télécharger l`article au format PDF

Transcription

télécharger l`article au format PDF
Chroniques bleues
A quelle heure on joue ? Petite histoire du jour et de la nuit
samedi 25 juin 2016, par Bruno Colombari
Voir l'article en ligne
Avant le France-Irlande dimanche à 15h à Lyon, voici un test comparatif diurne/nocturne portant sur les 94 matches
des Bleus en phase finale européenne et mondiale, triés minute par minute.
Jouer en plein soleil ou sous la lumière des projecteurs, par des températures proches de zéro ou caniculaires : si les phases finales
d’Euro et de Mondial se déroulent depuis toujours entre la fin mai et le mois de juillet, les conditions de jeu sont loin d’être
homogènes. Outre l’horaire du coup d’envoi proprement dit, qui va de 12h à 21h45, il faut bien entendu tenir compte de la latitude
et du continent où l’on joue. Même au mois de juin, le climat et la durée du jour à Johannesbourg, Mexico, Buenos Aires ou
Montevideo n’ont rien à voir avec ceux de Séville, Newcastle, Kiev ou Stockholm. Dans l’hiver austral, la nuit tombe très vite, alors
qu’à l’été boréal, les journées s’allongent indéfiniment.
Une définition aléatoire
Entre 1930 et le 20 juin 2016, l’équipe de France a disputé 94 matches en phase finale d’Euro et de Mondial. Définir ceux joués en
diurne et ceux joués en nocturne (et mesurer l’incidence de l’horaire sur le résultat) est plus compliqué qu’on ne l’imagine. Si un
match en nocturne semble assez évident (dont la plus grande partie est jouée de nuit avec un éclairage artificiel), la qualification de
match diurne est plus compliquée. En été, certaines rencontres commencent sous le soleil et se terminent à la nuit tombée. Idem
pour celles jouées en hiver dans l’hémisphère sud l’après-midi.
Par exemple, l’équipe de France a joué la plupart de ses matches (cinq sur six) à 19h lors de la coupe du monde suédoise en 1958,
sans éclairage artificiel. Alors que la rencontre face à l’Afrique du Sud en juin 2010, disputée à 16h, s’est terminée à la nuit tombée.
Et rappelons qu’aujourd’hui, même les matches joués en plein jour sont éclairés par les projecteurs (pour déboucher les zones
d’ombre).
Avant de passer à la répartition des 94 matches en fonction de l’horaire du coup d’envoi, regardons quels résultats les Bleus ont
obtenu en jouant l’après-midi ou le soir. Les horaires des matches sont évidemment exprimés en heure locale (midi au Mexique,
21h45 en Ukraine, par exemple).
Les 51 matches joués par les Bleus en diurne concernent majoritairement la coupe du monde (39 sur 51) alors que ceux joués en
nocturne se répartissent plus équitablement (23 pour l’Euro, 20 pour le Mondial). Deux tiers des matches des Bleus à l’Euro se sont
joués de nuit (23 sur 35) contre seulement un tiers à la coupe du monde (20 sur 59). Cette différence s’explique facilement : les
tournois mondiaux, existant depuis 1930, se sont déroulés exclusivement de jour jusqu’en 1966, de même que les compétitions au
Mexique (1970 et 1986) ou aux Etats-Unis (1994) [1] L’Euro a débuté dès 1960 avec des matches en nocturne, sur le principe de la
coupe d’Europe des clubs. Et bien sûr il n’y a pas de décalage horaire, ou alors il est marginal (Angleterre 1996, Portugal 2004,
Ukraine et Pologne 2012).
Les Bleus sont plutôt d’après-midi, surtout à l’Euro
En diurne, l’équipe de France a remporté plus de la moitié de ses matches (26 sur 51) et en a perdu un quart. Parmi les défaites
notables, celles contre l’Italie en 1938 (quart de finale à domicile), l’Allemagne en 1986 (demi-finale mondiale) et en 2014 (quart de
finale). Toutes en coupe du monde. Car à l’Euro, les Bleus sont invaincus l’après-midi (six victoires et six nuls). Modérons toutefois
cette statistique très encourageante par le fait qu’en juin 1996, le nul contre la République tchèque en demi-finale de l’Euro cache
une élimination aux tirs au but, de même que les nuls de juin 1986 contre le Brésil et de juillet 1998 face à l’Italie sont en réalité des
victoires, toujours aux tirs au but.
En nocturne, les stats sont beaucoup moins flatteuses. Les défaites sont presqu’aussi nombreuses que les victoires, d’autant que se
cache dans les nuls l’élimination cruelle de Séville en 1982 contre l’Allemagne (aux tirs au but). Et là l’Euro ne vient pas à la
rescousse, avec 9 défaites sur 22 (et seulement 3 nuls), alors que le bilan en coupe du monde est presque à l’équilibre, mais avec
seulement 8 victoires en 20 rencontres.
Ça se gâte à la nuit tombée...
On pourrait penser que c’est parce que les matches à élimination directe se jouent plus souvent de nuit et que leur niveau est plus
élevé qu’en phase de poule. Erreur. A l’Euro, la France a perdu de nuit contre le Danemark en 1992, l’Italie et les Pays-Bas en 2008,
les Pays-Bas encore en 2000 ou la Suède en 2012, toujours au premier tour. En coupe du monde, les Bleus ont chuté face à
l’Uruguay et l’Angleterre en 1966, la Pologne en 1982, le Sénégal en 2002 ou le Mexique en 2010. Les défaites en match à
élimination directe concernent plutôt l’Euro, en demi-finale (Yougoslavie 1960) ou en quarts (Grèce 2004 et Espagne 2012). Voilà qui
est moins rassurant, car en 2016, à partir des quarts de finale, tous les matches se joueront le soir... Mais attendez un peu ce qui
suit.
... mais tout s’arrange à 21 heures
Sur le graphique ci-dessus, on constate que le match contre l’Irlande dimanche ne sera que le deuxième de l’Histoire des Bleus à
commencer à 15h en phase finale. Le précédent date de juillet 1930, et c’était le tout premier, contre le Mexique à Montevideo
(4-1). Les horaires porte-poisse sont 12h50, 13h45, 15h30, 19h15, 20h15, 21h30 et 21h45 (aucune victoire, un seul match nul, huit
défaites). Et le meilleur horaire est, on vous le donne en mille, 21h. Jamais les Bleus n’ont perdu dans le temps de jeu à cette heurelà, et ils ont même gagné dix fois sur treize. D’accord, la demi-finale de Séville en 1982 est dans les trois nuls. Plutôt de bon augure,
puisqu’à l’Euro 2016, tous les matches à partir des quarts de finale se joueront à 21h.
Passons pour terminer au détail heure par heure. En milieu de journée, on retrouve les sept matches joués au Mexique en 1986,
ainsi que le huitième et le quart disputé au Brésil en 2014, le premier match en Argentine en 1978 et le dernier en Uruguay en 1930.
Bilan mitigé à cette heure-ci.
En milieu d’après-midi, se concentrent les matches du premier tour de 1930 et 1934, le dernier en Argentine en 1978, le premier au
Mexique en 1986 et notamment les trois joués en France en 1998. A noter la demi-finale de Manchester contre la République
tchèque en 1996. Là aussi, le bilan est moyen avec quatre défaites et deux nuls (une qualification et une élimination aux tirs au
but).
La journée avance et les résultats s’améliorent. Beaucoup de matches du Mundial 1982 en Espagne (premier et second tour) ainsi
que la victoire contre la Belgique à l’Euro 1984. A noter l’élimination de 1938 contre l’Italie à domicile.
Il fait déjà moins chaud et en Suède en 1958 il fait encore bien jour.La dernière défaite dans ce créneau horaire remonte d’ailleurs à
cette époque, face au Brésil de Pelé. Mais beaucoup de matches nuls dans les années récentes au premier tour.
On entre là dans le créneau des matches en nocture, et ça ne se passe pas bien pour les Bleus qui perdent quatre fois pour deux
nuls et trois victoires, dont une à l’arraché contre l’Angleterre en 2004.
La température est bien plus agréable maintenant, mais les Bleus sont dans le rouge un peu trop souvent. Heureusement que 1984
remonte la moyenne avec quatre victoires. A noter que trois finales se sont jouées à 20h, les deux victorieuses en 1984 contre
l’Espagne et en 2000 face à l’Italie, et celle de Berlin en 2006.
Et voici le tableau de 21h, avec ses résultats quasi-parfaits, à un Séville près donc. Les deux autres nuls contre la Corée du Sud en
2006 et la Suisse en 2016 ont été sans conséquence. En revanche, mieux vaut éviter commencer après 21h.
Notes
[1] Même si l’équipe de France a été absente en 1970 et 1994.