Gredos et son Parador [brochure]
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Gredos et son Parador [brochure]
UNE GÉOGRAPHIE SURPRENANTE ET DES HISTOIRES SECRÈTES ... La lagune de Gredos est un immense rein d'eau claire et bien filtrée ; d'une eau si belle et si pure qu'elle donne envie de la boire... » Camilo José Redos G Et Son Parador ême si on ne sait pas bien comment, Nabuchodonosor, le roi biblique de Babylone, vint jusqu'ici pour y fonder les premiers villages et villes sous la protection de la paix et de la plénitude qu'apportaient alors ces montagnes : « ...dans les coins les plus reculés des pics, s'écoulaient, avec l'eau, des pierres de petite taille, plus brillantes que le Soleil qui illumine tout, cachées dans des lieux que seuls connaissaient les gardiens de chèvres qui vivaient déjà par ici... » M C'est assez longtemps après qu'arrivèrent ici les Vettons, baptisés ainsi par les Romains, tribus de Celtes plus farouches que sauvages. Ils vivaient de l'élevage, de la chasse et de la pêche dans de petites fortifications ingénieusement protégées par les grandes pierres qu'ils posaient en guise de muraille. Ils étaient belliqueux et religieux à leur façon. Ils adoraient des choses mystérieuses et des animaux nécessaires à leur alimentation. Ils sculptèrent des figures animales – des cochons et parfois des taureaux – qui paissaient encore dans ces enclos. Ils connurent de très près Annibal le galopeur, quelquefois poursuivant, et d'autres fois poursuivi par ses ennemis romains, jusqu'à ce l’on conclue une paix durant laquelle prédomina l'élevage puis la transhumance, lorsque les légionnaires centurions construisirent la Calzada de la Plata (La Chaussée de l'Argent), à la recherche de métaux, d'esclaves, de chevaux et de beaucoup d'autres choses d'une valeur inestimable à leurs yeux. Ils venaient de pacifier des indigènes de Candeleda ; ils avaient déjà vaincu le Viriathe guerrillero de Candelario, qui avait établi là son quartier général. A Béjar ils installèrent un camp permanent et une ville fortifiée, fière et accueillante pour les familles nobles de l'empire. Et ils eurent même le loisir de prendre soin de leur hygiène et de leur santé dans le Balneario de Montemayor (thermes de Montemayor), dont les eaux prodigieuses demeurent encore de nos jours à la disposition des voyageurs malades. Ces montagnes furent musulmanes pendant plus de trois siècles, même s'il ne reste que peu de traces visibles pour le voyageur. Cependant les villes de Jaraíz, Jarandilla et Ambroz, et plus tard Plasencia furent réputées. Et, surtout Granadilla, qui est aujourd'hui un îlot épargné par les eaux d'un lac artificiel, dont on dit qu'elles montent ; ce fut une place forte puissante sur un territoire très étendu. L'incrédule Almazor, le chef le plus célèbre et le plus craint de son époque, laissa son nom inscrit à jamais dans le pic souverain et culminant de ces Gredos : des chroniques de source sûre content qu'alors que l'illustre Maure passait par ici lors d'escapades conquérantes, il se vit bloqué et s'effraya de ces rochers escarpés regorgeant de menaces mystérieuses : les chevriers appelaient ces montagnes « Greos », en se référant aux cris plaintifs que, de temps en temps, lançait, comme des hurlements fantomatiques, une belle nymphe blonde, noble, prisonnière d'un sortilège dans les eaux noires et profondes d'une lagune que gardaient des dragons qui habitaient ces hauteurs. Bernaldo de Quirós, chroniqueur des tranquilles années vingt de ce siècle, raconte que l'intrépide Almanzor se fit conduire par des bergers qu'il avait GREDOS ET SON PARADOR 1 fait prisonniers, à ce lac ténébreux pour prêter secours à la sublime nymphe: « ...mais c'est en vain que le Maure victorieux attendit les clameurs indéchiffrables de la lagune. Aussi, les montagnards, pour lui éviter une déception, se décidèrent-ils à réveiller par des trilles les chœurs des échos endormis, et amplifiant la voix en se servant des mains comme de cornes, lancèrent à l'unisson un cri sauvage contre le mur noir de la falaise. La montagne répondit comme si elle se déchirait. Les échos d'outre-tombe répétèrent le hurlement barbare sept fois et plus encore... » Le Victorieux fut tant bouleversé et secoué qu'il éperonna son coursier jusqu'au sommet du pic le plus haut. Et, depuis et pour toujours, le rocher et le cirque glaciaire de la lagune furent appelés la « Plaza del Moro Almanzor » (la Place du Maure Almanzor). En ce temps-là, ces terres houleuses ne se décidaient ni à être totalement chrétiennes ni totalement maures : il y eut une constante et difficile cohabitation frontalière, qui, laissa toutefois croître les bourgs et les villes, au froid et à la chaleur des rites et coutumes édictées par les mosquées, les églises et les synagogues. Presque à la fin de son règne, don Fernando I finit par mettre de l'ordre dans cette région montagneuse difficile, et par baptiser non sans peine ses habitants. Il invita des chrétiens exempts de tout soupçon et de vieille souche, venant d'autres régions du nord, à s’installer. Il les combla de privilèges et de droits spéciaux. Tolède resta longtemps la capitale la plus puissante et influente de ces terres, royaume taifa de Al- Mamún jusqu'à sa reconquête définitive par le roi Alfonso VI. On répartit ces territoires entre nobles et chevaliers guerriers d'une manière chrétienne, opportune et opportuniste : les López Dávalos, les Beltrán de la Cueva, les Álvaro de Luna, les Álvarez de Toledo, la Maison de Alba... furent les seigneurs de ces terres à partir du XIIe siècle : Plasencia, Piedrahita, Guisando, Barco, Cebreros, Arenas... La plupart de ces lieux (et bien d'autres encore) furent divisés à partir de l'échine d'Almanzor digne d'Unamuno, qui put parfaitement servir d'imperturbable diagnostic à la devise métaphysique de Salamanque et du Pays Basque : « 2 GREDOS ET SON PARADOR Grande est la Castille ! » Après une christianisation résistante mais tranquille, ces sommets furent soumis à d'autres reconquêtes plaisantes faites de loisir, d'aventures et d'agréables nécessités littéraires, jamais totalement dépourvues de mystère et de légendes. Mais, très tôt, le fameux Codex du pape Calixto II, détermina, infaillible, l'origine de la lagune, quand l'empereur Charlemagne passa par ici rempli de désirs impossibles de conquérir la ville mythique de Lucerne. Le puissant empereur, jusque-là invaincu, dut invoquer la grâce de saint Jacques l'apôtre. Et le miracle se produisit : « Les murs invaincus de Lucerne s'effondrèrent, secoués par un profond tremblement de terre ; la terre se dressa jusqu'aux cieux, immobilisée en d'imposantes cordillères hérissées : Et dès lors, se forma un lac très profond et très sombre où nagent des poissons très grands et très sombres... » C'est ainsi que fut ensevelie la fantastique Lucerne, peut-être pour toujours, sous les eaux du lac. Le pèlerin incrédule pourra écouter encore aujourd'hui les récits révérencieux de certains anciens d'Avila qui semblèrent trop tranchants aux oreilles du sceptique Madoz : « On dit qu'habitent ici les plus curieux farfadets et des monstres ; il y a aussi des sorcières et des nécromanciens qui jouent chaque jour des scènes particulièrement saugrenues, sans que le ridicule et l'absurdité de ces faits suffisent à éradiquer les appréhensions de ces autochtones dominés par une peur panique dès qu'il s'agit de la lagune...» Et même aux environs de Hoyos del Espino (le défilé de l'Espino) ou vers le port du Pico, ou encore sur le chemin de Barco a Piedrahita, le voyageur pourra corroborer que l'énigmatique lagune cache en son fond un passage qui communique ses eaux avec la mer sans devoir partager son cours avec celui du Tormes, qui naît dans les parages. Le premier découvreur de ces contrées montagneuses fut George Borrow, quand il parcourait ces sentiers pour vendre sa célèbre Bible : « il n'y a pas en Espagne de cordillères comme celles-là : elles gardent leurs secrets leurs mystères. On conte beaucoup de choses étranges à propos de ces montagnes et de ce que dissimulent leurs profondes cachettes. Beaucoup de gens s'y sont perdus. Ils racontent qu'il y a de profondes lagunes habitées par des monstres tels que d’énormes serpents, aussi longs qu'un pin, et des hippocampes qui en sortent parfois pour commettre mille dégâts... » PARADOR DE PAYSAGES INSOLITES ET DE NOBLES HABITANTS n tout cas, le grand promoteur de l'escalade et de la randonnée sauvage de ces lieux, encore surprenants aujourd'hui – quoique ce soit pour peu de temps – fut le roi Alfonso XIII. A l'aube du XXe siècle, on assista à la première partie de chasse royale qui mettait en lumière, consacrait et protégeait la convoitée « Cabra Hispánica », (la Chèvre Hispanique) qui stimulait l'envie des braconniers et des trafiquants fortunés. Les chroniques racontent que lors de l’une d'entre elles, Sa Majesté abattit deux taureaux, d'un seul coup de feu, même s'il faut préciser que le prodige était le fruit de la virtuosité du coup du projectile royal. E Don Alfonso et compagnie durent aller jusqu'à la Venta del Obispo pour y attendre de curieux engins mécaniques appelés automobiles et sans aucun doute avec un verre de vin de ces Cebreros rugueux, et un peu de cet excellent chorizo de cérémonie que le voyageur fera bien de goûter. Et on doit à la rudesse du chemin et à la beauté de la montagne, dit-on, la décision de construire un pavillon de chasse royal aux environs de Navarredonda. Sa Majesté ne pouvait soupçonner qu'elle inaugurait alors le premier Parador de tourisme. Il est certain qu cela allait être le premier établissement sans comparaison possible du réseau des Paradors. Aussi certain qu'il fut le résultat d'un caprice royal du roi don Alfonso XIII. Le monarque, chasseur d'instinct et de vocation, désigna ce site pour y établir une « halte et une auberge » pour se reposer de ses parties de chasse. Ce fut en l'an 1926 quand le roi décida – après maintes hésitations sur les possibles emplacements – d'ordonner la construction de ce qui allait rapidement devenir l'embryon du réseau des Paradors d'Espagne. Quelques années plus tard, José Antonio Primo de Rivera allait se rendre jusqu'à Gredos et jusqu'à ce même Parador pour fonder la Phalange espagnole sur le Rocher historique. Et encore bien des années plus tard, en 1978, ce Parador reçut les sept intervenants responsables de la rédaction du projet définitif de la Constitution espagnole sous le règne du roi don Juan Carlos, se fondant sur l'avant-projet de la Constitution espagnole. C'est depuis ces contrées boisées qu'on nous annonça, à nous, tous les Espagnols, des horizons démocratiques espérés, quoique, encore incertains. Des mois de doutes raisonnables allaient s'écouler, même si le Bulletin Officiel des Cours Suprêmes, en principe exempt de soupçon, s'efforçait de résoudre plus d'un million d’amendements venus d'idéologies de tous bords et de vieilles croyances. Mais que l'étranger se souvienne que c'est justement ici, dans ledit Salon du silence, que les esprits les plus remarquables adoptèrent la très complexe mais définitive Constitution espagnole : l'année 1978 passa comme un torrent, grossie d'innombrables angoisses et incertitudes, qui trouvèrent un heureux dénouement. Et ce serait ici, dans ce salon appelé non sans raison le Salon du silence, qu'on allait débattre, argumenter, se quereller, et adopter définitivement la Constitution qui depuis lors régit et gouverne toutes nos Espagnes au cœur même de leurs disparités : dans ce même salon se sont assis les esprits patriarcaux respectables et respectés par tous pour discuter, au sein de cette atmosphère propre à la tolérance en marge de tout, et dans le respect de toutes les idéologies possibles. Nous pouvons être presque certains que le silence n'y régna pas ; mais pour sûr, ce fut la victoire de la tolérance... Le salon écouta les opinions probablement fort contrastées de Fraga Iribarne, de Gregorio Peces Barba, de Gabriel Cisneros ; et de Herrero de Miñón. De Jordi Sole Tura. De José Pedro Pérez Llorca et de Miguel Roca Junjent. Ce premier Parador a plus de raisons qu'il n'en faut pour afficher une plaque qui reflète son orgueil. Et pour qu'il reste une trace juste et raisonnable de cet accord, cet ensemble de politiciens tolérants et conciliants signa un incunable de la Constitution espagnole actuelle, qui est à la disposition du visiteur. A la suite de nombreux avatars, aventures et mésaventures, cet établissement est maintenant le point de vue indubitablement préféré d'un sage ensemble de personnes venues de tous horizons. Y viennent tout spécialement des visiteurs polyglottes qui cherchent à se rapprocher de ces hauts monts de l’Almanzor en invoquant des raisons ou des penchants divers : pour sa nature insolite ; pour son climat aussi rude que gratifiant et sain. Pour ses endroits célèbres et insolites, lieux de promenades et d’excursions, capables de satisfaire une offre que l’on peut difficilement égaler. Ou encore pour les emplacements de restes ethnographiques. Preuves tangibles du passage et du dépôt que laissèrent les civilisations et les cultures préhistoriques dans tous ces environs. Ces dépressions fertiles et ces pics étonnants sont un mélange mystérieux d'histoires, de géographies, de climats capricieux (parfois cléments, parfois rigoureux) souvent pris de fureur... Mais aux résultats fructueux. Des hivers secs, gelés mais souvent ensoleillés. Alors que l'étranger jouit d'une atmosphère printanière, il est bien possible que le thermomètre affiche quelques degrés en dessous de zéro. Le printemps offre fréquemment d'agréables aurores et couchers de soleil, si rutilants qu'ils en paraissent artificiels : ils envahissent somptueusement les sommets et les prairies comme les mers dorées de genêts aux douces senteurs enveloppantes... GREDOS ET SON PARADOR 3 Des automnes battus par de farouches tempêtes de neige, dont la faible lumière est propice à de féconds dialogues dans la pénombre des cheminées... Le Parador de tourisme affiche un portail gothique du XVe siècle, transféré depuis Ségovie, et de précieuses huiles d’Adelardo Covarsi, peintre d'Estrémadure. Des salons avec cheminées, des meubles classiques et anciens qui sentent la cire fraîche. Et la terrasse dont le balcon donne sur les pinèdes, accueillante, spacieuse et silencieuse : un de ces endroits où le temps passe à pas de velours... Ces régions de montagnes au printemps éternel ont accueilli maintes plumes très célèbres et consacrées : Menéndez Pidal et Sánchez Albornoz passèrent quelques jours à Bohoyo et à Fuente de los Serranos (Source des Montagnards) et en firent l'ascension “montados en pacíficos caballos, acostumbrados a las trochas, a veces peligrosas, de la sierra...”, « à dos de paisibles chevaux, habitués aux pentes raides, parfois dangereuses, de la montagne... » Et, bien que Galdós ait essayé de donner le ton en parlant de “estos horribles pedregales abulenses”, « ces horribles rocailles d'Avila », Unamuno vint déchiffrer les meilleures essences de ces pics, “con el alma llena de la visión de las cimas, de silencio, de paz y de olvido; el alma también se limpia y restaura con el silencio de las cumbres y luego, en estas ascensiones, en estas escapadas, se desnuda uno del decorum, de ese horrendo y estúpido decorum y se pone uno el alma en mangas de camisa...”, « l'âme remplie de la vision des sommets, de silence, de paix et d'oubli ; l'âme se lave et se recompose dans le silence des sommets et puis, dans ces ascensions, dans ces escapades, on se défait du decorum, de cet horrible et imbécile decorum et on se met l'âme en manches de chemise... ». “Gredos es algo extraordinario: es la suma de todas las cosas sanas y admirables...En ninguna parte del mundo se dan, reunidos bajo un cielo tan maravillosamente azul, la dulzura de los valles templados de Arenas, los climas más tónicos y fuertes, la gradación de floras . ¡Que lugares para la reposición sanguínea del ejército de los anémicos!. ¡Que instalaciones helioterápicas!. ¡Que admirables sitios de cura para los enfermos nerviosos!. ¡Y que incomparable retiro para los sanos: que buscan una tregua en la lucha de la vida...!”. « Gredos est quelque chose d'extraordinaire : c'est la somme de toutes les choses saines et admirables... En nul lieu du monde on ne trouve, réunis sous un ciel aussi merveilleusement bleu, la douceur des vallées tempérées d'Arenas, les climats les plus énergiques et les plus forts, et un tel dégradé de fleurs. Quels endroits idéaux pour le renouvellement sanguin des nombreux anémiques ! Que d'installations héliothérapiques ! Quels endroits admirables pour la cure des maladies nerveuses ! Et quelle retraite incomparable pour les gens sains qui cherchent une trêve dans la lutte de la vie ! » Mais, peut-être, le voyageur prosaïque et plus exigeant préfèrera suivre les conseils salutaires de don Gregorio Marañón qui a justement réussi à découvrir ici les sources de la jeunesse éternelle : TABLES NOBLES ET RUSTIQUES omme le pèlerin étranger le sait, il est installé sur les sentiers des cuisines rustiques où la nappe est un accident et où la carte n'est pas toujours le reflet fidèle, ni nécessaire du menu. Il faudra que le voyageur recherche, devine, s'enquière, suggère et demande. Méfiez-vous des apparences extérieures, car seul compte l'intérieur, qui ne leur correspond pas nécessairement. Mais manger dans ces terres nordiques de Gredos peut se révéler un rite qui va au-delà du simple aliment, bien qu'il soit peu recommandable pour des estomacs timorés. Les pommes de terre ont des vertus diverses et presque miraculeuses : humbles, seulement colorées par le piment piquant de la Vera et parfois un soupçon de lard. Elles s’accommodent en « tortillas » (omelettes de pommes de terre), qui ont par ici une autre consistance. En ragoût avec de la viande de gros gibiers ou de la volaille. Ou encore accompagnées d'agneau ou de riz bien juteux. Les haricots, qui ne sont pas forcément du Barco, avec du pied de porc et un peu de chorizo. Les légumes sont excellents, tout particulièrement sous forme de macédoines. Quand c'est la saison, lors les pluies automnales, on trouve de nombreux champignons, qui peuvent être aussi bien exquis que vénéneux. Si, promeneur, vous n'êtes pas un expert consacré, consultez le plus grand C 4 GREDOS ET SON PARADOR nombre possible de connaisseurs du lieu. Dans le Parador lui-même, vous pourrez obtenir les meilleurs conseils et itinéraires. La « pamplina » est une espèce exquise de cresson minuscule et sauvage qui ne veut pousser que près des ruisseaux transparents de moins de deux empans de profondeur. Comme les premiers chrétiens, ils savent préparer des morues consacrées par des palais curieux et plus qu'acceptables. Les truites et les crabes sont des espèces protégées interdites à la pêche et à la vente. Cela n'empêchera pas le visiteur de s'en enquérir : on ne sait jamais, les braconniers sont bien là pour quelque chose... Les agneaux et les chevreaux en « cocidos » (pot-au-feu) ou en rôtis qui méritent notre confiance, d’où qu’ils soient. Les « cochifritos » (ragoûts) s'y préparent d'une manière difficile à surpasser. On dit que les viandes rouges de bœuf et de génisse ont toujours été ici à leur apogée. Le bétail est spécial et varie au détour de chaque sentier. Les chorizos y sont meilleurs que les jambons. Les « morcillas » aux goûts curieux et savoureux. Il y a encore des fromages artisanaux de chèvre et de brebis. Les vins noirs de Cebreros font de la concurrence à ceux de l'appellation Ribera del Duero. Des desserts sucrés et abondants. Flans, riz au lait et « leche frita » (lait frit) aux arômes célestes... La cuisine du Parador est une autre valeur sûre : en plus des délicieux mets décrits ci-dessus, cet ancien établissement royal peut se vanter avec plus de raisons qu'il n'en faut de détenir une carte difficile à égaler. Le menu habituel propose un répertoire ample, relativement varié et suggestif : - « Torreznos » (lardons) frits accompagnés de choux et de pommes de terre. - Salades de fromage frais (avec d'inégalables échantillons de fromage de chèvre fait du lait des chèvres de ces mêmes « Almanzors »). Ou encore de la morue panée, macérée dans une sauce aux poivrons... Des grillades de ces succulentes viandes de bœuf d'Avila accompagnées de champignons et d'autres surprises. A maintes autres diableries gourmandes s'ajoutent des plats aussi surprenants que : - les ris grillés d'agneau de lait sur lit de poireaux. - le magret de canard assorti d'une compote de figues - des ris de chevreaux ou d'agneaux avec leurs variantes que seul connaît et décide de confectionner le Chef de cuisine, qui est vraiment un Chef. à son appétit des gaspachos, des « ajoblancos » (soupe froide à base d'ail), des asperges sauvages, des aubergines farcies aux poireaux et à la morue. Et il n'y manque jamais les petits agneaux, les cochons de lait et les cerfs rôtis ou préparés différemment. Immanquablement, quand vient l'automne, ces tables se parent de plats et des ragoûts à base de multiples variétés de champignons qui apparaissent dans ces régions avec une ponctualité parfaite : bolets, lactaires, morilles, cornets... N'oublions pas les desserts délicieux tels que les crèmes avec des beignets, le riz au lait... Et, surtout, un répertoire de fromages aussi excellents qu'exclusifs. De chèvre, du Montenegro, du Tietar... LA RECETTE SECRÈTE TRUITES FOURREES AUX CHAMPIGNONS, POIVRONS ET HERBES. - Lavées, sans arêtes, séchées et assaisonnées. Le client doit se rappeler qu'en été, il sera toujours offert à son caprice et - On les remplit d'une espèce de « julienne » hachée à base de champignons et d'ail. - Enfourner et laisser cuire à feu moyen, entre dix et quinze minutes. LES AGNEAUX DE CES ALMANZORS - L'agneau – qui doit être jeune – se coupe et se sale à sa juste mesure. On le laisse reposer pendant que l'on frit quelques gousses d'ail. - Quand on le juge bon, on fait frire les tranches de l'agneau dans une sauce assez juteuse à base d'oignon, de laurier, d'un peu de vin et de poivron de la Vera (obligatoirement). Il reste à attendre avec la patience nécessaire que cuise le ragoût à petit feu jusqu'à ce que l'hôte ne puisse plus résister... PROMENADES SALUTAIRES « Sur la rive verte et délectable Du Tormes sacré, rivière douce et claire Il y a une vallée grande et spacieuse verte au milieu de l’hiver froid,, ‘en automne verte et printanière Verte dans la force de son été ardent Garcilaso de la Vega elon le chemin qu'emprunte le promeneur, son regard se posera sur des plaisirs, des climats et des paysages très variés : des tons mauves et de douces chaleurs vers le sud de cette épine dorsale rocheuse. Les zones du nord, au contraire, sont caractérisées par une noblesse aigre, froide, pure et dure. Ces sentiers sont moins festifs ; plus S propices à une promenade calme qu'à un dur pèlerinage. En tout cas, il ne faut pas manquer la lagune de Gredos, une longue excursion, qu'il convient de commencer le matin, aux premières lueurs de l'aube. Il faut arriver au plateau à la tombée de la nuit pour contempler au mieux les chèvres hispaniques et parvenir à l'endroit le plus propice d'Espagne pour faire du parapente. L'amplitude et la profondeur de la vue de Piedrahita depuis ces hauteurs sont un véritable luxe. Nous devons préciser – si le voyageur est un néophyte en ce concerne la connaissance de la nature – que le « pin rouge » est l'espèce autochtone de ces sommets, variété tolérante et permissive avec les « herbes des prairies » que le pin résineux empêche de pousser (on dit que dans ces contrées, que ses aiguilles empoisonnent toute plante située sous ses GREDOS ET SON PARADOR 5 abondantes frondaisons). On sait, on dit et on maintient avec force qu'au moins une des trois caravelles de Christophe Colomb a été construite avec les meilleurs bois de ces pinèdes. NAVARREDONDA : église de San Benito, du XIIIe et l'Asunción, du XVIe, recelant un ostensoir d'argent de très grand prix. Le « Monumento a la Peña Histórica » (Le monument au Rocher Historique) est un lieu de méditation transcendantale : c'est ici que José Antonio Primo de Rivera vint fonder la Phalange espagnole. HOYOS DEL ESPINO (Défilés de l'Espino). C'était le saint foyer consacré au tourisme de Gredos : la société Gredos-Tormes fut fondée en 1911 sous les auspices du roi chasseur Alfonso XIII. Le « Santuario de Nuestra Señora del Espino » (Sanctuaire de Notre-dame de l'Espino) est un excellent exemplaire de gothique d'Avila. BOHOYO est un cadeau qu'Alfonso XI voulut faire à un excellent valet qui était à son service. Le village est une jolie carte postale montagnarde avec une belle église gothique. Les habitants les plus âgés veulent encore rappeler qu'un terrible bandit rôdait dans les environs: celui qu'on appelle le « Maragato » avait son repaire secret dans les environs de Venta del Obispo (l'Auberge de l'évêque), aux limites du Puerto del Pico (port du Pic). Parmi ses mille forfaits et atrocités, il y a encore aujourd'hui des langues qui nous rappellent qu'un moine modeste, à peine protégé par une humble soutane et de pauvres sandales, passa sur le chemin du maudit bandit. Le « Maragato exigea les sandales du moine. Mais le frère chrétien s'offrit à l'assaillant. -« Si vous voulez mes sandales et même mes habits, venez me les ôter vous-même... ». A ce que l'on raconte, le bandit sacrilège à peine accroupi, le moine impénitent lui asséna un coup d'une de ces pierres granitiques et lui donna le passeport définitif pour la vie éternelle. EL TIEMBLO reçut le baptême au XIIe siècle. C'était la ville de plaisance estivale favorite des évêques d'Avila. Les moniales bénédictines vénèrent l'oreiller de pierre qui favorisa la méditation de sainte Thérèse. Une église d'apparence gothique et une grand-place du XVIIIe. Les restes de la Venta Judadera (auberge Judadera) sont les garantes des fondations de l'unité de l'Espagne : « Ici Isabelle la Catholique fut sacrée princesse et héritière légitime des royaumes de Castille et de León. » Les anciens Toros de Guisando, que l'illustre père Mariana dédia aux victoires 6 GREDOS ET SON PARADOR de Jules César, sont toujours fixés et accrochés ici. CEBREROS fut une brillante ville médiévale. La Vieille église date du XVe et celle de Santiago conserve d’intéressants retables. EL BARRACO est situé dans la vallée de l’Alberche. Imposante église gothicorenaissance et retable respectable. Noble hôtel de ville du XVIe. BURGOHONDO était au XIIe siècle un couvent d’augustins et une puissante abbaye. L’église de Santa Maria, classée monument historique, est un joyau de l’art roman. Le seigneuriage de Valdecorneja, des Álvarez de Tolède, sema ces terres de villes importantes jusqu'à ce que les seigneurs aient atteint la retraite inévitable : SAN MARTÍN DE LA VEGA, NAVADIJOS, GARGANTA DEL VILLAR, NAVACEPEDA, NAVALPERAL, ZAPARDIEL... Aujourd'hui on y voit des églises, des paysages et des gens très hospitaliers. PIEDRAHITA a été une magnifique propriété qu'Alphonse le Brave offrit à sa fille, dame Urraca, et fut capitale de l'état de Valdecorneja. Ici naquit Fernando Álvarez de Tolède, le « Grand duc » de la maison d'Alba, élevé aux choses de la paix par Luis Vives, Garcilaso et Gracián et aux choses de la guerre par Charles Quint. Eglise renaissance, avec des réminiscences gothiques. Palais des ducs d'Alba, du XVIIIe. La ville conserve un beau caractère médiéval et un marché d'artisanat et de gastronomie locale. BARCO DE AVILA. Les vastes territoires du Tormes ; ceux d' Álvarez de Toledo, concédés par don Enrique II depuis le XIVe siècle. L'église de la Asunción était byzantine avant d'être gothique, et exhibe une orgueilleuse tour carrée qui attire un nombre impressionnant de cigognes. Le beau pont médiéval est très ancien, même si on ne peut dater sa construction... Merveilleux château de Valdecorneja. Restes de nobles manoirs et plaza mayor (place principale) agréable, avec des arches qui accueillent des commerces et des tavernes propices au repos du voyageur étranger. Si le voyageur est sportif, on le renseignera au Parador avec tous les détails nécessaires sur les activités que l'on peut pratiquer dans les alentours de Gredos : la randonnée, l'alpinisme, l’équitation, le deltaplane, etc., qui satisferont sûrement amplement les besoins et les goûts du voyageur. Parador de Gredos Ctra. Barraco-Béjar, km. 42. 05635 Navarredonda de Gredos (Ávila) Tel.: 920 34 80 48 - Fax: 920 34 82 05 e-mail: [email protected] Centrale de Reservations Requena, 3. 28013 Madrid (España) Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32 www.parador.es / e-mail: [email protected] wap.parador.es/wap/ Textos: Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar GREDOS ET SON PARADOR 7