Une comptine l`a lié à la musique
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Une comptine l`a lié à la musique
62 famille&société Michel Corboz, l’amour de la voix Une comptine l’a lié à la musique TEXTE JOËLLE CHALLANDES PHOTO CHARLY RAPPO/ARKIVE.CH L e Portugal, l’Argentine, le Japon, la France… Michel Corboz voyage beaucoup. Ce chef de chœur et d’orchestre de 75 ans, qui dirige l’Ensemble Vocal de Lausanne (EVL), fait une carrière internationale depuis plus de quarante ans. Quand il n’est pas en tournée, il vit à Lausanne. Rencontre dans son salon, sur les hauteurs du cheflieu vaudois, entre un piano et une partition. De sa Gruyère natale, il est arrivé à Lausanne à 19 ans, engagé à sa grande surprise «à la ville» comme instituteur et maître de chapelle. «Jamais je n’ai ambitionné de devenir un grand chef. A 22 ans, j’ai eu envie d’avoir un petit chœur, avec des gens qui ressentaient la musique comme moi. On a chanté du Poulenc, on a créé des œuvres. C’est comme ça que j’ai fait mon chemin.» Victime de la tuberculose, qui lui a paralysé une partie d’une jambe, il a été soigné presque deux ans à Leysin. De retour à Lausanne, il a fondé l’EVL. Michel Corboz a grandi avec les mélodies des chorales, en Gruyère. Adolescent, il aimait déjà Bach, pour «sa musique belle à voir et très belle à entendre», et le chant grégorien. «Mon oncle et parrain m’a donné des leçons de musique. Il trouvait des harmonies fabuleuses au piano et je chantais. Ses accords sur une chanson aussi simple que En passant par la Lorraine me semblaient plus beaux que du Mozart! Ce sont des événements comme ceux-là qui rapprochent de la musique.» Il a un jour cherché ces accords. Depuis qu’il les a trouvés, il ne les a jamais oubliés. Ni une ni deux, il se lève, s’installe au piano et les joue, en chantant. La voix l’a toujours impressionné. «Je me souviens encore de la voix extraordinaire d’un charretier quand j’étais petit.» A ses yeux, il doit y avoir une entente entre la voix parlée et la voix chantée. Les voix trop fabriquées ne lui plaisent pas. Il observe qu’il y a de plus en plus de petits chœurs pour adultes. «On se contrôle mieux en petit groupe. On est obligé de mieux chanter. Mais avec cette tendance, on s’approche de la disparition des chœurs symphoniques», s’inquiète-t-il. Le chant, Michel Corboz l’a ressenti petit comme une chose importante. Il juge bon que les enfants chantent beaucoup à l’école. «L’histoire de la musique ne les intéresse pas. La musique est une sensation. On doit apprendre à la toucher.» Il recommande des chansons «de notre patrimoine, qui ont traversé les siècles». Quand on lui demande ce qu’il a pensé du film français Les choristes, remarqué en 2004, il répond: «Formidable!» lien www.evl.ch Michel Corboz dans son salon, à Lausanne: «On entend la vraie voix