L`Ecole Tenshin Shoden Katori Shintô Ryu et l`histoire du

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L`Ecole Tenshin Shoden Katori Shintô Ryu et l`histoire du
L’Ecole Tenshin Shoden Katori Shintô Ryu
et l’histoire du Japon
Vers la fin du 14ème siècle, naquit dans la ville de TAKOMACHI, dans l’actuelle
préfecture de CHIBA, un samouraï qui mourra 102 ans plus tard, léguant au Japon l’une des
plus anciennes écoles d’arts martiaux. Il vivra à cheval sur deux siècles parmi les temps les
plus troublés de l’histoire de son pays : guerres incessantes, misère, famines...
Fin de la période Kamakura
Le premier tiers du 14ème siècle verra la fin du régime instauré en 1185 par le Shogun
Minamoto Yoritomo, après sa victoire sur les Taira.
Après avoir résisté à quelques difficultés intérieures, et à deux tentatives d’invasion des
Mongols de Kubilaï Khan en 1274 et 1281, le régime s’effondre à l’occasion de la révolte
d’un empereur, Go-Daïgo, qui rêve de rétablir la suprématie du trône. Il a des idées de
réformes, et compte bien les mettre en oeuvre.
Le Bakufu (gouvernement du Shogun : BAKU = de la tente, FU = gouvernement)
envoie contre lui une armée. Il doit s’enfuir de Kyoto, mais est fait prisonnier et est exilé sur
l’île d’Oki. Son fils Morinaga, ayant levé une armée, l’empereur le rejoint. Un des généraux
du Bakufu envoyé contre lui, Ashikaga Talkanji, épouse sa cause et écrase les armée du
Bakufu, mettant fin au gouvernement du Shogun et de ses régents Hojo.
Restauration de « Kemmu » (1334-1336)
L’empereur Go-Daïgo constitue un gouvernement et essaie de mettre en oeuvre ses
réformes, mais il est incapable de résoudre les problèmes pratiques, et le pays sombre dans
l’anarchie. Le gouvernement est corrompu. Les nobles de Cour méprisent les guerriers qui
n’obtiennent pas toutes les récompenses promises pour leur aide à la cause de l’empereur. Le
Cour se méfie de Ashikaga Talkanji, dont la puissance militaire se renforce, notamment à
Kamakura. Sommé par l’empereur de rentrer à Kyoto, il n’obéit pas.
Commence alors une longue guerre entre les armées du Tenno (l’empereur) et celles
des Ashikaga. En 1337, Go-Daïgo doit s’enfuir à Yoshino, où il constitue une Cour (la Cour
du Sud) qui luttera avec des fortunes diverses pendant 60 ans contre les Ashikaga.
La période Ashikaga (ou Muromachi) 1336-1568
En 1338, Ashikaga Talkanji prend le titre de Shogun [ou SEI I TAÏ SHOGUN =
généralissime (taï shogun) chargé de soumettre (sei) les ennemis (i)]. Un empereur est
intronisé à Kyoto (Cour du Nord).
De 1352 à 1355, la guerre oppose le Shogun au successeur de Go-Daïgo (Cour du
Sud). Kyoto est prise et reprise par les uns et les autres jusqu’à destruction presque complète à
la victoire de Talkanji.
De 1355 à 1358, Talkanji renforce la position du Bakufu. Son fils Yoshiakira, Shogun
à sa mort en 1358, continue la lutte contre la Cour du Sud, mais a beaucoup de mal à
conserver l’unité de ses généraux et de son gouvernement. C’est son successeur, Ashikaga
Yoshimitsu qui, en réconciliant les deux branches de la famille impériale en 1392, mettra fin
aux guerres entre Empereur et Shogun, en affirmant son pouvoir, et en s’assurant un empereur
docile.
Iizasa Choisaï Ienao (1387-1488)
Il naquit à cette époque en 1387, et se fera remarquer plus tard pour son adresse au
sabre et à la lance. Il fait partie des samouraï de la famille Chiba, et travaillera auprès du
Shogun Ashikaga Yoshimitsu à Kyoto. Il a aussi participé à de nombreuses batailles.
Le Shogunat Ashikaga (suite)
Un gouvernement sévère mais juste est mis en place par les conseillers de Yoshimitsu,
qui imposera enfin une discipline ferme aux vassaux du régime. Sous les successeurs de
Yoshimitsu éclatent quelques révoltes vite réprimées. Le Shogun Ashikaga Yoshinori, homme
au caractère désagréable, essaie de restaurer l’ordre parmi les nobles de la Cour et finit
assassiné par le gouverneur de la province de Harima.
En 1443, Ashikaga Yoshimasa devient Shogun. Il semble que Iizasa Choisaï Ienao, en
raison de ses compétences, lui enseigna le Kenjutsu, mais se retira peu de temps après pour ne
pas mêler son école aux malversations de Yoshimasa.
Naissance du Katori Shinto Ryu
En 1447, la famille Chiba étant tombée en disgrâce, Iizasa Choisaï Ienao, à 60 ans,
quitte sa famille, et se retire dans l’enceinte la plus secrète du sanctuaire de KATORI,
consacré à Futsunushi-no-Mikoto (ou No-Kami).
Un de ses disciples ayant lavé son cheval dans la fontaine sacrée du sanctuaire, et ce
cheval étant tombé malade et mort, Choisaï Sensei voyant la puissance de la divinité Shinto,
se retira dans le sanctuaire pendant 1000 jours pour y prier, s’y purifier, et pratiquer des
exercices martiaux. A la fin de cette période, il définit la doctrine de son école, qu’il dit avoir
été dictée directement par le Kami.
C’est pourquoi il nomma son école : TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU :
l’école de la tradition martiale selon la Voie des Dieux. La « Voie des Dieux » évoque le
chemin qu’on doit suivre d’un coeur sincère, comme dans toutes les traditions Shinto.
Les événements de l’époque
Le pays est victime d’un marasme administratif, et de catastrophes naturelles. De 1457
à 1467, tempêtes, famines, épidémies se succèdent. De plus, de 1467 à 1477, éclate à partir
d’une querelle entre vassaux mécontents, l’effroyable guerre d’Onin, la plus sanglante du
Moyen âge japonais.
Le développement du Katori
L’école poursuit son développement. La doctrine repose sur un jeu de mots
linguistique « heiho » : Hei = soldat, Ho = loi, méthode. La méthode du soldat, mais en
chinois « paisible » et « calme ».
En parvenant à maîtriser tout l’enseignement du KATORI SHINTO RYU, on découvre
qu’il devient la voie de la paix. Il n’est pas bon de tuer son ennemi, il faut atteindre une forme
supérieur de sagesse, le « Heiho », la « méthode de la paix ».
Les samouraï venant rendre hommage aux divinités de KATORI, et de KASHIMA,
s’arrêtaient au dojo de KATORI, où les défis et les duels (généralement au boken) étaient
formellement interdits par CHOISAÏ Sensei. Ses visiteurs repartaient plus mûrs, et l’esprit en
paix.
En 1485, des soulèvements ruraux éclatent dans le Yamashori; en 1488, IIZASA
CHOISAÏ IENAO meurt, deux ans avant le Shogun Ashikaga Yoshimasa.
L’école après Choisaï Sensei
De grands noms viennent étudier au dojo de KATORI, notamment Tsukahara Bokuden
(1489-1571), l’un des plus grands avec Minamoto Musashi. Au XIXème siècle, le 18ème
Soke (héritier) de l’école, IIZASA MORISADA (mort en 1898) complote contre le Shogun, et
soutien le futur empereur MEIJI (Tenno = empereur).
Actuellement, l’école est dirigée par OTAKE RITSUKE Sensei, qui réside à Narita,
auprès du 20ème Soke, IIZASA YASUSADA. Un second dojo se trouve à Kawasaki, où
réside SUGINO YOSHIO Sensei, le plus ancien Shihan de l’école.
Yoshio SUGINO Sensei (1904- )
Maître YOSHIO SUGINO est né le 12 Décembre 1904 à CHIBA. Sa famille est un
clan important et ancien. Elle avait reçu l’autorisation de détenir des armes telles que la YARI
ou des KATANA, au titre de trésor de famille.
Dès l’enfance, il se familiarisa donc tout naturellement au maniement du sabre. Enfin,
à CHIBA, se trouve le sanctuaire KATORI Jingu dédié aux arts martiaux, et principalement le
lieu où naquit l’école KATORI SHINTO RYU qui accompagnera SUGINO Sensei tout au
long de sa vie.
Il pratiquera le KENDO avec Sensei SHINGAÏ SANEATSU. Il poursuit avec l’étude
du JUDO auprès de Sensei IIZUKA KUNISABURU, qui le recommande à Sensei KANO afin
de poursuivre ses études au KODOKAN.
A 24 ans, il reçoit le 4ème DAN, et ouvre une section à KAWASAKI, la ville où il
réside... Sensei KANO veut maintenir la tradition martiale. Aussi va-t-il créer une section de
recherches et d’études sur les arts martiaux anciens : les KOBUDO. Parmi les jeunes qui
eurent le privilège d’étudier ce RYU, figure le jeune SUGINO. Sensei KANO invite les
SHIHAN responsables de l’école KATORI SHINTO RYU, école hautement traditionnelle,
vieille de plus de cinq cents ans, à enseigner au KODOKAN même. C’est ainsi que Yoshio
SUGINO débute dans cet art, sous la direction des Maîtres SHIINA, TAMAÏ, ITO, et
KUBOKI. Il poursuivra l’étude de ce RYU pendant plus de 10 ans.
En 1930, Sensei KANO chargera certains de ses élèves d’aller étudier
l’AÏKIBUJUTSU de l’école DAÏTO à Tokyo avec un expert dans cet art, le Maître MORIHEI
UESHIBA. Parmi eux on retrouve Yoshio SUGINO. Fait très rare au Japon, il reçoit
l’autorisation d’ouvrir dans son Dojo une section d’Aïkibudo UESHIBA RYU à
KAWASAKI. Mais parallèlement, il continue à se passionner pour le KOBUDO.
En 1940, le centre du KATORI SHINTO RYU lui accorda l’autorisation d’enseigner,
et le 19ème Soke, héritier du KATORI SHINTO RYU, IIZASA KINGINO l’autorisa à
ouvrir un centre à KAWASAKI. A compter de ce moment, son Dojo de KAWASAKI devint
une branche locale du KATORI pour transmettre le IAÏ JUTSU, le RYOTO JUTSU, le
NAGINATA JUTSU, qu’il enseigna à l’université de KEIO aux jeunes filles, le KEN
JUTSU, le BO JUTSU, le SO JUTSU, et le SHURIKEN JUTSU. Il enseigna dans
différentes écoles et lycées l’art du sabre, étant devenu obligatoire peu avant la deuxième
guerre mondiale.
En 1938, il fut demandé par le cinéma pour diriger les combats du film : « Les 7
Samouraï ». Sensei SUGINO a consacré une longue carrière à la pratique du KATORI
SHINTO RYU, et des autres arts martiaux qu’il a étudié à différents moments de sa vie.
En 1981, il fut recommandé par la fédération internationale d’arts martiaux pour
recevoir le 10ème DAN de son art. Il est aujourd’hui SHIHAN du KATORI SHINTO RYU, le
plus ancien SHIHAN de cette école.

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