Bienvenue chez les psys
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Bienvenue chez les psys
Bienvenue chez les psys Pièce de théâtre courte Ados/Adultes composée de Sept saynètes De Deux à Quinze personnages Cas Un : l’agresseur Cas Deux : ressources humaines Cas Trois : personne ne m’écoute Cas Quatre : la boulette Cas Cinq : j’ai peur Cas Six : de psy à psy Cas Sept : les psys anonymes Durée totale approximative : 20 minutes 1 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. ISBN : 978-1-326-77027-3 Dépôt légal : Août 2016 © Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License 2 Cas Un : l’agresseur Deux personnages – 1 femme – 1 homme Durée approximative : 2 minutes 30 Les deux personnes sont assises dans une salle d’attente. HOMME Vous avez rendez-vous à quelle heure ? FEMME À dix heures. HOMME Il est onze heures trente et vous n’êtes toujours pas passée. FEMME Le docteur a eu une urgence, je crois. HOMME Une urgence ! Comment un psy peut-il avoir une urgence ? Certainement une femme qui s’est cassé un ongle. FEMME Comment voulez-vous que je le sache ? HOMME Je me suis toujours demandé pourquoi les femmes avaient besoin de consulter un psy, vu ce qu’elles font de leurs journées. FEMME C’est pour moi que vous dites ça ? HOMME Une femme perspicace, c’est un jour à marquer d’un point blanc. 3 FEMME D’abord on dit d’une pierre blanche, et en plus… HOMME En plus quoi ? Vous avez quoi vous pour venir consulter, hein ? Vous prenez la place des hommes comme moi, qui en avons vraiment besoin. FEMME Je vois ! HOMME Qu’est-ce que vous voyez ? FEMME Un homme frustré et malheureux. HOMME Et comment vous savez ça ? FEMME Par le simple fait de vous regarder et vous écouter, pas très compliqué. HOMME Sale bonne femme. FEMME Mais oui c’est ça ! HOMME Vous méritez une bonne correction. FEMME Ah oui ! Et par qui ? HOMME Mais par moi, et vous n’allez pas en avoir chagrin. 4 FEMME Je vois. (sort une arme à feu) Police ! Je vous arrête pour agressions avec violences sur une dizaine de femmes qui ont eu la malchance de croiser votre route. HOMME Une femme flic, il ne manquait plus que ça. FEMME Et oui, ça fait plusieurs jours que je vous piste, et là, c’est un flagrant délit. HOMME Vous avez réellement besoin d’un psy alors ! FEMME Peut-être, mais pas autant que vous. HOMME Il n’y a qu’une femme pour être aussi tordue. FEMME Vous croyez ? Une fois en prison vous verrez à quel point vous vous mettez le doigt dans l’œil. Rideau ou obscurité 5 Cas Deux : ressources humaines Deux personnages – Femmes ou hommes Durée approximative : 3 minutes 30 Ici le psy et le patient sont des hommes. Sont sur scène. PSY Vous êtes mon premier client de la journée. PATIENT Dans ce cas, comment se fait-il que vous ayez 10 minutes de retard ? PSY C’est aussi la première fois que nous nous voyons. PATIENT Oui ! Et j’espère qu’il n’y en aura pas d’autre. PSY Vous n’êtes pas venu de votre plein gré ? PATIENT Non, médecin traitant, patron, même ma femme m’a supplié de venir consulter. PSY Pourquoi l’ont-ils désiré ? PATIENT J’ sais pas moi, pour vous enrichir un peu plus sans doute. PSY Comment vous sentez-vous ? PATIENT Et vous, comment ME sentez-vous ? PSY C’est moi qui pose les questions. PATIENT Alors posez les bonnes. 6 PSY D’accord, comment vous sentez-vous ? PATIENT Eh bien voilà, vous voyez quand vous voulez ! PSY Et maintenant, ça va mieux ? PATIENT Oui, vous êtes efficace quand même. PSY Ça fait 50 euros. PATIENT Je ne suis pas venu pour ça. PSY Dites-moi tout. PATIENT Moitou ! PSY Ça fait 100 euros. PATIENT Je n’ai pas terminé. PSY Je suis tout ouïe. PATIENT Je voudrais que vous m’aidiez. PSY Que puis-je faire pour vous ? PATIENT Parce que vous ne le savez pas ? PSY Je suis psy, pas devin. 7 PATIENT Moins vous en faites et mieux vous vous portez quoi ! PSY Précisez en quoi mon aide vous serait bénéfique ? PATIENT Eh bien, il était temps de me le demander. PSY Vous voulez guérir oui ou non ? PATIENT Pas sûr que vous y arriviez. PSY Essayez pour voir. PATIENT Je pense être incurable. PSY De quoi souffrez-vous ? PATIENT Je suis un misanthrope. PSY Et cela vous gêne ? PATIENT Plus les autres que moi-même en vérité. PSY Et qui sont les autres ? PATIENT Tous ceux qui travaillent dans l’entreprise. PSY Vous y faites quoi ? PATIENT Je fais ce que je peux. 8 PSY C’est suffisant ? PATIENT J’excelle dans mon domaine. PSY Et ça consiste en quoi ? PATIENT Je cherche celles et ceux qui ont des problèmes. PSY La tâche doit être immense. PATIENT Je les écoute, je feins de les comprendre et ensuite, je me sers de leurs faiblesses. PSY Et vous en faites quoi ? PATIENT De victimes ils passent à incapables, alors je les vire. PSY Diabolique. PATIENT Merci. Je vous l’ai dit, je m’applique autant que je peux. Plus j’en vire et plus je progresse dans la hiérarchie. PSY Vous êtes qui dans l’entreprise ? PATIENT Le directeur des ressources humaines, pour l’instant. PSY J’aurais dû m’en douter, ça fait 200 euros. PATIENT Je vous paye et on ne se revoie plus. PSY Ça m’étonnerait. 9 PATIENT Pourquoi, je vais beaucoup mieux désormais ! PSY Je suis sûr de vous revoir prochainement dans mon cabinet. PATIENT Ça n’arrivera plus. PSY Oh mais si, et plus rapidement que vous le pensez. PATIENT Ah oui, et quand ça ? PSY Lorsque dans votre entreprise il n’y aura plus personne à virer. Rideau ou obscurité 10 Cas Trois : personne ne m’écoute Deux personnages – Femmes ou hommes Durée approximative : 2 minutes Ici le psy est un homme, la patiente une femme. Sont sur scène. PSY Bonjour madame, vous avez souhaité me rencontrer, vous pouvez me dire pourquoi ? PATIENTE Vous êtes la dernière personne qui puisse m’aider. PSY Racontez-moi, que vous arrive-t-il ? PATIENTE Le matin j’ai beau dire à mon réveil de s’arrêter, il ne le fait pas. PSY Tiens donc ! PATIENTE Il continue de parler, de chanter, de donner la météo, je n’en ai pas raison. PSY Oh ça, c’est insupportable ! PATIENTE Pareil pour la cafetière, le grille-pain, ils ne m’écoutent jamais. PSY Ils osent vous faire ça ? PATIENTE Dans la salle de bains c’est le contraire, les gants et les serviettes se taisent sous prétexte qu’ils font leur toilette. PSY Effectivement, ce n’est pas très courant. 11 PATIENTE Le miroir ne répond jamais à mes questions qui pourtant sont pertinentes, vous savez pourquoi ? PSY Je pense qu’au moment où vous lui parlez il est en train de réfléchir. PATIENTE Et mon mari c’est pareil, il me fixe et s’en va sans dire un mot à chaque fois que je lui demande quelque chose. Vous croyez que c’est parce qu’il réfléchit ? PSY Lui, je pense qu’après réflexion, il a compris. PATIENTE Dans le bus personne ne m’adresse la parole. PSY C’est moche. PATIENTE Au travail tout le monde me fuit. PSY Quelle malchance. PATIENTE J’avais trouvé un psy à qui me confier, mais il est mort. PSY Lui aussi a compris qu’il ne s’en sortirait jamais. PATIENTE Personne ne veut rester près de moi, vous pouvez me dire ce que vous pouvez faire ? PSY Oh oui, ça je peux le dire. (en criant) Client suivant ! Rideau ou obscurité 12 Cas Quatre : la boulette Deux personnages – femmes ou hommes Durée approximative : 2 minutes Ici le psy est un homme, la patiente une femme. Sont sur scène. PSY Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ? PATIENTE Parce que j’ai fait une boulette. PSY Une boulette de viande ? PATIENTE En quelque sorte, car ça s’est terminé en boucherie. PSY Que s’est-il passé ? PATIENTE Je nettoyais ma Kalachnikov, quand soudain mon compagnon que je croyais en train de se souler avec ses potes, m’a crié dans les oreilles que je devrais mettre le chargeur. PSY La surprise fut totale, je suppose ! PATIENTE Ben je veux oui. J’ai pas l’habitude de le contrarier alors j’ai armé et j’ai tiré. PSY 13 Vous avez tiré sur lui ? PATIENTE C’est lui qui me l’avait demandé. PSY Il vous menaçait ? PATIENTE Non pas cette fois, il avait pris mon téléphone portable, qui lui contrairement à mon compagnon été déchargé. PSY Il parlait du chargeur du téléphone, c’est ça ? PATIENTE Ben oui, qu’est-ce que j’ai pu rigoler. PSY Il est mort ? PATIENTE Non, la vieille carne comme lui ça a la peau dure. PSY Vous avez purgé votre peine ? PATIENTE Mouais ! Bizarrement, ils ont conclu que les charges étaient suffisantes. Mais comme il est pas mort, moi à leur place j’aurais dit que la décharge était insuffisante. (rit comme une folle) PSY Et depuis votre sortie vous avez fait quoi ? PATIENTE 14 J’ai changé de fournisseur, et surtout de marque de portable. PSY Pourquoi vous avez fait ça ? PATIENTE Pour avoir un meilleur mobile la prochaine fois. Rideau ou obscurité 15 Cas Cinq : j’ai peur Deux personnages – femmes ou hommes Durée approximative : 2 minutes 30 Ici le psy est un homme, la patiente une femme. Sont sur scène. PSY Alors dites-moi, comment vous sentez-vous ? PATIENTE Oui ça va, mais j’ai peur. PSY De quoi avez-vous peur ? PATIENTE Eh bien par exemple, j’ai peur le matin quand je me lève d’être fatiguée. PSY Nous sommes tous un peu dans le même cas vous savez ! PATIENTE Parce que quand je suis fatiguée, j’ai peur de ne pas pouvoir me lever. PSY Ah oui, ça se tient ! PATIENTE Et si je ne peux pas me lever, j’ai peur de ne pas pouvoir aller travailler. PSY Ben oui, vu comme ça ! 16 PATIENTE Et si je ne peux pas travailler, j’ai peur de me retrouver au chômage. PSY Pardi, par les temps qui courent ! PATIENTE Et si je me retrouve au chômage, j’ai peur de perdre mon appartement. PSY C’est pas faux ! PATIENTE Et si je perds mon appartement, j’ai peur de me retrouver à la rue. PSY J’allais vous le dire ! PATIENTE Et si je me retrouve à la rue, je me connais, j’ai peur de ne pas aimer ça, mais alors pas ça du tout. PSY C’est la suite logique ! PATIENTE Et si je n’aime pas ça, j’ai peur de déprimer. PSY Une chose en entraînant une autre ! PATIENTE Et si je déprime, j’ai peur de ne jamais pouvoir m’en remettre, vous me suivez ? PSY 17 Eh bien oui, j’en ai peur ! PATIENTE Vous voyez ce que je vis, vous aussi vous avez peur ? PSY J’ai peur d’avoir peur, j’en ai bien peur. silence C’est vrai que vous m’avez fait peur ! PATIENTE Vous savez que vous me faites vraiment peur là ? PSY Ah bon, et pourquoi ça ? PATIENTE Parce que quand je vois dans quel état vous êtes, je n’ai vraiment pas envie de devenir comme vous. Rideau ou obscurité 18 Cas Six : de psy à psy Deux personnages – femmes ou hommes Durée approximative : 3 minutes Ici deux hommes. Sont sur scène. PSY 1 Salut vieux con-frère, qu’est-ce qui t’amène ? PSY 2 J’avais envie de discuter un peu. PSY 1 À force d’écouter les autres on en oublie nous-même de parler. PSY 2 Paroles de psy, tu n’as pas tort. PSY 1 Tu sais qu’une conversation entre deux psys peut tourner à l’obsession ? PSY 2 Je ne savais pas, dans quelle circonstance ? PSY 1 Quand deux psys causent. PSY 2 Alors on va faire attention de ne pas se laisser emporter par le flot. PSY 1 C’est sûr, je n’aimerais pas qu’on deviennent comme nos patients. PSY 2 19 Ne m’en parle pas, j’en suis malade. PSY 1 Ah bon, à ce point-là ? PSY 2 Mais oui ! Je suis obligé de consulter un confrère. PSY 1 Pourquoi n’es-tu pas venu me voir ? PSY 2 Je sais qu’en ce moment tu ne vas pas très bien non plus. PSY 1 C’est exact, je vois un psy tu sais ! PSY 2 Normal. Les gens ne se rendent pas compte du stress qu’ils nous procurent. PSY 1 Je suis dans le même cas de figure, je suis suivi aussi. PSY 2 Pas de trop près j’espère ? PSY 1 Tu as raison, vaut mieux garder ses distances. PSY 2 Surtout avec les patients, parce qu’à force ils sont contagieux. PSY 1 Mais oui ! Puis nous, on est quand même fragiles. PSY 2 20 Plus on voit de patients, et moins on est patients. PSY 1 Tu ferais quoi à ma place ? PSY 2 Et toi tu ferais quoi dans ce cas ? PSY 1 Exactement la même chose. PSY 2 Pareil pour moi. PSY 1 Tu dors bien ? PSY 2 Et toi tu arrives à dormir ? PSY 1 Je prends le jour pour la nuit. PSY 2 Je prends la nuit pour le jour. PSY 1 Est-ce que de voir un psy t’est bénéfique ? PSY 2 Dis-moi est-ce que tu as l’impression de progresser ? silence PSY 1 Tu vois, tes réponses me font déjà du bien. 21 PSY 2 Les tiennes m’aident aussi énormément. PSY 1 Tu sais ce que je pense de nous ? PSY 2 Je suis en train de me demander ce que tu penses de nous. silence PSY 1 Pour tout je te remercie. PSY 2 Tu sais quoi, je te remercie pour tout. PSY 1 J’en arrive à la conclusion que les psys sont indispensables à l’équilibre des gens. PSY 2 Et que nous avons toujours les bonnes réponses qui permettent de résoudre leurs problèmes. Rideau ou obscurité 22 Cas Sept : les psys anonymes Trois personnages – femmes ou hommes Durée approximative : 3 minutes Ici une femme (la patiente), un homme (psy) sont sur scène. Le troisième personnage ne vient sur scène qu’à la fin. PATIENTE Tape un numéro sur son portable PSY Bienvenue chez les psys, Philippe à l’appareil, je suis à votre écoute. PATIENTE Bonjour, je voudrais parler à un psy s’il vous plaît. PSY C’est normal, ils sont là pour ça. PATIENTE Parce que voilà, j’ai un gros problème. PSY Donc, quelque chose ne va pas. PATIENTE À votre avis ? PSY Si vous appelez je pense que ce n’est pas pour le plaisir. PATIENTE Vous avez fait des études pour me dire ça ? 23 PSY Effectivement, vous avez parfaitement raison. PATIENTE Je suis bien contente d’avoir raison mais j’aimerais parler à un psy, maintenant, c’est possible ? PSY C’est possible ! PATIENTE Ça aussi ça me fait bien plaisir, mais j’attends. PSY Oui, tout est possible vous savez ! silence PATIENTE Bon alors, vous me le passez ce psy oui ou non ? PSY Oui, je vous en passerais bien un, mais… PATIENTE Qu’attendez-vous alors ? PSY Et non, je ne peux pas vous le passer. PATIENTE Mais c’est quoi cette histoire ? PSY C’est l’histoire de ma vie, je voudrais bien mais je ne le peux pas. 24 PATIENTE Vous êtes Philippe c’est ça ? PSY Je suis à l’appareil, je suis à votre écoute. PATIENTE Vous êtes psy ou pas psy ? PSY Je suis Philippe, je suis à votre écoute. PATIENTE Dites-moi pourquoi vous ne pouvez pas me passer un psy, Philippe ? PSY Je veux bien vous rendre ce service mais, je ne connais pas le numéro. PATIENTE Je vois. Je suis bien aux psys anonymes quand même, non ? PSY Oui, la plupart des appels arrivent ici en tout cas. PATIENTE Et pourtant vous ne pouvez pas me mettre en relation avec un psy, c’est ça ? PSY Ben oui c’est ça, je voudrais bien mais je ne le peux pas. PATIENTE J’ai compris, ce n’est pas grave, je vais raccrocher et je vais me débrouiller autrement. PSY 25 Je suis à votre écoute. PATIENTE Oui je vois ça ! Je vous laisse car il faut absolument que je parle à un psy de toute urgence. Raccroche puis recompose un numéro Allo ! Bonjour, je suis bien aux psys anonymes ? PSY 2 Les psys anonymes bonjour, que puis-je faire pour vous ? PATIENTE Je dois absolument parler à un psy, vous pouvez m’en passer un ? PSY 2 Oh mais oui bien sûr, ne quittez pas je vous passe le psy de permanence. Tape sur trois touches Philippe, c’est pour toi. Rideau ou obscurité © Daniel Pina Lulu.com Éditeur Standard Copyright License 26