Essai de guide à l`usage des non-initiés pour la SF et l`heroic fantasy :

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Essai de guide à l`usage des non-initiés pour la SF et l`heroic fantasy :
BM Ligugé guide SF 2010
Essai de guide à l’usage des non-initiés pour la
SF et l’heroic fantasy :
En guise de préambule : « non-essai de définition ».
“ Science fiction is a testing ground for new ideas about society in a world where
conventional ideas are beginning to limp.”
« La science-fiction est un champ d’expérimentation pour les nouvelles idées sur la société
dans un monde ou les idées conventionnelles commencent à mollir. »
Donald Kingsbury, lors d’une interview à la Science Fiction Review, 1984.
La définition de la Science-fiction est un sous-genre à lui tout seul : entre ses
détracteurs qui estiment qu’elle n’est qu’une sous-littérature traitant d’extra-terrestres et de
combats au laser par vaisseaux interposés, et ses zélateurs (dont je suis parfois) qui estiment
que, en tant que littérature des tous les possibles, elle englobe toutes les littératures et est donc
le « genre suprême », il y a … plusieurs mondes.
Sans entrer dans toutes ces controverses, nous pouvons revenir aux fondamentaux : les
premiers lecteurs des pulps des années 20 et 30 ont mis en avant l’importance du sense of
wonder, ce « merveilleux » qui emporte le lecteur, que le ressort soit scientifique ou magique,
ou autre : ce dépaysement total qui permet de voir les choses autrement, et parfois d’en tirer
quelque chose d’inattendu, serait la marque du genre.
Un autre problème a surgi assez vite : le nom lui-même. Que met-on dessous ? Est-ce bien le
nom adéquat ? La Science-fiction, c’est aussi la fantasy, le fantastique, l’horreur ? Doit-on
l’appeler Specultive Fiction, Anticipation …
Pour finir, parmi d’autres :
René Barjavel : « La science-fiction, ce n’est pas un « genre » littéraire, c’est tous les genres,
c’est le lyrisme, la satire, l’analyse, la morale, la métaphysique, l’épopée. Ce sont toutes les
activités de l’esprit humain en action dans les horizons sans limites. C’est en ce moment la
seule littérature vivante du monde entier. » (CMQS)
Pour revoir tout ça plus en détails :
http://pagesperso-orange.fr/monot.jc/divers/definir.htm
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BM Ligugé guide SF 2010
Introduction : historique rapide des genres jusqu’au XXe s., et état aujourd’hui :
Si certains font remonter la Science-Fiction (SF) à l’antiquité, elle ne peut se
concevoir réellement qu’après l’émergence d’une science indépendante de la Religion, c’està-dire, en occident, au XVIIIe s. En premier, Voltaire, avec Micromégas, traitant
d’extraterrestres dans la ligne des théories de Newton, Jonathan Swift évoquant une
« machine à mots » dans Gulliver, et Louis-Sébastien Mercier avec L’an 2440, rêve s’il en fut
jamais, montrent que, rapidement, les découvertes en astronomie et en physique, les
balbutiements de la technique ont été mis au service de la création littéraire. On a là une sorte
de préhistoire de la SF.
A peu près simultanément, avec les romans gothiques de la fin du XVIIIe s. 1, la
réaction au rationnalisme faisait resurgir les mythes, mais de façon « civilisée » : Mary
Shelley, Bram Stoker allaient donner leurs bases à la littérature d’horreur et du fantastique2 et
à certaines franges de la SF pour la première (le monstre assemblé par l’homme.) A la fin du
XIXe s., les courants s’affirment et se séparent (alors qu’un même écrivain comme Edgar
Alan Poe écrivait des nouvelles « policières », fantastiques et de « science-fiction », il est
revendiqué d’ailleurs comme un père fondateur par les trois genres) : le fantastique, qui
s’adresserait plus aux enfants, prend de l’ampleur en Angleterre avec Alice au Pays des
Merveilles, Peter Pan, mais aussi Le magicien d’Oz aux USA. La science-Fiction, en France
et en Angleterre, est écrite par Jules Verne, Rosny Ainé, et HG Wells. Le premier prix
Goncourt est attribué à un ouvrage d’ « anticipation » : Force ennemie, de John-Antoine Nau3.
Enfin, après le traumatisme de la 1e guerre mondiale en Europe, qui marque le profond
divorce entre les intellectuels européens et la technologie, c’est au tour de l’Amérique de faire
entendre sa voix. Son intermédiaire est un inventeur luxembourgeois malheureux émigré aux
USA, Hugo Gernsback4, qui, pour diffuser ses inventions, fonde un magazine, Modern
Electric, dans lequel il donne des extraits d’œuvres de Verne, Wells et d’autres. Devant le
succès de ces pages, il cherche de nouveaux auteurs. En 1926, il crée la revue Amazing
Stories, ou il publie beaucoup plus d’histoires inédites. La SF moderne est lancée. Le premier
âge d’or de la SF américaine commence dans les années 30. Il s’achève traditionnellement
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Le plus connu est « The monk » (le moine) de Matthew Lewis, 1795.
Au même moment la redécouverte de textes plus ou moins inventés originaires du monde celtique (les
Ossianiques) vont préluder à l’invention de la littérature de merveilleux ou Heroic Fantaisy en anglais.
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Pour plus de renseignements sur le Sf française d’avant 1945, voir le recueil de Serge Lehman : Chasseurs de
chimères, Omnibus, 2006.
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Le plus célèbre Prix de SF, le « Hugo » a été appelé en son honneur.
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BM Ligugé guide SF 2010
dans les années 50. Un « second âge d’or », plus anglo-saxon que seulement US, se serait
ouvert dans les années 90.
Les tendances actuelles sont difficiles à définir. Après le succès du style Cyberpunk
dans les années 80, la lente montée en puissance de l’heroic fantasy depuis les années 60 s’est
accentuée avec la popularité croissante des jeux de rôle, d’abord sur plateau, ensuite sur
ordinateur et même en réseau. Finalement, il se vend beaucoup plus de « fantasy » que de
science-fiction (plutôt tournée vers le futur) alors que les livres de « littérature générale »
intègrent de plus en plus d’éléments fantastiques ou « futuristes » dans leur trame. Assiste-ton à une dilution du genre ? Une radicalisation vers plus de science dans les romans SF voit le
jour, avec le danger d’une marginalisation, alors que les éditeurs d’heroic fantasy déclinent
des clones de plus en plus violents et noirs du Seigneur des Anneaux. C’est sans doute un
compromis entre ce qui s’écrit et ce qui fait vendre. Mais cela n’empêche pas des joyaux de
sortir occasionnellement, et, pour tous les âges, de lire ou relire des classiques du genre.
C’est un mélange de tout cela (auteurs, genres, éditeurs), plutôt orienté selon mes goûts,
évidemment, que je vous propose.
SOMMAIRE :
Boîte à Outils
p. 4
Guides dictionnaires
p. 4
Glossaire
p. 4
Editeurs
p. 9
Prix de SF
p. 11
Sites internet
p. 11
Auteurs
p. 12
Ma bibliothèque idéale
p. 30
Légende :
Les titres de livres sont en italique simple : Fondation.
Les titres de films sont en italique gras : Star Wars.
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BM Ligugé guide SF 2010
Boîte à Outils.
Guides et dictionnaires:
Apparemment tous les dictionnaires que je connais sont épuisés. Il faut alors se reporter à ce
qui peut être trouvé, dont :
- Passeport pour les étoiles/Francis Valéry (Guide de lecture- SF) folio SF 6.60 €
- Cartographie du merveilleux/André-François Ruaud (Guide de lecture- fantaisy) folio
SF 6.60 €
- Atlas des brumes et des ombres/Patrick Marcel (Guide de lecture- fantastique) folio SF
5.10 €
- Bibliothèque de l’Entre-Mondes (Guide de lecture- transfictions) folio SF 6.60 €
Si vous tombez sur ces dictionnaires-là (épuisés), ils vous donneront des informations très
intéressantes, parfois datées :
Le Science-fictionnaire, de Stan Barets. Ed. présence du futur, 1994. 2e version du Catalogue
des âmes et cycles.
Encyclopédie de l’utopie, des voyages imaginaires et de la science-fiction de Pierre Versins
(1972). LE classique du genre, drôle, avec des partis-pris, et des articles sur des livres dont
vous ne soupçonniez pas l’existence, datant surtout d’avant la 2e GM.
Glossaire (genres et définition) :
Anticipation : genre qu’on a parfois opposé à la SF, mais qui est un intermédiaire entre
romans et SF. Une définition la plus simple serait que l’anticipation s’occupe de ce qui peut
plus ou moins raisonnablement nous arriver dans un avenir relativement proche. Dans ce
cadre, Le meilleur des mondes et 1984 sont des romans d’anticipation. Le cyberpunk est un
courant « dissident » mais s’occupe aussi d’un futur proche, comme les romans Tous à
Zanzibar ou Jack Barron et l’éternité.
Age d’or : époque, juste après la création des pulps des années 20 et 30, ou de jeunes auteurs
nourris des premiers numéros de ces magazines, se lancent dans l’écriture. C’est toute une
génération qui croît, dans ces USA des années 35 – 55, ou tout est possible. Isaac Asimov, AE
Van Vogt, Arthur Clarke, Poul Anderson, Robert Heinlein, Damon Knight, L. Sprague de
Camp, font partie de cette génération qui pensait que l’espace était pour demain. Ils sont
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réunis autour de deux magazines5 (Astounding Stories devenu Astounding science-fiction
puis Analog en 1960 et Amazing stories d’Hugo Gernsback) et d’un rédacteur en chef très
formateur pour plusieurs d’entre eux : John W. Campbell, auteur lui-même et ayant reçu une
formation de physicien nucléaire au légendaire MIT.
Cyberpunk (article sur Wikipedia, assez complet) : genre littéraire issu de la SF décrivant un
monde futur assez noir, dominé par les multinationales et/où des états oppressifs, envahis par
l’informatique et les réseaux. Ce courant est apparu au début des années 80 aux USA, et est
contemporain de l’explosion de la micro-informatique. Il est devenu un mouvement culturel,
récupéré par les informaticiens, s’épanouissant en films, jeux vidéo, BD… Blade Runner fait
partie de cette esthétique. Ghost in the Shell, Minority Report, Total Recall, Final Fantaisy
VII, le cycle de Matrix, en sont, entre autres, des émanations. A repris l’idée de la Machine
inquiétante mais aussi le réseau libérateur comme oppresseur.
Ecrivain de SF : un écrivain de SF est par définition et avant tout un lecteur de SF, et de
préférence en grandes quantités. Cela explique la multitude de références plus ou moins
explicites que l’on retrouve dans des nouvelles et romans, et même dans les BD et films. Cela
explique aussi la complexification croissante du genre depuis sa création : une « invention »,
littéraire ou fictionnelle, si elle est jugée bonne, étant reprise par d’autres, comme l’ansible,
l’instrument de communication instantanée entre les étoiles créé par Ursula K. Le Guin dans
son cycle des Hainiens, et reprise par Orson Scott Card dans « Ender ». Cet instrument joue
un grand rôle dans les deux cycles.
D’où aussi les anthologies ou un groupe d’auteurs se glisse dans l’univers d’un autre.
Exemple : l’anthologie de nouvelles Les enfants de Fondation, ou une quinzaine d’auteurs
américains reprend des éléments des différents romans (et même de la vie) d’Isaac Asimov.
D’où enfin les pastiches et continuations de cycles, comme, toujours autour d’Isaac Asimov et
du cycle de Fondation, les épisodes intercalaires imaginés par Gregory Benford, David Brin
et Greg Bear (Fondation en péril, Fondation et chaos, Le triomphe de Fondation), et la suite
officieuse imaginée par Donald Kingsbury : Psychohistoire en péril. Quel plus bel hommage
que de se faire plagier, ou du moins reprendre un univers qui a plu ?
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Ces magazines de mauvaise qualité étaient réalisés avec de la pulpe de bois, d’où leur nom de « pulp », comme
dans pulp fiction, traduisible par « fiction populaire ». C’est un terme générique, les magazines de SF, mais aussi
de polars, de western, d’amour, étaient faits à partir de pulpe de bois.
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Fantastique : genre ancien qui peut revendiquer Frankenstein, Dracula, comme Le Horla, La
Vénus d’Ille, et les œuvres d’ETA Hoffmann. Aux USA, ce sont Nathaniel Hawthorne (lire
La fille de Rappaccini !) et Edgar Alan Poe qui ouvrent le bal dés les années 1850. On peut
continuer ensuite avec La Dame de Pique de Pouchkine et les œuvres de Kafka, pour finir
avec Borges. Ce genre est donc une sorte de préhistoire de la SF et de l’Heroic Fantasy, voire
de l’horreur.
Gothique : présenté comme la véritable source du genre fantastique, le roman gothique
apparaît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. « Outre l'apparition des thèmes propres au
fantastique (les fantômes, le Diable, les vampires) ces romans caractérisés par une atmosphère
d'horreur plus prononcée introduisent l'ambiguïté caractéristique du genre. Parmi les œuvres
les plus représentatives, citons Vathek (1786), conte à la manière orientale écrit en français
par William Beckford et Le Moine de Matthew Gregory Lewis. On peut également rattacher à
ce genre le Manuscrit trouvé à Saragosse du polonais Jean Potocki, également rédigé en
français. » Extrait de la page Wikipedia sur le Fantastique.
Hard Science : Sous-genre littéraire, issu de la SF dans les années 40, grâce au passage à
l’écriture de jeunes gens ayant reçu une formation scientifique, comme Arthur C. Clarke et
Isaac Asimov. Il est toujours vivant grâce à des auteurs comme David Brin et Gregory
Benford, voire Greg Egan et Chris Moriarty, ou chez le québécois Jean-Louis Trudel. Il
s’illustre essentiellement par le besoin de suivre le plus exactement possible la science
actuelle ou ses développement supposés ; physique quantique, mathématique, technologie
spatiale… et aussi souvent par des questionnements profonds sur l’utilisation de ces
technologies et ses prolongements sociaux voire métaphysiques. Une SF « réaliste » qui
amène souvent à réfléchir.
Heroic Fantasy : genre d’origine anglo-saxonne, dite aussi « sword and sorcery », ou, en
français, fantaisie ou littérature du merveilleux. Né essentiellement à la fin du XIXe siècle
(précédé par le genre gothique), mais qui se nourrit du merveilleux des contes de fée ou des
légendes. D’ailleurs la conjonction des peurs du « machinisme » et du collectage des contes
traditionnels faits dans toute l’Europe par les frères Grimm et leurs successeurs pourrait
expliquer la naissance d’œuvres telles que Alice au pays des merveilles, Peter Pan ou
Dracula.
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Les œuvres réellement fondatrices pour le public comme pour des générations d’écrivains
sont issues de quelques auteurs : C.S Lewis, Edgar Rice Burroughs et John Ronald Reuel
Tolkien.
Horreur : genre né du Fantastique et aussi probablement des peurs autrefois exprimées dans
des contes que la civilisation industrielle a exacerbé. Mais tout est question d’époque. Les
premiers livres d’horreur, liés au gothique, dont Dracula pourrait faire partie, font presque
sourire par rapport aux débordements d’aujourd’hui. H.P. Lovecraft en est le véritable
refondateur dans les années 20 et 30 aux USA, par sa création de dieux anté-humains. Des
auteurs comme Richard Matheson ou Stephen King s’en inspirent. August Derleth est un
autre auteur connu qui a donné son nom à un prix très apprécié. Récemment, James Herbert
ou Dan Simmons ont aussi connu un certain succès.
SF française : Longtemps la plus dynamique du monde, avec Jules Verne, Rosny Aîné et une
pléiade d’auteurs mineurs, rencontrant un réel succès populaire, la SF française a vuson élan
coupé par la 1e Guerre Mondiale et le dégoût de la technologie, au moins de toute une
génération d’intellectuels. On peut aussi invoquer l’infantilisation du genre, le refus d’uen
certaine modernisation… Que cela dit-il sur la société française d’entre 2 guerres, qui exalte
la paysannerie ou les ouvriers, mais néglige de moderniser avions et voitures ? Seul astre de
cette nuit, du moins qui reste dans nos souvenirs : René Barjavel.
Après 1945, la SF américaine déferle sur l’Europe, traduite par Boris Vian et d’autres auteurs,
mais reste encore confidentielle ou confinée dans le « loisir », la littérature de gare, comme le
roman noir. Une première floraison s’opère avec des auteurs comme Stefan Wul, Francis
Carsac et un éditeur comme Gérard Klein, dans les années 50. Beaucoup de traductions et
quelques auteurs font le pont entre les années 50 et les années 70 – 80, ou des auteurs français
se manifestent à nouveau (Philippe Curval, Jean-Pierre Endrevon, Pierre Pelot, Pierre
Stolze…) dans une floraison reconnue mais maintenant un peu oubliée. Beaucoup de « bons
romans », mais pas de coups d’éclats qui ont pu percer l’indifférence des lecteurs. C’est l’âge
d’or des collections « anticipation », « présence du futur » et d’un éditeur comme le Fleuve
Noir.
Enfin, depuis les années 90, une certaine renaissance, plus affirmée, se fait jour, avec des
auteurs comme Pierre Bordage, Ayerdhal, Serge Lehmann et Laurent Genefort.
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BM Ligugé guide SF 2010
Si un jour vous tombez sur l’excellent article « Les enfants de Jules Verne » par Serge
Lehman, oubliez ce que vous venez de lire, c’est mieux.
Space Opera : sous-genre de la SF qui privilégie les voyages spatiaux, voire les combats
entre civilisations, planètes, et empires. Star Wars est un Space Opera assez typique des
années 50 (je rappelle que les 3 premiers Star Wars sont sortis entre 1977 et 1984.) Plus
récemment, le cycle d’Honor Harrington, par David Weber, ou Elevation de David Brin
sont des bons exemples, dans des genres très différents, de ce qu’il est devenu. Une nouvelle
tendance se fait jour depuis une dizaine d’années, le NSO « New Space Opera », qui combine
des éléments de tous les genres pour pousser le concept encore un peu plus loin.
Steampunk (critique et histoire sur le site du Cafard Cosmique) : rejeton du Cyberpunk, qui
pousse la technologie informatique dans ses possibilités pas toujours très joyeuses, le
steampunk a été inventé par des fondus de technologie qui se sont imaginés ce que serait le
monde si on avait poussé la technologie de la vapeur (steam en anglais) beaucoup plus loin, et
plus largement le XXe s. Bruce Sterling et William Gibson ont signé à eux deux le
« manifeste » de ce mouvement en écrivant le très bon La machine à différences. Mais
quelques années auparavant, Michael Moorcock avait écrit Les aventures uchroniques
d’Oswald Bastable, évoquant les aventures d’un gentleman anglais dans un monde dominé
par les dirigeables de l’Empire britannique ! Il faut dire que les auteurs se sont inspirés de la
littérature victorienne, reprenant voir pillant HG Wells et Jules Verne.
Les machines à vapeur démesurées, un environnement plus ou moins victorien sont les topoi
de ce genre, illustré par le film d’animation Steamboy, de Katsuhiro Otomo par exemple et
les BD de Schuiten et Peeters (série des Cités Obscures.)
Sword and sorcery : variante de l’heroic fantasy concernée davantage par les aventures de
héros maniant … épées et magie, proche des jeux de rôles. On peut évoquer le Cycle des
épées de Fritz Leiber.
Uchronie : Genre littéraire souvent relié à la SF, mais pouvant évoluer sur les marges du
roman classique. Sa base repose sur le « Qu’est-ce qui se serait passé si… » Le plus connu est
Le maître du Haut-Château de Philip K. Dick, mais d’autres existent. Une collection baptisée
Ukronie vient de se créer. L’idée devient à la mode même chez les historiens.
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Vampyres : genre qui parle de vampires, ou de ce que vivent les vampires dans notre monde.
Des livres d’Ann Rice (entretien avec un vampire, adapté en film), à la tétralogie de Stephenie
Meyer (Twilight) en passant par Buffy contre les vampires, toute une série de « productions »
fleurit en ce moment sur ce thème à la mode, surtout chez des adolescents américains. Quoi
de plus logique finalement, quand on compare : les vampires sont des êtres plutôt nocturnes,
se sentant différents, rejetés par la société, ayant un rapport complexe avec le sexe et la
violence puisqu’ils se nourrissent de sang et ne peuvent facilement approcher les humains :
comme les adolescents (sauf pour le sang – mais en le remplaçant par les hamburgers…) !
Dans les faits, entre Harry Potter et les sagas sur les vampires, ce qui plait en ce moment est
plutôt l’introduction dans notre monde d’un profond élément d’étrangeté qui peut rendre
certaines personnes (surtout des ados) profondément différents du reste de l’humanité. Que
sont sinon les super-héros ?
Editeurs :
Grands éditeurs :
Robert Laffont, collection Ailleurs et demain : créée en 1963 par Gérard Klein (pas
l’instit) : peut-être la collection SF la plus prestigieuse actuellement, malgré ses couvertures
assez laides. A publié Frank Herbert, Robert Silverberg, Ursula K. Le Guin, et maintenant
Greg Egan et d’autres : une valeur sûre.
Fleuve Noir (dans les années 80 et 90 publiait beaucoup en poche, notamment « La
Compagnie des Glaces » et beaucoup de jeunes écrivains français, comme Genefort), moyens
et grands formats.
Grands éditeurs en poches (beaucoup de SF est publiée directement en poche) :
Gallimard - Folio SF (fusion des collections Folio et pdf – présence du futur et présence du
fantastique, une des meilleures collections de poche existantes, regrettée par tous).
Le Livre de Poche
J’ai Lu
Pocket (Robert Laffont)
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Moyens et Petits éditeurs :
Nestiveqnen (ne publie plus de romans depuis 2007)
Terre de Brume
Le Belial’ (maison d’édition de la revue Bifrost)
L’Atalante (maison d’édition très dynamique en littérature US mais aussi européenne,
installée à Nantes, profite de la proximité du festival de SF « Utopiales », tous les ans autour
de la Toussaint)
Pygmalion
Bragelonne (édite ou réédite beaucoup d’heroic fantasy dont sont friands les lecteurs en ce
moment : Raymond Feist, Fritz Leiber, Terry Goodkind) et Milady, même maison. Publie
aussi beaucoup de cycles en trois tomes ou plus très moyens.
Mnémos
La Volte
Le Diable Vauvert (éditeur des derniers romans d’Ayerdhal ou de William Gibson)
Editeurs jeunesse :
Mango
Le navire en pleine ville (a fermé en 2009, je ne sais pas si ses titres sont toujours disponibles,
site toujours actif)
Gallimard jeunesse
Bayard
Rageot (sans collection, aller sur le site et choisir le thème).
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Les Prix :
Pour s’y retrouver, un autre moyen, consulter une sélection des prix les plus significatifs
remis chaque année aux livres jugés les meilleurs :
Prix anglais :
- British Fantasy Price ou August Derleth Award (plus orienté sur
l’heroic-fantasy)
- Prix Arthur C. Clarke (SF)
Prix américains :
- Prix Hugo (SF, le plus prestigieux)
- Prix Nebula (SF, arrive en second)
- Prix Locus (SF)
Prix français :
- Grand Prix de l’Imaginaire
- Prix Rosny Aîné (en l’honneur de l’auteur de La Guerre du Feu)
Tous ces prix possèdent une page sue Wikipedia avec la liste des gagnants.
Sites internet :
http://www.bibliosurf.fr
: propose des listes de nouveautés et des fiches.
http://www.pochesf.com/
Comme son nom l’indique, parle surtout des livres en format
poche, avec un zoom sur les 4 plus grandes collections : Le livre de poche, Pocket, Folio, J’ai
lu.
http://www.actusf.com/
site généraliste SF : parle des BD, séries et livres sur le sujet.
http://www.cafardcosmique.com/-Critiques-
Site intéressant car fait par des lecteurs,
même s’ils sont très bien informés : fiches sur les livres, les auteurs, dossiers thématiques,
cinéma. Point de vue un peu particulier : se situe comme site parlant des science et
trans/fictions.
http://www.librairiesoleilvert.com/ site d’une librairie spécialisée.
http://www.fantasy.fr/
site assez général axé sur la Fantasy, mais aussi la BD, les jeux
vidéos, le cinéma, preuve que la « culture SF » se développe sur tous les formats.
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Auteurs :
Andrevon, Jean-Pierre
Ecrivain français très prolifique né en 1937. Etudiant aux Arts appliqués de Grenoble, puis
enseignant, peintre, et journaliste, il est surtout connu pour le livre Les hommes-machines
contre Gandahar (1969), adapté en film d’animation par René Laloux en 1986 sous le titre
Gandahar. Il a aussi écrit un petit livre lisible dés la fin du collège sur les rapports de la
France et de l’Algérie (ou il a fait son service militaire) dans un futur pas très rose : Sukran
(1990.)
Asimov, Isaac
Un des auteurs les plus connus, des plus anciens aussi (il a commencé à écrire en 1939, et a
arrêté à sa mort en 1992.) Il a cherché à partir des années 70 à fondre ses différents romans en
un seul long cycle, pas toujours de façon heureuse. Il est connu surtout pour :
« Le cycle des robots » :
Les Robots (I, Robot, 1950) adapté au cinéma. Le roman est
ressorti avec le titre du film identique à celui du livre en anglais.
Les Cavernes d’Acier (The Caves of Steel, 1953), J’ai lu N°404
Face aux feux du soleil (The Naked Sun, 1956) J’ai lu N°468
« Le cycle de Fondation » :
Fondation (Foundation, 1951)
Fondation et Empire (Foundation and Empire, 1952)
Seconde Fondation (Second Foundation, 1953)
Je ne donne ici que les romans les plus anciens et les plus intéressants (pour moi). Il existe
donc des suites ou des précédents.
Entre ces deux principaux cycles existe un « cycle de l’Empire », dont font partie Des cailloux
dans le Ciel et Tyrann, écrits à la même époque que les livres sur les robots, et d’autres livres
indépendants. Il a même publié une chronologie de cette Histoire du futur, qui s’étale sur
40.000 ans ! (C’était à la mode dans les années 50, Heinlein a fait de même.) Il est aussi
connu pour ses livres de vulgarisation scientifique. En fait ses livres forment une bibliothèque
à eux seuls. Ils ont l’intérêt d’être accessibles, sont trompeusement simples, et ont parfois mal
vieillis. Il a l’art de mêler des intrigues simples en un jeu complexe : voir le cycle de
Fondation. Un des serpents de mer d’Hollywood est l’adaptation du même « Fondation. »
Voir aussi Gregory Benford et Donald Kingsbury.
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Banks, Iain M.
Ecrivain anglais contemporain. Publie aussi des romans « classiques ». Il est connu pour le
Cycle de la Culture : un univers presque paradisiaque, ou les civilisations suffisamment
avancées rejoignent un conglomérat, appelé « Culture », ou les espèces vivent mélangées et
avec des « drones » (robots autonomes) et des « mentaux » (Intelligences Artificielles souvent
en réseau, en partie responsables de la Culture, une sorte de gouvernement fédéré, à moitié
anarchiste.) Dans cette culture, on vit sur de gigantesques plates-formes artificielles, ou sur
des vaisseaux dirigés par des mentaux pouvant faire des milliers de kilomètres de long. On
peut changer de sexe ou d’apparence, régénérer ses membres ou presque tout son corps, et
surtout il n’y a plus d’argent, plus de luttes de pouvoir. Mais Banks nous dévoile surtout les
civilisations voisines qui ne sont pas encore arrivées à ce stade et qui sont en contact plus ou
moins grand avec la Culture. Et ces mondes sont des empires, des planètes ou la guerre brûle
encore. Romans brillants et passionnants, avec chacun un thème, que l’on voit à travers les
yeux d’individus très peu détachés, comme nous, et dont l’étrangeté ne se rencontre qu’au
détour d’une caractéristique physique ou mentale.
Pour l’instant, cette série se compose actuellement de sept tomes indépendants :
L’homme des jeux (1996 en édition française), L’usage des armes, Une forme de guerre,
Excession, Inversions, Le sens du vent, Trames. D’autres romans existent, hors de cette série.
Barjavel, René
Ecrivain et journaliste français (1911 – 1985.) Auteur de Ravages en 1942, et du Voyageur
imprudent, il est un des précurseurs de la renaissance de la SF française (après l’arrêt brusque
de la 1e guerre mondiale) avant même l’arrivée des romans US d’après 1945. Connu ensuite et
redécouvert dans les années 60, il illustre un courant français qui restera présent, bien que
marginalement, dans la production SF publiée en France, avec, plus tard, Stefan Wul. Cet
auteur aura une influence difficile à jauger mais réelle aussi bien sur les lecteurs que sur les
écrivains français de SF (le deuxième groupe étant dans le premier.)
Baxter, Stephen
Ecrivain anglais né en 1957. Professeur de sciences fasciné par la conquête spatiale, il a
postulé pour aller sur la station spatiale Mir en 1991. Ecrivain de « Hard-SF », il retrace de la
façon la plus crédible possible les voyages qu’il raconte, comme dans Voyage (1996, J’ai lu 2
tomes) et Titan (2000, J’ai lu.) Le premier imagine le premier voyage d’exploration martienne
en 1985-1986 par la NASA (une sorte d’uchronie ou la conquête spatiale ne s’écroule pas
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après le premier voyage sur la Lune en 1969, déception à posteriori pour de nombreux
amateurs de SF). Le second imagine la lutte des scientifiques pour réaliser une expédition sur
Titan, satellite de Saturne, après la découverte en 2004 que cette petite « planète » est
favorable à l’éclosion de la vie. Un roman contre les lourdeurs bureaucratiques !
Evolution (2005), grand succès de l’auteur, est un livre retraçant l’émergence des mammifères
à l’époque de l’extinction des dinosaures.
Bear, Greg
Ecrivain américain, né en 1951. Il est surtout connu pour une trilogie : Eon (1985) Eternité
(1988) Héritage (1995) qui me paraît assez démesurée (la découverte d’un astéroïde
possédant un tunnel qui n’a pas de fin et qui est un monde en soi), et
La reine des anges (1990, Le livre de poche), L’envol de Mars (1993, le livre de poche), 2
romans indépendants qui se passent dans le même futur, différent de la série Eon. Le premier
est une plongée fascinante dans la folie et les religions caribéennes (vaudou, candomblé…), le
deuxième évoque la colonisation de Mars avec une fin inattendue. Les deux privilégient une
approche « psychologique » au plus près des personnages, assez fascinants, et un rapport à la
science assez poussé, avec cultures OGM et IA (intelligences artificielles) très présentes.
Benford, Gregory
Ecrivain américain, né en 1941. Professeur et chercheur spécialiste du plasma au département
de physique à l’université d’Irvine en Californie. Cosmologiste et vulgarisateur en physique,
il est un des continuateurs d’Asimov dans ce double-emploi chercheur/écrivain de SF. Il a
publié un cycle du Centre galactique, contenant 6 tomes dont 5 traduits. A écrit aussi une
trilogie avec David Brin et Greg Bear qui s’insère dans Fondation, et raconte les aventures
d’Hari Seldon, l’inventeur de la Psychohistoire (Fondation en péril, Fondation et chaos, Le
triomphe de Fondation, tous parus en poche en Folio SF.)
Mais son livre le plus abouti est peut-être Au cœur de la comète (1986, qui est dans ma
bibliothèque idéale – épuisé !), écrit avec David Brin.
Bradbury, Ray
Ecrivain américain, né en 1920. Il est connu pour deux de ses livres : Chroniques martiennes,
qualifié d'anticipation dans les années 50, mais les hommes sur Mars et les martiens sont
encore de la SF 50 ans après..., et Farenheit 451, une dystopie (contraire de l'utopie) terrible
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BM Ligugé guide SF 2010
sur les livres, à lire absolument, adapté en film par Truffaut. A écrit aussi des pièces de
théâtre, et des feuilletons radiophoniques.
Brin, David
Ecrivain américain, né en 1950. Professeur de Physique, il est l’auteur de Postman (le
Facteur), qui a inspiré le film éponyme de Kevin Costner (considéré par Brin comme raté.)
Mais il est surtout l’auteur d’une série incroyable de SF : Elevation, dans laquelle l’humanité
qui a plus ou moins accédé à la paix, rencontre dans ses tentatives de colonisation spatiale la
civilisation galactique composée de milliers de races en lutte continuelle, et qui, pour les plus
puissantes d’entre elles, sont des races patronnes qui chaperonnent pendant 100.000 ans
d’autres races jugées prometteuses, quitte à les conditionner ou les modifier génétiquement.
Dans cet environnement dangereux, les humains sont trop peu, et pauvres, et la seule raison
qui les a fait échapper à la tutelle d'une race patronne est qu’ils avaient opéré cette
« élévation » sur 2 races terrestres, qui ont alors accédé à « l’intelligence » : les chimpanzés et
les dauphins.
Les deux points d’approche de ce cycle sont le 2 e tome (le 1er était une forme d’essai) : Marée
Stellaire (J’ai lu, 1983) et Elévation 1 et 2 (J’ai lu, 1987). 5 autres livres sont disponibles qui
forment le cycle de Rédemption, dont les 2 derniers tomes unissent toutes les histoires
antérieures.
Cette série a reçu les prix Hugo et Nebula.
A aussi écrit La jeune fille et les clones (1993) et Au cœur de la comète (1986, qui est dans ma
bibliothèque idéale), avec Gregory Benford, et quelques autres livres et nouvelles.
Brunner, John
Ecrivain anglais (1934 – 1995), connu surtout pour 2 romans publiés le premier en 1968, le
second en 1974, et assez « prémonitoires » par bien des côtés : Tous à Zanzibar et Sur l’onde
de choc. Ou comment décrire la surpopulation et l’envahissement de l’informatique 15 à 20
ans avant que cela n’arrive, avec l’esprit un peu hippie en plus !
Card, Orson Scott
Ecrivain américain, né en 1951, ayant exercé de nombreux métiers. Publié pour l’essentiel
chez L’Atalante et J’ai lu, il a écrit beaucoup de cycles, dont le meilleur et le plus connu est
sans doute le Cycle d’Ender, qui débute par le magistral roman (qui peut se lire seul) La
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BM Ligugé guide SF 2010
stratégie Ender. Les tomes 3 et 4 dénotent -pour moi- un certain essoufflement, mais des
séries parallèles font revivre l’univers initial (comme La stratégie de l’ombre.)
Ces autres cycles sont tout à fait intéressants. Pour mémoire : Les chroniques d’Alvin le
faiseur (histoire d’un jeune homme magicien dans une amérique uchronique entre magie et
des états désunis) et Terre des origines, errances de tout un peuple exilé qui revient sur Terre.
Un auteur captivant qu’on recommande sans problèmes, même s’il est mormon.
Carsac, Francis
Ecrivain français (1919 – 1981), pseudonyme de François Bordes, résistant et préhistorien.
Auteur de Ce monde est notre ; Pour patrie, l’espace et Ceux de nulle part. Son œuvre est en
cours de réédition aux éditions Eons. Ces thèmes de prédilection sont la résistance politique et
la confrontation des terriens colonisateurs avec des peuples « moins avancés », mais
défendant leurs traditions, comme dans Ce monde est notre. Son œuvre commence à être
datée, comme celle des classiques américains de « l’âge d’or. »
Clarke, Arthur C.
Connu pour avoir scénarisé 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick, dont il a tiré un livre et 2
suites (2010, 2049), il vaut mieux le connaître comme auteur de la série « Rama », surtout le
premier tome : Rendez-vous avec Rama, ou le thème du grand vaisseau extraterrestre arrivant
dans notre système solaire (et donc abordé par les hommes) est résolu de façon intéressante. A
travaillé sur les radars pendant la 2e Guerre Mondiale, et avait prédit l’existence des satellites
géostationnaires de télécommunications dés les années 50. Ecrivain de Hard Science « des
débuts », sur l’exploration des planètes proches, avec les techniques imaginées dans les
années 50. Très important et très lu entre les années 50 et 70, a très mal vieilli depuis.
Delany, Samuel R.
Auteur américain, né en 1942 à Harlem (New York), professeur de littérature dans le
Massachusetts, et un des premiers afro-américain à percer dans le genre. Ces récits, souvent
courts, sont remplis de poésie, au point qu’elle en est parfois le fil conducteur : comme dans
La Ballade de Bêta 2 (1965) ou Babel 17 (1966, Prix Nebula), et L’intersection Einstein
(1967, Prix Nebula.) Ces 3 romans sont considérés comme ses meilleurs. Un roman plus
charpenté : Triton (1976), ou le héros est un homme « normal » évoluant dans un futur
instable, est fascinant, sur les évolutions possibles de la sexualité, du théâtre, de la
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BM Ligugé guide SF 2010
colonisation spatiale, mais parfois jugé obscur. Ces écrits reflètent l’évolution et la libération
culturelle et sexuelle américaine des années 60 et 70.
Dick, Philip K.
Auteur longtemps inconnu aux USA, mais rapidement apprécié en France. Ses œuvres les
plus connues sont « La trilogie divine » (composée de Siva, L'Invasion divine et La
Transmigration de Timothy Archer), mais aussi le roman uchonique Le maître du HautChâteau, ou les allemands et les japonais ont gagné la 2e guerre mondiale en 1947 et occupent
les USA, et Ubik. Considéré comme un auteur un peu « barjot » mais très intéressant, voir
capital pour se fans, comme le prouve la suite :
Quelques livres et plusieurs de ses nouvelles ont été adaptées au cinéma : Les androïdes
rêvent-ils de moutons électriques est devenu Blade Runner en 1982. Entre autres nouvelles
deux ont inspiré des films assez connus : Total Recall avec A. Schwarzenegger et Sharon
Stone, en 1990 et Minority Report de Spielberg avec Tom Cruise en 2002. Et d’autres…
Emmanuel Carrère a écrit sa biographie dans les années 80.
Eddings, David
Ecrivain américain (1931 – 2009), auteur essentiellement du Cycle de la Belgariade, cycle
d’Heroic Fantaisy, qui peut avoir mal vieilli.
Egan, Greg
Auteur australien supposé né en 1961. Sa biographie comporte des lacunes, et on ne l’a jamais
vu. Est-il un agglomérat de 2 auteurs qui se cachent derrière ce pseudonyme, ou « eg » est
répété deux fois ? Auteur résolument « hard SF » : physique quantique, mathématiques,
biologie… Une fois acceptés ses postulats de départ, il faut admettre qu’il est actuellement
l’un des auteurs les plus créatifs du genre. Des livres tels que L’énigme de l’Univers, Isolation
ou Téranésie, dans la meilleure tradition de la Hard-SF, prennent une théorie de la physique
de pointe et imaginent ce qu'elle changerait dans un monde relativement proche (début XXIe
s.) Seul inconvénient (pour certains) : avoir un minimum de culture scientifique (qui, je le
rappelle, est le fondement du monde tel que nous le connaissons, jusque dans les objets,
puisque les téléviseurs comme les ordinateurs doivent tout aux avancées théoriques de la
physique quantique.)
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BM Ligugé guide SF 2010
Eschbach, Andreas
Auteur allemand. Un milliard de tapis de cheveux (L’Atalante), son roman le plus réussi selon
moi (qui n’ai pas tout lu) : imaginez un empire qui se libère d’une longue, très longue
dictature. La jeune république redécouvre les limites de cet empire intergalactique,
notamment, un groupe de planètes anciennement conquises, qui fonctionnent en vase clos, ou
la technique a régressé au niveau du Moyen-Age, et ou des tisserands spécialisés choisissent
leurs femmes en fonction de leurs cheveux… Il a aussi écrit un cycle à destination des
adolescents : Les enfants de Mars, (qui sort bien à Ligugé) et d’autres romans comme Jesus
Video (une caméra numérique qui ne devrait être en vente l’année suivante est retrouvée dans
un tombeau de l’époque du Christ…)
Farmer, Philip José
Ecrivain américain surtout connu pour sa saga en 5 tomes: Le monde du Fleuve, dont le 1er
paraît en 1971. Le postulat de départ est simple et surréaliste : tous les humains ayant vécu sur
terre se réveillent tous en même temps, nus, le long d’un gigantesque fleuve… On suit
différents héros (ce postulat a le grand avantage de nous faire croiser l’explorateur Richard
Burton, le Roi Jean sans Terre…), avec une re-création de la technologie par étapes.
Genefort, Laurent
Auteur français, né en 1971. A longtemps écrit au Fleuve Noir, dans les années 90, à une
époque ou il était jugé un des meilleurs espoirs de la SF française, avec des livres comme
Rezo (1993, très « gibsonien », et réécrit plus tard), Arago (1993), La Compagnie des fous
(1995), qui portent encore la marque d’Herbert ou de Sterling, mais restent de bons romans,
surtout le premier. Son cycle autour d’Omale (qui poursuit un peu ses univers précédents,
mais avec une ampleur inattendue) à partir de 2001, le remet en selle, et il a publié récemment
Memoria, aux éditions du Belial, retour sur le monde qu'il avait créé aux Fleuve Noir. A partir
de 2001 se met aussi à l’heroic fantasy avec le cycle d’Alaet, et le cycle très noir des Hordes,
chez Bragelonne, en 3 tomes, assez réussi, sur un monde de type médiéval, avec des nobles au
sommet, ou s’affrontent les hordes, des mercenaires, et ou les démons font petit à petit leur
apparition pour s’implanter et régner.
Gibson, William
Romancier américain, né en 1948, le plus polémique des années 80 puisqu’il a écrit le premier
roman « cyberpunk », devenu un classique : Neuromancien (1984, prix Nebula et Hugo).
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BM Ligugé guide SF 2010
Adepte des trilogies, il a enchaîné avec Comte Zéro et Mona Lisa s’éclate. Sa deuxième
trilogie est plus portée vers le Japon : Lumière virtuelle, Idoru6, et Tomorrow’s Parties. A
écrit la nouvelle qui a servi de base au film Johnny Mnemonic, avec Keanu Reeves, en 1995.
Depuis 2003, ses romans sont plus proches d’une réalité qui a fini, à sa manière, par le
rattraper, mais il la distance autrement : Identification des Schémas (2003) reste un très bon
livre, ainsi que sa suite : Code Source, parue comme le précédent, au Diable Vauvert (aux
couvertures réussies) en 2008.
Heinlein, Robert A.
Ecrivain américain (1907 – 1988) parfois jugé par certains comme militariste, il a été très
marqué par son passage dans l’US Navy, entre 1929 et 1934, qu’il jugea très formateur, mais
a du la quitter à cause de la tuberculose.
Il est l’auteur d’une Histoire du futur (suite d’histoires remises en ordre grâce à une
chronologie faite en partie à posteriori comme pour Asimov, écrite entre 1941 et 1970) dont
les principales œuvres sont Les enfants de Mathusalem, Une porte sur l’été, Révolte sur la
Lune, et En terre étrangère.
Il est aussi l’auteur de Etoiles garde à vous, (titre français) adapté au cinéma par Paul
Verhoven sous le titre Starship Troopers (titre original).
Herbert, Frank
Auteur américain (1920 – 1986) mondialement connu pour Dune, paru en 1963, adapté au
cinéma sous le même titre par David Lynch en 1984.
Cette grande fresque qui se passe sur une planète couverte de sable et ou se trouve la drogue
de longue vie : l’épice, brasse avec intelligence et raffinement des questions politiques,
religieuses, des observations sur tous les aspects de la vie de peuples étranges, mais aussi sur
la géologie, l’écologie de mondes entiers.
Après Dune, est paru Le messie de Dune, Les enfants de Dune, L’Empereur-Dieu de Dune,
Les hérétiques de Dune et La Maison des Mères.
L’ensemble est la plus fascinante, merveilleuse saga qu'il m'ait été donné de lire. On n'en sort
pas indemne, tant les considérations d’Herbert vont loin, en politique, en religion comme en
génétique et écologie. Mais son style peut essouffler le lecteur.
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Roman ou il imagine une chanteuse virtuelle japonaise, idée réalisée au début des années 2000 par ces mêmes
japonais…
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BM Ligugé guide SF 2010
Frank Herbert était un touche-à-tout de génie, passionné de questions écologiques (dés les
années 60…), d’informatique, tour à tour psychologue, journaliste, formateur du premier
équipage de sous-marin atomique Nautilus (il en tirera son premier livre Le dragon sous la
mer (1956), huis clos étouffant ou percent déjà ses problématiques autour de la religion et de
la société), plongeur sous-marin (on retrouvera cet univers dans le cycle intitulé Programme
Conscience.)
Ses livres autres que le cycle de Dune valent aussi d’être lu : Dosadi, Destination Vide (1er
tome du Programme Concience), La Barrière Santaroga (ou le héros est un psychologue des
années 60 qui se retrouve aux prises avec un groupe bizarre de l’ouest des USA)...
Récemment est reparu en Folio SF Preneur d'Ames, un roman qui se passe dans les années 60
ou 70, autour de la problématique des indiens, de leur reconnaissance, de leur culture, mais
aussi du sacrifice et du passage de l'adolescence à la vie d'homme.
Le dernier roman reparu, qui était épuisé, Le cerveau vert, parle des tentatives humaines pour
éradiquer les insectes de la surface de la terre, et des résistances rencontrées. Un livre ou on
retrouve les thèmes chers à Herbert : la fusion de natures antinomiques, donnant, selon ce
qu’on veut voir, des monstres ou des organismes adaptés à une nouvelle réalité (d’où les
questionnements sur la notion d’humanité), l’évolution d’organismes plus ou moins secrets
qui veulent manipuler les humains, et l’adaptation des formes de vie. On le sent très influencé
par le darwinisme et Jung, et c’est un très bon conteur (malgré certaines longueurs
d’exposition parfois, d’après de nombreux lecteurs…)
Kingsbury, Donald
Auteur canadien et mathématicien né en 1929. Il a peu écrit, mais est surtout connu pour un
roman écrit au début des années 80 : Parade Nuptiale. Plus récemment, a écrit une sorte de
suite très, très réussie, pleine d’esprit, d’humour et de dérision de Fondation : Psychohistoire
en péril, en 2 tomes chez Folio SF (réservée aux plus de 14 voire 16 ans, et il faut avoir lu
Fondation, évidemment.)
Le Guin, Ursula K.
Ecrivain américaine née en 1929, fille de l’anthropologue Alfred Kroeber. Son roman le plus
connu est Terremer (ou l’on suit un magicien dans un monde fait d’îles ou la magie remplace
la science), amalgame de trois courts romans lisibles dés l’adolescence, et suivi par Les
Contes de Terremer et Tehanu plus tard. Ce roman a été adapté en Animé par le fils de
Miyasaki.
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BM Ligugé guide SF 2010
Son autre cycle est celui de l’Ekumen (appelé parfois la ligue de tous les mondes ou cycle de
Hain), comprenant Le monde de Rocannon, Planète d’Exil, La cité des illusions, La main
gauche de la nuit (Prix Nebula en 1969 et Hugo en 1970), Le nom du monde est forêt (Prix
Hugo en 1973), Les dépossédés (Prix Nebula en 1974, Prix Hugo et Locus en 1975), Le dit
d’Aka (Prix Locus en 2001.) Dans ce monde, les Hainiens et les humains leurs descendants
essayent d’unir tous les mondes habités (d’où des rencontres culturelles assez frappantes)
contre un ennemi terrible et inconnu qui finit par arriver. On voit l’occupation de la Terre
dans La main gauche de la nuit, et son sauvetage éventuel. A aussi écrit de nombreuses
nouvelles. Auteur de courts romans qui frappent par leur force narrative, en dépit de
« longueurs » (ou de brillants développements, c’est selon), a été adorée par toute une
génération « post-68 ». Ces œuvres gardent leur force mais sont de fait un peu dépassées dans
leur cadre technologique, non par leurs questionnements.
Lehman, Serge
Ecrivain et critique français. Scénariste de Immortel ad vitam d’Enki Bilal. A créé
l’événement dans les années 90 par des romans très efficaces de cyberpunk, arrêtés après le 3 e
tome : F.A.U.S.T. mais qui a des sortes de suites dans Aucune étoile aussi lointaine, et Le
livre des ombres. S’est ensuite tourné vers la Fantasy. Créateur d’une anthologie de la SF
française ancienne, et de l’excellente préface « les enfants de Jules Verne », de l’anthologie
Escales vers le Futur, parue au Fleuve Noir, de nouvelles écrites par de jeunes auteurs
francophones, en 1999 et épuisée. 10 ans après a dirigé le recueil de nouveles Retours sur
l'Horizon. A aussi fait des recherches sur les premiers auteurs français de SF, d'avant 1940, ce
qui l’a amené à écrire le scénario d’une BD en 6 volumes, avec Fabrice Colin, assez
extraordinaire : La Brigade Chimérique (L’atalante).
Lem, Stanislas
Ecrivain polonais, connu surtout pour avoir écrit (entre autres) Solaris, qui a inspiré les films
éponymes d’Andrei Tarkovski en 1972 et Steven Soderbergh en 2002. Ce nom est aussi celui
d’une revue de SF et d’un système d’exploitation d’ordinateur commercialisé par Sun
Microsystems (Java et Openoffice.) Ce roman est un bon exemple de l’influence de la SF sur
notre société.
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BM Ligugé guide SF 2010
Leiber, Fritz
Ecrivain américain (1910 – 1992). Connu surtout pour la création de 2 personnages
inoubliables : Fafhrd et le Souricier gris, dans le Cycle des Epées (7 tomes, Bragelonne), écrit
à partir de 1934, dans le monde de Nehwon (nowhen : littéralement nulle part dans le temps),
dont les aventures picaresques dans un monde étrange ont fondé ce qu’on a appelé le « sword
and sorcery », et inspiré peut-être Michael Moorcock pour son Elric.
Avec des romans de SF, il a marqué aussi par son livre Notre-Dame des Ténèbres (Présence
du Fantastique, 1977.)
Lovecraft, Howard Phillips
Ecrivain américain (1890 – 1937). Un incontournable, refondateur de la littérature d’Horreur
de « Dark fantasy », ou des êtres, des dieux d’avant les hommes attendent tout près, pour les
dévorer. A inventé Cthulu. Ces livres les plus connus sont L’affaire Charles Dexter Ward,
L’appel de Cthulu, La couleur tombée du ciel, Démons et Merveilles. Très marqué par
l’atmosphère de la Nouvelle-Angleterre, il est un des auteurs qui a le plus influencé le genre
de l’horreur et de l’heroic fantasy, voire même l’ensemble des genres, dans le roman, les jeux
de rôle ou le cinéma. Voir l’article très complet sur lui dans Wikipedia en français.
McAuley, Paul
Auteur anglais né en 1955. Auteur prolifique encore peu connu en France. Il s’est essayé à
l’uchronie, avec Les conjurés de Florence, enquête steampunk dans un monde ou Léonard de
Vinci a inventé à lui tout seul la révolution industrielle, et ou Machiavel est devenu journaliste
politique, et les peintres du Quatrocento finissant sont dévalorisés par rapport aux
pyrotechniciens ! On notera son talent, confirmé dans la récente édition de Bragelonne : La
Guerre tranquille, space opéra de grande qualité, avec des réflexions sur la génétique et la
colonisation des satellites des géantes gazeuses qui se rapprochent d’Herbert et de Kim S.
Robinson. Il reste un roman d’une grande originalité, un univers riche et brillant, dont on a
envie de suivre les prolongements.
McCaffrey, Anne
Auteur américaine, née en 1926. Est surtout connue pour son Cycle de Pern. En tout une
vingtaine de romans sur une planète colonisée par les humains et retournée au Moyen-Age,
avec des dragons.
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BM Ligugé guide SF 2010
Meyer, Stephenie
Auteur américaine, connue pour le cycle en 4 tomes de Twilight. Je ne l’ai pas lu. Le fait que
l’on connaisse le titre sous sa forme anglaise est assez symptomatique du rouleaucompresseur que l’entertainment américain est devenu. Parle de vampires qui sont presque
humains, de désirs adolescents et aussi de loups-garous. N’a visiblement pas autant d’humour
que les scénaristes de Buffy contre les vampires.
Mieville, China
Auteur anglais né dans les années 70. Fait partie d’un courant de rénovation de la Fantasy,
plus ancrée dans un certain réalisme punk. A inventé un monde avec une grande ville « La
Nouvelle Crobuzon », siège de corruption et d’intrigues politiques, ou la magie joue un rôle.
A aussi écrit un roman pour ados Lombres, ville parallèle à Londres ou les objets cassés
deviennent des individus. Ou sa brillante inventivité le conduira-t-il ?
Moorcock, Michael
Écrivain anglais très prolifique né en 1939. Le centre de son œuvre est le multihéros. Il a tout
simplement relié entre eux différents héros de 4 (voire 5) cycles écrits dans les années 60, par
certaines histoires, en un seul sauveur/destructeur de l’univers. Son héros le plus connu est
Elric le nécromancien, héritier albinos et faible d’un ancien empire du mal reposant sur
l’alliance avec des démons. Mais on peut aussi citer Hawkmoon, Erekösé, et Corum, les 3
autres avatars. Univers débridé d’héroïc fantaisy, ou la magie et les personnages
mythologiques sont foison, convient bien à l’adolescence exaltée. A écrit plus tard Les
aventures de Jerry Cornelius, agent secret temporel.
Paolini, Christopher
Écrivain américain né en 1983. Connu pour avoir écrit le grand roman à succès, avec des
dragons et des héritiers : Eragon, et sa suite : L’Aîné, publiés chez Bayard en 2004 et 2006. A
grandi sans télévision ni internet (père éditeur), dans les montagnes californiennes. Un 3 e
tome est sorti début 2009 : Brisingr.
Pelot, Pierre
Écrivain français né en 1945 dans les Vosges, très prolifique (plus de 200 titres.) Sous les
pseudonymes de Pierre Suragne, ou Carbonari – son vrai nom est Grosdemange- il a aussi
écrit du fantastique et des romans policiers. Il a commencé dans le western en 1965, après un
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BM Ligugé guide SF 2010
bref passage dans la BD et a écrit l’été en pente douce, qui sera adapté au cinéma. Ses titres
les plus connus dans le genre qui nous concerne sont Delirium Circus ou La guerre
olympique, et le cycle des Hommes sans futur. Surtout connu pour son rôle de « passeur »
entre les anciennes générations des années 50 et les nouvelles des années 90. Il a beaucoup
écrit sur la SF.
Robinson, Kim Stanley
Écrivain américain né en 1952. Est connu pour avoir publié entre 1992 et 1996, aux USA, une
trilogie qui est considérée comme l’égale de Dune ou Fondation : ce qu’on a appelé la
« Trilogie martienne » :
Mars la rouge
Prix Nebula 1993
Mars la verte
Prix Hugo et Locus 1994
Mars la bleue
Prix Hugo et Locus 1997
Le point de départ est la colonisation de Mars en 2029 par un groupe international de 100
savants et techniciens, et s’achève 200 ans plus tard, des morts, 2 révolutions, mais aussi bien
des découvertes et des transformations plus tard. L’auteur a réussi un panel de héros
éblouissants, tantôt dans des positions de pouvoir, tantôt résistants clandestins, et peint aussi
leurs descendants, les problèmes de transformation de Mars en planète habitable, les conflits
entre les Verts (ceux qui veulent terraformer Mars) et les Rouges (qui veulent laisser la
planète la plus proche possible d’avant leur arrivée), les découvertes scientifiques, et surtout
les paysages de Mars, sa mythologie qui se crée, qui font de ce monde un personnage à part
entière. Roman fleuve fascinant et incroyable.
Rosny Aîné
Auteur français (1856 – 1940), connu surtout pour un livre adapté au cinéma : La guerre du
feu. Le prix Rosny Aîné est un des plus prestigieux de la SF française.
Il a aussi écrit La mort de la Terre, récit d’une terre détruite par la pollution et la
surexploitation, publié en 1910.
Sadoul, Jacques
Auteur et critique français, né en 1934. A beaucoup écrit sur le genre et le cinéma de SF dans
les années 50 à 80, comme préfacier et éditeur d’anthologies. Aussi écrivain de polars.
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BM Ligugé guide SF 2010
Silverberg, Robert
Auteur américain, qui a commencé ses activités dans les années 60, toujours actif, fait figure
de patriarche. A écrit : le cycle de Majipoor, L’homme transformé. Coordonne des
anthologies, comme 3001, pour montrer le renouvellement de la SF et de ses thèmes depuis
20 ans.
Smith, Cordwainer
Écrivain américain (vrai nom : Paul M.A. Linebarger, 1913 – 1966) connu exclusivement
pour un cycle fascinant : Les seigneurs de l’instrumentalité, réédité en 5 tomes en Folio SF.
Datant des années 60, ce cycle, essentiellement composé de nouvelles, évoque une vaste
histoire de l’humanité, avec des scènes à la limite de la fantasy, ou se croisent des ours qui
parlent, des êtres serviteurs des humains mi-hommes mi-animaux, ou apparaît une nouvelle
messie sous la forme d’une jeune fille-chien, et des moutons australiens qui ont des parasites
qui produisent le stroon, la drogue d’immortalité… Un ensemble fascinant qui emporte le
lecteur. Sa jeunesse en Chine, comme fils de diplomate, a influencé son style narratif, ce qui
contribue à son étrangeté.
Spinrad, Norman
Écrivain américain « réfugié » en France. Il est connu surtout pour Jack Baron et l’éternité,
mais aussi pour Le Printemps russe. Le premier est un pamphlet assez baroque, marqué par la
contre-culture des années 60, sur le pouvoir : pouvoir des images, de l’argent, de la
technologie poussée dans l’horrible, sur l’immortalité, sur la tentation… Toujours intéressant.
Stephenson, Neal
Ecrivain américain, faisant partie de la vague Cyberpunk. Son grand succès est une trilogie :
Cryptonomicon (existe en poche - titre en hommage, sans doute, au Necronomicon de
Lovecraft), dans un monde très peu différent du notre, qui se joue en parallèle entre des
groupes de personnages vivant de nos jours et pendant la 2e Guerre Mondiale, tournant autour
de la cryptograhie, les ordinateurs et un mystérieux trésor (mais aussi la religion, le pacifique,
et la sexualité des jeunes geeks américains…) Très drôle, cette fresque permet de brasser des
thèmes variés sans ennui, avec des rebondissements entre un film de guerre, Bill Gates et
Wall Street.
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BM Ligugé guide SF 2010
Sterling, Bruce
Auteur et journaliste américain contemporain. Il est connu pour être un des leaders et
créateurs du mouvement Cyberpunk, avec l’anthologie « fondatrice » qu’il présente : Mozart
en verres miroirs. Il est surtout l’écrivain qui a donné aux années 80 deux de ses plus brillants
romans de SF :
- La Schismatrice (L’humanité technicisée, chassée de la Terre, peuple
le système solaire de gigantesques stations orbitales, divisée dans une nouvelle guerre froide
entre les tenants de l'évolution par la technologie et ceux de la manipulation génétique. Le
héros, Abélard Lindsay, jeune aristocrate, doit apprendre à survivre. Mais l'homme évolue, et
commence à se scinder en espèces nouvelles sous les yeux des extraterrestres enfin arrivés, il
rêve d’un projet grandiose, la terraformation des mondes...)
- Les mailles du réseau (2020 : Multinationales toutes-puissantes,
complots terroristes, réseaux informatiques, réveil du tiers-monde, ingénierie génétique,
retour en force de l'irrationnel, sida, torture, intox, chantage atomique... Toute ressemblance
avec la Terre que vous connaissez n'est pas une pure coïncidence. Citoyenne de ce monde
dément, Laura Webster a su s'adapter, trouver l'équilibre entre réalité et virtuel. Mais quand
elle se retrouve impliquée malgré elle dans le meurtre du représentant d'un État-pirate, une
course contre la mort s'engage pour échapper aux mailles du réseau. – 4e de couverture ou
avis Fnac)
A aussi écrit avec William Gibson La machine à différences, incroyable roman
steampunk qui évoque des ordinateurs mécaniques au temps de Napoléon III (issus d’un et
si… lié à l’histoire de Babbage et d’Ada la fille mathématicienne du poète Byron – qui ont
existé.)
Stoker, Bram
Auteur immortel, anglo-irlandais (1847 – 1912) de Dracula (1897.) Un des premiers romans
de littérature fantastique, ou un des derniers du gothique, selon qu’on le place comme héritier
ou initiateur d’un genre.
Stolze, Pierre
Écrivain et chroniqueur français, né en 1952. Appelé aussi « Doc » Stolze par le Magazine
Bifrost, ou il anime une chronique régulière.
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Sturgeon, Theodore
Écrivain américain de « l’âge d’or. » (1918 – 1985). Cristal qui songe et Les plus qu’humains
sont ses œuvres les plus connues.
Van Vogt, A. E.
Auteur américain (1912 – 2000), connu pour deux cycles, maintenant vieillis : le cycle des Ā
(livre de vulgarisateur de Korzybski pour lequel la carte n’est pas le territoire) et les
Armureries d’Isher (aussi appelé cycle des marchands d’armes) tous deux en trois volumes
(les cvolumes 2 et 3 de chaque série dérivés tardifs du 1er tome écrit dans les années 40). Le
cycle des Ā a été traduit en français par Boris Vian dans les années 40 et a contribué à
relancer la SF en France.
Vance, Jack
Ecrivain américain, né en 1916, qu’on a comparé à Melville par son sens de l’aventure. Ses
premières nouvelles sont publiées dés 1945, et il écrivait encore en 2004. Ses courts livres
rythmés et vivants fonctionnent surtout par cycles aux noms de planêtes en général :
Les chroniques de Durdane, Le Cycle d’Alastor, Le Cycle de Cadwal, Le Cycle de Tschaï, et
pour moi le meilleur : La Geste des Princes-démons.
Varley, John
Ecrivain américain né en 1947. Connu surtout pour son roman Le canal Ophite, mais sa
production est abondante. A 20 ans pendant le Summer of Love californien.
Verne, Jules
Ecrivain français (1828 – 1905), maintenant plutôt destiné aux enfants, mais qui garde toute
sa force, comme l’ont montré les écrivains cyberpunk (voire dans courants), même si leur
source d’inspiration était plus HG Wells. Il a laissé une œuvre pléthorique, et dans divers
genres. Sa contribution à la future SF se voit surtout dans De la Terre à la Lune (1865), Vingt
mille lieues sous les mers (1869), Autour de la Lune (1869), L’île mystérieuse (1872) et
d’autres textes moins connus.
Weber, David
Auteur américain. Il est l’auteur de la série Honor Harrington, publiée en France par
L’Atalante, depuis 1999, et par J’ai lu en poche, depuis 2006. A ce jour, L’Atalante a publié
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12 tomes de sa série, qui en compte 15 en anglais, les tomes 6 à 12 étant en 2 volumes (soit un
total de 18 livres !) qui commence par Mission Basilic.
L’héroïne, Honor Harrington, est officier dans la flotte spatiale de Manticore, un royaume
ayant Elisabeth III (!) comme reine, et possédant une noblesse, un seul système stellaire pour
trois planètes habitables, chose unique dans l’espace habité, et une économie florissante. Mais
cet état a un ennemi : la République Populaire de Havre, dont la capitale, La Nouvelle-Paris,
est le siège d’un empire de bureaucrates héréditaires, et expansionnistes…
On le voit, Weber s’est amusé à retranscrire à la fois le conflit entre l’Angleterre et la France
révolutionnaire puis impériale et entre les USA et l’URSS. Mais ces inventions, et sa
narration, sont bien menées. On se laisse prendre à cet univers où domine l’esprit militaire et
les batailles spatiales, mais ou émergent aussi des considérations culturelles, politiques et
stratégiques au fur et à mesure qu’Honor Harrington prend du galon et le conflit de l’ampleur.
Cela fait un peu « Mon héroïne sauve le monde », mais partant de là, l’univers entier ainsi
brossé est séduisant, si l’on aime les batailles spatiales et les digressions politiques vues des
USA (même si cela devient assez drôle parfois.)
Wells, H. G.
Ecrivain anglais (1866 – 1946), connu pour ses romans de science-fiction « avant l’heure » :
La machine à explorer le temps, L’île du docteur Moreau, L’homme invisible, La guerre des
mondes, tous écrits entre 1895 et 1898, d’autres œuvres ont suivi, moins connues. Il reste un
grand inspirateur des œuvres de SF, et ces œuvres ont été beaucoup adaptées au cinéma, voire
plagiées ou copiées ou déclinées par d’autres auteurs.
Werber, Bernard
Ecrivain français, ancien journaliste scientifique. S’est fait connaître par Les Fourmis. Auteur
très prolifique, adoré par les médias, débordant d’idées, et parfois contesté. Se veut lui-même
plus un brasseur d’idées qu’un réel auteur de SF. Illustre bien les frontières de plus en plus
poreuses du genre.
Wolfe, Gene
Écrivain américain de « l’âge d’or. » Même si sa production romanesque est intéressante, il
est surtout un animateur de revues, un éditeur passionné, un critique incessant du genre.
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Wul, Stefan
Écrivain français (1922 – 2003), un des pionniers de la SF après guerre, a écrit beaucoup pour
les enfants. Ses titres les plus connus restent Niourk (ou un jeune enfant, dans une terre
revenue aux âges glaciaires, redécouvre la civilisation en partant de l’âge de pierre), et Oms
en série, qui a inspiré le dessin animé La planète sauvage de René Laloux et Roland Topor,
en 1973. Ces deux romans datent de 1957. Il fut très productif entre 1956 et 1959, puis
s’arrêta pour ne livrer qu’un dernier et admirable roman, Noô, en 1977, daté lui aussi, mais
rempli de poésie et de couleurs, un « roman ethnologique » racontant les aventures d’un très
jeune terrien embarqué dans un vaisseau qui, des années plus tard, lui ouvre un autre monde.
Zimmer Bradley , Marion
Auteur américaine très prolifique, entre Heroic Fantasy et SF. Avec Ursula K. Le Guin, une
des premières auteurs femmes, voire « féministes » de la SF.
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Ma bibliothèque idéale :
10 livres seulement si vous voulez constituer un fonds de base, 10 choix pour 100
déchirements :
- La Schismatrice + de Bruce Sterling, 1986, publié en Folio SF. La vie d’Abelard Lindsay
sur 2 siècles, à travers une guerre froide et une rencontre avec les extraterrestres, dans un
système solaire colonisé par l’homme, mais dont la Terre est isolée et a régressé, sous le coup
d’un catastrophe écologique, et ou l’humanité évolue en clades, jusqu’à ne plus se
reconnaître. Décoiffant, formidable, époustouflant. Problème : épuisé pour l’instant, guettez la
réimpression !
- Dune tome 1 et 2 de Frank Herbert, le début d’une série incontournable, qui a eu tous les
prix et la faveur du public, mais qui peut se lire seul, paru en 1965, publié en Pocket.
- Les langages de Pao de Jack Vance, 1958, publié chez Folio SF. Petit livre traitant, sur
fonds de manipulation d’un peuple par un « tyran » fou, du pouvoir de la langue.
- Au cœur de la comète de Gregory Benford et David Brin, chez J’ai lu. Livre assez génial
écrit pour le passage de la comète de Haley en 1986, et qui brasse intelligemment la politique,
le racisme, la religion, mais aussi la vie extraterrestre, le clonage, l’intelligence artificielle, le
voyage dans l’espace, et les mutants ! Tout cela à travers l’histoire de quelques personnes
parmi un groupe d’astronautes « échoués » et isolés sur la comète, vivant, tient en haleine,
bref, indispensable.
- Le seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien (3 tomes chez plusieurs éditeurs). Mieux vaut le
lire jeune, mais alors quel rêve ! N’avait pas besoin d’être adapté en film pour être un succès,
mais le livre a bien été relancé, et donc même les jeunes le connaissent, et en plus c’est assez
moral ! Il existe d’autres livres du même auteur, mais ce sont souvent des brouillons réécrits
et réarrangés par son fils, à ne mettre que dans les mains de fans, sauf son premier livre,
accessible à partir de 10 ans : Bilbo le Hobbit.
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- Le maître du Haut-Château de Philip K. Dick. Il faut au moins un livre de ce grand auteur,
et celui-ci est un des plus réussis, ou comment s’en sortir quand on est juif dans une
Californie des années 60 occupée par le Japon, ou le Yi-king domine la vie publique, l’est des
USA étant sous domination allemande, les deux ayant gagné la guerre en 1947, et qu’un
auteur (le maître du haut-château) a sorti un livre imaginant la victoire des alliés en 1945 !
Epoustouflant.
- L’homme des Jeux, de Iain M. Banks. Premier roman de la série Culture,
- Des milliards de tapis de cheveux, d’Andreas Eschbach. Auteur allemand assez prolifique.
Récit terrible d’un empire finissant ayant condamné d’anciennes provinces vaincues à un seul
objectif, et qui continue à tourner sans arrêts : produire des tapis de cheveux. Toute une
économie s’est développée, sur plusieurs mondes, mais pourquoi ?
- Neuromancien (Neuromancer), de William Gibson. Roman publié en 1984 et inaugurant la
vague Cyberpunk. Son écriture nerveuse, sa bande-son et ses références rock, le lien avec le
réseau informatique en ont fait un roman emblématique de sa génération. Le titre est un
hommage à un roman de Gordon Dickson, épuisé en France : Nécromant (nécromancer).
- Terremer, d’Ursula Le Guin. Fille du grand anthropologue Alfred Kroeber, Ursula Le Guin
nous emmène sur un monde d’archipels ou la magie remplace la science. On suit, à travers
trois courts romans réunis ici, l’évolution d’un héros magicien à travers ce monde, de
l’adolescence à la vieillesse, de l’apogée de la magie à sa décadence, avec toujours, que ce
soit d’abord le héros, ensuite une jeune fille qu’il rencontre, puis un jeune homme qu’il doive
diriger, un adolescent qui mène le récit.
Et quelques titres pour les pré-ados – ados (8 à 14 ans) :
-
Bilbo le hobbit de J.R.R. Tolkien.
-
Niourk, de Stefan Wul.
-
Les Chroniques de Narnia, de C.S. Lewis, 7 tomes en poche.
-
La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero, en 3 tomes chez Rageot (pour ados.)
-
Le destin de Linus Hoppe d’Anne-Laure Bondoux, Bayard Jeunesse, 2001.
-
Farenheit 451 de Ray Bradbury.
-
Les Ch’tis hommes libres, de Terry Pratchett.
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Il existe aussi une bibliographie pour le niveau collège réalisée par le CRDP de Grenoble,
consultable ici.
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