EXTRAIT DE « BELLADONNA» UN ROMAN POLICIER METTANT

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EXTRAIT DE « BELLADONNA» UN ROMAN POLICIER METTANT
EXTRAIT DE « BELLADONNA»
UN ROMAN POLICIER METTANT EN SCÈNE LA CAPITAINE DE POLICE
JANE BOUGAINVILLE
- Bienvenue au purgatoire, antichambre du paradis, déclara le gardien de la paix qui venait
d'escorter le lieutenant de police Louis Ramemange dans son nouveau service.
- Dans le meilleur des cas, tempéra la capitaine Jane Bougainville.
Un véritable accueil de mère maquerelle, avait songé Louis en détaillant la plastique
avantageuse de sa supérieure. Un tour au paradis en sa compagnie ? Il signait sur le champ. Tout en
ne perdant pas de vue sa priorité : se tenir à carreau. "Profil bas" avait déclaré l'adjointe aux
ressources humaines en lui signifiant sa mutation à Paris. Une brune piquante et pimpante dont il
aurait pareillement visité l'Eden. Stationner sur une voie de garage plutôt que d'être éjecté de la
police nationale, Louis ne s'en sortait pas trop mal. Il avait fauté, c'était une réalité indéniable. La
référence théologique utilisée par Bougainville s'imposait, même s'il doutait que sa nouvelle chef
soit au courant de sa faute originelle. Tout ce dont elle était informée, c'était que son arme de
service lui avait été retirée pour une période indéterminée.
Bref salut de tête, sans échange de poignées de main ou cordialité exagérée. La capitaine de
police Bougainville était précédée de sa réputation de glaçon. D'ailleurs le bâtiment était surnommé
« Les Frigos », du nom d'une rue voisine. Et parce qu'on y mettait au frais les policiers en disgrâce
plus ou moins momentanée.
Louis Ramemange s'avança vers le centre de la pièce ; il n'était pas d'un naturel frileux mais
il sentit un déplaisant courant d'air venir s'enrouler autour de ses hanches. Un réflexe lui fit serrer sa
veste de velours au plus près de son corps.
- Ici aucune inquiétude à avoir sur les prévisions de réchauffement climatique, nous
resterons toujours au frais, annonça Bougainville. Et en cas de conflit nucléaire, il suffit d'actionner
la porte étanche, précisa-t-elle en désignant les deux lourds battants qui encadraient l'entrée. Notre
survie est assurée.
- Tout comme la perpétuation de l'espèce, nous sommes assez pour nous reproduire dans des
conditions optimales de brassage génétique, grinça l'homme assis à l'un des bureaux.
- Je prends le risque de sa disparition, répliqua sèchement Bougainville. Je te présente le
brigadier Boris Perovsky.
Un corps compact, tout en muscle. Des pectoraux et des biceps puissants qui évoquaient le
travail en salle et les compléments alimentaires. Et la compensation du manque de hauteur par
l'épaisseur, songea, peu amène, Ramemange. Il contempla le tatouage qui s'évadait de la manche du
tee-shirt du brigadier et finit par tendre la main à son futur collègue. Boris la serra sans décoller les
fesses de son siège. Poigne ferme, regard plutôt conciliant, Louis s'en voulut de son jugement à
l'emporte-pièce, un défaut récurrent. Entre maints autres.
- Alors c'est toi le Bleu ? marmonna le brigadier.
- Installe-toi, enchaîna la capitaine, comme si elle craignait que Louis n'ait pas saisi qui
commandait la section.
Ramemange chercha à quel poste de travail cet impératif correspondait. Des planches
montées sur tréteaux supportaient une série d'ordinateurs dont certains relevaient plus du Musée de
l'Informatique que d'une section criminelle. Il opta pour un bureau vide, en dehors de bacs en
plastique servant à empiler des documents et de quelques feuilles libres, qui semblaient avoir été
abandonnées là par un collaborateur pressé.
Copyright JANE BOUGAINVILLE - 2015

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