Les colonies de vacances ont fait le plein cet été en Isère

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Les colonies de vacances ont fait le plein cet été en Isère
page 2 Lundi 27 Aout 2012
Le Dauphiné Libéré
LE FAIT DU JOUR
La fréquentation
des séjours collectifs en baisse
ENQUÊTE
n Selon l’Observatoire des
vacances et des loisirs des
enfants et des jeunes (Ovlej),
« parmi l’ensemble de la
population des 5­19 ans,
8,4 % étaient partis au moins
une fois dans le cadre de
séjours collectifs (colonies,
camps de vacances et séjours
linguistiques) en 2004, 7,5 %
en 2011. Au début des années
90, ces séjours accueillaient
chaque année 14 % de la
population des 5 à 19 ans. »
Sondage réalisé par téléphone
entre le 6 octobre et le
9 décembre 2011, selon
la méthode des quotas,
auprès d’un échantillon
national de 2 551 familles
ayant un ou plusieurs
enfants âgés de 5 à 19 ans.
AVEC SES NOMBREUSES RICHESSES, NOTRE DÉPARTEMENT EST DEVENU
Les colonies de vacances
Si les effectifs des
colonies de vacances
ont connu une forte
baisse ces dernières
années, ils ont tendance
à repartir à la hausse
cet été en Isère.
Un bilan positif grâce
à la mobilisation
des professionnels.
M
ontagnes, lacs, patri­
moine, le départe­
ment de l’Isère ne
manque pas de res­
sources pour occuper les en­
fants. Une richesse qui, à en
croire les premiers bilans des
colonies d’été, a su séduire pe­
tits et grands.
Au total, 570 séjours de va­
cances ont été dénombrés cet­
te année, contre 540 en 2011,
selon la Direction de la cohé­
sion sociale de l’Isère.
Une légère augmentation
qui met un terme à plusieurs
années de baisse, mais qui res­
te encore loin des 638 séjours
de 2007.
Pérenniser les colonies
Et pour cause, de nombreux
centres de vacances, pouvant
notamment accueillir les colo­
nies, ont fermé. La plupart
n’avaient pas les moyens de
faire face aux contraintes ré­
glementaires de plus en plus
importantes.
Si, en 2005, le département
comptait 97 structures, elles ne
seraient plus que 76 en 2012,
dont 22 dans le Vercors et 12
en Oisans, selon l’Observatoi­
re d’Isère Tourisme.
Pour autant, les différents
organismes ne baissent pas les
bras et s’organisent pour pé­
renniser les colonies en Isère.
En 2012, 570 séjours de vacances se sont déroulés en Isère, contre 540 en 2011. Photo DL/Archives
Dans le Vercors, les 66 centres
de vacances (Isère et Drôme)
se sont fédérés en une associa­
tion, l’Acev, il y a 12 ans. Une
initiative mise en place pour
enrayer la crise que connais­
saient alors les colonies.
« Se rassembler permet
d’échanger les savoir­faire et
de créer des outils de promo­
tion pour relancer l’activité
dans la région. L’Isère a long­
temps été synonyme de colo­
nies d’hiver mais maintenant,
il faut trouver des alternati­
ves », explique Damien Fossa,
président de l’association.
L’été à la montagne
Et les séjours d’été sont très
prisés, comme le confirme Di­
dier Chausse, directeur ad­
joint de l’association “Temps
jeunes” : « Nous avons main­
tenu nos effectifs par rapport à
l’an passé. Nous avons même
ouvert un nouveau centre à
Cordéac, dans les Hautes­Al­
pes, sur le thème des animaux
de la ferme, qui a très bien
marché. »
De même pour la Ligue de
l’enseignement Isère qui a
créé un séjour karting au Sap­
pey­en­Chartreuse, dont la
capacité d’accueil sera aug­
mentée l’été prochain.
Sur l’ensemble de ses colo­
nies, l’organisme affiche 98 %
de remplissage au mois de
juillet. « En août, les effectifs
sont un peu plus bas car les
gens partent en famille. Mais,
depuis trois ans, nous sommes
stables l’été, ce qui est encou­
rageant », souligne Florian
Billaud, adjoint du service
éducation­loisirs.
« Ce n’est plus la simple ex­
périence de la colonie qui atti­
re maintenant, mais la théma­
tique », ajoute­t­il. Et Didier
Chausse de poursuivre :
« C’est terminé les colonies
d’un mois. Les enfants partent
entre une et deux semaines. Il
faut donc être attractif dans les
propositions. » Un aspect fi­
nancier qui incite les Greno­
blois à privilégier les colonies
de proximité, d’où ce regain
d’intérêt pour l’Isère.
Maxime BUATHIER
L37-1
Lundi 27 Aout 2012 page 3
Le Dauphiné Libéré
LE FAIT DU JOUR
Les centres de
vacances, acteurs du Vercors
Le scoutisme a la cote
sur les terres iséroises
ÉCONOMIE
n Selon l’Association des
centres de vacances pour
enfants en Vercors (Acev),
l’accueil des colonies et
des classes découverte
est un élément moteur
pour l’économie de la
région. Une étude réalisée
en 2010 sur l’activité des
centres de vacances du
Vercors rapporte que
ET AUSSI
75 000 enfants sont
accueillis chaque année
pour environ 350 000
nuitées.
Sur l’ensemble de ces
centres, le chiffre d’affaires
s’élève à 15 millions
d’euros, assurant 350
emplois à temps plein,
avec quatre salariés
permanents par centre.
n Si ces dernières années,
les effectifs des colonies
iséroises ont connu une
petite baisse de forme, les
unités de scouts ont, quant
à elles, retrouvé le sourire.
« Les effectifs sont plutôt
stables, avec une légère
augmentation. On compte
près de 1 000 jeunes et
300 adultes bénévoles
pour les encadrés »,
explique Stéphane Michel­
Mazan, responsable
administratif des “Scouts
et guides de France” qui
comptent 12 groupes
en Isère.
Leur point fort face
aux colonies ? « L’esprit
d’équipe et surtout la vie
dans la nature ! » Être
scout, c’est souvent une
affaire de famille : « Les
parents choisissent les
scouts parce qu’ils l’ont
été avant leur enfant.
Et puis, il y a une
certaine fidélité, certains
jeunes restent de leurs
8 ans jusqu’à leurs 20 ans,
et même après… », précise
Stéphane Michel­Mazan.
UNE TERRE D’ACCUEIL POUR LES SÉJOURS DES ENFANTS EN QUÊTE D’ACTIVITÉS ORIGINALES
ont fait le plein cet été en Isère
Pendant que certains
font de l’équitation ou
de la moto lors de leurs
vacances en Isère,
d’autres profitent d’être
en colonie pour passer
le code de la route et
préparer la conduite
accompagnée.
Reportage à SaintAndéol, dans le Trièves,
au sein d’un séjour
spécifique pour
adolescents.
R
éponse a ou b. Un
choix cornélien pour
les candidats au code
de la route.
Dans la petite salle du
centre de vacances “le Té­
tras­Lyre” à Saint­Andéol,
les séries de questions s’en­
chaînent et les élèves res­
tent concentrés.
L’ambiance studieuse fe­
rait presque oublier qu’il
s’agit d’une colonie d’ado­
lescents entre 16 et 17 ans.
Car, dans ce séjour “Con­
duite accompagnée”, l’ob­
jectif est avant tout d’obte­
nir le code et d’effectuer les
20 heures de formation pra­
tique à la conduite automo­
bile. Des conditions obliga­
toires avant d’être pris en
charge par les parents. Le
tout en 15 jours ou trois se­
maines, selon la formule
choisie.
« C’est intensif mais c’est
plus pratique que de tout
faire durant l’année scolai­
re », confie Juliette, appren­
tie conductrice. Quant à
Guillaume, le plus difficile
pour lui est de « prendre le
rythme après un mois de
congés ». « Mais au moins,
ce sont des vacances uti­
les », ajoute­t­il.
Une affaire qui roule
Voilà plus de 15 ans que
ce séjour existe et les effec­
tifs ne cessent d’augmenter.
« Nous sommes ouverts tou­
tes les vacances scolaires,
sauf Noël et février, et à cha­
que fois nous sommes com­
plets », affirme Damien Fos­
sa, directeur du centre et
président de l’Association
des centres de vacances
pour enfants en Vercors
(Acev). Avant d’ajouter :
« Si, il y a quelques années,
nous étions à environ 80 ins­
crits par an, nous ac­
cueillons aujourd’hui près
de 330 jeunes annuelle­
ment. »
Un taux de remplissage
élevé notamment grâce au
partenariat avec les comités
d’entreprise (CE) d’impor­
tantes sociétés du départe­
ment. « Pour ces enfants, la
formation est avantageuse
du fait que le CE en finance
une partie. Mais le bouche­
à­oreille est aussi très effica­
ce et amène beaucoup
d’inscriptions individuel­
les », explique le directeur.
TROIS QUESTIONS À…
Domitille Hocq
Chargée de communication
au Ceméa Rhône­Alpes,
organisme de formations Bafa
« C’est un véritable
engagement social et citoyen »
n En quoi consiste la formation au Brevet
d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) ?
Un séjour entre
stage et colonie
Outre l’aspect économi­
que, ce qui attire les jeunes
c’est aussi la fameuse “am­
biance colonie” que Da­
mien Fossa met un point
d’honneur à conserver. « Je
tiens à garder cet esprit en
favorisant les activités qui
nouent des liens et qui font
prendre conscience des
autres, comme le canyoning
ou les parcours acrobati­
ques dans les arbres », pré­
cise­t­il.
Des sorties qui viennent
s’ajouter aux veillées et
grands jeux organisés par
les animateurs. « Ça permet
aussi aux jeunes de décom­
presser un peu », souligne
Damien Fossa.
Pour Juliette, cette formu­
le entre stage et colonie est
plutôt satisfaisante : « C’est
la première fois que je pars
comme ça. J’ai donc décou­
vert la vie en collectivité et
les animations que j’ai bien
appréciées. Puis, apprendre
en groupe, c’est plus faci­
le. »
En moyenne, neuf adoles­
cents sur dix repartent avec
le code en poche.
M. B.
Au séjour “Conduite accompagnée”, neuf participants sur dix repartent avec le code en poche. Photo DL
Le plein d’activités pour les petites vacances
A
près avoir multiplié les
thématiques pour l’été,
les organismes de vacances
pour enfants s’attaquent
aux autres congés scolaires.
Pour Florian Billaud, ad­
joint du service éducation­
loisirs de La ligue de l’en­
seignement Isère, la priori­
té est mise sur les vacances
de la Toussaint. « Ce sont
des séjours courts de cinq
jours. Nous essayons donc
de trouver des thèmes ori­
ginaux qui changent de
l’été et de l’hiver », déclare­
t­il.
C’est ainsi qu’il propose
une semaine “Marmitons
du Vercors” où les enfants
découvrent la cuisine avec
un chef de la région. Les
apprentis cuistots sont aussi
sensibilisés au travail à la
ferme en participant à l’en­
tretien des animaux et du
potager.
Pour Didier Chausse, di­
recteur adjoint de “Temps
jeunes”, à la Toussaint, ce
sont les thèmes artistiques
qui prennent le dessus :
« Nous faisons pas mal de
colonies “danse” ou “théâ­
tre”. »
Diverses activités en
montagne pour l’hiver
Fermées en décembre, les
colonies reprennent leurs
activités dès le mois de fé­
vrier, mais là encore, elles
tentent d’innover. « Le prix
des colonies “ski alpin” est
trop onéreux, entre les for­
faits et le matériel. Si le co­
mité d’entreprise ne donne
pas un coup de pouce, les
parents n’inscrivent pas
leurs enfants », affirme Di­
dier Chausse.
Face à ce constat, les or­
ganismes se tournent de
plus en plus vers des activi­
tés telles que les raquettes
ou le ski de fond, moins
coûteuses.
D u c ô t é d u Ve r c o r s ,
l’Acev favorise les thémati­
ques environnementales,
comme l’explique Damien
Fossa : « Dans les stations
de moyenne altitude, la
neige se fait plus rare, du
coup, il faut s’adapter. Il y a
plein de choses à faire en
dehors du ski, comme l’ini­
tiation à la sécurité en mon­
tagne ou encore partir sur
les traces des animaux. »
Et pour les vacances de
Pâques, les séjours multi­
activité autour de l’eau sa­
tisferont petits et grands.
« C’est un diplôme destiné à permettre d’encadrer à titre non
professionnel, de façon occasionnelle, des enfants et
adolescents en Accueils collectifs de mineurs (ACM).
La formation est composée de trois étapes : une session de 8
jours, qui permet d’acquérir les éléments fondamentaux
pour assurer les fonctions d’animation ; un stage pratique de
14 jours, qui permet la mise en œuvre et l’expérimentation ;
et une session d’approfondissement de 6 à 8 jours, qui
permet d’approfondir, de compléter et d’analyser les acquis
de formation.
Lors de nos stages, nous abordons des thématiques comme
les besoins de l’enfant en fonction de son âge et le respect de
son rythme ; la notion d’autorité ; la notion d’activité : quelles
activités proposer à l’enfant en fonction de son âge et de la
temporalité (dans la journée ou le séjour), comment
permettre à l’enfant de choisir son activité ou encore la vie
quotidienne : le repas, le repos, l’hygiène. »
n En quoi ce diplôme est-il un gage de confiance
pour les parents qui font partir leurs enfants ?
« Le Bafa est avant tout un brevet d’animateur volontaire, ce
qui signifie que les personnes qui ont ce diplôme ont eu une
démarche volontaire pour le passer, et qu’elles ne
deviennent pas animateur par hasard. Elles suivent de leur
plein gré une formation payante de plusieurs jours et
viennent aux formations Bafa pour acquérir de nouvelles
compétences. C’est un véritable engagement social et
citoyen, qui leur permet de prendre des responsabilités et
d’être un acteur éducatif auprès des jeunes pendant leurs
vacances. Les organismes de formation disposent d’une
habilitation du ministère de la Jeunesse et des Sports et les
formateurs sont diplômés. »
Le nombre de stagiaires a-t-il augmenté
ces dernières années ?
n
« Sur l’année 2011, nous avons formé 1 200 stagiaires sur
tout le territoire rhônalpin. Dans nos formations, les
stagiaires Bafa sont généralement des lycéens ou étudiants,
mais il y a également de plus en plus de personnels des
écoles ou du périscolaire qui nous sollicitent. »
Propos recueillis par M. B.
M. B.
Bilans contrastés pour les centres de loisirs de l’agglomération :
les exemples de Saint­Égrève, Échirolles et Saint­Martin­d’Hères
S
ur l’agglomération greno­
bloise, les gestionnaires
des centres de loisirs et des
séjours présentent des bilans
affichant des similitudes mais
aussi quelques différences se­
lon les communes.
Explications pour Saint­
Égrève, Échirolles et Saint­
Martin­d’Hères.
F À Saint-Égrève
Premier constat, frappant,
pour Dominique Nantas, di­
recteur de l’Association fami­
liale de Saint­Égrève, qui gère
les centres de loisirs et les sé­
jours (pour les enfants jusqu’à
12 ans) pour cette commune :
« Cet été, les séjours ont été
boudés, beaucoup de parents
nous disant qu’ils ne peuvent
plus payer, alors qu’on est par­
mi les tarifs les moins chers de
l’agglomération. Sur nos dix
séjours en juillet et août, seule­
ment trois ont fait le plein, dont
celui sur le thème du cirque à
Piolenc, chez Alexis Gruss.
Exemple de cette désaffec­
tion : l’été dernier, on avait em­
mené 24 enfants en séjour
“activités nautiques” à Sévrier
(Haute­Savoie), alors que cet
été, on n’a eu que 11 enfants.»
Concernant les centres de
loisirs, « on a eu cet été plus
d’enfants que l’été dernier,
mais moins de journées/en­
fants, poursuit le directeur de
l’Association familiale de
Saint­Égrève. Cet été, 430 en­
fants ont fréquenté notre cen­
tre de loisirs, pour un total de
4 000 journées, soit une
moyenne de 9,5 jours par en­
fant ; l’été 2011, on avait ac­
cueilli 400 enfants pour 4 400
journées, soit une moyenne de
11,5 jours par enfant. Ce qui
fait une baisse de fréquenta­
tion de 3 à 5 % entre l’été 2011
et l’été 2012. On voit bien que
durant l’été, le mode de garde
des parents qui travaillent, ce
n’est plus le centre de loisirs
mais c’est d’abord le système
D, les grands­parents, etc. »
F À Échirolles
À Échirolles, les sept centres
de loisirs sont gérés par une
structure unique, “Evade”.Et
si les chiffres définitifs ne sont
évidemment pas connus, on
annonce déjà + 13 % de fré­
quentation pour le mois de
juillet (par rapport à l’été 2011)
sur l’ensemble des cen­
tres. « Nous proposions 470
places et c’est complet quasi­
ment tout le temps, sauf par­
fois le mercredi. »
Au niveau des séjours
(Grande­Motte, Briançon, Es­
pagne, Italie, Angleterre…),
on parle en revanche seule­
ment de stabilité (150 enfants
en juillet, 200 en août), ce qui
n’est déjà pas si mal…
F À Saint-Martin-d’Hères
Du côté de Saint­Martin­
d’Hères, le centre de loisirs du
Mûrier constate une légère
augmentation de sa fréquen­
tation, notamment au mois
d’août. Le mois dernier, ce
sont en moyenne 170 enfants
par jour qui ont fréquenté le
centre. Les chiffres du mois
d’août s’annoncent similaires,
ce qui n’était pas le cas les
années précédentes. Ils
étaient en moyenne 145 par
jour en août 2010. Par rapport
à juillet, août était un mois as­
sez plat.
Autre constat : les enfants
viennent plus sur quatre jours
au lieu de cinq. Il y a jusqu’à
cinquante enfants de moins le
mercredi.
o
Le centre de loisirs de l’Association familiale de Saint-Égrève (pour les enfants de 3 à 12 ans) fonctionne sur
Saint-Égrève, à la maison Europe (ci-dessus), et sur Quaix-en-Chartreuse, aux Scilles du Néron, propriété de la Ville
de Saint-Égrève. Cet été, on y enregistre plus d’enfants qu’à l’été 2011, mais pour moins de jours. Photo DL/Archives