L comme Love
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L comme Love
ANNE CALHOUN L comme Love Collection : SEXY Titre original : UNDER HIS HAND Traduction française de EVELYNE JOUVE HARLEQUIN® est une marque déposée par le Groupe Harlequin SEXY® est une marque déposée par Harlequin Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ». Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © 2011, Anne Calhoun. © 2016, Harlequin. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit. Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A. Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence. HARLEQUIN, ainsi que H et le logo en forme de losange, appartiennent à Harlequin Enterprises Limited ou à ses filiales, et sont utilisés par d’autres sous licence. Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de : Masque : © ARCANGEL / ILONA WELLMANN Réalisation graphique couverture : V. ROCH Tous droits réservés. HARLEQUIN 83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13. Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47 www.harlequin.fr ISBN 978-2-2803-5841-5 — ISSN 2426-7945 Chapitre 1 Tess plongea le gant de toilette dans l’eau froide, se pencha au-dessus du lavabo, les cheveux rassemblés sur une épaule, et posa le tissu trempé sur sa nuque. Un filet glacé ruissela dans son dos, se mêlant à sa sueur. Malgré les fenêtres ouvertes et le ventilateur oscillant qui brassait un air aussi épais qu’une soupe chaude, la température était toujours plus élevée dedans que dehors. Elle passa le gant sur sa gorge, mouillant le débardeur au niveau de ses seins tout en regardant les voilages qui pendaient de chaque côté de la baie vitrée, admirant la douceur nocturne. Dormir sans fermer les volets était un plaisir que la plupart des gens s’accordaient sans même y penser. Drew Norwood, son petit ami, appartenait aux forces spéciales de l’US Navy et savait évaluer les risques dans n’importe quelle situation. Entre ce plaisir et sa sécurité, il avait tranché : elle devait verrouiller portes et fenêtres à la tombée de la nuit. Mais voilà, Drew était parti depuis plus de trois semaines. Sans crier gare, comme toujours. Depuis six mois qu’ils étaient ensemble, c’était déjà la troisième fois qu’il se volatilisait ainsi, du jour au lendemain, réapparaissant également sans prévenir, amaigri, épuisé, la peau brûlée par le soleil. Le plus difficile à gérer, ce n’étaient pas tant ses 7 absences. Après tout, c’était le prix à payer quand on vivait avec un soldat des forces spéciales et elle avait l’habitude qu’on sorte de sa vie sans explication. Non, le plus compliqué, c’étaient ses retours, imprévisibles, déstabilisants de soudaineté. Tess était rarement prise au dépourvu, mais une vague de chaleur brutale, conjuguée à une panne de climatisation, ne lui avait laissé que deux options : braver l’interdit de Drew en dormant fenêtre ouverte, ou se transformer en flaque dans son lit. Elle préférait de loin se liquéfier de plaisir entre ses bras, et comme elle n’avait pas les moyens de faire rétablir l’air conditionné… Drew n’en saurait rien, de toute façon. Et ce qu’il ignorait ne le blesserait pas. Elle frotta le gant de toilette sur son visage comme pour effacer cette pensée traîtresse puis l’abandonna sur le rebord du lavabo et éteignit la salle de bains. Elle traversait le rayon de lune qui dessinait un long trait pâle sur sol de sa chambre quand soudain, une ombre tapie derrière une porte bondit sur elle en silence, broya son poignet dans un étau et lui tordit le bras dans le dos tout en la plaquant brutalement contre le mur. Une paume rugueuse étouffa dans sa bouche son cri de terreur. Avec une force décuplée par la peur, elle se jeta en arrière pour tenter de déstabiliser son agresseur, mais il ne bougea pas d’un centimètre. Pire, il insinua une jambe entre les siennes pour la déséquilibrer et la pressa contre la cloison avec une facilité effrayante. Il était plus grand qu’elle, plus fort, il avait l’avantage de la surprise : elle était piégée. Les yeux écarquillés d’épouvante, elle tourna la tête sur le côté. Ce qu’elle aperçut ne fit qu’accroître sa panique : son assaillant avait de larges épaules et un torse massif qui l’écrasait. Elle se débattit pour tenter de se dégager, 8 mais en vain, les muscles d’acier qui la maintenaient ne frémirent même pas. Son petit string en coton ne lui était d’aucun secours contre le sexe bandé qui se pressait impitoyablement contre ses fesses. Elle inspira pour hurler et perçut l’odeur âpre et familière du savon brut utilisé sur la base militaire de Coronado. Elle passa si vite de la terreur au soulagement que ses jambes flageolèrent. Drew ! Il était de retour, sans prévenir. Et il avait failli la faire mourir de peur ! Comment était-il entré ? Elle avait travaillé en bas toute la soirée, enfermée comme dans un bunker. Drew possédait un double, mais il n’avait pas pu s’en servir puisqu’elle avait mis la chaîne de sécurité. Les menuiseries du rez-de-chaussée étaient tellement déformées qu’on ne pouvait les ouvrir ou les fermer sans ameuter tout le quartier, même pour un athlète comme Drew. En revanche, celles de l’étage n’étaient pas verrouillées et glissaient silencieusement sur leurs rails. Ecartant l’idée qu’il ait pu s’infiltrer sous la porte comme un vampire, elle en conclut qu’il avait dû entrer par la fenêtre de sa chambre… — Tess, tu es dans les ennuis. La menace de velours perça dans sa voix rauque tandis qu’il retirait son bonnet de laine noir et le jetait derrière lui. Ses cheveux blond pâle, collés par la sueur, décolorés par le soleil et l’eau de mer, luisaient dans la pénombre bleutée de la chambre. Avec un sens du timing purement démoniaque, il avait trouvé le moyen de la surprendre au moment où elle était le plus vulnérable, vêtue en tout et pour tout de l’un de ses débardeurs de l’armée et d’un string microscopique. Elle était presque nue, écrasée entre le mur et lui, et n’avait aucune chance de se dégager de son étreinte d’acier. 9 — Je peux t’expliquer, protesta-t‑elle contre sa paume. — Quoi ? A la façon dont il aboya la question, elle comprit que la leçon qu’il venait de lui donner ne l’avait pas absoute de ses péchés. Elle se débattit un peu plus et il écarta sa main juste pour lui permettre de répondre. — J’ai dit que je pouvais t’expliquer ! Il la bâillonna de nouveau. — Je ne veux pas parler. J’ai été absent pendant vingtsix jours. Je te veux, toi. Maintenant. Sa voix âpre et sexy, vibrante d’impatience et de colère, déclencha en elle une onde de désir. Elle sursauta quand il mordilla le lobe sensible de son oreille avant de la lâcher, l’écrasant de son corps, pour plaquer ses paumes contre le mur, au-dessus de sa tête. Docile, elle resta immobile tandis qu’il abaissait son string, puis déboutonnait la braguette de son pantalon cargo. Elle ne put s’empêcher de frissonner en sentant ses doigts effleurer la peau vulnérable de ses fesses. Il s’imposa entre ses cuisses, l’obligeant à écarter davantage les pieds, son sous-vêtement délicat manquant craquer sous la tension, s’enfonçant dans les muscles tremblants de ses jambes. Un désir brutal pulsa dans ses veines, attisé par le flot d’adrénaline qu’avait généré son agression terrifiante. Sans même en avoir conscience, elle se cambra pour s’offrir à lui. Son rire étouffé ne masqua pas le bruit du sachet de préservatif qu’il déchirait. Après une pause, il posa ses grandes mains sur ses hanches et la força à se soulever jusqu’à ce qu’elle se retrouve en équilibre sur la pointe des pieds, penchée en avant, totalement à sa merci. Sa joue frottant sur le plâtre fissuré du mur, elle ferma les yeux tandis que la peur, ce puissant aphrodisiaque, décuplait toutes ses sensations. Le tissu rugueux de son pantalon 10 noir râpait l’intérieur de ses cuisses, contrastant avec la caresse douce de sa toison intime, là où ils étaient pressés l’un contre l’autre. Des étincelles électriques couraient sous sa peau, prêtes à s’embraser. — Je t’ai manqué ? Etait-ce réellement du doute qu’elle percevait sous sa question moqueuse ? Difficile de réfléchir dans cette position, sa grande main plaquée sur son ventre, son sexe dur et brûlant contre ses fesses. La réponse jaillit sans une hésitation. — Toujours, chuchota-t‑elle, et elle l’entendit reprendre son souffle. Un bras autour de sa taille pour la maintenir hissée sur la pointe des pieds, il l’écrasa soudain encore plus contre le mur et, après avoir écarté ses replis intimes de ses doigts, dans un contact qui faillit la faire défaillir, il la pénétra de son sexe large et puissant, avec une telle force qu’elle se mordit la lèvre pour ne pas crier. Il s’immobilisa. — Ça va ? demanda-t‑il d’une voix rauque, tendue. Non… Peut-être… — Je… oui. Il poussa un gémissement, presque involontaire, et commença à aller et venir en elle, durement, profondément. Elle savait d’expérience que même si la première fois était généralement rapide et brutale, elle pouvait atteindre l’orgasme simplement en se laissant porter par l’adrénaline et le désir que Drew accumulait en lui depuis des semaines. Parfois, à son retour, il l’emmenait dans la chambre, mais le plus souvent, il la prenait contre la porte d’entrée ou sur la table branlante de la cuisine. Ces étreintes violentes réveillaient ses instincts les plus primitifs. Ecartelée, possédée comme un butin de guerre, 11 elle jouissait dans la morsure de ses dents sur son épaule, dans la dureté de sa main sur sa hanche. Mais ce soir, c’était différent. Les vestiges de sa terreur se mêlaient au désir qui coulait dans ses veines. Sa position inconfortable la déséquilibrait, l’obligeant à pousser vers l’arrière à chacun de ses coups de reins pour empêcher son front de taper contre le mur, ce qui l’offrait davantage à Drew, lui permettant de la pénétrer encore plus profondément. Sa docilité lui tira un nouveau gémissement assourdi. Son rythme était impitoyable, presque punitif, tout comme l’étau de son bras autour de sa taille luisante de sueur. Lui saisissant les cheveux dans sa main libre, il lui tourna la tête sur le côté pour pouvoir la regarder. Le désir montait en elle, lui faisant cligner les paupières, et elle vit une tension inhabituelle derrière la flamme familière de ses yeux bleus. Pendant une fraction de seconde, elle émergea du tourbillon de la passion, mais il changea soudain de position, touchant un point qui déclencha en elle une cascade de sensations aiguës, et elle succomba de nouveau à l’instant présent. Son débardeur frottait la pointe de ses seins chaque fois qu’ils se pressaient contre la cloison et le plaisir commençait à culminer en elle, la faisant trembler et gémir par-dessus le claquement répétitif de son bas-ventre contre ses fesses. Lâchant ses cheveux, il fit glisser sa main le long de son flanc jusqu’à son sexe. D’un doigt, il caressa brutalement son clitoris gonflé. Tendue comme un ressort, elle rejeta la tête en arrière tandis qu’il conservait le même rythme rapide et implacable. Elle cria et jouit une fraction de seconde avant qu’il l’écrase contre le mur avec un grondement. Elle le sentit se déverser en elle pendant qu’il parsemait sa joue et son cou de baisers fiévreux. 12 Puis il exhala un long soupir contre sa peau, son corps massif reposant contre le sien. Elle s’affaissa contre lui le temps que les spasmes du plaisir refluent, attendant que ses jambes cessent de trembler. Puis sa respiration s’apaisa et la passion céda place au contentement. Elle lui lança un regard langoureux par-dessus son épaule. Ils n’avaient jamais atteint une telle intensité. Un accord aussi parfait réparait sûrement la bêtise qu’elle avait commise en laissant tout ouvert à l’étage ? Il ne répondit pas à son sourire. Ses pommettes étaient enflammées sous son hâle permanent. De la sueur coulait sur ses joues hérissées d’une barbe de plusieurs jours. — Tu m’as manqué, Tess. Maintenant, tu peux t’expliquer pour les fenêtres. Oups. Au même instant, il se retira d’elle. Saisie par les inflexions métalliques qui perçaient sous la douceur trompeuse de sa voix, elle se redressa et remonta son string. Elle ne voulait pas être nue devant lui pendant cette conversation. Le coton résista, collé à sa peau moite, pendant que Drew se dirigeait vers la salle de bains. — Ne bouge pas. Il lança ces mots par-dessus son épaule sur un ton cassant qui la figea. A son retour, il s’immobilisa dans la flaque de clair de lune où elle se trouvait quand il s’était jeté sur elle. Ses mèches blondes étaient plaquées sur son front et une barbe de plusieurs jours mangeait ses joues. Son visage ne laissa paraître aucune émotion tandis qu’il l’examinait de la tête aux pieds. Ses seins pointaient sous le tissu trempé de sueur de son débardeur. Son string blanc ne couvrait que son minuscule triangle de boucles, dévoilant 13 ses jambes nues. Dans d’autres circonstances, il l’aurait dévorée du regard. Mais ce soir, il fixait ses traits avec une attention déroutante. Elle rassembla ses cheveux dans un nœud souple sur sa nuque, croisa les bras et s’obligea à le scruter dans les yeux. Son pantalon cargo noir était boutonné, son T-shirt plaqué sur son torse musclé. Bizarrement, il était pieds nus. Elle faillit lui demander où étaient ses chaussures, mais ravala la question, hors sujet compte tenu de la tension qui étouffait la pièce. Les quelques heures qui suivaient son retour étaient toujours âpres et intenses — peut-être à cause du manque accumulé pendant des semaines ou tout simplement parce qu’il avait besoin de se sentir vivant. D’habitude, ils prenaient une douche ensemble après l’amour, mais ce soir, son attitude distante lui faisait l’effet d’une gifle. Après un coup d’œil appuyé à la baie vitrée, il reporta son attention sur elle. — Qu’est-ce que je vais faire de toi ? Elle garda le silence. Il lui avait dit ce qui lui arriverait si elle laissait les fenêtres ouvertes la nuit alors qu’il le lui avait interdit. Mais s’il ne s’en souvenait pas, elle n’avait aucune intention de lui rafraîchir la mémoire ! Sans la quitter du regard, il avança lentement. Saisissant ses poignets d’un geste inflexible, il la retourna et plaqua ses mains sur le mur, juste au-dessus de ses épaules. D’une tape de son pied nu contre sa cheville, il la força à écarter davantage les jambes. Elle sentit une bouffée de chaleur enflammer ses joues tandis qu’elle s’inclinait en avant, les fesses tendues vers lui. Il s’agissait d’une démonstration de pouvoir, ni plus ni moins. Il savait ce qu’il faisait et, plus humiliant encore, il savait comment elle allait réagir. — Nous avons déjà joué cette scène, non ? lança-t‑elle 14 tandis que le désir montait dans un lent frisson le long de sa colonne vertébrale. Et qu’est-ce qui t’a pris de me sauter dessus comme ça ? Il appuya sans répondre son torse contre son dos et elle retrouva la douce langueur d’après l’amour. D’un geste étonnamment tendre, il rassembla ses longs cheveux dans sa main et les fit ruisseler comme une cascade de soie noire. — Ils étaient roses quand je suis parti. — J’aime le changement, murmura-t‑elle, de nouveau déstabilisée. Posant ses paumes sur le mur, de chaque côté des siennes, il inclina la tête et pressa les lèvres sur son épaule droite, remontant avec une lenteur torturante vers sa nuque avant de l’inciter à tourner le visage pour embrasser la peau fine sous sa mâchoire. Chaque baiser créait un écho vibrant dans ses mamelons durcis, avec une résonance plus appuyée encore dans son clitoris frémissant. — D’après toi, combien de temps m’a-t‑il fallu pour grimper sur le toit du porche, ouvrir la fenêtre et entrer ? Malédiction. Il n’allait pas lâcher l’affaire. Et pour son malheur, leur séance de sexe torride n’avait pas suffi à la rassasier — pas après vingt-six interminables jours sans lui et après avoir eu la peur de sa vie. Un désir sournois troubla sa concentration pendant qu’elle essayait d’évaluer le temps qu’elle avait passé dans la salle de bains. Trente secondes ? L’association dentaire recommandait deux minutes de brossage, deux fois par jour, mais elle ne tenait jamais aussi longtemps. Renonçant à calculer, elle coupa la poire en deux. — Une minute ? Il pressa les lèvres sur son épaule en sueur avant de répondre. 15 — Dix secondes, Tess. Il m’a fallu dix secondes pour me hisser sur le toit, pousser le battant et m’introduire dans la maison. Je viens de passer plus de temps à te l’expliquer que je n’en ai mis à le faire. Tu ne m’as même pas vu quand tu es revenue dans la chambre. — Tu étais là ? Mais… je n’ai rien entendu, dit-elle en jetant un regard inquiet vers lui. Son visage était dénué d’expression. — C’est à la portée de n’importe qui d’ouvrir une fenêtre en silence. Et tu avais mis Nickelback tellement fort que j’aurais pu tirer au M-16 sans que tu t’en aperçoives. Ce n’est pas bien, Tess. Pas bien du tout. Elle rougit d’embarras et ferma les yeux tout en pivotant de nouveau vers le mur. Elle avait écouté Far Away en boucle pendant plus d’une heure pour avoir un bruit de fond pendant qu’elle travaillait sur un projet d’escalier pour un loft du centre-ville. Le promoteur avait vu plusieurs de ses ouvrages et lui avait demandé des croquis. Si elle décrochait le marché, on lui passerait commande de vingt modèles uniques — un coup de projecteur inespéré sur sa petite entreprise et une manne financière qui lui permettrait de faire installer un système de climatisation neuf et de mettre un peu d’argent de côté à la banque. La faute aux paroles poignantes de la chanson, la moitié de ses rampes s’inspirait de la silhouette et des traits de Drew dans dix positions différentes. D’un geste doux, mais ferme à la fois, il lui tourna la tête vers l’angle de la pièce, noyé d’ombres. — J’étais là. Je t’ai observée. Tu as retiré cette jupe sexy que j’adore et enfilé mon débardeur. Elle tressaillit tandis qu’il touchait le sous-vêtement blanc — moulant sur lui, large sur elle — qu’il portait d’ordinaire sous son uniforme. — Ensuite, tu as ouvert le lit pour ne plus avoir qu’à 16 t’y glisser, tu t’es brossé les dents et tu as tenté de te rafraîchir avec un gant de toilette mouillé. L’eau ruisselait sur ton cou et tes seins. J’ai tout vu, Tess. Il prit une profonde inspiration et elle profita de ce court répit pendant lequel elle n’entendait plus sa voix rauque et brûlante pour essayer de contrôler les battements affolés de son cœur. Il l’avait épiée, il avait bandé en la regardant se déshabiller. Le spectacle devait être torride, mais que se serait-il passé si ce n’était pas Drew qui était entré par la fenêtre ? En dépit de la chaleur étouffante, elle sentit sa peau se couvrir de chair de poule. — Je comprends ton point de vue. — Vraiment ? Mets-toi à ma place deux secondes et imagine ce que j’ai pu ressentir. Son torse était dur contre son dos, ses biceps se dessinaient en relief sur ses bras d’une minceur trompeuse, tendus de part et d’autre de son visage. Elle essaya de visualiser la scène à travers ses yeux. Arrivant dans sa rue au volant de sa voiture après un mois d’absence, épuisé, affamé de sexe, de nourriture et de repos, dans cet ordre-là, impatient de la retrouver et découvrant les fenêtres ouvertes au premier alors qu’il le lui avait formellement interdit à cause du danger. Il voulait qu’elle se mette à sa place, mais quelle était sa place dans sa vie ? Il était son petit ami, ce qui pouvait signifier beaucoup — ou rien du tout. Il l’emmenait au restaurant. Elle préparait des paniers de pique-nique qu’ils emportaient à la plage. Ils visitaient des brocantes, ils assistaient à des concerts en plein air, ils allaient au cinéma. Il dormait chez elle chaque fois que ses horaires de serveuse à temps partiel — le temps que son activité d’auto-entrepreneuse prenne de l’essor — le lui permettaient. Ils ne fréquentaient personne d’autre, n’ayant que peu d’amis, mais à quel 17 moment un couple passait-il de « Je ne couche qu’avec toi » à « J’accepte que tu aies des droits sur moi » ? Elle se raidit à l’idée d’une intimité aussi dangereuse. — Tu veux entendre ma version de l’histoire ? Drew était trop malin et savait trop bien comment la gérer. Ce fut seulement après l’avoir attirée doucement à lui et avoir dessiné de la langue un chemin délicat sur le pourtour de son oreille puis sur son lobe qu’il chuchota : — Je t’écoute. — La climatisation a rendu l’âme la semaine dernière. Elle avait réussi à acheter cette petite maison d’un étage légèrement de guingois à la façade couleur lavande fanée. La bicoque n’avait aucun attrait en soi si ce n’était son emplacement, dans le secteur des entrepôts, tout près de son atelier. Le quartier était éclectique, une façon de dire qu’on y louait à des prix abordables des appartements qui n’étaient souvent que des ruines, et qu’on y rencontrait une population cosmopolite et multiculturelle. Cela signifiait aussi que pour rentrer chez elle Tess devait se frayer un passage au milieu d’une faune de drogués, de dealers et d’ivrognes, de prostituées et de souteneurs, de sans-abri et de jeunes désœuvrés qui se baladaient en bandes parfois agressives. Les cambriolages étaient monnaie courante. Drew avait réussi à charmer Mme Delgado, la voisine de Tess, en un seul week-end grâce à ses bonnes manières et à son accent traînant du Sud. Il lui avait fallu encore moins de temps pour identifier les problèmes liés à son environnement et émettre un avis très défavorable sur son système de climatisation vétuste et ses fenêtres. — Je l’avais deviné, dit-il d’une voix sèche. Pourquoi ne l’as-tu pas fait réparer ? Elle lui jeta un regard noir par-dessus son épaule. — Je devrais faire un millier d’heures supplémentaires au Blue Dog avant de pouvoir me le permettre. 18 — Ça coûte combien ? — Plus que je ne possède. — Combien, Tess ? Elle ne l’avait jamais vu aussi inflexible. C’était comme si un inconnu était entré dans le corps de son petit ami. — Six cents dollars, lança-t‑elle tout en sachant qu’il n’aimerait pas sa réponse. Il serra les dents puis elle sentit la pression s’alléger dans son dos. — Je t’ai laissé de l’argent. Exact. Il avait voulu lui donner mille dollars et le numéro de deux copains de la Navy qu’elle pourrait appeler jour et nuit en cas de besoin. Elle avait refusé l’un et l’autre. Avait suivi une discussion aussi brève que houleuse qu’elle avait cru gagner en le voyant ranger la liasse roulée dans la poche de son short. Mais à peine rentré à la base, il lui avait téléphoné pour l’informer que, pendant les soixante secondes où elle l’avait laissé seul dans la cuisine, il avait glissé les billets dans un pot de café instantané vide au fond du placard au-dessus de l’évier et enregistré les coordonnées de ses amis dans le répertoire de son portable ! Le lendemain, elle apprenait qu’il était parti en mission. Elle avait refusé d’utiliser tout cela. — Je ne veux pas de ton argent. Il me faudrait des mois pour pouvoir te rembourser et… — Tu n’as pas à me rembourser. — Si ! C’était important, même si les raisons devenaient chaque jour un peu plus opaques. Une longue pause s’ensuivit, pendant laquelle sa respiration régulière se mélangea à la sueur qui perlait le long de son dos. 19 — Tess, dit-il sans colère, que dois-je faire pour que tu me fasses confiance ? On ne peut pas continuer ainsi. Ces mots, prononcés d’un timbre neutre, la remplirent de malaise. Elle se retourna pour lui faire face. — On peut avoir confiance en quelqu’un et ne pas accepter de vivre à ses dépens, Drew ! Cela n’a rien à voir ! — Mais de quoi as-tu peur ? Que je te demande de me rembourser en nature ? Elle écarquilla les yeux, sidérée par l’absurdité de sa suggestion. — Bien sûr que non ! Il laissa ses mains appuyées sur le mur de chaque côté de sa tête pendant que son regard, à la fois triste et pensif, sondait le sien. — Ce n’est pas simplement une question d’argent. J’habite avec toi, je bricole dans la maison et je rapporte de temps à autre des trucs à manger. Mais dès que j’essaie de me rapprocher vraiment de toi, tu me claques la porte au nez. Chaque fois que j’arrive à l’improviste, tu as quatre boîtes de maïs qui se battent en duel dans tes placards et rien dans le frigo. Ça me rend dingue que tu te mettes en danger parce que tu refuses de dépenser six cents dollars pour vivre dans un minimum de confort. Il fait une chaleur à crever, ici ! Il prit une grande inspiration. — Je sais ce que tu as traversé, Tess. Je respecte ton indépendance. J’essaie juste d’améliorer les choses pour toi, de construire quelque chose avec toi. Mais si tu ne veux pas de moi dans ta vie, je ne peux pas m’imposer. Elle avait fréquenté pas mal de losers — des artistes, des barmen —, même un avocat, une fois. Mais pas un seul d’entre eux n’avait regardé le contenu de ses placards, ni attaché la moindre importance à ses principes. Que Drew ait envie de l’aider ne la gênait pas, mais son 20 problème, ce n’était pas d’accepter ou non l’argent qu’il mettait à sa disposition. C’était qu’elle refusait d’ajouter à son fardeau en le laissant porter une partie du sien. Servir son pays était l’honneur ultime, mais se conduire en héros ne rendait pas riche. — Ton salaire n’est pas beaucoup plus gros que le mien, marmonna-t‑elle pour gagner du temps. Une lueur d’humour traversa ses yeux bleus. — Là, mon orgueil vient d’en prendre un coup. Son bref sourire s’effaça et son visage retrouva son masque sévère. — J’en ai suffisamment pour faire réparer la clim. Pas toi. Je te le donne parce que je t’aime, tout simplement. Et toi, tu me le jettes à la figure. Tess en resta figée de stupeur. Il s’éloigna d’elle, et une peur panique, plus grande encore que la terreur qui l’avait saisie quand il avait jailli de l’ombre, lui noua le ventre. — Drew, attends ! Elle lui agrippa le bras. Elle avait des mains vigoureuses à force de manipuler de lourdes plaques de métal et de porter des plateaux de verres, mais ce ne fut pas ce qui l’arrêta. Il s’immobilisa uniquement parce qu’il l’avait décidé. Et parce qu’elle le lui avait demandé. — Tu m’aimes ? Dieu, on ne pouvait pas avoir l’air plus incrédule. Elle en était presque revêche. — Oui, Tess. Je t’aime. Une réponse douce comme une évidence. Il avait ce courage, cette folie, dans sa vie comme dans son travail, de ne jamais fuir le danger. Il se mettait à nu devant elle, sans armure, s’exposant au coup de poignard d’un mot cinglant ou d’un rire humiliant. Avant de le rencontrer, elle se croyait forte, invulnérable derrière la muraille qu’elle avait dressée autour d’elle. Mais comparée à la 21 détermination avec laquelle il affrontait les obstacles, quels qu’ils soient, elle était faible. Et lâche. — Tu… Elle s’interrompit et glissa une main dans la sienne tout en hésitant sur la façon d’aborder le sujet sensible des émotions. — Tu ne me l’avais jamais dit. Pourquoi maintenant ? Au bout d’un long moment, il mêla ses doigts aux siens. — J’évalue toujours mes chances avant de prendre une décision. La probabilité que tu partages mes sentiments ne penchait pas en ma faveur, mais ce soir, j’ai quand même ressenti le besoin de le dire. Je ne te demande pas de m’aimer en retour. Du moins pas tout de suite. Mais si tu refuses de me laisser entrer dans ta vie, même un peu, je ne pourrai pas rester avec toi. Les mots auraient pu sonner comme un ultimatum, une façon de la contrôler en lui imposant un tout ou rien, mais elle le sentait tendu, à bout de solutions. Qu’avait-il vu ou vécu pour oser ainsi mettre leur avenir tout entier sur la table ? Il n’avait pas envie de partir, mais il était prêt à le faire si elle continuait à le tenir à distance. C’était à elle de choisir. Elle déglutit pour essayer de desserrer le nœud qui s’était formé dans sa gorge, et baissa les yeux sur leurs doigts enlacés, puis sur leurs pieds. Ceux de Drew légèrement écartés, solidement ancrés dans le sol. Les siens presque l’un sur l’autre, le droit enroulé autour du gauche. — Je ne sais pas faire, dit-elle au vernis à ongles bleu clair de ses orteils. C’était difficile à reconnaître, mais c’était la vérité. — Tu n’as pas besoin de faire quoi que ce soit, Tess. J’aimerais juste pouvoir prendre soin de toi. Faire réparer ton climatiseur. M’assurer que tu es en sécurité quand je suis absent. Je ne jouerai pas les crampons, promis. 22 Il prononça ces mots avec un sourire malicieux tout en lui levant le menton pour l’obliger à croiser son regard. — Pourquoi ? Elle ne parvenait pas à comprendre. Placée dans une famille d’accueil à onze ans, jetée à la rue à sa majorité parce que l’Etat n’envoyait plus d’argent pour sa subsistance, elle avait très vite appris que si elle voulait quelque chose — une maison, un diplôme en art industriel, une clientèle — elle devrait se battre toute seule pour l’obtenir. — Personne n’a jamais manifesté la moindre envie de s’occuper de moi depuis ma naissance. Pourquoi le ferais-tu ? — Parce que tu es toi. Elle ne put s’empêcher de rire, un son moqueur, teinté de dérision. — Oh ! bien sûr ! Tout simplement. Il haussa les épaules et elle perçut de nouveau cette souffrance dans ses yeux. — C’est ici qu’intervient la confiance, Tess. A toi de décider. Elle aurait préféré soulever une plaque de métal rouillée à mains nues plutôt que de faire ce saut dans l’inconnu. Mais pour la première fois de sa vie, quelqu’un voulait vivre avec elle de façon permanente et pas uniquement parce qu’il était payé par l’Etat. Elle devait juste accepter qu’il fasse partie de son quotidien, qu’il prenne soin d’elle. C’était terrifiant. Mais l’idée de le perdre l’était davantage. La tension monta entre eux, à en étouffer l’atmosphère. Elle vit des petits points noirs scintiller à la périphérie de sa vision et se rendit compte subitement qu’elle avait oublié de respirer. Elle relâcha son souffle dans un long soupir tremblé puis inspira à pleins poumons. L’odeur de Drew — mélange de sueur propre et de musc où 23 perçait une pointe de savon brut — envahit ses sens, réveillant le souvenir de sa saveur, de la peau ferme de ses hanches, de son sexe dur et lisse sous sa langue. Elle sentit ses muscles noués se détendre. Elle ne savait pas faire, mais Drew avait des mains larges et solides et une patience infinie. Il la rattraperait si jamais elle tombait. — D’accord, murmura-t‑elle avec un sourire crispé. Une joie sauvage brilla dans l’azur de son regard. Inclinant la tête, il effleura sa bouche d’un baiser qui commença comme une simple caresse, la promesse de quelque chose de plus intense. Puis il dessina le contour de sa lèvre avec la langue et elle s’ouvrit à lui, son souffle rapide se mêlant au sien. Elle ferma les paupières tandis qu’il traçait un chemin enflammé vers sa joue, électrisant sa peau, durcissant la pointe de ses seins, allumant une étincelle de désir entre ses cuisses. Puis il recula. Elle inspira à plusieurs reprises, haletante, ouvrit les yeux et découvrit une émotion brûlante et possessive dans les siens. Avec cette aisance qui était chez lui une seconde nature, il enfouit la main dans ses cheveux et l’enroula sur sa nuque. — D’accord. — D’accord quoi ? — D’accord, je vais prendre l’argent pour faire réparer la clim. Il lui massa doucement le cou, juste à l’endroit où toutes ses tensions s’accumulaient quand elle passait des heures à esquisser des croquis ou réfléchir à un projet, penchée sur sa planche à dessin. Un frisson électrisant coula le long de son dos tandis que les muscles de ses épaules se relâchaient de plaisir. — Et ? — Mmm ? 24 Ce fut tout ce qu’elle put dire, ensorcelée par la magie de ses doigts. Quand le silence se prolongea, elle leva la tête vers lui et écarquilla les yeux en voyant le regard appuyé qu’il lançait à la fenêtre ouverte. Soudain, il encercla son poignet d’une emprise d’acier. Son pouce caressa le point sensible où son pouls battait de plus en plus vite. La lueur brûlante et implacable brillant dans ses iris lui fit baisser le nez. — Je suis désolée. Elle fut fière de la fermeté de sa voix même si son cœur cognait à toute volée dans sa poitrine. Pourvu qu’il ait oublié. S’il vous plaît, faites qu’il ait oublié… — J’avais dit que je ferais quoi si tu bravais mon interdiction ? Oh ! Dieu. Il n’avait pas oublié. Soudain, la prise de ses mains sur ses poignets s’apparenta moins à des préliminaires amoureux qu’à un piège de velours précédant un interrogatoire. — Drew. Non. — Qu’est-ce que j’ai dit, Tess ? Tu te rappelles notre conversation ? Les mots étaient d’une douceur presque liquide, terrifiante. Mais sous son accent traînant du Sud, son humour et son sens de l’honneur inflexible, Drew n’était pas quelqu’un de tendre. Elle garda le silence pendant dix battements de cœur, puis vingt. Tant qu’elle n’ouvrait pas la bouche, sa promesse n’avait pas d’existence. Au bout de ce qui lui sembla une éternité, elle céda. — Nous avions passé la journée au lit et les draps étaient trempés malgré la clim. Tu as dit que le moteur était 25 moribond. J’ai répondu que ça n’avait pas d’importance parce que, s’il lâchait, je dormirais les fenêtres ouvertes. Et que ce ne serait pas la première fois. Elle s’obligea à le regarder dans les yeux pour ne pas lui montrer sa peur. — Tu… tu as dit que si je faisais ça… tu me donnerais une telle fessée que je ne pourrais pas m’asseoir pendant une semaine. Il tournait le dos à la baie vitrée, de sorte que les ombres s’étiraient sur son visage, masquant partiellement son expression. En revanche, ses larges épaules ne lui offraient aucune protection contre la lumière de la lune qui la baignait tout entière. Malgré l’angoisse qui lui nouait le ventre, elle sentit la pointe de ses seins se tendre douloureusement sous le tissu de son débardeur et une chaleur traîtresse rampa vers son entrejambe. — Une chance que tu ne travailles pas dans un bureau, dit-il d’un ton doux, mais inflexible. Ce n’était pas drôle. Elle recula tout en tournant son poignet pour se libérer, mais buta très vite contre le mur, derrière elle. — Tu n’es pas sérieux. Ce… c’est archaïque. Ridicule. Il avança. — Je ne plaisantais pas, Tess. Et tu le savais. Elle resta sans voix. Il y avait encore une minute, il était cet individu civilisé dont la mère avait décroché son diplôme de droit en étudiant la nuit et les week-ends, et dont les deux sœurs géraient avec une égale efficacité leur métier et l’éducation de leurs enfants. Mais cet homme-là avait disparu, remplacé par un inconnu aux instincts primitifs. — Tu as grand besoin de cette fessée. Elle laissa échapper un cri mi-stupéfait, mi-scandalisé. 26 — Absolument pas ! Son sourire ne réussit pas à adoucir la lueur implacable dans ses yeux. — Oh si. 27 Le désir de A à Z 5 nouvelles inédites Par une nuit d’été caniculaire ou sur une plage paradisiaque, Tess, Suzanne, Evie, Julie et Kendall vont s’abandonner aux plus délicieux des fantasmes. Mais que ce soit dans les bras d’un mystérieux inconnu, ou pressée contre le corps de l’homme le plus interdit qui soit, la question est la même pour chacune : est-elle prête à mettre son cœur en jeu ? ANNE CALHOUN L COMME LOVE PORTIA DA COSTA M COMME MAÎTRE LAUREN HAWKEYE N COMME NUE (OU PRESQUE) MAGGIE WELLS O COMME OBSESSION MEGAN HART P COMME PASSIONNÉMENT Cinq nouvelles inédites pour cinq nuits sans sommeil... De juillet à décembre 2016 www.harlequin.fr 2016.07.11.5581.3 NOUVELLES INÉDITES - 6,90 €