La Flandre et la mer

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La Flandre et la mer
La Flandre et la mer
du 4 avril au 12 juillet 2015
Pieter Bruegel le Vieux (1528-1569), Vue de Naples, Huile sur bois, 41 x 70 cm
Rome, Galleria Doria-Pamphili © Galleria Doria Pamphilj, Rome,Italy Giraudon/Bridgeman Images
Le propos de l’exposition consiste à dresser un panorama non exhaustif de la
production artistique liée à la mer en Flandre du milieu du XVIe siècle au XVIIe siècle.
La marine en tant que genre pictural à part entière est amorcée au milieu du XVIe siècle par
les peintres flamands. On attribue son invention à Pieter Bruegel l’Ancien qui ouvre la voie à de
nombreux autres artistes. Avant cela, la mer est reléguée au second plan dans les tableaux des
Primitifs et ne sert que de décor.
Au cours du XVIIe siècle, plusieurs variantes de la marine se mettent en place : alors que la
mer est au départ le théâtre de nombreux mythes et légendes, mais aussi d’épisodes bibliques, elle
s’impose progressivement comme le sujet principal, avec la bataille navale puis la tempête. Cette
dernière devient un sujet à part entière, annonciateur du Romantisme, où l’homme apparait
minuscule face à la grandeur de la Nature.
C’est d’ailleurs depuis l’Italie qu’un peintre domine le genre de la marine : Claude Gellée dit
le Lorrain. Il n’est pas flamand, mais son génie influencera toute la production de l’époque. Ses
recherches autour du schéma de composition, mais aussi et surtout autour de la lumière
inspireront nombre d’artistes parmi lesquels des flamands et des hollandais. À l’opposé des scènes
de tempêtes tumultueuses qu’ils se plaisent à peindre, ils produiront eux-aussi des vues de ports
idéalisées, où les ruines antiques et autres palais classiques sont baignés par une lumière
méditerranéenne.
Le XVIIe siècle voit également apparaître une nouvelle manière de représenter la mer,
élaborée par des artistes hollandais. De part l’histoire de leur territoire et de part leur proximité
géographique avec la mer, ils créent un nouveau style, qui se distinguera peu à peu des peintres
flamands : avec une approche moins dramatique et plus naturaliste de la mer, ils s’imposeront
comme des spécialistes des marines.
Le parcours muséographique
Préambule : La Flandre, territoire tourné vers la mer
Au travers de cette section, deux idées seront abordées.
D’une part l’importance historique, économique et politique des
ports de Flandre à partir du milieu du XVIe siècle : Bruges, Anvers,
Ostende ou encore Dunkerque.
La découverture de nouveaux territoires entrainant des perspectives
inédites, le XVIe siècle voit se développer le commerce international, le
transport des personnes et des marchandises sur des distances de
plus en plus grandes. Des villes comme Anvers connaissent une
croissance exponentielle.
D’autre part, les richesses apportées par la mer : certains peintres se
font une spécialité de représenter des natures mortes mettant en
scène poissons, mollusques et crustacées, chargés d’illustrer cette
manne.
Cette section est composée de gravures, cartes, dessins, peintures et
maquettes de navires.
Jaimes Olives Carte de l’Océan Atlantique, 1572, Portulan, Carte manuscrite sur Velin, 46 x 60 cm Valenciennes, Bibliothèque
municipale, cote 0488, f. 008 © Ville de Valenciennes
D’après Jacob Jordaens et Frans Snyders Allégorie de la Pêche, huile sur toile, 73 x 90 cm, Coburg (Allemagne), Schloss Ehrenburg
Gemäldegalerie © ), Schloss Ehrenburg Gemäldegalerie
Section 1 : La marine, la naissance d’un genre
Les peintres flamands sont les inventeurs du genre de la marine, dès le milieu
du XVIe siècle.
Peu à peu, la représentation de la mer, alors reléguée à l’arrière-plan des
tableaux, s’affranchit du sujet religieux ou historique pour devenir un genre à part
entière.
Pieter Bruegel l’Ancien ouvre la voie avec sa série des Vaisseaux de mer, dix
gravures qui forment un ensemble exceptionnel.
Cette série des Vaisseaux de mer sera complétée par une autre estampe d’après
Pieter Bruegel l’Ancien et gravée par Frans Huys. Enfin, la présentation de ces
onze gravures sera accompagnée par la maquette d’une caraque, qui correspond
au type de bateau représenté dans les gravures.
Plusieurs tableaux d’artistes flamands du milieu du XVI e siècle et du début
du XVIIe siècle seront également exposés, afin de montrer
l’affranchissement progressif des peintres pour le sujet religieux ou
historique à la faveur de la représentation de la mer : Herri met de Bles,
le maître de la Pêche miraculeuse de Namur, etc.
D’après Pieter Bruegel, gravé par Frans Huys Navire à quatre mâts armé, naviguant vers un port, Burin, 28,9 x 21,7 cm,, Liège,
Collections artistiques de l’Université, inv. 26873 © Collections artistiques de l’Université de Liège
Herri met de Bles Paysage maritime avec la vocation de saint Pierre, Huile sur bois, 94 x 100 cm, , Padova, musei Civici, inv. 283 ©
Musei Civici, museo d’Arte medioevale e Moderna (Legato emo Capodilista, 1864)
Section 2 : Les Batailles navales
La représentation des navires et des batailles
navales sert avant tout de moyen de propagande
pour asseoir l’autorité d’une ville ou d’un État. Les
nombreux conflits qui ont agités l’Europe au cours
des XVI et XVIIe siècles, ont fourni aux artistes un
nombre incalculable de sujets. Les batailles
navales, souvent spectaculaires, sont des sujets de
prédilection pour certains peintres.
L’œuvre principale de cette section sont les deux
tableaux représentant le Combat naval de Lépante peints par Andries Van Ertvelt (1590-1652). Ce combat
est considéré comme la plus grande bataille navale de l’histoire : elle eut lieu le 7 octobre 1571 au large de
Naupacte — appelée alors Lépante — à proximité du golfe de Patras en Grèce. La puissante marine
ottomane y affrontait une flotte chrétienne, la Sainte Ligue à l'initiative du pape Pie V. La bataille se conclut
par un désastre pour les Turcs qui y perdirent la plus grande partie de leurs vaisseaux et près de
30 000 hommes. L'événement eut un retentissement considérable en Europe car il sonnait comme un coup
d'arrêt porté à l'expansionnisme ottoman. De nombreux artistes représentèrent cette bataille, à l’instar
d’Andries van Ertvelt (attention ces œuvres sont de très grand format).
Des œuvres de deux des plus grands peintres de batailles du 17 e siècle complètent cette section :
Bonaventura Peeters le Vieux et Jan Peeters.
Jan Peeters (1624-1677) Combat de vaisseaux hollandais contre des galères turques , Huile sur toile, 107 x 210 cm
Valenciennes,
musée
des
Beaux-Arts, inv. P.46.1.129
Section 3 : Les tempêtes
Annonciatrice du courant Romantique, la tempête a très tôt intéressé les
artistes flamands.
Des peintres maniéristes comme Frédéric van Valckenborch à
Bonaventura Peeters le Vieux ou Hendrik van Minderhout, tous
représentent la tempête, sujet à haute consonance dramatique, comme
une punition divine, un moyen de montrer la grandeur de Dieu et de la
Nature face à l’homme.
La représentation des tempêtes dans la peinture flamande est très
influencée par l’art italien : les artistes flamands, comme les Italiens,
donnent une interprétation théâtrale et visionnaire de la tempête.
En introduction de cette section, la représentation de Jonas et la baleine,
qui est considéré comme le premier sujet de tempête qui a intéressé les
peintres flamands.
Les œuvres maniéristes de Henri met de Bles ou Tobias Verhaecht
témoignent de ce goût précoce et prononcé des flamands pour les
compositions théâtrales et les effets spectaculaires.
La section se termine avec les œuvres d’Andries van Eertvelt, Bonaventura Peeters le Vieux, Matthijs van
Plattenbergh et Hendrik van Minderhout qui font de la tempête et du naufrage un sujet à part entière, tout
en gardant ce goût pour le drame.
Justus Sadeler (1583-1620) D’après Paul Bril , Jonas et la baleine, Gravure, 213 x 274 mm, Cassel, musée départemental de Flandre ©
Cassel, musée départemental de Flandre
Bonaventura Peeters le Vieux (1614-1652) Naufrage, Huile sur bois, 62,5 x 46,5 cm Saint-Vaast-la-Hougue ; musée maritime de l'Ile
Tatihou, inv. 007.01.025 © Coll. Conseil général de la Manche / Musée Maritime de l’île Tatihou / Photo Tatihou / Le Meur
Section 4 : Le port, une vision idéalisée
Le voyage en Italie inspire les peintres flamands. Ils en ramènent un
goût pour des coloris clairs, lumineux ou pour l’utilisation d’éléments
architecturaux antiques.
L’influence d’un peintre français, qui réalisé une grande partie de sa
carrière en Italie, Claude Gellée (1600-1682) est décisive en Europe
durant le XVIIe siècle : il met en place un nouveau type de représentation
des ports, idéalisés, recomposés, à partir de divers éléments, puisés dans
l’Antiquité comme dans le monde qui l’entoure et où surtout la lumière
du soleil joue un rôle essentiel.
Les œuvres de Bonaventura Peeters le Vieux, que l’on peut certainement
considérer comme le plus prolifique représentant de la marine dans la
peinture flamande au XVIIe siècle, ou quelques années plus tard celles de
Hendrik van Minderhout témoignent de cet apport.
La section débutera par l’œuvre de Paul Bril qui a posé les bases du
paysage italianisant. Ses vues portuaires ont exercé une grande
influence au début du XVIIe siècle à Rome, sur de nombreux artistes. Le
plus connu d’entre eux est Claude Gellée.
Un tableau de Claude Gellée sera également présenté afin de montrer la filiation entre les deux artistes et
afin de souligner les apports de celui que l’on considère comme l’un des plus grand peintres de paysage du
XVIIe siècle.
Des œuvres d’artistes flamands comme Bonaventura Peeters le Vieux, Jan Peeters ou David Teniers le Jeune
clôtureront cette section.
Paul Bril Port de mer, huile sur toile, 107 x 151 cm Rome, Museo e Galleria Borghèse, inv. 354 © Galleria Borghese, Rome,
Italy/Bridgeman Images
Jan Bruegel I (1568-1625) Scène portuaire avec le départ de saint Paul pour Césarée, 1596, Huile sur cuivre, 35,9 x 54,6 cm, North
Carolina museum of Art, inv. 52.9.92 © North Carolina Museum of Art
Section 5 : Vers une spécialisation hollandaise
Hendrik Cornelisz Vroom est considéré comme le premier
représentant de la marine « hollandaise ». L’âge d’or de la marine
hollandaise au XVIIe siècle résulte de l’essor économique que
connaît les anciens Pays-Bas à cette époque : la flotte de
commerce atteint alors son apogée, avec plus de 2500 navires
voyageant à travers le monde.
L’histoire du territoire explique et guide le choix des artistes :
batailles navales, expéditions commerciales lointaines, tempêtes,
etc. Les peintres hollandais se font une spécialité de représenter la mer
sous toutes ses formes. Progressivement, leur style, beaucoup plus
naturaliste que leurs voisins flamands, se démarque et connait un
incroyable succès.
Simon de Vlieger (1601-1653) Marine, Huile sur bois, 41 x 57 cm, Douai, musée de la Chartreuse, inv. 386 © Douai,
musée de la Chartreuse
Abraham van Beyeren (1620 – 1690) Bateaux de pêche sur une mer agitée, huile sur bois, 39 x 46 cm, Strasbourg, musée des BeauxArts, inv. MBA 520 © Photo Musées de Strasbourg, M. Bertola
Propositions de pistes pédagogiques
Les nouveaux horizons des Européens
Les nouveaux horizons géographiques et culturels des européens à l’époque moderne et l’élargissement du
monde (XVIe-XVIIe siècle)
Mer et pouvoir
Histoire, Lettres, Arts plastiques
Les différentes représentations de la mer pouvaient avoir une visée politique. Que ce soit par la peinture
d’histoire et ses batailles navales ou grâce aux vues portuaires montrant l’expansion économique de
certaines villes, la mer représentait un enjeu de taille.
Le peuple de la mer : monstres et divinités
Histoire, Lettres
Les océans, tant qu’ils sont restés inconnus, ont constitué pour les hommes un univers inquiétant, peuplé
d’êtres étranges, hybrides, plus ou moins monstrueux.
La mer source de création
Lettres, Arts plastiques, Musique
Le mouvement de la mer, sa puissance, ses colères ont inspiré nombre d'écrivains, de musiciens et de
peintres. Ce face-à-face que l'artiste entretient avec l'océan est à l'origine d'une foisonnante création
littéraire avec des œuvres majeures. Dans la confrontation avec l'océan, l'homme ne cesse d'interroger son
rapport à l'infini et à la mort.
Visites guidées + ateliers (2h)
au musée de Flandre
MATERNELLES
La mer nous raconte…
Ports réels et imaginaires, visions de tempêtes et mers peuplées de monstres marins… Un voyage sensoriel
et sonore à la rencontre des représentations réelles et fantastiques de la mer. Atelier d’arts plastiques et
expression corporelle : réalisation collective d’une carte marine imaginaire.
PRIMAIRES
Une mer d’aventure et de voyage
Entre récits mythiques et bibliques et témoignages historiques, les élèves découvrent comment la mer a été
une source inépuisable d’inspiration pour les peintres. Une exposition qui fait dialoguer des œuvres
flamandes et hollandaises, souvent inspirées par l’Italie… Atelier d’arts plastiques Jonas et la baleine (collage,
dessin, travail en relief) ou atelier d’écriture (CM1-CM2) Un long voyage…
COLLÈGES-LYCÉES
Un monde en mouvement
La Flandre cultive un lien particulier avec la mer. Des grandes expéditions scientifiques aux échanges
commerciaux, en passant par les conquêtes militaires et les vues marines ou portuaires rêvées et
fantasmées, la mer est au cœur de l’imaginaire des XVI e et XVIIe siècles. Elle est aussi une source inépuisable
d’inspiration pour les artistes flamands et hollandais. Atelier d’arts plastiques ou atelier d’écriture.
Les fiches détaillées des visites-ateliers sont téléchargeables sur le site internet
courant février 2015
http://museedeflandre.lenord.fr/fr/Publics/Groupesscolaires.aspx
Tarif : 80€ par classe (32 élèves maximum, accompagnateurs compris) pour 2h (visite+atelier)
Réservations : 03 59 73 45 59 / [email protected]
N’hésitez pas à contacter le service des publics pour approfondir un projet ou
concevoir une visite sur mesure.
Service des publics :
Marie MONTET GOURDON, responsable du service : T. 03 59 73 44 09 / [email protected]
Eva DEWALLES, Chargée des publics scolaires : : T. 03 59 73 45 63 / [email protected]
Sophie WOESTELANDT, médiatrice : T. 03 59 73 44 09 / [email protected]
Virginie DEMEY, plasticienne : T. 03 59 73 45 64 / [email protected]
Enseignants détachés : Laurence DEGUNST, Histoire-Géographie / Emeline TROCHET, SVT