Conditions de travail et santé - Dialog Nationale Gesundheitspolitik
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Conditions de travail et santé - Dialog Nationale Gesundheitspolitik
Conditions de travail et santé Une orientation stratégique commune Impulsions, résultats et recommandations issus de la Journée nationale de travail de la Politique nationale suisse de la santé le 8 septembre 2003 à Aarau Mars 2006 Impressum Groupe d’experts: Georg Bauer, Institut de médecine sociale et préventive, Université de Zurich, Zurich Elisabeth Conne-Perréard, Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT), Genf Michael Kohlbacher, Promotion santé suisse, Berne Rudolf Knutti, seco, Direction du Travail, Centre de prestations „Conditions de travail“, Zurich Christian A. Ludwig, Suva, Lucerne David Vernez, Michel Guillemin, Institut universitaire romand de santé au travail, Lausanne Avec des contributions de Christina Hofmann, Alfred Sutter et Marcel Jost, Suva; Serge Pürro, CFST; Kurt Frei, Département de la santé publique du canton du Tessin; Philippe Lehmann, Lukas Matti et Salome von Greyerz, Office fédéral de la santé publique; Pierre-André Tudisco, Association intercantonale pour la protection des travailleurs, Sion sous la direction de Regula Rička, Office fédéral de la santé publique Layout: Monika Graser, Office fédéral de la santé publique Traduction française: Dominique H. Jenni, Lausanne Edition et adresse de commande: Office fédéral de la santé publique, Secrétariat exécutif pour la politique nationale de la santé, 3003 Berne Mars 2006 Conditions de travail et santé Une orientation stratégique commune Impulsions, résultats et recommandations issus de la Journée nationale de travail de la Politique nationale suisse de la santé le 8 septembre 2003 à Aarau Mars 2006 Table des matières Préface ............................................................................................................................ 5 Résumé ............................................................................................................................ 6 1. Introduction et vue d’ensemble........................................................................... 8 2. Situation de départ............................................................................................ 10 2.1. Importance économique ................................................................................................ 10 2.2. Le travail comme déterminant de la santé..................................................................... 14 2.3. Santé des travailleurs, santé de l’entreprise.................................................................. 17 2.4. Dispositions légales ....................................................................................................... 19 3. Champs d’action ............................................................................................... 22 3.1. Monitorage Travail et Santé........................................................................................... 22 3.2. Prévention des atteintes à la santé liées au travail et promotion de la santé en entreprise .................................................................................................................. 22 3.3. Réinsertion professionnelle après maladie ou accident ................................................ 26 4. Acteurs, tâches et offres ................................................................................... 29 4.1. Au niveau fédéral ........................................................................................................... 29 4.2. Au niveau cantonal ........................................................................................................ 36 4.3. Acteurs de droit privé ..................................................................................................... 40 4.4. Au niveau des entreprises ............................................................................................. 42 4.5. Universités et autres institutions de recherche et de formation..................................... 44 5. Domaines où il y a nécessité d’agir .................................................................. 46 5.1. Monitorage Travail et Santé........................................................................................... 46 5.2. Prévention des atteintes à la santé liées au travail et promotion de la santé en entreprise .................................................................................................................. 46 5.3. Réinsertion professionnelle après une maladie............................................................. 48 5.4. Recherche et formation.................................................................................................. 50 5.5. Législation et organes d’exécution ................................................................................ 54 6. Recommandations............................................................................................ 55 7. Bibliographie ..................................................................................................... 58 8. Annexe I: Interventions parlementaires sur la santé au travail ......................... 61 9. Annexe II: Cadre légal ...................................................................................... 62 10. Annexe III: Principaux accords OIT dans le domaine de la sécurité et de la protection de la santé au travail........................................................................ 64 11. Annexe IV: La fonction de coordination de la Commission fédérale pour la sécurité au travail (CFST)................................................................................. 65 12. Annexe V: Liste de manifestations mises sur pied en 2003-2004 .................... 66 Graphiques Graphique 1: Croissance des revenus par habitant : Croissance annuelle moyenne 1990-1999 du PIB réel par habitant en % .......................................................... 11 Graphique 2: Scénarios sur l’évolution de la population active ................................................ 12 Graphique 3: Evolution de la structure des âges dans le scénario Trend ................................ 13 Graphique 4: Nouveaux bénéficiaires de rentes AI en 2004 .................................................... 16 Graphique 5: Taux annuel de survenue d’une incapacité de travail – Hommes de 51 à 61 ans ..................................................................................... 17 Graphique 6: Influence de l’état de santé sur la productivité de l’économie............................. 18 Graphique 7: Management de la santé en entreprise et résultats de l’entreprise .................... 43 Préface L’évolution rapide du monde du travail peut exercer des influences aussi bien positives que négatives sur l’état de santé des travailleurs. Les problèmes somatiques liées au travail ont eu tendance à diminuer, quoique pas dans tous les secteurs. Les défis actuels les plus importants concernent les exigences psychiques. Des relations d’emploi instables et une économie qui s’oriente toujours plus vers une société de prestations de services et de gestion des connaissances exigent des travailleuses et travailleurs une capacité d’adaptation beaucoup plus élevée. Nous ne disposons pas encore de données statistiques nationales suffisantes concernant les effets des conditions de travail actuelles sur la santé. Nous pouvons cependant admettre que les conditions en Suisse ne diffèrent pas fondamentalement de celles des pays voisins. Au niveau européen, on calcule que les conditions de travail dommageables pour la santé engendrent des coûts dans les domaines de la santé et de l’aide sociale de l’ordre de 2 à 4% du produit intérieur brut. Pour la Suisse cela signifie que notre économie est frappée chaque année par des coûts de 8 à 16 milliards de francs. Les pertes de productivité entraînées par les problèmes de santé ne sont pas comptées dans cette estimation des coûts. Les prescriptions de sécurité et de protection classiques, ancrées dans la loi sur le travail et dans la loi sur l’assurance accidents, semblent insuffisantes. Notre société a besoin de travailleurs et travailleuses non seulement en bonne santé physique, mais aussi capables de fournir des prestations élevées. Certains employeurs ont déjà compris que c’est dans leur intérêt économique de se soucier de conditions de travail le moins dommageables possible à la santé. Il est aussi essentiel d’organiser le travail de sorte qu’il soit promoteur de santé et de comprendre la promotion de santé comme un élément indissociable de la politique d’entreprise. C’est sur la base de ces constatations que le Projet « Politique nationale suisse de la santé », porté ensemble par la Confédération et les cantons, a organisé en 2003 sa Journée de travail sur le thème « Conditions de travail et santé ». Cette journée a été complétée entre 2002 et 2004 par quelque 20 autres manifestations consacrées à cette thématique. Le présent rapport de synthèse est construit à partir de l’ensemble de ces efforts. Il aborde les conditions de travail sous divers angles. Outre les coûts, il prend également en compte l’évolution démographique. Les spécialistes issus des principales institutions en charge de ce domaine apportent ici une vue d’ensemble sur les diverses réglementations et sur les compétences dans le domaine du droit relatif à la protection de la santé au travail, qui ne sont souvent pas aisées à comprendre. Le rapport montre aussi dans quels domaines il paraît nécessaire d’agir actuellement. Le chapitre final contient des recommandations exprimées de concert par l’ensemble des institutions associées à cet effort. Ce rapport de synthèse peut être considéré comme l’exemple d’une coopération réussie entre des institutions étatiques et des organisations spécialisées non gouvernementales. En cela il montre bien que la santé de la population travailleuse doit devenir un objet d’intérêt commun pour tous, en stimulant l’intégration de la promotion de la santé dans le contexte actuel de la protection de la santé au travail. Cette perspective nous concerne tous. Thomas Zeltner Directeur de l’Office fédéral de la santé publique Jean-Luc Nordmann Directeur du Travail Secrétariat d’Etat à l’Economie, seco 5 Résumé Grâce à des mesures de protection et de prévention efficaces, les risques traditionnels pour la santé sur le lieu de travail ont sensiblement diminué. Les mutations rapides sur les plans de l’économie et de la technique ont cependant transformé considérablement le monde du travail. Ces changements – le passage d’une société de production à une société des services et de l’information – ont transformé de nombreuses activités professionnelles et entraînent de nouveaux défis en relation avec la santé. L’homme – et la femme – au travail, avec leurs compétences, leur potentiel d’innovation et leur capacité d’adaptation (capital humain) se trouvent au centre de chaque développement économique. Ce capital humain ne peut toutefois être pleinement mis à profit par les entreprises que si ces dernières reconnaissent les connaissances et compétences des personnes actives et les engagent dans les processus productifs d’une manière telle que les travailleurs soient motivés et travaillent dans de bonnes conditions de santé. Le développement du capital humain est donc directement dépendant de la qualité des conditions de travail. Celles-ci devraient être aménagées de sorte de n’engendrer aucun trouble de santé. Plus de 60% de la population résidente en âge de travailler a une activité professionnelle. Le travail a ainsi une importance sociale toujours plus considérable. Il assure les ressources nécessaires à l’existence, il crée du sens et construit une identité sociale, et par là il est un déterminant essentiel de la santé. Le travail offre des moyens d’autonomie et de soutien social, crée des réseaux d’appartenance et de reconnaissance. En Suisse comme dans le reste de l’Europe occidentale, la part de population âgée devient toujours plus importante. Il importe donc de lui permettre de prolonger sa faculté de travailler afin de rester insérée dans les processus sociaux. L’évolution démographique constitue ainsi un défi supplémentaire pour la santé à la place de travail. Des études internationales soulignent le fait que des conditions de travail néfastes à la santé occasionnent à la société des coûts annuels de l’ordre de 2 à 4% du produit intérieur brut. Cela représente pour la Suisse plusieurs milliards de francs. Les coûts directs liés à la morbidité sont payés par la population au travers des primes d’assurance maladie ou accidents et des impôts. Ceux des accidents et des maladies professionnelles sont couverts par les primes d’assurance accidents, partagées entre les travailleurs et les employeurs. Ces développements du monde du travail ont suscité un intérêt croissant de la part de la Confédération et des cantons, concrétisé dans le cadre du projet „Politique nationale de la santé“. La Journée nationale de travail du 18 septembre 2003 à Aarau a amené de nombreux acteurs de ce domaine à se pencher intensivement sur la question des conditions de travail et de la santé. La Loi sur le travail, la Loi sur la participation, l’Assurance-accidents et l’Assurance-invalidité constituent des conditions générales satisfaisantes pour la prévention et pour une réintégration rapide des travailleurs devenus malades ou accidentés. Ces mandats légaux sont assumés, au niveau national, par le Secrétariat d’Etat à l’Economie (seco), l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la Caisse nationale d’assurance accident (Suva), la Commission fédérale de coordination pour la santé et la sécurité au travail (CFST), et par les inspectorats cantonaux du travail. Cependant, le développement de cette législation au cours de l’histoire fait qu’elle est fragmentée, et appliquée par des organes d’exécution multiples, soutenus par des ressources financières d’importance fort différente selon les domaines. 6 Le présent rapport donne une vue d’ensemble de la situation actuelle concernant le travail et la santé et indique des potentiels d’amélioration. Les auteurs du rapport représentent les institutions fédérales, cantonales et d’utilité publique compétentes dans le champ de la santé au travail. Pour une stratégie de la santé au lieu de travail orientée vers l’avenir, il importe d’agir dans les domaines suivants : • Monitoring des conditions de travail et de la santé au travail • Prévention des atteintes à la santé à la place de travail et promotion de la santé dans les entreprises • Réintégration professionnelle après une maladie ou un accident • Transfert des connaissances sur les déterminants de la santé au travail, en particulier dans la formation professionnelle, dans les hautes écoles spécialisées et les universités • Recherche scientifique sur les relations complexes entre conditions de travail et santé • Surmonter la fragmentation législative. Les recommandations se concentrent sur: • Une amélioration de l’application des lois existantes • La compréhension et l’acceptation des mesures de promotion de la santé en entreprise • Des mesures propres à favoriser la recherche et le développement dans le domaine de la santé et des conditions de travail. Compte tenu de ce qu’une grande partie de la population suisse exerce une activité professionnelle et que la santé se trouve exposée à de nouveaux risques liés au travail, la santé au travail devrait être considérée comme l’une des priorités majeures de la santé publique (Public Health). Lorsqu’on parle ici des conditions de travail, ce sont : le contexte de l’entreprise, les conditions contractuelles du droit du travail, l’organisation du travail, les procédés de travail, l’infrastructure et le climat de travail qui sont signifiés. 7 1. Introduction et vue d’ensemble Durant les mois qui ont précédé et qui sont suivi la Journée de travail du 18 septembre 2003 de la Politique nationale de la santé : « Conditions de travail et santé: vers des stratégies partagées et concertées », toute une série de manifestations eurent lieu sur ce même thème (voir annexe IV). Ces manifestations permirent d’approfondir les connaissances sur le sujet et de procéder à un large transfert de savoir. Le présent rapport est structuré comme suit : situation de départ, impulsions, résultats et conclusions. Ces dernières doivent convaincre la Confédération et les cantons qu’investir dans la santé au travail est une manière décisive de soutenir la politique économique. Par ailleurs, le rapport doit apporter un soutien aux acteurs déjà impliqués dans des interactions entre travail et santé. Le présent rapport s’appuie sur la définition de la santé au travail de l’Organisation internationale du travail, qui a son siège à Genève (OIT, 1950). Elle décrit la santé au travail (occupational health) comme la promotion et le maintien, à son niveau le plus élevé, du bien-être physique, psychique et social des travailleurs dans toutes les professions. Cet objectif peut être atteint par des interventions concernant autant les conditions de travail que les comportements individuels en matière de sécurité au travail, et également par la promotion et le maintien de la santé. La santé au travail implique les actions suivantes: • Identification et évaluation (assessment) des risques pour la santé sur le lieu de travail ; ceci comprend la surveillance des conditions de travail et de l’organisation du travail qui pourraient mettre la santé des travailleurs en danger. • Conseils aux organisations: information, formation de base et continue en matière de prévention (y compris de promotion de la santé), organisation du travail et conception ergonomique des processus de travail, réhabilitation et réinsertion, dispositifs et instruction aux mesures de premiers secours dans l’entreprise. • Monitorage des effets des conditions de travail sur la santé des travailleurs. Avec sa “Global strategy on occupational health for all: The way to health at work”, l’OMS s’engage depuis plusieurs années pour la protection de la santé au travail. Elle a mis sur pied un réseau mondial de centres collaborateurs pour la santé au travail, dont fait notamment partie l’Institut universitaire romand de la santé au travail de Lausanne La conception de la santé fait référence, dans le présent rapport, aux connaissances acquises depuis les années 1980 par la salutogénèse et la promotion de la santé. Santé et maladie sont considérés comme un continuum. La salutogénèse examine surtout ce qui maintient en santé. En font partie les ressources personnelles, sociales et contextuelles comme aussi les forces de résistance. Fondamentalement, la promotion de la santé (Charte d’Ottawa, 1986) est le processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leurs conditions de vie et leur environnement et par là d'améliorer leur propre santé. Les gens ne peuvent réaliser leur potentiel de santé optimal que s'ils peuvent avoir de l’influence sur les éléments qui déterminent leur état de santé. Pour cette raison, la participation active des travailleurs à l’aménagement des conditions de travail trouve une importance particulièrement élevée. En se basant sur la conception de l’OMS sur la promotion de la santé, des conditions de travail favorables à la santé doivent faire mieux que d’éviter les dommages et diminuer les risques pour la 8 santé. Le travail lui-même doit être une ressource pour la santé. « La façon dont la société organise le travail doit être une source de santé et non de maladie. La promotion de la santé engendre des conditions de vie et de travail sûres, stimulantes, plaisantes et agréables. » (Charte d’Ottawa, OMS 1986). Dans la déclaration de Barcelone du Réseau européen pour la promotion de santé de lieu de travail (ENWHP, 2002) on trouve la formulation suivante : « le monde du travail et la façon dont la vie au travail est organisée actuellement dans notre société est un facteur déterminant, peut-être le plus important, de la santé ». Grâce à ces connaissances, on comprend combien il est pertinent de prévenir les maladies qui sont déterminées de manière multifactorielle sous l’influence des facteurs liés au travail dans l’entreprise, externes au travail, ou liés aux comportements individuels. Ces troubles de santé sont nommés, dans le présent rapport, « atteintes à la santé (ou ‘troubles’) associées au travail ». De cas en cas, la part de causalité liée au travail de tels troubles ne peut pas être prouvée de manière exacte. Cependant, parmi les motifs qui entraînent des absences au travail pour cause de maladie, ces troubles représentent certainement la part la plus importante. Le chapitre 2 du rapport aborde la question d’un point de vue économique. Quelles conséquences l’évolution démographique aura-t-elle ? Quel rôle le travail professionnel joue-t-il en tant que déterminant de la santé individuelle et de la santé des populations ? Y a-t-il une relation entre la santé des travailleurs et la ‘santé’ de l’entreprise ? Ce chapitre se termine par une vue d’ensemble des bases légales en la matière. Le chapitre 3 décrit les principaux champs d’action dans le domaine des conditions de travail et de la santé: le monitorage d’abord; en d’autres termes l’acquisition des informations nécessaires pour juger des effets du monde du travail sur la santé; ensuite, la prévention des atteintes à la santé associées au travail et la promotion de la santé dans l’entreprise; la réhabilitation enfin, soit la réinsertion professionnelle à la suite d’une maladie ou d’un accident. Le chapitre 4 propose quant à lui une vue d’ensemble des tâches et activités des acteurs intervenant dans le domaine du travail et de la santé. Au niveau national, ce sont les activités de la Confédération (seco, OFSP, OFAS, Suva et CFST) qui sont brièvement présentées, alors qu’au niveau cantonal, ce sont les programmes en la matière des cantons de Genève, du Tessin et de Zurich. Le chapitre se clôt sur les activités de Promotion Santé Suisse axées sur la place de travail, la présentation de divers autres acteurs ainsi qu’un aperçu de ce qui se fait au niveau des entreprises. ll se termine par les travaux des universités et autres institutions de formation et une esquisse des collaborations internationales. Le chapitre 5 présente les domaines où il y a une nécessité d’agir : pour créer un monitorage ‘travail et santé’, pour la promotion de la santé dans les entreprises et la prévention, pour la réinsertion professionnelle après une maladie ou un accident, ainsi que pour développer la formation et la recherche. En conclusion, le chapitre 6 rapporte toutes les recommandations faites pour la suite des travaux et assumées ensemble par les institutions ayant participé à ce rapport. Les diverses contributions de ce rapport sont l’œuvre des unités spécialisées auxquelles appartiennent les auteur(e)s cités dans l’impressum. Elles ont été discutées au sein d’un groupe d’experts puis débattues lors d’un hearing avec les directions des institutions. Il est apparu un large consensus concernant l’analyse de la situation et la présentation des nécessités d’agir dans le domaine de ‘santé et travail’ en Suisse. Les institutions divergent seulement sur quelques nuances de détail. Il peut aussi arriver que certaines opinions des spécialistes ne rejoignent pas à 100% le point de vue des institutions qui les ont délégués à la rédaction du rapport. 9 2. Situation de départ 2.1. Importance économique Les coûts de la santé croissent depuis des années et atteignaient en 2002 déjà quelque CHF 48 milliards (OFS 2004) soit 11% du produit intérieur brut (PIB). La part de ces charges représentée par les coûts causés par des conditions de travail néfastes à la santé ne peut que grossièrement être estimée. Selon la statistique des assureurs-accidents, CHF 1.4 milliards de francs ont été versés en 2002 pour réparation des accidents du travail et 85 millions de francs pour des maladies professionnelles. Selon le rapport quinquennal (1998-2002) des assureurs accidents 1 les coûts économiques pour la société des accidents et traumatismes (environ un tiers accidents professionnels, deux tiers accidents non professionnels) et des maladies professionnelles représentent 15,1 milliards de francs. Pour avoir une vue complète de la situation, devraient y être encore ajoutés les coûts non monétaires de perte de qualité de vie pour les accidents et pour leur entourage familial du fait de leur souffrance psychosociale (estimables selon la méthode « willingness to pay »). Ces chiffres qui ne comprennent toutefois pas encore les coûts des atteintes à la santé associées au travail, qui ne répondent pas aux critères de la Loi sur l’assurance-accidents. Au sein de l’Union européenne, on admet que ces atteintes à la santé liées au travail occasionnent aux économies nationales des coûts directs et indirects à hauteur de quelques pourcents du PIB 2 (Bilbao 2000, Bilbao 2002). Quand bien même des données détaillées manquent pour la Suisse, il est bien probable que ces chiffres sont également valables pour notre pays. C’est ainsi qu’une étude du seco (seco 2003) a montré que le stress au travail engendre chaque année des coûts de l’ordre de CHF 4,2 milliards de francs. Des conditions de travail rendant malade se répercutent de plus également sur les coûts de l’assurance-invalidité. Là aussi, il n’est pas possible d’estimer précisément quelle est leur part sur l’ensemble des coûts de l’AI, qui se montent à CHF 11 milliards. Il est raisonnable d’estimer qu’environ 80% des rentes AI sont à attribuer à des maladies et accidents survenus au cours de la vie professionnelle. D’un point de vue économique, cette situation est d’autant plus inquiétante que l’économie helvétique stagne depuis des années. Selon le Rapport sur la croissance du Département fédéral de l’économie (DFE 2000), l‘évolution de l’économie suisse au cours des dernières décennies peut se résumer par une ‘stagnation à un très haut niveau’. La Suisse se situe, sur la base de son produit intérieur brut (PIB) par habitant, au 3ème rang des pays de l’OCDE (derrière le Luxembourg et les Etats-Unis). Dans les années 1990, la Suisse se trouva décrochée du train de la croissance internationale et perdit même, ces dernières années, l’avance qu’elle détenait en matière de prospérité. Dans les années 1990, la croissance moyenne du PIB réel par habitant atteignait, dans divers pays européens (Luxembourg, Norvège, Danemark, Hollande) ainsi qu’aux Etats-Unis, plus de 2% par an. Dans tous les autres pays industrialisés, y compris dans une économie nippone secouée par une grave crise structurelle et d’expansion, la croissance moyenne annuelle dépassait au moins la limite de 1%. Seul pays de l’OCDE dans cette situation, la Suisse ne fut pas en mesure d’accroître, durant cette décennie, son PIB réel par habitant. 1 Statistique des accidents LAA 1998-2002 : 17 ème période d’observation de la Suva et troisième rapport d’observation quinquennal de tous les assureurs accidents ; Suva, Lucerne, août 2004, pages 37-43 et tabl. 7 page 40. 2 L’UE évalue à environ 20 milliards d’Euros les coûts causés par le stress au travail. L’OIT indique que les coûts des problèmes psychiques dus au travail, y compris le stress, représentent 3% du PIB de l’UE. 10 Graphique 1: Croissance des revenus par habitant : Croissance annuelle moyenne 1990-1999 du PIB réel par habitant en % Source:DFE 2002, Rapport sur la croissance, p. 4 Les facteurs dits ‘mous’ du succès d’une entreprise - tels la formation, les aptitudes professionnelles, mais aussi la motivation et le potentiel de performance - sont définis, en doctrine économique, comme le capital humain. Or en Suisse – pays pratiquement sans richesses naturelles – le succès économique dépend justement pour une grande part des investissements dans ce capital humain. Aussi le Rapport sur la croissance susmentionné du DFE propose-t-il d’investir dans la formation en tant que capital humain comme mesure susceptible de favoriser une amélioration de la faible croissance de l’économie nationale. C’est donc logiquement que le plan de législature pour les années 2003 - 2007 et les objectifs concrets du Conseil fédéral ont mis un fort accent sur la formation et la recherche ainsi que sur les mesures favorisant l’intégration sur la place de travail. Les investissements dans la formation ne valent cependant la peine que s’ils peuvent ensuite trouver leur expression sur le lieu de travail. Il est dès lors évident que des mesures visant à éviter des conditions de travail néfastes à la santé ne peuvent qu’aider à garantir les importants investissements consentis pour la formation. Il serait toutefois encore préférable de veiller à des conditions de travail favorisant la santé, car il ne faudrait pas oublier que l’activité professionnelle peut aussi être source de santé physique et psychique. Raison pour laquelle une attention toute particulière sera accordée à cet aspect dans le présent rapport. Quand au fait que d’autres pays européens soutiennent aussi de manière accrue l’approche de la promotion de la santé au travail, cela est confirmé par la prise de position du Ministère fédéral allemand de la santé et des affaires sociales (BMGS 2004) au sujet du rapport « Promotion de la santé en entreprise » de la commission d’experts des fondation Bertelmanns et Hans Böckler. 11 2.1.1. Evolution démographique La Suisse dispose, en comparaison internationale, d’un taux d’activité élevé chez les travailleurs âgés. Il se situe, chez les hommes de 50 à 64 ans, au second rang des pays de l’OCDE, immédiatement derrière l’Islande. En dépit de la stagnation économique des années nonante et du développement des mises à la retraite anticipée, le taux d’occupation des hommes n’a que peu reculé, alors que sa tendance continue à augmenter chez les femmes (OCDE, 2003). Cela n’empêche pas la Suisse - à l’instar des autres pays de l’OCDE – d’être confrontée au problème du vieillissement démographique. La comparaison des recensements de la population de 1990 et 2000 et les pronostics qui en sont tirés font apparaître la structure suivante probable de la population active: Vue d’ensemble de l’évolution de la population active – Structure des âges (OFS 2003) Graphique 2: Scénarios sur l’évolution de la population active Source:OFS 2003 12 Graphique 3: Evolution de la structure des âges dans le scénario Trend Source:OFS 2003 Dans le scénario „Trend“ de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les personnes de plus de 65 ans représenteront, d’ici 2050, 43% du nombre de celles âgées de 20 à 64 ans (en 2000: 25%). Même si le taux d’occupation demeure au niveau élevé de 2000, la population active de la population en Suisse diminuera dès 2020 et montrera un vieillissement significatif. En effet, selon ce scénario, les plus de 50 ans représenteront, en 2020, 31% de la population active, contre 25% en l’an 2000. Partant du recul de la population active esquissé dès env. 2020 dans la courbe „Trend“ du tableau „Evolution de la population active“, un nouveau déplacement des actifs (20 - 64 ans) vers les nonactifs devrait s’effectuer, de même que – conformément à la structure pronostiquée des âges de la population résidente – une nouvelle élévation de l’âge moyen au sein du segment des 20 à 64 ans. A noter que, contrairement à 1990, l’on compte déjà plus d’adultes de 40 à 64 ans que de 20 à 39 ans. L’âge constitue bien évident un déterminant important de la santé. Dans les consultations de médecine générale, médecine interne et psychiatrie, la proportion des patients pour lesquels le médecin constate un lien entre le motif de consultation et les conditions de travail augmente de façon significative avec l’âge (Conne-Perréard & Usel, 2004). De même, le nombre des journées de travail perdues du fait d’une incapacité de travail due à la maladie - où des indemnités journalières de maladie s’ajoutent aux coûts du traitement médical proprement dit – augmente fortement dès l’âge de 55 ans. La cause n’en est pas le pourcentage plus élevé d’actifs âgés, mais des états pathologiques plus longs du fait de maladies chroniques (Küsgens & al. 2003). Quoique on ne dispose, en Suisse, d’aucune statistique représentative de l’ensemble de la population comme en Allemagne par exemple, il est probable que la situation n’est pas fondamentalement différente. En Suisse, un tiers des chômeurs sont des chômeurs de longue durée de plus de 50 ans. En outre, les travailleurs âgés (de plus de 50 ans) représentent près de 50% des rentiers AI. 13 2.2. Le travail comme déterminant de la santé 2.2.1. Conditions de travail favorables ou néfastes à la santé Le travail joue un rôle moteur dans la promotion et le maintien de la santé. Dans le cadre de conditions de travail favorables, peuvent se construire et s‘exprimer la créativité, l‘autonomie, l‘identité, la convivialité, la réalisation sociale. Par conditions de travail favorables on entend, outre l’absence de risques physiques et psychosociaux (charge et contenu du travail, autonomie et soutien social au travail et perspectives professionnelles), également une organisation du travail et un management respectueux, le respect de la personnalité, une stabilité contractuelle et une rémunération équitable. Non seulement l’exclusion du monde du travail, le chômage, mais aussi l’insécurité de l’emploi ont des effets délétères sur la santé. L’étude de Domenighetti et al (2001) montrait, entre autres, la prévalence plus élevée de troubles du sommeil, d’anxiété et de consommation de psychotropes chez les employés ayant peur de perdre leur emploi. L’Enquête suisse sur la santé de 2002 montre que 37% des hommes et des femmes qui craignent fortement de perdre leur emploi souffrent de troubles physiques importants tels qu’insomnies, maux de tête ou de dos, contre 17% de ceux qui ne connaissent pas du tout cette crainte (OFS, 2003). L’exercice d’une activité professionnelle n’est cependant pas sans risques: accidents et maladies professionnelles restent malheureusement toujours trop fréquents, même si la réglementation et les efforts de prévention ainsi que le développement de la technique ont permis d’en diminuer le nombre et même de faire disparaître certaines maladies professionnelles classiques comme l’intoxication au plomb. Au niveau des entreprises, les accidents - professionnels et non professionnels - et les maladies professionnelles ne représentent cependant qu’environ 20% des jours d’absence du travail; les 80% restants sont à mettre sur le compte de maladies considérées comme « normales » mais dont une partie est probablement en relation avec des conditions de travail défavorables. Les absences dues à la maladie (OFS, 2005) ne représentent cependant que la pointe de l’iceberg. Il faut y ajouter la réduction des performances des travailleurs ou la cessation définitive de son activité. L’étude sur « La mortalité prématurée et l’invalidité selon la profession et la classe sociale à Genève » (Gubéran, Usel, 2000) montrait qu’environ quatre travailleurs du bâtiment et ouvriers d’usine sur dix n’atteignent pas l’âge de la retraite en bonne santé, alors que ce n’est le cas que pour un à deux sur dix architectes, ingénieurs et techniciens. Le même écart socioprofessionnel s’observe non seulement en ce qui concerne les conséquences des accidents mais aussi les autres causes d’invalidité comme les maladies cardio-vasculaires, les maladies des os et des articulations, les cancers et les maladies respiratoires. Une partie de cette différence doit être appréhendée sous l’angle des maladies liées au travail. Si l’origine multifactorielle de ces atteintes à la santé complique leur appréhension, un consensus scientifique se dégage autour de la « fraction attribuable » au travail ou à certaines conditions de travail spécifiques, à savoir la proportion d’atteintes à la santé qui ne surviendraient pas si le facteur d’exposition était supprimé. 14 On peut par exemple estimer qu’en Suisse 6% des maladies cardio-vasculaires ne surviendraient pas si personne ne travaillait la nuit 1. L’intensification du travail a pour conséquence une charge psychique et psychosociale élevée pour les travailleurs. On sait bien maintenant que l’organisation du travail, le mode de gestion et les relations sociales sur le lieu de travail ont un impact sur la santé. Il a aussi été démontré que le stress au travail est une composante importante de l‘état de santé, du nombre d‘arrêts maladie et de la mortalité prématurée. En Suisse, 47% des hommes et 41% des femmes affirment ressentir une forte tension nerveuse au travail. Parmi ceux-ci, l’Enquête suisse sur la santé révèle que 38% des femmes et 21% de hommes ont des troubles physiques importants, contre respectivement 20% et 14% parmi celles et ceux qui indiquent un niveau de tension nerveuse très faible. De plus, entre le niveau de tension nerveuse le plus faible et le niveau le plus élevé, la proportion de personnes dont l’équilibre psychique est fortement affecté augmente de 16 à 29% (OFS, 2004). Selon la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de Dublin (Eurofound), 30% des arrêts maladie dans l’Union européenne seraient directement consécutifs aux effets du stress à la place de travail. 2.2.2. Work-Life Balance – équilibre entre vie et travail D’après les données représentatives du Panel suisse des ménages pour l’année 2000, près de 60% de la population active cumulent – à des degrés moyens à élevés – des rôles aussi différents que l’exercice d’une profession, la vie en couple, le fait d’être parents et d’élever des enfants, le travail domestique et la prise en charge de d’autres membres de la famille hors du ménage. Cette accumulation de rôles compromet l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle (Work-Life Balance). Dans l’ensemble, 13,7% des personnes interrogées admettent avoir beaucoup de difficulté à concilier travail et vie privée, et 31,6% se disent insatisfaites du temps libre à leur disposition. Le temps pris par le rôle professionnel ou l’activité lucrative en est tenu pour la cause principale. On estime ainsi que quelque 300'000 actifs souhaiteraient pouvoir réduire leur temps de travail. Ce déséquilibre est particulièrement important dans les positions professionnelles supérieures (position de cadres ou de management), en cas d’activité à plein temps ou à temps partiel élevé, du fait d’heures supplémentaires régulières et non voulues ainsi qu’en raison de temps de déplacement de plus d’une heure. Ce déséquilibre entre vie professionnelle et privée est aussi plus fréquent chez les actifs plus jeunes, chez les femmes et chez les personnes ayant un niveau élevé de formation. Un tel déséquilibre s’accompagne chez les personnes concernées d’atteintes à la santé et de perturbations des comportements vis-à-vis de la santé. Plus cet équilibre est perçu comme mauvais, plus se révèlent également mauvais l’état psychique (et physique) ainsi que la satisfaction à l’égard de la santé, du travail, des loisirs, du logement et de la vie en général, d’où s’ensuit aussi évidemment une activité physique moindre (Hämming, Bauer, 2004). Une récente enquête dans les cantons de Vaud et Genève (Canning, 2004) met en lumière le fait que les entreprises ayant pris les devants et proposant des mesures de soutien à la conciliation entre activité professionnelle et famille de leurs employés y trouvent des avantages. Elles bénéficient en retour d’une motivation et d’une satisfaction accrue de leur personnel. La conciliation entre 1 Fraction attribuable = e(RR-1)/1+e(RR-1) où e est la fréquence de l’exposition dans la population et RR le risque relatif. Le calcul est effectué sur la base d’un risque relatif de 1,4 (Steenland et al. 2000) pour l’exposition au travail de nuit, et de 15,2% de la population active exposée au travail de nuit selon la statistique ESPA/SAKE 2004. On peut aussi déduire la part attribuable aux personnes exposées (travailleurs de nuit) soit 28,6%. 15 activité professionnelle et famille est d’ailleurs un indicateur de qualité de l’emploi au Etats-Unis, au Canada et dans d’autres pays. 2.2.3. Invalidité Depuis 1992, l’augmentation annuelle moyenne du nombre de rentiers AI s’élève à 4,7%. La part des bénéficiaires de rentes AI dans la population en âge d’être active (18-65 ans) a passé, au cours des douze dernières années, de 3,2% à 5,2%. Cet accroissement de 2 pourcents est avant tout dû à: • la probabilité accrue, dans toutes les classes d’âge, de devenir invalide • l’augmentation de la durée durant laquelle les rentes sont versées, en raison d’un âge moyen plus jeune lors du début de l’invalidité • la part croissante, au sein de la population, de personnes plus âgées, présentant par conséquent un risque accru d’invalidité – du fait de la modification de la structure des âges • l’élévation de l’âge d’accès aux rentes AVS pour les femmes; • la difficulté de trouver et d’obtenir une place de travail pour les personnes souffrant d’un handicap. La probabilité de devenir bénéficiaire d’une rente AI est liée à l’âge - tout comme la péjoration de l’état de santé. Alors que 5,2% de l’ensemble de la population en âge d’être actif bénéficient d’une rente AI en janvier 2004, ce pourcentage s’élève à environ 11% parmi les personnes ayant entre 50 ans et l’âge de l’AVS. Peu avant l’âge de la retraite, quelque 20% des hommes touchent une rente d’invalidité. Graphique 4: Nouveaux bénéficiaires de rentes AI en 2004 Source: OFAS 2005, Statistique AI 2005 16 80% de l’ensemble des rentiers de l’assurance-invalidité le sont en raison d’une maladie, parmi lesquelles les troubles psychiques représentent la cause la plus fréquente avec plus de 30% des cas. La probabilité de devenir invalide pour raison d’une maladie psychique varie selon la catégorie socioprofessionnelle et les secteurs d’activité: les travailleurs du bâtiment et des mines viennent en tête, suivis par ceux de l’hôtellerie et de la restauration et les secteurs économiques L (administration publique, sécurité sociale obligatoire) et H (hôtellerie et restauration) (Staehlin-Witt, 2004). Le lien entre conditions de travail et probabilité de devenir invalide n’a pas encore été étudiée en Suisse. Toutefois, une étude effectuée récemment en Californie donne des résultats intéressants : Graphique 5: Taux annuel de survenue d’une incapacité de travail – Hommes de 51 à 61 ans Taux de survenue d'une incapacité de travail 0.25 Pas de conditions de travail défavorables Effort physique 0.20 Pas de contrôle Stress élevé Risques environnementaux 0.15 Stress élevé, pas de contrôle, risques environnementaux 0.10 0.05 0.00 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 Age Source : Crimmins E.M.; Hayward M.D, 2004 Par rapport au seul effet de l’âge, l’exposition à des situations de travail cumulant les risques de stress, de manque de contrôle sur le travail et les risques environnementaux multiplie par 3 le taux de survenue d’une incapacité de travail. En Suisse, les travailleurs du bâtiment cumulent précisément ces différents facteurs de risque. Pris individuellement, chacun de ces facteurs de risque double le taux de transition. 2.3. Santé des travailleurs, santé de l’entreprise La définition même de la santé - selon qu’on l’appréhende comme un déterminant strictement individuel ou comme la résultante d’une interaction permanente entre l’individu et son milieu sur lequel il n’a que peu d’influence - ouvre des perspectives différentes en termes de prévention et de promotion de la santé. Dans cette relation étroite entre travail et santé, des conditions de travail favorables non seulement préservent la santé des travailleurs mais constituent aussi un élément important de la santé économique des entreprises. Cela influence la productivité, les coûts directs et indirects, par exemple pour le remplacement des absences, l’engagement et la formation de nouveau personnel. 17 Graphique 6: Influence de l’état de santé sur la productivité de l’économie Comportement Organisation du individuel / travail ressources Etat de santé des actifs Productivité Source: Shain und Kramer, 2004) Ce n’est pas en sacrifiant la santé qu’on peut améliorer la productivité. Au contraire, l’amélioration des conditions de travail améliore la santé des individus, ce qui a pour effet d’accroître la productivité et d’instaurer ainsi des conditions de travail encore plus propices à la santé et à la productivité. « L'humanisation du travail, une organisation du travail et de l'entreprise orientée sur les collaborateurs et un management respectueux de ces derniers ne coûtent rien. Ce n'est pas une question de coût, c'est une question de volonté » (Bergmann, 2004). Une étude de suivi pendant 10 ans d’une large cohorte de fonctionnaires britanniques (Whitehall Il Study, North et al., 1996) confirme que le travail est un facteur de santé et de productivité si les aspects suivants sont adéquats: • autonomie et soutien dans le travail • environnement social, organisation et salaire • statut social subjectif • équilibre entre effort et récompense • aménagement du travail, organisation et management • environnement psychosocial. Deux sondages effectués l’année dernière, l'un en Suisse romande (MIS, 2004) et l'autre Suisse allemande (Link, 2004) montrent que les Suisses sont assez satisfaits de leur travail et sentent plus en sécurité que dans certains autres pays européens. Les motifs de satisfaction retrouvent parmi les facteurs favorables cités ci-dessus et la qualité de vie s'articule autour l’équilibre entre travail et famille (work life balance). en se se de 18 2.4. Dispositions légales L’annexe II présente une synthèse des principales dispositions légales concernant le domaine santé et travail. Un document de travail 1, élaboré sur mandat de Promotion Santé Suisse, donne par ailleurs une vue d’ensemble générale sur les bases légales, les structures et les financements publics de la prévention et de la promotion de la santé au niveau fédéral en Suisse. Ce rapport ne traite cependant pas de manière spécifique des aspects particuliers du domaine de la santé au travail. 2.4.1. Prévention et promotion de la santé en général La prévention des maladies et la promotion de la santé est ancrée dans l’article 19 de la Loi sur l’assurance-maladie (LAMal, RS-832.10) de 1966. Les assureurs gèrent, conjointement avec les cantons, une institution (fondation Promotion Santé Suisse) qui initie, coordonne et évalue des mesures propres à promouvoir la santé et à prévenir la maladie. L’article 20, quant à lui, en règle le financement et la surveillance. Les assureurs-maladie prélèvent chez leurs assurés une contribution fixe au profit de la promotion de la santé, contribution qui s’élève actuellement à Fr. 2.40 par an et par assuré. La fondation Promotion Santé Suisse administre, avec ses organes statutaires et sous la surveillance de l’OFSP, quelque 17 millions de francs par an, récoltés par les assureurs-maladie conformément à l’art. 19 LAMal. Depuis 1998, la fondation mène un programme prioritaire consacré à la santé au travail et investit environ un million de francs par an à la promotion de la santé dans les entreprises (cf. 4.3.1). Ces deux articles de la LAMal ne donnent toutefois aucune garantie quant à la poursuite à long terme de la promotion de la santé en entreprise en Suisse. 2.4.2. Sécurité et protection de la santé sur le lieu de travail La protection de la santé sur le lieu de travail est réglementée par la Confédération (art 110 de la Constitution fédérale). Elle se retrouve pour l’essentiel dans deux lois fédérales: • La Loi sur le travail (LTr, RS-822.11) règle la protection générale de la santé et a pour but non seulement d‘empêcher des atteintes à la santé mais de créer des conditions de travail aussi bonnes que possible eu égard à la santé 2. • La Loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA, RS-832.20) règle la couverture des frais des troubles à la santé consécutifs à des accidents ainsi que la prévention des accidents et des maladies professionnels 3. Les prescriptions relatives à la prévention des accidents et des maladies professionnels sont réglées dans l’ordonnance d’application de la LAA concernant la 1 “Bases légales, structures et financement public de la prévention et de la promotion de la santé au niveau fédéral “ de Mark Ita sur mandat de Promotion Santé Suisse, mars 2005. 2 Art.2 OLT3: L’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer et d’améliorer la protection de la santé et de garantir la santé physique et psychique des travailleurs. 3 Art. 82 LAA al. 1: L’employeur est tenu de prendre, pour prévenir les accidents et maladies professionnels, toutes les mesures dont l’expérience a démontré la nécessité, que l’état de la technique permet d’appliquer et qui sont adaptées aux conditions données. 19 prévention des accidents et des maladies professionnels (OPA), fréquemment dite "ordonnance de la sécurité au travail". Ces deux lois exigent des employeurs qu’ils prennent et financent les mesures préventives indispensables. En 1993 est entrée en vigueur la Loi fédérale sur l’information et la consultation des travailleurs dans les entreprises (en bref Loi sur la participation, RS-822.14). Concernant la santé, cette législation prévoit que les représentants des employeurs et des travailleurs travaillent de concert dans la planification et l’exécution des mesures appropriées. Sont soumis aux règles de la sécurité au travail selon l’assurance-accidents tous les travailleurs occupés en Suisse. La Loi sur le travail a un champ d’application quelque peu plus limité. En sont notamment exclus les entreprises agricoles ainsi que les employés occupant des positions dirigeantes et disposant de larges compétences de décision. Les administrations des communes, des cantons et de la Confédération ne sont soumises à cette loi que pour les prescriptions explicites sur la protection de la santé (articles 6, 35 et 36a). Les devoirs des employeurs et des travailleurs sont réglés identiquement dans les deux lois. L’employeur est responsable de la sécurité et de la protection de la santé dans son entreprise. Les travailleurs doivent observer les directives en la matière et sont de plus incités à s’engager activement dans ce domaine. Les organes d’exécution de la Loi sur le travail sont les inspections cantonales du travail et le Secrétariat d’Etat à l’économie seco. Alors que l’exécution des prescriptions de la LAA concernant la prévention des maladies professionnelles est en mains de la seule Suva, l’application des prescriptions relatives à la prévention des accidents est répartie entre la Suva, les inspections cantonales du travail et le seco et est coordonnée par la Commission fédérale de coordination pour la santé et la sécurité au travail (CFST). Le financement de la protection de la santé au travail est à charge des employeurs (art. 82 LAA). L’employeur couvre les coûts des mesures qui sont de sa responsabilité afin d’assurer la sécurité au travail, y compris des mesures éventuelles prises sous contrainte administrative. Il en va de même s’agissant des mesures de protection prévues par la Loi fédérale sur le travail. Une différence existe cependant s’agissant des mesures d’application générale de la prévention : les coûts d’exécution de la Loi sur le travail sont couverts par les budgets ordinaires de la Confédération et des cantons, alors que les coûts d’exécution de la LAA, particulièrement les mesures à large échelle de prévention des accidents et maladies professionnels décidées par la CFST sont couverts par un supplément de primes (art. 91 LAA). Actuellement, ce supplément est soumis à la TVA, ce qui a pour conséquence que, chaque année, quelque 7,5 millions de francs sont soustraits et ne peuvent être directement investis dans la prévention des accidents et maladies de la population active. Au niveau fédéral, la surveillance sur ces deux lois relève respectivement du seco pour ce qui est de la Loi sur le travail et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour la LAA. Les dispositions légales suisses correspondent pour l’essentiel aux exigences de l’UE en la matière. S’en écarte cependant l’absence notamment, en Suisse, d’obligation d’annoncer des accidents aux autorités. 20 La Suisse est depuis 1919 membre de l’Organisation internationale du travail (OIT) et s’est engagée, dans le cadre de cette organisation, à se conformer aux exigences d’actuellement 47 accords 1 . Une autre série d’accords - tels que par exemple celui sur les services médicaux d’entreprise (no 161) - n’a pas été signée par la Suisse. La Suisse peut se prévaloir d’une longue tradition en matière de dispositions légales sur la protection de la santé sur le lieu de travail. Cette évolution a toutefois conduit à une fragmentation des tâches réglementées par voie légale, ce qui entraîne des doublons et une incapacité relative à réagir adéquatement à de nouveaux risques pour la santé liés au travail. 2.4.3. Réinsertion professsionnelle ou invalidité La Loi fédérale sur l’assurance-invalidité (LAI, RS-831.20), en vigueur depuis 1959, fait de l’AI une assurance obligatoire. Sont assurées toutes les personnes qui résident en Suisse ou y exercent une activité professionnelle. Sous certaines conditions, les citoyens et citoyennes suisses habitant à l’étranger peuvent aussi s’affilier volontairement à l’AI. Il y a invalidité lorsqu’une personne présente – du fait d’une atteinte physique, psychique ou mentale de sa santé (due à une lésion à la naissance, à une maladie ou à un accident) – une incapacité durable d’acquisition d’un revenu d’au moins 40% pendant une année et ce sans interruption notable. Cette assurance a pour but de garantir, par des mesures de réintégration ou par des prestations financières, les moyens d’existence aux assurés au cas où ils sont ou risquent de devenir invalides. L’insertion dans la vie active passe clairement avant le versement d’une rente. Les offices cantonaux AI offrent diverses prestations destinées à faciliter la réinsertion dans une activité lucrative (cf. 3.3.2). Si l’invalidité est causée par une maladie, c’est l’assurance maladie obligatoire qui prend en charge les coûts des traitements jusqu’à la survenue de l’invalidité. Par la suite, l’assurance-invalidité finance les mesures ou une rente. Ai l’invalidité est causée par un accident ou une maladie professionnelle reconnue, c’est l’assurance-accidents qui prend en charge tant les prestations médicales que les indemnités journalières de perte de gain durant le traitement et jusqu’à la survenue de l’invalidité, mais également ensuite la rente d’invalidité. 1 L’annexe III donne une liste des principaux accords en matière de protection de la santé sur le lieu de travail. 21 3. Champs d’action 3.1. Monitorage Travail et Santé On ne dispose actuellement que de données nationales représentatives très partielles sur la question des conditions de travail et de la santé. Diverses sources de données éparses existent, qui fournissent certes entre autres des informations sur le domaine de la santé au travail; malheureusement, elles n’ont jusqu’ici guère été systématiquement exploitées et intégrées dans un système cohérent de monitorage ‘travail et santé’. Le seco - se fondant sur le rapport en réponse au postulat Teuscher 1 sur les données relatives à la santé au travail (Lampert 2003) - a mis sur pied, en collaboration avec des représentants d’instituts de recherche, des autorités et des partenaires sociaux, des ateliers visant à conceptualiser un système national de monitorage. D’entente avec l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) et la Politique nationale suisse de santé, le seco a donné mandat à l’Institut de médecine sociale et préventive de Zurich d’analyser les données suisses sur les conditions de travail favorables à la santé et sur la protection de la santé et sur la sécurité et la protection de la santé sur le lieu de travail issues des enquêtes de population de routine, ainsi que d’en tirer une liste d’indicateurs pour un système de monitorage. Des comparaisons fiables avec d’autres pays européens n’ont guère été possibles jusqu’ici par manque d’instruments d’enquête compatibles, situation qui devrait changer avec la première participation de la Suisse, en 2005, à l’Enquête quinquennale européenne sur la santé et les conditions de travail. De plus, une adaptation des instruments nationaux d’enquête et de registres existants ainsi que des compléments ciblés devraient permettre de mieux les orienter sur les questions relatives au domaine de la santé au travail. Concernant enfin le domaine des accidents du travail et des maladies professionnelles reconnues au sens de la LAA, le Service de centralisation des statistiques de l’assurance-accidents LAA (SSAA) met à disposition une bonne base de données 3.2. Prévention des atteintes à la santé liées au travail et promotion de la santé en entreprise 3.2.1. Protection générale de la santé et conditions de travail favorisant la santé De nombreuses études de la médecine du travail, de la psychologie du travail et de la sociologie des entreprises ont démontré la relation existant charge de travail et influence de l’environnement professionnel d’une part et plaintes relatives à la santé et maladies d’autre part. Outre l’influence évidente de facteurs nocifs, tels que de mauvaises conditions climatiques, du bruit insupportable ou un éclairage insuffisant, la charge psychosociale exerce souvent un rôle dominant. Aussi est-il raisonnable, pour éviter de telles atteintes à la santé liées au travail, de veiller de manière générale à de bonnes conditions et à un bon climat de travail. C’est pourquoi la Loi sur le travail exige non seulement d’éliminer les facteurs néfastes, mais aussi au surplus une organisation du travail adéquate correspondant aux tâches à effectuer, une attribution claire des tâches et des compétences ainsi qu’un accès transparent aux informations. 1 (00.3546) Etude sur l’invalidité et la mortalité dans le monde du travail 22 Des influences extraprofessionnelles telles que des prédispositions personnelles, des comportements ou les conditions de vie individuels peuvent constituer des facteurs causals concomitants d’atteintes à la santé. Aussi la méthode traditionnelle d’évaluation des risques en terme de protection générale de la santé est-elle, dans la plupart des cas, insuffisante compte tenu de la combinaison des causalités internes et externes et ne permet-elle souvent pas d’identifier les causes réelles des atteintes à la santé. Le concept de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) „Promotion de la santé au travail“ va un pas plus loin. La promotion de la santé au travail prend sa source, selon l‘OMS, dans un concept global de la santé. Les interventions doivent donc s’attaquer tant aux modes de vie des collaborateurs que, surtout, aux conditions de travail. Les programmes de promotion de la santé au travail conjuguent promotion de comportement sains (par ex. des pauses avec des exercices physiques pendant le travail, pour décharger le squelette et l’appareil musculaire) et promotion des conditions de travail saines (par ex. organisation de l’environnement professionnel et des processus de production favorable à la santé). Ces méthodes se sont révélées efficaces, les modifications du comportement à l’égard de la santé ne se laissant généralement pas imposer par des campagnes d’information ou des programmes de sensibilisation mais nécessitant un soutien social. La promotion de la santé en entreprise a pour ambition de créer – avec la participation active des dirigeants des entreprises et de leurs collaborateurs – une culture d’entreprise qui rend possible la réalisation, dans les entreprises, de mesures relatives aux comportements et aux conditions générales. La perspective salutogénétique, à la base de cette démarche, vise à renforcer les ressources des personnes et des organisations qui influent positivement sur la santé, de manière à obtenir un effet durable. Les ressources personnelles – comme les stratégies de maîtrise du stress, les compétences sociales ou professionnelles – restent acquises en dépit de changements de poste de travail aujourd’hui toujours plus fréquents. Compte tenu du constant renouvellement du personnel, les ressources institutionnelles – équipes partiellement autonomes, structures de communication transparentes, flexibilité du temps de travail ainsi que postes et organisation du travail ergonomiquement bien conçus – ont aussi leur importance à long terme. La promotion de la santé au travail constitue le cœur de toute stratégie visant à créer des conditions de travail favorables à la santé. Elle permet aux entreprises de vérifier et d’optimiser de manière systématique leurs conditions de travail et leur organisation dans l’optique de la santé et de la productivité. A cet égard, selon la Déclaration de Luxembourg du Réseau européen pour la promotion de la santé au travail 1 (ENWHP 1997), tous les facteurs d’une entreprise importants pour la santé doivent être pris en considération, y compris ses orientations et sa culture, son organisation du travail, sa politique du personnel et une protection intégrée du travail et de la santé. La promotion de la santé au travail peut atteindre les buts susmentionnés à condition d’observer les principes suivants: • Participation : participation de l’ensemble du personnel • Intégration : prise en considération de la promotion de la santé au travail dans toutes les décisions importantes de l’entreprise • Développement de l’organisation par la méthode de gestion par projet : dispositif systématique incluant analyse de l’état actuel, planification, mise en oeuvre et évaluation 1 The Luxembourg Declaration on Workplace Health Promotion in the European Union. Workplace Health Promotion (WHP) is the combined efforts of employers, employees and society to improve the health and well-being of people at work. 23 • Globalité : inclusion de mesures relatives au comportement individuel et aux conditions de travail ainsi que réduction des risques et promotion des ressources de santé. La promotion de la santé au travail constituant un important enjeu pour les entreprises et indubitablement une tâche de direction, on utilise aussi, depuis peu, le concept de ‘Management de la santé au travail’. 3.2.2. Prévention des accidents La statistique des accidents professionnels montre que grâce aux mesures préventives – mais aussi du fait de l’évolution vers des postes de travail moins dangereux – la fréquence moyenne des accidents a reculé dans toutes les branches au cours des ans. La grande variabilité du taux des primes exigées pour la couverture des accidents professionnels confirme cependant aussi que nombre d’activités professionnelles s’accompagnent toujours d’un risque élevé d’accidents. Les petites entreprises se trouvent sensiblement plus touchées que les moyennes et grandes entreprises de la même branche, qui disposent généralement de meilleures structures de sécurité. Lorsque surviennent des accidents, on les attribue encore trop souvent à la fatalité plutôt qu’à une culture de la sécurité insuffisamment cultivée ou à des conditions de travail effectivement dangereuses. Depuis le 1er janvier 2000, les entreprises doivent appliquer les directives MSST sur la sécurité au travail 1. Celles-ci réglementent notamment le recours à des spécialistes de la médecine et sécurité au travail et l’obligation de mettre sur pied un système de sécurité ad hoc. Ce système doit permettre à la direction de l’entreprise de disposer d’une vue d’ensemble en matière de promotion de la sécurité et de protection de la santé, de fixer des priorités et surtout de prendre des mesures durables. L’objectif concret est – en plus d’empêcher la souffrance humaine – de réduire les coûts directs et indirects des accidents. La mise sur pied d’un système de sécurité au travail tel qu’exigé dans le cadre des directives de sécurité au travail se résume pour l’essentiel à trois phases : • Mise en évidence des dangers et évaluation des risques : Il s’agit d’abord de clarifier les mises en danger propres à l’entreprise. Les risques doivent être systématiquement définis et évalués, et sur cette base des mesures de sécurité adaptées sont déterminées. • Etablir un système de sécurité : Grâce à un concept directeur pour l’entreprise (manuel de sécurité) l’entrepreneur / l’entreprise crée les conditions nécessaires pour prévenir – sur la base de l’évaluation des risques – la survenue d’accidents ou d’atteintes à la santé ou, à défaut, éviter durablement la répétition de problèmes antérieurs. • Mesures et contrôle de leur mise en œuvre: Un plan d’action sert de base tant à la mise en œuvre proprement dite des mesures qu’au contrôle de leur mise en œuvre, l’actualisation permanente du plan d’action permettant d’obtenir une amélioration constante de la sécurité et de la protection de la santé. 1 MSST = médecins du travail et spécialistes de la sécurité au travail. Les directives MSST se réfèrent à l’article 83 al. 2 LAA et sont définies dans les articles 11a à 11g OPA. Les autres spécialistes mentionnés ici sont les hygiénistes du travail, les spécialistes et ingénieurs en sécurité, dont les qualifications sont précisées dans une ordonnance (RS– 822.116). 24 L’approche systémique utilisée pour la mise en oeuvre des MSST est décrite dans un guide de management du système en 10 points. Les petites et moyennes entreprises (PME) se voient proposer des solutions dites de branche ou d’autres solutions applicables à plusieurs entreprises. Cette approche systémique englobe également – outre la prévention des accidents et des maladies professionnels – les exigences de la LTr. Les entreprises sont de surcroît invitées à favoriser volontairement la promotion de la santé au travail et la sécurité durant les loisirs. Depuis 2000, la CFST a approuvé au total quelques 100 solutions de branches ou interentreprises. Comme les inspections cantonales du travail sont les organes d’exécution aussi bien de la LAA que de la LTr, et comme une application aussi efficiente que possible de ces deux lois est également encouragée par les milieux économiques, la CFST a décidé de contrôler – grâce aux systèmes de contrôles PST – tant le respect des prescriptions de la LAA que celles de la LTr. Concrètement, cela signifie que les inspections cantonales du travail doivent également – en tant qu’organes d’exécution de la LTr – se soucier des aspects relatifs à la prévention des maladies professionnelles 1 et, inversement, que les inspecteurs de la Suva doivent aussi évaluer les aspects ressortant de la législation sur le travail. La compétence décisionnelle reste en mains des organes de surveillance concernés; en d’autres termes, lorsqu’une intervention se révèle indispensable, l’organe d’exécution compétent doit être avisé. 3.2.3. Prévention des maladies professionnelles Il y a maladie professionnelle au sens de l’article 9 alinéa 1 de la LAA lorsqu’une maladie est due exclusivement ou de manière prépondérante, dans l’exercice de l’activité professionnelle, à des substances nocives ou à certains travaux (cf. annexe 1 de l’ordonnance sur l’assurance accidents OLAA : liste des maladies professionnelles : substances et affections liées à certains travaux). Selon l’art. 9 al. 2 LAA, peuvent aussi être reconnues comme maladies professionnelles d’autres maladies dont il est prouvé qu’elles sont causées exclusivement ou de manière prépondérante par l’exercice de l’activité professionnelle. Chaque année, 3’000 personnes sont en moyenne reconnues comme souffrant d’une maladie professionnelle par les assureurs LAA. L’importance des maladies professionnelles est avant tout déterminée par leur gravité en phase aiguë, leur chronicisation, les réorientations professionnelles nécessaires et les conséquences sociales qui en découlent. Les coûts directs des maladies professionnelles sont, en moyenne, 4 à 5 fois plus élevés que les coûts moyens par cas des accidents professionnels. La totalité des coûts des maladies professionnelles est nettement plus élevée que les dépenses directes qui leur sont attribuées et qui se montent actuellement à environ 88 millions de francs par an. A ces coûts directs s’ajoutent les prestations de l’AI pour les réadaptations et reconversions professionnelles ainsi que les coûts pris en charge par les assureurs-maladie pour des maladies professionnelles non annoncées ou non reconnues comme telles. Le nombre des cas de maladies professionnelles reconnues a diminué au cours des dernières années. Cette évolution est avant tout due à la diminution du nombre des maladies professionnelles de l’appareil locomoteur. La responsabilité de la prévention des maladies professionnelles incombe aux employeurs et entreprises. La Suva est l’organe de surveillance pour toutes les entreprises de Suisse. La prévention des maladies professionnelles a pour but de réduire des dangers susceptibles d’entraîner la survenue ultérieure de maladies. Les sollicitations et contraintes dues à des influences chimiques, biolo- 1 Selon l’art. 50 OPA, la Suva est chargée de surveiller, dans toutes les entreprises, l’application des prescriptions relatives à la prévention des maladies professionnelles. 25 giques et physiques ainsi que celles de l’appareil locomoteur doivent être réduites dans le cadre d’une approche systémique de la sécurité, par le biais de mesures techniques, organisationnelles et individuelles de manière à ce que les employés ne soient mis en danger ni à court ni à long terme. Le potentiel de la prévention des maladies professionnelles dépasse largement la diminution des coûts directs recensés par la statistique de la LAA. Une prévention primaire conçue dans un sens très large est particulièrement importante. Elle inclut la prévention des atteintes à la santé associées au travail qui peuvent survenir en raison de risques chimiques, biologiques ou physiques ainsi que par une charge sur l’appareil locomoteur. Conformément à l‘OPA, la Suva est compétente pour prescrire des examens médicaux préventifs tels que définis dans l’OLAA. Elle définit le type d’examens à pratiquer – que l’employeur fait ensuite exécuter par le médecin compétent le plus proche – mais elle peut aussi les réaliser ellemême. Ces examens ont pour but de signaler les travailleurs présentant des facteurs individuels de risques et donc plus susceptibles d’être mis en danger, de dépister des maladies professionnelles émergentes à un stade précoce, de mettre en évidence par un monitorage biologique des sollicitations et contraintes insupportables déjà avant qu’elles n’entraînent l’apparition de maladies, de dépister précocement des maladies professionnelles à latence longue telles que des tumeurs malignes, enfin d’identifier des maladies professionnelles encore inconnues ou non reconnues. Le respect des prescriptions tirées des examens médicaux préventifs est contrôlé par la Suva lorsque existent des risques particuliers pour les travailleurs (contraintes et effets spéciaux, conditions spéciales de travail, obligations légales, etc.). Dans le cadre de la médecine préventive du travail, la Suva rend annuellement entre 300 et 350 décisions d’inaptitude pour des cas où des travailleurs verraient leur santé gravement mise en danger par la poursuite de leur activité. Des interventions durables sont nécessaires dans le cadre de la prévention technique et de la prévention médicale des maladies professionnelles afin de contenir à un niveau proportionnellement bas le nombre des maladies professionnelles en Suisse. La nécessité d’une prévention efficace des maladies professionnelles a notamment pour cause l’émergence de nouvelles technologies ayant entraîné, ces dernières années, des problèmes de santé jusqu’ici inconnus dus à des facteurs chimiques, biologiques et physiques 3.3. Réinsertion professionnelle après maladie ou accident 3.3.1. Care Management Les absences professionnelles dues à la maladie ou à un accident entravent la productivité des entreprises et ont donc un effet préjudiciable sur l’économie. Si, en dépit de mesures préventives, des atteintes à la santé surviennent, c’est avant tout une prise en charge médicale et des soins efficaces qu’il faut. Il vaut cependant la peine de prendre aussi rapidement des mesures appropriées pour réintégrer les patients dans le processus du travail. Conformément au principe "la réintégration plutôt que la rente" régissant le droit des assurances sociales, toutes les possibilités d’une réinsertion professionnelle doivent être épuisées. Outre les facteurs propres à la santé, des circonstances individuelles jouent aussi un rôle important dans le processus de réintégration. Des facteurs psychosociaux ou les conditions de travail peuvent ainsi se révéler, le cas échéant, d’une plus grande importance que les aspects médicaux. Aussi va-t-il être montré ci-après combien une gestion moderne du traitement médical et des mesures visant à la réinsertion professionnelle contribuent à favoriser le retour dans le processus du travail. Des instruments de prise en charge appropriés ainsi que des offres déjà existantes en la matière seront également présentées. 26 La Loi sur l’assurance-accidents et la Loi sur l’assurance-maladie autorisent sans autre la mise en œuvre d’instruments de Care Management dans le domaine des assurances sociales. En Suisse, la Suva devrait jouer un rôle de premier plan dans le domaine de la gestion des dommages aux personnes avec son programme ‚New Case Management’ (cf. chap. 4.1.3). En tant qu’assureur LAA, elle a à supporter tant les coûts des traitements et de la réhabilitation que d’éventuelles prestations de rente. Cela ne peut que fortement motiver un organe payeur à soutenir la coordination de la prise en charge, le bénéfice d’investissements en faveur de la réinsertion tombant au même endroit que le surplus de dépenses nécessaires à cet effet. A relever que la gestion par cas est également pratiquée par divers assureurs-maladie, les hôpitaux, les réseaux de médecins et autres HMO, ainsi que par de grandes entreprises et firmes spécialisées. Le Care Management utilise pour l’essentiel les instruments du Case Management (gestion par cas), du Disease Management et du Demand Management: • Le Case Management a pour objectif le traitement de qualité et économiquement performant d’un individu malade ou accidenté. A cet effet, la collaboration des personnes et institutions impliquées dans la prise en charge de chaque patient est planifiée, coordonnée et surveillée par un Case Manager selon la devise "la bonne mesure pour le bon patient au bon moment et au bon endroit" • Le Disease Management se donne pour but d’améliorer la qualité et la rentabilité du traitement de collectifs de patients. Sur la base des connaissances scientifiques, des principes directeurs sont élaborés en matière de prévention, de diagnostic, de thérapie et de réhabilitation ainsi que de soins. Ces directives dépassent les limites des traditionnels secteurs de la prise en charge ambulatoire et résidentielle et président aux consultations offertes et au choix du traitement approprié à chaque cas. Le Disease Management est avant tout utilisé lors de maladies chroniques ; contrairement au Case Management, il s’agit d’une approche destinée à l’ensemble d’une population concernée. • Par Demand Managemen enfin, on entend un système de conseil au moyen duquel – en cas de maladie ou après un accident – le besoin en soins des patient(e)s est appréhendé, un triage est opéré et les personnes concernées sont adressées à l’institution la mieux adaptée. De telles prestations sont typiques de celles fournies par les Call Centers médicaux. Le Care Management implique un échange d’informations le plus dense possible entre tous les partenaires, réalisable uniquement au moyen de la technologie moderne de l’information et de la communication. 3.3.2. Mesures professionnelles S’il est probable que la capacité de gain – en cas d’invalidité imminente ou déjà présente – peut être maintenue ou améliorée par des mesures professionnelles adéquates, celles-ci seront ordonnées par l’assurance-invalidité. Les assurés peuvent ainsi être adressés à un service d’orientation professionnelle, les évaluations de ces services spécialisés livrant d’importantes informations pour le choix d’une activité professionnelle appropriée ou d’un type de tâches adéquat, voire pour l’obtention d’un poste. Pour le reste, il est possible que soit offerte une formation professionnelle initiale ou un reclassement professionnel. Le reclassement comprend l’ensemble des mesures de réadaptation de nature professionnelle à même de procurer une nouvelle capacité de gain ou une activité aussi proche que possible de la précédente. Cela se produit dans les cas où la personne 27 assurée ne peut plus exercer la profession apprise ou l’activité antérieure, ou ne peut plus la pratiquer dans le même domaine. Les assurés capables de réadaptation ont droit à un soutien actif dans la recherche d’un poste de travail adapté ainsi qu’à un accompagnement et à des conseils en vue de leur maintien à un poste de travail existant. Finalement peut être allouée une aide en capital, destinée à permettre la reprise d’une activité comme travailleur indépendant et à financer les transformations de l’entreprise dues à l’invalidité. 28 4. Acteurs, tâches et offres 4.1. Au niveau fédéral 4.1.1. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) Le Département fédéral de l’économie (DFE) défend le modèle d’une Suisse libérale et sociale, ouverte et solidaire et capable de s’affirmer économiquement dans un marché mondial globalisé. Pour atteindre ces buts, des réformes de politique intérieure et des accords bilatéraux avec nos principaux partenaires sont nécessaires. La politique économique – qui doit ramener la Suisse, après dix ans de stagnation, sur le chemin de la croissance – s’appuie sur dix piliers. Le facteur humain, le capital, la capacité concurrentielle, de bonnes infrastructures et de bons services publics ainsi que des assurances sociales fortes en constituent des aspects importants. La protection de la santé de la population active et la question de la sécurité des conditions de travail sont en mains du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Mandat de protection de la santé En tant que centre spécialisé de la Confédération pour les questions de la santé dans le monde du travail, le seco s’attache à récolter – en collaboration avec d’autres services fédéraux – les données nécessaires pour évaluer l’état et les tendances relatifs aux effets du travail sur la santé et les met à disposition des milieux intéressés. Il a aussi réalisé quelques études sur des thèmes choisis, telles „Les coûts du stress en Suisse“ (seco 2003) et „Mobbing et autres tensions psychosociales sur le lieu de travail en Suisse“ (seco 2002). Entretenant d’étroits contacts avec les institutions suisses de recherche dans le domaine de la santé au travail, le seco est par ailleurs actif dans la formation et la formation permanente des professionnels de la santé au travail et leur apporte son soutien dans le cadre des organisations faîtières concernées. Le seco collabore avec diverses institutions étrangères actives dans le domaine de la santé et des conditions de travail. A ce titre il assume les tâches suivantes: • il est le partenaire officiel de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail de Bilbao (www.osha.eu.int/OSHA) et offre – avec son FocalPointCH – une plate-forme pour l’échange d’informations et la coordination d’activités tant avec ladite agence qu’en Suisse même. Le site Web suisse www.osha-focalpoint.ch fait partie du réseau internet de l’agence et des pays membres concernés; • il assure le contact avec le Réseau européen pour la promotion de la santé dans l’entreprise (www.enwhp.org) ; • il organise, conjointement avec d’autres organisations, la journée nationale annuelle de la promotion de la santé au travail, coordonnée aux niveaux national et européen; • il participe, pour la première fois en 2005, à l’enquête sur la santé et les conditions de travail de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et du travail de Dublin (www.eurofound.eu.int). 29 Le seco est de surcroît le partenaire helvétique de l’Organisation Internationale du Travail (www.oit.org, voir aussi l’annexe III : Principaux accords OIT dans le domaine de la sécurité et de la protection de la santé au travail) et dirige à ce titre la délégation suisse à la Conférence internationale annuelle du travail. Mandat d’exécution En tant qu’autorité compétente de la Confédération pour l’application de la Loi sur le travail, le centre de prestations ‘Conditions de travail’ du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) soutient les inspections cantonales du travail dans leur activité d’organes d’exécution et veille à une application uniforme des dispositions légales dans toute la Suisse. Ce soutien des organes cantonaux d’exécution se fait au travers d’un vaste programme de formation, par l’élaboration de moyens auxiliaires – également accessibles aux entreprises – ainsi que par la mise à disposition d’experts et d’infrastructures pour l’évaluation et la résolution de problèmes complexes (p.ex. autorisations du travail de nuit, etc.). En tant qu’office chargé de l’économie, le seco évalue toutes les mesures prises par les autorités sous l’angle de leurs conséquences économiques. Cela vaut également pour les réglementations et mesures ayant trait à la sécurité et à la protection de la santé sur le lieu de travail. Les interventions de l’autorité doivent par principe se limiter aux mesures ou directives nécessaires au pilotage ou à la correction des orientations décidées. Le seco veille en particulier à ce qu’aucune charge administrative inutile ne soit imposée aux entreprises, et tout spécialement aux PME. Le cas échéant, il veille à leur suppression. 4.1.2. L’OFSP et l’OFAS Le Département fédéral de l’intérieur (DFI) et ses offices fédéraux traitent également des thèmes et dossiers touchant à l’activité professionnelle de la population. Le monde se modifiant et la société se transforment, et le DFI doit s’adapter à cette évolution. Dans le domaine de la sécurité sociale, l’un des grands défis consiste à préserver les acquis tout en garantissant à long terme le financement du système. D’autres défis d’importance touchent également la recherche et la formation. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a pour mission la protection et la promotion de la santé de toutes les personnes vivant en Suisse. Il veut d’une part rendre chacun capable d’assumer ses responsabilités envers sa propre santé et faire d’autre part en sorte que la promotion de la santé, la prévention et la protection de la santé ainsi que la guérison des maladies et accidents se réalisent de manière globale et homogène dans une optique de gain de santé optimal pour tous. Par voie de conséquence, l’OFSP s’occupe de thèmes tels que les épidémies et les maladies infectieuses, la prévention des toxicomanies et de la dépendance, la sûreté des denrées alimentaires, la radioprotection et la protection contre le bruit, le contrôle des produits toxiques et chimiques, la recherche sur les cellules souches et le bioterrorisme. II a enfin depuis le 1er janvier 2004 la charge de l’assurance-maladie et accidents, après le transfert de celles-ci de l’Office fédéral des assurances sociales à l’OFSP. L’étendue du champ d’activité de l’OFSP met en évidence que toute action politique a des répercussions sur la politique de la santé. Politique de la formation, politique écologique, politique commerciale et économique ou politique en matière de migration et de transports, toutes exercent des effets à court, moyen et long termes sur la santé de la population. Ce sont des interactions complexes, dont les domaines politiques concernés doivent prendre conscience. Et la prise de conscience suppose une reconnaissance mutuelle. 30 L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) est garant de ce que, dans son domaine de compétences (AVS, assurance-invalidité, prestations complémentaires, prévoyance professionnelle, allocations pour perte de gain en cas de service et allocations familiales dans l‘agriculture) le filet de la sécurité sociale reste solide. Il s’assure de surcroît que les mécanismes compensatoires entre pauvres et riches, villes et campagnes, montagne et plaine continuent de fonctionner. Il consolide et modernise ce qui s’est révélé efficace (11ème révision de l’AVS, 1ère révision de la LPP et 4ème & 5ème révision de l’AI), complète ce qui est lacunaire (p.ex. assurance maternité) et supprime ce qui est superflu (p.ex. rente complémentaire de conjoint dans l’AI). La dynamique des coûts des assurances sociales s’est révélée une puissante force réformatrice. Compte tenu de la lourdeur des révisions de lois (changements structurels), le DFI a ouvert en 1998 de nouvelles voies avec son projet ‘Politique nationale suisse de la santé’ et tenta d’associer de nouveaux acteurs à l’élaboration, à l’initiation et à la réalisation de diverses réformes (www.santenationale.ch). La signature d’une convention entre la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé et le DFI mit un terme, en 2003, à la phase de projet et fit place à une structure définitive de dialogue et de développement. La création, en l’an 2001, de l’Observatoire suisse de la santé en tant qu’unité de l’Office fédéral de la statistique (www.obsan.ch) constitue l’un des premiers résultats de cette Politique nationale de la santé. Cette nouvelle institution traite les données sanitaires existantes et analyse les informations sur la santé en Suisse. Elle apporte son soutien à la Confédération, aux cantons et à d’autres institutions actives dans le domaine de la santé pour la planification, la prise de décision et leur mise en œuvre (cf. 3. 1 Monitorage dans le domaine Travail et Santé). Depuis 1999, la Politique nationale suisse de la santé organise chaque année une Journée de travail à l’occasion de laquelle des représentants de la Confédération, des cantons et du système de santé échangent sur des thèmes d’importance nationale. C’est ainsi que le 18 septembre 2003 s’est tenue à Aarau une journée de travail placée sous le titre „Conditions de travail et santé: vers des stratégies partagées et concertées“ (cf. Préambule). Depuis la Journée de travail organisée à Fribourg en l’an 2000, la Confédération et les cantons travaillent ensemble sur la thème de la santé psychique de la population. De 2000 à 2004 a été élaboré un projet de ‘Stratégie nationale en vue de la protection, du maintien, de la promotion et du rétablissement de la santé psychique en Suisse’. Ce projet de stratégie comporte un catalogue d’objectifs, des informations de base, un bilan des problèmes actuels et décrit le besoin d’action ainsi que des propositions de solution. Le plan d’action propose dix recommandations à réaliser à court, moyen et long termes. Sa mise en oeuvre devrait se faire au travers d’une procédure coordonnée tenant compte du partage des compétences, au sujet duquel divers offices fédéraux, des directions cantonales de la santé et des affaires sociales ainsi que des organisations privées ont pris position en février 2004. Les participants à cette consultation tiennent la santé psychique pour un capital humain et économique et donnent la priorité aux mesures luttant contre une médicalisation des problèmes sociaux. Les critiques à l’encontre de ce projet portaient sur le degré encore insuffisant de concrétisation et sur l’étendue de cette stratégie. Enfin, Confédération et cantons conduisent ensemble la suite de ce processus. La santé au travail ne constitue pas un thème central et bien défini de la politique actuelle de santé de la Confédération. Aussi ne voit-on pas, ou pas encore, de l’extérieur une orientation des tâches de l’Etat claire et tenant compte des connaissances les plus récentes en la matière. 31 4.1.3. La Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents (Suva) La Suva a pour mandat légal de promouvoir la prévention des accidents au travail et durant les loisirs ainsi que – au-delà du strict cercle de ses propres assurés – la prévention des maladies professionnelles. En sa qualité d’assurance sociale, la Suva assure par ailleurs un peu plus de la moitié des quelque 3,5 millions de travailleurs obligatoirement assurés contre les accidents et les maladies professionnels. Ainsi, la Suva déploie des activités dans des domaines de tâches distincts : 1) tâches d’exécution pour la sécurité au travail, 2) prévention des accidents et des maladies professionnels (sécurité au travail), 3) assurance sociale en cas d’accidents et en cas de maladies professionnelles (assurance). La Suva ne veille pas seulement à l’exécution des dispositions légales mais elle peut aussi influencer le comportement des preneurs d’assurance par un système de primes basé sur les principes du risque et de la causalité, par un service de conseil spécialisé et par la sensibilisation du public. Pour accomplir ces multiples tâches, la Suva collabore avec des organisations et partenaires nationaux et internationaux qui œuvrent également à la sécurité et à la protection de la santé au travail ainsi qu’à la promotion de la santé dans l’entreprise (en particulier : seco, AIPT, bpa, Promotion Santé Suisse, partenaires sociaux, groupements responsables des solutions de branches, Association internationale pour la sécurité sociale IVSS, commissions normatives européennes, associations allemandes de prévention des accidents du travail, Institut National français de Recherche et de Sécurité INRS). Mandat d’exécution de la sécurité au travail La Suva est l’organe d’exécution en matière de sécurité au travail. Dans le domaine des accidents professionnels, elle s’occupe avant tout du secteur industriel (branches présentant des risques d’accidents supérieurs à la moyenne). A ce titre, elle vérifie l’application des prescriptions sur la prévention des accidents professionnels dans certaines entreprises et pour certains équipements de travail conformément aux dispositions de l’art. 49a, al. 1 et 2 OPA. Elle est aussi l’organe de surveillance, pour toutes les entreprises, de l’application des prescriptions sur la prévention de risques particuliers d’accidents inhérents à la personne même du travailleur. La Suva est – indépendamment d’auprès de qui l’entreprise est assurée pour les accidents selon la LAA – l’organe suisse de surveillance pour la prévention des maladies professionnelles (cf. chap. 3.2.3). Elle publie, en accord avec l’art. 50 al. 3 OPA, la liste des valeurs limites d’exposition au poste de travail. Dans le cadre de la médecine préventive du travail prévue par l’OPA, elle peut assujettir toute entreprise, partie d’entreprise ou tout travailleur aux prescriptions sur la prévention relevant de la médecine du travail. La nature et le rythme de ses inspections préventives est fixée par la Suva qui peut décider d’exclure d’un travail dangereux des travailleurs auxquels s’appliquent les prescriptions de la médecine du travail (inaptitude par ex. pour cause d’allergies, de mise en danger de l’ouie, etc.) ou de ne l’autoriser à exécuter ce travail qu’à certaines conditions (aptitude conditionnelle). Une inaptitude ne peut être prononcée que si la santé du travailleur est sérieusement menacée par la poursuite de l’activité exercée jusqu’alors. La Suva contrôle et surveille les mesures prises par les entreprises en matière de sécurité et de protection de la santé en effectuant quelques 20'000 visites d’entreprises par an, visites auxquelles s’ajoutent plus de 90'000 examens médicaux réalisées chaque année dans plus de 30'000 entreprises dans le cadre de la médecine préventive du travail. 32 Sécurité au travail : mandat de prévention des accidents et maladies professionnels La protection de la santé a pour but de promouvoir une approche globale et une culture vivante de la sécurité dans les entreprises. Elle met donc l’accent sur la sensibilisation pour la sécurité des systèmes et la fonctionnalité de tous les dispositifs de l’entreprise et non sur la lutte contre des symptômes isolés. Quelque 300 spécialistes de la sécurité au travail – médecins et hygiénistes du travail, ingénieurs et autres chargés de la sécurité – offrent aux entreprises un conseil global et professionnel fondé sur l’aide à trouver soi-même des solutions. Depuis 2001, un groupe interdisciplinaire de la Suva s’occupe spécialement des atteintes à la santé liées au travail, soit des problèmes de santé susceptibles d’être causés par la charge de travail mais qui ne remplissent pas les critères d’une maladie professionnelle. Thème complexe s’il en est, il est discuté lors de forums nationaux annuels avec des représentants de tous les acteurs importants. La Journée suisse 2002 fut ainsi consacrée à l’évolution des contraintes professionnelles et à l’apparition de nouvelles pathologies. Par la suite, la Suva fit effectuer par les Instituts de médecine sociale et préventive des Universités de Lausanne et Berne une revue systématique des publications scientifiques sur les maux de dos et les troubles psychiques sur le lieu de travail, recherche dont les résultats furent présentés lors de la Journée 2003. Il se confirma qu’on peut certes soupçonner des corrélations entre certaines professions et des douleurs du bas du dos, le burn-out ou des troubles liés au stress, mais qu’il n’est guère possible d’en démontrer scientifiquement la causalité et la spécificité professionnelle au sens de la LAA. Par conséquent, la reconnaissance – dans le cadre du droit existant – de tels troubles en tant que maladies professionnelles est pratiquement exclue en Suisse. Le débat tenu lors de la Journée suisse 2003 sur les atteintes à la santé liées au travail a conclu à la nécessité de privilégier l’approche préventive. La conférence de 2004 fut consacrée à susciter des idées sur la manière de gérer les atteintes à la santé liées au travail et sur les mesures susceptibles d’y remédier. Le résultat de ce processus de réflexion devrait être présenté à l’occasion de la conférence 2005. La Suva travaille actuellement à une prise de position sur la question de la sécurité et de la protection de la santé. Elle y présente sa vision d’une prévention active et efficace et y fait des propositions d’amélioration afin d’harmoniser les concepts de promotion de la sécurité, de protection de la santé et de promotion de la santé. La Suva conseille par ailleurs ses clients, entre autres sur la prévention du stress, et propose avec la Fondation pour la santé RADIX une formation sur la promotion de la santé dans l’entreprise. La Suva offre notamment: • des conseils, formations et publications pour les postes de travail informatisés • des informations en matière d’ergonomie • des instruments méthodologiques pour l’évaluation des contraintes liées à des surcharges de poids et à des postures erronées • des cours d’ergonomie sur l’aménagement des postes de travail et la conception des machines et autres appareils. La mise en oeuvre de la directive MSST a conduit la Suva à offrir toute une série de publications, formations, conseils, instruments et méthodes ad hoc. Au nombre des thèmes abordés figurent notamment la sécurité au travail, les atteintes à la santé liées au travail et une promotion de la santé dans l’entreprise favorisant une application efficace des directives MSST (voir www.suva.ch). Le chiffre 9 des10 points du système MSST tient notamment compte des exigences de protection de la santé inscrites dans la LTr (Ordonnance 3) et constitue la base de mesures ciblées relatives 33 aux conditions de travail et au comportement des collaborateurs, mesures à même de réduire en particulier les troubles physiques de la santé associés au travail. Mandat relatif à l’assurance sociale Depuis début 2003, la Suva mène le programme de gestion par cas ou 'New Case Management’, qui doit permettre d’augmenter la part de patientes et patients réinsérés. Ce programme prévoit un traitement différencié de chaque cas en tenant compte de la complexité des problèmes bio-psychosociaux propre à chaque patient. Un Case Manager prend en charge les patients chez qui ont été identifiés des problèmes psychiques ou sociaux et détermine l’état de la situation en étroite collaboration avec les médecins de la médecine des assurances de la Suva, les médecins traitants et les autres personnes concernées. Les interventions nécessaires sont alors planifiées et coordonnées en fonction des indications ainsi obtenues sur le potentiel individuel de réhabilitation. Le Case Manager ne conseille pas uniquement ses patients quant au meilleur usage des prestations médicales mais également quant à leurs affaires professionnelles, d’assurance et financières. Afin d’identifier à temps des troubles psychiques et de pouvoir mettre en route des mesures thérapeutiques adéquates, la Suva a développé son propre service de psychiatrie des assurances et met des psychiatres-conseils à disposition des médecins-conseils et case manager de ses agences. Les cliniques et centres de réhabilitation – chargés d’évaluer la capacité fonctionnelle et l’aptitude au travail – constituent d’autres éléments importants de la chaîne thérapeutique. La gestion par cas est également pratiquée par des hôpitaux, des cabinets de groupe ou des HMO (Health Maintenance Organization) ainsi que par des compagnies d’assurance, des grandes entreprises et des firmes spécialisées. Par le biais d’une campagne de sensibilisation lancée à mi 2004, la Suva veut renforcer dans la population la conscience du fait que l’échec ou le report d’une réinsertion entraîne des coûts importants. Elle veut inciter par ce moyen les employeurs à créer dans leur entreprise les conditions cadre nécessaires permettant aux travailleurs de reprendre une activité professionnelle. Au printemps 2004, un groupe de travail de la Communauté suisse d’intérêts pour la médecine d’assurance (Swiss Insurance Medicine) a organisé, avec le soutien de la Suva, un atelier auquel participèrent plus de trente spécialistes – médecins hospitaliers et praticiens, représentants des assurances sociales et privées – où furent recensés les besoins des médecins et des organes payeurs en lien avec la réinsertion professionnelle. Le besoin d’agir le plus pressant se révèle concerner les formulaires servant à attester d’une inaptitude au travail, qui devraient comporter des informations supplémentaires, nécessaires pour apprécier la capacité de travailler. Il a été proposé d’élaborer, en collaboration avec les partenaires sociaux, un instrumentarium pour le dépistage précoce d’une inaptitude au travail. On tomba aussi d’accord pour juger qu’il faut fournir aux médecins des connaissances en matière de médecine des assurances et développer l’offre de formation. Aussi la Communauté d’intérêts va-t-elle en priorité s’attacher à créer une attestation d’incapacité de travail uniforme et à offrir aux sociétés de médecine, aux hôpitaux et aux organisateurs de congrès intéressés un module de formation continue ‘Détermination de l’aptitude au travail’. 4.1.4. Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) La Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) est le réel organe central pour la prévention des accidents et des maladies professionnelles en Suisse. Elle trouve son fondement dans la Loi sur l’assurance-accidents (LAA) qui établit les normes des prescriptions en 34 matière de sécurité au travail et en fixe la structure organisationnelle. La CFST est la tête cette de structure et est dirigée par un représentant de la Suva. La Commission est nommée par le Conseil fédéral; elle est formée de cinq représentants des organes de surveillance et d’exécution de la Loi sur le travail (seco et cantons) et d’autant des assureurs (Suva, assureurs privés et caisses-maladie). A l’invitation de la CFST, y prennent également part avec voix consultative, depuis 1993, deux délégués chacun des employeurs et des travailleurs. Depuis 2000 enfin, un représentant de l’OFSP assiste à toutes ses séances. La CFST veille à l’application uniforme des prescriptions sur la prévention des accidents et des maladies professionnelles dans les entreprises. Les décisions de la CFST sont contraignantes pour les organes d’exécution et les assureurs. Enfin la CFST peut aussi soumettre au Conseil fédéral des propositions pour l’élaboration d’arrêtés ou d’ordonnances et autoriser la Suva à conclure avec des organisations spécialisées des contrats portant sur certaines taches d’exécution. Les compétences et la collaboration entre les diverses institutions étatiques, de droit public et spécialisées de droit privé chargées d’accompagner et de surveiller l’application de la sécurité dans les entreprises sont également, dans leurs principes, réglées par la loi. D’autres dispositions figurent dans l’ordonnance d’exécution (Ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies professionnels – OPA). La CFST a la compétence d’en fixer les modalités et de les adapter en permanence à l’évolution des conditions. La CFST doit remplir nombre de tâches contenues dans la LAA et son ordonnance. A relever tout particulièrement sa compétence d’élaborer des directives, de définir les procédures d’exécution et de veiller à l’utilisation ciblée de quelques 100 millions de francs (avant déduction de la TVA) par les organes d’exécution – nommés aussi organes d’application – que sont la Suva, les 26 inspections cantonales du travail, 2 inspections fédérales du travail et, actuellement, 6 organisations spécialisées. Au total, 688 collaboratrices et collaborateurs – pour quelque 380.5 équivalents plein temps – s’occupent, dans les organes d’application, de l’exécution de la sécurité au travail. La CFST a par ailleurs mandat de promouvoir l’information et l’instruction des employeurs et des travailleurs en matière de sécurité au travail. Elle peut organiser des programmes de sécurité contre certains types d’accidents et mener des campagnes de sensibilisation. Enfin, elle doit définir et encourager l’information et la formation des organes de surveillance. La CFST – dont la Suva assure le secrétariat – se réunit quatre fois l’an. Certains thèmes complexes sont étudiés par des commissions spécialisées, composées comme la Commission de coordination et soumises aux mêmes obligations que la CFST. Elles traitent les affaires qui leur sont confiées jusqu’au moment où celles-ci peuvent être soumises à la Commission de coordination. Ces commissions spécialisées sont actuellement au nombre de 10: Bâtiment, Chimie, Installations et appareils techniques, Gaz et soudage, Physique, Bois et forêt, Agriculture, Exécution selon MSST, Directives et Formation de caristes. De plus, des sous-commissions (Finances, MSST, programmes de sécurité, etc.) et des groupes de travail ad hoc (pour certaines branches ou questions techniques telle la banque des données d’exécution) sont chargées de préparer les décisions de la commission. Directive MSST 6508 – Recours aux médecins du travail et autres spécialistes Actuellement, les efforts de la CFST et des organes d’exécution se concentrent sur la mise en œuvre des prescriptions sur le recours à des spécialistes, plus connues sous le nom de directive MSST. Cette directive fait obligation aux employeurs de prouver leur action en faveur du maintien et de la promotion de la sécurité dans l’entreprise (inventaire des dangers, évaluation des risques, plan de mesures) et, si nécessaire, de faire appel à des spécialistes de la médecine et sécurité au 35 travail. Consacré à cette question, le programme actuel de sécurité de la CFST – dénommé MSST Inside – entend par "autres spécialistes" les chargés de sécurité, les ingénieurs de sécurité et les hygiénistes du travail Dans ce contexte, la CFST s’occupe aussi de la protection de la santé au sens de la Loi sur le travail. Les solutions dites interentreprises – généralement par branche – destinées à satisfaire de manière rationnelle et efficiente au devoir de documentation et du recours à des spécialistes comportent toujours aussi des instructions sur la manière de garantir et de promouvoir la protection de la santé. Actuellement, on dénombre quelques 100 solutions de ce type, la plupart d’entre elles soutenues par des milieux artisanaux ou industriels. La promotion de la santé dans l’entreprise est proche parente de la sécurité au travail et de la protection de la santé. Aussi la CFST prévoit-elle de collaborer étroitement – dans le domaine de la promotion de la santé dans l’entreprise – avec le Forum national pour la promotion de la santé dans l’entreprise en cours de création. D’autres données et informations figurent sur le site internet de la CFST (www.ekas.ch), dans son rapport annuel ainsi que dans la comptabilité spéciale relative à l’utilisation des suppléments de primes pour la prévention des accidents et des malades professionnels. 4.2. Au niveau cantonal Les cantons sont responsables, par leurs inspections cantonales du travail, de l’exécution de la Loi sur le travail sur leur territoire. Ils ont aussi pour tâche de contrôler – dans certaines entreprises – que les prescriptions de la LTr et de la LAA sur la prévention des accidents de travail sont strictement observées La législation fédérale (LTr/LAA) n’impose pratiquement aux organes d’exécution (inspections cantonales du travail) – en sus de leurs tâches de contrôle – qu’un devoir général de conseil et d’information au sujet des dispositions légales en vigueur. Elle laisse aux cantons le choix des moyens et méthodes qu’ils jugent adaptés pour exécuter ces normes et atteindre ces objectifs. Dans ce contexte, il existe de fortes disparités en termes de dotation entre les cantons, certains devant faire face à l’ensemble des tâches avec un seul inspecteur du travail alors que d’autres sont mieux dotés, comme c’est le cas du canton de Genève. Concernant la promotion de la santé, chaque canton en est responsable individuellement. La plupart des cantons s’en préoccupent effectivement et disposent à cet effet de délégués cantonaux à la promotion de la santé. Les cantons romands et le Tessin se sont réunis au sein du Dispositif intercantonal de prévention et promotion de la santé (DiPPS). Un volet santé au travail est en cours dans le programme « santé 50+ », avec le soutien de Promotion santé suisse. Les délégués à la promotion de la santé des cantons AG, TG, SG, ZG et ZH ont fait de la promotion de la santé dans l’entreprise une de leurs priorités, attribuant à ce domaine un fort potentiel pour la santé publique. Avec le programme PME-vital (www.pme-vital.ch) qu’elle a développé, la fondation Promotion Santé Suisse propose un outil de qualité sur internet pour la mise en œuvre de la promotion de la santé dans les petites et moyennes entreprises. L’échange d’expériences entre ces cantons mettra en évidence quelles stratégies en faveur de la diffusion de la promotion de la santé au travail auront fait leurs preuves et quels effets elles auront produit au niveau des entreprises concernées. Les exemples des trois cantons ci-dessous montrent comment les autorités cantonales de surveillance conçoivent leurs multiples tâches 36 4.2.1. Canton de Genève L’inspection du travail genevoise (OCIRT - Office cantonal de l’inspection et des relations du travail) a développé une politique qui s’articule autour de 3 axes : • le contrôle • la formation et la promotion en matière de santé et de sécurité au travail • la concertation. Pour mener cette politique, l’OCIRT s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire de 11 inspectrices et inspecteurs et d’un médecin du travail. Cette équipe, relativement nombreuse au regard des inspections du travail des autres cantons, n’est pas de trop pour mener à bien la tâche de contrôle dans les plus de 15'000 entreprises du canton. Au sein de l’OCIRT, un secteur Formation organise depuis 1985 des séminaires, ouverts aux employeurs et aux travailleurs, sur des sujets d’actualité en santé au travail. Il répond aussi à des demandes spécifiques des entreprises. Ainsi, en 2004, 3'400 personnes ont participé à différents séminaires dont le financement est assuré en partie par la part du supplément de prime LAA attribuée au canton. Suite à ces séminaires ou confronté à des problématiques particulières, l’OCIRT a publié diverses brochures sur le thème de la santé au travail ou de la législation sur le travail: Loi sur le travail, Travail de nuit et santé, MSST mode d’emploi, une partie en collaboration avec la Conférence romande et tessinoise des offices de protection des travailleurs, CRTi (cf. 4.2.4). Le site Internet de l’OCIRT est conçu de façon à répondre le mieux possible aux préoccupations des employeurs et des travailleurs (www.geneve.ch/ocirt). Genève bénéficie d’une longue tradition de concertation entre partenaires sociaux. Une commission consultative tripartite pour les questions d’hygiène et de sécurité au travail se réunit régulièrement sous la présidence du directeur de l’OCIRT. Le programme de formation de l’OCIRT y est entre autres discuté. 4.2.2. Canton du Tessin Le canton du Tessin aborde le thème de la santé au travail ("Lavoro e salute") sous plusieurs angles différents dans les diverses unités administratives concernées. Le Département de la santé publique et des affaires sociales (DSS) s’occupe depuis longtemps de la question des déterminants de la santé, avec une priorité au rapport entre travail et santé. Le Service de la santé publique du DSS – organisateur de plusieurs conférences et séminaires sur le thème « salutare il lavoro » – s’attache principalement à la récolte et à la diffusion de données scientifiques dans le but de susciter une action et de promouvoir la protection offertes par les assurances ainsi que l’adoption de mesures de sauvegarde de la santé des travailleurs. Les plus récents résultats en sont l’« Enquête sur le rapport entre conditions de travail et santé au Tessin » (2002) et la recherche « Effets sur la santé du stress et de l’insécurité de l’emploi – Prévalence entre travailleurs dépendants du canton du Tessin et employés de banque ASIB » (2004). Une autre enquête, consacrée au rapport entre chômage et santé au Tessin, est actuellement en cours. L’Organisme psychosocial cantonal du DSS s’est mobilisé et est en train de créer un « Laboratoire sur les pathologies du travail » chargé d’analyser les caractéristiques des troubles d’origine professionnelle et de mettre sur pied des interventions préventives, curatives et de réinsertion sociale. 37 Enfin, le DSS soutient un projet de la Scuola Universitaria Professionale della Svizzera iItaliana (SUPSI) en faveur de la promotion de la Corporate Social Responsibility (CSR) dans le cadre d’un projet européen dirigé par le Ministère italien du travail et de la politique sociale. Pour ce qui concerne le Département des finances et de l’économie (DFE), l’Office de l’inspection du travail (UIL) a récemment achevé un processus interne d’actualisation de sa mission et de sa stratégie d’action. En accord avec la directive MSST, l’éventail de ses tâches et objectifs – jusqu’ici limités au contrôle des dispositions légales – a été élargi à la promotion de pratiques plus sûres et plus favorables à la santé au poste de travail, prenant dès lors aussi en compte les processus de gestion des ressources humaines. De même, l’offre de formation a été complétée et un accent accru mis sur la promotion de la santé et de la sécurité. La stratégie actuelle d’intervention de l’UIL vise essentiellement la concertation avec les partenaires sociaux (employeurs et syndicats) dans le but de promouvoir plus efficacement la création d’un contexte professionnel globalement favorable à la santé. 4.2.3. Canton de Zurich Outre l’activité des inspecteurs cantonaux du travail dans le domaine des accidents du travail et des maladies professionnelles, le canton de Zurich connaît depuis longtemps diverses initiatives en vue de la promotion de la santé dans l’entreprise. C’est ainsi que le Kaufmännischer Verband Zürich (Société des employés de commerce) propose diverses formations sur des thèmes importants pour la santé. Le Kantonaler Gewerbeverband (Association cantonale des arts et métiers) a mis sur pied un groupe de travail ‘Economie et santé’ qui, avec divers partenaires privés et publics, a développé un concept de promotion de la santé au travail pour les petites entreprises. Les centres de prévention des toxicomanies offrent des programmes spécialement conçus à l’intention des maîtres d’apprentissage, des apprentis et des entreprises, et Zürich Rauchfrei (Zurich sans fumée) soutient les entreprises dans leur efforts pour bannir le tabac. La Direction de la santé publique a quant à elle chargé l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich (ISPMZ) de coordonner la promotion de la santé dans le canton. Dans ce contexte, l’ISPMZ attribue chaque année, depuis 1998, un Prix zurichois de la promotion de la santé au travail à des PME et à de grandes firmes. 2004 a vu la parution du rapport « Travail et santé dans le canton de Zurich ». Cette même année, la Journée zurichoise de la prévention fut dédiée au thème « Les entreprises favorisent la santé ». En novembre 2004, la Commission cantonale de santé élargie a défini cette promotion comme l’un des deux programmes principaux de la promotion de la santé dans le canton. Dans le cadre de ce programme, un centre de compétences ainsi qu’une plate-forme cantonale pour le management de la santé dans l’entreprise ont été mis en place. Ces services doivent rechercher un ancrage très large et veiller à diffuser de manière coordonnée la promotion de la santé dans les entreprises publiques et privées. Ce centre de compétences, installé au sein de l’ISPMZ, fournit des conseils, des formations et du coaching en matière de promotion de la santé dans l’entreprise et va lancer divers projets pilotes au sein de l’administration cantonale et de l’économie privée. 4.2.4. Association intercantonale pour la protection des travailleurs (AIPT) Fondée en 1945, l’AIPT/IVA est l’association faîtière des inspections cantonales du travail (ICT) de la Suisse et du Lichtenstein dans les domaines de la protection de la santé et de la sécurité au travail (exécution de la Loi sur l'assurance-accidents et en particulier de son ordonnance OPA, ainsi que de la Loi sur le travail et de ses ordonnances). Elle est divisée en quatre organisations 38 régionales, Pour plus de renseignements au sujet de son organisation et de son fonctionnement, il convient de se référer au site www.iva-ch.ch. Grâce aux rapports de proximité que les différentes inspections entretiennent avec les entreprises locales, leurs partenaires sociaux et les politiques, l’AIPT constitue une plate-forme d’apport et d’échange d’expériences précieuse en matière de sécurité et de promotion de la santé dans l’entreprise ainsi que des conditions de travail en Suisse. La publication d’études et de brochures sur des thèmes spécifiques vient compléter les efforts de sensibilisation du groupement en la matière. En même temps, elle crée des liens favorables au fédéralisme sans toucher au pouvoir souverain des cantons en matière d’exécution. Et cela en veillant à ce que le caractère d’indépendance de l’activité des inspecteurs du travail et leur statut de droit public soient pleinement reconnus et respectés, conformément aux dispositions de la Convention internationale n° 81 du 11 juillet 1947 sur l’inspection du travail dans l’industrie et le commerce (RS 0.822.719.1). D’autre part, l’AIPT contribue activement à la coordination des problèmes liés à la sécurité et la santé au travail en Suisse, de même que des domaines qui lui sont proches. A ce titre, l’AIPT compte trois membres au sein de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) et un observateur aux séances de la Commission fédérale du travail (CFT). Elle coordonne aussi régulièrement ses activités d’exécution et de formation avec celles des autres organes dans des commissions bi (AIPT – seco / AIPT – Suva) ou tripartites (AIPT – Suva – seco) ou en déléguant ses agents dans des groupes de travail ou commissions ad hoc. La collaboration entre l’AIPT et l’AOST (Association des Offices Suisses du Travail) a également été renforcée et institutionnalisée. Celle-ci s’est notamment manifestée dans le cadre de projets communs tels que l’élaboration d’indicateurs d’efficience dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail, l’exécution des mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes et la lutte contre le travail au noir. Sa collaboration s’étend aussi aux institutions spécialisées de la santé au travail comme l’Institut Universitaire Romand de Santé au Travail (IST) ou la Fondation Promotion Santé Suisse. L’AIPT est par ailleurs présente au plan international. Membre de l’Association Internationale de l’Inspection du Travail (AIIT, www.iali-aiit.org), elle est aussi appelée à participer à certaines conférences et travaux du Bureau International du Travail (BIT) – tel l’audit d’inspection du travail de la population étrangère – ou de la Banque mondiale, International Bank For Reconstruction and Development, dont l’étude "Global Survey on Labour Inspections" vise à mieux comprendre, en comparaison internationale, le rôle des inspections du travail au regard de la conformité des conditions réglementaires en matière de santé et de sécurité au travail avec celles de la politique générale du travail et de l’emploi. Les cantons romands et le Tessin collaborent activement, au sein de la CRTi, sur des questions liées aux pratiques de l’inspection du travail et pour la formation, entre autres par l’organisation de séminaires dans chaque canton. La CRTi a également soutenu l’élaboration et la publication d’un rapport sur les « Effets de conditions de travail défavorables sur la santé des travailleurs et leurs conséquences économiques » (Conne-Perréard et al., 2001) qui dresse un état des lieux des connaissances scientifiques sur la problématique des atteintes à la santé liées au travail, en particulier dans le domaine des maladies cardio-vasculaires, des troubles musculosquelettiques, de la santé psychique et du cancer. 39 4.3. Acteurs de droit privé 4.3.1. Promotion Santé Suisse Promotion Santé Suisse est une fondation nationale placée sous la surveillance de la Confédération avec sièges à Berne et à Lausanne. Son mandat, qui découle de l’article 19 de la LAMal (cf. 2.5.1), peut être synthétisé comme suit: • « L’objectif de la promotion de la santé est le renforcement des ressources personnelles et sociales dans le domaine de la santé (approche de la salutogenèse). Il s’agit de créer des cadres de vie qui permettent aux individus ainsi qu’aux groupes d’organiser de façon saine leur propre manière de vivre et d’augmenter leur bien-être et leur qualité de vie. » • « En tant qu’institution opérant sur tout le territoire suisse et dans l’esprit de son mandat légal, Promotion Santé Suisse assume, dans certains secteurs, la promotion de la santé au sens de la Charte d’Ottawa de novembre 1986. Elle englobe et prend en considération les autres forces actives de la promotion de la santé. » • « Elle évalue constamment le besoin d’intervention pour la Suisse et fixe, sur cette base, des secteurs prioritaires pour des programmes nationaux qu’elle conçoit et dirige. » Le contexte du monde du travail constitue un secteur essentiel pour la fondation, en faveur duquel un programme prioritaire „Santé et travail“ (PP2) a été mis en place. Les activités de ce programme sont axées sur la diffusion de la promotion de la santé en entreprise en Suisse. Les buts de ce programme sont les suivants: • Promotion Santé Suisse assume une fonction de coordinatrice entre les services fédéraux et cantonaux et les milieux économiques, les groupements d’employeurs et de travailleurs qui, de par leurs domaines d’activité, sont concernés par le thème du travail et de la santé. • Le cadre du Programme prioritaire 2 doit favoriser, par le biais d’un soutien financier et technique, la mise en œuvre de bons exemples d’application de la promotion de la santé au travail ainsi que le développement de programmes novateurs. Il doit aussi permettre d’améliorer la perception de l’utilité de la promotion de la santé dans l’entreprise. • Création d’un Forum national de promotion de la santé au travail (voir aussi al 5.5.1) : la mise en oeuvre opérationnelle de promotion de la santé au travail relève de la stratégie des entreprises, qui le font sous leur propre responsabilité. Le Conseil de fondation de Promotion Santé Suisse a décidé de s’engager en faveur d’un tel Forum national pour la promotion de la santé au travail. La Fondation réfléchit actuellement à la manière et aux conditions auxquelles elle assumerait le secrétariat de ce Forum. Ses principaux partenaires à cet égard sont le seco – en tant qu’organe de liaison avec le Réseau européen pour la PSE (cf. 4.1.1) - et la CFST. Par ce Forum, la Fondation souhaite, en coopération avec les services publics, les offices chargés de la sécurité et de la protection de la santé au travail et les assureurs, développer des stratégies coordonnées afin de promouvoir ensemble l’application de la promotion de la santé au travail en prenant en compte les points de vue de l’économie, de la politique sociale et de la santé. 40 • PME-vital: Cet important programme de promotion de la santé au travail destiné à l’important secteur des PME a été lancé par Promotion Santé Suisse, qui l’a financé à 100% durant toute sa phase de mise au point (2001-2004) dans 10 entreprises pilotes alémaniques et romandes. Depuis l’achèvement de sa mise au point et sa mise en service sur Internet (www.pme-vital.ch, www.kmu-vital.ch), le rôle de Promotion Santé Suisse est d’en diriger la diffusion et le développement. L’élaboration, actuellement en cours, d’une version italienne de ce programme devrait être achevée fin 2006. • Coopération en réseau avec les cantons et les assureurs : les principales institutions qui portent l’activité de Promotion Santé Suisse – les cantons et les assureurs – sont aussi des partenaires importants dans le cadre du programme PME-vital (cf. 4.2). • La formation permanente est d’une grande importance pour faire passer le concept de promotion de santé au travail dans les entreprises et pour rendre celles-ci à même de la pratiquer. Les formations proposées dans le cadre du PP2 doivent s’accompagner d’une bonne pratique de la promotion de la santé en entreprise, comme le montre la formation pour chefs de projets internes dans le cadre de PME-vital. Un projet plus global de formation permanente, destiné à l’ensemble du monde du travail – visant au développement et à la qualification des rôles professionnels et personnels les plus importants – est en cours de développement. • Les hôpitaux représentent un milieu particulièrement important, compte tenu des contraintes spécifiques aux professions de la santé et des effets d’une bonne organisation du travail hospitalier non seulement sur la santé des collaborateurs mais aussi sur celle des patients et sur l’environnement. Aussi Promotion Santé Suisse instaure-t-elle dans le cadre du PP2 des activités de coordination avec le réseau national et des réseaux régionaux d’hôpitaux en vue d’instaurer des projets de promotion de la santé au travail dans les hôpitaux et soutient-elle des projets PSE novateurs dans le monde des hôpitaux. 4.3.2. Radix Promotion de la santé Radix Promotion de la santé est une fondation nationale avec des bureaux à Berne, Fribourg, Lausanne, Lucerne, Zurich et Lugano. Dans le secteur des entreprises, Radix soutient des activités favorisant la santé au travers des prestations particulières suivantes: • Conseil aux entreprises lors de l’introduction d’un management de la santé, avec le support de divers module: www.radix.ch/betrieb/html • Formation continue ‘Gestion de la santé dans les entreprises’, en collaboration avec la Suva http://www.radix.ch/betrieb/html/weiterbildung. Les participantes sont amenés à pouvoir développer des projets de promotion de la santé dans leur entreprise. • Réseau de praticiens http://www.gesunde-betriebe.ch/html/. Avec l’appui financier de Promotion Santé Suisse, Radix gère un réseau de responsables de projets de gestion de la santé dans les entreprises comptant plus de 40 praticiens qui se réunissent deux fois par an pour échanger leurs expériences et poursuivre leur formation. Cet échange d’idées et ces contacts constituent un soutien mutuel à la promotion active de la santé dans la vie quotidienne des entreprises. 41 4.3.3. Association suisse pour la promotion de la santé dans l’entreprise (ASPSE / VBGF) L’Association suisse pour la promotion de la santé dans l’entreprise (ASPSE) rassemble les acteurs non institutionnels de la promotion de la santé dans l’entreprise. Ce sont les dirigeants des entreprises qui mettent en œuvre une politique de promotion de la santé pour leur personnel ainsi que les sociétés et bureaux de services proposant des programmes et des prestations de conseil dans le domaine du travail et de la santé. L’ASPSE a été créée le 20 novembre 2003 sors le patronage du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Composée de membres ordinaires répartis en deux sections, l’une dite d‘"Utilisateurs" et l’autre de "Prestataires", elle réunit des firmes privées ainsi que des fondations, des administrations et des entreprises de droit public Ses membres s’engagent, lors de leur adhésion, à pratiquer la promotion de la santé dans l’entreprise comme stratégie de développement durable de l’entreprise telle que l’entend le réseau européen ENWHP et conformément à ses critères de qualité et à mettre en œuvre des prestations correspondantes. L’ASPSE a pour but statutaire l’échange d’expériences et de connaissances entre ses membres ainsi que le développement d’activités communes pour la promotion de la santé au travail comme partie de la politique et de la culture de l’entreprise Selon les informations de son site internet www.svbgf.ch, l’association comptait au 01.03.2005, dans la section "Utilisateurs", 31 entreprises membres employant quelque 177'000 personnes (4,9% de la population active de Suisse) et, dans la section "Prestataires", 39 sociétés offrant des prestations dans le domaine de la promotion de la santé en entreprise. 4.3.4. Autres acteurs en Suisse Plusieurs assureurs-maladie proposent, dans le cadre des assurances complémentaires offertes à leurs clients institutionnels, des prestations diverses en matière de promotion de la santé en entreprise, prestations présentées en octobre 2004 lors d’un atelier de Promotion Santé Suisse avec quelques uns de ces assureurs. Le Bureau de prévention des accidents (bpa) est une fondation de droit privé, politiquement indépendante, active dans le domaine de la prévention des accidents non professionnels et qui a pour mandat légal de favoriser la sécurité de la population. Ses activités prioritaires sont la prévention des accidents dans le trafic routier, le sport, l’habitat et les loisirs. 4.4. Au niveau des entreprises L’optimisation des prestations d’une entreprise est étroitement liée au capital humain et au capital social, en leur qualité de facteurs ‘mous’ de la production. Quelques uns de ces éléments du capital humain et social – considérés en tant que facteurs de production – ainsi que leurs interactions avec la promotion de la santé au travail (resp. du management de la santé) sont présentés dans le graphique ci-dessous. 42 Graphique 7: Capital social Relations sociales Conduite/ Confiance Management de la santé en entreprise et résultats de l’entreprise Capital humain Capital matériel Résultats de l‘entreprise Qualifications Technique Qualité Estime de soi Bâtiments Productivité Motivation Installations Rendement Valeurs Bien-être Convictions Santé Management de la santé en entreprise Bauer et al. (Bauer/Schmid/Zellweger/Krueger 2002, Bauer/Schmid 2005) ont effectué une enquête par questionnaire sur la situation du management de la santé au travail auprès d’un échantillon représentatif de 1’874 entreprise suisses du secteur des services ayant 10 collaborateurs ou plus (taux de réponses 34%). Outre des mesures explicitement axées sur la santé, leur étude a aussi inventorié des activités favorisant indirectement la santé dans les domaines du management du personnel et de l’organisation du travail. Les mesures réalisées par les entreprises les plus fréquentes avaient trait à un management du personnel orienté vers les collaborateurs (51 - 73% selon le type de mesure), suivies par des mesures dans les domaines d’un management du personnel orienté vers le résultat (39 - 67%), puis par le développement du personnel (21 - 72%) et une organisation du travail favorisant la santé, à l’exemple d’équipes partiellement autonomes (2 37%). En outre, 40% des entreprises faisaient état de mesures supplémentaires relevant des dispositions légales sur la sécurité au travail et la protection de la santé et 8 à 40% mentionnaient d’autres mesures favorisant explicitement la santé. Les mesures axées sur l’absentéisme et les conditions de travail (p.ex. aménagement ergonomique de la place de travail et recommandations en matière de santé) étaient plus fréquentes, avec 16 - 41%, que les activités orientées sur le comportement, tels des cours d’ergonomie ou des programmes de prévention des dépendances (8 - 21%). L’ampleur des activités de management du personnel et de promotion de la santé dépend de manière significative et positive du point de vue du chef du personnel sur l’importance du travail pour la santé du travailleur, sur la participation des collaborateurs au développement de mesures et sur la mise en œuvre systématique d‘instruments de controlling dans le domaine de la promotion de la santé dans l’entreprise. 35 à 45% des entreprises ont connu ces cinq dernières années des conditions très pénibles – mutations forcées, pression économique, réorganisations et accélération des processus de production – entraînant à leur tour un surcroît de mesures de management du personnel et, pour certaines, de mesures de promotion de la santé. Les entreprises comportant une forte proportion de collaborateurs non formés et d’emplois non qualifiés – qui auraient en réalité un besoin tout particulier de mesures de promotion de la santé – mentionnent au contraire moins 43 d’activités de management du personnel et de promotion de la santé que les autres entreprises. Il en va de même pour les PME en comparaison des plus grandes entreprises. Tirer profit du potentiel existant est possible à condition que les entreprises – au-delà de mesures ponctuelles de promotion de la santé – examinent et optimisent systématiquement leur action quotidienne dans le domaine du management du personnel et de l’organisation du travail sous l’angle de la possible promotion de la santé dans l’entreprise. Pour cela, les entreprises disposent aujourd’hui sur internet de tout un instrumentarium de promotion de la santé au travail (www.kmu-vital.ch, www.pme-vital.ch) financé par Promotion Santé Suisse et comportant des modules d’analyse, de planification et de mise en œuvre. Cet instrumentarium tient compte tant des comportements individuels à l’égard de la santé que du rôle central des supérieurs hiérarchiques et des conditions de travail sur la santé des collaborateurs. Le management de la santé en entreprise touchant à divers processus et structures de l’entreprise, il est essentiel d’y porter une attention constante. Diverses approches existent à cet effet, comme l’intégration du management de la santé en entreprise dans les systèmes existants de management de la qualité, ou des systèmes de management du personnel ou encore des systèmes de gestion de la sécurité au travail. Les entreprises sont de plus en plus incitées à favoriser – au-delà du strict contexte professionnel – l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (Work-Life Balance) de leurs collaborateurs, par exemple par une organisation flexible des périodes de travail ou par du travail à temps partiel. 4.5. Universités et autres institutions de recherche et de formation Il revient à la recherche d’établir de manière scientifique et moderne les relations entre conditions de travail et santé ainsi que de définir des types d’intervention efficaces pour améliorer ces conditions de travail. Il n’existe en Suisse – dans le domaine du travail et de la santé – aucune institution de recherche financée par l’Etat et assurée de durer comparable à ce que l’on trouve dans les autres pays (nord) européens. Le seco ne dispose, au sein de sa division Travail et Santé, que de moyens très limités pour la recherche. Vu leurs ressources restreintes, d’autres offices fédéraux – comme l’OFSP, l’OFAS, l’OFS ainsi que la Suva – ne peuvent étudier que des aspects très ponctuels du travail et de la santé et mandatent le plus souvent des instituts de recherche externes à cet effet. Divers instituts de recherche et chaires universitaires décentralisés existent en Suisse qui s’occupent de manière très inégale de cette thématique mais, même ensemble, ne parviennent à en couvrir qu’une portion très réduite. Depuis 2000, plusieurs de ces institutions se sont réunies au sein d’un réseau informel Réseau suisse Santé au travail AGENS (Arbeit und Gesundheit Netzwerk Schweiz), qui rassemble l’Institut de la Santé au Travail (IST) de l’Université de Lausanne, les anciens instituts de l’EPFZ d’hygiène et de physiologie du travail (IHA) et de psychologie du travail et des organisations (Ifap), l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich (ISPMZ), l’Institut de psychologie du travail et des organisations de l’Université de Berne ainsi que l’Institut Droit de la Santé de l’Université de Neuchâtel. Y participent depuis le début des représentants de la Suva, du seco et des services de médecine du travail de grandes entreprises. Ce réseau a pour objectif de renforcer la coopération informelle, de définir pour la Suisse un agenda commun de recherche appliquée „Santé au travail“et de réaliser, au travers d’un centre de compétence commun, un véritable transfert de recherche. La question du financement de cette institution reste toutefois ouverte, la demande pour un premier projet commun „Swiss Net for Health at Work“ en faveur d’une coopération plus étroite dans le domaine de la formation ayant été refusé par la Conférence universitaire suisse 44 en novembre 2004. L’Ecole suisse de santé publique (Swiss School of Public Health +) a été créée en octobre 2005. Cette institution en réseau, réunissant les Universités suisses avec des programmes de Master en santé publique et en économie de la santé, représente un premier pas vers un futur Institut national de la santé publique, de l’économie de la santé et de la santé au travail. Le secteur de la formation connaît plusieurs cursus qui traitent du thème de la santé au travail. La fondation Promotion Santé Suisse en a établi un inventaire en 2003 (GF-CH 2003). Au niveau national, les deux principaux instituts en la matière (ancien IHA de l’EPFZ et IST de l’Université de Lausanne) ainsi que d’autres partenaires d’AGENS collaborent étroitement depuis plusieurs années dans le cadre d’un diplôme post-grade ‘Santé et travail’. Cet ancrage large garantit que les résultats les plus récents de la recherche trouvent leur écho dans la formation. Le diplôme postgrade ‘Santé et travail’ propose actuellement des spécialisations dans les domaines de la médecine du travail, de l’hygiène du travail et de l’ergonomie. Selon le programme de mise en œuvre de la Déclaration de Bologne, ce programme est reconnu comme un Master of Advanced Studies. 45 5. Domaines où il y a nécessité d’agir S’il est apparu que la nécessité d’agir fait l’objet d’un large consensus, les institutions concernées divergent toutefois en partie dans leurs appréciations de certains aspects. La présentation cidessous n’engage donc formellement aucun acteur. La nécessité d’agir dépend aussi bien de l’évaluation de l’état de la situation que des buts que se fixent les diverses institutions. On évoquera donc ci-après également des possibilités d’améliorer la santé au travail qui ne sont pas soutenues par toutes les institutions associées à ce rapport. 5.1. Monitorage Travail et Santé Alors que l’on dispose d’une bonne base de données sur les accidents professionnels et les maladies professionnelles reconnues selon la LAA, les données sur la morbidité et la mortalité de la population susceptible d’être active continuent de présenter d’importantes lacunes. De plus, le système actuel de classification de la statistique de l’assurance invalidité relatif à la réinsertion nécessite d’être revu à l’avenir. Le grand nombre des données présentement éparses sur la santé au travail en Suisse ne deviendra une source d’information politiquement significative qu’à condition d’être à l’avenir rassemblées au sein d’un système de monitorage intégré et compréhensible, comportant un nombre limité d’indicateurs quantitatifs, et interprétées et communiquées sous forme de rapports réguliers. Les bases de données et les compétences professionnelles et méthodologiques nécessaires existent et un premier rapport de monitoring pour la Suisse vient d’être publié (cf. 3.1). Il manque une décision formelle et des moyens financiers appropriés pour faire de ce mandat une tâche permanente. 5.2. Prévention des atteintes à la santé liées au travail et promotion de la santé en entreprise 5.2.1. Protection générale de la santé et conditions de travail favorisant la santé Pour atteindre l’objectif que constituent des conditions de travail favorables à la santé, les missions et mesures suivants sont mises en discussion. Législation • Création de bases légales et d’incitations financières pour la vérification et l’optimisation des conditions de travail dans le domaine psychosocial Organes d’exécution • Création et soutien d’offres de promotion de la santé en entreprise allant au-delà des prescriptions légales Branches/ Entreprises • Ancrage de la promotion de la santé en entreprise en tant que moyen pour développer des conditions de travail favorisant la santé Médias/ Communication au public • Sensibilisation à l’importance de conditions de travail favorisant la santé et la qualité de vie pour les milieux de l’économie, afin d’obtenir par là un soutien aux buts susmentionnés Formation • Formation professionnelle : motivation à un comportement favorisant 46 la santé et sensibilisation à l’utilité de la promotion de la santé dans la vie et au travail • 5.2.2. Universités/HES : sensibilisation aux rapports entre santé et travail ainsi qu’au potentiel de la promotion de la santé en entreprise Prévention des accidents Les missions et mesures suivants devraient être développées, aux différents niveaux mentionnés: Législation • Afin d’améliorer l’application de la législation concernant la prévention des accidents, une discussion relative à la révision de la LAA est initiée Organes d’exécution • Cf. ci-dessus, application de la législation Branches/ Entreprises • Engagement renforcé pour une culture de sécurité plus systématique dans les entreprises et les solutions de branches Spécialistes • Intégration meilleure des aspects de la charge psychosociale dans les mesures de prévention des accidents Médias/ Communication au public • Mobiliser les décideurs économiques et politiques et les leaders d’opinion pour les aspects psychosociaux de la prévention des accidents Formation • Formation professionnelle: Intégrer systématiquement les connaissances relatives aux risques d’accidents à la place de travail et aux mesures de prévention ainsi que des connaissances sur les droits et les devoirs y relatifs dans les matières d’enseignement professionnel (cf. règlements de formation) • Universités/HES: Aborder le sujet de la sécurité au travail dans la formation dans la perspective des futurs rôles de cadres et spécialistes des personnes en formation. 5.2.3. Prévention des maladies professionnelles Les missions et mesures suivants devraient être développées, aux différents niveaux mentionnés: Législation • Afin d’améliorer l’application de la législation concernant la sécurité au travail, conformément à la LAA et à la LTr, une discussion relative à la révision de la LAA est initiée Organes d’exécution • Cf. ci-dessus application de la législation Branches/ Entreprises • Sensibilisation aux maladies professionnelles spécifiques à certaines professions (causes, dépistage précoce, mesures à prendre) et aux atteintes à la santé liées au travail, ainsi qu’à leur prévention • Preuve à donner par les entreprises qu’elles appliquent les prescriptions de prévention des maladies professionnelles (par exemple respect des valeurs MAC) • Sensibilisation des spécialistes techniques de la sécurité au travail (techniciens, ingénieurs, hygiénistes) aux problèmes de prévention des maladies professionnelles Spécialistes 47 Médias/ Communication au public • Contribution à une information et sensibilisation au sujet des maladies professionnelles (en particulier troubles musculosquelettaux, effets du bruit, etc.) et des autres atteintes à la santé liées au travail Formation • Formation professionnelle: intégrer systématiquement les connaissances relatives aux maladies professionnelles et aux atteintes à la santé liées au travail et aux mesures de prévention ainsi que des connaissances sur les droits et les devoirs y relatifs dans les matières d’enseignement professionnel (cf. règlements de formation) • Universités/HES: transmettre des instruments et connaissances concernant la protection et le promotion de la santé en entreprise dans la perspective des futurs rôles de cadres et spécialistes des personnes en formation. 5.3. Réinsertion professionnelle après une maladie 5.3.1. Orientation des patients Avec la spécialisation croissante des soins de santé, le nombre de professionnels et d’institutions qui se partagent la prise en charge des patients s’accroît constamment. Cela a souvent pour conséquence une coordination non optimale des interventions, des interventions à double ou des lacunes dans la prise en charge. Le processus de réinsertion peut s’en trouver retardé, avec le risque d’une mise à l’invalidité inutile de la personne concernée. La coordination des seules prestations médicales est souvent insuffisante, nombre d’autres éléments jouant un rôle important dans le cadre de la gestion de la réinsertion. C’est ainsi que des dommages peuvent se transformer en invalidité médicalement non fondée dès lors que les patients sont menacés de perdre leur place de travail et leur avenir professionnel ou qu’ils ont déjà perdu leur emploi. Des conditions de travail ressenties comme menaçantes peuvent aussi rendre plus difficile un retour des patients dans l’entreprise. Les efforts de réinsertion échouent encore plus fréquemment lorsqu’il s’agit de mères seules avec charge de famille, de migrants ou migrantes, de patients ayant des problèmes psychiques ou ayant un faible niveau de formation. Les patientes et patients nécessitent de plus en plus une aide spécialisée pour parvenir à utiliser de manière appropriée les services existants. Un support ciblé peut leur être fourni sous forme d’un ‘Care Management’ (gestion de la prise en charge) qui veille à ce que des prestations de soins opportunes et économiques leur soient apportées. Ceci doit garantir des traitements médicaux de qualité à un coût aussi favorable que possible et permettre aux patients de vivre leur prise en charge comme cohérente. Le potentiel de la gestion des soins et de l’orientation des patients n’est de loin pas encore épuisé, et se heurte d’ailleurs à l’absence d’incitation financière qui encouragerait les acteurs à se préoccuper de manière accrue d’une prise en charge globale des patients. 48 Les missions et mesures suivants devraient être développées, aux différents niveaux mentionnés: Législation Branches/ Entreprises Prestataires de soins (secteur de santé) Travailleurs actifs Médias / Communication au public 5.3.2. • Création d’incitations pour une prise en charge des patients coordonnée en réseau • Création des instruments technologiques d’information en vue d’un échange aisé de données sur les patients entre services de traitement concernés (nouveau numéro d’assurance sociale, carte informatisée d’assuré) • Obligation pour les assureurs-accidents de se charger euxmêmes de la réinsertion professionnelle de leurs patients (intégration des prestations, réduction des efforts de coordination entre assureurs) • Mise en œuvre du dépistage précoce tel que prévu par la 5ème révision de la LAI • Introduction de programmes de gestion de l’absentéisme, assortis d’une formation adéquate • Mise à disposition de places de travail permettant un retour progressif au travail, adaptées aux capacités des patients, dans le cadre de la réinsertion • Introduction de services de médecine d’entreprise • Dépistage précoce de troubles psychiques (concomitants) chez des personnes malades ou accidentées • Innovations thérapeutiques pour les patients ayant des problèmes psychosociaux • Mise à disposition d’institutions spécialisées pour l’évaluation des aptitudes professionnelles et pour des programmes de training • Intégration progressive centrée sur le patient (création de réseaux de soins, alliances stratégiques entre prestataires du domaine de la santé) • Sensibilisation et information sur l’importance d’un retour aussi rapide que possible au travail dans l’optique de sauvegarder son poste de travail • Information sur les possibilités d’aide à la réinsertion professionnelle • Dialogue social sur l’importance (macro-économique) de la réinsertion professionnelle après une maladie ou un accident Mesures professionnelles Déjà dans le cadre de la 4ème révision de la LAI, la compétence de l’assurance-invalidité en matière de médecine des assurances a été renforcée – ce qui est dans l’intérêt d’une orientation globale des patients. C’est ainsi que des Services médicaux régionaux (SMR) ont été créés et le nombre de postes de médecins spécialistes a été augmenté. Ces médecins des assurances – issus de disciplines diverses – se sont vus attribuer des compétences accrues en matière d’examen des atteintes à la santé ainsi que pour la détermination et la quantification d’une incapacité de travail. Les mesures de réinsertion professionnelle existantes de l’assurance–invalidité sont – comme le montre l’évolution de ces années passées – souvent insuffisantes, en particulier pour réintégrer 49 des personnes malades psychiques ou professionnellement peu qualifiées. Dans le cadre de la 5ème révision de la LAI – dont le but premier est une réduction du nombre de nouveaux bénéficiaires de rentes – diverses autres innovations sont proposées pour tenir compte des nouvelles exigences en matière de réinsertion. Ainsi, grâce au programme ‘Détection précoce et suivi (DPS)’, les personnes inaptes au travail par suite de maladies doivent-elles être détectées plus tôt que jusqu’ici et un soutien ciblé au sens du Case Management devrait être assuré. Des mesures d’intégration ciblées doivent activement favoriser la capacité restante des assurés d’exercer une activité, dans le but de les réinsérer rapidement et durablement. A cet effet, les incitations devront être telles qu’il vaudra la peine pour les assurés de coopérer activement à leur propre réinsertion. Il faudra donc chaque fois s’assurer à temps que le poste de travail du patient ou de la patiente lui reste acquis. Il est en outre prévu de créer – comme autre mesure destinée avant tout aux personnes malades psychiques ou professionnellement peu qualifiées – des offres de réinsertion socioprofessionnelle, d’entraînement au travail, des mesures occupationnelles et des services spécialisés dans la fourniture d’emplois. L’exécution de l’assurance-invalidité devrait être harmonisée au niveau national. La procédure de consultation sur la 5ème révision de la LAI s’est terminée à fin 2004 et son entrée en vigueur ne saurait intervenir avant mi 2006. Les missions et mesures suivants devraient être développées, aux différents niveaux mentionnés: Législation • Obligation légale pour les assureurs-accidents de se charger euxmêmes de la réinsertion professionnelle de leurs assurés • Entrée en vigueur et mise en oeuvre de la 5ème révision LAI Branches • Mise à disposition de places de travail appropriées permettant une insertion progressive – adaptée à leurs capacités – des patients dans le cadre de la réinsertion Prestataires de soins (secteur de la santé) Travailleurs actifs • Mise à disposition d’institutions spécialisées pour l’évaluation des aptitudes professionnelles et pour des programmes de réinsertion • Disponibilité et motivation pour une réorientation professionnelle Médias/ Communication au public • Dialogue social sur l’importance de la réinsertion professionnelle (Sensibilisation du public) Formation • Transmission de connaissances en médecine du travail et médecine des assurances durant la formation de base, la formation continue et la formation permanente 5.4. Recherche et formation 5.4.1. Recherche sur les conditions de travail favorables à la santé ainsi que sur la sécurité et la protection de la santé au travail Au plan européen – se fondant sur une revue détaillée de documents scientifiques et de politiques de la recherche – les priorités de recherche suivantes ont été fixées pour ces prochains années dans le domaine des conditions de travail et de la santé (UE, Bilbao, 2004) : • Aspects psychosociaux (par exemple : effets de nouvelles formes de travail sur la santé, méthodes d’organisation propres à améliorer les conditions psychosociales de travail) 50 • Facteurs humains et organisationnels (par exemple : méthodes participatives, méthodes d’investigation et d’intervention) • Substances toxiques (par exemple : détermination des taux d’exposition, effets d’expositions multiples) • Management de la sécurité au travail et de la santé (par exemple : dimensions économiques, travailleurs âgés). Tenant compte de ces priorités identifiées par l’Union Européenne et de l’état de la recherche en Suisse, la priorité doit être accordée aux domaines suivants: Recherche sur les relations toujours plus complexes entre travail et santé Malgré le recul du secteur industriel et de la fréquence des risques qui y étaient liés, les risques classiques liés aux expositions physiques, chimiques et biologiques sont en augmentation. De nouveaux produits et technologies ne cessent d’arriver sur le marché. L’hygiène et la sécurité au travail doivent par conséquent : • développer de nouvelles méthodes prédictives d’évaluation et de gestion des risques, que ce soit pour les risques aigus ou chroniques; • prendre en considération la dynamique des carrières professionnelles avec de fréquents changements de postes de travail et de contraintes; • s’appuyer sur les méthodes de l’“Evidence Based Medicine”. Le développement de la société de services et les mutations économiques continues donneront une importance sans cesse accrue aux contraintes et ressources psychosociales. Comme le montre l’exemple des atteintes à la santé liées au travail, de multiples déterminants de santé, mécanismes et conséquences doivent être pris en considération en même temps. Cela implique la mise au point de méthodes appropriées pour: • identifier simultanément de multiples facteurs de risque et facteurs de protection de la santé • évaluer leur impact respectif sur la santé • développer des approches d’intervention intégrées • vérifier les multiples effets de ces interventions • développer et évaluer des stratégies de diffusion et des systèmes d’incitation en faveur d’une gestion intégrée de la santé dans l’entreprise. Prise en considération des évolutions sociales et démographiques Du fait de la diversité croissante des rôles sociaux, l’alternance entre activités professionnelles d’une part et travail domestique, travail bénévole et loisirs d’autre part acquiert toujours plus d’importance. Or, jusqu’ici, leur importance respective dans les domaines de la santé et de la qualité de vie a été trop peu investiguée Il faut enfin que la recherche s’attache à étudier les conséquences des tendances démographiques de la population active, notamment l’augmentation en son sein de la part des travailleurs âgés, des femmes et des étrangers ayant une activité lucrative. 51 Création d’un Centre national de compétences Dans sa réponse du 24.11.2004 à l’interpellation Gutzwiller (04.3539) sur la repourvue à l’EPF de Zurich d’une chaire d’ergonomie, le Conseil fédéral indique que « Sur le plan de la politique scientifique, il convient d’étudier à moyen terme la mise en place d’un centre de compétences national en physiologie et en médecine du travail. La Confédération assume une responsabilité particulière dans ce domaine. » Cette opinion coïncide avec l’intention du réseau des institutions universitaires AGENS de développer un „National Institute for Occupational Health and Safety“ décentralisé, à même de renforcer les centres de compétences déjà existants dans ce domaine. 5.4.2. Formation académique en santé au travail Sur le plan académique de la recherche et de la formation en Santé au Travail, la Suisse reste très en retard par rapport aux autres pays européens et les ressources attribuées par les Hautes Ecoles et le Fonds national de la recherche scientifique à ce domaine pluridisciplinaire restent tout à fait insuffisantes. L’enseignement et la recherche dans ce domaine sont dispersés et leur existence n’est pas pérenne. Cela a conduit à une carence importante en médecins du travail, hygiénistes du travail et ergonomes et à un manque d’ancrage au sein du tissu économique Suisse. La gestion et la prévention des risques dans le contexte complexe et multiple de l’environnement professionnel requièrent d’une part une approche transdisciplinaire et, d’autre part, des ressources spécialisées dans l’ensemble des domaines de la santé au travail. Pour ce faire, il est nécessaire de renforcer la coopération transdisciplinaire et la formation à tous les niveaux : • La santé au travail est abordée essentiellement dans le cadre d’une formation postgrade, destinée aux spécialistes du domaine. Son implantation dans le cursus des autres étudiants n’est que sporadique. L’absence d’une formation de base des cadres de l’économie limite le partenariat et les synergies entre les spécialistes et les entreprises. Une formation pré-graduée minimale des étudiants dans toutes les formations, en tant que futurs décideurs ou responsables au sein des entreprises et des administrations, serait nécessaire. Celle-ci devrait faire partie intégrante des formations de bachelor ou de master propres à leur discipline. • Les structures académiques suisses étant de taille limitée, aucune des universités ne regroupe à elle seule l’ensemble des disciplines relatives à la santé au travail. Les compétences sont réparties dans des groupes de recherche et d’enseignement spécialisés. La fédération des compétences par la coopération et la coordination entre ces entités doit être renforcée par une structure de coordination thématique (p.ex. AGENS Network) et le développement de programmes d’enseignement adaptés à la nature multigéographique et transdisciplinaire du réseau (e-learning, enseignement orienté projet et problème, plates-formes internet, etc.). • La formation initiale et continue relative à la sécurité au travail (chargés de sécurité, ingénieurs de sécurité) est essentiellement dispensée hors du cadre académique (par la Suva et dans le secteur privé). Le diplôme post-grade ‘santé au travail’ permet la formation des hygiénistes, des ergonomes et de l’essentiel des médecins du travail. Un formation d’ingénieur de sécurité peut aussi être suivie via le post-grade ‘risque et sécurité dans les systèmes techniques’, il s’agit toutefois d’une minorité des cas. La situation actuelle a conduit à une insuffisance d’effectif en médecins du travail, hygiénistes et ergonomes et à une carence en termes de développement scientifique en ce qui concerne la sécurité au travail. De plus, la pérennité des filières de formation académiques n’est pas assurée. Il convient donc au plus vite d’assurer la pérennité et de renforcer les filières académiques pour: promouvoir la formation des spécialistes praticiens, garantir un haut niveau de formation des futurs spécialistes chercheurs et enseignants dans tous les domaines de la santé au travail, intégrer de nouvelles compétences 52 dans les formations spécialisées telles que l’économie de la santé au travail, la santé communautaire orientée travail, la gestion des ressources humaines intégrant les nouveaux paradigmes de la santé au travail, etc. Un tel développement passe notamment par l’intégration au cursus universitaire d’un programme de Master en sciences spécialisés et par le développement d’une école doctorale interdisciplinaire en santé et sécurité au travail. Le diplôme postgrade ‘Santé et travail’ devrait de plus être complété, à l’avenir, par un quatrième axe prioritaire consacré aux déterminants psychosociaux de la santé et au management de la santé dans l’entreprise. Enfin, le thème de la santé au travail devrait être intégré à tous les programmes d’enseignement en économie afin de sensibiliser les futurs décideurs et responsables d’entreprises à l’importance économique de la santé au travail. 5.4.3. Formation et recherche pour la réinsertion professionnelle Dans le domaine de la réinsertion professionnelle, les thèmes suivants doivent faire l’objet de recherches: • Collaboration entre divers prestataires et services officiels • Systèmes de Case Management • Systèmes d’incitations pour les entreprises • Création de places de travail protégées et d’institutions pour une réinsertion professionnelle externe • Facteurs inhibiteurs et favorisants et possibles structures incitatives du côté des travailleurs. Les missions et mesures suivants devraient être développées, aux différents niveaux mentionnés: Universités / Hautes écoles Formations dans le domaine social, des assurances et de la santé publique • Ancrage de la médecine des assurances et de la médecine du travail dans la formation, la formation continue et la formation permanente des médecins; création d’un titre de spécialiste en médecine des assurances (coordination de la prise en charge médicale) • Recherche interdisciplinaire sur les processus d’offre de soins de santé • Promotion de l’épidémiologie clinique en tant que spécialité • Transmission générale de connaissances et de compétences au moyen des instruments de management des soins • Programmes spéciaux d’enseignement en gestion intégrée des soins (par exemple : diplôme post-grade de Case Manager) 53 5.5. Législation et organes d’exécution Le Conseil fédéral prévoit, dans son "Objectif 6 - Renforcer la cohésion sociale" du programme de la législature 2003-2007, de lancer des mesures propres à améliorer la compatibilité entre obligations familiales et monde du travail ainsi que des mesures en faveur de l’intégration des travailleuses et travailleurs âgés sur le marché de l’emploi (Chancellerie fédérale 2004). Le présent rapport entend également contribuer à améliorer les conditions de travail dans la mesure où elles ont un impact sur la santé 5.5.1. Conditions de travail favorisant la santé au travail Un Forum pour la promotion de la santé en entreprise doit être créé au niveau national afin de mettre en réseau et de coordonner les diverses activités de promotion de la santé au travail. Le maintien du taux d’occupation des travailleurs âgés de 55 à 65 ans, actuellement encore relativement élevé, représente une priorité. Dans le cadre des objectifs 2005 du Conseil fédéral, le seco a reçu le mandat d’examiner un large arsenal de mesures à même d’améliorer la santé et la capacité de travail des collaborateurs âgés: prévention et protection de la santé au travail, adaptations sur les plans de l’ergonomie et de l’organisation sur le poste de travail, assouplissement des horaires et temps de travail, efforts accrus en matière de formation continue afin de maintenir la capacité d’adaptation et de emploi des travailleurs âgés. De même, il faudra examiner quelles mesures concernent les entreprises, lesquelles peuvent être confiées aux partenaires sociaux et lesquelles doivent être réglées en droit du travail ou si l’Etat doit intervenir à un autre niveau. 5.5.2. Cinquième révision de la Loi sur l’AI Dans le cadre de la 5ème révision de la Loi sur l’AI, l’OFAS propose de mettre sur pied un système de détection et de suivi (DPS) des personnes inaptes au travail par suite de maladies (cf. chapitre 5.3). 5.5.3. Nouvelle réglementation de la prévention et de la promotion de la santé Le Conseiller fédéral Pascal Couchepin a chargé l’OFSP d’élaborer des propositions en vue de renforcer la place de la prévention et de la promotion de la santé dans le cadre du système de santé suisse. Les clarifications préalables montrent que, concernant une nouvelle réglementation, diverses options sont possibles. Le DFI (OFSP) va maintenant poursuivre la réflexion sur les questions fondamentales résultant de ces options, en y associant des partenaires extérieurs (autres offices fédéraux, cantons, prestataires de soins, assureurs, milieux scientifiques, etc.) puis faire rapport au Conseil fédéral et au Parlement. 54 6. Recommandations Lors d’un hearing avec des délégués des administrations et institutions fédérales (OFSP, OFAS, seco, Suva) ainsi qu’avec des représentants de l’Association intercantonale pour la sécurité au travail, du canton de Genève, de Promotion Santé Suisse ainsi que des instituts universitaires de médecine sociale et préventive de Zurich et de médecine du travail de Lausanne, les étapes suivantes du processus en matière de travail et santé, les priorités et les facteurs susceptibles de faire obstacle à une stratégie commune et concertée pour la santé au travail furent discutés. On reconnut à cette occasion la nécessité, dans un premier temps, d’une coordination et d’une coopération accrues entre les organismes d’Etat. Un dialogue préalable, portant sur les divergences de vue des organismes officiels quant à leur évaluation de la problématique des risques pour la santé dus au travail, devrait favoriser l’intégration ciblée des partenaires sociaux dans le processus et renforcer cette collaboration. Les points suivants ont été reconnus comme prioritaires : 1. Amélioration de l’application de la législation existante Les législations actuelles, qui se sont développées avec le temps – loi sur le travail, loi sur l’assurance-accidents, loi sur l’assurance-invalidité – définissent les conditions d’une protection globale de la santé au travail. Une collaboration mieux coordonnée et plus intense devrait permettre d’atteindre plus d’efficacité. Les directives MSST constituent une bonne base à cet effet. Aussi est-il recommandé d’améliorer en priorité l’exécution des lois en vigueur, en particulier en ce qui concerne la Loi sur le travail. L’absolue priorité devrait aller – avant toute mise sur pied de nouvelles structures d’organisation – à l’utilisation plus conséquente des conditions-cadre et structures existantes, à leur développement et, le cas échéant, à leur renforcement. Ceci permettrait de tirer parti des synergies potentielles et d’accroître l’efficience. La maîtrise des contraintes physiques et psychosociales cumulées est le domaine où la collaboration entre les divers acteurs concernés doit tout particulièrement être améliorée. La protection de la santé au travail imposée par la loi comporte un potentiel de synergies favorables à la promotion – volontaire – de la santé au travail, qu’il faudrait pleinement utiliser (cf. Recommandation 2). A titre d’exemples, citons ici les instruments de conception d’une politique du personnel profitable, une politique intégrée de la sécurité et de la santé dans l’entreprise, les connaissances acquises en matière de conditions de travail favorables à la santé, ainsi que la prise de conscience de l’importance de l’équilibre entre travail, loisirs et taches sociales. Une telle approche intégrative de la protection et de la promotion de la santé permettrait de créer des mécanismes contribuant à favoriser la bonne santé de la population active et, par là, la productivité des entreprises. 2. Diffusion de la promotion de la santé en entreprise Le présent rapport a montré que la promotion de la santé au travail pourrait contribuer de manière décisive à alléger les problèmes de santé qui découlant de l’évolution actuelle de l’économie et des modifications des conditions de travail. Cependant, la promotion de la santé au travail est encore, en pratique, trop peu répandue. Les entreprises comme les institutions sociales et sanitaires doivent par conséquent être sensibilisées au potentiel de la promotion de la santé au travail sur l’amélioration de la santé et des performances de la population active. Simultanément, des stratégies communes sont nécessaires pour répandre la promotion de la santé au travail, stratégies qui doivent avoir le soutien de tous les groupes d’intérêt importants, tant au niveau des entreprises que des cantons et de la Confédération. C’est à cet effet que Promotion Santé Suisse, le seco et la 55 CFST ont conçu le Forum national pour la promotion de la santé au travail, dont la création formelle et la mise en route doivent maintenant recevoir un soutien approprié. Ce Forum doit envisager la santé de la population active dans une perspective tout à la fois sociale et économique, afin de déduire et coordonner – en tenant compte de cette interaction – le besoin d’action pour la promotion de la santé au travail. Les initiatives pour la promotion de la santé au travail qui en résulteront devraient combler les lacunes que comportent les mesures préventives existantes et aider l’économie à faire face aux défis du monde du travail au 21ème siècle. Pour que ces initiatives puissent être mises en pratique, le Forum devrait aussi soutenir leur financement, créer des systèmes d’incitation ad hoc à l’intention des entreprises et clarifier les compétences des divers acteurs concernés. Enfin, le Forum devrait travailler en étroite collaboration avec les secteurs du monitorage, de la recherche et du développement et assurer le transfert des résultats de recherche dans la pratique. 3. Promotion de la réinsertion professionnelle après un accident ou une maladie Les cas d’inaptitude au travail ne pourront pas être complètement évités, même à l’avenir. Une réintégration systématique et commencée à temps est donc une mesure essentielle, comme le prévoit la 5ème révision de la LAI au chapitre du dépistage précoce. Cela suppose l’introduction – au niveau des entreprises – de programmes de management des absences et une formation adéquate à cet effet, la mise à disposition de places de travail à charge réduite, ainsi que l’introduction – au niveau interentreprises – de services médicaux d’entreprise. Cela implique aussi, dans le secteur de santé, des programmes de dépistage précoce, des institutions pour l’évaluation de l’aptitude au travail, de nouvelles offres thérapeutiques pour les maladies psychosociales ainsi qu’un management coordonné des soins centré sur le patient. Tant les personnes actives que le grand public doivent être informés de manière appropriée sur l’importance des offres d’aide en vue d’une rapide réinsertion professionnelle. La mise en œuvre de ces stratégies nécessite des incitations financières, une clarification des compétences ainsi que la mise sur pied de structures ad hoc. 4. Monitorage, recherche et développement La réalisation des trois recommandations ci-dessus exige avant tout de disposer d’une base de données sûre. Un système de monitorage sur les conditions de travail et la santé est fondamental pour le développement et la mise en œuvre de stratégies communes et partagées tel que visées par le présent rapport. Un tel monitorage permettrait d’attirer l’attention des décideurs sur l’évolution actuelle, de mettre en évidence les besoins d’action, de fixer des priorités et de vérifier le succès des interventions. A cet effet, les données actuellement éparses sur les conditions de travail et la santé en Suisse doivent être intégrées dans un système de monitorage aisément accessible, à compléter partiellement et à mettre à disposition sous forme de rapport régulier destiné aux autorités politiques. La mise en place permanente d’un système de monitorage est dans l’intérêt de toutes les organisations ayant contribué à ce rapport, quand bien même son financement et les compétences de chacune en la matière demandent encore à être éclaircies. La promotion de la santé au travail et la réinsertion après une maladie ou un accident sont les deux domaines où le besoin en recherche et en développement est le plus manifeste. Leur contenu a trait aux relations toujours plus complexes entre travail et santé, à la dynamique des biographies d’activité, aux méthode prédictives d’évaluation des risques en cas d’effets combinés de multiples contraintes au travail, au rôle croissant de la charge de travail et des ressources psychosociales, aux méthodes multidimensionnelles d’analyse et d’intervention participatives ainsi qu’au développement et à la diffusion de système intégrés de management de la santé dans l’entreprise. De 56 même, la recherche menée par les milieux économiques devrait-elle mettre en évidence le potentiel de la promotion de la santé au travail. Relever ces défis implique de satisfaire aux exigences suivantes: • Formation accrue de scientifiques et de praticiens à la santé au travail • Financement d’une plate-forme nationale coordonnée pour la recherche, respectivement d’un centre de compétences Santé au travail („National Institute for Occupational Health“) par les pouvoirs publics et l’économie privée • Intégration directe de divers groupes d’intérêts dans la recherche consacrée aux conditions de travail et à leur optimalisation • Collaboration avec le Forum national pour la promotion de la santé au travail et la CFST en qualité de plates-formes de coordination • Collaboration, au sein d’équipes pluridisciplinaires de recherche, de spécialistes en santé publique, en sciences du travail, en économie et en sciences de l’environnement • Collaboration accrue avec les institutions internationales de recherche. 57 7. Bibliographie Arnal S, Jacot-Descombes, Merendaz E. Rochat R. Les Suisses rêvent de temps partiel. L’Hebdo, Hrsg.. 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Bilbao; 2000. 58 EU Bilbao 2002: Magazin Nr. 5 - Stress lass nach (26/08/2002) Die in dieser Ausgabe im Mittelpunkt stehenden Statistiken zum Stress am Arbeitsplatz sprechen für sich. Sicherlich ist dieses Thema eine der grossen Herausforderungen, die uns alle betreffen – als Arbeitgeber, Arbeitnehmer, Gesundheitsschutzfachleute, Politiker, Forscher u. Ä. in allen Branchen, Unternehmen und Institutionen, unabhängig davon, ob sie klein oder gross sind. EU Bilbao, 2004: Report on the priorities for occupational safety and health research in the EU25. EU-Agentur für Sicherheit und Gesundheitsschutz am Arbeitsplatz, Bilbao, – Draft 26 November 2004 European Network for Workplace Health Promotion. Déclaration de Luxembourg / Luxemburg Deklaration : http://www.enwhp.org/download/luxembourg_declaration.pdf Gubéran E, Usel M. Permanent work incapacity, mortality and survival without work incapacity among occupations and social classes: a cohort study of ageing men in Geneva. 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Travail et santé, mortalité et invalidité en rapport avec l’activité professionnelle en réponse au Postulat de Franziska Teuscher. Neuchâtel; 2003. Schaberl R. Herz+Kopf+Portemonnaie. Luzern: LINK; 2004. North FM, Syme LS, Feeney A, Shipley M, Marmot M. Psychosocial Work Environment and Sickness Absence Among British Civil Servants: The Whitehall Il Study. Am. J Public Health. 1996;86:332-340. OECD (2003). Executive Summary and Recommendations. In: Ageing and Employment Policies Suisse. Paris; 2003. Office fédéral des assurances sociales. Statistique de l’AI 2004. Statistiques de la sécurité sociale. Berne; 2004. Office fédéral de la statistique. Recensement fédéral de la population 2000 Nouveaux défis liés aux mutations démographiques. Neuchâtel: Communiqué de presse No. 0351-0302-10; 2003a. Office fédéral de la statistique. Enquête suisse sur la santé 2002 Stress et précarité dans le monde du travail affectent la santé. Neuchâtel: Communiqué de presse No. 0351-0310-90; 2003b. Office fédéral de la statistique. StatSanté Coûts de la santé en Suisse. Evolution de 1960 à 2000 Séries chronologiques révisées. Neuchâtel; 2003c. Office fédéral de la statistique. Heures de travail Légère hausse du nombre d'heures de travail oeuvrées en 2003. Neuchâtel: Communiqué de presse No. 0351-0503-00; 2005. 59 Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Santé et sécurité au travail: Législation et application. Conditions de travail No. 1; 11.1999. Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Les coûts du stress en Suisse. Conditions de travail ; No. 2 ; 09.2001. Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Mobbing et autres tensions psychosociales sur le lieu de travail en Suisse. Conditions de travail No. 3; 05.2003. Shain M. Kamer DM. Health promotion in the workplace: framing the concept; reviewing the evidence Occup.Environ.Med. 2004:7;61(7):643-8, 585. Singh-Manoux A, Clarke P, Marmot M. 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Global strategy on occupational health for all: The way to health at work. Recommendation of the second meeting of the WHO Collaborating Centres in Occupational Health. Geneva;1995. 60 8. Annexe I: Interventions parlementaires sur la santé au travail 94.3312 CSSN-CN Motion CSSN : Sécurité sur le lieu de travail 97.3070 Postulat Rennwald : Formes de travail atypiques 00.3546 Postulat Teuscher : Etude sur l’invalidité et la mortalité dans le monde du travail 03.1138 Question Rennwald : Maladies liées au travail. Recherche et prévention 04.3539 Interpellation Gutzwiller : EPF de Zurich. Chaire d’ergonomie à repourvoir 61 9. Annexe II: Cadre légal La Constitution fédérale tient compte des déterminants de la santé ayant trait aux conditions de travail de la manière suivante Article 41, al. 2 La Confédération et les cantons s’engagent à ce que toute personne soit assurée contre les conséquences économiques de l’âge, de l’invalidité, de la maladie, de l’accident, du chômage, de la maternité, de la condition d’orphelin et du veuvage. Art. 110 Travail, al. 1 La Confédération peut légiférer: a) sur la protection des travailleurs; b) sur les rapports entre employeurs et travailleurs, notamment la réglementation en commun des questions intéressant l’entreprise et le domaine professionnel, c) sur le service de placement, d) sur l’extension du champ d’application des conventions collectives de travail Art. 117 Assurance-maladie et accidents Al. 1 La Confédération légifère sur l’assurance-maladie et l’assurance-accidents Al. 2 Elle peut déclarer l’assurance-maladie et l’assurance-accidents obligatoires, de manière générale ou pour certaines catégories de personnes. Au plan fédéral, les déterminants de la santé en rapport avec les conditions de travail sont pris en considération de la manière suivante : • Loi fédérale du 13 mars 1964 sur le travail dans l’industrie, l’artisanat et le commerce (Loi sur le travail RS 822.11) • Ordonnance 1 du 10 mai 2000 relative à la Loi sur le travail (OLT 1, 822.11) • Ordonnance du DFE du 20 mars 2001 sur les activités dangereuses ou pénibles en cas de grossesse ou maternité (Ordonnance sur la protection de la maternité RS 822.111 52) • Ordonnance 2 du 10 mai 2000 relative à la loi sur le travail (OLT 2) (Dispositions spéciales pour certaines catégories d’entreprises ou de travailleurs, RS 822.112) • Ordonnance 3 du 18 août 1993 relative à la loi sur le travail (Hygiène OLT 3, RS 822.113) • Ordonnance 4 du 18 août 1993 relative à la loi sur le travail (OLT 4) (Entreprises industrielles, approbation des plans et autorisation d’exploiter, RS 822.114) • Ordonnance du 25 novembre 1996 sur les qualifications des spécialistes de la sécurité au travail (RS 22.116) • Loi fédérale du 13 décembre 2002 sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (Loi sur l’égalité pour les handicapés, LHand, RS 151.3) • Loi du 22 mars 1991 sur la radioprotection (LRaP, RS 814.50) 62 • Ordonnance du 22 juin 1994 sur la radioprotection (ORaP, RS 14.501) • Loi fédérale du 19 mars 1976 sur la sécurité d’installations et d’appareils techniques (LSIT, RS 819.1) • Ordonnance du 12 juin 1995 sur la sécurité d’installations et d’appareils techniques (OSIT, RS 819.11) • Loi fédérale du 15 décembre 2000 sur la protection contre les substances et les préparations dangereuses (Loi sur les produits chimiques, LChim) (Entrée en vigueur prévue pour 2005) Au plan fédéral, des déterminants en rapport avec les conditions de travail et susceptibles d’être importants pour la santé de la population active sont aussi pris en considération: • Loi fédérale du 20 mars 1981 sur l’assurance-accidents (LAA, RS 832.20) • Loi fédérale du 19 juin 1959 sur l’assurance-invalidité (LAI, RS 8321.20) • Ordonnance du DFI du 4 décembre 2003 sur l’encouragement de l’aide aux invalides (RS 831.201.813) 63 10. Annexe III: Principaux accords OIT dans le domaine de la sécurité et de la protection de la santé au travail Thème Ratification par la Suisse Labour Inspection Convention (No. 81) / Surveillance du travail dans l’industrie et le commerce oui Radiation Protection Convention (No. 115) / Radioprotection oui Hygiene (Commerce and Offices) Convention (No. 120) / Protection de la santé (Commerce et bureaux) oui Labour Inspection (Agriculture) Convention (No. 129) / Inspection du travail Occupational Cancer Convention (No. 139) / Cancer professionnel Working Environment (Air Pollution, Noise and Vibration) Convention (No. 148) / Environnement au travail Labour Administration Convention (No. 150) / Gestion du travail Occupational Safety and Health Convention (No. 155) / Sécurité au travail et environnement professionnel Labour Statistics Convention (No. 160) / Statistiques du travail Occupational Health Services Convention (No. 161) / Services médicaux d’entreprise Asbestos Convention (No. 162) / Amiante non oui non oui non oui non oui Safety and Health in Construction Convention (No. 167) / Sécurité et santé dans le bâtiment non Chemicals Convention (No. 170) / Produits chimiques non Prevention of Major Industrial Accidents Convention (No. 174) / Protection contre les désastres industriels non Safety and Health in Mines Convention (No. 176) / Sécurité et santé dans les mines non Safety and Health in Agriculture Convention (No. 184) / Sécurité et santé dans l’agriculture non 64 11. Annexe IV: La fonction de coordination de la Commission fédérale pour la sécurité au travail (CFST) ©2003 Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail CFST 65 12. Annexe V: Liste de manifestations mises sur pied en 2003-2004 Cantone Ticino Organisation : Gruppo di lavoro interdisciplinare, Dipartimento della sanità e della socialità Cycle de séminaires du 21.2 au 13.6.2003 Salutare il lavoro, 4° Giornata: Prevenzione sul lavoro: Quali proposte? Organisation: Cantone Ticino, Dipartimento della sanità e della socialità / Scuola Universitaria, Professionale della Svizzera Italiana Lieu/Date: 13 Giugno 2003, SUPSI, Dipartimento di Lavoro Sociale, Trevano Personne de contact: Marinella Ribolzi, 079 www.salutareilavoro.ch 210 50 29, [email protected], Séminaire Forum pour Promotion de la Santé au Travail Organisation: Promotion santé suisse et SECO Secteur Travail et santé Lieu/Date: 27 Juin 2003, Schloss Hünigen, Konolfingen Personne de contact: Joseph A. Weiss, SECO, 043 322 2112, [email protected], www.arbeitsbedingungen.ch Jubilé de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail Organisation: CFST Lieu/Date: 2 juillet 2003, Lucerne Séance du Focalpoint CH avec Hans-Horst Konkolewsky, Directeur de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, Président du réseau des EU Focalpoints Organisation: SECO, Secteur Travail et santé Lieu/Date: 19 septembre 2003, Berne Personne de contact : Maggie Graf, SECO, 043, 322 21 13, [email protected] 66 9ème Journée suisse de la sécurité au travail : substances dangereuses : prudence ! Dans le cadre de la Semaine européenne de la sécurité et de la santé au travail Organisation: Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail CFST Lieu/Date: 23 septembre 2003, Lucerne Personne de contact: Yvette Schwarz, 041 419 55 57, [email protected], www.suva.ch Santé psychique et organisation du travail Organisation : Canton de Genève, Direction de l’action sociale et de la santé et Bureau international du travail Lieu/Date : 26 septembre 2003, Genève (BIT) Personne de contact : Jean-Pierre Papart, Actions en santé publique, Versoix, 022 755 32 32, [email protected] Workshop über das Vorgehen für ein schweizerisches Monitoringsystem für Arbeitssicherheit und Gesundheitsschutz Organisation: SECO, Secteur Travail et santé Lieu/Date: 29 septembre 2003, Zurich Personne de contact: Maggie Graf, SECO, 043, 322 21 13, [email protected] Substances dangereuses : prudence ! Valeurs limites d’exposition professionnelle : un défi Organisation: Institut Universitaire Romand de Santé au Travail IST (www.iurst.ch) Lieu/Date: 16 octobre 2003, Berne Personne de contact: Focalpoint-CH für Sicherheit und Gesundheit am Arbeitsplatz, 8004 Zürich, www.osha-focalpoint.ch Betriebliche Gesundheitsförderung – Workshop für VertreterInnen von Ausbildungsangeboten Organisation: Promotion santé suisse Lieu/Date: 17 octobre 2003, Konolfingen, Schloss Hünigen Personne de contact: Yolanda Kopp Viglino, 031 981 31 39 [email protected] 1er / 2ème / 3ème Forum national de discussion sur les troubles de la santé associés au travail Organisation: SUVA Datum/Ort: En novembre 2002/ 2003 / 2004, Fribourg et Berne Personne de contact: Henri Mathis, SUVA, rue de Locarno 3, c.p., 1701 Fribourg, 026 350 36 11, [email protected], www.suva.ch 67 Journée de travail de la CFST Organisation: Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail CFST Lieu/Date: 11-12 novembre 2003, Lucerne Personne de contact: Martina Köllinger, EKAS, Fluhmattstrasse 1, 6002 041 419 52 19, [email protected], www.ekas.ch Luzern, Association suisse pour la promotion de la santé (fondation) Organisation: SECO, Secteur Travail et santé Lieu/Date: 20 novembre 2003, Berne Personne de contact: Joseph A. Weiss, SECO, 043 322 2112, [email protected], www.arbeitsbedingungen.ch Pathologies émergentes Organisation: IST, Haute Ecole de Gestion, Neuchâtel, Dep. Interfacultaire d’éthique de l’Université Lausanne Date : 10 février 2004 Conférence nationale de promotion de la santé – Vers des politiques publiques favorables à la santé Organisation: Promotion santé suisse Lieu/Date: 29-30 janvier 2004, Lugano Personne de contact: Kathrin Kiener, Gesundheitsförderung Schweiz, 031 350 04 04, www.gesundheitsfoerderung.ch Journée nationale de la promotion de la santé au travail Organisation : Commission du Forum Suisse pour la Promotion de la Santé au Travail Lieu/Date: 11 mars 2004, Université de Zurich Personne de contact: Joseph A. Weiss, SECO, 043 322 2112, [email protected], www.arbeitsbedingungen.ch 15. Zürcher Präventionstag : Betriebliche Gesundheitsförderung im Kanton Zürich Organisation: Institut für Sozial- und Präventivmedizin, Universität Zürich Lieu/Date: 12 mars 2004, Zurich Personne de contact: Roland Stähli, Kantonaler Beauftragter für Prävention und Gesundheits förderung, Institut für Sozial- und Präventivmedizin der Universität Zürich 01 634 46 29, [email protected] 68 Journée CFST à l’intention des organismes responsables des solutions MSST interentreprises 2004 Organisation: CFST / SUVA Lieu/Date: 5 mai 2004, Berne Adresse de contact: www.ekas.ch Echange d’expériences sur les problèmes d’hygiène au travail Organisation: Schweizerische Gesellschaft für Arbeitshygiene Lieu/Date: juin 2004, Berne Adresse de contact: www.sgah.ch 69