Feuille de manioc N. 14 (Format PDF)

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Feuille de manioc N. 14 (Format PDF)
Feuille de manioc n°14
De retour de mission de février-mars 2015
Tout d’a bord je veux réparer un oubli. A notre repas-choucroute du dimanche 15 ma rs , a u
châ teau d’Amancey, a près le compte rendu de Mi chel sur l’aspect médical de cette dernière
mi s sion, j’ai omis de remerci er très cha l eureus ement tous ceux, s i nombreux, qui ont
contri bué à rendre s ervice à nos correspondants à Bangui, et sans doute à l es a ider à trouver
l ’a ir plus l éger. Nous a vons emporté encore plus de bagages que d’habitude, grâ ce au s ervice
huma nitaire d’Air Fra nce. Al ors des brassées de mercis à tous ceux qui s e reconna îtront à
tra vers ces objets : une poussette canne pour Osias, un enfant â gé de 14 a ns vi cti me d’un
neuropaludisme, que sa grand-mère a bi en de l a pei ne à tra ns porter d’un endroi t à un
a utre ; un fa uteuil roulant classique pour Cl arisse qui présente une maladie des os de verre
et qui se ca sse tout le temps ; un tri cycl e fabriqué à Bangui et financé par l ’ACMC pour YvesEdga r, qui est ca pable de l e ma nœuvrer ma l gré s on i nfi rmi té cérébra l e; un ordi na teur
d’occa sion ; des bandes tri cotées ; des champs opératoires ; des li vres de l ecture fi na ncés
pa r l ’ACMC ; des romans et des livres de médecine pour la bibl i othèque des étudi a nts du
CCU, Centre Ca tholique Universitaire ; et quelques draps qui ont écha ppé à un des ti n de
cha mps opéra toi res et s e révèl ent bi en uti l es .
Osias présente des séquelles de
neuropaludisme ; il nous avait
été adressé par Mgr Dieudonné,
archevêque de Bangui, mais
malheureusement nous ne
pouvions rien faire pour lui faire
acquérir la marche ; nous avons
pu apporter une poussette-canne,
qui a permis à sa grand-mère,
qui l’a à sa charge, de le
déplacer plus facilement.
Ce que je n’ai pas oublié de dire l ors de notre rencontre, ce s ont tous l es besoins actuels.
Pour ceux qui n’auraient pas pu entendre, je l es redi s , da ns l ’es poi r que l ’un ou l ’a utre
d’entre vous s era trop heureux de ra nger s on a rmoi re à pha rma ci e ou l a cha mbre des
enfa nts . Voi ci donc cet i nventa i re à l a Prévert, vers i on a fri ca i ne :
- d’a utres fauteuils roulants pour personnes handicapées, enfants ou adultes ; c’es t comme
a u Téléthon, nous avons déjà trois « promesses » de dons de fauteui l s depui s di ma nche !
Youpi ! Nous prévoyons d’en emporter un ou deux à cha que mi s s i on.
- un tensiomètre adulte, des lombostats et des couvertures de survie pour l ’hôpi ta l
communa uta i re,
- des dictionnaires plutôt illustrés, pour l es écol es ,
- du matériel pédagogique pour cl asses de maternelle : l otos, puzzles, bûchettes, jetons de
coul eurs, formes colorées en plastique ou en bois, domi nos , tout ce qui peut s ervi r à des
peti ts pour l ’a pprenti s s a ge des coul eurs , des nombres , des formes , di mens i ons …
Comme nous allons régulièrement à Bangui, l e plus simple, s i vous a vez quel que chos e à
propos er, es t de l ’a pporter à un procha i n repa s de l ’ACMC !
Que vous dire de ce dernier séjour à Bangui ? Nous s ommes partis à qua tre, pui s que Sœur
Ma ri e-Ange et Sœur Ma rie-Elisabeth de l a Ste Fa mi l l e éta i ent a vec nous , en vi s i te que
j’a ppellerais « pastorale », ma is ce n’est s ûrement pas l a bonne appellation ! Nous avons été
émerveillés de leur énergie et l eur diligence, quel ques jours à Si but, quel ques a utres à
Koua ngo, le reste à Bangui ! Et nous sommes rentrés à ci nq, a vec Sœur Jean-Domi ni que de
Koua ngo. Nous ne nous sommes pas beaucoup vues durant le s éjour, sauf l e matin au Centre
d’a ccueil, où l es Sœurs s e retrouvent pour l a pri ère du ma ti n, et l ors d’un gra nd repas
d’anniversaire de Sœur Cl a ude-Agnès et de Sœur Thérès e, à l a Communa uté de l a Ste
Fa mille, a vec Sœur Yvette, venue de Benz Vi, l ’autre communauté, et bien s ûr l es nouvel l es
pos tulantes dont je peine à connaître l es prénoms : Sa rah, Félicité, Cl ara, et Amour. El les ont
toutes l e même âge et l es cheveux courts , s a uf Cl a ra qui s e fa i t des peti tes tres s es à
l ’a fricaine, ce qui me permet de mieux l a distinguer ! Ce fut un bel a nni vers a i re, da ns l a
peti te cour vers la cuisine ; i l faut seulement s urveiller un peu les poules qui se trouvent très
bi en i ci, si bien d’ailleurs qu’elles pondent (et plus…) même dans l es cha mbres des s œurs !
Nous a vons vu nos amis de l’Ordre de Malte, Mons i eur Pa trice Ngalani, Premi er Cons ei l l er
d’Amba ssade de l ’Ordre de Ma lte en Centrafrique, et Monsieur Jul es Ba rbé, Secréta i re de
cette même ambassade, dès notre a rrivée pour prendre l i vra i s on des pa quets que nous
a vi ons confiés à l eur container, bien arrivé à Bangui. Que ne l eur avi ons-nous pas donné plus
de choses ! Nous a vons distribué les contenus, essentiell ement da ns l es hôpi ta ux et à l a
bi bliothèque du CCU. Nous l es avons aussi revus en fin de séjour à l’occasion d’un déjeuner,
en même temps que pl us i eurs pers onnes : Frère El ka na , à ca us e de s es foncti ons de
di recteur par intérim du Centre de rééducation, un Colonel représ enta nt l e Généra l de l a
Force Sa ngaris à Bangui, l’Ambassadeur de l ’Uni on Européenne à Ba ngui , une a nci enne
mi nistre de la Santé et enfin une jeune femme tra vaillant dans l’humanitaire à Bangui. Nous
réa lisons dans ces moments-là qu’on ne sait pas gra nd-chose de la vi e de Ba ngui , hors des
murs des hôpitaux et du CRHAM ! C’es t pass i onna nt d’entendre pa rl er de l ’a cti on de l a
MINUSCA (Mi ssion des Eta ts Unis en Centrafrique), qui doit à l a fois réaliser le désarmement
des groupuscul es en provi nce, et donner en même temps a ux jeunes dés œuvrés des
occupa ti ons uti l es et rémunérées , un genre de tra va ux d’i ntérêt généra l , ma i s i ci
généra teurs de revenus . On a pprend ce qui s e fa i t de bon s a ns qu’on l e s a che.
Frère Elkana est spiritain ; il
est directeur du CRHAM par
intérim depuis le départ de
Sœur Damiana.
Il a une formation de cadre
de santé, et il nous aide
beaucoup. Il s’est habillé
pour aider Michel en salle
d’opération.
Nous a vons a ussi vu un tout petit moment nos a mi s d’A.T.D. Quart Monde. On dema nde
des nouvelles du bébé qui avait présenté une grave cri se de pa l udi s me, s oi gnée a vec l es
feuilles d’Artémisia, il va très bien. On laisse de nouveau des provisions de feuilles à l’équipe
d’ATD. On pa rle de l eur a ction ici a u milieu de la tourmente. Il s s ont toujours en projets ,
ma i s pas des projets-pa pi er, des projets réa l i s tes , préci s , concertés . Pour prépa rer l a
journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre 2014, (qui n’a pas pu se fêter comme
prévu à ca use des événements), l es membres du mouvement ATD Quart Monde de Ba ngui
a va i ent rassemblé des témoignages d’adultes et de jeunes. Je recopie une de ces pri s es de
pa role : « Malgré notre souffrance et même dans la guerre, nous, les mamans, les papas, les
jeunes du pays, nous voulons ramener la paix chez nous. ATD Quart Monde redonne du
courage aux jeunes et aux vieux, pour qu’ils soient main dans la main, coude à coude, et
cœur à cœur. Notre marche doit être comme celle des fourmis, des termites qui prennent
appui les uns sur les autres. Ainsi il n’y a pas de ségrégation. Quand nous entendons des
paroles de division, par un jeune ou un vieux, nous allons écouter longtemps pour le localiser.
Ensuite, l’inviter à part, dehors, sous un arbre, là où les murs n’ont pas d’oreilles, pour le
conseiller, pour rechercher ce qui unit les gens, pour que la paix puisse revenir. »
Un a utre projet : en juin 2015, deux animateurs de bibliothèques de rue de Bangui vont aller
rejoi ndre d’autres jeunes animateurs d’autres pays a fricains, pour une s ession de forma ti on
a u Burkina. J’aurais trop aimé y a ller ! Je me console en lisant l es documents édi tés pa r l e
mouvement. Pa r exemple, si l’un de vous était pour un temps i mmobi l i s é pa r une ja mbe
ca s sée (ou s eulement l ’envie de farnienter), ou s’il voulait mieux conna ître l ’ori gi na l i té de
l ’a ction d’ATD Quart Monde, il pourrai t l i re « Le croi s ement des pouvoi rs » : Croi s er l es
s a voirs en formation, recherche, a ction ; s ous la direction de Cl a ude Ferra nd, Edi ti ons de
l ’Atel i er/ Edi ti ons ouvri ères , Les Edi ti ons ATD Qua rt Monde, Pa ri s 2008.
Au Centre d’accueil, nous s ommes bien ! On nous avait conseillé de ne pas ci rcul er en vi l l e
a près le coucher du sol ei l , et dura nt cette mi s s i on nous s ommes rentrés pl us tôt que
d’ha bitude du Centre de rééducation. On a eu le temps de préparer l es ca ntines de matéri el
et de s e doucher a vant l e repas du soir. Reposant ! Sœur Rosine m’a i ntervi ewée un jour à
propos des girafes, ca r elle devait faire cours l e lendemain s ur cet animal, s ans en savoir plus
que moi… On a mis en commun toutes nos connaissances et, parait-il, l es élèves de petite ou
moyenne s ecti on de ma ternel l e ont trouvé ça s uffi s a nt !
Le centre d’accueil
était aussi accueillant
que d’habitude.
A l’hôpital Communautaire nous avons crois é quel ques jours un chi rurgi en expa tri é du
Salvador, tra va i llant a u CICR. J’a i tout a ppri s s ur ce peti t pa ys ! L’a gri cul ture éta i t i l y a
encore peu la base économique de ce pays. Ma is la popula ti on a bea ucoup a ugmenté, l a
terre n’a pas grandi, la culture ne peut plus nourri r tout l e monde. La culture du mil, du ca fé
et du coton a aussi beaucoup diminué. Il se passe quelque chose de terri bl e, de mon poi nt
de vue. Beaucoup de Salvadoriens s ’expatrient pour aller tra vailler a i l l eurs et envoyer des
fonds à leurs familles ; Ami l ca r es t da ns ce ca s l à . Cet a pport permi s pa r l es expa tri és
représente 70% des ressources du pays. Au niveau de la politique i ntérieure, l e président en
pl a ce depuis 5 a ns fait tout ce qu’i l peut. C’es t un s oci a l i s te. L’écol e es t obl i ga toi re et
gra tui te, l es uni formes et l es fourni tures s ont donnés . Ma i s cel a n’empêche pa s l e
développement des problèmes sociaux. En effet l es jeunes vont facilement a ux Eta ts Uni s ,
ma i s ils y mènent une vi e de désœuvrés, deviennent dépendants à différentes addictions, se
font refouler des Etats Unis, et rentrés au Salvador s ’intègrent dans des gangs qui s ’opposent
l es uns a ux a utres. Ils cherchent à subsister sans tra vailler, et deviennent des dél i nqua nts
très vi olents, qui se tuent entre eux. Amilcar est i ntéressé par ce que je l ui di s d’ATD Qua rt
Monde, et i l va a l l er s ur l eur s i te pour s a voi r s ’i l y a une équi pe i ns ta l l ée l à -ba s .
Mi chel l e O.

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