L comme Love

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L comme Love
ANNE CALHOUN
L comme Love
Collection : SEXY
Titre original : UNDER HIS HAND
Traduction française de EVELYNE JOUVE
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SEXY®
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ISBN 978-2-2803-5841-5 — ISSN 2426-7945
Chapitre 1
Tess plongea le gant de toilette dans l’eau froide, se
pencha au-dessus du lavabo, les cheveux rassemblés sur
une épaule, et posa le tissu trempé sur sa nuque. Un filet
glacé ruissela dans son dos, se mêlant à sa sueur. Malgré
les fenêtres ouvertes et le ventilateur oscillant qui brassait
un air aussi épais qu’une soupe chaude, la température
était toujours plus élevée dedans que dehors.
Elle passa le gant sur sa gorge, mouillant le débardeur
au niveau de ses seins tout en regardant les voilages qui
pendaient de chaque côté de la baie vitrée, admirant la
douceur nocturne. Dormir sans fermer les volets était un
plaisir que la plupart des gens s’accordaient sans même
y penser. Drew Norwood, son petit ami, appartenait aux
forces spéciales de l’US Navy et savait évaluer les risques
dans n’importe quelle situation. Entre ce plaisir et sa
sécurité, il avait tranché : elle devait verrouiller portes et
fenêtres à la tombée de la nuit. Mais voilà, Drew était parti
depuis plus de trois semaines. Sans crier gare, comme
toujours. Depuis six mois qu’ils étaient ensemble, c’était
déjà la troisième fois qu’il se volatilisait ainsi, du jour
au lendemain, réapparaissant également sans prévenir,
amaigri, épuisé, la peau brûlée par le soleil.
Le plus difficile à gérer, ce n’étaient pas tant ses
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absences. Après tout, c’était le prix à payer quand on
vivait avec un soldat des forces spéciales et elle avait
l’habitude qu’on sorte de sa vie sans explication. Non,
le plus compliqué, c’étaient ses retours, imprévisibles,
déstabilisants de soudaineté.
Tess était rarement prise au dépourvu, mais une vague
de chaleur brutale, conjuguée à une panne de climatisation, ne lui avait laissé que deux options : braver l’interdit
de Drew en dormant fenêtre ouverte, ou se transformer
en flaque dans son lit. Elle préférait de loin se liquéfier
de plaisir entre ses bras, et comme elle n’avait pas les
moyens de faire rétablir l’air conditionné…
Drew n’en saurait rien, de toute façon. Et ce qu’il
ignorait ne le blesserait pas.
Elle frotta le gant de toilette sur son visage comme
pour effacer cette pensée traîtresse puis l’abandonna
sur le rebord du lavabo et éteignit la salle de bains. Elle
traversait le rayon de lune qui dessinait un long trait pâle
sur sol de sa chambre quand soudain, une ombre tapie
derrière une porte bondit sur elle en silence, broya son
poignet dans un étau et lui tordit le bras dans le dos tout
en la plaquant brutalement contre le mur. Une paume
rugueuse étouffa dans sa bouche son cri de terreur. Avec
une force décuplée par la peur, elle se jeta en arrière pour
tenter de déstabiliser son agresseur, mais il ne bougea
pas d’un centimètre. Pire, il insinua une jambe entre
les siennes pour la déséquilibrer et la pressa contre la
cloison avec une facilité effrayante. Il était plus grand
qu’elle, plus fort, il avait l’avantage de la surprise : elle
était piégée.
Les yeux écarquillés d’épouvante, elle tourna la tête sur
le côté. Ce qu’elle aperçut ne fit qu’accroître sa panique :
son assaillant avait de larges épaules et un torse massif
qui l’écrasait. Elle se débattit pour tenter de se dégager,
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mais en vain, les muscles d’acier qui la maintenaient
ne frémirent même pas. Son petit string en coton ne lui
était d’aucun secours contre le sexe bandé qui se pressait
impitoyablement contre ses fesses.
Elle inspira pour hurler et perçut l’odeur âpre et
familière du savon brut utilisé sur la base militaire de
Coronado. Elle passa si vite de la terreur au soulagement
que ses jambes flageolèrent.
Drew ! Il était de retour, sans prévenir. Et il avait failli
la faire mourir de peur !
Comment était-il entré ?
Elle avait travaillé en bas toute la soirée, enfermée
comme dans un bunker. Drew possédait un double,
mais il n’avait pas pu s’en servir puisqu’elle avait mis la
chaîne de sécurité. Les menuiseries du rez-de-chaussée
étaient tellement déformées qu’on ne pouvait les ouvrir
ou les fermer sans ameuter tout le quartier, même pour
un athlète comme Drew. En revanche, celles de l’étage
n’étaient pas verrouillées et glissaient silencieusement
sur leurs rails. Ecartant l’idée qu’il ait pu s’infiltrer sous
la porte comme un vampire, elle en conclut qu’il avait
dû entrer par la fenêtre de sa chambre…
— Tess, tu es dans les ennuis.
La menace de velours perça dans sa voix rauque
tandis qu’il retirait son bonnet de laine noir et le jetait
derrière lui. Ses cheveux blond pâle, collés par la sueur,
décolorés par le soleil et l’eau de mer, luisaient dans la
pénombre bleutée de la chambre. Avec un sens du timing
purement démoniaque, il avait trouvé le moyen de la
surprendre au moment où elle était le plus vulnérable,
vêtue en tout et pour tout de l’un de ses débardeurs de
l’armée et d’un string microscopique. Elle était presque
nue, écrasée entre le mur et lui, et n’avait aucune chance
de se dégager de son étreinte d’acier.
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— Je peux t’expliquer, protesta-t‑elle contre sa paume.
— Quoi ?
A la façon dont il aboya la question, elle comprit que
la leçon qu’il venait de lui donner ne l’avait pas absoute
de ses péchés. Elle se débattit un peu plus et il écarta sa
main juste pour lui permettre de répondre.
— J’ai dit que je pouvais t’expliquer !
Il la bâillonna de nouveau.
— Je ne veux pas parler. J’ai été absent pendant vingtsix jours. Je te veux, toi. Maintenant.
Sa voix âpre et sexy, vibrante d’impatience et de
colère, déclencha en elle une onde de désir. Elle sursauta
quand il mordilla le lobe sensible de son oreille avant
de la lâcher, l’écrasant de son corps, pour plaquer ses
paumes contre le mur, au-dessus de sa tête. Docile, elle
resta immobile tandis qu’il abaissait son string, puis
déboutonnait la braguette de son pantalon cargo. Elle
ne put s’empêcher de frissonner en sentant ses doigts
effleurer la peau vulnérable de ses fesses. Il s’imposa entre
ses cuisses, l’obligeant à écarter davantage les pieds, son
sous-vêtement délicat manquant craquer sous la tension,
s’enfonçant dans les muscles tremblants de ses jambes.
Un désir brutal pulsa dans ses veines, attisé par le flot
d’adrénaline qu’avait généré son agression terrifiante.
Sans même en avoir conscience, elle se cambra pour
s’offrir à lui.
Son rire étouffé ne masqua pas le bruit du sachet de
préservatif qu’il déchirait. Après une pause, il posa ses
grandes mains sur ses hanches et la força à se soulever
jusqu’à ce qu’elle se retrouve en équilibre sur la pointe des
pieds, penchée en avant, totalement à sa merci. Sa joue
frottant sur le plâtre fissuré du mur, elle ferma les yeux
tandis que la peur, ce puissant aphrodisiaque, décuplait
toutes ses sensations. Le tissu rugueux de son pantalon
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noir râpait l’intérieur de ses cuisses, contrastant avec la
caresse douce de sa toison intime, là où ils étaient pressés
l’un contre l’autre. Des étincelles électriques couraient
sous sa peau, prêtes à s’embraser.
— Je t’ai manqué ?
Etait-ce réellement du doute qu’elle percevait sous sa
question moqueuse ? Difficile de réfléchir dans cette
position, sa grande main plaquée sur son ventre, son
sexe dur et brûlant contre ses fesses. La réponse jaillit
sans une hésitation.
— Toujours, chuchota-t‑elle, et elle l’entendit reprendre
son souffle.
Un bras autour de sa taille pour la maintenir hissée
sur la pointe des pieds, il l’écrasa soudain encore plus
contre le mur et, après avoir écarté ses replis intimes de
ses doigts, dans un contact qui faillit la faire défaillir, il
la pénétra de son sexe large et puissant, avec une telle
force qu’elle se mordit la lèvre pour ne pas crier.
Il s’immobilisa.
— Ça va ? demanda-t‑il d’une voix rauque, tendue.
Non… Peut-être…
— Je… oui.
Il poussa un gémissement, presque involontaire, et
commença à aller et venir en elle, durement, profondément. Elle savait d’expérience que même si la première
fois était généralement rapide et brutale, elle pouvait
atteindre l’orgasme simplement en se laissant porter
par l’adrénaline et le désir que Drew accumulait en lui
depuis des semaines. Parfois, à son retour, il l’emmenait
dans la chambre, mais le plus souvent, il la prenait contre
la porte d’entrée ou sur la table branlante de la cuisine.
Ces étreintes violentes réveillaient ses instincts les plus
primitifs. Ecartelée, possédée comme un butin de guerre,
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elle jouissait dans la morsure de ses dents sur son épaule,
dans la dureté de sa main sur sa hanche.
Mais ce soir, c’était différent. Les vestiges de sa
terreur se mêlaient au désir qui coulait dans ses veines.
Sa position inconfortable la déséquilibrait, l’obligeant
à pousser vers l’arrière à chacun de ses coups de reins
pour empêcher son front de taper contre le mur, ce qui
l’offrait davantage à Drew, lui permettant de la pénétrer
encore plus profondément. Sa docilité lui tira un nouveau
gémissement assourdi.
Son rythme était impitoyable, presque punitif, tout
comme l’étau de son bras autour de sa taille luisante de
sueur. Lui saisissant les cheveux dans sa main libre, il
lui tourna la tête sur le côté pour pouvoir la regarder.
Le désir montait en elle, lui faisant cligner les paupières,
et elle vit une tension inhabituelle derrière la flamme
familière de ses yeux bleus.
Pendant une fraction de seconde, elle émergea du
tourbillon de la passion, mais il changea soudain de
position, touchant un point qui déclencha en elle une
cascade de sensations aiguës, et elle succomba de nouveau
à l’instant présent. Son débardeur frottait la pointe de
ses seins chaque fois qu’ils se pressaient contre la cloison
et le plaisir commençait à culminer en elle, la faisant
trembler et gémir par-dessus le claquement répétitif de
son bas-ventre contre ses fesses.
Lâchant ses cheveux, il fit glisser sa main le long de
son flanc jusqu’à son sexe. D’un doigt, il caressa brutalement son clitoris gonflé. Tendue comme un ressort, elle
rejeta la tête en arrière tandis qu’il conservait le même
rythme rapide et implacable. Elle cria et jouit une fraction de seconde avant qu’il l’écrase contre le mur avec
un grondement. Elle le sentit se déverser en elle pendant
qu’il parsemait sa joue et son cou de baisers fiévreux.
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Puis il exhala un long soupir contre sa peau, son corps
massif reposant contre le sien.
Elle s’affaissa contre lui le temps que les spasmes
du plaisir refluent, attendant que ses jambes cessent
de trembler. Puis sa respiration s’apaisa et la passion
céda place au contentement. Elle lui lança un regard
langoureux par-dessus son épaule. Ils n’avaient jamais
atteint une telle intensité. Un accord aussi parfait réparait
sûrement la bêtise qu’elle avait commise en laissant tout
ouvert à l’étage ?
Il ne répondit pas à son sourire. Ses pommettes étaient
enflammées sous son hâle permanent. De la sueur coulait
sur ses joues hérissées d’une barbe de plusieurs jours.
— Tu m’as manqué, Tess. Maintenant, tu peux t’expliquer pour les fenêtres.
Oups.
Au même instant, il se retira d’elle. Saisie par les
inflexions métalliques qui perçaient sous la douceur
trompeuse de sa voix, elle se redressa et remonta son
string. Elle ne voulait pas être nue devant lui pendant
cette conversation. Le coton résista, collé à sa peau moite,
pendant que Drew se dirigeait vers la salle de bains.
— Ne bouge pas.
Il lança ces mots par-dessus son épaule sur un ton
cassant qui la figea.
A son retour, il s’immobilisa dans la flaque de clair
de lune où elle se trouvait quand il s’était jeté sur elle.
Ses mèches blondes étaient plaquées sur son front et une
barbe de plusieurs jours mangeait ses joues. Son visage
ne laissa paraître aucune émotion tandis qu’il l’examinait
de la tête aux pieds. Ses seins pointaient sous le tissu
trempé de sueur de son débardeur. Son string blanc ne
couvrait que son minuscule triangle de boucles, dévoilant
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ses jambes nues. Dans d’autres circonstances, il l’aurait
dévorée du regard. Mais ce soir, il fixait ses traits avec
une attention déroutante.
Elle rassembla ses cheveux dans un nœud souple
sur sa nuque, croisa les bras et s’obligea à le scruter
dans les yeux. Son pantalon cargo noir était boutonné,
son T-shirt plaqué sur son torse musclé. Bizarrement, il
était pieds nus. Elle faillit lui demander où étaient ses
chaussures, mais ravala la question, hors sujet compte
tenu de la tension qui étouffait la pièce. Les quelques
heures qui suivaient son retour étaient toujours âpres
et intenses — peut-être à cause du manque accumulé
pendant des semaines ou tout simplement parce qu’il
avait besoin de se sentir vivant. D’habitude, ils prenaient
une douche ensemble après l’amour, mais ce soir, son
attitude distante lui faisait l’effet d’une gifle.
Après un coup d’œil appuyé à la baie vitrée, il reporta
son attention sur elle.
— Qu’est-ce que je vais faire de toi ?
Elle garda le silence. Il lui avait dit ce qui lui arriverait
si elle laissait les fenêtres ouvertes la nuit alors qu’il le lui
avait interdit. Mais s’il ne s’en souvenait pas, elle n’avait
aucune intention de lui rafraîchir la mémoire !
Sans la quitter du regard, il avança lentement. Saisissant
ses poignets d’un geste inflexible, il la retourna et plaqua
ses mains sur le mur, juste au-dessus de ses épaules.
D’une tape de son pied nu contre sa cheville, il la força
à écarter davantage les jambes. Elle sentit une bouffée
de chaleur enflammer ses joues tandis qu’elle s’inclinait
en avant, les fesses tendues vers lui. Il s’agissait d’une
démonstration de pouvoir, ni plus ni moins. Il savait ce
qu’il faisait et, plus humiliant encore, il savait comment
elle allait réagir.
— Nous avons déjà joué cette scène, non ? lança-t‑elle
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tandis que le désir montait dans un lent frisson le long
de sa colonne vertébrale. Et qu’est-ce qui t’a pris de me
sauter dessus comme ça ?
Il appuya sans répondre son torse contre son dos et elle
retrouva la douce langueur d’après l’amour. D’un geste
étonnamment tendre, il rassembla ses longs cheveux
dans sa main et les fit ruisseler comme une cascade de
soie noire.
— Ils étaient roses quand je suis parti.
— J’aime le changement, murmura-t‑elle, de nouveau
déstabilisée.
Posant ses paumes sur le mur, de chaque côté des
siennes, il inclina la tête et pressa les lèvres sur son
épaule droite, remontant avec une lenteur torturante
vers sa nuque avant de l’inciter à tourner le visage pour
embrasser la peau fine sous sa mâchoire. Chaque baiser
créait un écho vibrant dans ses mamelons durcis, avec
une résonance plus appuyée encore dans son clitoris
frémissant.
— D’après toi, combien de temps m’a-t‑il fallu pour
grimper sur le toit du porche, ouvrir la fenêtre et entrer ?
Malédiction. Il n’allait pas lâcher l’affaire. Et pour son
malheur, leur séance de sexe torride n’avait pas suffi à la
rassasier — pas après vingt-six interminables jours sans
lui et après avoir eu la peur de sa vie. Un désir sournois
troubla sa concentration pendant qu’elle essayait d’évaluer le temps qu’elle avait passé dans la salle de bains.
Trente secondes ? L’association dentaire recommandait
deux minutes de brossage, deux fois par jour, mais elle
ne tenait jamais aussi longtemps. Renonçant à calculer,
elle coupa la poire en deux.
— Une minute ?
Il pressa les lèvres sur son épaule en sueur avant de
répondre.
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— Dix secondes, Tess. Il m’a fallu dix secondes pour
me hisser sur le toit, pousser le battant et m’introduire
dans la maison. Je viens de passer plus de temps à te
l’expliquer que je n’en ai mis à le faire. Tu ne m’as même
pas vu quand tu es revenue dans la chambre.
— Tu étais là ? Mais… je n’ai rien entendu, dit-elle en
jetant un regard inquiet vers lui.
Son visage était dénué d’expression.
— C’est à la portée de n’importe qui d’ouvrir une
fenêtre en silence. Et tu avais mis Nickelback tellement
fort que j’aurais pu tirer au M-16 sans que tu t’en aperçoives. Ce n’est pas bien, Tess. Pas bien du tout.
Elle rougit d’embarras et ferma les yeux tout en pivotant
de nouveau vers le mur. Elle avait écouté Far Away en
boucle pendant plus d’une heure pour avoir un bruit de
fond pendant qu’elle travaillait sur un projet d’escalier pour
un loft du centre-ville. Le promoteur avait vu plusieurs
de ses ouvrages et lui avait demandé des croquis. Si elle
décrochait le marché, on lui passerait commande de
vingt modèles uniques — un coup de projecteur inespéré
sur sa petite entreprise et une manne financière qui lui
permettrait de faire installer un système de climatisation
neuf et de mettre un peu d’argent de côté à la banque.
La faute aux paroles poignantes de la chanson, la moitié
de ses rampes s’inspirait de la silhouette et des traits de
Drew dans dix positions différentes.
D’un geste doux, mais ferme à la fois, il lui tourna la
tête vers l’angle de la pièce, noyé d’ombres.
— J’étais là. Je t’ai observée. Tu as retiré cette jupe
sexy que j’adore et enfilé mon débardeur.
Elle tressaillit tandis qu’il touchait le sous-vêtement
blanc — moulant sur lui, large sur elle — qu’il portait
d’ordinaire sous son uniforme.
— Ensuite, tu as ouvert le lit pour ne plus avoir qu’à
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t’y glisser, tu t’es brossé les dents et tu as tenté de te
rafraîchir avec un gant de toilette mouillé. L’eau ruisselait
sur ton cou et tes seins. J’ai tout vu, Tess.
Il prit une profonde inspiration et elle profita de ce
court répit pendant lequel elle n’entendait plus sa voix
rauque et brûlante pour essayer de contrôler les battements affolés de son cœur. Il l’avait épiée, il avait bandé
en la regardant se déshabiller. Le spectacle devait être
torride, mais que se serait-il passé si ce n’était pas Drew
qui était entré par la fenêtre ?
En dépit de la chaleur étouffante, elle sentit sa peau
se couvrir de chair de poule.
— Je comprends ton point de vue.
— Vraiment ? Mets-toi à ma place deux secondes et
imagine ce que j’ai pu ressentir.
Son torse était dur contre son dos, ses biceps se dessinaient en relief sur ses bras d’une minceur trompeuse,
tendus de part et d’autre de son visage. Elle essaya de
visualiser la scène à travers ses yeux. Arrivant dans sa
rue au volant de sa voiture après un mois d’absence,
épuisé, affamé de sexe, de nourriture et de repos, dans
cet ordre-là, impatient de la retrouver et découvrant
les fenêtres ouvertes au premier alors qu’il le lui avait
formellement interdit à cause du danger. Il voulait qu’elle
se mette à sa place, mais quelle était sa place dans sa vie ?
Il était son petit ami, ce qui pouvait signifier beaucoup — ou rien du tout. Il l’emmenait au restaurant. Elle
préparait des paniers de pique-nique qu’ils emportaient
à la plage. Ils visitaient des brocantes, ils assistaient à des
concerts en plein air, ils allaient au cinéma. Il dormait
chez elle chaque fois que ses horaires de serveuse à temps
partiel — le temps que son activité d’auto-entrepreneuse
prenne de l’essor — le lui permettaient. Ils ne fréquentaient
personne d’autre, n’ayant que peu d’amis, mais à quel
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moment un couple passait-il de « Je ne couche qu’avec
toi » à « J’accepte que tu aies des droits sur moi » ?
Elle se raidit à l’idée d’une intimité aussi dangereuse.
— Tu veux entendre ma version de l’histoire ?
Drew était trop malin et savait trop bien comment la
gérer. Ce fut seulement après l’avoir attirée doucement à
lui et avoir dessiné de la langue un chemin délicat sur le
pourtour de son oreille puis sur son lobe qu’il chuchota :
— Je t’écoute.
— La climatisation a rendu l’âme la semaine dernière.
Elle avait réussi à acheter cette petite maison d’un étage
légèrement de guingois à la façade couleur lavande fanée.
La bicoque n’avait aucun attrait en soi si ce n’était son
emplacement, dans le secteur des entrepôts, tout près de
son atelier. Le quartier était éclectique, une façon de dire
qu’on y louait à des prix abordables des appartements qui
n’étaient souvent que des ruines, et qu’on y rencontrait une
population cosmopolite et multiculturelle. Cela signifiait
aussi que pour rentrer chez elle Tess devait se frayer un
passage au milieu d’une faune de drogués, de dealers et
d’ivrognes, de prostituées et de souteneurs, de sans-abri et
de jeunes désœuvrés qui se baladaient en bandes parfois
agressives. Les cambriolages étaient monnaie courante.
Drew avait réussi à charmer Mme Delgado, la voisine de
Tess, en un seul week-end grâce à ses bonnes manières
et à son accent traînant du Sud. Il lui avait fallu encore
moins de temps pour identifier les problèmes liés à son
environnement et émettre un avis très défavorable sur
son système de climatisation vétuste et ses fenêtres.
— Je l’avais deviné, dit-il d’une voix sèche. Pourquoi
ne l’as-tu pas fait réparer ?
Elle lui jeta un regard noir par-dessus son épaule.
— Je devrais faire un millier d’heures supplémentaires
au Blue Dog avant de pouvoir me le permettre.
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— Ça coûte combien ?
— Plus que je ne possède.
— Combien, Tess ?
Elle ne l’avait jamais vu aussi inflexible. C’était comme
si un inconnu était entré dans le corps de son petit ami.
— Six cents dollars, lança-t‑elle tout en sachant qu’il
n’aimerait pas sa réponse.
Il serra les dents puis elle sentit la pression s’alléger
dans son dos.
— Je t’ai laissé de l’argent.
Exact. Il avait voulu lui donner mille dollars et le
numéro de deux copains de la Navy qu’elle pourrait
appeler jour et nuit en cas de besoin. Elle avait refusé
l’un et l’autre. Avait suivi une discussion aussi brève que
houleuse qu’elle avait cru gagner en le voyant ranger la
liasse roulée dans la poche de son short. Mais à peine
rentré à la base, il lui avait téléphoné pour l’informer que,
pendant les soixante secondes où elle l’avait laissé seul
dans la cuisine, il avait glissé les billets dans un pot de
café instantané vide au fond du placard au-dessus de
l’évier et enregistré les coordonnées de ses amis dans le
répertoire de son portable ! Le lendemain, elle apprenait
qu’il était parti en mission.
Elle avait refusé d’utiliser tout cela.
— Je ne veux pas de ton argent. Il me faudrait des
mois pour pouvoir te rembourser et…
— Tu n’as pas à me rembourser.
— Si !
C’était important, même si les raisons devenaient
chaque jour un peu plus opaques.
Une longue pause s’ensuivit, pendant laquelle sa
respiration régulière se mélangea à la sueur qui perlait
le long de son dos.
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— Tess, dit-il sans colère, que dois-je faire pour que
tu me fasses confiance ? On ne peut pas continuer ainsi.
Ces mots, prononcés d’un timbre neutre, la remplirent
de malaise. Elle se retourna pour lui faire face.
— On peut avoir confiance en quelqu’un et ne pas
accepter de vivre à ses dépens, Drew ! Cela n’a rien à voir !
— Mais de quoi as-tu peur ? Que je te demande de
me rembourser en nature ?
Elle écarquilla les yeux, sidérée par l’absurdité de sa
suggestion.
— Bien sûr que non !
Il laissa ses mains appuyées sur le mur de chaque
côté de sa tête pendant que son regard, à la fois triste et
pensif, sondait le sien.
— Ce n’est pas simplement une question d’argent.
J’habite avec toi, je bricole dans la maison et je rapporte
de temps à autre des trucs à manger. Mais dès que j’essaie
de me rapprocher vraiment de toi, tu me claques la
porte au nez. Chaque fois que j’arrive à l’improviste, tu
as quatre boîtes de maïs qui se battent en duel dans tes
placards et rien dans le frigo. Ça me rend dingue que tu
te mettes en danger parce que tu refuses de dépenser six
cents dollars pour vivre dans un minimum de confort.
Il fait une chaleur à crever, ici !
Il prit une grande inspiration.
— Je sais ce que tu as traversé, Tess. Je respecte ton
indépendance. J’essaie juste d’améliorer les choses pour
toi, de construire quelque chose avec toi. Mais si tu ne
veux pas de moi dans ta vie, je ne peux pas m’imposer.
Elle avait fréquenté pas mal de losers — des artistes,
des barmen —, même un avocat, une fois. Mais pas un
seul d’entre eux n’avait regardé le contenu de ses placards,
ni attaché la moindre importance à ses principes. Que
Drew ait envie de l’aider ne la gênait pas, mais son
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problème, ce n’était pas d’accepter ou non l’argent qu’il
mettait à sa disposition. C’était qu’elle refusait d’ajouter
à son fardeau en le laissant porter une partie du sien.
Servir son pays était l’honneur ultime, mais se conduire
en héros ne rendait pas riche.
— Ton salaire n’est pas beaucoup plus gros que le
mien, marmonna-t‑elle pour gagner du temps.
Une lueur d’humour traversa ses yeux bleus.
— Là, mon orgueil vient d’en prendre un coup.
Son bref sourire s’effaça et son visage retrouva son
masque sévère.
— J’en ai suffisamment pour faire réparer la clim. Pas
toi. Je te le donne parce que je t’aime, tout simplement.
Et toi, tu me le jettes à la figure.
Tess en resta figée de stupeur. Il s’éloigna d’elle, et une
peur panique, plus grande encore que la terreur qui l’avait
saisie quand il avait jailli de l’ombre, lui noua le ventre.
— Drew, attends !
Elle lui agrippa le bras. Elle avait des mains vigoureuses
à force de manipuler de lourdes plaques de métal et de
porter des plateaux de verres, mais ce ne fut pas ce qui
l’arrêta. Il s’immobilisa uniquement parce qu’il l’avait
décidé. Et parce qu’elle le lui avait demandé.
— Tu m’aimes ?
Dieu, on ne pouvait pas avoir l’air plus incrédule. Elle
en était presque revêche.
— Oui, Tess. Je t’aime.
Une réponse douce comme une évidence. Il avait ce
courage, cette folie, dans sa vie comme dans son travail,
de ne jamais fuir le danger. Il se mettait à nu devant elle,
sans armure, s’exposant au coup de poignard d’un mot
cinglant ou d’un rire humiliant. Avant de le rencontrer,
elle se croyait forte, invulnérable derrière la muraille
qu’elle avait dressée autour d’elle. Mais comparée à la
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détermination avec laquelle il affrontait les obstacles,
quels qu’ils soient, elle était faible. Et lâche.
— Tu…
Elle s’interrompit et glissa une main dans la sienne
tout en hésitant sur la façon d’aborder le sujet sensible
des émotions.
— Tu ne me l’avais jamais dit. Pourquoi maintenant ?
Au bout d’un long moment, il mêla ses doigts aux siens.
— J’évalue toujours mes chances avant de prendre une
décision. La probabilité que tu partages mes sentiments
ne penchait pas en ma faveur, mais ce soir, j’ai quand
même ressenti le besoin de le dire. Je ne te demande pas
de m’aimer en retour. Du moins pas tout de suite. Mais
si tu refuses de me laisser entrer dans ta vie, même un
peu, je ne pourrai pas rester avec toi.
Les mots auraient pu sonner comme un ultimatum,
une façon de la contrôler en lui imposant un tout ou rien,
mais elle le sentait tendu, à bout de solutions. Qu’avait-il
vu ou vécu pour oser ainsi mettre leur avenir tout entier
sur la table ? Il n’avait pas envie de partir, mais il était
prêt à le faire si elle continuait à le tenir à distance.
C’était à elle de choisir. Elle déglutit pour essayer de
desserrer le nœud qui s’était formé dans sa gorge, et
baissa les yeux sur leurs doigts enlacés, puis sur leurs
pieds. Ceux de Drew légèrement écartés, solidement
ancrés dans le sol. Les siens presque l’un sur l’autre, le
droit enroulé autour du gauche.
— Je ne sais pas faire, dit-elle au vernis à ongles bleu
clair de ses orteils.
C’était difficile à reconnaître, mais c’était la vérité.
— Tu n’as pas besoin de faire quoi que ce soit, Tess.
J’aimerais juste pouvoir prendre soin de toi. Faire réparer
ton climatiseur. M’assurer que tu es en sécurité quand
je suis absent. Je ne jouerai pas les crampons, promis.
22
Il prononça ces mots avec un sourire malicieux tout en
lui levant le menton pour l’obliger à croiser son regard.
— Pourquoi ?
Elle ne parvenait pas à comprendre. Placée dans une
famille d’accueil à onze ans, jetée à la rue à sa majorité
parce que l’Etat n’envoyait plus d’argent pour sa subsistance, elle avait très vite appris que si elle voulait quelque
chose — une maison, un diplôme en art industriel, une
clientèle — elle devrait se battre toute seule pour l’obtenir.
— Personne n’a jamais manifesté la moindre envie
de s’occuper de moi depuis ma naissance. Pourquoi le
ferais-tu ?
— Parce que tu es toi.
Elle ne put s’empêcher de rire, un son moqueur, teinté
de dérision.
— Oh ! bien sûr ! Tout simplement.
Il haussa les épaules et elle perçut de nouveau cette
souffrance dans ses yeux.
— C’est ici qu’intervient la confiance, Tess. A toi de
décider.
Elle aurait préféré soulever une plaque de métal rouillée
à mains nues plutôt que de faire ce saut dans l’inconnu.
Mais pour la première fois de sa vie, quelqu’un voulait
vivre avec elle de façon permanente et pas uniquement
parce qu’il était payé par l’Etat. Elle devait juste accepter
qu’il fasse partie de son quotidien, qu’il prenne soin d’elle.
C’était terrifiant.
Mais l’idée de le perdre l’était davantage.
La tension monta entre eux, à en étouffer l’atmosphère.
Elle vit des petits points noirs scintiller à la périphérie
de sa vision et se rendit compte subitement qu’elle avait
oublié de respirer. Elle relâcha son souffle dans un long
soupir tremblé puis inspira à pleins poumons. L’odeur
de Drew — mélange de sueur propre et de musc où
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perçait une pointe de savon brut — envahit ses sens,
réveillant le souvenir de sa saveur, de la peau ferme de
ses hanches, de son sexe dur et lisse sous sa langue. Elle
sentit ses muscles noués se détendre. Elle ne savait pas
faire, mais Drew avait des mains larges et solides et une
patience infinie. Il la rattraperait si jamais elle tombait.
— D’accord, murmura-t‑elle avec un sourire crispé.
Une joie sauvage brilla dans l’azur de son regard.
Inclinant la tête, il effleura sa bouche d’un baiser qui
commença comme une simple caresse, la promesse de
quelque chose de plus intense. Puis il dessina le contour
de sa lèvre avec la langue et elle s’ouvrit à lui, son souffle
rapide se mêlant au sien. Elle ferma les paupières tandis
qu’il traçait un chemin enflammé vers sa joue, électrisant
sa peau, durcissant la pointe de ses seins, allumant une
étincelle de désir entre ses cuisses.
Puis il recula. Elle inspira à plusieurs reprises, haletante, ouvrit les yeux et découvrit une émotion brûlante
et possessive dans les siens. Avec cette aisance qui était
chez lui une seconde nature, il enfouit la main dans ses
cheveux et l’enroula sur sa nuque.
— D’accord.
— D’accord quoi ?
— D’accord, je vais prendre l’argent pour faire réparer
la clim.
Il lui massa doucement le cou, juste à l’endroit où
toutes ses tensions s’accumulaient quand elle passait des
heures à esquisser des croquis ou réfléchir à un projet,
penchée sur sa planche à dessin. Un frisson électrisant
coula le long de son dos tandis que les muscles de ses
épaules se relâchaient de plaisir.
— Et ?
— Mmm ?
24
Ce fut tout ce qu’elle put dire, ensorcelée par la magie
de ses doigts.
Quand le silence se prolongea, elle leva la tête vers
lui et écarquilla les yeux en voyant le regard appuyé
qu’il lançait à la fenêtre ouverte. Soudain, il encercla
son poignet d’une emprise d’acier. Son pouce caressa le
point sensible où son pouls battait de plus en plus vite.
La lueur brûlante et implacable brillant dans ses iris lui
fit baisser le nez.
— Je suis désolée.
Elle fut fière de la fermeté de sa voix même si son
cœur cognait à toute volée dans sa poitrine. Pourvu qu’il
ait oublié. S’il vous plaît, faites qu’il ait oublié…
— J’avais dit que je ferais quoi si tu bravais mon
interdiction ?
Oh ! Dieu. Il n’avait pas oublié.
Soudain, la prise de ses mains sur ses poignets s’apparenta moins à des préliminaires amoureux qu’à un piège
de velours précédant un interrogatoire.
— Drew. Non.
— Qu’est-ce que j’ai dit, Tess ? Tu te rappelles notre
conversation ?
Les mots étaient d’une douceur presque liquide,
terrifiante. Mais sous son accent traînant du Sud, son
humour et son sens de l’honneur inflexible, Drew n’était
pas quelqu’un de tendre.
Elle garda le silence pendant dix battements de
cœur, puis vingt. Tant qu’elle n’ouvrait pas la bouche,
sa promesse n’avait pas d’existence. Au bout de ce qui
lui sembla une éternité, elle céda.
— Nous avions passé la journée au lit et les draps
étaient trempés malgré la clim. Tu as dit que le moteur était
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moribond. J’ai répondu que ça n’avait pas d’importance
parce que, s’il lâchait, je dormirais les fenêtres ouvertes.
Et que ce ne serait pas la première fois.
Elle s’obligea à le regarder dans les yeux pour ne pas
lui montrer sa peur.
— Tu… tu as dit que si je faisais ça… tu me donnerais
une telle fessée que je ne pourrais pas m’asseoir pendant
une semaine.
Il tournait le dos à la baie vitrée, de sorte que les
ombres s’étiraient sur son visage, masquant partiellement son expression. En revanche, ses larges épaules ne
lui offraient aucune protection contre la lumière de la
lune qui la baignait tout entière. Malgré l’angoisse qui
lui nouait le ventre, elle sentit la pointe de ses seins se
tendre douloureusement sous le tissu de son débardeur
et une chaleur traîtresse rampa vers son entrejambe.
— Une chance que tu ne travailles pas dans un bureau,
dit-il d’un ton doux, mais inflexible.
Ce n’était pas drôle.
Elle recula tout en tournant son poignet pour se libérer,
mais buta très vite contre le mur, derrière elle.
— Tu n’es pas sérieux. Ce… c’est archaïque. Ridicule.
Il avança.
— Je ne plaisantais pas, Tess. Et tu le savais.
Elle resta sans voix. Il y avait encore une minute, il
était cet individu civilisé dont la mère avait décroché son
diplôme de droit en étudiant la nuit et les week-ends, et
dont les deux sœurs géraient avec une égale efficacité
leur métier et l’éducation de leurs enfants. Mais cet
homme-là avait disparu, remplacé par un inconnu aux
instincts primitifs.
— Tu as grand besoin de cette fessée.
Elle laissa échapper un cri mi-stupéfait, mi-scandalisé.
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— Absolument pas !
Son sourire ne réussit pas à adoucir la lueur implacable
dans ses yeux.
— Oh si.
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Le désir de A à Z
5 nouvelles inédites
Par une nuit d’été caniculaire ou sur une plage paradisiaque,
Tess, Suzanne, Evie, Julie et Kendall vont s’abandonner aux plus
délicieux des fantasmes. Mais que ce soit dans les bras d’un
mystérieux inconnu, ou pressée contre le corps de l’homme le
plus interdit qui soit, la question est la même pour chacune :
est-elle prête à mettre son cœur en jeu ?
ANNE CALHOUN
L COMME LOVE
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