Une comptine l`a lié à la musique

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Une comptine l`a lié à la musique
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famille&société
Michel Corboz, l’amour de la voix
Une comptine l’a lié
à la musique
TEXTE JOËLLE CHALLANDES
PHOTO CHARLY RAPPO/ARKIVE.CH
L
e Portugal, l’Argentine,
le Japon, la France…
Michel Corboz voyage
beaucoup. Ce chef de
chœur et d’orchestre de 75 ans,
qui dirige l’Ensemble Vocal de
Lausanne (EVL), fait une carrière internationale depuis
plus de quarante ans. Quand il
n’est pas en tournée, il vit à
Lausanne. Rencontre dans son
salon, sur les hauteurs du cheflieu vaudois, entre un piano et
une partition.
De sa Gruyère natale, il est
arrivé à Lausanne à 19 ans,
engagé à sa grande surprise «à
la ville» comme instituteur et
maître de chapelle. «Jamais je
n’ai ambitionné de devenir un
grand chef. A 22 ans, j’ai eu
envie d’avoir un petit chœur,
avec des gens qui ressentaient
la musique comme moi. On a
chanté du Poulenc, on a créé
des œuvres. C’est comme ça
que j’ai fait mon chemin.»
Victime de la tuberculose, qui
lui a paralysé une partie d’une
jambe, il a été soigné presque
deux ans à Leysin. De retour à
Lausanne, il a fondé l’EVL.
Michel Corboz a grandi avec les
mélodies des chorales, en
Gruyère. Adolescent, il aimait
déjà Bach, pour «sa musique
belle à voir et très belle à entendre», et le chant grégorien.
«Mon oncle et parrain m’a
donné des leçons de musique.
Il trouvait des harmonies fabuleuses au piano et je chantais.
Ses accords sur une chanson
aussi simple que En passant
par la Lorraine me semblaient
plus beaux que du Mozart! Ce
sont des événements comme
ceux-là qui rapprochent de la
musique.» Il a un jour cherché
ces accords. Depuis qu’il les a
trouvés, il ne les a jamais
oubliés. Ni une ni deux, il se lève, s’installe au piano et les
joue, en chantant.
La voix l’a toujours impressionné. «Je me souviens encore de la voix extraordinaire
d’un charretier quand j’étais
petit.» A ses yeux, il doit y avoir
une entente entre la voix
parlée et la voix chantée. Les
voix trop fabriquées ne lui plaisent pas. Il observe qu’il y a de
plus en plus de petits chœurs
pour adultes. «On se contrôle
mieux en petit groupe. On est
obligé de mieux chanter. Mais
avec cette tendance, on s’approche de la disparition des
chœurs symphoniques», s’inquiète-t-il.
Le chant, Michel Corboz l’a ressenti petit comme une chose
importante. Il juge bon que les
enfants chantent beaucoup à
l’école. «L’histoire de la musique ne les intéresse pas. La
musique est une sensation. On
doit apprendre à la toucher.» Il
recommande des chansons
«de notre patrimoine, qui ont
traversé les siècles». Quand on
lui demande ce qu’il a pensé
du film français Les choristes,
remarqué en 2004, il répond:
«Formidable!»
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lien www.evl.ch
Michel Corboz dans son salon, à Lausanne: «On entend la vraie voix