40 ans de chansons et une révolte qui gronde toujours
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40 ans de chansons et une révolte qui gronde toujours
SOMMAIRE CHÂTEL-ST-DENIS Le centre du village de Fruence repensé 3 VENDREDI 2 MAI 2008 NO 17 FR. 1.50 93e ANNÉE CINÉMA 4 AVIS MORTUAIRES-SERVICE 6 PALÉZIEUX Nouveau chef pour la voirie PALÉZIEUX Le centre carcéral accepté par le Conseil communal CHAQUE VENDREDI, IL PREND DE VOS NOUVELLES... ÉDITO 40 ans de chansons et une révolte qui gronde toujours Michel Bühler sortira son nouvel album Passant au mois de juin. Il en offrira un avant-goût, demain soir à Bossonnens, aux côtés des titres issus de Chansons têtues (2004). Entretien avec un artiste qui colore le paysage musical romand depuis quarante ans bientôt. On pourrait vous taxer de régionaliste… Je crois que l’on est tous attachés à l’endroit où l’on a grandi. Et en parlant des choses et des gens tout proches et tout petits, on touche à l’universel si les textes sont bien foutus. C’est comme la chanson que j’ai composée sur ma mère: tout le monde a une mère et peut s’y reconnaître. C’est ça le secret de votre longévité? Je n’en sais rien. En tous les cas, j’ai toujours essayé de me renouveler, de faire de nouvelles chansons. Et, mine de rien, il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Des gens me demandent parfois: «Et à part ça, vous travaillez?» En fait, si on veut faire des chansons, les écrire, les enregistrer, c’est un vrai boulot. C’est quelque chose qui occupe toutes mes journées. Et ma longévité est sans doute la preuve que ce que je fais n’est pas de la merde. Si je faisais de la merde depuis quarante ans, ça se saurait et cela ferait longtemps que j’aurais disparu. Vivre de la chanson en Suisse, c’est donc possible… Je suis comme les paysans et les vignerons: il y a des bonnes et des mauvaises années. Mais je n’ai jamais eu de besoin particulier, donc ça me convient. C’est clair que si j’étais resté instituteur, j’aurais mieux gagné ma vie… et je serais déjà à la retraite! Mais j’estime avoir l’énorme privilège de faire le métier que j’aime pendant quarante ans. Quand je donne un concert, c’est du travail, mais ça reste du plaisir. Vous avez également écrit quatre romans. En quoi la démarche est-elle comparable? Bon, une chanson c’est tout petit; c’est de l’ébénisterie, de l’orfèvrerie. Un bouquin, c’est de la menuiserie. Mais il y a la même volonté de faire passer un message, d’apporter un peu de bonheur, un peu de beauté. L’auteur grec Nikos Kazantzaki disait: «Vivre pour l’arbre, c’est prendre de la boue et en pétrir des fleurs». C’est une image magnifique qui traduit ma vision de l’écriture. Et c’est quoi votre boue à vous? (Rires) Mon terreau, c’est les gens et le monde actuel que j’observe. A 63 ans tout juste révolus – il les a fêté mercredi – Michel Bühler signera son 11e album avec «Passant» dont la sortie est prévue en juin prochain LDD Vous dénoncez d’ailleurs souvent le cynisme et l’injustice de la société. La révolte gronde-t-elle toujours aussi fort après quarante ans? Oui, car je n’ai pas le sentiment que le monde se soit beaucoup amélioré depuis. Par conséquent, j’ai toujours envie de parler de l’injustice, de la connerie; mais sans avoir la prétention de donner des leçons. Quand je compose des chansons politiques, je dis aux gens: «Voilà ce que j’ai vu, ce qui s’est passé. A vous maintenant de vous faire une opinion.» sentiments bruts des gens sans faire appel à la réflexion. Et je trouve dangereux que l’argent joue un rôle aussi important dans la propagande politique. Pour le bien de la démocratie, on devrait contrôler les finances des partis. Qu’est-ce qui vous met en colère actuellement? Ce sont les campagnes successives de l’UDC et leurs affiches. Ça me fait bondir que l’on nourrisse les peurs et les TELE WENDT SA magasin spécialisé Radio-TV Vente, location, réparations et télécom shop www.telewendt.ch LT-26 ED 81 argent noir* Téléviseur-LCD de 26 pouces, 66 cm, format d’image 16:9, résolution maxi: 1 366x768 pixels, HD Ready, DynaPiX, tuner digital terrestre TNT intégré, incrustation d'image (A/Vexterne), socle de table. * Fr. 1599.– 4 ANS DE GARANTIE! (voir conditions en magasin) Existe aussi dans d’autres dimensions. 1616 Attalens ✆ 021 947 44 58 1610 Oron-la-Ville ✆ 021 907 81 11 5 J.A. 1618 Châtel-Saint-Denis CONCERT BOSSONNENS Après presque quarante ans de carrière, qu’est-ce qui fait toujours courir Michel Bühler? Michel Bühler: Ce qui me fait courir, c’est d’avoir un moyen de communication extraordinaire comme la chanson. Qui permet en trois minutes de raconter une histoire, parfois presque un roman. Ce qui me fait courir aussi, c’est de pouvoir parler des gens qui sont ici. J’ai commencé à faire de la chanson à une époque où il y avait des artistes comme Brassens, Brel ou Ferra qui parlaient de la France, de la Belgique, mais qui ne parlaient pas de chez moi, de mes voisins. J’ai donc débuté en me disant qu’il y avait moyen d’évoquer la Suisse, les gens que je croise, les choses que je vois ici. 5 Pourquoi avoir choisi la chanson et non la politique pour dénoncer ces phénomènes? C’est le hasard. Je crois que l’on s’engage là où on est doué. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir été membre de la Constituante vaudoise, et d’être conseiller communal de Sainte-Croix depuis seize ans. Mais je suis plus efficace et plus à mon aise sur une scène que sur une tribune. Et puis, mon répertoire ne consacre qu’une partie à la politique. La chanson, pour moi, c’est aussi l’amour, la tendresse et l’humour. Sinon, ce serait lassant. Vous chantez également en France et en Belgique. Il est où votre public finalement? Je ne sais pas… Je suis toujours étonné quand je chante dans les autres pays francophones de trouver des gens qui me connaissent et qui viennent m’écouter. Peut-être parce que mes chansons ont été diffusées sur les ondes au début des années 80. Ce sont certainement les personnes qui m’ont entendu à cette époque qui me suivent encore. Car il faut reconnaître que le public a souvent mon âge. Vous n’intéressez pas les jeunes? Je crois qu’on vit dans une civilisation qui mise beaucoup sur l’emballage et peu sur le contenu. Mercredi dernier, j’ai participé à un festival dans la banlieue d’Aubervilliers à Paris. J’ai chanté devant de jeunes gars qui suivent des ateliers de rap. Leur première réaction? «C’est quoi ce vieux, c’est pas du tout ce qu’on fait!» Et après avoir lu mes textes, certains s’exclamaient: «C’est bien ce qu’il dit, on dit la même chose que lui dans nos chansons!» Quel regard avez-vous sur la musique actuelle? Il y a tout un renouveau des chanteurs francophones que je trouve génial. En revanche, je trouve que ce qu’ils racontent se situe souvent au ras des pâquerettes. Les textes sont très centrés sur leur petite vie à eux, sur un monde trop minuscule à mon goût. On peut citer l’exemple de la chanson de Bénabar Y a une fille qu’habite chez moi. Alors que si vous prenez des Léo Ferré ou des Brel, c’est la planète qui défile sous vos yeux. Propos recueillis par Yves-Noël Grin ☛ SERVICE: Concert «Chansons têtues» présenté demain à la chapelle du Vieux Bourg à Bossonnens à 20 h 45. Infos et réservations à l’administration communale, au 021 947 44 88. (Châtel) Saint-Denis, patron des Bleus Raymond Domenech superstitieux? On ne saurait contredire la réputation du sélectionneur de l’équipe de France de football. Encore moins depuis que Châtel-St-Denis a été retenu comme terrain d’entraînement des Bleus pendant l’Euro en juin prochain. Volontaire ou inconscient, le choix du chef-lieu veveysan n’en demeure pas moins symbolique. Saint Denis, premier évêque de Paris en 250 de notre ère, est considéré par beaucoup comme le saint patron des Français, au même titre que saint Patrick pour l’Irlande ou saint Georges pour l’Angleterre. Et ce n’est pas tout. Le Stade de France, qui a vu la victoire du pays organisateur lors de la Coupe du monde 1998, est situé dans le quartier de la plaine Saint-Denis, dans la commune de Saint-Denis, dans le département de Seine-Saint-Denis. Quoi de plus logique, donc, de voir l’équipe de France s’entraîner sur le stade de Châtel... Saint-Denis. Logique peut-être, mais pas forcément acquis. Le seul rapprochement entre le nom de la commune et celui de leur stade fétiche n’aurait pas suffi aux responsables de l’équipe de France pour prendre leurs quartiers en Veveyse. D’autres terrains de la région auraient également été honorés de se voir foulés par les crampons des vice-champions du monde et l’on ne peut que se féliciter de les voir débarquer à ChâtelSt-Denis. Pourtant, le comité Eurochâtel est souvent décrié et critiqué pour sa gestion de l’Euro – «il pourrait faire mieux, il aurait dû agir autrement, il communique mal». C’est possible. Mais, il faut admettre que sa position n’est pas simple. D’un côté il y a le public, fervent supporter de foot qui voudrait, et c’est légitime, profiter un maximum de la fête et des stars tricolores. Un public demandeur d’informations qu’il a parfois de la peine à obtenir. D’un autre côté, il y a les dirigeants de l’équipe de France qui voudraient pouvoir s’entraîner à huis clos. Des dirigeants possesseurs d’informations qu’ils ont parfois de la peine à divulguer. Difficile de contenter tout le monde. Avec son programme de manifestations (lire en page 3), le comité Eurochâtel a cherché à transformer Châtel-SaintDenis en planète bleue. Un peu maladroitement peut-être, puisque la mention «avec les Bleus» du panneau de bienvenue dans la commune a rapidement été taguée par un supporter rouge. C’est de bonne guerre. Mais le ballon rond est maintenant dans le camp du public. A lui de montrer qu’il sait profiter de la fête qui se profile. A lui de mettre la même ambiance à Châtel qu’à... Saint-Denis. Victorien Kissling