Comparaison de la microscopie à fluorescence avec la technique
Transcription
Comparaison de la microscopie à fluorescence avec la technique
INT J TUBERC LUNG DIS 3 (12): 1101-1105 © 1999 IUATLD Comparaison de la microscopie à fluorescence avec la technique de Ziehl-Neelsen pour la bacilloscopie de l'expectoration F. Ba,* H. L. Rieder† *Laboratoire National de Référence pour la Tuberculose, Programme National de lutte contre la Tuberculose, † Dakar, Sénégal, Division de la Tuberculose, Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires, Paris, France _______________________________________________________________________RESUME CADRE : Laboratoire National de Référence pour la Tuberculose à Dakar au Sénégal. OBJECTIFS : Comparaison des résultats obtenus par microscopie à fluorescence ou à lumière blanche pour la recherche des bacilles acido-résistants. METHODOLOGIE : Entre janvier 1996 et juin 1998, deux frottis provenant de 2630 échantillons consécutifs d'expectoration ont été préparés pour une examen à l'aveugle d'un frottis soit par la technique de Ziehl-Neelsen, soit par microscopie à fluorescence avec un agrandissement de 1000 fois. La durée nécessaire pour déclarer une lame négative a été déterminée pour les deux techniques sur un échantillon de 68 lames. RESULTATS : La concordance fut respectivement de 96,9% et de 92,3% pour les examens de diagnostic ou de suivi. Le rendement fut similaire pour les deux techniques pour les échantillons comportant au moins 10 bacilles pour 100 champs, mais meilleur pour la microscopie à fluorescence chez ceux ayant moins de 10 bacilles pour 100 champs. La durée moyenne exigée par la microscopie à fluorescence avant de déclarer une lame négative avec le même agrandissement est de 3 minutes 34 secondes par comparaison à 7 minutes 44 secondes avec la technique de Ziehl-Neelsen. CONCLUSIONS : Les résultats obtenus avec une technique sont hautement reproductibles avec l'autre. La microscopie à fluorescence semble plus apte que la microscopie à lumière blanche à détecter les bacilles dans les cas paucibacillaires, et elle réduit de plus de moitié le temps nécessaire à l'examen. MOTS CLEFS : tuberculose ; bacilles acido-résistants ; auramine O ; fluorescence ; microscopie ; Ziehl-Neelsen LA TECHNIQUE DE COLORATION des bacilles acido-résistants (BAAR) actuellement attribuée à Ziehl et Neelsen a évolué grâce à la contribution de nombreux chercheurs.1 Une standardisation de cette technique a été recommandée par l'Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires (UICTMR) en 1978.2 L'utilisation de l'auramine O, un colorant fluorescent au lieu de la carbolfuchsine a été proposée pour la première fois dans les années 1930,3 mais n'a connu une large application dans les pays industrialisés que quelques 30 ans après, après une réévaluation approfondie de la technique et l'emploi d'une combinaison d'auramine O et de rhodamine.4 Une étude provenant du Kenya a montré une sensibilité supérieure de la microscopie à fluorescence par comparaison avec la microscopie à lumière blanche pour les lames de faible densité,5 et la microscopie à fluorescence s'est avérée au moins aussi fiable que la microscopie à lumière blanche.6 L'avantage le plus communément cité en faveur de la microscopie à fluorescence est la possibilité d'examiner un frottis d'expectoration à un agrandissement de 250x plutôt que de 1000x, ce qui permet une réduction théorique du temps d'examen de la même zone à un seizième puisque la surface augmente par le carré du diamètre. Pratiquement, le temps d'examen est réduit d'environ 10 fois avec la fluorescence comparée à la microscopie à lumière blanche, utilisant un agrandissement quatre fois supérieur (250x vs. 1000x).7 Les désavantages incluent les coûts plus élevés d'investissement et d'entretien et la moindre robustesse du microscope à fluorescence comparés au microscope à lumière blanche.8 Ceci peut expliquer en partie la sous-utilisation de la microscopie à fluorescence dans beaucoup de situations. Auteur pour correspondance : Dr Fatoumata Ba, Programme National de Lutte contre la Tuberculose, BP 5899, Dakar-Fann, Senegal. [Traduction de l'article "A comparison of fluorescence microscopy with the Ziehl-Neelsen technique in the examination of sputum for acid-fast bacilli" Int J Tuberc Lung Dis 1999 ; 3 (12): 1101-1105.] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Malgré l'équivalence supposée des caractéristiques opérationnelles des deux méthodes, lorsque la méthode de fluorescence est introduite, il est souvent recommandé que tout résultat positif soit reconfirmé par réexamen de la même lame selon la technique de ZiehlNeelsen.6,7,9 Dans l'étude actuelle, nous avons choisi une approche d'évaluation indirecte des caractéristiques opérationnelles des deux méthodes et la comparaison du temps nécessaire pour examiner un frottis par l'emploi des deux méthodes, en utilisant le même agrandissement, avant de déclarer le frottis négatif. MATERIEL ET METHODES Le Laboratoire National de Référence pour la Tuberculose à Dakar, Sénégal, reçoit des échantillons d'expectoration pour bacilloscopie de routine. Les examens sont exécutés dans le cadre du diagnostic et du suivi de la réponse bactériologique à une chimiothérapie antituberculeuse chez les patients initialement positifs à l'examen direct et réexaminés après 2 mois, 5 mois et à la fin d'un régime de traitement de 8 ou de 12 mois. La définition d'une tuberculose pulmonaire bactériologiquement confirmée est basée au Sénégal sur deux échantillons consécutifs spontanément produits et positifs à l'examen direct par la méthode standard de Ziehl-Neelsen. Entre janvier 1996 et juin 1998, deux lames ont été préparées à partir de chaque échantillon reçu au laboratoire, une pour l'examen par la technique de Ziehl-Neelsen et l'autre pour l'examen par microscopie à fluorescence. On a utilisé pour la technique de Ziehl-Neelsen, la fuchsine (basique) pour coloration microscopique « Gurr » « Certistain »® avec un contenu minimum de colorant de 88% (BDH, Dorset, GB) et le bleu de méthylène pour coloration microscopique « Gurr » « Certistain »® avec un contenu minimum de colorant de 82% (BDH).2 La décoloration a été réalisée par la méthode à l'acide sulfurique de l'UICTMR. Pour la microscopie à fluorescence, l'on a utilisé l'auramine O (Merck, Darmstadt, Allemagne) selon la méthode proposée par Chadwick avec une contre coloration par du permanganate de potassium à 0,5% avec un contenu minimum de 99% (Merck). Le microscope à fluorescence a utilisé comme source de lumière un brûleur à vapeur de mercure. Seul le résultat obtenu par la technique de Ziehl-Neelsen dans l'examen de l'échantillon a été fourni au clinicien prescripteur. Trois techniciens ont fait une tournante de lecture des lames préparées pour l'une ou l'autre méthode (lumière blanche ou fluorescence), en prenant soin qu'aucun d'entre eux ne lise au moyen des deux méthodes les lames provenant du même échantillon. Les techniciens ignoraient le résultat obtenu par l'autre technique. Le registre spécial pour la microscopie à fluorescence a été complété sur une base régulière par les résultats obtenus au moyen de la technique de Ziehl-Neelsen enregistrés dans le registre de laboratoire de la microscopie de routine. A la fin de la période d'étude, toutes les données ont été informatisées et analysées par EPI Info (US Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, GA, Version 6.04b, 1997). L'examen et l'enregistrement du résultat de chaque lame ont été exécutés exactement de la même manière pour les deux techniques. Avec les deux microscopes, on a employé de l'huile à immersion, avec un oculaire 10x et un objectif 100x. Exactement 200 champs ont été examinés avant qu'une lame ne soit déclarée négative ou douteuse. Une centaine de champs ont été examinés pour les échantillons qui s'avéraient positifs 1+, environ 50 champs pour les lames cotées comme positives 2+ et environ 20 champs pour les lames qui s'avéraient positives 3+. La codification du nombre de bacilles observés était enregistrée selon les recommandations de l'UICTMR.2,11 Pour évaluer le temps nécessaire à l'examen, une étude complémentaire a été conduite après l'étude principale lorsque 68 lames qui avaient été trouvées négatives par la méthode de fluorescence furent recolorées et relues par la méthode de ZiehlNeelsen. Le temps nécessaire pour l'examen était enregistré pour les deux méthodes et les deux lectures étaient assurées par le même technicien expérimenté. RESULTATS Des 1687 patients consécutifs envoyés pour examen bacilloscopique des expectorations pendant la période d'étude, 1678 ont eu un ou plusieurs résultats appariés de lecture. De ceux-ci, un total de 2630 résultats appariés ont été disponibles (Tableau 1). De ces paires, 1491 étaient des échantillons de diagnostic provenant de 549 patients et 1139 étaient des examens de suivi provenant de 1129 patients. Pour ces derniers, on n'a pas tenté d'identifier la période à laquelle l'échantillon avait été recueilli pendant le traitement. La directive classique recommande que l'on pratique trois examens dans le cadre du diagnostic et un seul examen pour l'appréciation des améliorations bactériologiques. Donc, le nombre de patients ayant plus d'une lame lors d’un contrôle au cours du traitement fut très faible. La microscopie à fluorescence et la tuberculose Tableau 1 Résumé d'une comparaison des résultats obtenus avec la microscopie à fluorescence et la microscopie utilisant la technique de coloration de ZiehlNeelsen ZiehlNeelsen Microscopie à fluorescence Neg 1-3 4-9 + ++ Neg 1-3 4-9 + ++ +++ Total 1165 4 1 2 0 0 1172 Neg 1-3 4-9 + ++ +++ Total Neg 1-3 4-9 + ++ +++ Total +++ Total Diagnostic 1 0 0 2 1 0 6 0 0 34 6 1 8 43 7 2 23 122 53 73 130 Suivi 861 48 19 5 0 0 9 9 9 3 0 0 6 4 9 17 0 0 1 5 6 71 12 0 0 0 0 9 20 1 0 0 0 0 4 11 877 66 43 105 36 12 Total des diagnostics et des suivis 2026 83 22 6 0 0 13 19 10 5 1 0 7 6 13 23 0 0 3 8 9 105 18 1 0 1 1 17 63 8 0 0 0 2 27 133 2049 117 55 158 109 142 35 10 2 3 1 0 51 3 1 4 3 1 0 12 1204 18 13 49 60 147 1491 933 30 36 95 30 15 1139 2137 48 49 144 90 162 2630 Neg = Négatif ; 1-3 = 1-3 BAAR/100 champs ; 4-9 = 4-9 BAAR/ 100 champs ; + = 10-99 BAAR/100 champs ; ++ = 1-10 BAAR/champ ; +++ = plus de 10 BAAR/champ.2,11 Une analyse par patient a montré que le taux de concordance des résultats positifs (au moins un BAAR dans tout examen) ou négatifs (pas un seul BAAR) fut de 96,0% pour les examens de diagnostic et de 91,9% pour les examens de suivi. Une étude plus détaillée par spécimen a montré que la concordance globale des deux méthodes, appliquées chacune sur une lame différente quoique provenant du même échantillon, était pour la décision de positivité ou de négativité de 96,9% pour le diagnostic et de 92,3% pour les examens de suivi (Tableau 2). Comme la concordance diminue pour les décomptes bacillaires plus bas, la concordance a été déterminée pour les lames où au moins quatre bacilles sur 100 champs avaient été décelés par les deux méthodes. Les concordances Tableau 2 Concordance entre fluorescence et microscopie selon Ziehl-Neelsen Groupe Tous les résultats Après exclusion des très faiblement positifs* Après exclusion de tous les faiblement positifs† Diagnostic Suivi Total 0,969 0,995 0,923 0,971 0,949 0,985 0,998 0,994 0,996 * Très faiblement positifs = 1-3 BAAR/100 champs † Faiblement positif = 1-9 BAAR/100 champs 3 respectives pour les examens de diagnostic et de suivi furent alors de 99,5% et de 97,1%. Si la comparaison se limite aux lames comportant au moins 10 bacilles sur 100 champs, les taux de concordance augmentent à 99,8% et 99,4% respectivement pour les deux catégories de cas. La distribution proportionnelle des lames positives par richesse bacillaire, catégorie de cas et technique est reprise au Tableau 3. Pour les examens de diagnostic, chaque technique a identifié exactement le même nombre de cas où au moins 10 bacilles avaient été décelés sur 100 champs. Une proportion considérable des lames positives ont montré des résultats faiblement positifs (un à neuf bacilles sur 100 champs). Une grande différence a été observée entre les résultats obtenus par les deux techniques pour ces lames à résultats paucibacillaires. La différence était plus faible pour les cas où au moins 10 bacilles étaient décelés sur 100 champs. La différence entre les techniques est particulièrement prononcée dans les résultats très paucibacillaires (un à trois bacilles sur 100 champs). Si l'on considère exclusivement les échantillons ayant au moins quatre BAAR par champ, alors les différences en faveur de la microscopie à fluorescence se retrouvent exclusivement dans les examens de suivi. Trente-cinq des 48 cas dont les résultats très paucibacillaires avaient été identifiés par la méthode de Ziehl-Neelsen ont été confirmés par la microscopie à fluorescence sur la seconde lame provenant du même échantillon et à l'inverse, seulement 34 des 117 résultats trouvés très paucibacillaires par la microscopie à fluorescence ont été confirmés par la microscopie à lumière blanche. Il faut donc considérer que les autres résultats non confirmés pourraient indiquer pour la microscopie à fluorescence une plus haute sensibilité ou une plus basse spécificité (entraînant plus de résultats faussement positifs). Globalement la microscopie à fluorescence a obtenu virtuellement les mêmes résultats que la technique de Ziehl-Neelsen, mais a identifié nettement plus d'échantillons positifs où les bacilles étaient rares et surtout très rares. Le temps moyen exigé pour examiner 200 champs sur 68 lames avant de les déclarer négatives a été de 3 minutes 34 secondes par la microscopie à fluorescence et de 7 minutes 44 secondes par la technique de Ziehl-Neelsen (où dans un des cas un bacille a été trouvé dans une seconde centaine de champs). DISCUSSION Une étude antérieure, réexaminant par la technique de Ziehl-Neelsen à l'endroit des lames où des 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease Tableau 3 Distribution des lames positives par quantification, par catégorie de cas et par technique Résultat quantifié 1-3 BAAR/100 ch. 4-9 BAAR/100 ch. Tous les faiblement positifs 1+ 2+ 3+ Tous les positifs de 1+ à 3+ Tous les positifs Diagnostic Ziehl-Neelsen Fluorescence n (fraction) n (fraction) 18 0,063 51 0,160 13 0,045 12 0,038 0,108 63 0,197 31 Suivi Ziehl-Neelsen N (fraction) 30 0,146 36 0,175 66 0,320 n Fluorescence (fraction) 66 0,252 43 0,164 109 0,416 49 60 147 256 0,171 0,209 0,512 0,892 53 0,166 73 0,229 130 0,408 256 0,803 95 30 15 140 0,461 0,146 0,073 0,680 105 36 12 153 0,401 0,137 0,046 0,584 287 1,000 319 206 1,000 262 1,000 1,000 BAAR = Bacilles acido-résistants; 1+ = 10-99 BAAR/100 champs; 2+ = 1-10 BAAR/champ; 3+ = plus de 10 BAAR/champ 2,11 BAAR avaient été trouvés par la microscopie à fluorescence, avait montré qu’on ne retrouve plus certains bacilles.12 Cette observation pourrait refléter soit une diminution de spécificité, soit une augmentation de sensibilité de la microscopie à fluorescence. Une étude, conduite peu de temps après la première description de la microscopie à fluorescence avait suggéré une plus forte affinité de la carbol-auramine que de la carbol-fuchsine à l'égard de l'acide mycolique,13 ce qui plaiderait en faveur de la notion d'une augmentation de sensibilité plutôt que d'une diminution de spécificité de la microscopie à fluorescence pour les BAAR. Dans beaucoup de pays à faibles revenus, il n'est pas possible d'établir la validité des résultats obtenus par la microscopie à fluorescence en utilisant comme gold standard la positivité de la culture d'une espèce pathogène du complexe Mycobacterium tuberculosis. Ceci était également le cas au laboratoire de référence du Sénégal, où la technique de culture n'avait pas encore été introduite au moment où cette étude a été menée. Les résultats de cette étude suggèrent qu'il n'est pas nécessaire de recourir à la culture comme gold standard vu la forte cohérence entre les résultats obtenus par les deux techniques sur deux lames différentes provenant du même échantillon. En fait, cette approche au moyen de deux lames différentes démontre l'équivalence des techniques au laboratoire national de référence. La haute cohérence des deux méthodes résout une question essentielle de contrôle de qualité, en utilisant un système de contrôle de qualité interne sans recours à la culture ou à des tests de compétence externe. Néanmoins, le recours à la culture pourrait être valable, particulièrement pour les résultats très faiblement positifs avec très rares bacilles à l'examen microscopique, à la fois pour confirmer les données microscopiques et pour le contrôle interne de qualité. La mise en évidence de BAAR au cours du traitement n'est pas nécessairement significative du point de vue clinique puisque les bacilles trouvés à l'examen microscopique peuvent ne pas être viables.14-18 Toutefois, les BAAR observés au cours du traitement d'un patient dont la bacilloscopie initiale était positive sont très vraisemblablement des bacilles tuberculeux, soit vivants, soit morts puisque la prévalence de faits de ce type est élevée. Donc, le fait de trouver des BAAR à une fréquence plus élevée au moyen de la microscopie à fluorescence indiquerait une plus grande sensibilité plutôt qu'une plus faible spécificité de la technique pour l'identification des bacilles tuberculeux. D'autre part, l'identification des rares bacilles non viables au cours du traitement peut poser un problème de gestion, puisqu'on recommande habituellement que la mise en évidence tardive de BAAR au cours du traitement devrait entraîner le passage à un régime de traitement de seconde ligne,10 ce qui soumettrait ce type de patients à un traitement inutile. Les résultats de cette étude ne permettent pas de tirer une conclusion définitive concernant une sensibilité plus grande de la microscopie à fluorescence car, quoiqu'il y ait eu rotation des techniciens, celle-ci n'a pas été systématique. Il est dès lors possible qu'un technicien qui était plus efficace dans l'identification des résultats très faiblement positifs ait travaillé par hasard de façon plus fréquente à la fluorescence plutôt qu'à la microscopie à lumière blanche. D'autre part, dans le cas de l'examen cyto-morphologique des échantillons habituellement très paucibacillaires provenant de patients atteints de tuberculose ganglionnaire et obtenus par ponction-aspiration à l'aiguille fine, la microscopie à fluorescence a, par comparaison avec les observations histopathologiques et morphologiques, une sensibilité supérieure à la microscopie à lumière blanche utilisant la technique de Ziehl-Neelsen.19 La microscopie à fluorescence et la tuberculose De nombreuses données sur la sensibilité et la spécificité de la microscopie à lumière blanche et à fluorescence comparées à la culture ont été rassemblées et analysées par Kubica.6 Dans cette étude, il a été démontré que pour les deux méthodes, les correspondances avec la culture diminuaient avec la décroissance du nombre de bacilles. Les résultats douteux (bacilles très rares) à la microscopie à fluorescence étaient plus piètrement corrélés avec la culture que les résultats douteux obtenus par la technique de Ziehl-Neelsen. Toutefois, les agrandissements utilisés pour les deux techniques n'étaient pas comparables. Lorsque l'on stratifie selon l'agrandissement au microscope à fluorescence, à l'agrandissement de 450 X (le plus puissant étudié), la correspondance avec la culture de la présence de 3 à 6 bacilles sur 100 champs était en fait supérieure à celle de 3 à 6 bacilles sur 100 champs avec un agrandissement de 1000X par la technique de Ziehl-Neelsen.6 Il est vraisemblable que l'utilisation d'un agrandissement de 1000X au microscope à fluorescence, tel que celui utilisé dans notre étude, pourrait encore augmenter davantage la spécificité du test. Aucune recommandation spécifique concernant les limites de positivité ne devrait être faite à partir de l'étude en cours et les techniciens de laboratoire devraient signaler tous les BAAR qu'ils observent,11 alors que les directeurs du programme de tuberculose devraient se décider au sujet d'une tactique pour la façon de traiter les résultats douteux dans chacune des deux techniques. Ceux-ci entraîneront habituellement la demande d'échantillons complémentaires pour examen. Cette étude démontre également que la microscopie à fluorescence, même avec l'emploi d'huile à immersion, permet d'épargner encore plus de deux fois le temps d'examen nécessaire par rapport au microscope à lumière blanche. Ceci résulte probablement du fait que le contraste fluorescent causé par les BAAR est remarqué beaucoup plus vite que le rouge du BAAR contre un fond bleu à la microscopie à lumière blanche. Il en résulte que les laboratoires introduisant la microscopie à fluorescence pourraient bien examiner dans la phase initiale les lames sous huile à immersion jusqu'à ce qu'ils aient une confiance suffisante dans la technique pour procéder à l'examen avec un plus faible agrandissement. Une fois que l'agrandissement plus faible est utilisé en routine, les résultats douteux peuvent alors être examinés par passage à l'huile à immersion plutôt que par recoloration de la lame au moyen de la technique de Ziehl-Neelsen. La microscopie à fluorescence est un outil utile, rapide et fiable pour l'examen des échantillons à la 5 recherche de BAAR. Elle devrait être prise en considération sérieusement pour une utilisation supplémentaire dans les laboratoires qui traitent de grands nombres de spécimens. Les coûts initiaux d'investissement en capital, en entretien et les fluctuations du courant électrique empêcheront néanmoins son utilisation sur une large échelle au niveau périphérique (provincial ou régional) dans beaucoup de pays à faibles revenus, mais elle devrait clairement être disponible dans chaque laboratoire national de référence qui traite en routine de grands nombres de spécimens. 11 Remerciements Les auteurs ont apprécié le soutien technique de Ms Andrée Mendy et Ms Maguette Diop Ndiaye et leur diligence dans la préparation des lames, l'examen microscopique et l'enregistrement méticuleux des résultats. Les auteurs sont également reconnaissants au Dr Armand Van Deun pour les commentaires critiques du manuscrit. Références 1 2 3 4 5 6 7 8. 9. 10. 11. 12. 13. Bishop J P, Neumann G. The history of the Ziehl-Neelsen stain. Tubercle 1970; 51: 196-206. International Union Against Tuberculosis and Lung Dis ease. Technical guide for sputum examination for tuberculosis by direct microscopy. Bull Int Union Tuberc Lung Dis 1978; (Suppl No 2): 4-16. Hagemann P K H. Fluoreszenzfärbung von Tuberkelbakterien mit Auramin. Münch Med Wschr 1938; 85: 1066-1068. Truant J P, Brett W A, Thomas W. Fluorescence microscopy of tubercle bacilli stained with auramine and rhodamine. Henry Ford Hosp Med Bull 1962;10:287-296. Githui W, Kitui F, Juma E S, Obwana D O, Mwai J, Kwamanga D. A comparative study on the reliability of the fluorescence microscopy and Ziehl-Neelsen method in the diagnosis of pulmonary tuberculosis. East Afr Med J 1993; 70: 263-266. Kubica G P. Correlation of acid-fast staining methods with culture results for Mycobacteria. Bull Int Union Tuberc 1980; 55: 117-124. Smithwick R W. Laboratory manual for acid-fast microscopy. 2nd ed. Atlanta, GA, USA: US Public Health Ser vice, 1976. Toman K. Tuberculosis case-finding and chemotherapy. Questions and answers. 1st ed. Geneva: World Health Organization, 1979. Allen B W. Tuberculosis bacteriology in developing countries. Med Lab Sciences 1984; 41: 400-409. Enarson D A, Rieder H L, Arnadottir T, Trébucq A. Tuberculosis guide for low income countries. 4th ed. Paris: International Union Against Tuberculosis and Lung Dis ease, 1996. Rieder H L, Chonde T M, Myking H, et al. The public health service national tuberculosis reference laboratory and the national laboratory network. Minimum requirements, role and operation in a low-income country. Paris: International Union Against Tuberculosis and Lung Dis ease, 1998. Richards O W, Kline E K, Leach R E. Demonstration of tubercle bacilli by fluorescence microscopy. Am Rev Tuberc 1941; 44: 255-266. Richards O W. The staining of acid-fast tubercle bacteria. Science 1941; 93: 190. 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease 14. Frette C, Jacob M P, Kauffmann F, Mitchison D A. Assessment of new sterilizing drugs for treating pulmonary tuberculosis by culture at 2 months. [Correspondence]. Am Rev Respir Dis 1993; 147: 10621063. 15. British Thoracic Association. A controlled trial of six months chemotherapy in pulmonary tuberculosis. First report: results during chemotherapy. Br J Dis Chest 1981; 75: 141-153. 16. Singapore Tuberculosis Service, British Medical Research Council. Clinical trial of six-month and four-month regimens of chemotherapy in the treatment of pulmonary tuberculosis. Am Rev Respir Dis 1979; 119: 579-585. 17. Morris C D W. The duration of excretion of viable bacilli in elderly patients in treatment for cavitating pulmonary tuberculosis. S Afr Med J 1996; 86: 958-960. 18. Telzak E E, Fazal B A, Pollard C L, Turett G S, Justman J E, Blum S. Factors influencing time to sputum conversion among patients with smear-positive pulmonary tuberculosis. Clin Infect Dis 1997; 25: 666-670. 19 Kumar N, Tiwari M C, Verma K. AFB staining in cytodiagnosis of tuberculosis without classical features: a comparison of Ziehl-Neelsen and fluorescent methods. Cytopathology 1998; 9: 208-214.