers un ailleurs
mortifère sans qu’elle ne puisse jamais le retenir, elle trompait son angoisse et son désespoir
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devant le petit écran. Saisons après saisons toute la gamme colorée des sentiments se
déclinait mais pour un temps seulement. Assise à même le sol, la tête dans ses mains, Mia
assistait au déroulement de la vie parfaite. Lorsque Janice et Mickael traversaient une crise,
l’apaisement était au rendez-vous la semaine suivante et avec lui, une palette rayonnante. De
même, lorsque Samantha nageait dans un rose écœurant avec Cruz, bien vite, la
machiavélique Belinda venait assombrir le tableau mais pour un temps seulement. Tous
restaient beaux, fidèles à eux-mêmes, leur désir intact, quoi qu’il advienne, leurs vies avaient
du rythme et tout se colorait, se décolorait et se recolorait au fil des semaines, au fil des
saisons. Mia sentait en revanche gagner le gris au fil des jours, de plus en plus intense,
profond, indélébile. Le gouffre se creusait, béant, déjà noir, sans qu’elle ne puisse ni le
franchir, ni y plonger. Bart projetait ses fêlures et faisait d’elle sa chose, celle qui ne faisait
jamais les choses comme il fallait, celle qui élevait mal les enfants, celle qui rangeait mal les
affaires, celle qui tenait mal la maison, celle qui ne valait rien. Mia avait fini par comprendre
qu’elle aurait bien pu en faire dix fois plus, le résultat n’aurait pas été meilleur aux yeux de
Bart. Alors, elle en faisait de moins en moins, c’était son pitoyable acte de résistance et elle
regardait se consumer ce qui lui restait de confiance en elle. Bart était le pyromane et les
larmes de Mia ne pouvaient venir à bout des incendies qu’il allumait. Mia, vaillant petit
soldat, trop à l’étroit dans cette vie, lasse d’attendre un bonheur qui ne viendrait plus, sidérée
par les contours de ce qu’était devenue son existence, n’entrevoyait plus l’espoir. Seul, le
sentiment puissant et violent de s’être trompée de vie l’envahissait. Lorsque la réalité venait
l’arracher prosaïquement à ses rêveries, elle ne savait même plus qui elle était. Plus le temps
pour s’occuper d’elle, plus d’envie non plus. Toujours affublée d’un jean et d’un tee-shirt
quelconque, Mia ne rêvait même plus d’une robe, d’un joli chemisier ou d’une nouvelle paire
de chaussures. Mia renonçait. Bart n’était plus son héros.
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Avec l’énergie et le désir qui lui restait, Mia cherchait seulement et désespérément une issue à
sa situation, une ouverture vers du vrai bonheur. Partir, tout quitter, emmener les enfants loin
était le seul projet viable, mais elle ne parvenait pas à renoncer à ses choix originels, ne
pouvait rompre le pacte de fidélité, celui qu’elle n’avait conclu qu’avec elle-même. Elle en
voulait terriblement à Bart d’avoir brisé son rêve et il devenait maintenant urgent de protéger
les enfants d’une situation qui devenait hors de son contrôle. Au pied du mur, elle devait
réagir et se demandait encore et encore comment. Matériellement la situation était désastreuse
et le passage pour un avenir paisible était plus qu’étroit. Désespérée, Mia n’était plus rien,
elle était le désert. Elle avait laissé Bart faire d’elle un buisson ardent misérable qui s’agitait
au gré du vent. Elle n’était plus la jeune femme rayonnante qui ne demandait qu’à aimer. Elle
l’avait laissé aspirer les pigments de sa jeunesse, et, de l’autre côté de la ligne rouge, il était
devenu le maître sans limite, le cactus géant aux épines acerbes, le cactus vert et sa superbe,
épanoui, gorgé d’eau. Il était le saguero géant.
Avec la conscience douloureuse de s’être finalement trompée d’existence, Mia, lasse, éteinte,
se regardait avancer dans la vie. En boucle, elle se demandait ce que ses enfants feraient de
l’indicible, comment elle pourrait les remettre sur la piste d’un avenir sinon heureux, tout du
moins acceptable. Elle se demandait comment ne pas inscrire dans leur histoire leur père
cactus, leur mère buisson ardent et le désert autour d’eux. Mia se demandait comment tout
annuler, comment tout recommencer, comment ne pas graver dans l’histoire de ses enfants le
bonheur raté, comment ne pas laisser de traces sombres et indélébiles dans leur cœur.
Prisonnière de ses pensées, attendant la manne qui l’embarquerait vers un meilleur rêve, celui
des « mille couleurs des sentiments », elle commençait à se concentrer sur une solution. Elle
allait réaliser la nouvelle saison de son existence, celle qui n’existerait jamais dans sa série
télé.
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Les bruits de la circulation tapageuse de Phoenix extirpent pour un temps Mia de ses pensées.
Toujours face au miroir de la salle de bain elle fixe maintenant cette fiole qui va lui offrir la
délivrance et elle se souvient du jour où l’évidence s’était imposée à elle. Ce jour là, elle reprit
le contrôle de sa vie, ce jour là elle devint la guerrière qui allait diriger sa vie vers une issue
radicale, définitive, la seule acceptable. Il lui fallait s’organiser pour ramener de la pharmacie,
chaque jour, en petite quantité le sérum de la délivrance. Le soir du 3 septembre, Mia jugea la
quantité suffisante et mit en œuvre son entreprise. Ashley et Molly burent comme à
l’accoutumée leur lait d’une traite, en silence. Mia les observait, des battements de cœur
inconnus dans sa poitrine. Elle les embrassa comme jamais et elles allèrent se coucher pour
toujours. Sunny fit traîner le rituel et finit par déglutir la boisson. Elle le prit dans ses bras,
s’emplit de l’odeur douce et familière. Une fois dans son lit, les yeux du petit garçon se
fermèrent, clos pour longtemps. Vint ensuite le tour de Bart. Installé sur le canapé devant le
match des Diamondbucks ou des Giants, Mia lui proposa une bière. Il s’en étonna et se laissa
faire.
Voilà, c’était fini. Maintenant, c’était son tour. Elle était sûre de pouvoir y arriver et pourtant,
elle n’y arrivait pas. Après une nuit passée à osciller entre détermination et hésitation, elle
finit par penser que ce serait plus facile loin de la maison. Elle décida alors de différer et de
mettre un terme à cette vie, à cette erreur, plus loin, quelque part ailleurs comme pour sentir le
souffle de la paix, avant la véritable libération.
De sa chambre du Days Inn, Mia entend soudain les sirènes de la patrouille de police. Elle
entend les pas assurés qui arrivent, rythmés par des cliquetis comme des trousseaux de clés.
Alors, elle se dit qu’il est temps, déjà. Angus est sûrement passé à la maison et a donné
l’alerte. Elle ouvre nerveusement le flacon de la délivrance, et comme un mantra répète
mentalement « là où sont mes pieds, je suis à ma place ». Ne plus réfléchir. Ne plus penser.
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Vite. Finir l’histoire, avant que la porte ne s’ouvre.Vite. Avant que ne s’annule le courage.
Avant que ne s’efface la couleur inventée. Avant que ne se déprogramme l’autre saison.
Seulement déglutir et se remplir de délivrance, là, maintenant.
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