Book Review: Le danseur et sa corde. Wittgenstein, Tolstoï

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reader) to put their teachings into practice. Of early literature, Sirjani’s text seems to be
unique in the attention it devotes to explaining their quasi-revelatory status.
The discussion of the hikam in the opening chapter sets the stage for the remainder of the
text, essentially comprised of short sayings and tales prefaced by Quranic verses. The editors
astutely note in their own introduction that Sirjani’s use of these sayings need not imply a
lack of ingenuity or originality on his part, since the manner in which he creatively articulates his own ideas can be found in the way in which he stitches together these sayings with
his own terse commentary. While the editors are correct in suggesting that Sarraj’s Book of
Flashes is likely to have exerted the most significant influence on the work, the influence
must not be overstated. Some of the most distinctive features of the Book of Flashes are
entirely absent in Sirjani’s work. Sarraj’s brilliant and highly original explanation of the
ritual fast, for example, is almost entirely absent in Sirjani, even though it was discussed
by Hujwiri and served as the starting point for Ibn al-’Arabi’s (d. 1240) extensive
discussion of its metaphysical significance in the Meccan Revelations. Other such
examples could also be provided. On the whole, therefore, Black and White appears,
for all intents and purposes, to be an original contribution, worthy of close study.
Eliza Tasbihi has already noted in her own excellent review of this book (Muslim
World Book Review, 33:4, 2013, pp. 58–62) that Orfali and Saab make no mention, in
their introduction, of a version of Black and White which was edited by Mohsen Pourmukhtar and published by the Iranian Institute of Philosophy in Tehran in collaboration
with Berlin’s Free University. The omission was likely for the simple reason that our
editors were unaware of the earlier edition, published as it was only a year before the
present one (a point noted by Tasbihi). A personal correspondence with one of the editors
also made it clear to me that the present Brill edition was completed and awaiting
publication in 2010 – before the Tehran–Berlin edition was itself printed. To this date,
the Tehran–Berlin edition remains extremely difficult to procure.
To conclude, the Orfali and Saab edition of Black and White is meticulously edited, and
comes with a well-researched 50-page introduction which discusses Sirjani’s life, his style
of writing, the role of the hikam in his work, the structure of the work, his sources, as well as
the manuscripts that were used. The only drawback to the present edition is that there are no
source-references for the hadiths that are cited by Sirjani. This would have been a useful
addition considering some of the remarkable traditions he attributes to the Prophet of Islam.
Atif Khalil
University of Lethbridge
Le danseur et sa corde. Wittgenstein, Tolstoı̈, Nietzsche, Gottfried Keller et les
difficultés de la foi
Jacques Bouveresse
Marseille : Agone, 2014. 300 p.
Jacques Bouveresse nous invite à la lecture par une rencontre des travaux de l’écrivain
suisse Gottfried Keller (1819–1890) et du philosophe Ludwig Wittgenstein (1889–
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1951), sur cette question, plus rarement abordée maintenant en philosophie, qu’est la foi
en Dieu et les fondements mêmes des religions, mais ici sous une variante quelque peu
différente, à savoir la place et le sens que prend le questionnement religieux chez
l’écrivain et le philosophe comme lecteur de ce dernier.
Nietzsche, qui a radicalement critiqué le christianisme, n’en a pas moins exprimé une
conviction profonde qui consistait à garder ce qui pouvait bien rester après cette épuration du christianisme historique. Mais comme le fait justement remarqué l’auteur, Wittgenstein et Keller trouvaient incongru de théoriser par la philosophie ou la théologie, ce
qui ne pouvait réellement s’y prêter, c’est-à-dire la foi elle-même ou toutes formes de
croyances religieuses. D’ailleurs, l’auteur fait ressortir les principaux arguments des
premiers textes de Wittgenstein, dont le Tractatus, lesquels furent traversés par des
influences diverses dont celle de Tolstoı̈, par son Abre´ge´ de l’E´vangile, et de Kierkegaard que le philosophe considérait plus radical que Dostoı̈evski quant à sa critique du
christianisme.
Ainsi, Henri le Vert, roman autobiographique de Keller, aurait joué un rôle important
dans la pensée de Wittgenstein sur la question religieuse ; d’ailleurs, cette influence est
davantage perceptible dans ses Carnets et surtout dans les Remarques meˆle´es, mélanges
de considérations philosophiques, d’observations sur le monde et d’impressions
existentielles.
L’auteur ajoute à ce qui précède de nombreux éléments qui mettent en lumière
l’œuvre de Keller et son importance à la fin du XIXe siècle et au début du XXe ; non
seulement Nietzsche et Brahms l’ont-ils rencontré, mais de nombreux écrivains, dont W.
Benjamin, ont aussi reconnu son importance littéraire et artistique.
Les liens très particuliers entre les remarques de Wittgenstein sur la religion et celles,
quelquefois tout aussi radicales, de Keller, sont très bien exposés par Bouveresse qui
souligne, par ces quelques exemples, certains traits de la critique du philosophe et de
l’écrivain : « La croyance en Dieu se reconnaı̂t et se juge sans doute à ses fruits, mais
c’est une chose qui est tout aussi vraie de l’athéisme » (136). La dimension éthique chez
Wittgenstein a, en effet, préoccupé le philosophe tout au long de sa vie et ce questionnement tout simple, formulé ainsi : « Comment devenir un autre homme ? » ou encore «
Comment devenir un philosophe digne de ce nom ?», ne pouvait échapper à son constant
souci de précision quant au fait religieux, qu’il ne rejetait nullement et que l’auteur
formule ainsi : « Si c’est essentiellement par la connaissance de soi que l’on accède
au sentiment religieux véritable, il reste encore, cependant à se demander dans quelle
mesure la connaissance en question est en mesure de transformer réellement celui qui fait
l’effort de l’acquérir » (162). Notons que cette observation reste fort pertinente par
rapport à un problème auquel se buttent toujours nombre de théologiens !
A ces questions, l’auteur ajoute celle du concept de prédestination que relève Wittgenstein qui insiste, dans certains écrits, sur le contraste, quelquefois violent, entre la
simplicité des Évangiles et la théologie des lettres de Paul ; débat qui a fait objet de très
nombreuses polémiques depuis les débuts du christianisme, mais rappeler les ambiguı̈tés
de ce concept ne peut être qu’utile, et ce, d’autant plus, que cette tension entre la
théologie de Paul et celles des Évangélistes n’a jamais été complètement résolue. Il
en est de même pour les questions de l’existence de l’âme et de l’immortalité qui ont
préoccupé Wittgenstein et qu’il analyse sans rejet ni adhésion.
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Enfin, Bouveresse n’oriente jamais les préoccupations religieuses du philosophe
viennois du côté de la métaphysique, absente dans son œuvre, mais plutôt vers son
angoisse fondamentale liée à sa recherche incessante de clarification et de vérité ; il
n’a jamais disqualifié, par des arguments spécieux et militants, les croyances en général
ou la foi en un Dieu, ici, des chrétiens, mais il a plutôt recherché ce qui pouvait faire sens
dans ses jeux de langages qu’emprunte le croyant. Ce que l’auteur souligne fortement à
la fois chez Keller et Wittgenstein, c’est leur conviction en une possibilité de transformation profonde de l’homme, tout d’abord par ses propres efforts, et cela par un travail
de lucidité sur soi ; mais ils sont tous les deux conscients que le croyant habité par la foi
en un Dieu, celui des Évangiles, ne peut être soumis qu’aux mêmes impératifs et qu’inviter quiconque à la foi, c’est avant tout exiger de soi une constante transformation ou
une conversion, en terme théologique.
Ce livre constitue le dernier tome d’une trilogie composée de Peut-on ne pas croire ?
(2007) et de Que faut-il faire de la religion ? (2011), tous publiés chez Agone.
Michel Clément
Moncoutant
Religious Radicalization and Securitization in Canada and Beyond
Paul Bramadat and Lorne Dawson (eds)
Toronto, Ontario: University of Toronto Press, 2014. xii þ 332 pp.
This book is the product of an inter-disciplinary research project organized by the
University of Victoria’s Centre for Studies in Religion and Society. The contributors
met to discuss and respond to each other’s draft chapters; as a result the book exhibits a
greater unity than most edited collections. Nevertheless, not all the authors discuss both
religious radicalization and securitization.
Bramadat defines these two key concepts in his Introduction: radicalization is ‘‘the
process by which a person might make a transition from being merely alienated from or
irritated by the dominant culture to being enraged by and violently disposed towards that
culture’’ (5–6); securitization ‘‘refers to the growing emphasis on national security understood both narrowly (e.g., increased border controls for particular states) and broadly (e.g.,
increased international cooperation in the ‘war on terror’ and the pursuit of groups such as
al-Qaeda)’’ (7–8). Securitization attempts to counter radicalization but often encourages it.
Despite the efforts of political leaders and others to dissociate terrorism and religion,
the contributors to this book argue convincingly that many individuals and groups
engaging in terrorist activities are motivated by their particular religious beliefs. Nor
is this a recent phenomenon; as Ian Reader notes, ‘‘the world’s religions are suffused
with images of violence and conflict, usually articulated in terms of cosmic wars of good
against evil’’ (43). Religious radicals can be found in all the major faiths, although most
attention now is directed at Islam.
Three of the chapters are devoted to Muslim extremists. Lorne Dawson’s focus is the
‘‘Toronto 18,’’ a group of young Muslim men who were accused of plotting to attack

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