Areva prêt à accueillir d`autres partenaires dans Georges

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Areva prêt à accueillir d`autres partenaires dans Georges
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21 juillet 2009
Areva prêt à accueillir d’autres partenaires
dans Georges-Besse II
Après avoir accueilli GDF Suez, les japonais Kansai et Sojitz ainsi que le coréen KHNP, le champion
français du nucléaire ouvre la porte à d’autres investisseurs potentiels. Une chose paraît certaine :
EDF ne sera pas de la partie.
On se croirait dans un film de science-fiction des années 1970. Eurodif, l’usine d’enrichissement
d’uranium d’Areva située au Tricastin, dans la Drôme, c’est 1.400 tuyaux d’acier géants, chacun de la
puissance d’un TGV, qui font circuler en permanence 3.000 tonnes d’uranium. Pour faire fonctionner
ce site stratégique démarré en 1979, EDF a construit quatre réacteurs nucléaires, dont un de secours.
« C’était l’époque où l’on n’avait pas peur de mettre les moyens sur la table », lance Gérard Perrat,
cadre dirigeant d’Areva et vieux routard du nucléaire.
A l’époque, la France avait convaincu la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Suède d’entrer au capital de
l’usine. Lorsque cette dernière a décidé de se retirer, le chah d’Iran, qui avait des projets de
centrales, s’est porté acquéreur des parts. Entre-temps, la révolution des mollahs a changé la donne.
La France n’a pas livré l’Iran, mais la République islamique est restée actionnaire, via un holding du
nom de Sofidif. Trente ans plus tard, Areva veut aussi partager le coût de 3 milliards d’euros de sa
nouvelle usine, Georges-Besse II, qui doit livrer ses premiers produits en fin d’année.
La Société d’enrichissement du Tricastin (SET), son véhicule juridique, a déjà accueilli à son capital
GDF Suez (à hauteur de 5 %), les sociétés japonaises Kansai et Sojitz (2,5 %) ainsi que l’électricien
coréen KHNP (2,5 %). « Le tour de table n’est pas fini,indique François-Xavier Rouxel, directeur de
l’enrichissement chez Areva. Nous serions ravis que l’Italie et l’Espagne nous rejoignent et on ne
s’interdit pas de regarder ailleurs. »Citant l’Asie et l’Europe, il refuse de dire si la Chine ou l’Inde, deux
clients clefs du groupe français, pourraient en faire partie.
Une chose paraît cependant certaine, EDF ne sera pas de la partie alors qu’il est de loin le premier
client d’Areva dans l’enrichissement. L’électricien tricolore assure en effet la moitié du chiffre
d’affaires d’Eurodif. Il aurait voulu entrer dans le capital de GBII à des conditions privilégiées, mais
Anne Lauvergeon, la patronne d’Areva, ne voulait pas désavantager les autres partenaires. En
revanche, EDF a signé en 2008 un contrat d’une vingtaine d’années avec Areva qui définit les
conditions dans lesquelles il enlèvera une partie de la production de la future usine.
« Coup de génie »
D’autres électriciens soucieux de sécuriser leur approvisionnement devraient être séduits.
Contrairement à son prédécesseur, qui doit fermer en 2012 et fonctionne par diffusion gazeuse, GBII
utilisera la technologie de l’ultracentrifugation. Celle-ci consomme 50 fois moins d’électricité.
Concrètement, le site va consommer 60 mégawatts, contre 3.000 actuellement, ce qui correspond à
la consommation de l’Ile-de-France. Autre avantage économique, GBII emploiera 450 personnes,
contre 1.100 salariés actuellement chez Eurodif.
Si le champion français du nucléaire peut exploiter cette technologie, c’est grâce à « un coup de
génie », déclare Gérard Perrat, qui dirige la SET. Au début des années 2000, son concurrent européen
Urenco, détenteur de la technologie par ultracentrifugation, cherche un partenaire pour l’aider à
supporter ses coûts. Ses actionnaires - l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas - tirent la langue.
« Plus personne ne croyait au nucléaire à l’époque, sauf Areva », relate Gérard Perrat. De son côté,
Areva a besoin de préparer l’après-Eurodif.
Il signe une lettre d’intention en 2002 et crée une coentreprise avec Urenco en 2006. Les analystes
estiment qu’Areva a payé environ 500 millions d’euros pour cette opération, qui l’impose comme
codétenteur de la technologie. Le groupe est très discret sur le sujet, mais ses marges devraient
bondir dans l’enrichissement, où il réalise 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires par an. Son
concurrent américain Usec, qui utilise encore la technologie par diffusion gazeuse, affiche une marge
opérationnelle de 14 % en 2008, contre près de 50 % pour Urenco.