Essai de guide à l`usage des non-initiés pour la SF et l`heroic fantasy :
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Essai de guide à l`usage des non-initiés pour la SF et l`heroic fantasy :
BM Ligugé guide SF 2010 Essai de guide à l’usage des non-initiés pour la SF et l’heroic fantasy : En guise de préambule : « non-essai de définition ». “ Science fiction is a testing ground for new ideas about society in a world where conventional ideas are beginning to limp.” « La science-fiction est un champ d’expérimentation pour les nouvelles idées sur la société dans un monde ou les idées conventionnelles commencent à mollir. » Donald Kingsbury, lors d’une interview à la Science Fiction Review, 1984. La définition de la Science-fiction est un sous-genre à lui tout seul : entre ses détracteurs qui estiment qu’elle n’est qu’une sous-littérature traitant d’extra-terrestres et de combats au laser par vaisseaux interposés, et ses zélateurs (dont je suis parfois) qui estiment que, en tant que littérature des tous les possibles, elle englobe toutes les littératures et est donc le « genre suprême », il y a … plusieurs mondes. Sans entrer dans toutes ces controverses, nous pouvons revenir aux fondamentaux : les premiers lecteurs des pulps des années 20 et 30 ont mis en avant l’importance du sense of wonder, ce « merveilleux » qui emporte le lecteur, que le ressort soit scientifique ou magique, ou autre : ce dépaysement total qui permet de voir les choses autrement, et parfois d’en tirer quelque chose d’inattendu, serait la marque du genre. Un autre problème a surgi assez vite : le nom lui-même. Que met-on dessous ? Est-ce bien le nom adéquat ? La Science-fiction, c’est aussi la fantasy, le fantastique, l’horreur ? Doit-on l’appeler Specultive Fiction, Anticipation … Pour finir, parmi d’autres : René Barjavel : « La science-fiction, ce n’est pas un « genre » littéraire, c’est tous les genres, c’est le lyrisme, la satire, l’analyse, la morale, la métaphysique, l’épopée. Ce sont toutes les activités de l’esprit humain en action dans les horizons sans limites. C’est en ce moment la seule littérature vivante du monde entier. » (CMQS) Pour revoir tout ça plus en détails : http://pagesperso-orange.fr/monot.jc/divers/definir.htm 1 BM Ligugé guide SF 2010 Introduction : historique rapide des genres jusqu’au XXe s., et état aujourd’hui : Si certains font remonter la Science-Fiction (SF) à l’antiquité, elle ne peut se concevoir réellement qu’après l’émergence d’une science indépendante de la Religion, c’està-dire, en occident, au XVIIIe s. En premier, Voltaire, avec Micromégas, traitant d’extraterrestres dans la ligne des théories de Newton, Jonathan Swift évoquant une « machine à mots » dans Gulliver, et Louis-Sébastien Mercier avec L’an 2440, rêve s’il en fut jamais, montrent que, rapidement, les découvertes en astronomie et en physique, les balbutiements de la technique ont été mis au service de la création littéraire. On a là une sorte de préhistoire de la SF. A peu près simultanément, avec les romans gothiques de la fin du XVIIIe s. 1, la réaction au rationnalisme faisait resurgir les mythes, mais de façon « civilisée » : Mary Shelley, Bram Stoker allaient donner leurs bases à la littérature d’horreur et du fantastique2 et à certaines franges de la SF pour la première (le monstre assemblé par l’homme.) A la fin du XIXe s., les courants s’affirment et se séparent (alors qu’un même écrivain comme Edgar Alan Poe écrivait des nouvelles « policières », fantastiques et de « science-fiction », il est revendiqué d’ailleurs comme un père fondateur par les trois genres) : le fantastique, qui s’adresserait plus aux enfants, prend de l’ampleur en Angleterre avec Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, mais aussi Le magicien d’Oz aux USA. La science-Fiction, en France et en Angleterre, est écrite par Jules Verne, Rosny Ainé, et HG Wells. Le premier prix Goncourt est attribué à un ouvrage d’ « anticipation » : Force ennemie, de John-Antoine Nau3. Enfin, après le traumatisme de la 1e guerre mondiale en Europe, qui marque le profond divorce entre les intellectuels européens et la technologie, c’est au tour de l’Amérique de faire entendre sa voix. Son intermédiaire est un inventeur luxembourgeois malheureux émigré aux USA, Hugo Gernsback4, qui, pour diffuser ses inventions, fonde un magazine, Modern Electric, dans lequel il donne des extraits d’œuvres de Verne, Wells et d’autres. Devant le succès de ces pages, il cherche de nouveaux auteurs. En 1926, il crée la revue Amazing Stories, ou il publie beaucoup plus d’histoires inédites. La SF moderne est lancée. Le premier âge d’or de la SF américaine commence dans les années 30. Il s’achève traditionnellement 1 Le plus connu est « The monk » (le moine) de Matthew Lewis, 1795. Au même moment la redécouverte de textes plus ou moins inventés originaires du monde celtique (les Ossianiques) vont préluder à l’invention de la littérature de merveilleux ou Heroic Fantaisy en anglais. 3 Pour plus de renseignements sur le Sf française d’avant 1945, voir le recueil de Serge Lehman : Chasseurs de chimères, Omnibus, 2006. 4 Le plus célèbre Prix de SF, le « Hugo » a été appelé en son honneur. 2 2 BM Ligugé guide SF 2010 dans les années 50. Un « second âge d’or », plus anglo-saxon que seulement US, se serait ouvert dans les années 90. Les tendances actuelles sont difficiles à définir. Après le succès du style Cyberpunk dans les années 80, la lente montée en puissance de l’heroic fantasy depuis les années 60 s’est accentuée avec la popularité croissante des jeux de rôle, d’abord sur plateau, ensuite sur ordinateur et même en réseau. Finalement, il se vend beaucoup plus de « fantasy » que de science-fiction (plutôt tournée vers le futur) alors que les livres de « littérature générale » intègrent de plus en plus d’éléments fantastiques ou « futuristes » dans leur trame. Assiste-ton à une dilution du genre ? Une radicalisation vers plus de science dans les romans SF voit le jour, avec le danger d’une marginalisation, alors que les éditeurs d’heroic fantasy déclinent des clones de plus en plus violents et noirs du Seigneur des Anneaux. C’est sans doute un compromis entre ce qui s’écrit et ce qui fait vendre. Mais cela n’empêche pas des joyaux de sortir occasionnellement, et, pour tous les âges, de lire ou relire des classiques du genre. C’est un mélange de tout cela (auteurs, genres, éditeurs), plutôt orienté selon mes goûts, évidemment, que je vous propose. SOMMAIRE : Boîte à Outils p. 4 Guides dictionnaires p. 4 Glossaire p. 4 Editeurs p. 9 Prix de SF p. 11 Sites internet p. 11 Auteurs p. 12 Ma bibliothèque idéale p. 30 Légende : Les titres de livres sont en italique simple : Fondation. Les titres de films sont en italique gras : Star Wars. 3 BM Ligugé guide SF 2010 Boîte à Outils. Guides et dictionnaires: Apparemment tous les dictionnaires que je connais sont épuisés. Il faut alors se reporter à ce qui peut être trouvé, dont : - Passeport pour les étoiles/Francis Valéry (Guide de lecture- SF) folio SF 6.60 € - Cartographie du merveilleux/André-François Ruaud (Guide de lecture- fantaisy) folio SF 6.60 € - Atlas des brumes et des ombres/Patrick Marcel (Guide de lecture- fantastique) folio SF 5.10 € - Bibliothèque de l’Entre-Mondes (Guide de lecture- transfictions) folio SF 6.60 € Si vous tombez sur ces dictionnaires-là (épuisés), ils vous donneront des informations très intéressantes, parfois datées : Le Science-fictionnaire, de Stan Barets. Ed. présence du futur, 1994. 2e version du Catalogue des âmes et cycles. Encyclopédie de l’utopie, des voyages imaginaires et de la science-fiction de Pierre Versins (1972). LE classique du genre, drôle, avec des partis-pris, et des articles sur des livres dont vous ne soupçonniez pas l’existence, datant surtout d’avant la 2e GM. Glossaire (genres et définition) : Anticipation : genre qu’on a parfois opposé à la SF, mais qui est un intermédiaire entre romans et SF. Une définition la plus simple serait que l’anticipation s’occupe de ce qui peut plus ou moins raisonnablement nous arriver dans un avenir relativement proche. Dans ce cadre, Le meilleur des mondes et 1984 sont des romans d’anticipation. Le cyberpunk est un courant « dissident » mais s’occupe aussi d’un futur proche, comme les romans Tous à Zanzibar ou Jack Barron et l’éternité. Age d’or : époque, juste après la création des pulps des années 20 et 30, ou de jeunes auteurs nourris des premiers numéros de ces magazines, se lancent dans l’écriture. C’est toute une génération qui croît, dans ces USA des années 35 – 55, ou tout est possible. Isaac Asimov, AE Van Vogt, Arthur Clarke, Poul Anderson, Robert Heinlein, Damon Knight, L. Sprague de Camp, font partie de cette génération qui pensait que l’espace était pour demain. Ils sont 4 BM Ligugé guide SF 2010 réunis autour de deux magazines5 (Astounding Stories devenu Astounding science-fiction puis Analog en 1960 et Amazing stories d’Hugo Gernsback) et d’un rédacteur en chef très formateur pour plusieurs d’entre eux : John W. Campbell, auteur lui-même et ayant reçu une formation de physicien nucléaire au légendaire MIT. Cyberpunk (article sur Wikipedia, assez complet) : genre littéraire issu de la SF décrivant un monde futur assez noir, dominé par les multinationales et/où des états oppressifs, envahis par l’informatique et les réseaux. Ce courant est apparu au début des années 80 aux USA, et est contemporain de l’explosion de la micro-informatique. Il est devenu un mouvement culturel, récupéré par les informaticiens, s’épanouissant en films, jeux vidéo, BD… Blade Runner fait partie de cette esthétique. Ghost in the Shell, Minority Report, Total Recall, Final Fantaisy VII, le cycle de Matrix, en sont, entre autres, des émanations. A repris l’idée de la Machine inquiétante mais aussi le réseau libérateur comme oppresseur. Ecrivain de SF : un écrivain de SF est par définition et avant tout un lecteur de SF, et de préférence en grandes quantités. Cela explique la multitude de références plus ou moins explicites que l’on retrouve dans des nouvelles et romans, et même dans les BD et films. Cela explique aussi la complexification croissante du genre depuis sa création : une « invention », littéraire ou fictionnelle, si elle est jugée bonne, étant reprise par d’autres, comme l’ansible, l’instrument de communication instantanée entre les étoiles créé par Ursula K. Le Guin dans son cycle des Hainiens, et reprise par Orson Scott Card dans « Ender ». Cet instrument joue un grand rôle dans les deux cycles. D’où aussi les anthologies ou un groupe d’auteurs se glisse dans l’univers d’un autre. Exemple : l’anthologie de nouvelles Les enfants de Fondation, ou une quinzaine d’auteurs américains reprend des éléments des différents romans (et même de la vie) d’Isaac Asimov. D’où enfin les pastiches et continuations de cycles, comme, toujours autour d’Isaac Asimov et du cycle de Fondation, les épisodes intercalaires imaginés par Gregory Benford, David Brin et Greg Bear (Fondation en péril, Fondation et chaos, Le triomphe de Fondation), et la suite officieuse imaginée par Donald Kingsbury : Psychohistoire en péril. Quel plus bel hommage que de se faire plagier, ou du moins reprendre un univers qui a plu ? 5 Ces magazines de mauvaise qualité étaient réalisés avec de la pulpe de bois, d’où leur nom de « pulp », comme dans pulp fiction, traduisible par « fiction populaire ». C’est un terme générique, les magazines de SF, mais aussi de polars, de western, d’amour, étaient faits à partir de pulpe de bois. 5 BM Ligugé guide SF 2010 Fantastique : genre ancien qui peut revendiquer Frankenstein, Dracula, comme Le Horla, La Vénus d’Ille, et les œuvres d’ETA Hoffmann. Aux USA, ce sont Nathaniel Hawthorne (lire La fille de Rappaccini !) et Edgar Alan Poe qui ouvrent le bal dés les années 1850. On peut continuer ensuite avec La Dame de Pique de Pouchkine et les œuvres de Kafka, pour finir avec Borges. Ce genre est donc une sorte de préhistoire de la SF et de l’Heroic Fantasy, voire de l’horreur. Gothique : présenté comme la véritable source du genre fantastique, le roman gothique apparaît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. « Outre l'apparition des thèmes propres au fantastique (les fantômes, le Diable, les vampires) ces romans caractérisés par une atmosphère d'horreur plus prononcée introduisent l'ambiguïté caractéristique du genre. Parmi les œuvres les plus représentatives, citons Vathek (1786), conte à la manière orientale écrit en français par William Beckford et Le Moine de Matthew Gregory Lewis. On peut également rattacher à ce genre le Manuscrit trouvé à Saragosse du polonais Jean Potocki, également rédigé en français. » Extrait de la page Wikipedia sur le Fantastique. Hard Science : Sous-genre littéraire, issu de la SF dans les années 40, grâce au passage à l’écriture de jeunes gens ayant reçu une formation scientifique, comme Arthur C. Clarke et Isaac Asimov. Il est toujours vivant grâce à des auteurs comme David Brin et Gregory Benford, voire Greg Egan et Chris Moriarty, ou chez le québécois Jean-Louis Trudel. Il s’illustre essentiellement par le besoin de suivre le plus exactement possible la science actuelle ou ses développement supposés ; physique quantique, mathématique, technologie spatiale… et aussi souvent par des questionnements profonds sur l’utilisation de ces technologies et ses prolongements sociaux voire métaphysiques. Une SF « réaliste » qui amène souvent à réfléchir. Heroic Fantasy : genre d’origine anglo-saxonne, dite aussi « sword and sorcery », ou, en français, fantaisie ou littérature du merveilleux. Né essentiellement à la fin du XIXe siècle (précédé par le genre gothique), mais qui se nourrit du merveilleux des contes de fée ou des légendes. D’ailleurs la conjonction des peurs du « machinisme » et du collectage des contes traditionnels faits dans toute l’Europe par les frères Grimm et leurs successeurs pourrait expliquer la naissance d’œuvres telles que Alice au pays des merveilles, Peter Pan ou Dracula. 6 BM Ligugé guide SF 2010 Les œuvres réellement fondatrices pour le public comme pour des générations d’écrivains sont issues de quelques auteurs : C.S Lewis, Edgar Rice Burroughs et John Ronald Reuel Tolkien. Horreur : genre né du Fantastique et aussi probablement des peurs autrefois exprimées dans des contes que la civilisation industrielle a exacerbé. Mais tout est question d’époque. Les premiers livres d’horreur, liés au gothique, dont Dracula pourrait faire partie, font presque sourire par rapport aux débordements d’aujourd’hui. H.P. Lovecraft en est le véritable refondateur dans les années 20 et 30 aux USA, par sa création de dieux anté-humains. Des auteurs comme Richard Matheson ou Stephen King s’en inspirent. August Derleth est un autre auteur connu qui a donné son nom à un prix très apprécié. Récemment, James Herbert ou Dan Simmons ont aussi connu un certain succès. SF française : Longtemps la plus dynamique du monde, avec Jules Verne, Rosny Aîné et une pléiade d’auteurs mineurs, rencontrant un réel succès populaire, la SF française a vuson élan coupé par la 1e Guerre Mondiale et le dégoût de la technologie, au moins de toute une génération d’intellectuels. On peut aussi invoquer l’infantilisation du genre, le refus d’uen certaine modernisation… Que cela dit-il sur la société française d’entre 2 guerres, qui exalte la paysannerie ou les ouvriers, mais néglige de moderniser avions et voitures ? Seul astre de cette nuit, du moins qui reste dans nos souvenirs : René Barjavel. Après 1945, la SF américaine déferle sur l’Europe, traduite par Boris Vian et d’autres auteurs, mais reste encore confidentielle ou confinée dans le « loisir », la littérature de gare, comme le roman noir. Une première floraison s’opère avec des auteurs comme Stefan Wul, Francis Carsac et un éditeur comme Gérard Klein, dans les années 50. Beaucoup de traductions et quelques auteurs font le pont entre les années 50 et les années 70 – 80, ou des auteurs français se manifestent à nouveau (Philippe Curval, Jean-Pierre Endrevon, Pierre Pelot, Pierre Stolze…) dans une floraison reconnue mais maintenant un peu oubliée. Beaucoup de « bons romans », mais pas de coups d’éclats qui ont pu percer l’indifférence des lecteurs. C’est l’âge d’or des collections « anticipation », « présence du futur » et d’un éditeur comme le Fleuve Noir. Enfin, depuis les années 90, une certaine renaissance, plus affirmée, se fait jour, avec des auteurs comme Pierre Bordage, Ayerdhal, Serge Lehmann et Laurent Genefort. 7 BM Ligugé guide SF 2010 Si un jour vous tombez sur l’excellent article « Les enfants de Jules Verne » par Serge Lehman, oubliez ce que vous venez de lire, c’est mieux. Space Opera : sous-genre de la SF qui privilégie les voyages spatiaux, voire les combats entre civilisations, planètes, et empires. Star Wars est un Space Opera assez typique des années 50 (je rappelle que les 3 premiers Star Wars sont sortis entre 1977 et 1984.) Plus récemment, le cycle d’Honor Harrington, par David Weber, ou Elevation de David Brin sont des bons exemples, dans des genres très différents, de ce qu’il est devenu. Une nouvelle tendance se fait jour depuis une dizaine d’années, le NSO « New Space Opera », qui combine des éléments de tous les genres pour pousser le concept encore un peu plus loin. Steampunk (critique et histoire sur le site du Cafard Cosmique) : rejeton du Cyberpunk, qui pousse la technologie informatique dans ses possibilités pas toujours très joyeuses, le steampunk a été inventé par des fondus de technologie qui se sont imaginés ce que serait le monde si on avait poussé la technologie de la vapeur (steam en anglais) beaucoup plus loin, et plus largement le XXe s. Bruce Sterling et William Gibson ont signé à eux deux le « manifeste » de ce mouvement en écrivant le très bon La machine à différences. Mais quelques années auparavant, Michael Moorcock avait écrit Les aventures uchroniques d’Oswald Bastable, évoquant les aventures d’un gentleman anglais dans un monde dominé par les dirigeables de l’Empire britannique ! Il faut dire que les auteurs se sont inspirés de la littérature victorienne, reprenant voir pillant HG Wells et Jules Verne. Les machines à vapeur démesurées, un environnement plus ou moins victorien sont les topoi de ce genre, illustré par le film d’animation Steamboy, de Katsuhiro Otomo par exemple et les BD de Schuiten et Peeters (série des Cités Obscures.) Sword and sorcery : variante de l’heroic fantasy concernée davantage par les aventures de héros maniant … épées et magie, proche des jeux de rôles. On peut évoquer le Cycle des épées de Fritz Leiber. Uchronie : Genre littéraire souvent relié à la SF, mais pouvant évoluer sur les marges du roman classique. Sa base repose sur le « Qu’est-ce qui se serait passé si… » Le plus connu est Le maître du Haut-Château de Philip K. Dick, mais d’autres existent. Une collection baptisée Ukronie vient de se créer. L’idée devient à la mode même chez les historiens. 8 BM Ligugé guide SF 2010 Vampyres : genre qui parle de vampires, ou de ce que vivent les vampires dans notre monde. Des livres d’Ann Rice (entretien avec un vampire, adapté en film), à la tétralogie de Stephenie Meyer (Twilight) en passant par Buffy contre les vampires, toute une série de « productions » fleurit en ce moment sur ce thème à la mode, surtout chez des adolescents américains. Quoi de plus logique finalement, quand on compare : les vampires sont des êtres plutôt nocturnes, se sentant différents, rejetés par la société, ayant un rapport complexe avec le sexe et la violence puisqu’ils se nourrissent de sang et ne peuvent facilement approcher les humains : comme les adolescents (sauf pour le sang – mais en le remplaçant par les hamburgers…) ! Dans les faits, entre Harry Potter et les sagas sur les vampires, ce qui plait en ce moment est plutôt l’introduction dans notre monde d’un profond élément d’étrangeté qui peut rendre certaines personnes (surtout des ados) profondément différents du reste de l’humanité. Que sont sinon les super-héros ? Editeurs : Grands éditeurs : Robert Laffont, collection Ailleurs et demain : créée en 1963 par Gérard Klein (pas l’instit) : peut-être la collection SF la plus prestigieuse actuellement, malgré ses couvertures assez laides. A publié Frank Herbert, Robert Silverberg, Ursula K. Le Guin, et maintenant Greg Egan et d’autres : une valeur sûre. Fleuve Noir (dans les années 80 et 90 publiait beaucoup en poche, notamment « La Compagnie des Glaces » et beaucoup de jeunes écrivains français, comme Genefort), moyens et grands formats. Grands éditeurs en poches (beaucoup de SF est publiée directement en poche) : Gallimard - Folio SF (fusion des collections Folio et pdf – présence du futur et présence du fantastique, une des meilleures collections de poche existantes, regrettée par tous). Le Livre de Poche J’ai Lu Pocket (Robert Laffont) 9 BM Ligugé guide SF 2010 Moyens et Petits éditeurs : Nestiveqnen (ne publie plus de romans depuis 2007) Terre de Brume Le Belial’ (maison d’édition de la revue Bifrost) L’Atalante (maison d’édition très dynamique en littérature US mais aussi européenne, installée à Nantes, profite de la proximité du festival de SF « Utopiales », tous les ans autour de la Toussaint) Pygmalion Bragelonne (édite ou réédite beaucoup d’heroic fantasy dont sont friands les lecteurs en ce moment : Raymond Feist, Fritz Leiber, Terry Goodkind) et Milady, même maison. Publie aussi beaucoup de cycles en trois tomes ou plus très moyens. Mnémos La Volte Le Diable Vauvert (éditeur des derniers romans d’Ayerdhal ou de William Gibson) Editeurs jeunesse : Mango Le navire en pleine ville (a fermé en 2009, je ne sais pas si ses titres sont toujours disponibles, site toujours actif) Gallimard jeunesse Bayard Rageot (sans collection, aller sur le site et choisir le thème). 10 BM Ligugé guide SF 2010 Les Prix : Pour s’y retrouver, un autre moyen, consulter une sélection des prix les plus significatifs remis chaque année aux livres jugés les meilleurs : Prix anglais : - British Fantasy Price ou August Derleth Award (plus orienté sur l’heroic-fantasy) - Prix Arthur C. Clarke (SF) Prix américains : - Prix Hugo (SF, le plus prestigieux) - Prix Nebula (SF, arrive en second) - Prix Locus (SF) Prix français : - Grand Prix de l’Imaginaire - Prix Rosny Aîné (en l’honneur de l’auteur de La Guerre du Feu) Tous ces prix possèdent une page sue Wikipedia avec la liste des gagnants. Sites internet : http://www.bibliosurf.fr : propose des listes de nouveautés et des fiches. http://www.pochesf.com/ Comme son nom l’indique, parle surtout des livres en format poche, avec un zoom sur les 4 plus grandes collections : Le livre de poche, Pocket, Folio, J’ai lu. http://www.actusf.com/ site généraliste SF : parle des BD, séries et livres sur le sujet. http://www.cafardcosmique.com/-Critiques- Site intéressant car fait par des lecteurs, même s’ils sont très bien informés : fiches sur les livres, les auteurs, dossiers thématiques, cinéma. Point de vue un peu particulier : se situe comme site parlant des science et trans/fictions. http://www.librairiesoleilvert.com/ site d’une librairie spécialisée. http://www.fantasy.fr/ site assez général axé sur la Fantasy, mais aussi la BD, les jeux vidéos, le cinéma, preuve que la « culture SF » se développe sur tous les formats. 11 BM Ligugé guide SF 2010 Auteurs : Andrevon, Jean-Pierre Ecrivain français très prolifique né en 1937. Etudiant aux Arts appliqués de Grenoble, puis enseignant, peintre, et journaliste, il est surtout connu pour le livre Les hommes-machines contre Gandahar (1969), adapté en film d’animation par René Laloux en 1986 sous le titre Gandahar. Il a aussi écrit un petit livre lisible dés la fin du collège sur les rapports de la France et de l’Algérie (ou il a fait son service militaire) dans un futur pas très rose : Sukran (1990.) Asimov, Isaac Un des auteurs les plus connus, des plus anciens aussi (il a commencé à écrire en 1939, et a arrêté à sa mort en 1992.) Il a cherché à partir des années 70 à fondre ses différents romans en un seul long cycle, pas toujours de façon heureuse. Il est connu surtout pour : « Le cycle des robots » : Les Robots (I, Robot, 1950) adapté au cinéma. Le roman est ressorti avec le titre du film identique à celui du livre en anglais. Les Cavernes d’Acier (The Caves of Steel, 1953), J’ai lu N°404 Face aux feux du soleil (The Naked Sun, 1956) J’ai lu N°468 « Le cycle de Fondation » : Fondation (Foundation, 1951) Fondation et Empire (Foundation and Empire, 1952) Seconde Fondation (Second Foundation, 1953) Je ne donne ici que les romans les plus anciens et les plus intéressants (pour moi). Il existe donc des suites ou des précédents. Entre ces deux principaux cycles existe un « cycle de l’Empire », dont font partie Des cailloux dans le Ciel et Tyrann, écrits à la même époque que les livres sur les robots, et d’autres livres indépendants. Il a même publié une chronologie de cette Histoire du futur, qui s’étale sur 40.000 ans ! (C’était à la mode dans les années 50, Heinlein a fait de même.) Il est aussi connu pour ses livres de vulgarisation scientifique. En fait ses livres forment une bibliothèque à eux seuls. Ils ont l’intérêt d’être accessibles, sont trompeusement simples, et ont parfois mal vieillis. Il a l’art de mêler des intrigues simples en un jeu complexe : voir le cycle de Fondation. Un des serpents de mer d’Hollywood est l’adaptation du même « Fondation. » Voir aussi Gregory Benford et Donald Kingsbury. 12 BM Ligugé guide SF 2010 Banks, Iain M. Ecrivain anglais contemporain. Publie aussi des romans « classiques ». Il est connu pour le Cycle de la Culture : un univers presque paradisiaque, ou les civilisations suffisamment avancées rejoignent un conglomérat, appelé « Culture », ou les espèces vivent mélangées et avec des « drones » (robots autonomes) et des « mentaux » (Intelligences Artificielles souvent en réseau, en partie responsables de la Culture, une sorte de gouvernement fédéré, à moitié anarchiste.) Dans cette culture, on vit sur de gigantesques plates-formes artificielles, ou sur des vaisseaux dirigés par des mentaux pouvant faire des milliers de kilomètres de long. On peut changer de sexe ou d’apparence, régénérer ses membres ou presque tout son corps, et surtout il n’y a plus d’argent, plus de luttes de pouvoir. Mais Banks nous dévoile surtout les civilisations voisines qui ne sont pas encore arrivées à ce stade et qui sont en contact plus ou moins grand avec la Culture. Et ces mondes sont des empires, des planètes ou la guerre brûle encore. Romans brillants et passionnants, avec chacun un thème, que l’on voit à travers les yeux d’individus très peu détachés, comme nous, et dont l’étrangeté ne se rencontre qu’au détour d’une caractéristique physique ou mentale. Pour l’instant, cette série se compose actuellement de sept tomes indépendants : L’homme des jeux (1996 en édition française), L’usage des armes, Une forme de guerre, Excession, Inversions, Le sens du vent, Trames. D’autres romans existent, hors de cette série. Barjavel, René Ecrivain et journaliste français (1911 – 1985.) Auteur de Ravages en 1942, et du Voyageur imprudent, il est un des précurseurs de la renaissance de la SF française (après l’arrêt brusque de la 1e guerre mondiale) avant même l’arrivée des romans US d’après 1945. Connu ensuite et redécouvert dans les années 60, il illustre un courant français qui restera présent, bien que marginalement, dans la production SF publiée en France, avec, plus tard, Stefan Wul. Cet auteur aura une influence difficile à jauger mais réelle aussi bien sur les lecteurs que sur les écrivains français de SF (le deuxième groupe étant dans le premier.) Baxter, Stephen Ecrivain anglais né en 1957. Professeur de sciences fasciné par la conquête spatiale, il a postulé pour aller sur la station spatiale Mir en 1991. Ecrivain de « Hard-SF », il retrace de la façon la plus crédible possible les voyages qu’il raconte, comme dans Voyage (1996, J’ai lu 2 tomes) et Titan (2000, J’ai lu.) Le premier imagine le premier voyage d’exploration martienne en 1985-1986 par la NASA (une sorte d’uchronie ou la conquête spatiale ne s’écroule pas 13 BM Ligugé guide SF 2010 après le premier voyage sur la Lune en 1969, déception à posteriori pour de nombreux amateurs de SF). Le second imagine la lutte des scientifiques pour réaliser une expédition sur Titan, satellite de Saturne, après la découverte en 2004 que cette petite « planète » est favorable à l’éclosion de la vie. Un roman contre les lourdeurs bureaucratiques ! Evolution (2005), grand succès de l’auteur, est un livre retraçant l’émergence des mammifères à l’époque de l’extinction des dinosaures. Bear, Greg Ecrivain américain, né en 1951. Il est surtout connu pour une trilogie : Eon (1985) Eternité (1988) Héritage (1995) qui me paraît assez démesurée (la découverte d’un astéroïde possédant un tunnel qui n’a pas de fin et qui est un monde en soi), et La reine des anges (1990, Le livre de poche), L’envol de Mars (1993, le livre de poche), 2 romans indépendants qui se passent dans le même futur, différent de la série Eon. Le premier est une plongée fascinante dans la folie et les religions caribéennes (vaudou, candomblé…), le deuxième évoque la colonisation de Mars avec une fin inattendue. Les deux privilégient une approche « psychologique » au plus près des personnages, assez fascinants, et un rapport à la science assez poussé, avec cultures OGM et IA (intelligences artificielles) très présentes. Benford, Gregory Ecrivain américain, né en 1941. Professeur et chercheur spécialiste du plasma au département de physique à l’université d’Irvine en Californie. Cosmologiste et vulgarisateur en physique, il est un des continuateurs d’Asimov dans ce double-emploi chercheur/écrivain de SF. Il a publié un cycle du Centre galactique, contenant 6 tomes dont 5 traduits. A écrit aussi une trilogie avec David Brin et Greg Bear qui s’insère dans Fondation, et raconte les aventures d’Hari Seldon, l’inventeur de la Psychohistoire (Fondation en péril, Fondation et chaos, Le triomphe de Fondation, tous parus en poche en Folio SF.) Mais son livre le plus abouti est peut-être Au cœur de la comète (1986, qui est dans ma bibliothèque idéale – épuisé !), écrit avec David Brin. Bradbury, Ray Ecrivain américain, né en 1920. Il est connu pour deux de ses livres : Chroniques martiennes, qualifié d'anticipation dans les années 50, mais les hommes sur Mars et les martiens sont encore de la SF 50 ans après..., et Farenheit 451, une dystopie (contraire de l'utopie) terrible 14 BM Ligugé guide SF 2010 sur les livres, à lire absolument, adapté en film par Truffaut. A écrit aussi des pièces de théâtre, et des feuilletons radiophoniques. Brin, David Ecrivain américain, né en 1950. Professeur de Physique, il est l’auteur de Postman (le Facteur), qui a inspiré le film éponyme de Kevin Costner (considéré par Brin comme raté.) Mais il est surtout l’auteur d’une série incroyable de SF : Elevation, dans laquelle l’humanité qui a plus ou moins accédé à la paix, rencontre dans ses tentatives de colonisation spatiale la civilisation galactique composée de milliers de races en lutte continuelle, et qui, pour les plus puissantes d’entre elles, sont des races patronnes qui chaperonnent pendant 100.000 ans d’autres races jugées prometteuses, quitte à les conditionner ou les modifier génétiquement. Dans cet environnement dangereux, les humains sont trop peu, et pauvres, et la seule raison qui les a fait échapper à la tutelle d'une race patronne est qu’ils avaient opéré cette « élévation » sur 2 races terrestres, qui ont alors accédé à « l’intelligence » : les chimpanzés et les dauphins. Les deux points d’approche de ce cycle sont le 2 e tome (le 1er était une forme d’essai) : Marée Stellaire (J’ai lu, 1983) et Elévation 1 et 2 (J’ai lu, 1987). 5 autres livres sont disponibles qui forment le cycle de Rédemption, dont les 2 derniers tomes unissent toutes les histoires antérieures. Cette série a reçu les prix Hugo et Nebula. A aussi écrit La jeune fille et les clones (1993) et Au cœur de la comète (1986, qui est dans ma bibliothèque idéale), avec Gregory Benford, et quelques autres livres et nouvelles. Brunner, John Ecrivain anglais (1934 – 1995), connu surtout pour 2 romans publiés le premier en 1968, le second en 1974, et assez « prémonitoires » par bien des côtés : Tous à Zanzibar et Sur l’onde de choc. Ou comment décrire la surpopulation et l’envahissement de l’informatique 15 à 20 ans avant que cela n’arrive, avec l’esprit un peu hippie en plus ! Card, Orson Scott Ecrivain américain, né en 1951, ayant exercé de nombreux métiers. Publié pour l’essentiel chez L’Atalante et J’ai lu, il a écrit beaucoup de cycles, dont le meilleur et le plus connu est sans doute le Cycle d’Ender, qui débute par le magistral roman (qui peut se lire seul) La 15 BM Ligugé guide SF 2010 stratégie Ender. Les tomes 3 et 4 dénotent -pour moi- un certain essoufflement, mais des séries parallèles font revivre l’univers initial (comme La stratégie de l’ombre.) Ces autres cycles sont tout à fait intéressants. Pour mémoire : Les chroniques d’Alvin le faiseur (histoire d’un jeune homme magicien dans une amérique uchronique entre magie et des états désunis) et Terre des origines, errances de tout un peuple exilé qui revient sur Terre. Un auteur captivant qu’on recommande sans problèmes, même s’il est mormon. Carsac, Francis Ecrivain français (1919 – 1981), pseudonyme de François Bordes, résistant et préhistorien. Auteur de Ce monde est notre ; Pour patrie, l’espace et Ceux de nulle part. Son œuvre est en cours de réédition aux éditions Eons. Ces thèmes de prédilection sont la résistance politique et la confrontation des terriens colonisateurs avec des peuples « moins avancés », mais défendant leurs traditions, comme dans Ce monde est notre. Son œuvre commence à être datée, comme celle des classiques américains de « l’âge d’or. » Clarke, Arthur C. Connu pour avoir scénarisé 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick, dont il a tiré un livre et 2 suites (2010, 2049), il vaut mieux le connaître comme auteur de la série « Rama », surtout le premier tome : Rendez-vous avec Rama, ou le thème du grand vaisseau extraterrestre arrivant dans notre système solaire (et donc abordé par les hommes) est résolu de façon intéressante. A travaillé sur les radars pendant la 2e Guerre Mondiale, et avait prédit l’existence des satellites géostationnaires de télécommunications dés les années 50. Ecrivain de Hard Science « des débuts », sur l’exploration des planètes proches, avec les techniques imaginées dans les années 50. Très important et très lu entre les années 50 et 70, a très mal vieilli depuis. Delany, Samuel R. Auteur américain, né en 1942 à Harlem (New York), professeur de littérature dans le Massachusetts, et un des premiers afro-américain à percer dans le genre. Ces récits, souvent courts, sont remplis de poésie, au point qu’elle en est parfois le fil conducteur : comme dans La Ballade de Bêta 2 (1965) ou Babel 17 (1966, Prix Nebula), et L’intersection Einstein (1967, Prix Nebula.) Ces 3 romans sont considérés comme ses meilleurs. Un roman plus charpenté : Triton (1976), ou le héros est un homme « normal » évoluant dans un futur instable, est fascinant, sur les évolutions possibles de la sexualité, du théâtre, de la 16 BM Ligugé guide SF 2010 colonisation spatiale, mais parfois jugé obscur. Ces écrits reflètent l’évolution et la libération culturelle et sexuelle américaine des années 60 et 70. Dick, Philip K. Auteur longtemps inconnu aux USA, mais rapidement apprécié en France. Ses œuvres les plus connues sont « La trilogie divine » (composée de Siva, L'Invasion divine et La Transmigration de Timothy Archer), mais aussi le roman uchonique Le maître du HautChâteau, ou les allemands et les japonais ont gagné la 2e guerre mondiale en 1947 et occupent les USA, et Ubik. Considéré comme un auteur un peu « barjot » mais très intéressant, voir capital pour se fans, comme le prouve la suite : Quelques livres et plusieurs de ses nouvelles ont été adaptées au cinéma : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques est devenu Blade Runner en 1982. Entre autres nouvelles deux ont inspiré des films assez connus : Total Recall avec A. Schwarzenegger et Sharon Stone, en 1990 et Minority Report de Spielberg avec Tom Cruise en 2002. Et d’autres… Emmanuel Carrère a écrit sa biographie dans les années 80. Eddings, David Ecrivain américain (1931 – 2009), auteur essentiellement du Cycle de la Belgariade, cycle d’Heroic Fantaisy, qui peut avoir mal vieilli. Egan, Greg Auteur australien supposé né en 1961. Sa biographie comporte des lacunes, et on ne l’a jamais vu. Est-il un agglomérat de 2 auteurs qui se cachent derrière ce pseudonyme, ou « eg » est répété deux fois ? Auteur résolument « hard SF » : physique quantique, mathématiques, biologie… Une fois acceptés ses postulats de départ, il faut admettre qu’il est actuellement l’un des auteurs les plus créatifs du genre. Des livres tels que L’énigme de l’Univers, Isolation ou Téranésie, dans la meilleure tradition de la Hard-SF, prennent une théorie de la physique de pointe et imaginent ce qu'elle changerait dans un monde relativement proche (début XXIe s.) Seul inconvénient (pour certains) : avoir un minimum de culture scientifique (qui, je le rappelle, est le fondement du monde tel que nous le connaissons, jusque dans les objets, puisque les téléviseurs comme les ordinateurs doivent tout aux avancées théoriques de la physique quantique.) 17 BM Ligugé guide SF 2010 Eschbach, Andreas Auteur allemand. Un milliard de tapis de cheveux (L’Atalante), son roman le plus réussi selon moi (qui n’ai pas tout lu) : imaginez un empire qui se libère d’une longue, très longue dictature. La jeune république redécouvre les limites de cet empire intergalactique, notamment, un groupe de planètes anciennement conquises, qui fonctionnent en vase clos, ou la technique a régressé au niveau du Moyen-Age, et ou des tisserands spécialisés choisissent leurs femmes en fonction de leurs cheveux… Il a aussi écrit un cycle à destination des adolescents : Les enfants de Mars, (qui sort bien à Ligugé) et d’autres romans comme Jesus Video (une caméra numérique qui ne devrait être en vente l’année suivante est retrouvée dans un tombeau de l’époque du Christ…) Farmer, Philip José Ecrivain américain surtout connu pour sa saga en 5 tomes: Le monde du Fleuve, dont le 1er paraît en 1971. Le postulat de départ est simple et surréaliste : tous les humains ayant vécu sur terre se réveillent tous en même temps, nus, le long d’un gigantesque fleuve… On suit différents héros (ce postulat a le grand avantage de nous faire croiser l’explorateur Richard Burton, le Roi Jean sans Terre…), avec une re-création de la technologie par étapes. Genefort, Laurent Auteur français, né en 1971. A longtemps écrit au Fleuve Noir, dans les années 90, à une époque ou il était jugé un des meilleurs espoirs de la SF française, avec des livres comme Rezo (1993, très « gibsonien », et réécrit plus tard), Arago (1993), La Compagnie des fous (1995), qui portent encore la marque d’Herbert ou de Sterling, mais restent de bons romans, surtout le premier. Son cycle autour d’Omale (qui poursuit un peu ses univers précédents, mais avec une ampleur inattendue) à partir de 2001, le remet en selle, et il a publié récemment Memoria, aux éditions du Belial, retour sur le monde qu'il avait créé aux Fleuve Noir. A partir de 2001 se met aussi à l’heroic fantasy avec le cycle d’Alaet, et le cycle très noir des Hordes, chez Bragelonne, en 3 tomes, assez réussi, sur un monde de type médiéval, avec des nobles au sommet, ou s’affrontent les hordes, des mercenaires, et ou les démons font petit à petit leur apparition pour s’implanter et régner. Gibson, William Romancier américain, né en 1948, le plus polémique des années 80 puisqu’il a écrit le premier roman « cyberpunk », devenu un classique : Neuromancien (1984, prix Nebula et Hugo). 18 BM Ligugé guide SF 2010 Adepte des trilogies, il a enchaîné avec Comte Zéro et Mona Lisa s’éclate. Sa deuxième trilogie est plus portée vers le Japon : Lumière virtuelle, Idoru6, et Tomorrow’s Parties. A écrit la nouvelle qui a servi de base au film Johnny Mnemonic, avec Keanu Reeves, en 1995. Depuis 2003, ses romans sont plus proches d’une réalité qui a fini, à sa manière, par le rattraper, mais il la distance autrement : Identification des Schémas (2003) reste un très bon livre, ainsi que sa suite : Code Source, parue comme le précédent, au Diable Vauvert (aux couvertures réussies) en 2008. Heinlein, Robert A. Ecrivain américain (1907 – 1988) parfois jugé par certains comme militariste, il a été très marqué par son passage dans l’US Navy, entre 1929 et 1934, qu’il jugea très formateur, mais a du la quitter à cause de la tuberculose. Il est l’auteur d’une Histoire du futur (suite d’histoires remises en ordre grâce à une chronologie faite en partie à posteriori comme pour Asimov, écrite entre 1941 et 1970) dont les principales œuvres sont Les enfants de Mathusalem, Une porte sur l’été, Révolte sur la Lune, et En terre étrangère. Il est aussi l’auteur de Etoiles garde à vous, (titre français) adapté au cinéma par Paul Verhoven sous le titre Starship Troopers (titre original). Herbert, Frank Auteur américain (1920 – 1986) mondialement connu pour Dune, paru en 1963, adapté au cinéma sous le même titre par David Lynch en 1984. Cette grande fresque qui se passe sur une planète couverte de sable et ou se trouve la drogue de longue vie : l’épice, brasse avec intelligence et raffinement des questions politiques, religieuses, des observations sur tous les aspects de la vie de peuples étranges, mais aussi sur la géologie, l’écologie de mondes entiers. Après Dune, est paru Le messie de Dune, Les enfants de Dune, L’Empereur-Dieu de Dune, Les hérétiques de Dune et La Maison des Mères. L’ensemble est la plus fascinante, merveilleuse saga qu'il m'ait été donné de lire. On n'en sort pas indemne, tant les considérations d’Herbert vont loin, en politique, en religion comme en génétique et écologie. Mais son style peut essouffler le lecteur. 6 Roman ou il imagine une chanteuse virtuelle japonaise, idée réalisée au début des années 2000 par ces mêmes japonais… 19 BM Ligugé guide SF 2010 Frank Herbert était un touche-à-tout de génie, passionné de questions écologiques (dés les années 60…), d’informatique, tour à tour psychologue, journaliste, formateur du premier équipage de sous-marin atomique Nautilus (il en tirera son premier livre Le dragon sous la mer (1956), huis clos étouffant ou percent déjà ses problématiques autour de la religion et de la société), plongeur sous-marin (on retrouvera cet univers dans le cycle intitulé Programme Conscience.) Ses livres autres que le cycle de Dune valent aussi d’être lu : Dosadi, Destination Vide (1er tome du Programme Concience), La Barrière Santaroga (ou le héros est un psychologue des années 60 qui se retrouve aux prises avec un groupe bizarre de l’ouest des USA)... Récemment est reparu en Folio SF Preneur d'Ames, un roman qui se passe dans les années 60 ou 70, autour de la problématique des indiens, de leur reconnaissance, de leur culture, mais aussi du sacrifice et du passage de l'adolescence à la vie d'homme. Le dernier roman reparu, qui était épuisé, Le cerveau vert, parle des tentatives humaines pour éradiquer les insectes de la surface de la terre, et des résistances rencontrées. Un livre ou on retrouve les thèmes chers à Herbert : la fusion de natures antinomiques, donnant, selon ce qu’on veut voir, des monstres ou des organismes adaptés à une nouvelle réalité (d’où les questionnements sur la notion d’humanité), l’évolution d’organismes plus ou moins secrets qui veulent manipuler les humains, et l’adaptation des formes de vie. On le sent très influencé par le darwinisme et Jung, et c’est un très bon conteur (malgré certaines longueurs d’exposition parfois, d’après de nombreux lecteurs…) Kingsbury, Donald Auteur canadien et mathématicien né en 1929. Il a peu écrit, mais est surtout connu pour un roman écrit au début des années 80 : Parade Nuptiale. Plus récemment, a écrit une sorte de suite très, très réussie, pleine d’esprit, d’humour et de dérision de Fondation : Psychohistoire en péril, en 2 tomes chez Folio SF (réservée aux plus de 14 voire 16 ans, et il faut avoir lu Fondation, évidemment.) Le Guin, Ursula K. Ecrivain américaine née en 1929, fille de l’anthropologue Alfred Kroeber. Son roman le plus connu est Terremer (ou l’on suit un magicien dans un monde fait d’îles ou la magie remplace la science), amalgame de trois courts romans lisibles dés l’adolescence, et suivi par Les Contes de Terremer et Tehanu plus tard. Ce roman a été adapté en Animé par le fils de Miyasaki. 20 BM Ligugé guide SF 2010 Son autre cycle est celui de l’Ekumen (appelé parfois la ligue de tous les mondes ou cycle de Hain), comprenant Le monde de Rocannon, Planète d’Exil, La cité des illusions, La main gauche de la nuit (Prix Nebula en 1969 et Hugo en 1970), Le nom du monde est forêt (Prix Hugo en 1973), Les dépossédés (Prix Nebula en 1974, Prix Hugo et Locus en 1975), Le dit d’Aka (Prix Locus en 2001.) Dans ce monde, les Hainiens et les humains leurs descendants essayent d’unir tous les mondes habités (d’où des rencontres culturelles assez frappantes) contre un ennemi terrible et inconnu qui finit par arriver. On voit l’occupation de la Terre dans La main gauche de la nuit, et son sauvetage éventuel. A aussi écrit de nombreuses nouvelles. Auteur de courts romans qui frappent par leur force narrative, en dépit de « longueurs » (ou de brillants développements, c’est selon), a été adorée par toute une génération « post-68 ». Ces œuvres gardent leur force mais sont de fait un peu dépassées dans leur cadre technologique, non par leurs questionnements. Lehman, Serge Ecrivain et critique français. Scénariste de Immortel ad vitam d’Enki Bilal. A créé l’événement dans les années 90 par des romans très efficaces de cyberpunk, arrêtés après le 3 e tome : F.A.U.S.T. mais qui a des sortes de suites dans Aucune étoile aussi lointaine, et Le livre des ombres. S’est ensuite tourné vers la Fantasy. Créateur d’une anthologie de la SF française ancienne, et de l’excellente préface « les enfants de Jules Verne », de l’anthologie Escales vers le Futur, parue au Fleuve Noir, de nouvelles écrites par de jeunes auteurs francophones, en 1999 et épuisée. 10 ans après a dirigé le recueil de nouveles Retours sur l'Horizon. A aussi fait des recherches sur les premiers auteurs français de SF, d'avant 1940, ce qui l’a amené à écrire le scénario d’une BD en 6 volumes, avec Fabrice Colin, assez extraordinaire : La Brigade Chimérique (L’atalante). Lem, Stanislas Ecrivain polonais, connu surtout pour avoir écrit (entre autres) Solaris, qui a inspiré les films éponymes d’Andrei Tarkovski en 1972 et Steven Soderbergh en 2002. Ce nom est aussi celui d’une revue de SF et d’un système d’exploitation d’ordinateur commercialisé par Sun Microsystems (Java et Openoffice.) Ce roman est un bon exemple de l’influence de la SF sur notre société. 21 BM Ligugé guide SF 2010 Leiber, Fritz Ecrivain américain (1910 – 1992). Connu surtout pour la création de 2 personnages inoubliables : Fafhrd et le Souricier gris, dans le Cycle des Epées (7 tomes, Bragelonne), écrit à partir de 1934, dans le monde de Nehwon (nowhen : littéralement nulle part dans le temps), dont les aventures picaresques dans un monde étrange ont fondé ce qu’on a appelé le « sword and sorcery », et inspiré peut-être Michael Moorcock pour son Elric. Avec des romans de SF, il a marqué aussi par son livre Notre-Dame des Ténèbres (Présence du Fantastique, 1977.) Lovecraft, Howard Phillips Ecrivain américain (1890 – 1937). Un incontournable, refondateur de la littérature d’Horreur de « Dark fantasy », ou des êtres, des dieux d’avant les hommes attendent tout près, pour les dévorer. A inventé Cthulu. Ces livres les plus connus sont L’affaire Charles Dexter Ward, L’appel de Cthulu, La couleur tombée du ciel, Démons et Merveilles. Très marqué par l’atmosphère de la Nouvelle-Angleterre, il est un des auteurs qui a le plus influencé le genre de l’horreur et de l’heroic fantasy, voire même l’ensemble des genres, dans le roman, les jeux de rôle ou le cinéma. Voir l’article très complet sur lui dans Wikipedia en français. McAuley, Paul Auteur anglais né en 1955. Auteur prolifique encore peu connu en France. Il s’est essayé à l’uchronie, avec Les conjurés de Florence, enquête steampunk dans un monde ou Léonard de Vinci a inventé à lui tout seul la révolution industrielle, et ou Machiavel est devenu journaliste politique, et les peintres du Quatrocento finissant sont dévalorisés par rapport aux pyrotechniciens ! On notera son talent, confirmé dans la récente édition de Bragelonne : La Guerre tranquille, space opéra de grande qualité, avec des réflexions sur la génétique et la colonisation des satellites des géantes gazeuses qui se rapprochent d’Herbert et de Kim S. Robinson. Il reste un roman d’une grande originalité, un univers riche et brillant, dont on a envie de suivre les prolongements. McCaffrey, Anne Auteur américaine, née en 1926. Est surtout connue pour son Cycle de Pern. En tout une vingtaine de romans sur une planète colonisée par les humains et retournée au Moyen-Age, avec des dragons. 22 BM Ligugé guide SF 2010 Meyer, Stephenie Auteur américaine, connue pour le cycle en 4 tomes de Twilight. Je ne l’ai pas lu. Le fait que l’on connaisse le titre sous sa forme anglaise est assez symptomatique du rouleaucompresseur que l’entertainment américain est devenu. Parle de vampires qui sont presque humains, de désirs adolescents et aussi de loups-garous. N’a visiblement pas autant d’humour que les scénaristes de Buffy contre les vampires. Mieville, China Auteur anglais né dans les années 70. Fait partie d’un courant de rénovation de la Fantasy, plus ancrée dans un certain réalisme punk. A inventé un monde avec une grande ville « La Nouvelle Crobuzon », siège de corruption et d’intrigues politiques, ou la magie joue un rôle. A aussi écrit un roman pour ados Lombres, ville parallèle à Londres ou les objets cassés deviennent des individus. Ou sa brillante inventivité le conduira-t-il ? Moorcock, Michael Écrivain anglais très prolifique né en 1939. Le centre de son œuvre est le multihéros. Il a tout simplement relié entre eux différents héros de 4 (voire 5) cycles écrits dans les années 60, par certaines histoires, en un seul sauveur/destructeur de l’univers. Son héros le plus connu est Elric le nécromancien, héritier albinos et faible d’un ancien empire du mal reposant sur l’alliance avec des démons. Mais on peut aussi citer Hawkmoon, Erekösé, et Corum, les 3 autres avatars. Univers débridé d’héroïc fantaisy, ou la magie et les personnages mythologiques sont foison, convient bien à l’adolescence exaltée. A écrit plus tard Les aventures de Jerry Cornelius, agent secret temporel. Paolini, Christopher Écrivain américain né en 1983. Connu pour avoir écrit le grand roman à succès, avec des dragons et des héritiers : Eragon, et sa suite : L’Aîné, publiés chez Bayard en 2004 et 2006. A grandi sans télévision ni internet (père éditeur), dans les montagnes californiennes. Un 3 e tome est sorti début 2009 : Brisingr. Pelot, Pierre Écrivain français né en 1945 dans les Vosges, très prolifique (plus de 200 titres.) Sous les pseudonymes de Pierre Suragne, ou Carbonari – son vrai nom est Grosdemange- il a aussi écrit du fantastique et des romans policiers. Il a commencé dans le western en 1965, après un 23 BM Ligugé guide SF 2010 bref passage dans la BD et a écrit l’été en pente douce, qui sera adapté au cinéma. Ses titres les plus connus dans le genre qui nous concerne sont Delirium Circus ou La guerre olympique, et le cycle des Hommes sans futur. Surtout connu pour son rôle de « passeur » entre les anciennes générations des années 50 et les nouvelles des années 90. Il a beaucoup écrit sur la SF. Robinson, Kim Stanley Écrivain américain né en 1952. Est connu pour avoir publié entre 1992 et 1996, aux USA, une trilogie qui est considérée comme l’égale de Dune ou Fondation : ce qu’on a appelé la « Trilogie martienne » : Mars la rouge Prix Nebula 1993 Mars la verte Prix Hugo et Locus 1994 Mars la bleue Prix Hugo et Locus 1997 Le point de départ est la colonisation de Mars en 2029 par un groupe international de 100 savants et techniciens, et s’achève 200 ans plus tard, des morts, 2 révolutions, mais aussi bien des découvertes et des transformations plus tard. L’auteur a réussi un panel de héros éblouissants, tantôt dans des positions de pouvoir, tantôt résistants clandestins, et peint aussi leurs descendants, les problèmes de transformation de Mars en planète habitable, les conflits entre les Verts (ceux qui veulent terraformer Mars) et les Rouges (qui veulent laisser la planète la plus proche possible d’avant leur arrivée), les découvertes scientifiques, et surtout les paysages de Mars, sa mythologie qui se crée, qui font de ce monde un personnage à part entière. Roman fleuve fascinant et incroyable. Rosny Aîné Auteur français (1856 – 1940), connu surtout pour un livre adapté au cinéma : La guerre du feu. Le prix Rosny Aîné est un des plus prestigieux de la SF française. Il a aussi écrit La mort de la Terre, récit d’une terre détruite par la pollution et la surexploitation, publié en 1910. Sadoul, Jacques Auteur et critique français, né en 1934. A beaucoup écrit sur le genre et le cinéma de SF dans les années 50 à 80, comme préfacier et éditeur d’anthologies. Aussi écrivain de polars. 24 BM Ligugé guide SF 2010 Silverberg, Robert Auteur américain, qui a commencé ses activités dans les années 60, toujours actif, fait figure de patriarche. A écrit : le cycle de Majipoor, L’homme transformé. Coordonne des anthologies, comme 3001, pour montrer le renouvellement de la SF et de ses thèmes depuis 20 ans. Smith, Cordwainer Écrivain américain (vrai nom : Paul M.A. Linebarger, 1913 – 1966) connu exclusivement pour un cycle fascinant : Les seigneurs de l’instrumentalité, réédité en 5 tomes en Folio SF. Datant des années 60, ce cycle, essentiellement composé de nouvelles, évoque une vaste histoire de l’humanité, avec des scènes à la limite de la fantasy, ou se croisent des ours qui parlent, des êtres serviteurs des humains mi-hommes mi-animaux, ou apparaît une nouvelle messie sous la forme d’une jeune fille-chien, et des moutons australiens qui ont des parasites qui produisent le stroon, la drogue d’immortalité… Un ensemble fascinant qui emporte le lecteur. Sa jeunesse en Chine, comme fils de diplomate, a influencé son style narratif, ce qui contribue à son étrangeté. Spinrad, Norman Écrivain américain « réfugié » en France. Il est connu surtout pour Jack Baron et l’éternité, mais aussi pour Le Printemps russe. Le premier est un pamphlet assez baroque, marqué par la contre-culture des années 60, sur le pouvoir : pouvoir des images, de l’argent, de la technologie poussée dans l’horrible, sur l’immortalité, sur la tentation… Toujours intéressant. Stephenson, Neal Ecrivain américain, faisant partie de la vague Cyberpunk. Son grand succès est une trilogie : Cryptonomicon (existe en poche - titre en hommage, sans doute, au Necronomicon de Lovecraft), dans un monde très peu différent du notre, qui se joue en parallèle entre des groupes de personnages vivant de nos jours et pendant la 2e Guerre Mondiale, tournant autour de la cryptograhie, les ordinateurs et un mystérieux trésor (mais aussi la religion, le pacifique, et la sexualité des jeunes geeks américains…) Très drôle, cette fresque permet de brasser des thèmes variés sans ennui, avec des rebondissements entre un film de guerre, Bill Gates et Wall Street. 25 BM Ligugé guide SF 2010 Sterling, Bruce Auteur et journaliste américain contemporain. Il est connu pour être un des leaders et créateurs du mouvement Cyberpunk, avec l’anthologie « fondatrice » qu’il présente : Mozart en verres miroirs. Il est surtout l’écrivain qui a donné aux années 80 deux de ses plus brillants romans de SF : - La Schismatrice (L’humanité technicisée, chassée de la Terre, peuple le système solaire de gigantesques stations orbitales, divisée dans une nouvelle guerre froide entre les tenants de l'évolution par la technologie et ceux de la manipulation génétique. Le héros, Abélard Lindsay, jeune aristocrate, doit apprendre à survivre. Mais l'homme évolue, et commence à se scinder en espèces nouvelles sous les yeux des extraterrestres enfin arrivés, il rêve d’un projet grandiose, la terraformation des mondes...) - Les mailles du réseau (2020 : Multinationales toutes-puissantes, complots terroristes, réseaux informatiques, réveil du tiers-monde, ingénierie génétique, retour en force de l'irrationnel, sida, torture, intox, chantage atomique... Toute ressemblance avec la Terre que vous connaissez n'est pas une pure coïncidence. Citoyenne de ce monde dément, Laura Webster a su s'adapter, trouver l'équilibre entre réalité et virtuel. Mais quand elle se retrouve impliquée malgré elle dans le meurtre du représentant d'un État-pirate, une course contre la mort s'engage pour échapper aux mailles du réseau. – 4e de couverture ou avis Fnac) A aussi écrit avec William Gibson La machine à différences, incroyable roman steampunk qui évoque des ordinateurs mécaniques au temps de Napoléon III (issus d’un et si… lié à l’histoire de Babbage et d’Ada la fille mathématicienne du poète Byron – qui ont existé.) Stoker, Bram Auteur immortel, anglo-irlandais (1847 – 1912) de Dracula (1897.) Un des premiers romans de littérature fantastique, ou un des derniers du gothique, selon qu’on le place comme héritier ou initiateur d’un genre. Stolze, Pierre Écrivain et chroniqueur français, né en 1952. Appelé aussi « Doc » Stolze par le Magazine Bifrost, ou il anime une chronique régulière. 26 BM Ligugé guide SF 2010 Sturgeon, Theodore Écrivain américain de « l’âge d’or. » (1918 – 1985). Cristal qui songe et Les plus qu’humains sont ses œuvres les plus connues. Van Vogt, A. E. Auteur américain (1912 – 2000), connu pour deux cycles, maintenant vieillis : le cycle des Ā (livre de vulgarisateur de Korzybski pour lequel la carte n’est pas le territoire) et les Armureries d’Isher (aussi appelé cycle des marchands d’armes) tous deux en trois volumes (les cvolumes 2 et 3 de chaque série dérivés tardifs du 1er tome écrit dans les années 40). Le cycle des Ā a été traduit en français par Boris Vian dans les années 40 et a contribué à relancer la SF en France. Vance, Jack Ecrivain américain, né en 1916, qu’on a comparé à Melville par son sens de l’aventure. Ses premières nouvelles sont publiées dés 1945, et il écrivait encore en 2004. Ses courts livres rythmés et vivants fonctionnent surtout par cycles aux noms de planêtes en général : Les chroniques de Durdane, Le Cycle d’Alastor, Le Cycle de Cadwal, Le Cycle de Tschaï, et pour moi le meilleur : La Geste des Princes-démons. Varley, John Ecrivain américain né en 1947. Connu surtout pour son roman Le canal Ophite, mais sa production est abondante. A 20 ans pendant le Summer of Love californien. Verne, Jules Ecrivain français (1828 – 1905), maintenant plutôt destiné aux enfants, mais qui garde toute sa force, comme l’ont montré les écrivains cyberpunk (voire dans courants), même si leur source d’inspiration était plus HG Wells. Il a laissé une œuvre pléthorique, et dans divers genres. Sa contribution à la future SF se voit surtout dans De la Terre à la Lune (1865), Vingt mille lieues sous les mers (1869), Autour de la Lune (1869), L’île mystérieuse (1872) et d’autres textes moins connus. Weber, David Auteur américain. Il est l’auteur de la série Honor Harrington, publiée en France par L’Atalante, depuis 1999, et par J’ai lu en poche, depuis 2006. A ce jour, L’Atalante a publié 27 BM Ligugé guide SF 2010 12 tomes de sa série, qui en compte 15 en anglais, les tomes 6 à 12 étant en 2 volumes (soit un total de 18 livres !) qui commence par Mission Basilic. L’héroïne, Honor Harrington, est officier dans la flotte spatiale de Manticore, un royaume ayant Elisabeth III (!) comme reine, et possédant une noblesse, un seul système stellaire pour trois planètes habitables, chose unique dans l’espace habité, et une économie florissante. Mais cet état a un ennemi : la République Populaire de Havre, dont la capitale, La Nouvelle-Paris, est le siège d’un empire de bureaucrates héréditaires, et expansionnistes… On le voit, Weber s’est amusé à retranscrire à la fois le conflit entre l’Angleterre et la France révolutionnaire puis impériale et entre les USA et l’URSS. Mais ces inventions, et sa narration, sont bien menées. On se laisse prendre à cet univers où domine l’esprit militaire et les batailles spatiales, mais ou émergent aussi des considérations culturelles, politiques et stratégiques au fur et à mesure qu’Honor Harrington prend du galon et le conflit de l’ampleur. Cela fait un peu « Mon héroïne sauve le monde », mais partant de là, l’univers entier ainsi brossé est séduisant, si l’on aime les batailles spatiales et les digressions politiques vues des USA (même si cela devient assez drôle parfois.) Wells, H. G. Ecrivain anglais (1866 – 1946), connu pour ses romans de science-fiction « avant l’heure » : La machine à explorer le temps, L’île du docteur Moreau, L’homme invisible, La guerre des mondes, tous écrits entre 1895 et 1898, d’autres œuvres ont suivi, moins connues. Il reste un grand inspirateur des œuvres de SF, et ces œuvres ont été beaucoup adaptées au cinéma, voire plagiées ou copiées ou déclinées par d’autres auteurs. Werber, Bernard Ecrivain français, ancien journaliste scientifique. S’est fait connaître par Les Fourmis. Auteur très prolifique, adoré par les médias, débordant d’idées, et parfois contesté. Se veut lui-même plus un brasseur d’idées qu’un réel auteur de SF. Illustre bien les frontières de plus en plus poreuses du genre. Wolfe, Gene Écrivain américain de « l’âge d’or. » Même si sa production romanesque est intéressante, il est surtout un animateur de revues, un éditeur passionné, un critique incessant du genre. 28 BM Ligugé guide SF 2010 Wul, Stefan Écrivain français (1922 – 2003), un des pionniers de la SF après guerre, a écrit beaucoup pour les enfants. Ses titres les plus connus restent Niourk (ou un jeune enfant, dans une terre revenue aux âges glaciaires, redécouvre la civilisation en partant de l’âge de pierre), et Oms en série, qui a inspiré le dessin animé La planète sauvage de René Laloux et Roland Topor, en 1973. Ces deux romans datent de 1957. Il fut très productif entre 1956 et 1959, puis s’arrêta pour ne livrer qu’un dernier et admirable roman, Noô, en 1977, daté lui aussi, mais rempli de poésie et de couleurs, un « roman ethnologique » racontant les aventures d’un très jeune terrien embarqué dans un vaisseau qui, des années plus tard, lui ouvre un autre monde. Zimmer Bradley , Marion Auteur américaine très prolifique, entre Heroic Fantasy et SF. Avec Ursula K. Le Guin, une des premières auteurs femmes, voire « féministes » de la SF. 29 BM Ligugé guide SF 2010 Ma bibliothèque idéale : 10 livres seulement si vous voulez constituer un fonds de base, 10 choix pour 100 déchirements : - La Schismatrice + de Bruce Sterling, 1986, publié en Folio SF. La vie d’Abelard Lindsay sur 2 siècles, à travers une guerre froide et une rencontre avec les extraterrestres, dans un système solaire colonisé par l’homme, mais dont la Terre est isolée et a régressé, sous le coup d’un catastrophe écologique, et ou l’humanité évolue en clades, jusqu’à ne plus se reconnaître. Décoiffant, formidable, époustouflant. Problème : épuisé pour l’instant, guettez la réimpression ! - Dune tome 1 et 2 de Frank Herbert, le début d’une série incontournable, qui a eu tous les prix et la faveur du public, mais qui peut se lire seul, paru en 1965, publié en Pocket. - Les langages de Pao de Jack Vance, 1958, publié chez Folio SF. Petit livre traitant, sur fonds de manipulation d’un peuple par un « tyran » fou, du pouvoir de la langue. - Au cœur de la comète de Gregory Benford et David Brin, chez J’ai lu. Livre assez génial écrit pour le passage de la comète de Haley en 1986, et qui brasse intelligemment la politique, le racisme, la religion, mais aussi la vie extraterrestre, le clonage, l’intelligence artificielle, le voyage dans l’espace, et les mutants ! Tout cela à travers l’histoire de quelques personnes parmi un groupe d’astronautes « échoués » et isolés sur la comète, vivant, tient en haleine, bref, indispensable. - Le seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien (3 tomes chez plusieurs éditeurs). Mieux vaut le lire jeune, mais alors quel rêve ! N’avait pas besoin d’être adapté en film pour être un succès, mais le livre a bien été relancé, et donc même les jeunes le connaissent, et en plus c’est assez moral ! Il existe d’autres livres du même auteur, mais ce sont souvent des brouillons réécrits et réarrangés par son fils, à ne mettre que dans les mains de fans, sauf son premier livre, accessible à partir de 10 ans : Bilbo le Hobbit. 30 BM Ligugé guide SF 2010 - Le maître du Haut-Château de Philip K. Dick. Il faut au moins un livre de ce grand auteur, et celui-ci est un des plus réussis, ou comment s’en sortir quand on est juif dans une Californie des années 60 occupée par le Japon, ou le Yi-king domine la vie publique, l’est des USA étant sous domination allemande, les deux ayant gagné la guerre en 1947, et qu’un auteur (le maître du haut-château) a sorti un livre imaginant la victoire des alliés en 1945 ! Epoustouflant. - L’homme des Jeux, de Iain M. Banks. Premier roman de la série Culture, - Des milliards de tapis de cheveux, d’Andreas Eschbach. Auteur allemand assez prolifique. Récit terrible d’un empire finissant ayant condamné d’anciennes provinces vaincues à un seul objectif, et qui continue à tourner sans arrêts : produire des tapis de cheveux. Toute une économie s’est développée, sur plusieurs mondes, mais pourquoi ? - Neuromancien (Neuromancer), de William Gibson. Roman publié en 1984 et inaugurant la vague Cyberpunk. Son écriture nerveuse, sa bande-son et ses références rock, le lien avec le réseau informatique en ont fait un roman emblématique de sa génération. Le titre est un hommage à un roman de Gordon Dickson, épuisé en France : Nécromant (nécromancer). - Terremer, d’Ursula Le Guin. Fille du grand anthropologue Alfred Kroeber, Ursula Le Guin nous emmène sur un monde d’archipels ou la magie remplace la science. On suit, à travers trois courts romans réunis ici, l’évolution d’un héros magicien à travers ce monde, de l’adolescence à la vieillesse, de l’apogée de la magie à sa décadence, avec toujours, que ce soit d’abord le héros, ensuite une jeune fille qu’il rencontre, puis un jeune homme qu’il doive diriger, un adolescent qui mène le récit. Et quelques titres pour les pré-ados – ados (8 à 14 ans) : - Bilbo le hobbit de J.R.R. Tolkien. - Niourk, de Stefan Wul. - Les Chroniques de Narnia, de C.S. Lewis, 7 tomes en poche. - La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero, en 3 tomes chez Rageot (pour ados.) - Le destin de Linus Hoppe d’Anne-Laure Bondoux, Bayard Jeunesse, 2001. - Farenheit 451 de Ray Bradbury. - Les Ch’tis hommes libres, de Terry Pratchett. 31 BM Ligugé guide SF 2010 Il existe aussi une bibliographie pour le niveau collège réalisée par le CRDP de Grenoble, consultable ici. 32