150313_VS_Troubles du comportement alimentaire_Synthèse

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150313_VS_Troubles du comportement alimentaire_Synthèse
Séance des Vendredis du Social du 13 mars 2015
Troubles du comportement alimentaire :
Comment faire face à cette souffrance?
Introduction
Les troubles du comportement alimentaire sont généralement l’expression d’un mal-être
qui dépasse de loin la simple volonté de maigrir ou la difficulté de construire son rapport
à la nourriture. Ils sont bien souvent le symptôme d’une souffrance réelle, qui ne peut
s’exprimer autrement. Ce trouble survient suite à un évènement dit « déclencheur », le
plus souvent un traumatisme.
Comment venir en aide aux personnes qui souffrent de ces troubles ?
Quels sont les moyens dont nous disposons pour prévenir ces maladies ?
Ce Vendredi du Social avait pour but de faire connaître aux travailleurs sociaux ces
pathologies et de découvrir ce que l’ASBL AnoréVie propose comme aide en province de
Luxembourg.
Synthèse des exposés
1. Aspects médicaux des troubles du comportement alimentaire
Docteur Damien BOURGONJON, Gynécologue, Sexologue et Président d’AnoréVie
A) Définition des troubles du comportement alimentaire
Selon le psychiatre Pascal GUINGAND, “ une manière de s’alimenter de façon
anormale, une préoccupation excessive pour l’alimentation, pour le poids
peuvent, chez certaines personnes, se transformer en véritables troubles du
comportement alimentaire (TCA) qu’il faut considérer comme maladie ”.
Ces troubles sont l’anorexie mentale, la boulimie, l’anorexie-boulimie,
l’hyperphagie boulimique, le grignotage pathologique et l’orthorexie.
B) Anorexie mentale
a) Définition
Il s’agit d’une “ conduite active d’amaigrissement essentiellement par
restriction de l’alimentation et par l’activité physique. Les personnes
concernées se sentent toujours trop grosses et ont peur de prendre du
poids”.
Selon HUCHARD, en 1883, l’anorexie mentale se définit par “ un syndrome
psychiatrique observé surtout chez des adolescentes et caractérisé par une
restriction volontaire et souvent inavouée de l’alimentation, par un
amaigrissement important, une aménorrhée. L’évolution est variable et
dépend largement du système familial”.
b) Différentes formes
1. Anorexie réactionnelle : suite à un décès, une forte émotion,...
2. Anorexie mentale dont :
- l’anorexie restrictive : phobie de la prise de poids, rejet de la
nourriture;
- l’anorexie boulimique : absorptions compulsionnelles et massives de
nourriture suivies de vomissements spontanés ou provoqués.
c) Contextes favorisants
Le culte du corps parfait : pression sociale, publicité, mannequins,...
Une surmédiatisation des dangers de l’alimentation.
1
-
Des difficultés personnelles et familiales.
d) Facteurs déclencheurs
Remarque d’un proche : “ bouboule ”, “ gros boudin ”,...
maltraitance
du corps.
Echec scolaire ou de tout autre projet
manque de confiance “Je suis
nulle”, désir d’être parfaite.
Rupture sentimentale
“je n’ai pas été à la hauteur”....
e) Porte d’entrée
“ Le petit régime amaigrissant ”:
Engrenage.
Pouvoir de se faire maigrir
représente la solution à beaucoup de
problèmes.
Contrôle de plus en plus strict.
Angoisse que la situation échappe.
f)
Dérive boulimique
“Tout est bon pour ne pas craquer” :
Se faire vomir permet de contrôler la situation lorsque la faim est trop
importante.
Pour les autres, le fait de manger est vécu comme une grande honte,
une souillure.
g) Prise en charge
Accepter que ce soit une MALADIE.
Mettre en place une stratégie pluridisciplinaire :
Démarche nutritionnelle
• Objectifs de poids, mode et type d’alimentation.
• Le spécialiste de la nutrition rassure.
• Si échec, hospitalisation avec gavage par sonde.
• Importance du BMI
IMC = Indice de Masse Corporelle
Poids (en kilos)
IMC = ------------------------------Taille X Taille (en mètres)
Si < 18,5 = maigreur ;
de 18,5 à 24,9 = poids normal ;
de 24,9 à 29,9 : surpoids ;
de 29,9 à 40 : obésité ;
au-delà de 40 : obésité massive.
Psychothérapie individuelle
Thérapie familiale
Groupes de soutien
Autres approches complémentaires (cfr ASBL ANOREVIE)
C) Boulimie
a) Définition
Il s’agit d’une “ingestion en-dehors des repas, d’une quantité importante
d’aliments, ni choisis, ni désirés, donc sans plaisir, ni faim.
C’est une frénésie de remplissage. Pendant la crise, le malade perd tout
contrôle. La crise est toujours associée à des conduites visant à ne pas
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prendre du poids : vomissements, laxatifs, diurétiques, activité physique et
restriction alimentaire entre les crises”.
La boulimie est liée à un mal-être avec son corps (obsession du corps
parfait, remarque et regard des autres...) et est aggravée par des facteurs
externes (stress, pression, mauvaises nouvelles, événements graves...).
b) Processus
C’est un cercle vicieux : Crise de boulimie
Culpabilité
Compensation et
restriction (régime, jeûne, sport...)
Frustration
Compulsion
Crise de
boulimie.
D) Anorexie-boulimie
Pensées obsessionnelles, hyperactivité
isolement
Besoin de maîtrise renforcée
isolement
-
-
Pensées obsessionnelles, hyperactivité
Forme restrictive
Dépendance ou échappement
ou vomissement
Dépendance
Forme avec boulimie
Regard de l’autre, manque de confiance et besoin de maîtrise, régime
amaigrissant
Perte de quelques kilos, maîtrise, peur de grossir
Renforcement de la faim et de l’angoisse
Pensées obsessionnelles, hyperactivité.
E) Hyperphagie boulimique
Les aliments sont choisis et avalés et il n’y a pas de conduites d’amaigrissement
obésité !
F) Grignotage pathologique
Devant la télévision, au cinéma,...
G) Orthorexie
Addiction à la nourriture saine (cfr recherche d’une alimentation naturelle
parfaite)
2.
AnoréVie comme espace d’accueil, d’orientation et d’accompagnement
thérapeutique
Madame Françoise LIEVENS, Accompagnante thérapeutique, Auteure de « Anorexie
boulimie, mon fil d’Ariane vers la liberté » et « Le corps ensorcelé » et VicePrésidente d’AnoréVie
A) Différence entre cycle normal de l’alimentation et trouble alimentaire
- Cycle normal : Personne X
a faim
mange
bien-être
- Trouble alimentaire : Personne Y
a faim
mange
culpabilité
B)
Stratégies de la personne ayant des troubles alimentaires
Personne Y
a faim
nie sa faim
mal-être
a faim
mange
se punit
C)
Constats
C’est comme si la personne malade était ensorcelée.
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Il existe des liens entre le symptôme alimentaire et le monde intérieur de la
personne ayant des troubles alimentaires.
D)
3.
Stratégie d’aide à la personne malade
Pour aider cette personne, il est important
- de percevoir ses émotions, ses sentiments, ses blessures ;
- de découvrir son potentiel ;
- de comprendre ses modes de fonctionnement, ses positions dans le
relationnel et les rôles qui l’empêchent de développer sa véritable identité ;
- de rencontrer ses besoins, ses désirs et d’oser leur acceptation pour lui
permettre de développer son affirmation de soi.
La difficulté d’une relation d’aide dans les troubles du comportement
alimentaire
Madame Cécile ARTUS, Psychologue au Centre de Planning Familial des Femmes
Prévoyantes Socialistes (FPS) de Libramont et Secrétaire d’AnoréVie,
A) Introduction: Définition de l’anorexie mentale et de la boulimie
“ L’anorexie mentale est caractérisée par une peur de s’alimenter ou de prendre
du poids. La recherche de la minceur ou d’un poids idéal conduit à perdre du
poids ou à maintenir un poids bas. Il existe 2 types d’anorexie mentale, la
première est l’anorexie restrictive où la perte de poids est due à la diminution de
l’alimentation en suivant des régimes restrictifs et/ou à l’exercice physique
intensif ; et la seconde, l’anorexie avec des vomissements ou des épisodes de
boulimie.”
“La boulimie est caractérisée par la présence de crises au cours desquelles la
personne éprouve une sensation de perte de contrôle de la prise alimentaire. Ces
crises sont suivies de vomissements ou d’autres stratégies pour compenser la
prise de poids redoutée. Une autre forme de boulimie est appelée hyperphagie
boulimique dans laquelle la personne ne se fait pas vomir”.
Voir Mutualité socialiste, “Anorexie mentale et boulimie, Brochure à l’attention
des parents” (voir www.mutsoc.be et www.planning-familial.be).
B)
La relation thérapeutique
Dans la relation thérapeutique il convient de prendre en compte certaines
données :
1) Le sentiment d’ambivalence
- plaisir / dégoût de la nourriture
- amour – attraction / désamour – répulsion
- ambivalence vide / plein
2) La souffrance physique et psychique
3) La culpabilité / la colère
4) L’image distordue du corps.
C)
La relation parents-enfants
La relation parents-enfants peut être rendue plus difficile en raison :
1) De malentendus
2) De l’absence de reconnaissance de la souffrance
3) De l’absence du père
4) De la dévalorisation
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