Réflexions sur l`optique géométrique matricielle
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Réflexions sur l`optique géométrique matricielle
BULLETIN Réflexions DE L’UNION DES sur l’optique matricielle PHYSICIENS 819 géométrique L’utilisation du calcul matriciel en optique géométrique tend à se généraliser dans l’enseignement français, notamment depuis qu’il a été recommandé dans les programmes d’optique de « Mathématiques supérieures ». Cependant, on reproche très souvent à la présentation matricielle de n’être qu’un ornement mathématique superflu qui éloigne de la réalité physique. Ainsi, cette présentation est parfois volontairement ignorée ou même interdite d’emploi (voir les programmes de Physique en Mathématiques supérieures technologiques T). Ce reproche est-il fondé ? Il me paraît justifié après la lecture de certains ouvrages dans lesquels l’optique matricielle est présentée au début, puis soigneusement abandonnée au profit de la méthode traditionnelle: dans d’autres ouvrages, l’optique matricielle est abordée une fois le programme d’optique achevé (!) Personnellement, je pense que la présentation matricielle de l’optique géométrique est beaucoup plus riche que la présentation traditionnelle et cela pour plusieurs raisons. 1) Elle permet d’insister sur l’approximation linéaire, fondamentale non seulement en optique géométrique mais dans toute la physique. La première partie du développement qui suit cette introduction rappellera ce point important. 2) L’accès aux éléments de matrice d’un système optique centré quelconque par des méthodes expérimentales permet de déterminer directement tous les éléments cardinaux de ce système. 3) En optique électronique et plus généralement dans la construction des accélérateurs, il est d’un emploi banal et indispensable. Même les propriétés dispersives- (1) de ces systèmes ainsi que leurs aberrations géométriques (2) sont traitées à l’aide du calcul matriciel. Nous donnons comme exemple un prisme magnétique analogue à celui que nous avons adapté sur le microscope électronique de 1 MV de Toulouse. 4) Dans l’étude des lasers, le calcul matriciel est très commode puisqu’il permet de connaître les propriétés des cavités à la suite d’un grand nombre d’aller et retour de la lumière. On 820 BULLETIN pourra l’article DE L'UNION DES PHYSICIENS se reporter à l’ouvrage de GERRARD et BURCH (3) ou à de PALLET (4) pour une justification de cet intérêt. Enfin, ajoutons à toutes ces raisons l’attrait que peut produire cette présentation de l’optique géométrique car il faut bien dire que cette vieille discipline passionne peu les étudiants. On se ralliera aisément à ce dernier point lorsqu’on aura constaté que, du fait de l’enseignement des mathématiques, les étudiants manipulent aujourd’hui beaucoup mieux les matrices à 4 éléments que les triangles semblables. 1. L’APPROXIMATION LINEAIRE. D’abord, elle est à la base de toute décomposition de signaux complexes en signaux simples ; ce que l’on écrit schématiquement, Ei représentant le signal d’entrée i et Si le signal de sortie correspondant : vz Ei + Si et C Ui Ei + Zi ai Si. i Les différents ai étant Ensuite, elle permet mules de transformations des constantes i (fig. 1). une simplification qui font passer importante de Ei à Si. des for- Enfin, et c’est primordial, comme la plupart des systèmes ont la symétrie de révolution, elle permet de réaliser le stigmatisme tridimensionnel. En effet, les relations de ABBE et de HERSCHELL qui s’écrivent avec les notations de la fig. 2, no &B, S~II a0 = ni AiBi sin ai soit sin Ui = Cte Silla, et : soit sin2 (42) ... sin2 (lUi/Z) = Cte : BULLETIN sont généralement DE L’UNION DES 821 PHYSICIENS incompatibles. En effet, on obtient la relation COS .( Cri/2) = Cte = 1 dont les COS @LJm solutions CXi = a, et Yxi = a0 = 0 présentent peu d’intérêt. On voit que l’approximation linéaire, définie par ai < 1 et a, < 1, réalise, elle, au moins approximativement, la compatibilité de ces deux relations. “0 ni / Fig. 2 Le dioptre sphérique. 11 est l’élément fondamental. de tous les systèmes centrés. Etablissons les conditions, dites de Gauss, dans lesquelles il se comporte comme un système linéaire. Explicitant avec les notations la relation vectorielle de la fig. 3, il vient z Fig. 3 de Descartes : : 822 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS X nlal-nza2 = -h. - R n,f4-n2/32 = -a - Y R d’où l’on tire : y1 = (1 - a12 - Ces relations et fir2)m y2 = (1 - a** - fi22)1/2. ne sont pas linéaires x puisque Y al--PI-+y~ R x2 112 >1 ... Rr ( X Y2 + 1-- R : + y2 connaissant si l’on veut ~7, il est nécessaire 1) calcul de 2) calcul de h = 3) calculs de ~22a2 = 4) calcul de y2, i2 nl R2 déterminer de façon de procéder COS il comme - Arc sin = - >1 1-- R Par conséquent, 112 x2 + y2 Y a2r-62- précise suit : nl + z , n2 COS i2, an nl a1 + et de R AY n2 f12 = fi1 -, R c’est ainsi que l’on procède avec un calculateur rapide. Les relations précédentes deviennent linéaires si ar et f32 sont faibles devant 1 rd et si n et y sont faibles devant R. Alors : n2 nl n2a2 = nlal- X R n2 n2 & soit, en introduisant s = a2 + = nl PI - 2 = nl R complexes, les nombres i P2, - a1 + ih, n2 - Y x- = x + iy : nl z* R Comme, entre les plans S- ny et S, xy, 5 n’a pas varié, on peut caractériser le dioptre sphérique par la matrice de réfraction T,(S_,.) telle que : n2 -a2 = nlal - - BULLETIN DE L’UNION DES 823 PHYSICIENS 5 = T,(S_S+) I na I - avec : 0 1 T,(S_+) = n2 - - nl 1 R Notons que det T,(S_+) l’angle optique na. Le milieu = 1 du fait de l’introduction de homogène. Dans les conditions un système linéaire. A l’aide de Gauss, il se comporte de la fig. 4, on voit que, suivant X, et : = Xe (n 4, De même suivant + aussi x, on peut comme écrire : aA,As = (na),. y. A, A, Fig. 4 D’où matriciellement, en introduisant l- Th(ms) = 0 Remarquons II. SYSTEMES Matrice que det Th (&AS) la matrice, Th (A,$) : A, As n 1 est aussi égal à 1. CENTRES. de transfert. Un système centré étant une succession de dioptres séparés par des milieux homogènes, on montre aisément qu’il peut être caractérisé, dans l’approximation de Gauss, par une matrice à quatre éléments : 824 BULLETIN DE T = dont L’UNION I DES PHYSICIENS Tu T12 T22 est égal à 1. le déterminant T22 I Fig. 5 Relions la matrice à T (ES) (fig. 5) : de passage T (A,J D’où les éléments Tu (4 entre les plans = Th (SA,) T(ES) de matrice = TII + de T(A, SA, A, xy et A, xy T(AJ?). A,) : T21ni A, (4 T12 = T12 SA, E + Tu no T21W = Tu (4 = Tu + T21-. A, +- T21 ni ( E - + Tzz - no T21 A, nq On constate que T21 (A) est indépendant la vergence V = -TZ1. de A. Aussi pose-t-on Si T12 (A) = 0, les plans A, xy et A, xy sont conjugués; A, devient A, et A, devient Ai. Alors, on montre aisément que Tll (A) s’identifie G, étant matique, Helmholtz au grandissement transversal le grandissement angulaire. det T(A) = 1, elle exprime - ni no G, G, = 1. G, et TP (A) à 5 G,, no Quant à la relation mathéla relation de Lagrange et BULLETIN DE L’UNION DES 825 PHYSICIENS Détermination expérimentale de la matrice de transfert. Cette détermination fait l’objet d’une manipulation où l’on se propose d’évaluer numériquement, pour un système centré inconnu, les différents Tij (5). SAi G,(A) = Tn-Vni - A, 0 = Tu + TII SAi - ns G,-1 (A) = Tu La dernière graphe relation G,-r en fonction ni - &E V -. no permet de - A, Tn-V- +- no ( d’obtenir A, (fig. V et T2r à partir du SAi - G,-1 T en 6 a). no La seconde donne Tu et Tu à partir du graphe Ni A, fonction > de - (fig. 6 b). no a) b) Fig. 6 Une fois cette manipulation faite, il est possible d’en déduire tous les éléments cardinaux comme le montre ce qui suit. Eléments cardinaux. Plans principaux. nlans s’écrit, évidemment T(H,Hi) La matrice : = I -v 1 de transfert 0 1 I entre ces BULLETIN DB L'UNION DES PHYSICIENS 826 Par conséquent, pour déterminer ces plans, il suffit d’appliquer les relations précédentes : SHi HoE l= TU-V1 = Tu-Vno ni d’où : ni SHi = (Tll-l)y et EH, = -(Tz- l)+ Plans nodaux. - Ce sont les plans transversaux tels que le grandissement angulaire pour les points N, Ni, situés sur l’axe optique, est égal h 1. no ni -v De la même façon que précédemment, d’où : fi,, = T,, - V - SNi - et = TP-V- NoE no ni ni Pli $?Xi = (T~~-$)-$ no EN, = - et (Tz--$-)$ On voit donc que la matrice de transfert permet de situer très simplement les plans principaux et les plans nodaux. Relation de conjugaison avec origine aux plans principaux. Elle s’obtient aisément à partir du produit des matrices : T (Z&) 1 = 0 avec : = T (Hii) pi ni T (E-K) 1 T (XX) 0 1 1 0 -PC? - no 1 -v Pi E mi et P, = H,&. Ecrivant que : T12(A) = 0, il vient : -- no po +$=V. * 1 BULLETIN DE L'UNION le foyer image 827 DES PHYSICIENS Foyers. On définit l’infini dans l’espace De même pour Il est alors objet. Fi par le conjugué de A, situé à D’où : Hi Fi = $. le foyer objet aisé de situer F, : m,, les foyers = -$ F, et Fi. Application. lentilles Doublet de Ramsden constitué de deux Exprimons la matrice de transfert entre 01~ minces. : a = - et 02+ sur la fig. 7 en posant A , I_‘... ,,l....“’ .<..” , 1‘H i 0 9 : l 0 fi 1 3 = - e 2 fi2 = -. . .,.. :;. ._ ..A __.. I I lb I s I I I 1 I. 0 3 > i F; Fig. 7 1 0 1 2a 1 1 T (OI- 02+) = -- 1 3a d’où : 1 0 = -2 0 1 2a 3 4 1 ---&- 1 3 828 BULLETIN DE L'UNION - 02 Fi 3 - = DES PHYSICIENS 9 Hi + fi = - u 4 Afin de montrer le parti que l’on peut tirer du calcul matriciel dans la détermination des pupilles d’entrée et de sortie, sujet généralement considéré comme délicat, envisageons le problème suivant : avec un objet situé dans le plan focal objet (en F,), quel doit être le rayon Q d’un diaphragme circulaire situé dans le plan médian pour que la monture de Lz soit pupille de sortie du doublet ? Les lentilles L1 et Lz ont des montures de même rayon R. Exprimons T (F, A), A étant un point courant de l’axe situé entre 0, et 02 (01 A = 2). 1 Z 1 0 3a lT(F,) = 4 1 ..* 0 1 -- 1 0 1 3a 1-z = ... $(a + z) 3a 1 3 -- 3a L’angle a, à l’entrée trée est tel que : qui définit, x, = + x, étant la coordonnée Pour Lt : Pour d’un z = 0, x~=R le diaphragme D : z = a, Pour point à partir 4 de F,, la pupille (a + z) a, du bord et x, = Q et du diaphragme. (aA1 (a& 4R = -. 3a 2P = -. 3a Lr : z = 2a, Par conséquent, x,=R L2 est pupille et de sortie 4R = -. 9a (a& si Q > 3 2 R. d’en- BULLETIN III. PRISME DE L’UNION DES 829 PHYSICIENS MAGNETIQUE. Adapté sous le microscope électronique de 1 MV de Toulouse, il a permis d’étudier les pertes d’énergie des électrons à la traversée des échantillons (6). Il est constitué d’un électroaimant à champ uniforme qui impose aux électrons une déviation d’angle + = 42 sur une trajectoire circulaire. Supposons pour simplifier que les faces d’entrée et de sortie soient normales à la trajectoire (fig. 8). La loi fondamentale de la mécanique pour un électron en mouvement dans le prisme par rap port au référentiel OXYZ s’écrit : d3 m dt = +?LB,. Fig. 8 Y En coordonnées cylindriques, elle donne .. r-r-42 m ‘$(I’R) r ZZZ -e z : ; 0 ?-GA 0 i B, m d’où : e% -r; m eB, soit r-24= --7 r2 + cte (2) 830 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS Considérons un électron se déplaçant culaire r = R = cte. D’après (l), il vient ce qui s’écrit : sur la trajectoire e B, 6 = Cte = w, = - m comme vitesse m la vitesse orthoradiale de l’électron : re=Ro, Plaçons-nous dans ment de variables x = à utiliser le référentiel la trajectoire moyenne &=o,( est approximativement l+$>’ les équations égale à la et t! = q, R/r. le cas ou r = R et procédons au changer-R, z = r-6, y = -Z, ce qui revient en mouvement, A+~yz, A,, étant un point de définie par r = R. Il vient : soit puisque d’où cir- : d=wO(l--&) x < R. en x et y : 2 + CII,*x = 0 et : y=0 ce que l’on écrit dz, x” = dz2 aussi, en introduisant x” + -$ et : et $Y y” = -, dz2 = 0 y” = 0. sont immédiates ; en fonction Les solutions de l’inclinaison à l’entrée, on obtient : x = x, COS - a = et : x’ = --sin- z R + xl0 R sin - x0 z R R de la position et z R + x’,cOS- z R Y = Y0 + Y0 z Les matrices l$=- zs- zc R ’ f3 = y’ = y’o. de passage de E à S s’écrivent donc, en notant BULLETIN DE Tx (ES) L’UNION DES + I Cos sin + = I -- TY(ES) Rsin+ l COS + R I 1 et 831 PHYSICIENS RdJ = 1 l I 0 se comporte comme un On voit que le prisme tique caractérisé par deux matrices de transfert l’absence de symétrie de révolution. Suivant y, le aucune propriété de focalisation V, = (Tu& = 0. Par vant x, la vergence est V, = -. Les focales objet et image aux plans principaux, système 0p du fait de système n’a contre, sui- R R suivant x sont : fox = -- et sin + R fix = + -* Quant SHi = sin + (COS ils sont situés R sin + + -1) -EH, important où + = + + + - 1) -. au plan médian : fix = R R confondus en 0’ (cf. fig. 8) et les foyers en E et S. Notant p0 = m,, suivant x s’écrit alors et pi = Hi Ai, la relation sont de conjugaison : -- L’exemple tion matricielle -(COS par rapport v, = .-AHi et H, sont alors situés respectivement R = sin + Donc H, et Hi sont symétriques du prisme. Cas particulier à : 1 1 1 PO +-=y Pi du prisme magnétique montre que n’a pas un intérêt uniquement formel la présentamais qu’elle 832 BULLETIN DE L'UNION DES PHYSICIENS puise sa justification tique des particules dans les travaux chargées. de recherche sur l’op- En conclusion, soulignons que la présentation que nous proposons rend l’optique matricielle complémentaire de l’optique traditionnelle et non concurrente. En effet, la matrice de transfert du système optique sert à déterminer tous les éléments cardinaux à partir desquels nous appliquerons les formules de conjugaison et nous construirons les rayons lumineux. Dans la pratique de l’enseignement semestriel de l’optique géométrique, en D.E.U.G.S. A II première année, cette présentation nous a permis d’étudier la plupart des instruments d’optique depuis l’œil jusqu’aux télescopes réflecteurs en passant par les cavités Laser. JoséAPhilippe PÉREZ, d’optique électronique ~(Laboratoire 7 Toulouse). REFERENCES (1) GR&T P. - Electron (2) BROWN K.-L. 1965. Optics, 1972, Pergamon. The Review of Scientific (3) GERRARD et BURCH. 1975, J. Wiley. Introduction (4) PALLFI P. - (5) PERE~ J.-Ph. et CARIOU. - instrument, to matrix no 3, Vol. 36. methads in optics, B.U.P. no 610, p. 503. Publication (6) PERE~ J.-Ph. - Thèse Doctorat, à soumettre ès sciences, 1976. au B.U.P.