Images du Japon (4) Après être repassés par Tokyo, le Père de

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Images du Japon (4) Après être repassés par Tokyo, le Père de
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Images du Japon
(4)
Après être repassés par Tokyo, le Père de Monjour et moi-même nous envolerons pour
Nagasaki ce samedi matin ; il y a plus de 1000km entre ces deux villes ; on peut rappeler que
le Japon a 3000km du nord au sud, du nord de l’île d’Hokkaido à l’île d’Okinawa.
Tokyo se trouve sur l’île principale, le Honshu et Nagasaki sur la grande île du sud le Kyushu.
Elle est la ville de naissance du christianisme au Japon, c’est aussi celle sur laquelle fut lancée
la seconde bombe atomique, après celle d’Hiroshima.
La bombe n’a pas été projetée sur cette ville ni sur Hiroshima par hasard, elle est le terme
horrible d’une généalogie elle-même horrible : l’armement et le bellicisme nippon qui ont
conduit le pays, sous la houlette de ses généraux, à développer un projet d’expansion
territoriale. Celui-ci se répandit sur tout l’Extrême-Orient avec une cruauté qui le rapproche des
pires forfaits nazis. A la fin de la guerre, le tribunal de Tokyo, analogue à celui de Nuremberg,
jugea et condamna pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité les chefs militaires
japonais.
Bien des livres ont été écrits sur ces épisodes, bien des films ont été tournés sur la guerre du
Pacifique. Je préfère renvoyer à deux œuvres de fiction. D’abord un film chinois qui raconte le
sac de Nankin : City of life and death de Liu Ye. Bien entendu ce film est vu du côté chinois,
mais il montre cependant un des épisodes les plus révoltants des conquêtes de l’armée impériale
japonaise. Puis un roman policier de Mo Hayder : Tokyo. On peut s’étonner du genre littéraire,
mais l’auteur suit une femme obsédée par la recherche d’un film supposé disparu portant
témoignage du massacre de Nankin.
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Comme je l’écrivais précédemment, les chrétiens du Japon durent vivre cachés durant deux
siècles et demi. Pour prier, ils se rendaient dans les temples shintos ; certains d’entre eux y
avaient dissimulé un signe de la foi chrétienne, petite statue, image, etc. Tout en accomplissant
les rites shinto ou bouddhiste, ils priaient le Seigneur.
D’une certaine manière ceci illustre ce fait que les chrétiens peuvent vivre leur foi dans des
contextes de société infiniment différents, le christianisme n’est pas lié à une structure politique
ou sociale qu’il faudrait préférer ou désirer ; bien entendu, je ne justifie en rien les situations de
persécution.
D’autre part, les « chrétiens cachés » du Japon appellent à dépasser cette vaine et fausse querelle
entre christianisme implicite et explicite. Il n’y a qu’un seul christianisme, il peut se dire ou se
taire, être explicite ou ne pas l’être. Comme toute alternative, opposer l’une et l’autre attitude
emprisonne dans une pensée binaire qui ne construit rien.
Et puis, le christianisme est autre que des pratiques et des règles, autrement on revient sur tout
l’enseignement de l’apôtre Paul. Je repère actuellement un risque pour les chrétiens, en France,
en Europe, ailleurs ? Celui, face à un islam très visible, de se comprendre selon les critères
musulmans, c’est-à-dire de se résumer à des pratiques et à des rites, à la lumière des cinq piliers.
Nous n’avons pas à penser que nous existerions de manière plus affirmée selon que nos
pratiques religieuses seraient plus simples ou visibles. Le Christ, sur la croix, nous a libérés de
la loi.
A suivre…
+ Pascal Wintzer
Le vendredi 30 septembre 2016

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