Retranscription France Culture

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Retranscription France Culture
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Le 23 septembre dernier Laurent HENART, Président du Parti Radical était l'invité du journal
de France Culture à 12h30
France Culture : Laurent Hénart, votre réaction par rapport aux migrants :
Laurent Hénart : En tant que maire, avec le Préfet et les associations, nous avons annoncé
que la municipalité de Nancy accueillerait des familles de réfugiés que l'Etat adresserait en
Lorraine,
France Culture : 24.000 réfugiés pour la France ...
Laurent Hénart : Ce qui ne représente que quelques familles à l'échelle d'une ville comme
Nancy ! Il faut rappeler les principes, les chrétiens et l'Eglise ont érigé le droit d'asile, les
laïcs, comme moi en tant que radical, ont imposé les droits de l'Homme qui défendent l'idée
que lorsque l'on est pourchassé, persécuté, on doit trouver refuge sur le territoire de la
République. Il faut rappeler ces principes qui sont une ligne de faille dans l'Europe : quand il
y a le sommet à Bruxelles, d'autres états se réunissent à Prague autour de la position
hongroise,
France Culture : Le groupe de Visegrad ...
Laurent Hénart : Pour l'européen que je suis il s'agit de lever les hypothèques sur l'absence
de politique migratoire de l'Europe. Schengen est dépassé, il faut réunir un groupe d'états
pionniers qui ont la même loi européenne sur l'asile, la même loi européenne sur l'entrée et le
séjour des étrangers, qui ont une idée claire sur l'immigration économique. Aujourd'hui, la
situation est absurde : les visas sont nationaux, les gens circulent librement, tout le monde met
en cause l'Europe qui n'a pas les pouvoirs d'agir ... seul les populismes prospèrent sur ce
terreau.
Lorsque nous avons des images qui choquent il y a une émotion très forte, plus intense que
par le passé, mais aujourd'hui elle ne dure que 2 ou 3 jours car balayée par le flot d'actualités.
Pourtant, le sujet des migrations est un sujet crucial à l'heure de la mondialisation. Tout
circule plus vite, les données, les capitaux, les marchandises mais aussi les personnes. Il est
nécessaire d'interroger l'Europe sur cette question. D'aucuns penseront que la Nation est la
bonne échelle, moi en tant que fédéraliste, je pense qu'il faut un cercle d'états européens qui
ont la même valeur sur l'asile, qui veulent avoir une politique commune d'entrée de séjours,
avec une police européenne, une véritable protection des frontières européennes, un budget
européen, un office européen. Nous avons l'occasion de définir de nouveaux domaines
d'actions, partagés entre européens; C'est un choix de valeurs.
France Culture : Au plan national, la droite semble aller en rang dispersé? Est-ce courir à
l'échec ?
Laurent Hénart : Nous avons des listes d'union Les Républicains, le Modem et l'UDI, ce qui
est une bonne chose quand cela correspond à une plateforme de gouvernement. Je peux parler
de ma Région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes où fusionnent 3 anciennes régions ce
qui n'est pas sans complication car il y avait des équilibres trouvés dans chaque territoire, des
repères. Nous avons un projet d'alternance très simple :
- Que l'Etat nous confie la politique de l'emploi en plus de l'économie et de la formation pour
donner du sens aux compétences de formation de la Région
- Dire que nous sommes une Région au cœur de l'Europe, nous sommes la seule Région
frontalière de 4 Etats, nous voulons donc avoir une politique européenne transfrontalière.
France Culture : Et il n'y a aucune divergence, aucun couac entre tous les partis de la droite
?
Laurent Hénart : Les listes sont toujours un exercice compliqué car chaque sensibilité essaie
d'être représentée le plus possible, c'est la loi du genre.
France Culture : Qu'est-ce qui définit votre sensibilité ?
Laurent Hénart : Premièrement, nous sommes des décentralisateurs, et cela rassemble toutes
les familles de l'UDI, les radicaux, les composantes d'inspiration démocrate chrétienne et les
libéraux modérés. Nous sommes favorables à ce que les Régions, les Métropoles ou les
Départements en zone rurale exerce plus de pouvoir car nous pensons qu'une série de choses
ne sont plus assumées efficacement par l'Etat comme l'Humain et le sens de la proximité.
Deuxièmement, l'Europe, ça se prépare, ce sont les filières bilingues que nous devons soutenir
en milieu scolaire (collèges, lycées, universités), la compétence lycée est aux Régions. Quand
on est européen, on doit s'ouvrir au monde, cela veut dire qu'il faut une évolution du système
éducatif, les collectivités locales doivent y concourir. Voilà ce qu'amène la famille UDI et
nous nous battons pour que ces éléments soient pris en compte dans les programmes
régionaux que nous défendrons en commun.
France Culture : Est-ce que ces éléments vous les défendrez dans le cadre des primaires
organisées bientôt par le parti Les Républicains ?
Laurent Hénart : Là c'est autre chose vous parlez des élections présidentielles. Le système
des primaires a été mis en place par l'UMP. Ce sont les primaires d'un Parti.
France Culture : Mais elles sont ouvertes !
Laurent Hénart : Le but n'est pas de dire, venez il y a de la lumière, rentrez ! L'objectif est
de préparer en ce cas une véritable alternance présidentielle et législative. Cela veut dire qu'il
faut être d'accord sur un programme de gouvernement, cela veut dire aussi quels sont les
équilibres au sein de la majorité.
France Culture : Au sein des Républicains il y a plusieurs écoles : celle de M. Juppé, celle de
M. Fillon, celle de M. Sarkozy ...
Laurent Hénart : C'est le problème des Républicains ...
France Culture : Oui mais si vous vous destinez à regouverner il vous faut lier des alliances
et notamment à droite ...
Laurent Hénart : La première étape est d'affirmer nos priorités, ce qui nous différencie. En
début de journal nous avons fait un point sur la question de l'immigration. Voilà typiquement
un dossier sur lequel nous n'avons pas tous le même point de vue. Je pense que pour être
efficace sur le plan politique et humain, il nous faut une Europe fédéraliste et non encore plus
d'enfermement national ! Je pense qu'au contraire nous devons faire cela à 6, 7, 8 Etats
européens et non à 28. Nous voyons bien que ce sur les sujets dominants qui interpellent nos
concitoyens elle n'est pas homogène. Elle ne l'est même pas sur le plan des valeurs. Sur
l'économie, le social, la répartition des richesses face à la mondialisation, il y a des endroits
où l'on fait du dumping fiscal et social, il y a des pays qui ont un système de protection sociale
très développée comme la France, ce n'est pas la même vision des choses. Sur le sujet des
migrations, nous n'avons pas la même vision y compris sur l'essentiel comme le droit d'asile.
Il faut une loi européenne en la matière avec un nouveau traité qui règle ces sujets, une loi
européenne sur le droit d'asile, une loi européenne sur les droits d'entrée et de séjour, des
quotas sur l'immigration économique. La situation en Allemagne n'est pas la même qu'en
France, je suis à quelques dizaines de kilomètres de l'Allemagne et je vois ce qu'est le plein
emploi en Allemagne et ce qu'est le chômage hélas de longue durée en France.
Chaque famille dans l'opposition doit faire un travail de refondation, d'idées neuves, et non
pas seulement de se mettre d'accord.
France Culture : Vous dites que votre famille incarne des idées neuves, c'est quoi le
renouveau, c'est une candidature de M. Bayrou, de M. Lagarde ?
Laurent Hénart : Mais avant de savoir qui est candidat j'aimerais bien que nous mettions sur
le papier ce que nous défendons. C'est d'ailleurs le débat chez les Républicains, qui doit
définir le programme ? Un vote des militants selon Nicolas Sarkozy ? Chaque candidat avec
les relais qu'il aura mobilisé selon Alain Juppé et d'autres ? A un moment donné nous avons
une montée du FN, des extrêmes en général, pas seulement en France mais sur l'ensemble du
continent européen hélas, on ne peut plus garder le même système institutionnel.
France Culture : Le FN est-il l'alpha et l'oméga du système politique français ?
Laurent Hénart : Je n'ai pas cité une seule fois le FN. Il est juste un baromètre. C'est un parti
qui refuse les valeurs de la République mais qui passe doucement de 10 à 15 puis de 15 à 20
puis de 20 à 25, parfois à 30 % dans certaines régions quand on regarde les élections
départementales passées et les enquêtes d'opinion et régionales à venir. Il faut, au moins dans
les partis qui défendent la République, que cela serve de côte d'alerte. Ensuite, chacun doit à
partir de ses valeurs conforter ses idées et les défendre. Cela passe-t'il par des primaires
ouvertes ou par un candidat à la présidentielle, l'UDI fera son choix au mois de mars. Pour
l'instant, je défends l'idée que nous n'avons pas notre place dans les primaires des
Républicains. L'UDI est un parti récent, un peu plus de deux ans, c'est à nous de dire ce que
nous pensons, ce que nous défendons, ce que nous avons de communs avec les Républicains
mais aussi de différent car il y a des sujets sur lequel nous avons des points de vue divergents.
Si nous devons envisager un engagement dans les primaires ayant pour finalité l'alternance, il
faut un accord politique équilibré. Aujourd'hui nous n'y sommes pas, le débat est interne aux
républicains, nous sommes seulement appelés à arbitrer ce débat, plutôt de l'extérieur
d'ailleurs.
Notre but est que nous soyons une force d'espérance pour les gens ! Nos concitoyens sont
perdus, les populismes prospèrent, chaque parti doit donc faire son chemin politique du début
jusqu'au scrutin et le début c'est mettre à jour nos idées, car nous vivons depuis trop
longtemps sur les mêmes idées, formules et postures. Hélas le monde a changé plus vite que
les idées des partis de gouvernement.