IRAK - Rumsfeld et la CIA, transgresseurs de la convention de Genève

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IRAK - Rumsfeld et la CIA, transgresseurs de la convention de Genève
Courrier international : IRAK - Rumsfeld et la CIA, transgresseurs de la convention de Genève
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Courrier international - 10 sept. 2004
Revue de presse
IRAK -
Rumsfeld et la CIA, transgresseurs de la convention de Genève
Une enquête menée par le Pentagone a révélé jeudi 9 septembre 2004 que la CIA aurait dissimulé
l'existence de plusieurs dizaines de prisonniers irakiens. Cette découverte relance le débat sur le
manque de transparence du gouvernement et des services de renseignement sur le scandale d'Abou
Ghraib.
"Les enquêteurs du Pentagone pensent que la CIA a retenu jusqu’à 100 prisonniers fantômes en Irak, sans
révéler leur identité ni leur lieu de détention, et ce dans le but d'empêcher les inspecteurs de la Croix-Rouge de
les voir", rapporte le Los Angeles Times. "Ce chiffre est bien plus important que ce qui avait été précédemment
envisagé", a déclaré jeudi 9 septembre, devant le Congrès américain, 2004 un officiel du ministère de la Défense.
"Cependant, le nombre précis de prisonniers non identifiés et les conditions dans lesquels ils ont été détenus
demeurent mystérieuses, en raison du manque de coopération de la CIA avec les enquêteurs et de son refus
répété de fournir des documents et des informations sur les détenus", a déploré le général Paul Kern, qui dirige
l’enquête sur les sévices infligés aux prisonniers irakiens.
"La CIA a apparemment retenu une à trois dizaines de prisonniers non enregistrés dans la tristement célèbre
prison d’Abou Ghraib, près de Bagdad, depuis le début de la guerre, en mars 2003, et d'autres encore ailleurs
dans le pays", a-t-il ajouté. "Le Pentagone avait déjà cité huit cas de non-déclaration de prisonniers, ce qui est
une violation flagrante de la convention de Genève", rappelle le quotidien californien.
"Plusieurs sénateurs ont appelé les enquêteurs à désigner les responsables des dérives d'Abou Ghraib. Selon eux,
il faut admettre que le gouvernement et les services secrets ont incité indirectement les soldats à employer des
méthodes d'interrogatoire agressives", relate le LA Times. Pour le New York Times, "après des mois d'auditions
par le Congrès et huit enquêtes du Pentagone, il est évident que le gouvernement n'a pas l'intention de désigner
un officiel de haut rang comme responsable du cauchemar d'Abou Ghraib".
Le quotidien new-yorkais met directement en cause la responsabilité du ministre de la Défense américain. "Ce
sont les conseils de Donald Rumsfeld qui ont poussé le président Bush à déclarer que les Etats-Unis pouvaient,
dans certains cas, ne pas se conformer aux obligations de la convention de Genève dans la 'guerre mondiale
contre le terrorisme' et que les prisonniers désignés comme 'combattants illégaux' ne bénéficiaient pas de la
protection de cette convention", évoque The New York Times. "M. Rumsfeld a autorisé le recours à des
techniques d'interrogatoire brutales à la prison de Guantanamo ; ses plans de guerre ont laissé l'armée dans une
situation où elle ne pouvait faire face à la montée de violence qui a suivi l'annonce prématurée de la fin de la
guerre en Irak. Ce sont ces politiques, que les militaires n'ont pas osé défier, qui ont conduit à ce que l'on voie
97 policiers militaires non formés pour cela garder à Abou Ghraib 7 000 Irakiens qui n'étaient pas considérés
comme des prisonniers de guerre", dénonce le quotidien new-yorkais.
En outre, "l'équipe de Rumsfeld a envoyé en Irak le chef de la prison de Guantanamo pour donner des conseils au
général Ricardo Sanchez, qui était d'autre part soumis à une forte pression de la part de Washington lui
demandant de fournir des renseignements sur la rébellion irakienne", met en avant le journal. "Le général
Sanchez s'est appuyé sur ce briefing et sur la logique de la déclaration du président Bush sur les 'combattants
illégaux' pour autoriser l'utilisation de chiens et d'autres méthodes illégales d'interrogatoire. Il a par la suite
essayé de revenir sur ses ordres, mais toutes les enquêtes démontrent qu'il était trop tard, que l'idée que les
règles avaient changé s'était déjà propagée en Irak, comme dans les prisons américaines d'Afghanistan", accuse
l'éditorial du NY Times.
"Plus globalement, M. Rumsfeld, avec le ministre de la Justice John Ashcroft, a dirigé les efforts de
l'administration Bush pour justifier l'usage de techniques d'interrogatoire brutales au nom de la lutte contre le
terrorisme", estime le quotidien. Les éclairages sur les sévices d'Abou Ghraib viendront certainement après
l'élection présidentielle, ajoute le journal, "mais cela sera un an après l'alerte de la Croix-Rouge sur les conditions
de détention dans les prisons irakiennes. [...] L'opinion américaine, tout comme le reste du monde, ne devrait
pas attendre aussi longtemps."
Le Washington Post avance que ces enquêtes ont démontré l'insuffisance flagrante des réponses de
l'administration. "Avec la pression de l'année électorale, il semble peu probable que la bonne volonté des
enquêteurs soit récompensée." "La meilleure solution est celle recommandée cette semaine par huit généraux à
la retraite : la création d'une commission indépendante, sur le modèle de celle du 11 septembre 2001", estime le
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11/09/2004
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journal américain. "Cette commission permettrait d'établir la vérité sur toutes les allégations et d'étudier
comment ce type de dérives pourrait être prévenu. Une mission où, comme le montrent les révélations récentes,
l'administration Bush a échoué."
Hamdam Mostafavi
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