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1er septembre 2015
INNOVATION CANCERS DU SEIN
L’Institut Curie démarre une étude sur PAM50-ProsignaTM, un test
prédictif pour éviter les chimiothérapies chez certaines patientes
Des tests sont désormais disponibles pour aider les médecins à la décision thérapeutique dans
certains cas de cancer du sein. L’Institut Curie lance une étude prospective multicentrique pilotée
par le Pr Roman Rouzier, directeur du pôle sénologie de l’Institut Curie, qui concerne 200 patientes.
Cette étude a pour objectif d’évaluer l’intérêt du test PAM50-ProsignaTM dans la décision de traiter
par chimiothérapie ou pas des femmes opérées d’un cancer du sein à un stade précoce. Non
remboursés ni recommandés par les autorités de santé en France pour le moment, ces tests ne sont
aujourd’hui accessibles que dans certaines conditions.
Plusieurs tests de biologie moléculaire permettent de
personnaliser les décisions thérapeutiques chez certaines
femmes atteintes de cancer du sein à un stade précoce. Il
s’agit de tests diagnostiques qui évaluent le bénéfice
anticipé de la chimiothérapie adjuvante (importance
prédictive) et/ou la probabilité de récidive à distance à dix
ans (importance pronostique). Ils permettent ainsi d’adapter
le traitement pour chacune, en fonction de la biologie de sa tumeur.
Ces tests sont réalisés suite à la biopsie ou à la chirurgie (ablation de la tumeur ou mastectomie).
Certaines études (1) ayant démontré leur intérêt clinique dans la prise de décision d’un traitement
par chimiothérapie, en complément des évaluations standards, l’utilisation de ces tests est
aujourd’hui incluse dans de nombreuses recommandations Européennes et internationales. Plusieurs
études ont par ailleurs montré une diminution conséquente des coûts grâce à leur utilisation (2).
Une chimiothérapie évitable dans les cas intermédiaires
La chimiothérapie dite adjuvante est délivrée après l’opération chirurgicale qui a permis d’enlever
la tumeur cancéreuse. Ce traitement vient en complément de l’intervention dans le but de
diminuer les risques de récidive. Pour la prescrire, les médecins se basent sur plusieurs critères : la
taille de la tumeur, le grade du cancer, l’envahissement ganglionnaire et l’âge de la patiente.
Les oncologues recueillent aussi des informations auprès des anatomopathologistes : statut des
récepteurs hormonaux, protéine HER2, index Ki-67.
Parfois, la décision thérapeutique s’impose. Face à une tumeur très agressive, la chimiothérapie est
proposée systématiquement. « Par contre, dans certains cas intermédiaires, le bénéfice de la
chimiothérapie n’est pas clairement établi et des éléments complémentaires peuvent nous aider à
la décision de traitements », indique le Dr Délphine Héquet, chirurgienne à l’Institut Curie. « Pour une
tumeur de petite taille chez une femme ménopausée, la chimiothérapie n’est généralement pas
indiquée, mais, pour certaines patientes, des chimiothérapies sont prescrites sans que le bénéfice
ne soit clairement avéré et malgré les risques de complications de tels traitements », ajoute-elle.
Ce sont donc dans ces situations intermédiaires que des tests prédictifs s’avèrent utiles et pourraient
être utilisés en routine à l’avenir.
Le test PAM50-ProsignaTM à l’étude sur 200 patientes
L’étude prospective multicentrique française dirigée par le Pr Roman Rouzier, directeur du Pôle
Sénologie de l’Institut Curie, va inclure au total 200 patientes ménopausées atteintes d’un
adénocarcinome mammaire ayant été opéré, sans envahissement ganglionnaire, éligibles à une
chimiothérapie (tumeur RO+ et HER2-). En France, 8 centres y participent : Institut Curie (sites Paris et
St-Cloud), Hôpital Tenon-AP-HP-Paris, Centre hospitalier Poissy-St Germain, Centre hospitalier René
Dubos-Pontoise, Hôpital privé des Peuplier-Paris, Centre Jean Perrin-Clermont-Ferrand, Hôpital privé
Clairval-Marseille.
« L’objectif principal de cette étude est d’évaluer l’impact du résultat du Test PAM50-Prosigna
TM
sur
la décision thérapeutique de traitement adjuvant chez les patientes atteintes de cancer du sein à
un stade précoce », indique le Pr Roman Rouzier.
L’étude s’intéressera également à d’autres aspects :
 l’évaluation de la confiance des praticiens dans les recommandations thérapeutiques avant et
après résultats du test pour chaque sous-groupe (risque de récidive faible, intermédiaire et élevé) ;
 l’évaluation de l’état émotionnel des patientes devant la décision thérapeutique et de leur degré
d’anxiété avant et après les résultats du test.
Accès à l’innovation pour toutes
Non remboursés ni recommandés par les autorités de santé en France pour le moment, ces tests ne
sont accessibles que dans certaines conditions. « Actuellement les patientes ne peuvent accéder à
ce test que si elles participent à des études cliniques, comme celle qui vient de débuter à l’Institut
Curie, ou encore dans le cadre d’une prise en charge par une complémentaire santé, comme
c’est le cas avec Malakoff Médéric, ou enfin à leur demande et à leur charge financière », explique
le Pr Roman Rouzier.
Pour permettre à ses assurées un accès à l’innovation et une personnalisation de la prise en charge,
Malakoff Méderic a souhaité financer des tests génomiques. L’ensemble de ses assurées, prises en
charge à l’Institut Curie ou dans d’autres centres, se verront proposer un test génomique d’aide à
la décision thérapeutique. Les tests proposés seront l’Oncotype DX ® et le test PAM50-Prosigna ®. Au
total environ 60 à 80 tests pourront être réalisés dans ce contexte.
« Les tests génomiques sont une aide à la décision thérapeutique après chirurgie du cancer du sein.
Pourtant ils restent peu diffusés et peu utilisés en pratique courante du fait d’un manque de
disponibilité. L’accès à l’innovation fait partie des objectifs du Plan Cancer 2014-2019 et l’Institut
Curie s’inscrit dans la volonté de développer l’accessibilité des tests génomiques pour ses patientes
mais également pour les patientes prises en charge dans d’autres structures », conclut le Pr Rouzier.
Plus globalement, l’Institut Curie met l’accès à l’innovation pour tous au cœur de son projet 20152020.
Pour en savoir plus
Pourquoi PAM 50 ?
Depuis plus de 10 ans, les études portant sur l'expression des gènes ont permis de classer les cancers
du sein invasifs dans des sous-types biologiquement et cliniquement distincts qui sont les tumeurs
« Luminal A » (25 à 40% des cas), « Luminal B » (20 à 25% des cas), « HER2 + » (15 à 20% des cas) et
basal-like (10 à 15% des cas). En 2009, l’étude de Parker et al. a défini un ensemble minimal de
gènes baptisé PAM50 pour classer les sous-types
de cancer du sein. Cet ensemble de gènes
PAM50 donne un classement hautement concordant et fiable.
Quels tests sont actuellement utilisés ?
Il s’agit de tests qui quantifient la probabilité de récidive du cancer du sein à 10 ans en fonction des
résultats d’un score de récidive individuel. Ces scores fournissent des informations supplémentaires
sur le risque de récidive du cancer du sein par rapport à l’évaluation clinico-biologique
conventionnelle, permettant ainsi de mieux poser les indications de chimiothérapie.
Oncotype DX ® : il évalue l’expression d’un panel de 21 gènes de l’échantillon tumoral utilisant la
technique de RT-PCR en temps réel. Il est réalisé uniquement aux Etats-Unis et coûte 3180 €
PAM50-ProsignaTM : il évalue l’expression d’un panel de 54 gènes. Il s’agit aussi d’un test américain
mais le modèle est différent car le test est réalisé en France. Il coûte 2118 € (consommable + actes
de pathologie hors nomenclature).
Quelle est la technologie employée pour PAM50-ProsignaTM ?
La technologie NanoString®-nCounter est une technique dérivée des puces à ADN. Elle est basée
sur une technologie moléculaire "codes-barres" et un système optique. Chaque code-barres est en
réalité un code de couleur spécifique qui est fixé à une sonde correspondant à un gène d'intérêt
unique. L’intérêt principal est que la détection est directe, elle ne nécessite pas d’amplification
linéaire (puce) ou exponentielle (PCR). Étant donné que l’opération nécessite très peu de
manipulations et qu’aucune réaction enzymatique n’est menée dans la plupart des cas, les
quantifications sont précises et reflètent fidèlement la réalité biologique.
Références
(1) Une étude (Gligorov et al, ASCO 2012) prospective multicentrique a évalué l'impact clinique de
l'aide apportée Oncotype DX® dans le contexte français. Son utilisation a été associée à une
réduction globale du recours à la chimiothérapie : chimiothérapie pour 52% des patientes avant
l’utilisation du test à 26% après. Ces données étaient cohérentes avec celles présentées par
l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Par ailleurs, la mise à disposition du test
Oncotype DX® en 2012 par l’ARS de Franche-Comté et son utilisation en routine s’est traduite par
73% de chimiothérapie évitée.
(2) Une étude d’impact budgétaire (Rouzier et al,
The St.Gallen International Breast Cancer
Conference 2013) indique qu’en l’absence du test Oncotype DX®, 52% des 53 000 patientes
nouvellement diagnostiquées d’un cancer du sein invasif auraient reçu une chimiothérapie,
représentant un coût total supérieur à 143 millions d’euros. Si le test avait été remboursé en
France, une économie supérieure à 44 millions d’euros aurait été possible en évitant de recourir à
des chimiothérapies inutiles. En prenant en compte le surcoût représenté par la réalisation du
test, le bénéfice de coût aurait été de 12 millions d’euros.
L’Institut Curie, en bref
L’Institut Curie, acteur de référence de la lutte contre le cancer, associe le premier centre de recherche
français en cancérologie et un ensemble hospitalier de pointe référent pour la prise en charge des cancers du
sein, des tumeurs pédiatriques et de celles de l’œil. Fondé en 1909 par Marie Curie, l’Institut Curie rassemble
plus de 3 400 chercheurs, médecins et soignants autour de ses 3 missions : soins, recherche et enseignement.
Fondation privée reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir des dons et des legs, l’Institut Curie peut,
grâce au soutien de ses donateurs, accélérer les découvertes et ainsi améliorer les traitements et la qualité de
vie des malades. Pour en savoir plus : www.curie.fr
CONTACT PRESSE
Catherine Goupillon-Senghor Tél. 01 56 24 55 23 / 06 13 91 63 63 / [email protected]
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