Ce travail porte sur une planche de la BD Persepolis et le passage

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Ce travail porte sur une planche de la BD Persepolis et le passage
Français
HDA brevet 3e4
Ce travail porte sur une planche de la BD Persepolis et le passage
correspondant dans le film. Il a été conçu sur une seule fiche mais les élèves
ont toute légitimité à choisir la présentation du film ou de la BD dans le cadre
de leur oral.
HDA brevet 3e4
Français
Les représentations de soi à travers une bande dessinée et un film d’animation : Persepolis
Arts, Etats et pouvoir
Arts du visuel
XXIe siècle
Le film d’animation part de dessins,
lui aussi, mais en nombre beaucoup
plus important (24 images par
seconde), de façon à recréer
l’impression du mouvement.
Cadrage :
Champ : ce que la caméra fait voir
Hors-champ : ce qui est là mais
qu’on ne voit pas à l’écran.
Termes de montage :
Cut : façon de passer d’un plan à un
autre en coupe nette.
Fondu : manière de passer
progressivement d’un plan à un
autre.
Dans les deux cas, l’histoire est
racontée en images. Le graphisme y
est essentiel. C’est lui qui définit le
style. Marjane Satrapi qualifie le sien
de « réalisme stylisé ».
Présenter l’artiste
Une bande dessinée est constituée
d’une succession de vignettes (ou
cases) sur une page qu’on appelle
planche. Le texte apparaît dans les
bulles (ou phylactères) et dans les
cartouches. Il fait partie intégrante
du dessin.
Présenter le contexte
VOCABULAIRE
Présenter l’œuvre
Étape 1 : Présentation générale de l’œuvre
Marjane Satrapi publie de 2000 à 2003 une bande
dessinée intitulée, Persepolis. Elle y raconte la fin de
son enfance et son adolescence, sur fond de
révolution islamique en Iran. Cette bande dessinée
autobiographique, en noir et blanc, rencontre un
grand succès, dès la parution du premier tome, en
2000.
En 2007, elle en réalise une adaptation
cinématographique avec Vincent Paronnaud. C’est un
long métrage d’animation, en noir et blanc, qui est
récompensé au Festival de Cannes.
Marjane Satrapi naît en 1969 à Téhéran, en Iran, dans
une famille aisée et cultivée. En 1979, s’installe dans
son pays un régime islamique qui impose de
nombreuses restrictions de libertés. Ses parents
veulent lui permettre de suivre librement ses études
et l’envoient en Europe. Elle vit d’abord en Autriche,
puis revient en Iran pour étudier. Par opposition au
régime, elle rejoint la France où elle termine ses
études et réside encore actuellement.
En 1979, à la suite d’une révolution, l’Iran devient une
république islamique. C’est une période de terreur :
censure, privation des libertés individuelles, torture,
peine capitale. Après l’invasion du pays par l’Irak, en
1980, l’Iran connaît une guerre de 10 ans.
Parallèlement, son hostilité aux Etats-Unis et à
l’Occident s’intensifie : elle se manifeste, par exemple,
par l’interdiction de la musique occidentale, comme
on le voit dans les 2 supports choisis, BD et film.
La planche de BD et l’extrait du film évoquent une
scène qui se déroule à Téhéran en 1982.
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Étape 2 : Description détaillée de l’œuvre
Description technique :
Planche : extrait du tome 2, chapitre intitulé « Kim Wilde ». La BD a été publiée en 4 tomes distincts, en
noir et blanc (éditeur : L’Association).
Extrait du film, de 27.19 à 28.47. Film d’animation en noir et blanc et en couleur.
+ photogrammes (= photos du film)
Situation de l’extrait : Marji vient d’acheter des cassettes de musique américaine, vendues sous le
manteau, lorsqu’elle est interpellée par des « gardiennes de la révolution » ; elles lui reprochent sa tenue
et veulent la conduire au « comité », le commissariat des gardiens de la révolution. C’est un moment de
forte tension, où il y a un gros risque pour Marji.
 La bande dessinée
Comment l’artiste dessine ce moment de peur ?
Vignettes 1 à 4 : de façon concise, en 4 vignettes, dénouement de l’incident. Marji s’invente une bellemère, très féroce, pour échapper à la sanction.
Forte opposition entre les gardiennes qui ont tout pouvoir et l’ado, en faute à cause de son look trop
occidental, et de l’achat d’une cassette de musique interdite. Le pouvoir est représenté par la silhouette
de gauche, statique, cadrée de la même façon d’une case à l’autre, vue de profil. Elle est tout en noir,
enveloppée dans son tchador ; ses traits sont sévères.
Opposition avec Marji dont le cadrage et l’expression changent d’une vignette à l’autre : elle est plus
petite, vue de ¾, recroquevillée par la peur. Elle se décompose. Le cadrage de plus en plus serré permet
de rendre visible la montée progressive de son angoisse : ce sont d’abord les sourcils et la bouche qui
marquent l’inquiétude (vignettes 1 et 2) ; puis les yeux tombent, une larme s’écoule et la bouche devient
béante (vignette 3) ; enfin, les yeux apparaissent déformés, le visage ravagé par les larmes et la bouche
géante comme un grand trou noir (vignette 4).
Vignettes 5 à 7 : retour à la maison.
Vignette 5 : bref dialogue avec sa mère qu’on voit penchée vers elle, protectrice.
Vignette 6 : gros plan sur un élément important dans la vie de l’adolescente, le magnétophone.
Vignette 7 : le défoulement sur la musique poussée à fond (typographie et bulles en dents de scie).
– Les éléments typographiques renforcent la montée de la peur : dans la vignette 3, le trait de la bulle
prend la forme d’un éclair ; à la case suivante, les signes d’agressivité se multiplient : taille et graisse des
caractères, traits en dents de scie.
– Choix du noir et blanc + aplats d’encre (= pas d’ombres, pas de dégradés).
– Dans la rue ou à l’intérieur, décor absent.
– Représentation des personnages sommaire (pas de souci de ressemblance physique).
La narratrice dénonce la violence subie au quotidien lorsqu’un régime autoritaire porte atteinte aux
libertés individuelles. Marji est obligée de dissimuler ce qu’elle est et ce qu’elle aime lorsqu’elle est dans
la rue, sous le regard des autres. Elle ne peut être elle-même qu’enfermée dans sa chambre.
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 Le film d’animation
Extrait composé de 3 scènes.
1. Reprise des mêmes dialogues dans la bouche de Marji.
– Deux camps en opposition, filmées tour à tour :
Marji suppliante, tenue par 2 mains puis enserrée par une main à droite et une main à gauche, des mains
qui ont la force de symboles d’interdiction et de surveillance policière.
Elle essaie d’apitoyer les 2 gardiennes par des paroles enfantines qui font penser au conte de fée (bellemère, marâtre…).
Elle parle sur fond noir. La caméra fait ensuite un travelling vertical : on voit que le fond était constitué
par le tchador des 2 femmes  l’ado est entièrement sous la coupe de ces 2 femmes.
Elles sont filmées en contre-plongée. Cette prise de vue accentue leur pouvoir, leur monstruosité. Elles
ne répondent rien.
– Musique classique qui accompagne la peur (instruments à cordes). Elle se termine sur des sons faux
comme un disque rayé. Ces sons montrent qu’on ne sait pas si les paroles de Marji ont été perçues
comme un discours vrai ou pas.
– Rupture d’ambiance comme dans un dessin animé, avec des sons guillerets quand Marji se sent
soulagée, seule dans la rue.
– En arrière-plan, dessin d’immeubles avec une palette de gris plus riche que sur la BD.
2. Montage en coupe franche (= cut) : retour dans l’appartement familial.
Pas d’échange avec la mère qui entrouvre la porte de la chambre.
Même gros plan sur la main qui introduit la cassette dans le lecteur et même esprit de révolte chez
l’adolescente. Raquette de tennis sert de guitare électrique et musique chantée en play-back servent de
défouloir à l’adolescente.
3. Rapide fondu au noir pour passer progressivement à une scène de guerre entre l’Iran et l’Irak.
Quel est le lien entre la scène de défoulement de Marji dans sa chambre et cette scène de guerre ?
 La violence : d’un côté, la rage que font naître les interdits et brimades sur Marji ; de l’autre, l’attaque
des Irakiens contraint les Iraniens à une riposte et déclenche le cycle infernal de la guerre.
Le ciel est tout noir. Dessins de canons. Ensuite des obus explosent. Aucune trace de vie humaine.
Bande-son : à la musique de Marji se superpose le bruit assourdissant de détonations. Alors que défilent
ces images de guerre, on entend la voix off d’un journaliste annonçant les pertes subies et célébrant le
courage des martyrs.
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 Comparaison entre la BD et le film
Dans l’adaptation cinématographique, on retrouve beaucoup d’éléments de dialogues, souvent à
l’identique mais rythme plus rapide, soutenu par la musique
+ passage d’un incident de la vie quotidienne à l’arrière-plan historique, un pays en guerre  parallèle
entre l’état d’esprit de Marji, en révolte et le pays en guerre.
Dans le film, les réalisateurs du film ne se contentent pas de mettre en mouvement les cases de la bande
dessinée. Ils prolongent le récit et ajoutent des données sur la vie du pays.
Deux langages très proches, tout aussi efficaces. Ces deux langages artistiques servent l’un et l’autre la
représentation de soi-même.
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Étape 3 : Analyse de l’oeuvre
Constitue
l’étape la plus
personnelle de
votre
présentation
Expliquer le sens de
l’œuvre
1
Marjane Satrapi raconte son adolescence avec des moyens
simples, avec un trait de dessin simplifié, très stylisé. Ainsi,
d’autres adolescents peuvent se reconnaître en elle parce
qu’ils ont eux aussi envie de s’affirmer dans leurs choix
vestimentaires ou dans leurs goûts musicaux et qu’ils ont du
mal à accepter les interdits que font peser sur eux les adultes.
De même, lorsqu’elle montre son pays ravagé par la guerre,
c’est pour dénoncer les horreurs de celle-ci, ici comme
ailleurs.
3 Le film d’animation reprend le même langage graphique
mais s’enrichit du mouvement et de la bande-son.
Les deux formes artistiques atteignent leur but : parler à tout
le monde, en parlant de soi. Chacun peut trouver dans
l’histoire de Marjane des échos à sa propre histoire. On passe
ainsi du particulier à l’universel, de soi-même à tous.
Exprimer ses émotions et
donner son avis
Œuvres liées, références, renvois, liens, etc…
Influences visuelles de Marjane Satrapi :
Œuvres liées
– Œuvre autobiographique sur l’Holocauste : Maus de Spiegelman (1978-1991)
– La Chambre à Arles de Van Gogh (1888)